L'eau heurte son dos, elle continue de frotter intensément les marques rouges couvrant son corps. Les larmes montent d'elle même sous la pression, la colère. Le dégout.  Elle attrape son gant et le trempe dans la bassine d'eau bouillante, continuant de frotter chaque partie de son corps qui a été touché. Les marques ne la quittent pas. Ne la quitteront jamais. Elles finiront par s'ancrer dans sa peau, à s'immiscer en elle vicieusement. Les gouttes tombent sur son visage, Nohr se mord la lèvre, fort, peut-être trop fort. Quelques gouttelettes rouges  s'étalent sur le sol blanc. Immaculé. Il n'aurait pas du la toucher. Elle n'aurait pas du se laisser faire. Plus cette fois.
Elle a pris conscience de son erreur, de son idiotie. Elle est allé le voir. Saphyr. Il lui a effleuré le cou du bout des doigts, lui a attrapé la nuque pour la coller contre lui, pour lui susurrer des mots à l'oreille. "Tu ne me quitteras pas."Son employeur sait. Il l'a vu avant Aiden. Il sait sa récente collaboration avec les rebelles. Elle voulait juste arrêter, elle. Juste lui dire qu'elle ne voulait plus travailler pour lui. Qu'elle ne voulait plus sentir les grasses mains d'hommes du district sur sa peau. Mais il l'a vu. Il lui a attrapé la nuque et lui a doucement enlevé la bretelle qui dépassé sur son épaule. Il lui a tenu les bras lorsqu'elle a voulu se débattre. Lui a promis qu'il ne lui ferait rien si elle restait sage auprès de lui encore quelques années. Jusqu'à ce que sa beauté s'efface.

Docile Nohr. Sage enfant.

Elle étouffe un cri et éclate son poing contre la vitre de sa salle de bain. La vitre se brise sous le coup. Des morceaux de verres lacèrent sa paume de main. Elle prend une grande inspiration et escalade le verre brisé. Elle attrape une serviette et se couvre maladroitement. La glace l'accueille. Elle se regarde. Jeune fille prise au piège. Détruite peut-être. Une porte claque. Puis elle sourit comme par reflexe. Grand sourire. Il arrive, il ne doit pas savoir. Elle n'est qu'un jouet pour tous. Peut-être pour lui aussi. Elle quitte sa salle de bain et entend la voix du vainqueur qui l'appelle. Il ne prenait plus la peine de toquer depuis tout ce temps. Nohr cache sa main derrière son dos et descend les escaliers, sa fausse naïveté accrochée aux lèvres.
Elyas? C'est toi? Elle descend les quelques marches qui l'a sépare du salon. Pas de traces de Chesterfield. Ses bras entourent sa poitrine, retenant la courte serviette qui l'a couvre. Elle avance prudemment vers la chambre. L'homme est de dos. Elle s'approche doucement, il ne l'a pas vu, trop occupé à regarder les quelques photos encadrées. Elyas? Tu m'as fait peur... Et le vainqueur se retourne, Nohr soupire. Elle s'approche doucement de lui et dépose un baiser sur sa joue, sur la pointe des pieds. Un baiser automatique et peu sincère. Le vainqueur venait surement juste passer du bon temps. Une nouvelle fois.

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