79th HUNGER GAMES, JOUR 04
CLAIRIERE (NORD-EST - abbaye, G6), 03h ~ EVKJAA & EURYDICE & JOSHUA & ANDRO

Un long frisson lui parcourut l'échine lorsqu'ils se retrouvèrent dans la clairière. Il faisait nuit, certes, mais on ne voyait qu'eux : ils étaient totalement à découvert. Malgré cela, ce n'était pas ce qui " effrayait " le plus Andro mais plutôt les quelques tombes qui se couraient après. Il n'osa pas s'en approcher, de peur d'y voir le nom de certains tributs inscris dessus. La peur de voir le prénom d'Eurydice, d'Ivory, Pearl ou bien d'autres encore ? Après l'annonce de la mort de Hedda et du garçon du 10, le tribut du District 7 avait commencé à angoisser. Ils étaient de moins en moins. L'étau se resserrait et désormais, peu importe le tribut qui mourrait, Andro avait plus ou moins eu l'occasion de les croiser, de les aider, de discuter avec eux. C'était bien plus facile de voir quelqu'un comme Hedda mourir plutôt que quelqu'un comme Emerald. Un instant, il tourna la tête vers Eurydice pour la regarder. Elle était épuisée. Ils n'avaient plus le choix, ils devaient s'arrêter. Même si ses blessures n'étaient pas grave, il ne voulait plus courir le risque, pour le reste de la nuit, de la forcer à marcher et à se vider lentement de son sang. Il ne voulait certainement pas voir le nom d'Eurydice s'afficher dans le ciel :

" - On peut s'arrêter là si tu veux. Comme ça tu te reposes. ".

Le garçon lui sourit. S'il arrivait à tenir, c'était grâce à elle et à elle seule désormais. Il continua à avancer à travers les pierres tombales, tenant contre lui la petite blonde. Il lui avait imposé son rythme ; une marche rapide, éreintante, une cadence qu'elle ne pouvait plus supporter. Que lui-même n'aurait pu supporter s'il n'avait pas eu peur que d'autres tributs viennent les attaquer. Enfin à l'abbaye en ruines, il était temps de se poser un peu.

Spoiler:

► ANDRO & EURYDICE & EVKJAÄ & JOSHUA
VOLUME VI, CHAPITRE 03 (JEUX, JOUR 04 03H00 ~ ABBAYE

Il était encore tard lorsque Joshua et Ivory décidèrent de se quitter. Au moment de partir, s’appuyant sur sa lance pour marcher, regardant le sol pour s’obstruer machinalement la vue, au fait que l’ouïe du jeune homme était plus active que n’importe lequel de ses autres sens à ce moment, Joshua marchait encore, puis encore, et ne comptait plus les métrages. Bien qu’en réalité il n’avait aucune idée de la manière de les apprécier à leur juste position.

La marche fût dure, posant des pieds, des pas, l’un devant l’autre sur un terrain en diagonal, sur une forêt vaste, où les lianes onduleuses n’ont pas honte de couper le chemin des hommes, où la brume infernale ne se gêne pas pour embrumer leurs yeux, où les températures chutent excessivement – obligeant à grelotter, où les racines jalouses viennent s’entremêler entre les chevilles des marcheurs. Joshua est tombé plusieurs fois, dans ce mal. Certes. Oui, certes il se sentait mieux pendant sa marche que pendant sa rencontre avec Quinn. Et son bras le faisait souffrir. Mais ce qui le dérangeait encore plus, encore plus que ses muscles brachiaux endoloris, c’était son oblique. Impossible de marcher sans s’appuyer sur la chose de carbone ; impossible d’avancer sans se mordre les lèvres pour éviter d’assouvir la terrible envie de gratter la plaie en pleine démangeaison. Et bien que la douleur était présente sur doute la route, sur cette randonnée fâcheuse, dans l’esprit de Joshua, la nécessité de retrouver Evkjaä l’emportait sur toute envie décevante de se mettre à mal plus qu’il n’en faut.

Il avait mal ; il fallait résister. Parce qu’il avait promis à son alliée d’être présent pour regarder, admirer – ou détester – l’affichage des tributs morts dans la journée. Son alliée. Ce matin, en la quittant, Joshua a eu mal. Il a eu mal parce qu’il s’est demandé : qui est Evkjaä ? A ce moment, avant de partir, il a eu la honteuse idée de la considérer comme son amie. Les idées se sont mélangées dans son esprit, avec violence. Lorsqu’il regardait Evkjaä, il voyait en elle la même relation qu’il pouvait entretenir avec Maxwell. Et pourtant, il sait que l’arène n’est pas un endroit, ni un statut, ni un moment, pour se faire des amis, pour construire une relation. Il le sait. Mais au fond de lui, il aimerait un monde où Evkjaä viendrait lui dire bonjour au district neuf pour lui raconter ses anecdotes absurdes et se perdre dans des mots et une langue qui part plus vite que son cerveau. Il aimerait aussi un monde où il pourra prendre la main d’Eurydice et lui montrer les saules du neuvième, ceux dont il a conté leur histoire à la belle blonde la nuit dernière. Il aimerait aussi un monde où sa relation avec Elyas deviendrait sympathie. Il aimerait aussi un monde où Iver sera encore en vie et en bonne santé. Il aimerait un monde où il continuerait avec Ivory de s’insulter mutuellement. Un monde où ils seraient tous en vie, un monde où, quelque part, leur simple raison de vivre serait de sourire, leur simple envie de sourire viendrait de leurs rencontres, de leurs vues mutuelles, des plaisirs niais de la vie. Mais la vie n’est pas niaise. Pas à Panem. Alors dans ses troubles idéels il remplace les sourires par des cadavres, des plaisirs simples par de la force, du courage, de la haine, de la haine qui le fera avancer. Et il force sur la lance de carbone pour avancer encore plus vite. Pour retrouver son amie. Son amie qui bientôt ne viendra plus. Ou alors elle vivra. Mais ce ne sera plus son amie, puisque Joshua sera mort, et lui en voudra. Il lui en voudra d’être en vie, et pas lui, ni son frère.

Alors Joshua a atteint l’abbaye au moment où le premier visage se glaça sur le toit de l’arène. « C’est moi ».

Ils parlèrent un instant avant de s’endormir dans leurs sacs de couchage, ou fermer quelques yeux seulement, dans la peur d’être surpris comme Eurydice avait pu le faire.

Bientôt trois heure. Un son doux réveille les sens de Joshua. Il se lève, attirant ceux de son amie. « Reste ici. Je reviens. » Il attrape sa lance, accroche sa machette à sa cuisse, comme il l’a fait ces derniers jours, et il sort, petit pas sur petit pas, genoux pliés pour amortir le bruit de ses fracas. Ce qu’il entend semble être un parachute. Ce qu’il voit semble être le septième district.

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79th HUNGER GAMES, JOUR 04
FORÊT (NORD-EST - ABBAYE, G6), 03h ~ ANDRO, JOSHUA, EVKJÄA & EURYDICE

La pommade envoyée par Ethan faisait des miracles. La plaie sur son flanc gauche tirait toujours lorsqu'elle marchait, mais le sang avait presque entièrement cessé de couler, et la brûlure qui ne l'avait pas quittée depuis qu'elle avait fui la scène macabre de la mort d'Hedda commençait enfin à s'estomper, malgré le rythme soutenu auquel Andro et elle continuaient d'avancer. Ils s'étaient déjà arrêtés une première fois, à l'annonce des morts, et parce qu'elle savait qu'ils ne pouvaient pas se permettre de rester immobiles Eurydice n'avait pas bronché lorsqu'ils s'étaient remis en route, malgré la fatigue et l'étourdissement sans doute accentués par le sang qu'elle avait perdu. Elle rêvait de dormir, pourtant, elle n'avait fermé les yeux qu'une heure ou deux la nuit précédente, bien trop effrayée à l'idée de ce qui pourrait lui arriver sans la présence d'Andro pour la rassurer, et la fatigue commençait à s'accumuler dans son petit organisme. « On peut s'arrêter là si tu veux. Comme ça tu te reposes. » Honteuse, Eurydice avait hésité un instant, resserrant sa main autour du bras d'Andro « On n'est ... on n'est pas obligés ... » Il n'avait pas l'air de vouloir se reposer, lui. Et le vent sifflant entre les allées lui donnait la chair de poule ; C'était la première fois depuis la fin du compte à rebours qu'elle se retrouvait ailleurs que protégée par les arbres. « Est-ce que c'est un cimetière ... ? » Elle venait de remarquer les tombes disposées ça et là, elle se demandait s'il s'agissait de tributs d'anciennes éditions ... Mais non, Ethan avait dit que les tributs étaient rendus à leurs familles. Mais s'ils n'avaient pas de famille ? Eurydice ne voulait pas finir enterrée ici. Et l'ombre projetée par l'église, chapelle ou peu importe terminait de donner à la clairière un côté fantomatique, lui rappelant les histoires d'épouvantes que les enfants se racontaient à la nuit tombée, au district sept.

Cramponnée au bras de son co-tribut, légèrement tremblante, elle avait tiré sur ses cheveux pour tenter d'en cacher ce qui pouvait l'être à l'intérieur de sa combinaison. Elle savait comme ses cheveux blonds pouvaient briller à la lueur de la lune, ceux qu'Ivory brillaient de la même manière. « Andro, regarde ! » Un petit parachute, semblable à celui qu'elle avait reçu deux ou trois heures plus tôt, descendait doucement d'on ne savait où, comme s'il était apparu de nul part. Peut-être était-il pour Andro cette fois-ci, ils étaient seuls, cela ne pouvait être pour personne d'autre ... C'est du moins ce que s'était dit la jeune fille avant d'étouffer au dernier moment un cri de surprise, posant une main sur sa bouche. Il y avait quelqu'un, là-bas. Quelqu'un que les ombres projetées sur le sol les empêchait de reconnaître, quelqu'un qui avançait vers eux lance à la main ... « Joshua ! » Lâchant la main d'Andro, la blonde avait sautillé sur quelques pas pour réduire la distance qui les séparaient du tribut, s'arrêtant à mi-chemin en réalisant que son co-tribut ne suivait pas avec la même confiance « Il est gentil. » Cela lui semblait couler de source, pour elle. Les gens étaient soit gentils soit méchants, sans aucune nuance, sans aucune évolution.

Les doigts de la petite blonde se resserrèrent autour de son bras et ses grands yeux clairs s'étaient levés vers lui. Elle était épuisée. Il l'était tous les deux. Mais tout ce qu'elle voulait, c'était lui faire plaisir et continuer, quitte à souffrir le martyr. Le sourire d'Andro s'était dissipé et il leva la main pour lui caresser la joue. Il était désolé, tellement désolé de lui imposer tout cela mais elle était bien trop précieuse. Bien trop précieuse pour mourir dans cette arène. Il se retint de se pencher sur elle et de déposer ses lèvres sur son front pour la rassurer. Ils n'avaient plus vraiment le temps pour ça, après tout. Et puis, dans le silence de la nuit, un tintement. Un tintement pareil à celui du parachute qu'avait reçu Eurydice. Un autre ? Pour eux ? Pour lui ? Ils regardèrent le parachute descendre du ciel, un cadeau... Il cligna des yeux. C'était donc pour lui, vraiment ? Il voulut s'avancer mais une ombre le devança. Une ombre menaçante, silhouette masculine qui tenait une lance. Instinctivement, Andro se mit en garde avec sa hache, les sourcils froncés, tentant de mettre derrière lui la fille du 7 mais non :

" - Joshua ! ".

Sautillant comme une enfant, elle se mit en chemin pour rejoindre l'ombre puis s'arrêta, se tournant vers son co-tribut :

" - Il est gentil. ".

Non, personne n'est gentil, ici. Sa main resta crispée sur son arme, fixant la silhouette menaçante. Le parachute n'était pas pour le District 7 mais pour le District 9. Tant pis, cela lui était égal. Mais ce garçon... Il n'était pas sûr de lui faire confiance. Cependant, il faisait confiance à Eurydice. Tenant toujours son arme, il s'avança et rejoignit la blonde, joignant sa main à la sienne et la lui serrant comme si leur vie en dépendait :

" - Okay. J'te crois. Mais j't'avoue ne pas être très... Emballé. ".

Andro grimaça. Non, il n'était pas emballé du tout. Surtout lorsqu'une autre voix s'éleva. La voix d'une fille. Une fille qui semblait être celle du 12. Le garçon soupira. Dans quoi avaient-ils mis les pieds ? Et Ivory qui n'était plus là. Et les autres tributs qui ne semblaient pas si loin d'eux...

" - Écoutez... On va pas se battre. On veut juste se poser un peu. On fait une pause pour l'instant, ça vous va ? ".

Si ça ne leur allait pas, tant pis pour eux. Andro ne pouvait se permettre de mettre Eurydice en danger pour une quelconque connaissance. Surtout si cette connaissance s'amusait à casser le mécanisme du puits pour éviter les autres tributs " faibles " de boire.

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