Seuls ses yeux sont intactes. Ils n'ont pas changés. Ses joues sont creuses, ses cotes ressortent dangereusement, des cernes violette ornent son regard vague. Ses lèvres sont particulièrement blanche, et sa bouche toujours très sèches, oui, la maladie ne lui laisse que peu de salive et peu de répit. Les médecins du capitole ne viennent plus le voir, Noa ne les laissent plus le soigner. Il accepte son sort funeste.
Il est assis sur le lit de leur chambre. Gaelle est allongée , lui tourne le dos. Elle fait semblant de dormir. Encore. Il se relève péniblement lui jette un dernier regard, puis quitte la pièce. Il prend sa canne, descend les interminables escaliers de sa maison. Dans la cuisine quelques pièces l'attendent, posés sur la table, une indication indirecte de Gaëlle pour lui dire d'aller chercher le pain. Il les attrape, mets un blouson chaud et respire une bouchée de sa bonbonne d'oxygène. Enfin, il quitte sa sinistre demeure.
Il marche dans le village des vainqueurs le cœur lourd. Ce village fantomatique ou seul d'eux d'entre eux on eu « la chance » de pouvoir y habiter. Il s'attarde quelque instant sur la maison de sa mentor. Elle aussi, comme Gaëlle refuse de lui adresser la parole. Depuis très longtemps, Noa ne s'est jamais autant sentit seul. Il essaye de quitter le village plus précipitamment, mais ses efforts le rendent ridicule. Il s'appuie contre la barrière qui déterminent les habitations des vainqueurs et recrache ses poumons. Il déglutit difficilement, essayant de reprendre son souffle. Il est pathétique.
Il se sent pathétique.
Et alors qu'il aperçoit la mine plus loin, il décide d'aller voir Jaqen. Celui ci a toujours des petites pilules à dépanner, grâce à son joli trafic avec l’hôpital du douze. Il travaillait à la mine depuis quelques années et c'était un des seul à bien vouloir accepter passer du temps avec Noa. Les deux jeunes garçons se connaissaient de l'école et avaient toujours eues une relation sympathique. Et Noa avait besoin de cet relation en ce moment.
Alors qu'il se rapproche de la mine de plus en plus, il sent les chuchotement sur son passage. Il se retient de tousser pour ne pas aggraver la situation. Il avait oublié son statut et l'impact que cela pouvait avoir sur les gens de la mine. Noa baisse les yeux au sol pour éviter de penser aux gens qui l'entourent. Il n'est pas à sa place. Ou du moins il ne l'est plus...
Il sait pertinemment que si les choses avait été différentes, le petit gamin de la veine serait parmi eux et regarderait le vainqueur avec une envie furieuse de lui éclater la mâchoire.
Soudain, on lui fonce dessus. Il vacille et essaye de regarder d’où vient l'attaque. Il a déjà la tête qui tourne et lorsque le poing du gars atteint sa mâchoire, Noa tombe à terre et crache du sang.
Son sang bouillonne dans ses veines, il sent ses poings se serrer et lorsqu'il essaye de voir qui est l'auteur de l'agression, un autre mec lui tombe dessus. Ils sont si proche qu'ils pourraient s'embrasser.
Il essaye de se relever et de relever le gars qui lui est tombé dessus. Il lui rappelle vaguement quelqu'un. Il semble qu'il le connaît.
La grosse brute vocifére des insultes. Noa aimerait retrouver sa force de garçon en bonne santé, lui foutre un gros coup dans les côtes et lui casser le nez. Mais pour l'instant son plus gros combat, c'est de lui faire face.
Mais c'est ridicule. Il n'a plus rien d'un vainqueur. C'est juste un pauvre malade, en manque de médicaments tranquillisant. Il regarde le gros colosse en essayant de se tenir droit. La haine qui commençait à le ronger sérieusement, disparaît pour laisser place à une extrême fatigue.
"Bravo."Il lui tourne le dos et essaye de continuer son chemin comme si de rien n'était. Mais une main sur son épaule le rattrape de justesse. Il gueule. Noa ne comprend pas ce qu'il dit. Il tente de se débarrasser de la main du gars pour partir, mais la grosse brute le retient toujours. Le coup part tout seul. Comme si ce n'était pas lui qui l'avait envoyé : Noa jette la tête en arrière et explose le nez de son adversaire avec un magnifique coup de tête. Un cercle se forme entre eux et Noa, peu à peu désolé de son geste, cherche désespérément du regard, la personne qui lui était tombé dessus. Un ennemi ou un allié ? Il se sentit de retour dans les fameux Hunger Games. La foule aussi pathétique que le capitole.