les retrouvailles, les terrifiantes retrouvailles...
Après le fameux rendez-vous au centre de contrôle du 13, après les révélations sordides, je me retrouvais escortée jusqu'à ma chambre. A partir de cet instant j'allais devoir faire vite. N'emporter que le strict minimum, rester un dernier moment seule avec moi-même. Ensuite les événements s’enchaîneraient et je regretterais peut être la tranquillité que m'offrait ma chambre.
J'arrive devant ma porte et me stoppe. Je ne sais pas comment le demander, ni même si j'ai le droit. Le stress s'installe dans mes veines et puis je réalise. Je vais avoir la chance de sortir de ce tombeau, d'aller à la surface et même d'y vivre, de retrouver mon frère. Il n'existe qu'une faible chance que je revoie toutes les personnes qui ont vécu à mes côtés durant tant d'années. Alors oui, qu'importe si j'offusque pendant quelques secondes l'homme qui se tient juste derrière mon épaule. Je ne me retourne pas, je n'ose pas à affronter son regard.
Est-ce que vous pourriez rester à l'extérieur s'il vous plaît? Bien entendu mademoiselle. Je vous attends ici. Un poids disparaît de mes épaules et je pénètre alors dans ma chambre. De toutes façons je n'ai que très peu d'effets personnels depuis que je vis dans le district 13.
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Nous en sommes déjà à la moitié du voyage et je m'habitue petit à petit aux paysages environnants. Assise sur ma banquette je sens le bras de ma poupée à travers mon sac de toile en train de s'enfoncer dans mon ventre. Son poing me fait mal mais je ne bouge pas. D'ailleurs je suis immobile depuis plus d'une heure. J'ai ce goût amer dans ma bouche. Alors que j'étais en train de faire mes bagages mon regard s'était posé sur ma table de nuit. L'unique tiroir renfermait ce que j'avais considéré pendant longtemps comme un trésor. Mais j'allais revoir Noa dans quelques heures à peine, à quoi cela servait-il que j'emporte avec moi toutes ces lettres griffonnées. Et puis une fois dans le train je regrettais. Les dirigeants m'avaient prévenus, mon grand-frère ne me connaissait plus, j'avais accepté un semblant de mission. Les jours seraient difficiles, les nuits encore plus et puis j'avais accepté de retourner à une vie normale comme tout citoyen de Panem. Avec ses droits, comme marcher à l'air libre mais également ses devoirs c'est à dire s'exposer au tirage au sort lors des Hunger Games.
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Nous sommes arrivés mademoiselle Wayne. Nous ne pouvons pas vous accompagner plus loin. Restez discrète dans les rues et dirigez vous directement au village des vainqueurs. Bon courage! Tout avait été solennel, c'était à cet instant précis que j'aurai eu besoin d'une accolade mais il n'y eut rien. Le voyage avait été difficile à organiser car nous devions pas nous faire repérer, j'allais devoir continuer sur cette lancée.
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Le village des vainqueurs est un endroit si impressionnant, je ne m'en souvenais plus. Depuis mon arrivée j'ai rasé les murs, mais arrivant enfin à mon objectif je n'ai plus à me cacher. Seulement à me fondre dans la masse. J'aperçois la maison où vit Noa. Mes pas ralentissent, je ne veux pas me précipiter par peur d'être déçue, d'être rejetée. Je n'arrive toujours pas à croire qu'il puisse m'avoir oublié. j'ai eu tellement de mal à renouer des liens avec mon grand frère lors de son retour de l'arène. Des semaines de travail et de compromis, tout perdre une fois de plus me serait insupportable.Je monte sur le perron et toque à la porte fermement à trois reprises.
Si ça se trouve ils ont tout faux. Noa se souvient très bien de moi. C'est une surprise en fait. Il va ouvrir la porte, il va me voir, avoir le sourire jusqu'aux joues et puis il me prendra dans ses bras et me fera virevolter. C'est une surprise... Ils se trompent.... S'il vous plait, faites qu'ils se trompent...