| Sujet: it's a wild world · do Dim 8 Fév - 22:23 | |
| dorothy erin sorensen❝ WHO AM I LIVING FOR? ❞ Elle s'appelle Dorothy. Dorothy Sorensen, à ce qu'il paraît. On raconte beaucoup de choses à propos de cette gosse, parce qu'elle sort du lot, un peu comme un bouton d'acné au milieu du front. Comme une tache de sang sur un drap blanc. C'est le mystère ambulant du groupe. Les dossiers disent qu'elle dix-sept ans. Dix-sept ans, vous vous rendez compte ? Dix-sept ans, et ça fait quatre ans qu'elle est là. Derrière son ordinateur. Ses doigts fins pianotent à toute vitesse sur son clavier. Son expression est sérieuse et concentrée, derrière les verres de ses lunettes dans lesquels se reflètent des lignes de code. Ca va faire quatre ans qu'elle a ce poste d'informaticienne dans l'entreprise. Au district 3, elle est bien tombée pour arriver là. Depuis ses treize ans. Un mystère ambulant, je vous ai dit. Et elle ne parle pas. A personne. Sauf quand elle a fini son travail. Elle ne dit rien et ne quitte pas son écran des yeux pendant ses huit heures de travail quotidiennes. Acharnée, concentrée. Cette gosse est une machine. Conditionnée, entraînée, mais pas à tuer. Entraînée à travailler sans rien dire, sans broncher, sans s'arrêter. Et quand l'heure sonne de rentrer chez soi, c'est comme un déclic. D'un geste, elle sauvegarde, éteint, se lève. C'est comme si une deuxième personne prenait le dessus. Elle parle. Elle regarde les autres. Elle est polie, elle dit bonjour. Elle est agréable et docile, respectueuse, tranquille. Mais elle effraie, aussi. Quand elle parle, ce sont les mots d'une femme mature et froide qui sortent de sa bouche d'enfant. Elle pense comme une machine et comme une adulte qui aurait baissé les bras. Ce revirement de personnalité, cette facette froide et indifférente qui dort au fond d'elle. L'innocence de ses traits contraste avec la dureté manichéenne de son caractère. C'est une jolie gosse, pourtant. Grande. Fine. Un visage de poupée parfaite, les longs cils, les yeux bleus, les lèvres rosées. Les longs cheveux blond doré. Si elle n'était pas aussi douée avec nous, elle aurait sans doute été envoyée au Capitole. Pour porter des vêtements sophistiqués pour leurs stylistes. Afficher son joli minois partout sur des affiches vantant les mérites de ce cher gouvernement. On ne sait pas trop ce qu'elle pense, Dorothy Sorensen. On ne sait pas trop si elle a des amis, en dehors du travail. Elle ne parle pas. Elle ne dit rien. Elle se contente de poser ses lunettes et de rentrer chez elle. Où ? Personne ne sait. Elle pourrait être moissonnée ou avoir été moissonnée, mais elle n'a pas l'air d'une mendiante. Bien nourrie, malgré sa maigreur. Pas mal traitée. Une gosse normale. Sauf que personne ne sait où elle vit, où elle va, qui elle côtoie. Elle ne donne jamais son opinion. Elle a l'air de se ficher de tout. Elle ne vit que pour ce qu'elle écrit sur sa machine tous les jours, vide de toute pensée extérieure, une bannière profondément ancrée entre le travail et sa vie personnelle, aussi dénuée de sens soit-elle. about games and relative.
➺ COMMENT VOIS-TU TA MORT ? C'est une drôle d'idée, la mort. On ne sait pas où on va, mais on voudrait déjà savoir de quelle manière on ira... Ca ne suit aucune logique. Mais je trouve la question intéressante. La question est de savoir ce que nous valons. Dans notre société, il semblerait que certaines vies valent plus cher que d'autres. Alors, qu'est-ce que je vaux ? Ma vie vaut-elle une mort tranquille dans le confort de mon lit à un grand âge, ou une mort brutale et violente dans une arène à peine sortie de l'adolescence ? Je ne sais pas ce que je vaux. Je ne sais pas ce que l'on attend de moi, autre que faire ce que l'on m'a demandé. Et si je ne meurs pas sous les bombes d'une rébellion, si je ne meurs pas dans l'arène des Jeux de cette année, je mourrai sans doute ici. En faisant ce que l'on m'a demandé.
➺ APPRÉCIES-TU LE VISIONNAGE DES JEUX ? Je ne regarde pas. J'essaie. Je fais ce que je peux. Je n'ai pas d'opinion quant aux méthodes de notre gouvernement. Mais il m'est impossible de regarder sans avoir l'impression de manquer de respect aux tributs. Les observer se battre, mourir, enfermés comme des chiens en cage. Sans rien faire d'autre que regarder. Etre fascinés par leur destin qui se soldera toujours sur la même conclusion. J'essaie de ne pas regarder. Je ne branche jamais mon poste de transmission chez moi, dans ma chambre. Je n'écoute pas quand c'est l'heure de l'émission pendant les repas. J'ignore ce que disent les autres au travail. Je suis dès douée pour me concentrer uniquement sur une seule tâche et faire abstraction du reste. Je ne suis là que pour travailler. Pas pour remettre en question notre société. Ca a été établi de la sorte. J'essaie de ne pas regarder, mais c'est ainsi, nous vivons avec.
QUE PENSES-TU DE LA RÉVOLTE ÉCHOUÉE ET DES REBELLES ? C'est honorable. Tout à fait honorable de défendre son point de vue et ses idées, en particulier dans un contexte aussi controversé que celui dans lequel nous vivons. Mais j'estime que c'est vain. Du moins, pour l'instant. De ce que l'on a pu apercevoir, ce n'est pas assez face au gouvernement. Il leur faudrait plus d'hommes, plus de ressources, plus d'influence. Le Capitole est bien trop implanté dans notre société pour laisser place à un soulèvement conséquent. Personnellement, je ne donne pas mon opinion. Ca ne me concerne pas. Ca ne m'a jamais concerné directement. Je n'ai pas été aux Jeux, ma famille n'y a pas été non plus. Je n'ai jamais côtoyé de rebelle. Ce ne sont pas mes affaires. Il y a des choses bien plus importantes à faire tous les jours pour moi, plus importantes que de rejoindre une cause perdue ou défendre une société déjà influente.
➺ COMMENT QUALIFIERAIS-TU TA VIE DANS TON DISTRICT ? EN ES-TU SATISFAIT ? Correcte. Je n'ai pas à me plaindre, en ce qui me concerne. Je ne me souviens pas bien de mon enfance, mais depuis que je suis ici, à ce poste, je vais bien. J'ai un toit, j'ai à manger. J'ai un travail. On ne me maltraite pas. Je suis occupée toute la journée dans un but bien précis, et quand je rentre dans ma chambre, au dortoir, je suis tranquille. J'ai une chambre pour moi. Personne ne m'embête à l'heure des repas. Je vais bien. Je sais très bien que je suis une privilégiée, bien que je ne fasse pas partie de la haute société. Je sais qu'il existe plus malheureux dans mon district, à mon âge. Des familles amputées à cause des Jeux. Alors je ne me plains pas. Tout va bien.
➺ COMMENT TE SENS-TU QUAND LE TEMPS DE LA MOISSON ARRIVE ? Cette période ne me fait rien du tout. Je n'y pense pas. J'ai eu de chances d'être tirée au sort, comparée à certains autres enfants du district. Je n'ai jamais manqué de rien grâce à nos leaders et au chef de notre entreprise, et je ne pense pas être en danger à ce niveau-là. Cela dit, maintenant que vous en parlez, si je devais un jour participer aux Jeux, eh bien, soit. Je ferai ce que l'on m'a demandé, j'essaierai de me défendre et de gagner, pour sortir de là. Parce qu'il n'y a rien d'autre à faire, et que toute tentative désespérée serait de l'énergie dépensée inutilement. Pourquoi lutter contre un système qui nous dépasse ?
JE VIENS D'UN MILIEU moyennement favorisé, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE est quotidienne sans excès. DU COUP, MON NOM A six RISQUES D'ÊTRE TIRE AU SORT. J'EXERCE LE MÉTIER D'informaticienne ET POUR TOUT VOUS DIRE, J'apprécie assez. JE SUIS DANS LE 3ÈME DISTRICT. AYANT dix-sept ans JE peux PARTICIPER AUX HUNGER GAMES ET honnêtement, l'idée ne me fait ni froid ni chaud. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.
tell us your story. janvier 2309. Une salle de classe. Faite de béton froid, meublée de tables et de chaises de métal froid. Une institutrice aux airs froids, vêtue d'une robe grise froide et impersonnelle. Les enfants, âgés d'environ onze ou douze ans, sont assis à leur places. Ils se tiennent droits, sont habillés d'uniformes aussi gris que la pièce dans laquelle ils se trouvent. La fenêtre donne sur une plaine enneigée au ciel gris et lourd. Dorothy Sorensen est assise au dernier rang, près de la fenêtre, et elle écoute. Petite, les cheveux blonds attachés soigneusement en une tresse serrée, elle scrute son institutrice avec intérêt derrière ses verres de lunettes. Une enfant tranquille. Sage, gentille, polie. Qui rit et sourit volontiers, qui étonne beaucoup grâce à ses conversations adultes et sensées. L'élève parfaite. Elle écoute, mais ne peut s'empêcher de jeter des coups d'oeil brefs par la fenêtre, pour observer la neige qui tombe lentement, portée par le vent. Ce soir, elle irait patiner sur le lac avec maman. Quand elle rentrera à la maison, elle se réchauffera les mains près de la cheminée, et papa rentrera du travail. Papa travaille à l'usine, mais il a un bon poste. Il est le chef d'une unité d'ouvriers, alors Dorothy n'a jamais manqué de rien. Ils vivent simplement, mais pas dans une pauvreté extrêment. Ils vivent plutôt dans une sorte d'abnégation, d'économie constante. Maman dit toujours que les dieux peuvent reprendre ce qu'ils ont donné à tout moment. Dorothy a bien compris le sens de cette phrase quand la fille d'un supérieur de papa, issue d'une riche famille, a dû partir pour les Jeux, l'été passé. Dorothy pense à ce soir. Elle se laisse divaguer, non pas parce qu'elle se fiche de l'école, mais parce que ce que dit leur professeur, elle le sait déjà. Elle lit beaucoup, à la bibliothèque de l'école, à la maison. Maman lui a offert plusieurs nouveaux livres, pour son anniversaire, et Dorothy en a été ravie. La lumière est terne, dans la salle de classe froide. La neige donne une impression de froid mais de légèreté aussi. Comme si le temps s'arrêtait, juste pendant leurs heures de classe, et reprenait une fois rentrés chez eux. Elle va à l'école à pied, Dorothy. Elle habite près du lac, mais ce n'est pas très loin, quand on coupe par la plaine. Il faut juste suivre le chemin. La cloche de l'école sonne, un son froid aussi. Décembre rend tout froid. Dorothy se lève et range les livres de classe dans son sac à dos en cuir usé, et elle sort dans le couloir pour revêtir son manteau de laine épaisse, ses moufles tricotés. Un bonnet, un cache-oreilles sur sa petite tête blonde. Elle est polie, elle est sage, elle dit au revoir à l'institutrice et à ses camarades. Elle fait même un bout de chemin en riant avec une fille de sa classe. Et puis elle rentre à la maison. Mais devant la maison, il y a ces hommes en armure blanche. Et un monsieur en costume. Dorothy se demande s'il n'a pas froid, vêtu ainsi sous la neige. Son joli costume va être tout humide. Dorothy s'arrête, parce qu'elle est polie, et salue les hommes en armure, ainsi que le monsieur en costume. Elle ne comprend pas trop ce qu'il se passe. Et puis elle voit le visage de Maman dans l'encadrement de la porte, Maman qui pleure. Papa qui la retient de courir dehors, dans la neige. Le monsieur en costume dit quelque chose, mais Dorothy entend mal, avec son cache-oreilles. Maman pleure. Papa a l'air contrarié, mais résigné. « C'est pour ton bien, Dorothy, » dit le monsieur en costume. Et puis un monsieur en armure sort de la maison en demandant à Maman de se pousser, avec une valise, qui appartient à Dorothy. Et son ours en peluche. Un autre homme en armure la fait se séparer de son cartable, qu'il tend à Maman. Dorothy ne comprend pas ce qu'il se passe, immobile, sans rien dire, parce qu'elle est polie et sage. Et puis quand le monsieur en costume essaie de la prendre par la main pour l'emmener vers un véhicule blanc garé plus loin dans la plaine sous la neige, elle se met à pleurer. A hurler. Qu'elle veut rentrer à la maison, qu'elle veut aller patiner avec Maman. Elle essaie de griffer, elle mord, elle pleure et ses larmes gèlent sur ses joues à cause du froid. Maman pleure encore, et un homme en armure finit par attraper Dorothy sous les épaules, malgré sa réticence, pour la placer de force dans le véhicule. Elle ne vaut pas grand chose, enfant d'à peine douze ans, face à un Pacificateur entraîné. Et la portière se ferme, et le visage de Maman disparaît dans la neige.
janvier 2310. Voilà ton poste, Dorothy. Ton ordinateur. Tu sais ce que tu as à faire. Nous sommes certains que tu le feras très bien, tu es très douée. C'est pour ça que nous te donnons ce poste. Tu travailleras avec ces collègues, pour la conception de ces projets. Fais comme d'habitude à tes tests, et le Capitole sera ravi. Peut-être même que tu pourras avoir une promotion d'ici quelques années, si tu travailles aussi bien. Peut-être même accéder au Capitole. Ce serait fantastique, non ? Allez, je te laisse. Si tu as des questions, tu pourras les poser à ton collègue à côté, ou appelle le chef de service. Nous sommes certains que tu feras de l'excellent travail. Tu es faite pour ça.
février 2314. Dorothy Sorensen mange souvent toute seule, à la cantine du dortoir. Elle est assise sur le coin d'une table vide, avec son plateau, cachée derrière ses cheveux blonds, et elle mange. Elle ne participe jamais aux conversations, personne ne sait vraiment ce qu'elle pense. Drôle de gamine. Elle ne regarde jamais la télévision non plus. Quand l'émission de Caesar commence, elle s'en va. C'est toujours à ce moment-là qu'elle a fini son repas, qu'elle rend son plateau et qu'elle monte les escaliers pour retourner dans sa chambre. Sa chambre. Dix mètres carrés dans un dortoir tenu par l'entreprise pour laquelle on l'a envoyée travailler il y a quatre ans. Ce qu'elle faisait avant, elle ne s'en souvient plus. Elle a sans doute dû aller à l'école, à un moment donné. Un type au travail dit que parfois, les entreprises les plus influentes du district viennent chercher les enfants doués pour les conditionner au travail. Parce qu'ils sont meilleurs, plus efficaces, plus dociles. Parce que si ils venaient à croiser le chemin de pensées rebelles, leur esprit serait sans doute aussi plus propice au développement d'idéologies contraires à celles du Capitole. Alors on vient les chercher, quand ils sont jeunes, et on les forme. Dorothy ne s'en souvient pas, et ce que disent les gens au travail, elle n'écoute pas. Elle se concentre. Elle travaille, et rien d'autre. Elle rentre le soir au dortoir. Elle y habite une chambre de dix mètres carrés avec une petite salle d'eau, partage une cantine commune. Des adultes ayant besoin d'un logement proche de leur travail et peu onéreux, des enfants à peine sortis de l'adolescence qui viennent travailler sans le sou, ou des orphelins, comme elle, qui ont besoin d'un métier pour survivre, et se retrouvent à vivre en dortoir commun. Elle ne s'en plaint pas. Elle a une chambre plutôt bien placée. Moquette grise, murs gris, lit en métal gris, tout est gris, mais c'est confortable. Tranquille. Elle s'isole dans sa chambre le soir, avec pour seule lumière une petite ampoule près de son lit, et elle lit. Elle lit les livres qu'elle a accumulés depuis son arrivée ici. Son plaisir personnel. Des livres approuvés par le gouvernement, certes, mais c'est déjà beaucoup. Et parfois, elle regarde par la fenêtre, derrière les rideaux, et se surprend à vouloir aller patiner sur le lac.
reality is here.
Bonjour bonjour, je suis faible, j'ai cédé, c'est mal, mais je croise les fesses pour ne pas que Dodo subisse le même sort que cette chère Bill... Je m'appelle Melody, j'ai vingt-deux ans et toutes mes dents (même pas de caries), j'ai lu touuuus les livres et je suis même prête pour l'interro surprise et sinon j'imagine que si j'ai encore cédé comme une débile c'est que le forum il sent pas trop mauvais, voire même qu'il sent très bon et qu'il a un petit goût de reviens-y Allumez désormais des cierges que le syndrome de la page blanche ne revienne pas m'emmerder, mais sinon, au pire, Dodo elle s'entendra bien avec Bill, au paradis des personnages de Melody FEATURING ellefanning © COPYRIGHT melody
Dernière édition par Dorothy Sorensen le Mar 10 Fév - 15:45, édité 5 fois |
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