Il avait besoin de prendre l'air.

Du moins c'était ce qu'il pensait. Il pensait que la brise fraiche sur sa peau allait être agréable et allait apaiser ses pensées désordonnées, suite à l'annonce de la mort de Snow qui résonnait encore dans ses oreilles. Mais non. Sa tête lui tournait toujours, et il se demandait si elle allait un jour arrêter de tourner... Peut-être qu’elle arrêterait le jour où le monde cesserait de partir en vrille ; à supposer que cela arrive un jour, et ce avant que Sailor ne passe l’arme à gauche. Tout comme… Snow.

Snow était mort. Pour de vrai ? Certainement. Même l’humour douteux du capitole n’irait jamais aussi loin. Pas concernant leur précieux président, du moins.

Sailor aurait adoré pouvoir être heureux et satisfait de la mort de cet homme. Il aurait aimé pouvoir esquisser un sourire. En rire même, de cette situation dont il n'aurait jamais osé ne serait-ce qu’en rêver. Après tout, il était responsable de la mort de tellement d’âmes innocentes et pour la plupart, même pas majeurs. Il était responsable de la mort d’Holden. Même le fait de savoir que le coupable indirect de ce meurtre atroce était mort n’arrivait pas à lui faire plaisir. Il avait cette amertume au fond de la gorge et cette inquiétude au fond de la tête, qui ne voulaient pas le lâcher.

Il soupira, s'appuyant contre le mur du bar qu'il venait tout juste de quitter. Les mains plaquées contre son visage, il tenta de calmer sa respiration qui s'était agitée ces dernières minutes. Il détestait cette idée de ne pas savoir ce qui allait se passer, à présent. C’était du jamais vu, du moins du jamais vu pour lui du haut de ses vingt-cinq années passée sur terre.

Lui qui rêvait de paix, il baissait les bras face à cette mort inattendue, qui avait pris tout le peuple au dépourvu, endeuillé les Capitoliens et certainement ravi les rebelles. Mais il n’arrivait pas à se dire que la mort de Snow changerait quelque chose à la vie des districts, et si changement il y avait, ce serait certainement pour le pire. Il poussa un grognement de frustration en se redressant du mur. Il ne devait pas rester là, à râler dans son coin...

Il se redressa soudainement, droit comme un piquet, comme électrisé. Il savait exactement ce qu'il devait faire, au lieu de rester là, les bras ballants. Constance. Il devait aller voir Constance. La prévenir, si elle ne le savait pas déjà.

Alors il se mit à courir, élançant ses jambes trop longues. Il connaissait la route par cœur, et pour cause : il l'avait déjà emprunté des dizaines et des dizaines de fois. Jamais aussi rapidement, à ses souvenirs. Il n'avait jamais eu besoin de presser autant le pas. Mais aujourd'hui était loin d'être un jour normal.  

Il arriva devant sa porte, essoufflé, les joues rougies par l’air frais et l’effort. Donnant comme à son habitude trois coups rapides et légers, du bout des phalanges. Puis il attendit. Environ une trois secondes, avant de redonner des coups sur la porte, ayant soudain perdu toute patience. Jusqu’à ce que la porte s’ouvre face à lui, et les mots s’échappèrent de ses lèvres avant même qu’il n’aperçoive le visage de la propriétaire de la grande maison.


Quelques mots, soufflés, presque murmurés. Comme s’il s’agissait d’un secret alors que presque tout le monde à Panem devait être en train de se remettre de cette annonce inattendue. Sailor ferma la bouche, ne sachant pas quoi dire d’autres. C’était déjà assez étrange de le dire, comme ça, à voix haute, pour la première fois...