Dans l’obscurité la plus complète, je suis là, suffocante. Il ne manque pas d'oxygène pourtant. Mais. Oui. Je suis enfermé, assise, les mains contre une paroi lisse et froide. Du verre? Maudite crise de claustrophobie. J'halète.
"Que quelqu'un me fasse sortir de là..." dis-je dans un souffle.
La réponse est presque immédiate. Le sol tremble sous mes pieds, et je me sens m'élever. Un ascenseur? Brusquement, la pénombre est chassée par la lueur blanchâtre de l'astre du jour. Je suis aveuglée et déboussolée. Me relevant péniblement, passant une main au-dessus de mon front en guise de visière. Il me faut un petit moment pour commencer à percevoir autre chose qu'une surface d'une blancheur éclatante. Un champ. Un vaste champ de blé. Et là, en face de moi. Une vaste étendue boisée... Une forêt.
Je ne comprends pas, je ne suis pas au district cinq...
Au centre du champ, je perçois un éclat lumineux. Le genre de scintillement causé par la réflexion des rayons solaires sur... Du métal! Plissant les yeux pour voir un peu mieux l'étrange objet brillant, je me fige en comprenant ce que c'est. Tout. Tout s'explique. Je regarde mes pieds. Je suis sur une plaque métallique. La plaque cylindrique émergeant du sol, d'où le manque de lumière. Le changement d'environnement... Et. L'objet métallique au centre du terrain en forme de corne. La corne d'abondance.
"Je suis...Dans... L'arène..."
Je suis pétrifiée. Que fais-je là? La moisson est passé? Mon nom a été tiré? Je ne me souviens pas avoir été à la moisson... Ai-je perdu connaissance et oublié? Je n'ai pourtant aucune bosse dénonçant un éventuel coup.
Le gong retentit, soixante secondes sont passé? Seulement? Cela m'avait paru bien plus long...
Soudainement le ciel s'assombrit. Un nuage cache le soleil? Non le ciel semble découvert...
Un cri strident vient me glacer le sang. Il provient de la corne d'abondance. Cette voix. Elle... Elle met familière.
"PEGG!" Je m’époumone.
Je ne cherche pas à réfléchir et fonce. Je me prends les pieds dans les hautes herbes, me perd dans la plantation de blé aux tiges plus hautes que moi. Mais je suis déterminée. Non. Enragée convient mieux à cet état de... Je ne sais pas comment décrire ce sentiment. Une frénésie ? Mon envie de rejoindre ma soeur m'ouvre la voie, vers la corne d'abondance. En courant j'entends un clapotis. De l'eau? Non, du sang. Le bain de sang....
-Joyce!-
Là. Devant moi. Pegg est sanguinolente, face à moi. Un sourire serein aux lèvres.
-Joyce...Petite soeur... Je t-ai- -
Un liquide chaud m'éclabousse. Ma soeur qui à l'instant se tenait debout devant moi, à l'estomac transpercer par un épieu.
Je hurle, et me redresse. Dans mon lit. En sueur. Tout ceci n'était qu'un cauchemar. La porte de mon dortoir s'ouvre. C'est Marie, ma colocataire de chambre. Tout va bien... Je ne suis pas dans une arène sanguinaire... Je suis ici, au district 5 chez ma grande famille : l'orphelinat.
"Excuse-moi Marie... Encore...un cauchemar. Lui dis-je la respiration saccadée par la peur.
'J'ai pris l'habitude de t'entendre hurlais, ce n'est pas grave... Il faut te lever, tu sais ce qu'on risque si on arrive en retard au boulot...'
"Va y sans moi je te rejoins."
Ce n'était qu'un cauchemar... Mais je me sens maussade... Pegg n'est plus et je viens de revoir en détail son effroyable mort. La moisson n'est pas encore passée mais ça ne saurait tarder. Cette année encore j'appréhende de mourir d'une manière aussi horrible que Pegg et tous les pauvres autres enfants emmenaient dans cet abattoir géant.
Sortant de l'établissement en courant, je pars travaillé avec les dernières paroles que ma soeur sortit de sa bouche avant de mourir il y a 7 ans "Joyce, petite soeur. Je t'aime". Cette phrase qu'elle n'eut même pas le temps d'achevé résonne depuis 7 ans dans mon crâne.