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 [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.

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MessageSujet: [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.    [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.   Icon_minitimeVen 13 Juin - 17:04




May I help you, lady ?

De retour dans cette neige. De retour dans cette grotte à dépecer les lemmings. Mais tu n'as plus dix-huit ans. Ce n'est pas la première fois que tu te retrouves à manger des lemmings, bien au froid dans ta grotte, ton écharpe de fourrure enroulée autour de ton cou. Oh que non, tu as déjà vécu ça. Pourquoi es-tu de retour ici ? Tu ne te rappelles de rien d'autre que le coup de pied dans le dos qu'un Pacificateur t'a donné, te poussant et te jetant de nouveau dans cet enfer de glace. Tout ce que tu vois, c'est les autres. Les vingt-trois autres, à l'extérieur de ta grotte. Tous bougent. Tous se battent. Sauf un seul. Un jeune homme aux cheveux noir qui se tient là, debout devant l'entrée de ta grotte, les bras ballant, qui se contente de regarder tous les autres qui se battent. Il tourne la tête vers toi quand il sent que ton regard est rivé sur son dos et ses yeux bridés te foudroient. Tu ouvres la bouche, essaie de crier son nom. Mais rien ne vient. Tu as beau essayer, essayer de crier de toutes tes forces, seul de l'air sort de ta bouche. Et puis tu essaie, plus il disparaît. Il fond, comme toute la neige qui est autour de toi. Tout fond. Même le plafond de ta grotte qui s'effondre sur ton dos et, cette fois-ci, le cri que tu pousses est bien audible.

Je me redresse sous mes draps, appuyée sur mes deux bras, inspirant un grand coup pour m'éviter de crier et de réveiller toute la résidence. Je soupire, les yeux fermés, et passe ma main sur mon front. Dégoulinant. Le visage de mon tribut fondant sous le soleil me hante. Ca faisait deux disputes en deux jours. Bien trop pour nous, nous qui ne nous étions pas adressés la parole depuis la mort de Keira. Ça me poursuivrait longtemps. Je repensais à la manière dont on s'était parlés et j'ai eu envie de mourir. Je ne le reverrais plus jamais et les derniers mots qu'on s'adresserait serait froid, vide de sens. La nausée me saisit. Une douche, vite. Je me suis levée, ait trouvé une autre combinaison légère pour dormir et suis allée me glisser sous l'eau fraîche.

Une fois de retour dans ma chambre, me battant avec le noeud que j'avais fait avec mes mèches blondes pour les tenir hors de portée de l'eau, j'ai rallumé la lumière de ma chambre et me suis assise sur le rebord de mon lit. Le sentiment d'impuissance que j'avais ressenti, le jour de la Moisson, quand Brooke et Yorell était montés sur l'estrade, était revenu jouer avec mes tripes. Mon subconscient m'avait montré que ce que je pensais était vrai : j'étais incapable de les sauver. Ni l'un, ni l'autre. J'allais devoir laisser la rouquine et l'asiatique se faire tuer dans l'arène et les regarder, parce que j'étais obligée et que je ne pouvais rien faire. Nouveau soupire, avant que la porte ne s'ouvre.

Brooke.

« Tu dors pas, toi ? »
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MessageSujet: Re: [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.    [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.   Icon_minitimeLun 16 Juin - 19:57

Brooke s'impatientait. Coincée dans cet appartement, elle ne tenait pas en place. Impossible de se concentrer, de rester calme, impossible aussi d'oublier que sous cette façade impassible, elle avait peur.

Brooke était littéralement morte de trouille. Impossible non plus d'oublier que d'ici quelques jours, quelques heures, elle serait dans cette arène qu'elle n'avait vu jusqu'à présent qu'à la télévision du capitole. A se cacher. A tout faire pour rester en vie. A tuer, peut être … tuer. Était-elle prête à tuer ? Pour survivre, peut être. Si elle n'avait pas le choix … elle secoua la tête. Elle n'aurait pas le choix, c'était évident. Brooke envisageait sérieusement qu'elle avait une chance, au moins petite, de remporter les Jeux cette année. Brooke était futée, habile et ne manquait pas de ressources. Elle avait vaguement envisager l'idée de se cacher jusqu'à la fin des Jeux, mais rapidement, la rouquine avait repoussé cette idée avec un rire ironique. Elle, rester immobile durant toute la durée des Jeux ? Attendre que les autres tributs périssent et sortir de là couverte de ridicule parce qu'elle n'aurait strictement rien fait ? Brooke savait d'avance que c'était impossible. Qu'elle n'y arriverait pas – et qu'elle n'en avait de toute manière aucune envie. Elle n'était pas faible et comptait bien le montrer.

Restait à savoir comment. La jeune fille soupira. Elle n'avait jamais tenue une arme et savait pertinemment qu'elle n'arriverait pas à apprendre à se servir d'un arc ou d'une épée en quelques jours d’entraînement. Elle courait vite et ne manquait pas de force physique, c'était indéniable. Brooke se savait capable de mettre KO un tribut plus jeune qu'elle mais … mais mettre KO un tribut plus jeune qu'elle ? Cette simple idée la répugnait. Elle frissonna sous sa couette, se tourna une ou deux fois avant de capituler et de se lever. Rien à faire, le sommeil ne la gagnerait pas.

Elle prit sa décision en un rien de temps. Brooke passa un sweat sur son pyjama tout doux, attacha rapidement sa crinière rousse à l'aide d'un élastique noir. Elle ouvrit doucement la porte de sa chambre, hésita un instant. C'était à droite ou à gauche ? Elle n'était plus sure. Cet appartement était un véritable labyrinthe et … bah. Brooke haussa les épaules. On ne lui reprocherait pas de se balader dans l'appartement pendant la nuit. Et c'est aussi comme ça qu'elle trouverait la chambre de sa mentor. Wyoming Bucherson était véritablement gentille – c'était du moins l'impression qu'elle avait laissé à Brooke et non, cette dernière n'était pas vraiment embêtée à l'idée de déranger sa mentor à … au beau milieu de la nuit.

Elle tourna quelque temps avant de se repérer. Brooke reconnu rapidement la porte de la chambre de sa mentor et sans plus attendre, la rouquine ouvrit la porte. Sa mentor ne dormait pas, elle non plus. Un mince sourire étira les lèvres de Brooke lorsqu'elle le remarqua.

« Non. J'y arrive pas et puis … » Elle hésita un instant, soucieuse de ne pas vouloir paraître faible. Admettre qu'elle avait peur lui semblait être le début de la fin mais … elle avait décidé de venir voir Wyoming Bucherson en toute humilité. Sans honte. « J'ai peur. »

Voilà, c'était dit.
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MessageSujet: Re: [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.    [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.   Icon_minitimeMar 17 Juin - 10:49




May I help you, lady ?

Je me suis allongée sur le dos pour allumer la lampe qui reposait sur la table de chevet avant de me rasseoir sur le bord du lit alors que le visage de Brooke se para d'un petit sourire. Je ne savais pas trop ce qu'il voulait dire, ce sourire. Je suis contente que vous ne dormiez pas non plus. Je suis contente d'encore arriver à tenir debout alors que je panique depuis le moment où mon nom a été crié au Huit. Ou je ne sais quoi d'autre. Quand on était tribut, on ne savait pas trop si on allait bien ou mal. On était désespérés, certes, mais il y avait quelque chose d'autre. Une poussée d'adrénaline, le sentiment qu'on avait quand même une chance. C'était ça qui m'avait sauvée. La rage de vaincre. J'espérais que l'un d'entre mes deux tributs ressentiraient ça un moment donné. Oublier le fait qu'on procédait à un meurtre, de sang-froid. Même si la mémoire de ceux qu'on avait tué restait imprimée dans nos cerveau - leur visage, leurs cris, le coup de canon qui accompagne leur dernier souffle - c'était la seule chance qu'on avait de sortir de l'arène. Il fallait juste avoir le cran de la saisir.

J'ai plissé les sourcils quand elle s'est arrêté de parler. C'était normal qu'elle n'arrive pas à dormir. Personne n'arrivait à dormir quelques jours avant sa mort. Je ne me rappelais avoir dormi beaucoup durant la semaine que j'avais passée au Capitole. J'avais passé mes nuits à ruminer, à penser à mes parents, aux rares amis que j'avais, à mon co-tribut. La dernière nuit, il était venu dans ma chambre. Celle-là même où je dormais depuis Huit ans. Ewen s'était tenu là ou Brooke se tenait. Lui aussi, il avait peur. J'ai secoué la tête, pas assez vivement pour que la rousse le remarque.

Et puis, elle a fini sa phrase. J'ai hoché un peu la tête avant de lui adresser un sourire triste et compatissant. Enfin, je ne savais pas trop si ça avait l'air d'un tel sourire, mais c'était ce que j'avais espéré lui montrer. J'ai tapoté le bord de mon lit, pour lui indiquer que la place à côté de moi était libre et qu'elle pouvait s'y asseoir. Une fois qu'elle l'eut fait, j'ai tourné mon buste afin de lui faire face.

« J'suis contente que tu sois venue m'en parler. »

C'était vrai. Ca voulait dire qu'elle me faisait confiance. Qu'elle était prête à écouter les conseils que je risquais de lui donner. Concernant l'arène, les tributs, l'entraînement.... Mais aussi l'interview qui, lui aussi, arriverait vite. J'avais plus ou moins bénéficié des conseils de Silk, je savais ce que ça faisait de recevoir l'aide de la seule personne sur qui on pouvait compter. C'était le meilleur sentiment du monde quand on était dans la situation de Brooke, la situation dans laquelle j'étais quand j'écoutais encore Silk : une situation de condamnée.

« De quoi as-tu peur, exactement ? De mourir ? De tuer ? D'y aller ? »
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MessageSujet: Re: [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.    [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.   Icon_minitimeMer 25 Juin - 18:29

Pardon, over court :/

Wyoming semblait attentive et Brooke appréciait. Lorsque sa mentor lui fit signe de venir s'installer à ses côtés, Brooke n'hésita pas un instant. Elle s'assied rapidement au bord du lit et écouta attentivement la jeune femme. De quoi avait-elle peur …

Brooke fronça les sourcils. C'était une bonne question, en vérité. De quoi avait-elle peur ? Sûrement un petit peu de tout. Ce nouvel univers l'effrayait, bien qu'elle s'appliquait à le cacher avec soin. Malgré tout, tout le monde ne semblait pas dupe. Elle soupira en se remémorant son co tribut. Yorell avait été méchant, ni plus ni moins. La jeune fille avait rapidement comprit qu'elle ne ressentait pas grand chose pour lui, bien peu de sympathie en tout cas. Et puis il y avait la peur de l'arène, bien sur. Elle respira un instant.

« Je ne sais pas trop. J'ai … c'est paradoxal, mais je n'ai pas peur de mourir. De tuer, par contre … ça me met mal à l'aise. Les autres ne m'ont rien fait et … » Elle hésita. « Ils ne méritent pas ça. » Elle se tut un instant, coinça délicatement une mèche de cheveux derrière ses oreilles. « Et puis il y a le regard des autres. Je … je suis pas si faible que ça ! Je sais que j'ai des ressources. Et Yorell tout à l'heure … Je sais qu'il me prend pour une pauvre petite chose sans défense. C'est pas le seul ! Ça m'énerve. Je dit pas que je vais gagner les jeux, bien sur. Mais je sais que je peux me défendre. Au moins un peu ! »

Sans s'en rendre compte, Brooke avait haussé le ton. Ne pas être prise au sérieux était sûrement l'une des choses qu'elle détestait le plus au monde. Après être propulsé au plus profond de l'arène, bien sur …

« Je déteste ne pas être prise au sérieux. »
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MessageSujet: Re: [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.    [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.   Icon_minitimeVen 4 Juil - 13:14




May I help you, lady ?

Je n'ai pas peur de mourir. Voilà quelque chose que je n'avais jamais entendu sortir de la bouche de mes tributs, surtout de celle des filles de seize ans, comme Brooke. Je ne comprenais pas comment c'était possible. On avait forcément peur de mourir, parce que, par définition, l'inconnu était effrayant. On ne savait pas ce qui nous attendait, après la mort - même si plus le temps passait, plus j'étais convaincue qu'on était condamnés à ne rien voir pour l'éternité. Juste le noir complet, juste le vide. Horrible. Personne ne voulait ça, même si la vie des habitants des Districts était horrible. Ne pas avoir peur ne voulais pas dire accepter. Je me demandais si Brooke en avait quelque chose à faire, de mourir. Si elle accepterait, ou si elle lutterait pour sa survie. Si elle abandonnerait ou pas. J'ai inspiré un peu plus fortement qu'habituellement, avant de lui adresser un faible sourire.

« Evidemment que tu n'es pas faible. Regarde-toi. Tu as un caractère de chien, et tu a le sens de la justice. Personne ne mérite de mourir dans cette arène. Personne. Même pas toi et ta mauvaise humeur perpétuelle. Tu peux le faire, tout le monde peut le faire. »

J'ai fait une pause. J'ai pensé à Ewen, mon co-tribut. A Keira, la soeur de Yorell. Aux autres tributs que j'avais perdus. Aucun d'eux n'aurait du mourir, ni ceux des autres districts. Chaque vie avait le même prix qu'une autre. J'ai baissé un peu la voix pour la suite de ma réponse. N'importe qui pouvait nous entendre.

« Gagner ne vaut pas mieux, tu sais. Ton corps survit, mais ce que tu étais... Tu ne l'es juste plus. Sauf pour quelques exceptions, on sort tous de l'arène en tuant au moins une personne. J'ai tué, Brooke. Tu trouves que je ressemble à une tueuse ? Si tu veux gagner, Brooke. Si tu te dis que sortir de l'arène transformée est mieux que de se faire jeter à la fosse après t'être fat égorgée par un carrière... Il faudra que tu devienne une tueuse, toi aussi. C'est ta seule chance. »

J'avais été une deuxième Wyoming l'espace de quelques secondes. Celle qui avait soudent eu assez de motivation pour briser les os de cette pauvre fille. Elle avait l'âge de Brooke. Et pus 'avais fait naître une troisième mois, la petite poupée du Capitole, que tous les stylistes voulaient pour eux tous seuls. Celle que je n'avais pas voulu devenir, celle qui me protégeait.

« Personne ne doit savoir ça, compris ? Ça reste entre nous. »

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MessageSujet: Re: [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.    [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.   Icon_minitimeSam 19 Juil - 13:34

Les paroles de Wyoming étaient effrayantes – et en même temps terriblement normales. Brooke aurait du s'en douter. Pourtant, la jeune femme du district huit qu'elle était n'avait pas une seule seconde pensé à cela : survivre, oui, mais à quel prix ? Est-ce que cela voulait dire devenir mentor, comme Wyoming ? Reprendre ce train, chaque année ? Encore et toujours ? Accompagner les tributs, les voir mourir, pour la plupart, dans l'arène, après s'être lié à eux ? Une barre soucieuse de creusa au milieu du front de Brooke.

« Je n'avais pas pensé à tout cela. »

Elle dévisagea un instant sa mentor, qui tentait de lui faire ouvrir les yeux, ou peut être de la rassurer. Brooke ne savait plus trop. Non, la jeune femme qui lui faisait face ne ressemblait en aucun cas à une tueuse. Elle semblait trop douce, trop gentille, bien trop compréhensive pour que Brooke ne l'imagine comme étant une tueuse une seule seconde. « Je crois que c'est ce que tu me dis là qui me fait peur, au final. Il me semble que comparé à ça, mourir c'est bien plus facile. Bien plus tranquille, même s'il faut avoir mal pendant quelques temps avant que tout ne s'arrête soudainement. » Elle ne savait pas vraiment d'où elle tenait cette soudaine sagesse. Brooke soupira avant de reprendre la parole. « Ne t'en fais pas. Je ne dirai rien à personne … Mais je n'ai pas l'intention de simplement mourir. La facilité ne m'intéresse pas une seule seconde. Quitte à devenir une tueuse, j'entends bien revenir, moi aussi. » Les révélations de Wyoming, avec un petit peu de recul, n'étaient pas surprenantes. Brooke l'avait dit, elle était prête à revenir – et à payer le prix qu'il fallait pour ça. Elle aait fait une promesse à ses parents, c'était à ses yeux le plus important.

« Quand mes parents sont venus me dire au revoir, je leur ai promis que je reviendrai. Pour eux. Ils comptent beaucoup pour moi, même si je suis vraiment … chiante, vraiment, avec eux, parfois. Alan et Deborah Declean. Ils travaillent tous les deux en atelier de couture, je pense pas que tu les ai déjà croisé … Bref. »

Elle se redressa, passa les mains dans ses cheveux. L'instant suivant, l'image de ses parents l'avait décidé.

« Alors. Comment devient-on une gagnante des Hunger Games ? »

Oui, Brooke voulait y croire. C'était peut être insensé, mais la rouquine avait la ferme intention de revenir au Capitol – et surtout au 08. Coûte que coûte.

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MessageSujet: Re: [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.    [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.   Icon_minitimeVen 31 Oct - 16:42




May I help you, lady ?

On s'est dévisagée pendant quelques secondes, le temps que Brooke assimile tout ce que je venais de lui dire. Elle commençait à comprendre ce que je n'avais compris qu'en sortant de mon arène de neige. De toute façon, l'issue des Jeux est négative. Celui qui meurt souffre. Celui qui vit souffre encore plus. Il vit avec la culpabilité, avec une mort sur la conscience, et avec une peur permanente. Je n'avais pas envie de la convaincre que mourir était mieux, même si, comme elle me l'avait fait remarqué, c'était ce que je semblais vouloir dire. Il fallait juste qu'elle sache. J'ai souri en l'entendant ensuite. Elle ne voulait pas tuer, ça, elle me l'avait dit. Mais elle était prête à le faire, car elle voulait revenir. Moi aussi, a-t-elle rajouté. Comme toi, Wyoming.

Elle m'a ensuite parlé de ses parents. Moi aussi, j'avais promis aux miens de revenir. Je pense que, quelques minutes après la Moisson - alors qu'on n'a pas encore assimilé qu'il ne nous reste très probablement que quelques semaines à vivre, et quelques minutes aux côtés de ceux qu'on aime - on est certains de revenir. On ne comprend pas trop ce qui nous arrive et, malgré l'épée de Damoclès qui nous menace depuis notre naissance, on n'y croit. On croit qu'on s'est trompé de nom, ou que ce n'est qu'un rêve. On arrive tout simplement pas à se faire à l'idée que cette année, c'est notre tour. C'est pour ça que l'on fait toutes ces promesses. Je vais revenir. Je vais gagner pour toi. J'avais fait les mêmes, à beaucoup trop de personnes. Une fois dans mon train, je m'étais rendue compte que trop de personnes souffriraient. Et une fois devant la fille de Quatre, quelques secondes avant que je lui ôte la vie, je me suis rendue compte que trop de personnes m'attendaient pour ne pas revenir. Alors je suis revenue.

« Oui, je les ai vus quelques fois, à l'usine. Y a longtemps. Quand j'y étais encore, quoi. »

J'ai ri un peu à la question qui suivit un léger silence, alors qu'on était toutes les deux un peu perdues dans nos pensées. C'était certainement la tribut la plus décidée que j'avais jamais eue, et ça me plaisait. Elle avait du tempérament, et ça allait très certainement lui réussir au moins un peu.

« Tu veux bien qu'on en parle un peu plus demain, après l'entraînement ? On a toutes les deux besoin de dormir un peu. »
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MessageSujet: Re: [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.    [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.   Icon_minitimeMar 4 Nov - 20:14

    L'espace d'un instant, Brooke fut surprise. Wyoming connaissait ses parents. C'était là une éventualité à laquelle la rouquine n'avait même pas songé, pas un seul instant. Jusqu'alors, sa mentor n'avait jamais rien été d'autre pour Brooke qu'une gagnante. Qu'une femme du côté du Capitol.

    La demoiselle commençait tout juste à prendre conscience que c'était bien plus complexe que cela. Pendant un bref instant, Brooke songea que la vie de Wyoming ne devait pas toujours être des plus agréable. Elle mangeait à sa faim, devait posséder une bien belle maison au village des vainqueurs, certes – mais à quel prix ? La solitude ? Il y avait peu de vainqueurs, au district huit. La tromperie ? Le devoir de mentir, toujours, de cacher ses opinions ? Ce n'était pas forcément mieux que de trimer pour gagner de quoi avaler un morceau de pain chaque soir. Il était cependant trop tard, à présent. Le prénom de Brooke avait été tiré de ce maudit globe de verre. Elle n'avait pas d'autre choix si elle voulait honorer la promesse faite à ses parents. Vivre pour revenir.

    A n'importe quel prix.

    Sa question fait rire Wyoming : Brooke ne voit pas pourquoi. Ce n'est ni drôle, ni une question qu'elle pose à la légère. C'est sérieux, trop pour que l'on puisse en rire. Brooke fronce un instant les sourcils avant de comprendre que sa mentor ne se moque pas. La phrase que lance Wyoming la rassure. Dormir. Elle est encore là – encore dans un lieu où elle peut se permettre de dormir. Brooke sait que ce luxe ne durera plus très longtemps.

    « Très bien. » Elle ne préfère pas ajouter qu'elle ne sait pas si elle sera capable de fermer l’œil. « A demain. »

    Après un dernier hochement de tête à l'intention de Wyoming, Brooke se retire. Elle ferme doucement la porte de la chambre de Wyoming derrière elle avant de soupirer. Ce qu'elle a appris n'a rien d'encourageant – et Brooke n'a toujours pas sommeil. Qui sait quand elle pourra dormir, durant les prochains jours ? Pourtant la jeune fille se contente de s'asseoir dans le salon. Immense, démesuré. Bien trop luxueux. Qui a besoin de tout ce faste ? Elle hausse les épaules, presque dédaigneuse. Tout cela ne l’atteint pas vraiment.

    Le bruit, par contre …

    Il vient des rues du Capitol. En contrebas, les gens semblent devenir fous. Ils crient, ils hurlent presque, tant leur fête semble les réjouir. Dans quelques jours, une poignée de gamin vont aller se faire tuer dans une arène créer sur mesure, spécialement pour amuser le Capitol. Et, tout à leur richesse, les habitants d'ici ne se rendent compte de rien. Brooke ne comprend pas.

    Elle reste là un long moment, immobile, avant de sombrer dans un profond sommeil

    ***
    Treize jours plus tard

    Brooke se réveille en sursaut, sur un cri. Elle transpire. Un moment, la rouquine ferme les yeux, tâche d'oublier l'image de Yorell qui s'enfonce dans la lave avant qu'elle ne le tire de là, l'image de son co tribut qui meurt dans ses bras. L'image du gamin qui se fait avaler par un serpent. Oublier le bruit de ses os broyés qui, après une dizaine de jours, continuent de résonner dans les oreilles de Brooke.

    Aujourd'hui pourtant, tout va bien. Le regard, hagard, qu'elle pose autour d'elle lui apprend aussitôt qu'elle est dans le salon des appartements du district huit. De retour au Capitol … Un bruit de pas retentit dans le couloir. Wyoming, sûrement. Brooke a du crier dans son sommeil sans s'en rendre compte.

    Elle a gagné les Hunger Games, mais à quel prix ?

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[IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.   Vide
MessageSujet: Re: [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.    [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.   Icon_minitimeDim 16 Nov - 16:37




May I help you, lady ?

I'l m'était tout simplement impossible de trouver le sommeil depuis la victoire de ma tribut. Je n'arrivais à m'enlever toutes ces images de ma tête. Yorell manquant de tomber dans la lave. Brooke débarrassée du reste des tributs, ses cheveux parfaitement accordé au décor de feu qui l'entourait. Elle qui glisse pour retirer Yorell de son piège, et ses yeux à lui qui se ferment, doucement, sa tête posé sur le bras de la jeune fille du District Huit.

Je me tournai dans mon lit, sur le ventre, sur le dos, m'asseyait, me rallongeais, soupirai. Je réfléchissais, essayait tant bien que mal de me convaincre que Yorell n'était pas mort, que rien de ce que j'avais vu n'était réellement arrivé.

Qu'il était là, dans la chambre qu'il avait occupé avant d'être jeté dans l'arène, en train de dormir, paisiblement, vainqueur.

Mais le cri que j'ai entendu, provenant de la chambre à côté de la mienne, m'indiqua que tout ça était faux. Que, même si j'étais heureuse d'avoir vue ma tribut revenir, celui qui avait longtemps compté comme un frère pour moi, n'était pas revenu, et ne reviendrai jamais.

J'ai sauté sur l'occasion, si je puis dire, prenant le cri de la jeune fille comme un prétexte pour sortir de mon lit. Je n'ai pas pris la peine de glisser mes pieds dans mes chaussons, les traînant nu sur le sol du couloir. Quand j'ai ouvert la porte de sa chambre, elle était assise sur son lit, en sueur, le regard perdu un peu autour d'elle. J'ai fermé les yeux, ai soupiré, pour la millième fois depuis que j'étais allée me coucher.

« Ça va ? »

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[IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.   Vide
MessageSujet: Re: [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.    [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.   Icon_minitimeJeu 20 Nov - 22:42

    Elle détestait cela. Cette ambiance, cette atmosphère, ce lieu. Les appartements des tributs n'avaient rien d'agréable, et il n'était pas rassurant de s'y retrouver, pas même après les Jeux. Brooke ne pouvait que se souvenir qu'elle avait survécu – les autres n'avaient pas eut cette chance.

    Brooke tremblait – les images de Yorell continuaient de la hanter. C'était normal et la jeune fille se doutait que ce n'était que le début. Que l'après Jeux ne serait pas si simple que cela – qu'elle ne pourrait pas juste continuer sa vie comme si de rien n'était. Brooke ne mesurait cependant pas encore à quel point cela était vrai.
    Il avait fallu un instant, à peine, pour que sa mentor n'arrive. Déjà Wyoming était là, demandait si ça allait, ce qu'il se passait. Brooke haletait. Elle repoussa brutalement les draps – elle étouffait. La jeune fille se saisit vite des la bouteille d'eau qu'elle avait gardé à son chevet et bu de longues gorgées. Après tant de jours à surveiller l'eau et la consommation qu'elle en faisait, pouvoir boire autant qu'elle le voulait était un luxe incroyable. La rouquine s'essuya la bouche du revers de la main, referma la bouteille. Elle ne répondit pas à Wyoming – à quoi bon ? Non, elle n'allait pas bien. C'était normal et sa mentor ne pouvait que le savoir. Elle avait vécu cela, même si son arène avait été différente.

    Brooke se contenta de secouer la tête.

    « Mais ce n'est pas grave. »

    Elle était en vie. Brooke ne pouvait pas en plus se permettre de se plaindre.

    Un soupir plus tard, la rouquine s'était levée. Elle arpenta la pièce, se plantant devant la grande vitre qui surplombait la ville. Immense, démesurée et grouillante de vie, encore et toujours. Incroyablement détachée du reste du monde – du monde que Brooke connaissait, tout au moins. Elle avait fait le choix de ne pas camoufler les vitres. Appliquer un fond forestier lui aurait fait peur, sans doute. Après les Jeux, ce n'était pas une bonne idée. Même les grands fleuves qui lui faisaient penser à son district ne la tentait pas. Brooke avait préféré la vie du Capitol – active et bruyante, même la nuit. A ses pieds, les habitants du cœur de Panem faisaient la fête.

    « Ils ne cessent donc jamais ? … » Elle avait murmuré sans même sans rendre compte, en oubliant que Wyoming était encore là toujours présente. Ce fut un froissement de tissus qui la ramena à la réalité. « Excuse-moi. Je … ça va. » Elle disait cela à défaut de savoir quoi dire. « J'imagine que je finirai par m'habituer à … ça. » Elle soupira une nouvelle fois. Il était inutile de se ressasser le passé. Elle avait de plus de nombreuses choses à voir venir ; autant s'y pencher des à présent.

    « Qu'est ce qui va arriver, après ça ? Tu penses que je pourrais rentrer vite au huit ? » Et il allait sûrement falloir retrouver Caesar Flickerman, passer de nouveaux interviews, rencontrer le beau monde, sûrement … Il y avait cette tournée, à laquelle Brooke ne couperait pas. Elle ne voulait pas de toute cette affaire. Ça ne l'intéressait pas. « Combien de temps ça va durer, avant qu'on finisse par m'oublier ? »

    Est-ce que j'aurai ma vie, à moi, la vraie, un jour ? C'était sans doute la question qui l'inquiétait le plus.
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MessageSujet: Re: [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.    [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.   Icon_minitimeDim 23 Nov - 14:46




May I help you, lady ?

J'ai fermé les yeux deux petites secondes, me suis humidifié les lèvres. Brooke s'est battue avec ses draps, s'est emparée de la bouteille d'eau qui reposait sur sa table de nuit. Pendant presque deux semaines, on avait pu la voir économiser chaque goutte de sa gourde, vigilante à ce qu'il lui en reste assez. Et là, elle s'enfilait presque une bouteille d'un seul coup. Elle a secoué la tête pour répondre à ma question, en ajoutant que ce n'était pas grave. J'ai préféré ne pas la contredire. Mais si, c'était grave. Si elle partait du principe que faire des cauchemars n'était pas grave, la folie allait doucement s'installer, s'emparer d'elle, et bientôt notre petite Brooke serait méconnaissable. Changée à tout jamais - même si elle l'était déjà, changée.

J'ai hoché la tête, l'ai regardé se lever. Elle est jolie, en fait. Maintenant qu'elle pouvait dompter ses cheveux, que sa peau était lisse est propre, qu'elle ne marchait plus courbée à cause de la faim et du travail à l'usine. Mon regard de Capitolienne a refait surface, imaginant une de mes robes sur le corps de ma tribut, et j'ai souri un peu.

Elle a arpenté la pièce pour finalement rester debout devant la fenêtre de sa chambre, cette grande vitre qu'elle n'avait pas recouverte. Moi non plus, en huit ans, je n'avais pas recouvert la mienne. Elle a murmuré quelque chose, une question que je m'étais aussi posée, huit ans auparavant. Mais moi, je n'avais personne pour l'écouter, cette question. J'ai secoué la tête, sachant qu'elle pouvait voir mon reflet dans la vitre. J'ai remonté la manche de mon haut de pyjama, et elle a tourné la tête. Elle s'est excusée, sans vraiment que je sache pour quoi, et je lui ai adressé un sourire, avant de m'avancer jusqu'à ses côtés. On faisait à peu près la même taille, assez grandes toutes les deux. Dehors, on pouvait voir les Capitoliens, qui continuaient de fêter la victoire de Brooke. Ils chantaient, dansaient, riaient, et la principale source de lumière était les banderoles lumineuses qui pendaient  d'un peu partout, sur lesquelles ont pouvaient distinguer le visage de ma tribut, ses cheveux roux virevoltant légèrement, des flammes dansant derrière elle. Moi aussi, je les avais eu, ces banderoles. Mes cheveux blonds en un chignon serré, de la neige qui tombait autour de mon visage pâle...

« Ils s’arrêteront pas avant pas mal de temps, je pense. Je ne suis jamais restée au Capitole plus longtemps que ça, donc je ne peux pas trop te dire, mais... Ce ne sont que des Capitoliens, ils sont comme ça. Ils sont heureux, quoi. »

En vérité, ils avaient de la chance. Ils était ridicule la majeure partie du temps, mais au moins, ils ne mourraient pas de faim, ils n'avaient pas peur de mourir, ils n'avaient pas cette épée de Damoclès qui pendait au-dessus de leur tête.

« Eh bien, d'abord, l'interview avec Ceasar. On travaillera dessus, on a encore deux jours. Après, ton couronnement. Diana a commencé à dessiner une roble, tu vas voir, elle est magnifique. Enfin, je pense qu'elle te plaira. Après, on rentrera. Et puis, y aura la Tournée. Le Capitole, puis tous les Districts. Encore une demie-année à faire passé, et puis on reviendra au Capitole avec nos tributs. Et ça, tous les ans. »

J'ai passé une main tendre sur son épaule, avant de tourner mon visage vers le sien qui pour sa part, était toujours rivé sur l'extérieur.

« On t'oublieras jamais. Faut que tu le saches, Brooke. Ils se souviendront de toi jusqu'à la fin des temps. »
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MessageSujet: Re: [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.    [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.   Icon_minitimeMer 26 Nov - 14:03

    S'ils étaient heureux, alors. Si le fait de voir une gamine revenir alors qu'ils étaient vingt quatre à partir du Capitol, douze jours plus tard, pouvait rendre ces imbéciles heureux … Brooke haussa les épaules. C'était une situation grotesque et écœurante, mais qu'importe. Elle ne pouvait pas se permettre de juger – du moins pas à haute voix. Elle laissa couler, leur lançant un dernier regard dédaigneux. Autour des Capitoliens, les banderoles célébrant le retour de la vainqueur flottaient au vent, et Brooke pouvait voir son visage, son expression déterminée et apeurée à la fois, ses cheveux de feu flottant au vent. Se voir en si grand, partout, tout le temps commençait déjà à l'étourdir. Elle ne voulait pas tout cela – elle voulait simplement rentrer et mettre un terme à cette folie qui, elle en était persuadée, finirait bien vite par s'immiscer en elle, lentement, insidieusement.

    Tout arrêter alors qu'il en était encore temps. Brooke n'avait pas encore comprit que le seul moyen pour tout arrêter aurait été de périr dans l'arène. Maintenant qu'il était trop tard pour cela, la rouquine n'avait plus le choix. Il lui faudrait avancer sans ciller.

    Elle hocha discrètement la tête. L'interview, le couronnement. Elle n'en voyait pas l’intérêt, mais ce n'était pas non plus ce qu'elle redoutait le plus. Se retrouver face à tous n'était sans doute pas si terrible que ça – n'est ce pas ?
    Ce furent les paroles qui suivirent qui la glacèrent. « … on reviendra au Capitole avec nos tributs. Et ça, tous les ans. » L'espace d'un instant, Brooke ne vit pas où était le soucis. Elle fronça les sourcils. Un vide s'installa dans son esprit – et soudainement, elle comprit. Tous les ans. Elle allait devoir revenir au Capitol. Aider les prochains tributs. Les voir mourir pendant les jeux.

    Encore, et encore.

    Ses jambes se mirent à trembler férocement. On ne l'oublierait pas, et elle reviendrait indéfiniment. C'était ça, le pire. Et Brooke ne préférait pas y songer. Elle ferma les yeux, se força à respirer lentement. A conserver son calme. Comment n'avait-elle pu ne pas voir cela venir ? Brooke tenta de parler – ne sorti de sa gorge qu'une petite voix éraillée. Terrifiée.

    « Tous les ans ? »

    Quelle avait été la folie qui s'était emparée de celui qui avait mit en place les Jeux de la faim ? Une nouvelle fois, elle ferma les yeux. Ne pas y penser pour le moment. Elle avait mieux à faire, plus important à songer. Elle devait rester calme. Ne pas paniquer, sous aucun prétexte. Il y aurait l'interview, puis le couronnement. Elle devait se concentrer uniquement sur cela dans un premier temps.

    Brooke secoua la tête, tâcha de faire le tri dans ses pensées.

    « Que me voudra Ceasar ? »

    Elle ne savait pas trop à quoi elle devait s'en tenir. Le présentateur ne lui avait pas semblé particulièrement mauvais – juste étrange. C'était parfaitement improbable qu'il puisse rester de marbre face à son métier, face à ce qu'il faisait.

    Face aux tributs qui défilaient, chaque année, devant lui. Comment pouvait-il ? Et pourtant, le personnage ne lui était pas clairement antipathique.

    Brooke ne comprenait pas.
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MessageSujet: Re: [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.    [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.   Icon_minitimeLun 5 Jan - 17:20




May I help you, lady ?

C'était le moment que j'avais toujours redouté, en fin de compte. Même si je ne croyais pas à une victoire d'un de mes tributs si rapidement, je savais qu'un jour, je devrais annoncer tout ce que je venais de dire à Brooke à quelqu'un. Lui dire qu'au final, survivre ne valait pas mieux que mourir. Que jamais tout ça ne sera terminé. Que même après sa mort et celle de ceux qui l'ont connu, un Vainqueur reste. Aucun d'entre eux n'a été oublié, et encore moins les plus spectaculaires, dont les mentors se servent pour conseillers les condamnés de leur districts. Tous les ans. Car chaque années de nouvelles tête débarquaient pour se faire assassiner. Chaque année, les Vainqueurs revenaient, devaient se montrer, devaient sourire, devaient feindre - ou pas - leur amour pour le Capitole. Et d'après le froncement de sourcils de Brooke, et le tremblement dont ses jambes ont été soudainement victimes, c'était ce qui effrayait le plus la jeune rousse.  Revenir, encore et encore. Je lui avais fait réaliser la spirale sans issue dans laquelle nous nous étions enfermées quand nous avons décidé de survivre à cette arène. Elle avait compris que jamais plus elle ne serait tranquille. Que chaque année elle devrait revenir au Capitole, avec moi premièrement, avec son Vainqueur ensuite, qu’elle devrait conseiller ses tributs pour enfin les regarder mourir. J’ai simplement hoché la tête quand elle m’a demandé de confirmer mes dires, décidant qu’il était inutile d’enfoncer le couteau dans la plaie. Je me rappelle du moment où j’en avais moi-même pris conscience, et Silk, à son image, n’avait pas été des plus délicates, bien que rassurante, au fond. Elle a ensuite secoué la tête, sûrement décidée à ne pas penser à cet aspect barbare qu’avait la Victoire. Elle m’a ensuite demandé si je pouvais l’éclairer sur son interview avec César. J’ai soupiré, retirant ma main de son épaule, et j’ai pris la liberté d’aller m’asseoir sur son lit.

« A en juger par la façon dont tes Jeux se sont dérouler, et aussi de ce qu’il t’est arrivé personnellement… J’veux dire. Tu avais des alliés. Et ton co-tribut est mort dans tes bras… »

J’ai dégluti alors que les images du corps sans vie de Yorell Moon contre celui de Brooke remontaient lentement le long de ma gorge.

« Tu feras partie de celles qui suscitent la pitié. Tu as beaucoup perdu. Et le Capitole adore les histoires tristes. Caesar te rappellera à quel point tu les as émus, te demanderas ton ressenti sur tous ces gens qui sont partis et qui comptaient plus ou moins pour toi… »

Je me suis alors sentie heureuse de ne pas avoir eu ce genre de question, m’étant débrouillée par mes propres moyens de mon arène, sans bénéficier de l’aide de personne. Moi, j’étais de ceux chez qui on avait vu un changement d’attitude complet. J’étais passé de la douce adolescente qui chassait pour se nourrir, à la tueuse sanguinaire et enragée qui avait écrasé la colonne vertébrale de sa première et dernière adversaire. J’ai attendu qu’elle tourne la tête pour lui sourire, me relever, et lui montrer son lit de mon index droit.

« Tu ferais mieux d’essayer de te rendormir. C’est une longue semaine qui t’attends, Brooke. »

Et j’ai quitté la pièce, jugeant mieux d’aller faire mes cauchemars dans ma propre chambre.
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MessageSujet: Re: [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.    [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.   Icon_minitimeMar 13 Jan - 12:12

    Brooke hocha la tête. Elle avait comprit. Les questions de Caesar n'auraient sans doute aucun intérêt, elles seraient une intrusion dans ces idées, dans sa vie – mais au final, le Capitole s'était introduit chez elle depuis que son nom avait été tiré au sort lors de la moisson. Elle répondrait au présentateur avec enthousiasme, montrant tout ce qu'il fallait montrer pour qu'on l'apprécie un petit minimum. Dissimulant ce qu'elle pensait. Au final, elle ferait comme Wyoming.
    Brooke ne savait pas combien de temps il lui serait possible de tenir comme ça – mais au fond, cela n'avait que peu d'importance. Elle n'avait pas le choix et elle le savait parfaitement.

    « Très bien. J'imagine que … qu'il faudra mettre le paquet pour les convaincre … Et puis trouver quelque chose pour s'occuper en rentrant au huit … arrêter de penser, de songer à tout cela, à l'année suivante, aussi … »

    Elle trouverait à s'occuper. Brooke en avait parlé à Caesar lors des cours interviews, avant le début des Jeux : elle voulait se lancer dans le stylisme. Cela lui demanderait du temps et de l'énergie – tout juste ce dont elle avait besoin. En somme, c'était parfait. Brooke soupira. Elle trouverait les mots pour le Capitole, trouverait son rythme de vie chez elle, trouverait les mots, encore, pour parler de Yorell lorsque le temps sera venu – et elle sait parfaitement qu'un moment viendra où elle devrait parler de son co tribut.

    Lorsque sa mentor lui suggéra de retourner dormir, d'essayer de se reposer, Brooke hocha une nouvelle fois la tête. Il lui semblait qu'il serait impossible de s'endormir, impossible de trouver le sommeil après ce qu'elle venait de vivre – encore moins de trouver un sommeil paisible.

    « Tu as raison … Je vais retourner dormir. »

    ***

    Elle s'était tournée et retournée dans son lit – en vain. Brooke le savait, elle serait incapable de se rendormir. La rouquine se secoua, se leva. Inutile de perdre du temps, inutile de rester dans le noir, à voir défiler dans sa tête les images de l'Arène. Arrêter de voir ce serpent avaler ce gosse. Arrêter d'entendre les cris des tributs avant de mourir. Arrêter de penser aux caïmans, à ses bras autour du cou de ce tribut qu'elle a tué avec Yorell, arrêter de revoir à son co tribut mourir dans ses bras avec toute cette lave autour d'eux …

    Où alors garder ces images en tête, mais différemment. Différemment … Il fallu une demi seconde à Brooke pour avoir cette idée. L'instant suivant, la jeune fille sautait sur ses pieds jusqu'au salon. Elle le savait, il y avait dans un tiroir du meuble du fond carnets de croquis et crayons à n'en plus finir. Toutes les couleurs se présentaient à elle – Brooke les attrapa toutes avant de s'installer sur le canapé, devant la table basse. Elle se mit à dessiner frénétiquement.
    Ici il y avait une robe, là une veste. Sur cet autre croquis, un pantalon, un tee shirt, un débardeur … Les couleurs se mélangeaient et, par endroits, l'écriture maladroite de Brooke avait noté une couleur, une intensité, le nom d'un tissus. Sous ses yeux naissaient les images qu'elles avaient vues dans l'Arène, mais différemment. Cette robe faisait penser à la lave, cette veste à la forêt, cette autre pièce qu'elle venait de dessiner représentait la rivière qui coulait dans son Arène. Elle voulait se lancer dans le stylisme, Brooke l'avait dit à Caesar.

    Ce qui était l'ébauche de sa collection commençait tout juste à apparaître.
    Terminé
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MessageSujet: Re: [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.    [IV, 2] BROOKE ✽ Sleep, those little slices of death — how I loathe them.   Icon_minitime

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