elishah kenway

❝ WHO AM I LIVING FOR? ❞

about games and relative.

➺ POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ?

Aujourd’hui, je peux affirmer que je serai capable de mourir pour mes enfants. Pour les miens et pour ceux des autres, afin qu’aucun père, plus jamais, n’ait à vivre ce que j’ai vécu… On ne peut pas les laisser faire ça, c’est aussi simple que ça et je ne comprends pas comment j’ai pu rester si passif durant tout ce temps. Quand j’y repense, je me dégoute… J’aurai dû prendre les armes pendant les rébellions. Si je l’avais fait, et si d’autres parents, tous les parents, l’avaient fait : Zeena serait peut-être encore en vie aujourd’hui, à mes côtés. Je pourrai l’entendre s’émerveiller d’un rien, m’appeler après un cauchemar pour être rassurée, me souffler qu’elle m’aime avant de s’enfuir en courant… Je mourrai pour la venger. Et je chuchoterai son nom à l’oreille de tous ceux qui périront sous mon courroux.  

➺ QUEL(S) PETIT(S) PLUS T'AIDE(NT) DANS LA VIE (OU LES JEUX) ?

Connaissance des plantes ➺ Je travaille dans les vergers et autres secteurs agricoles du D11 depuis l’enfance et on m’a très vite appris à reconnaître les bonnes plantes des mauvaises herbes desquelles rapidement se débarrasser. Elevé à la débrouille, il nous faut tous savoir reconnaître quelles plantes pourraient nous être utiles dans notre quotidien, que ce soit pour soigner une plaie et limiter les infections, pour palier à la faim ou à la soif.  
Lancer de couteaux ➺ Je possède une hachette de laquelle je ne me sépare jamais et est passée à ma ceinture de fortune. Elle me sert pour travailler mais également pour me défendre et défendre ma famille. Elle m’a été offerte par mon père lorsque j’ai été en âge d’être moissonné, à douze ans.  
Force ➺ Les années de labeur dans des conditions parfois extrêmes m’ont permises de m’endurcir et de sculpter mon corps. Si je peux manquer un peu de souplesse, je suis endurant et capable de porter de lourdes charges sur de longues distances. Si cette musculature peut dissuader certains de me chercher des noises, elle ne met pas les Pacificateurs du D11 en confiance et je dois toujours faire attention de ne pas me montrer menaçant pour éviter les ennuis. Inutile de préciser que c’est de plus en plus compliqué de prendre sur moi et de m’écraser et chercher à me faire tout petit face à ces chiens…    

➺ AS-TU DES PROCHES QUI ONT PARTICIPÉ AUX JEUX ?

Ma fille unique, ma douce et innocente Zeena, a été moissonnée au cours de la 78e édition des Jeux de la Faim. Je n’ai rien pu faire pour l’empêcher. J’aurai pu me battre, essayé de la kidnapper comme me l’a suggéré mon fils de neuf ans, mais ils nous auraient rattrapés. Je n’aurai pas pu faire trois pas avant de recevoir une balle entre les deux yeux… J’essaye de me convaincre que je n’ai pas agit parce que j’ai pensé aux quatre autres garçons qu’il me restait encore à protéger, parce que je ne voulais pas imposer cette vision à Zee ou encore parce que j’ai été trop sonné pour réagir. La vérité est plus simple : je n’ai rien fait parce que j’ai été dressé pour obéir et parce que j’avais peur. Par la suite, j’ai tenté de me faire entendre, de leur faire comprendre que tout ça était absurde et j’ai naïvement espéré qu’ils entendraient raison… Mais ils m’ont ri au nez. J’ai perdu ma fille et ça les a fait rire. Ils ont assassiné la petite fille la plus adorable que ce foutu district ait jamais connu et ils en sont fiers. Ils s’en foutent. Ils l’ont déjà oubliée… Moi je n’oublie pas. Et je ne pardonne pas.        

QUE PENSES-TU DE LA REVOLTE ECHOUEE ET DES REBELLES ?

Je les ai tous viscéralement haïs pour ce qu’ils ont fait… J’ai une bonne excuse : ma femme, Sondra, a été tuée durant les affrontements entre les rebelles et les Pacificateurs du onze. Une balle perdue. Elle se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment et elle m’a été arrachée en donnant naissance à Yavan, son dernier et précieux cadeau.
Mais quand ils ont moissonné Zeena, j’ai compris. J’ai compris pourquoi ils n’avaient reculés devant rien, pourquoi ils n’avaient pas hésités à prendre tous les risques, quitte à déplorer quelques dommages collatéraux. Mais j’ai compris trop tard, malheureusement. Aujourd’hui, je suis de leur côté et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour soutenir la cause des rebelles et mettre le Capitole à feu et à sang, quitte à y perdre la vie.

➺ QUE PENSES-TU DES VAINQUEURS DES JEUX ?

répondre ici

➺ COMMENT QUALIFIERAIS-TU TA VIE DANS TON DISTRICT ? EN ES-TU SATISFAIT ?

J’en ai été longtemps satisfait, pour ma plus grande honte. Nous n’avions pas grand chose, mais nous étions heureux à notre façon. J’étais satisfait de voir grandir mes enfants, je savourais chacun de leurs éclats de rire, je me régalais de leurs jeux innocents, m’émerveillais devant chacun de leurs exploits. J’aimais faire l’amour à ma femme et m’endormir dans ses bras après une journée épuisante à récolter dans les vergers… Mais aujourd’hui, je n’arrive plus à percevoir autre chose que le malheur, l’injustice. Mes garçons ne sourient plus, ils ne jouent plus. Leur sœur leur manque, leur mère leur manque et je leur manque également… Ma vie ne me satisfait plus et nos conditions de travail et d’existence me révoltent. Je suis enfin éveillé et ce qui m’entour ne me convient pas. Ca ne devrait convenir à personne. Personne…  
 

JE VIENS D'UN MILIEU défavorisé, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE tient bien plus de la légende que de ma réalité, même si je manipule des récoltes à longueur de journée…. CELA DIT, MON NOM n’A plus aucune CHANCE D'ÊTRE TIRE AU SORT. J'EXERCE LE MÉTIER D’agriculteur ET POUR TOUT VOUS DIRE, J'aime ça. Je ne connais que ça serait peut-être plus juste à dire cependant. JE SUIS DANS LE 11ÈME DISTRICT. AYANT 33 ans JE ne peux plus PARTICIPER AUX HUNGER GAMES ET j’ai toujours appréhender les Moissons, d’autant plus depuis que je suis devenu père… D’autant plus depuis que la 78e édition des Jeux m’a cruellement arrachée ma fille unique, Zeena.

tell us your story.

➺ Elle caresse son visage juvénile, un sourire mélancolique accroché à son visage basané, ses yeux ambrés plongé dans les siens. Il voudrait l’embrasser mais elle le maintient à distance. Il pourrait insister, forcer son passage jusqu’à ses lèvres, mais Elishah s’en abstient. Quand il est avec Rozabel, il a l’impression de redevenir un idiot de gamin, haut comme trois pommes et impressionné par tout ce qui l’entour. Il a pourtant dix-sept ans aujourd’hui même et est au meilleur de sa forme alors que Roz est une petite femme de près de quarante ans, maigre comme un clou et d’une déconcertante fragilité. Une fragilité qui le touche sans qu’il puisse expliquer pourquoi et lui donne envie de la protéger. Mais dès qu’il est face à elle, il perd tous ses moyens. Elle le désarme avec ses sourires, le rend fou avec ses caresses et quand elle l’embrasse, il en oublie jusqu’à son propre prénom. C’est paraît-il l’effet que ça vous fait d’être amoureux pour la toute première fois.
« J’aimerai que le temps s’arrête. »
Il ne répond rien et sa main s’aventure sur les hanches de son ainées, étendue face à lui.
« Je voudrai t’avoir rien qu’à moi… »
« Je suis à toi » assure-t-il avec le plus grand sérieux.
Encore son sourire triste. Et les larmes ne tardent pas à poindre au coin de ses yeux effilés. Il fait mine d’approcher son visage du sien pour les embrasser, les avaler et s’emparer de son chagrin, mais elle l’en empêche, pressant sa main sur son torse pour le contraindre à garder sa position. Il fronce les sourcils et attrape sa main délicate dans la sienne pour la porter à sa bouche et l’embrasser délicatement. Il déteste quand elle se met dans tous ses états comme ça.
« Je n’ai pas le droit de te garder. Tu as toute la vie devant toi. Tu mérites mieux… »
« Non » tranche Elishah d’un ton sans appel. Mais il n’a jamais le dernier mot avec Rozabel.  
« Tu trouveras une fille plus jolie et plus jeune que moi. Une fille qui te donnera des enfants. »
« Je ne veux pas d’enfants. Je te veux toi. Et d’ailleurs tu es à moi. Et moi je suis à toi. Arrête de penser. »  
« C’est ce qu’ils voudraient…qu’on arrête de penser. Tu ne dois jamais arrêter de penser Eli. Jamais. Ne les laisse pas faire. »
« Oui, d’accord. »
« Eli, promets-moi. »
Il ne promet pas. Il a envie de la sentir contre lui, pas de parler. Elle est belle, désirable et c’est son anniversaire : Elishah a envie d’autre chose.  
« Tu veux plus faire l’amour ? » répond-t-il à la place.
« Si. Je veux que tu me fasses l’amour comme si c’était la dernière fois. »
Il retrouve le sourire et elle le laisse enfin approcher cette fois. Elle le laisse la posséder plusieurs fois dans la nuit, ce qu’il ne se prive pas de faire. Rozabel pleure, comme souvent, mais Elishah ne s’en formalise pas. Il se contente d’essayer de lui prouver qu’il l’aime encore et encore, à grands renforts de baisers passionnés, de promesses, belles paroles et autres caresses tendres.
Et puis il finit par s’endormir dans ses bras, le sourire aux lèvres.

Quand il rouvre les yeux, il est seul sur la couche de Rozabel. La lumière du jour filtre à travers le rideau de la pièce, les oiseaux chantent et il lui faut un petit moment pour réaliser que c’est mauvais signe. Roz ne l’a pas réveillé comme elle le fait d’habitude pour qu’il ait le temps de rentrer chez lui et évite de se faire passer un savon. Elishah se redresse en grognant, s’étire, et renfile ses vêtements en appelant le nom de son amante, sans obtenir de réponse. Elle doit être sortie acheter quelque chose à manger ou vaquer à ses occupations. Elle a peut-être fait exprès de ne pas le réveiller, pour lui attirer des ennuis et se venger de quelque chose qu’il a fait ou pas fait justement. Ca lui arrive. D’autres fois, elle dit qu’elle n’a simplement pas osé parce qu’il avait l’air trop paisible. Il faudrait qu’elle le voit fasse à son père…il n’a plus l’air paisible du tout quand il se fait remonter les bretelles. Mais il ne lui en fera jamais le reproche. Elle le quitterait s’il se montrait trop exigent. Il a déjà de la chance qu’une fille comme elle s’intéresse à un adolescent stupide dans son genre.
Terminant d’enfiler son pantalon, son torse encore nu, Elishah se dirige vers la petite pièce d’eau pour se rafraichir un peu avant de rentrer chez lui. S’il savait écrire, il déposerait un petit mot quelques part, mais ce n’est pas le cas. Et puis si jamais quelqu’un d’autre tombait dessus, ce serait gênant… Il se contentera d’un petit dessin quelque part dans la salle de bain.
Mais il ne fera pas ça non plus.
Il reste figé, le rideau séparant la salle de bain du reste de la maisonnette en main, ses yeux clairs braqués sur le corps d’une pâleur mortel qui est étendu dans la baignoire en fer où ils ont fait l’amour trois fois.        
(« Je veux que tu me fasses l’amour comme si c’était la dernière fois. »)
Le sang dégoute de ses poignets tranchés nets. Son éclat contraste avec la blancheur  de sa peau olivâtre qui a viré au gris. Il déteste cette couleur. La lame de rasoir qu’elle a utilisée est au sol. Il se dit que son père va sûrement lui passer un savon pour avoir découché et puis ses jambes cèdent sous son propre poids et il emporte le rideau et sa tringle avec lui dans sa chute.

➺ Il connaît les rues par cœur et s’oriente sans peine, sans même réfléchir à l’endroit où ses pieds le porte. Elishah rentre chez lui. Sauf que ce ne sera plus jamais chez lui. On dit que le foyer se trouve là où le cœur aime, hors celui de la seconde femme qu’il ait jamais aimée vient apparemment de cesser de battre.
Il est sonné, perdu. N’importe qui le croisant aujourd’hui se dira qu’il a un sérieux coup dans le nez. Pourtant ça ne lui ressemble pas de boire. Il n’a pas les moyens de s’enivrer, comme la plupart de ses voisins du district onze. Il n’a les moyens de rien. Le moindre centime gagné sert à subvenir aux besoins élémentaires de sa famille.  
Sa famille… Elle ressemble à quoi aujourd’hui sa famille ? Il sait ce qui l’attend. Personne n’a cherché à lui cacher la vérité ou à la rendre plus douce. La mort est le quotidien des gens du onze et le voisin qui est venu le trouver pour lui annoncer la nouvelle n’a pas essayé de le ménager. Il ne lui a pas donné de faux espoir. L’espoir tue aussi sûrement qu’une lame bien aiguisée… Elishah sait que Sondra est morte. Il sait qu’il a un nouveau fils. Certains penseraient qu’il a surtout une nouvelle bouche à nourrir et un salaire en moins à présent, mais Elishah ne percevra jamais les choses de cette manière.
Il essaie de comprendre. On lui a raconté ce qui s’est passé mais il n’arrive pas à visualiser la scène. Peut-être que son cerveau tente de le protéger de ce genre d’images justement. On lui a parlé de la fusillade, de la balle qu’elle a reçue au visage. Le voisin lui a assuré que c’était un véritable miracle qu’elle ait tenu jusqu’à la naissance de son petit gars… C’était comme si elle avait voulu survivre juste pour le voir. Elle l’avait vu et puis elle s’était éteinte pendant qu’on le déposait sur son corps qui deviendrait bientôt froid. Le sera-t-il d’ailleurs déjà quand il atteindra enfin sa maison ?  
Peut-être. Peut-être pas. Il essaie de se concentrer, de réfléchir, mais ses propres pensées lui échappent, se dissolvent. A la place, il se surprend à repenser aux derniers mots qu’il a pu lui adresser, en vain. Il est pris de panique quand il a l’impression durant quelques longues secondes qu’il ne se souvient plus de son parfum, de la couleur exacte de ses cheveux, de la manière dont le soleil couchant se reflète dedans… Mais tout lui revient. Et il se dit que quand il lui racontera ça ce soir, elle froncera les sourcils en souriant et lui assènera une petite tape dans l’épaule en le menaçant de le tuer si jamais il vient à l’oublier ne serait-ce qu’une seule seconde.  
Mais elle ne le fera pas.
Son cœur s’emballe et lui tombe dans l’estomac quand il réalise tout à coup qu’il se trouve devant la porte de chez lui. Il n’entend rien. Sa maison est rarement silencieuse. Elle déborde des cris de ses enfants, accaparés par leurs jeux ou en pleine dispute. Et ça lui plait. Il tuerait pour entendre ces hurlements incessants épuisants. Il tuerait pour un peu d’espoir de retrouver Sondra en vie. Il tuerait pour que tout redevienne comme avant.
Au lieu de ça, il pousse la porte de ce foyer étranger et silencieux. Mais pas tant que ça finalement. Il y a les pleurs. Des pleurs qu’il identifie en quelques secondes comme étant ceux de deux de ses quatre enfants. Cinq maintenant… Il a cinq enfants, mais les autres ne pleurent pas et le nouveau est silencieux. Mort lui aussi finalement ? Simplement endormi ? Elishah tuerait aussi pour être endormi et que tout ceci ne soit qu’un mauvais rêve.  
Mais c’est bel et bien réel. Il lui suffit de sentir les petites mains de Jezrah et Shem s’agripper tout à coup à lui pour en être assuré. Ils pleurent contre ses jambes et lui pleure aussi, sans même s’en rendre compte. Elishah ne leur accorde pas un regard, même si ses mains sont venues se perdre dans leurs cheveux, les caressant avec douceur. Ses yeux clairs, rougis par ses larmes, sont braqué sur la dernière femme de sa vie : Zeena. Elle tient le bébé dans ses bras et le dévisage avec un mélange d’incompréhension, de peur et d’accablement. Elle ressemble tellement à Sondra que ça lui fait mal. C’est comme s’il recevait à son tour une balle en plein cœur.  
Ses jambes cèdent alors sous le poids de son chagrin et ses garçons s’écartent, décontenancés. Il n’a même pas senti ses genoux heurter le parquet. Toute son attention est tournée vers cette petite fille tremblante et hébétée qui tient son petit frère dans ses bras et a vu sa mère pousser son dernier souffle. Jezrah attire son petit frère contre lui pour le consoler et l’empêcher de chercher à retrouver du réconfort auprès de leur père. Il sait qu’à cet instant, Elishah n’est pas capable de satisfaire ses besoins.
Zeena s’approche lentement, comme si elle craignait sa réaction. Finalement elle s’immobilise juste devant lui et son père détourne enfin son regard du sien pour observer le petit être qu’elle tient dans ses bras. Il ne dort pas en fin de compte. Il le regarde. Il braque ses iris bleuté sur lui et Elishah a l’impression qu’il lui adresse un sourire. Un petit sourire qui dit : désolé d’être arrivé dans ces circonstances, j’ai pas choisi, crois-moi.
Elishah tend une main tremblante vers lui et caresse son front du bout de ses doigts rugueux, avant de venir déposer un baiser mouillé de larmes sur son visage. Quand il se redresse, Zeena s’effondre finalement à son tour. Elle tombe à genoux devant lui, serrant son frère contre elle d’un bras et s’accrochant à l’épaule de son père contre laquelle elle vient sangloter de l’autre.  Il l’étreint à son tour et bientôt, Jezrah et Shem les rejoigne.
L’homme ne prête aucune attention à la doctoresse qui les observe depuis le pas de la porte de la chambre où repose à jamais Sondra, sa femme depuis dix ans maintenant. Il ne voit pas non plus sa voisine dévouée qui porte Ezio (celui qui était son plus jeune fils il y a une heure encore) dans ses bras et les observe en essuyant ses larmes en silence.
La voilà sa famille. Voilà ce qu’on a bien voulu lui en laisser…

➺ « Ecoute-moi, Zeena. Ecoute-moi bien… Je veux que tu saches que tu n’as rien à prouver. A Personne. Je sais qui tu es, tes frères le savent et ta mère aussi le savais » articule Elishah d’une voix cassée, ses deux larges mains de paysan pressées sur les épaules frêles de sa fille unique, fraichement moissonnée pour participer aux Jeux de la Faim.
Il sait qu'elle ne voudra faire de mal à personne parce que c'est comme ça qu'il l'a élevé : dans le respect de l'autre. Mais aussi parce qu'elle tient ce côté non rancunier et altruiste de Sondra. Elle lui ressemble tellement...de plus en plus... C'est douloureux de la voir. Ca le sera encore plus de ne jamais plus pouvoir le faire.
Il veut qu'elle tue. Il veut qu'elle se défende. Elishah ne veut pas la perdre. Il vient à peine de se remettre du départ de Sondra et voilà qu'on veut lui arracher sa petite fille chérie... Mais s'il veut qu'elle revienne en vie, il veut aussi qu'elle revienne en tant que Zeena. Il ne veut pas la voir se transformer en monstre et se perdre.    
« Ne fais rien que tu ne veuilles pas faire. Réfléchis à ce qui compte pour toi, uniquement pour toi. Je t’aime. »
« Moi aussi je t’aime. »
« Moi aussi. »
« Moi aussi ze t’aime Zeena » hoquète Ezio, son garçon de quatre ans, qui ne veut pas être en reste.
« Tu vas avoir peur, mais ce n’est pas grave. C’est dans la peur qu’il faut puiser son courage. »
« C’est ce que maman disait… »
« Et elle avait raison. Ta mère avait peur pour vous, tout le temps, et c’est dans cette peur qu’elle trouvait le courage. Ta mère était une femme courageuse… La plus courageuse que j’ai connu, à part toi… Pense courage, Zeena. »
« Je ne veux pas y aller… »
Son coeur se serre dans sa poitrine et il a l'impression qu'il va fondre en larmes à son tour. Pourtant il sait qu'il ne peut pas se le permettre. Il faut qu'elle tienne bon et pour qu'elle y parvienne, il faut que lui-même fasse preuve de courage.  
« Tu vas quand même le faire. »  
« Pourquoi on peut pas la kidnapper ? »
« Jezrah ! » le sermonne son père en lui jetant un regard furieux, transformant la moue triste du gamin de neuf ans en une expression plus boudeuse.
« Si je meurs… Tu crois vraiment que j’irai rejoindre maman ? » lâche tout à coup Zee, le prenant au dépourvu.
Il leur a raconté cette histoire pour qu'ils aient moins peur... Et voilà qu'aujourd'hui, tout ça se retourne contre lui. Là encore, Elishah ne peut pas se permettre de flancher. Alors il se force à sourire et lui ment en attrapant le plus jeune de ses fils, Yavan, pour le prendre dans ses bras et sentir sa chaleur réconfortante contre lui.
« Bien sûr. Et vous nous attendrez là-haut toutes les deux. Les deux femmes de ma vie… »

La porte de la salle réservée aux adieux de la mairie s’ouvre à cette seconde, sur un Pacificateur qui annonce que les cinq minutes règlementaires sont à présent écoulées. Elishah sent une vague de panique l'envahir. Tout à coup, l'idée de kidnapper sa propre fille et de l'emmener très loin d'ici le prend aux tripes. Il ressent le besoin viscérale de la protéger et tous ses sens se mettent en alerte. Sa raison tente de le convaincre qu'il ne peut pas se le permettre, qu'il doit rester dans les rangs et ne pas faire de vague pour la sécurité de ses autres enfants et de Zeena elle-même, qui pourrait tout à fait payer les conséquences de ses actions à lui. Mais quand sa fille vient tout à coup se coller à ses jambes pour le serrer avec toute la force de ses maigres bras, il oublie toute raison. Il n'est plus qu'un père désespéré.  
« Il me faut plus de temps. Il me faut plus de temps ! C’est ma FILLE ! J’ai droit à plus de temps ! »
Alors que le visage du Pacificateur se durcit et qu’Elishah le voit jeter un œil en direction de ses collègues, restés en faction à l’extérieur, Zeena s’éloigne, repoussant son père. Il cherche à croiser son regard et comprend qu’un fois encore, sa fille vient de lui venir en aide et d’inverser les rôles. C’est elle qui veille sur lui…sur eux tous…
Elisha la contemple une dernière fois. Elle est forte. Plus forte qu’elle-même ne l’imagine certainement. Elle tient cette force de sa mère. Il ne veut pas la perdre. Il ne supportera pas de la perdre et pourtant, une part de lui sait que tout est déjà joué d’avance. Une part de lui sait qu’il ne reverra plus jamais sa petite fille aujourd’hui devenue une femme. Il ne l’a pas vu grandir. Il était trop absorbé par son chagrin. Il a été aveugle et maintenant, il ne dispose plus que d’une seconde pour admirer Zeena. Ses garçons ont déjà été évacués de la salle et lui-même est tiré en arrière par un des gardes. Il résiste. Elishah a besoin de plus de temps. Il a quantité de choses à dire à sa fille. Il veut qu’elle se batte. Il veut qu’elle tue pour lui revenir, parce qu’il ne sait pas s’il pourra continuer d’avancer sans elle. Il FAUT qu’elle revienne.
Zee hoche tout à coup la tête. Comme si elle venait de comprendre ce qu’il n’arrive pas à lui dire. Et Elishah se convainc que c’est tout à fait possible. Elle est intelligente, bien plus que lui. Alors il décide de se contenter de ça et se laisse évacuer de la salle, Yavan toujours dans ses bras. On finit par le lui prendre des bras et il se laisse faire, trop hébété pour réagir.  Et en même temps, il sent une colère familière commencer à gronder en lui. Il sait que ce qui est en train de se passer est injuste. Il ne doit pas laisser passer une telle chose. Il ne doit pas les laisser prendre Zeena…
(« C’est ce qu’ils voudraient…qu’on arrête de penser. Tu ne dois jamais arrêter de penser Eli. Jamais. Ne les laisse pas faire. »)
Il l’a fait et voilà où il en est aujourd’hui. Sa femme a été tuée, sa fille vient d’être moissonnée et ses garçons… Elishah baisse les yeux vers eux et croise leurs regards suppliants, perdus, mais également chargés de reproches. Il est leur père, celui de Zeena, et pourtant, il ne fait rien. Il ne fait strictement rien.  
« Vous n’avez pas le droit de faire ça… »
« Qu’est-ce que tu marmonnes ? » l’interpelle le Pacificateur qui lui a pris Yavan des bras et a l’air de s’en mordre les doigts maintenant que le petit tente de lui enfoncer les doigts dans le nez…
« Vous n’avez pas le droit de faire ça. C’est une bonne fille. On s’est toujours bien tenu, on n’a jamais pris part à la révolte. On a toujours fait ce qu’on nous demandait, toujours… Vous n’avez pas droit de me prendre ma fille » articule Elishah qui s’est immobilisé dans le couloir, les poings étroitement serrés sans en avoir conscience.
Les Pacificateurs échangent des regards et l’un d’eux porte sa main à sa hanche, où se trouve son arme de service. Elishah le voit faire mais il est incapable de se taire.  
« Elle n’a jamais fait de mal à qui que ce soit. C’est une petite fille intelligente et… »
« Ferme ta gueule et avance. »
« …et douce. C’est elle qui s’occupe de ses frères quand je fais des heures supplémentaires. C’est elle qui s’occupe de la maison en plus du travail qu’elle est obligée de faire. C’est une bonne fille ma Zeena. Elle ne mérite pas… »
Il ne voit pas venir le coup qui l’atteint à l’arrière du crâne. Un des Pacificateurs a décidé qu’il valait mieux mettre un terme à son petit speech de manière radicale, avant que la situation ne dégénère. Elishah s’effondre sur le sol carrelé du couloir, sans entendre les cris apeurés de ses garçons.      

➺ Elle est morte. Il va devoir faire avec. Sauf qu’il n’a aucune idée de la manière dont il va pouvoir s’y prendre…
Perdre Rozabel a été difficile. Il était jeune, elle était son tout premier amour, et leur relation étant secrète, il n’a pu épancher sa peine chez personne. Il a dû apprendre à vivre avec, panser lui-même sa blessure et laisser le temps faire son œuvre. Il a bien cru mourir avec elle, il a failli la rejoindre, mais il a rencontré Sondra et elle a su lui redonner goût à la vie qu’il pensait dénuée d’intérêt.
Elle a été sa nouvelle raison de vivre et puis durant le temps qu’à duré leur amour, elle lui en a donné cinq autres. Zeena, Jezrah, Shem, Ezio et Yavan… Yavan qu’elle n’a connu que le temps d’un soupir. Son dernier… Il a cru mourir à nouveau le jour où elle lui a été bêtement et cruellement arrachée. Si Zee n’avait pas été là pour le soutenir, si ses garçons ne l’avaient pas maintenu à flot avec leurs sourires enfantins et leurs grands yeux plein d’innocence, Elishah aurait probablement imité son premier amour.
Mais ils étaient là et il a fini par se remettre. La pente a été difficile à remonter mais il a su puiser un peu de leur force, s’est nourri de leur courage pour parvenir à réapprendre à vivre sans sa moitié.
Et maintenant, c’est Zeena qui a disparu. Non. Elle n’a pas disparu. Disparaître aurait presque été plus appréciable. On la lui a volé. On l’a envoyé se faire littéralement massacrer dans une Arène. Les circonstances de sa mort ont été si…affreuses…si ignobles… Elishah a encore du mal à comprendre comment qui que ce soit peut décemment avoir eu envie de faire subir un tel sort à une fillette aussi douce, aussi délicate, aussi innocente et gentille que sa précieuse Zee. Elle ne méritait pas ça. Personne ne mérite ça…
Mais cette fois, il ne se laissera pas abattre. Il ne ploiera pas sous le poids du chagrin. Parce que s’il faisait ça, Elishah cracherait sur la mémoire de sa fille unique. La dernière femme de sa vie. Elle ne mérite pas ça non plus.
Alors il se force à se lever, à respirer, à s’habiller, à se laver, à manger, à boire et à faire toutes ces choses qu’elle souhaiterait le voir faire. Il sourit parfois à ses fils, passe ses mains rugueuses dans leurs cheveux, embrasse leurs joues barbouillés de larmes quand ils se réveillent après un cauchemar, s’assure qu’ils ne manquent de rien. Et tout en faisant ça, il rumine sa rage, sa rancœur, sa vengeance. Il ne se laissera pas abattre parce qu’alors Zeena serait morte pour rien. Il ne peut pas laisser faire ça.
Il a laissé les autres dire que Rozabel était faible et que c’est pour cette raison qu’elle a préféré se donner la mort. Il a laissé dire que Sondra se trouvait juste au mauvais endroit au mauvais moment. Il ne les laissera pas dire que Zeena a périt dans l’Arène parce qu’elle n’était pas assez forte. Elle était la personne la plus forte qu’il ait jamais connu…
C’est le Capitole qui les a toutes tuées. C’est le Capitole le responsable. Et Elishah va le faire payer.
Il va tous les faire payer…
Pour Zeena.    

   

Elishah a écrit:

Alors, je suis beau, très beau, j’ai un physique à tomber et en plus de ça je suis brillant, intelligent, fort séduisant, vif d’esprit, plein de charme et pratiquement un génie ! Ah et puis j’ai une super collection de bouteilles…
Puis sinon, je suis aussi un cadavre pourrissant. Mais ça on s’en fout, ce qui compte c’est qu’autrement, je sois beau et bon et PUR.

Elyas Aedan Chesterfield a écrit:

On pourrait même faire un super duo, moi j'dis