Poppy Amelia Crawford/span>

❝ WHO AM I LIVING FOR? ❞

about games and relative.

➺ POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ?

Je crois que je pourrais mourir pour que les choses changent. Pour que le gouvernement cesse d'envoyer des enfants à l'abattoir, pour que les gens aient à manger à leur faim. Pour quelqu'un d'important pour moi aussi. Pour quelqu'un qui compterait. Pour le moment, ce n'est pas le cas, mais si cela devait arriver un jour, je crois que je le ferai. Mais je suppose que l’on dit tout ça : je pourrais mourir pour. & puis finalement, quand on est réellement en face de la mort, on se rend compte que notre instinct de survie est beaucoup plus fort que nos idéaux.

➺ APPRÉCIES-TU LE VISIONNAGE DES JEUX ?

Ils me répugnent depuis ma plus tendre enfance. J'ai toujours été beaucoup trop sensible, & peut-être que si je l'avais moins été, je n'aurais pas autant remis en question le système de Panem. Je ne sais pas. Tout ce sang, cette haine, même entre deux tributs du même district, cette façon dont les gens sont poussés à devenir des bêtes enragées, des animaux. Je n'arrive pas à comprendre comment ils peuvent en rire. Ils boivent, ils mangent, ils rient, ils pleurent. Est-ce qu'ils s'imaginent que ce n'est qu'un film, un divertissement?

➺ QUE PENSES-TU DES VAINQUEURS DES JEUX ?

Ils sont tous différents. Ceux du districts 3 à 12 sont comme des petits chats égarés lorsque je les rencontre au début. Et puis, lorsqu'ils reviennent, ils sont brisés. Ils ont tué, vu du sang, ont été mis à bout, ont été affamés, maltraités. Ils ne ressemblent plus en rien aux personnes que l'on voit avant l'arène. Ils m'émeuvent. Toute cette douleur pour finalement être une poupée du Capitole. Les pauvres.

➺ AS-TU PRIS PART AUX DERNIERS EVENEMENTS, QUE CE SOIT POUR OU CONTRE LE CAPITOLE ?

Non à vrai dire. Parfois, je me dis qu'il faudrait que je fasse un pas, que je m'oppose à tout ce qui se passe, que je prenne mes responsabilités. Mais rien. Je n'y arrive pas. Peut-être par peur de tout perdre, peut-être parce que je ne sais pas comment m'y prendre. Peut-être parce que je ne suis pas sûre que ce qu'il se passe au district 13 est beaucoup mieux que ce qu'il y a au Capitole. Pourtant, après ce qu'il s'est passé avec Poppy, j'ai hésité. Mais m'opposer totalement, ce serait perdre ma place de styliste, une place qui me permet de mettre un peu de baume au coeur des tributs & de les aider autant que je le peux.

➺ COMMENT QUALIFIERAIS-TU TA VIE DANS TON DISTRICT ? EN ES-TU SATISFAIT ?

J'ai une vie rêvée, dorée même. Je fais un emploi qui me comble intellectuellement, mentalement, sentimentalement et financièrement, je suis connue & reconnue, je suis entourée de belles choses, personne dans ma famille n'est mourrant, je suis en bonne santé, je mange à ma faim. Pourtant, je n'arrive pas à me défaire de ce sentiment de honte. Comment a-t-on pu en arriver à de telles extrêmités? comment le gouvernement peut-il prendre ainsi Panem en otage? Comment tous les habitants du Capitole font-ils pour vivre si sereinement alors qu'il y a tant de colère & de désespoir au dehors?

tell us your story.

Poppy ramena une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille et dévisagea le nouvel entrant. Il était si jeune. 17 ans seulement. Tout juste un enfant. Comme tout ceux qui étaient plongés dans l’arène. Arrête Poppy, ça ne sert à rien de remuer le couteau dans la plaie comme chaque année. La styliste s’avanca vers le jeune homme, se saisit de ses mains et dit : «  Bonjour Ralphie, je m’appelle Poppy & je serai ta styliste. Je tenais tout d’abord à te dire que je suis désolée par ce qui t’arrive.»


C’était pourtant sa cinquième édition des Hunger Games en tant que styliste, pourtant la jeune femme n’arrivait pas à s’y faire. En fait non, c’était plutôt qu’elle désapprouvait totalement ce qu’il se passait au Capitole sans arriver à trouver un moyen de s’y opposer. Pendant une fraction de seconde, elle se demanda comment sa mère faisait pour exercer cette profession depuis tant d’année, mais elle se ravisa bien vite. La réponse était évidente : sa mère était un pur produit du Capitole, froide, constamment en représentation, absorbée par son apparence & par sa réputation.


« L’année dernière, c’est Prudence qui a remporté les Hunger Games, & on nous attend au tournant. Je te promets de faire aussi bien voire même mieux ! » Depuis la victoire de Prue l’année précédente, elle était devenue une styliste reconnue. Rares étaient les stylistes qui faisaient partie de l’équipe victorieuse si jeunes. Poppy les accumulait : fille unique d’une styliste & d’un juge, styliste victorieuse de l’année précédente, jeune, belle, blonde, ravageuse… « Vas-y, montre sur la marche que je puisse te mesurer.»lança-t-elle en lui montrant une petite estrade. D’un signe de la main, elle appela les assistants qui s’empressèrent de prendre les mesures adéquates tandis que Poppy imaginait le costume qu’elle devrait réaliser pour l’ouverture. Il y avait quelques défauts physiques minimes qui allaient devoir être corrigés par les assistants, mais dans l’ensemble, ce serait un bon candidat. Il ressortirait de la session épilation-maquillage aussi lisse qu’un habitant du Capitole.


Tout en observant l’agitation des assistants, elle repensa à ces années où elle avait imaginé le travail des stylistes, devant sa télévision avec Nena, sa nourrice. Les doigts plein de gâteaux au citron, les mains à plat sur l’écran, le nez si près de la télévision que sa vue se brouillait, elle observait les détails des tenues avec ravissement. Elle qui avait vécu dans un monde froid & dénué de sentiments parentaux s’émerveillait de la chaleur de ces entretiens & de la couleur des vêtements. C’était comme si pendant une fraction de seconde, le monde s’illuminait. & 20 ans plus tard, c’était toujours le même ravissement qui l’animait, la même créativité qui coulait dans ses veines.

« Tu peux y aller Ralphie, je te remercie. Nous nous reverrons très prochainement, en attendant, prends soin de toi.»

Le soir, tandis que son crayon s’activait sur la feuille de papier blanche, Poppy laissa son esprit vagabonder. Elle était revenue une année en arrière. Comment avait-il pu se passer tant de choses en une seule et unique année ? Elle revoyait Prudence & Adrian arriver de la même manière que Ralphie l’avait fait tout à l’heure. La force & la détermination d’Adrian, la tristesse & la fragilité de Prudence. Tout ce potentiel, cette énergie. Sans savoir pourquoi Poppy avait été persuadée que l’un d’entre eux reviendrait. Peut-être l’intuition, c’était la quatrième couple dont elle s’occupait désormais. Elle s’était attachée à eux, ils étaient étonnants, tellement vrais. Mais Prudence avait été la seule à revenir. & tout naturellement, comme si elle était son mentor ou son hôtesse, Poppy avait pris par à ses côtés, de façon plus profonde que son rôle de styliste. Elle sentait que Prue avait besoin de quelqu’un, elle qui avait tout perdu dans cette arène. Au fil de l’année, elles étaient devenues proches, très proches : une réelle amitié s’était tissée entre les deux jeunes femmes. Plus encore, Prudence était devenue un pilier de son existence.