J'avais essayé de dormir, cette nuit.
Mais je n'y étais pas parvenue.
J'étais restée les yeux ouverts, allongée sur le côté pendant un petit moment. Puis j'avais décidé de sortir d'ici. De sortir de ma chambre qui m'etouffais de plus en plus.
Lentement et silencieusement je m'étais levée, avec un poids énorme au ventre.
J'étais restée pieds nus, j'avais ouvert doucement la porte, puis je m'étais glissée en dehors de la cabine.
Le train avançait à toute allure, je sentais le sol vibrer sous mes pieds.
Et j'étais restée là, dans ce couloir vide, à essayer de me rappeler où se trouvait le wagon qui comportais le frigo, et donc quelque chose à manger, puisque j'avais eu du mal à toucher à mon assiette, lors du dîner.
J'avançais maintenant à l'aveugle, sans savoir où mes pas me porteraient.
Mis à part le bruit du contact du train sur les rails, tout était silencieux. Je passais à côté d'une nouvelle cabine, où je percevais des ronflements apaisés, signe d'un bon sommeil.
Je constatais alors que le train ne m'avait jamais paru aussi long que maintenant.
Lorsque j'atteignais enfin ce qui semblait être la cuisine, je me précipitais vers quelque chose à manger. N'importe quoi, car j'étais affamée. Je pris un verre d'eau, puis me dirigeais vers un autre couloir, décidée à me réfugier au bout du train.
Le dernier wagon était une sorte de petit salon, qui offrait une vue magnifique, grâce à ses baies vitrées, de l'extérieur.
Il faisait nuit dehors. On ne voyait que les rails, la forêt, et le ciel immense et sombre couvert d'étoiles.
On ne voyait que ça, mais bizarrement cela me rassurait.
Je vis une silhouette, fendant le paysage que je contemplais, se refléter à la vitre. Je me figeais instantanément.
Je soupirais en le voyant s'approcher, heureuse de voir qu'il s'agissait de Nathaniel, avant de me rendre compte que c'était peu être encore pire, finalement.
On ne s'était pas vraiment adressé la parole, depuis notre arrivée au train.
Il faut dire que l'équipe s'était jetée sur nous, puis qu'après le visionnage de la Moisson je m'étais réfugiée dans ma chambre, et que je n'étais réapparue qu'un peu avant le dîner, où l'hôte avait pratiquement parlé tout seul avec l'équipe, durant la totalité du repas.
Je n'avais donc pas eu de tête-à-tête avec lui, ou quoi que ce soit qui puisse me permettre de lui demander comment il allait, même si je prédisais déjà sa réponse.
Il devait se sentir sûrement comme moi. Vidé.
Choqué.
Il devait penser à sa sœur, qu'il avait laissée au Neuf, qui risquait sûrement de prendre des coups de son père, sans sa présence.
Et tel que je connaissais Nathael, il s'inquiétait plus pour elle, que pour son propre sort.
Et je pense que son ignorance à mon égard était due au fait de toutes ces raisons précédentes.
Et je me sentais terriblement mal. Mon cœur battait à tout rompre, je peinais à faire parvenir de l'air à mes poumons correctement et ma gorge se serrait quand j'étais seule avec lui, que je le regardais ou que je pensais à lui. Et à ce qui nous attendait.
Je me sentais minuscule à côté de lui.
Et d'une infime voix, je finis par lui dire :
" Tu vas continuer à faire comme si on ne se connaissait pas et qu'il ne s'était rien passé, ou tu es d'accord pour me parler, là ?"
C'était peut-être terriblement égoïste de ma part. De lui demander ça. De lui demander de faire des efforts pour moi.
Mais j'avais besoin d'entendre sa voix pour continuer à avancer. J'avais besoin de savoir si il allait bien.