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 i'll putting out the fire with gasoline. ✢

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i'll putting out the fire with gasoline. ✢ Vide
MessageSujet: i'll putting out the fire with gasoline. ✢   i'll putting out the fire with gasoline. ✢ Icon_minitimeLun 6 Jan - 20:05


jules siegfried leews-raine
❝ ONLY GOD FORGIVES. ❞
« Je suis malade. Malade de cette vie. Malade de la vie tout court, je pense. Mais qu'y peut-on ? Qu'y puis-je ? Il n'y a parfois d'autre choix que d'avancer. Avancer, lentement. À pas hésitants tout d'abord, avant de prendre un peu d'assurance. Juste un peu. Suffisamment pour s'habituer au boitillement incessant que procure ce malaise ; s'habituer à cet attentat à notre stabilité. Et puis, lorsque tout n'est devenu qu'automatisme, on y prend goût. On s'imagine que la vie n'a rien à offrir d'autre que ce goût amer qui reste sur la langue, chatouille notre palais. On se dit que la vie c'est ça. Qu'il n'y a plus de moyen d'avancer autrement qu'en souffrant. On est malade. Malade de la vie. Mais on s'y habitue. Comme tout. Et on continue. »

Jules. C'était un simple prénom, un simple gosse. Un simple gamin, qui vivait sa vie sans trop se soucier des autres. C'était un prénom plutôt banal pour un garçon plutôt banal. Il n'y avait pas grand chose à redire, pas grand chose à chercher. Jules a changé. Ce n'est plus un enfant. Et à trente-trois ans, il serait presque temps. On ne le reconnaît plus. Il n'affiche que rarement le sourire sympathique et charismatique qu'il avait dans le temps, se contente de moues crispées et faussement sincères. On ne l'appelle plus Jules, non plus. Dans le district treize, où il vit depuis désormais deux ans, on le connaît sous le nom de Siegfried. Ou tout simplement Raine. Son pseudonyme est trop long, crier Leews-Raine, en mission, ça fait perdre du temps. Alors on abrège. Alors on va au plus vite. On ne l'appelle plus Jules, parce qu'il ne supporte pas ce prénom. Il ne le supporte plus. Trop de souvenirs, trop de points douloureux sur lesquels il est si facile d'appuyer, du bout du doigt.

Jules, ce n'est plus qu'un putain de fantôme. Oh, pardon, Siegfried. Un fantôme quand même. L'ombre de lui-même, bien qu'il se batte pour retrouver un semblant de consistance. Il s'est engagé dans l'armée du treize. Et fait un excellent petit soldat. Il obéit aux ordres, il ne discute pas. Il se laisse écraser par ses supérieurs et serre des dents, sans moufter. Que pourrait-il donc bien faire d'autre ? Il n'est qu'un paria. Qu'un basterd. Ancien pacificateur, né au district quatre. Il a retourné sa veste, il a changé de camp. Il ne le voulait pas. Et, en parfaite cruauté, il a appris que dans la vie, on n'a pas toujours le choix. L'être humain est un animal. L'être humain s'adapte pour survivre. Et lui, comme d'autres, n'a fait que suivre cet instinct primitif.

Il est malléable, il faut bien le lui accorder. Pour autant, le décrire comme soumis serait grandement exagérer — et fausser — ce trait de caractère. Il a la capacité de s'adapter à toutes les situations, et de toujours retomber sur ses pattes. Il a la tête sur les épaules, la plupart du temps tout du moins. Sa condition le rend parfois cinglé. L'impression de tourner en rond dans ces tunnels, l'impression d'avoir fait quelque chose de mal. L'impression de dérailler, et l'envie d'hurler. Ça le rend susceptible, ça lui fout les nerfs à fleur de peau. Et il se contente de serrer les poings, de planter ses ongles dans ses paumes sans vraiment y penser. Il ravale ses sarcasmes, ravale sa langue de vipère, et garde la tête sur les épaules. Il se coule, à la manière d'un serpent, entre les conflits, et s'adapte à ce que l'on attend de lui. Ne pas se faire bouffer. Ne pas se faire ramasser. Ils le tiennent en laisse. D'aucuns diraient même qu'ils le tiennent par les couilles.

Il les prend. Ces médicaments, qui le calment si efficacement. Ces produits concentrés d'herbes médicinales et de produits chimiques, qui détendent chacun de ses muscles et embrument son esprit de manière apaisante, le confortant dans l'idée que oui, tout ce qu'il fait, il le fait pour le bien de Panem. Et pour son bien à lui. Entravé, l'esprit brouillé d'idées qui ne sont pas les siennes, et qu'on a parfois du mal à lui faire ingurgiter. Lorsqu'il se réveille d'un cauchemar, lorsqu'il se prend la tête dans les mains, lorsqu'il se cache dans un coin du District Treize, perdu au fond des souterrains. Les crises s'espacent, avec le temps. Et fort heureusement. Il est fidèle au Treize. Tellement perdu qu'il les suit, s'y accroche. Avec toute la force dont son caractère peut faire preuve, toute l'obstination et la véhémence qu'il est capable de montrer.

« Je m'accroche. Mais parfois, j'ai les genoux qui tremblent. Parfois, faut que j'me laisse tomber au sol et que je respire un grand coup, avant de continuer. Parfois, j'me demande c'que j'fous là, et pourquoi je fais tout ça. Que ce soit ici ou là-bas, j'aurais eu les mains couvertes de sang. Ici, au moins, je défends Panem. Je défends le peuple. Même si j'ai parfois l'impression de courir après une illusion perdue, une chimère. J'ai l'impression de tourner en rond, sans pour autant lâcher l'affaire. Et je suis malade.

Désillusions. »

about games and relative.

J'pensais me tirer une balle dans la tête. Ou dans la bouche. Y a pas si longtemps que ça, j'y songeais encore. Il n'y a pas si longtemps que ça, je l'aurais sûrement fait. J'ai aussi pensé à me mettre délibérément en danger de mort. Mais j'ai abandonné. Abandonné l'idée, laissé tomber toutes ces conneries. J'ai pas envie de crever dans la boue et les larmes. Je n'ai pas envie de mourir tout court. Mais ce sera sûrement la tête basse, comme le paria que l'on voit parfois en moi. Je baisserai le menton, mais je lèverai les yeux. Il y a quelques temps, j'aurais voulu me donner la mort, abréger toutes ces souffrances. Mais j'ai plus envie de partir sans me battre. Pourquoi est-ce que je ne vaudrais pas plus qu'un autre ?


Non, personne. L'on pourrait estimer que j'ai bien failli y aller, et que j'ai vraiment eu chaud aux fesses, mais en fin de compte, je ne suis pas parti. En fin de compte, quelqu'un a sauvé ma peau. Je l'ai regardé partir, n'éprouvant rien d'autre que du soulagement. Je me foutais éperdument de son sort. Jusqu'à ce que les Jeux commencent. Je ne le connaissais même pas. Mais ça ne m'a pas laissé insensible. Je sais. Ça ne répond pas à la question. Je n'ai pas particulièrement de proches qui sont allés aux Jeux. Mais ce gars était peut-être le tribut de qui je ne me suis jamais senti aussi proche.


À l'étroit. Enfermé. Cloîtré. Je tourne en rond, comme un lion en cage. Le vent me manque, l'extérieur me manque. L'eau, le bruissement des feuilles, le chuchotis paisible de la rivière, le va-et-vient incessant des vagues sur la plage. Je ne me sens pas libre, enfermé là-dessous. Et dès qu'on peut sortir, et respirer un peu, j'y prends un malin plaisir, il faut l'avouer. Juste une bouffée d'air frais, pour me sentir encore en vie. Je ne demande pas grand chose. Mais l'air du dehors me manque. Et je regarde les gens tourner en rond, myriade d'insectes, leur si petites pattes piétinant sur place. Ils s'apparenteraient aux fourmis. Ou à tout autre peuple capable de se tasser dans la sorte dans une foule de tunnels. Personnellement, j'ai besoin d'air. J'étouffe.


J'y ai pris part. Il y a quelques années, j'aurais cru que le Capitole m'aurait de son côté, et j'aurais combattu pour lui, toutes griffes ouvertes. Il y a quelques années, je me trompais. J'ai fait allégeance au District Treize, et j'ai pris part à la révolte à leurs côtés. On n'avait pas particulièrement confiance en moi, encore, à l'époque. Est-ce que c'est le cas maintenant ? Pas pour tout le monde, c'est évident. Mais ç'a permis de montrer ma loyauté sur un certain plan. Loyauté à la cause rebelle. Loyauté à leurs idéaux. J'ai failli y laisser la peau, comme tant d'autres rebelles du District Treize, et rebelles tout court. Que leur faut-il de plus pour qu'ils me croient réellement changé ? Qu'un Pacificateur leur envoie ma tête sur un plateau ? Mort pour leurs idéaux. C'est peut-être comme ça que ça doit finir, pour Coin. Pour elle et pour les autres. C'est peut-être ce qu'ils veulent. Rien d'autre que de la chair à canon.


Étant plus jeune, je n'avais pas nécessairement une opinion négative de l'organisation de Panem. Peut-être parce que lorsqu'on est gosse, on ne comprend pas vraiment ce genre de choses. Toujours est-il que je me plaisais à faire partie du district quatre, à représenter cette part de Panem. Le pays divisait ainsi, je trouvais que chacun avait davantage d'importance. Et en grandissant, on se rend compte d'à quel point l'on pouvait être con à cet âge-là. On n'est pas important. On n'est que du bétail, les petites mains du Capitole. Ils ont besoin des districts pour se fournir en énergies et en ressources, et c'est la seule raison pour laquelle nous ne sommes pas tous réduits à l'état de territoire radioactifs comme a pu l'être le district treize. Ils nous exploitent. Même en tant que Pacificateur, j'entendais cette raison. Mais le Capitole nous préserve, nous sauvegarde. Du moins, c'est ce que je pensais. Maintenant, cette idée me donne envie de gerber. Enfin je crois. Les Districts de Panem pourraient parfaitement vivre en indépendance, sans le Capitole, et faire commerce entre eux.  Snow a installé la terreur, en représailles de cette révolution, ce désir de faire changer les choses. L'organisation de Panem ne convient plus. Trop de fossés, trop de différences. Mais sans le Capitole, donnera-t-on enfin le pouvoir au peuple, ou celui-ci passera-t-il aux mains de quelqu'un de tout aussi avide ?


JE VIENS D'UN MILIEU moyen, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE n'est pas vraiment gaspillable, mais je n'en manque pas. DU COUP, MON NOM N'A aucune CHANCE D'ÊTRE TIRE AU SORT. J'EXERCE LE MÉTIER DE soldat ET POUR TOUT VOUS DIRE, je ne suis pas certain d'avoir le choix, et ça ne me déplaît pas. JE SUIS DANS LE 13ÈME DISTRICT. AYANT trente-et-un ans JE ne peux plus, et ai déjà failli PARTICIPER AUX HUNGER GAMES ET je me fiche de la prochaine Moisson. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.


reality is here.

Yooooo. Je vais faire bref What a Face Siegfried, le retour. I love you Le gus ne m'inspirait pas comme il était, alors je lui apporte quelques changements, avec autorisation. i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 2774444739 btw, toujours about today, toujours dix-neuf piges, toujours fan de tarantino, et toujours amoureuse de mj. I love you I love you

FEATURING joseph gordon-levitt © COPYRIGHT tumblr




Dernière édition par J. Siegfried Leews-Raine le Sam 11 Jan - 10:23, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: i'll putting out the fire with gasoline. ✢   i'll putting out the fire with gasoline. ✢ Icon_minitimeLun 6 Jan - 20:06

tell us your story.

    « jules. »
Gamin. L'enfant au regard vivant, pétillant. Prêt à soulever des montagnes, déterminé à le faire. L'enfant qui sourit, l'enfant qui tend ses petits doigts, comme s'il voulait se saisir du feu qui crépitait dans l'âtre. Il n'attrape rien, bien entendu. Mais il continue d'agiter ses doigts, continue de croire en tout cela. Rêves d'enfant. Rêve de gosse. Il ferme un oeil. Le rouvre. Ferme l'autre. Il a remarqué qu'il voyait un cadre différent, d'un oeil à l'autre. Et ça l'amuse. Et il aime ça. Il le fait souvent. C'est un éternel monde riche en sensation. Il découvre la vie, du haut de ses cinq petites années, et ne peut s'empêcher d'être émerveillé. Quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe. Son esprit vagabonde, les personnages s'y multiplient. Il a l'imagination débordante, et demande sans cesse plus d'histoires, sans cesse plus de contes. Il ferme les yeux lorsqu'il a peur, et écoute d'un air fasciné les croyances que l'on peut lui raconter. Ne grandis jamais, lui fait parfois sa mère. Il s'indigne alors, monte sur ses grands chevaux, faussement énervé. Il veut grandir. Il veut devenir aussi grand et fier que papa. Il voudrait être grand. Pouvoir se battre. Pouvoir protéger sa mère. Être grand. Fort. Comme un lion.

La porte s'ouvrit, et la tête de l'enfant pivota légèrement. Ses petits yeux bruns se levèrent vers la silhouette harassée et voûtée de son paternel. Un sourire pourfendit son visage, ce pendant que l'homme faisait quelques pas pour déposer rapidement ses affaires non loin de la porte d'entrée, refermant derrière lui, coupant court à toute brise glaciale. Les mots brûlaient les lèvres du garçon. Pourtant, pas une parole ne s'en échappa. Muet. Il se contentait de dévorer son géniteur du regard, et de l'admirer. Inconscient, innocent. Perdu, dans son univers. On aurait dit qu'il faisait exprès ; exprès de ne pas voir, exprès de ne pas se rendre compte de ce que cet homme imposant dégageait, de l'emprise qu'il exerçait sur lui, et sur sa mère. On aurait dit qu'il fermait les yeux, volontairement, et qu'il idolâtrait un autre. Un père, de son imagination. Un père qui avait existé, antan, mais désormais disparu. Il continuait de le faire vivre, inconsciemment. « Papa ! » La bulle de joie sembla éclater dans l'air, surprenant jusqu'au principal visé. Il ne releva pourtant pas les yeux vers son fils. Il se contenta de rester à l'écart, et d'aller s'asseoir sur son fauteuil. Sans une attention pour sa femme, aux fourneaux, qui préparait déjà le repas. Sans une attention pour le fruit de ses entrailles non plus. Il était comme absent. Comme s'il vivait seul. Toujours seul.

L'enfant se leva, rapidement, attrapant la sculpture en bois que sa mère l'avait aidé à tailler, durant la journée. Il dévorait littéralement son père des yeux, montrant fièrement son oeuvre, la gardant pourtant calée contre son torse. « Regarde, j'ai sculpté un chien en bois, aujourd'hui. » Fier de lui. Seul le silence et l'ignorance lui répondirent, accompagné d'un regard lourd et douloureux de la part de sa mère. Pourquoi ? Pourquoi ?

Tu gardes tes prunelles d'enfant posées sur ton modèle. L'homme que tu admires. Tu ne peux pas t'empêcher d'imaginer les compliments qu'il pourrait te dire. Ce dont il te parlerait, s'il s'intéressait un tant soit peu à toi. Il ne le fait pas. Mais ton imagination est ta porte de secours, ta voie de sortie. Ta seule échappatoire, quand on ignore tout de ton existence.

Tu détournes le regard, toujours aussi fier, ton sourire ravi toujours collé aux lèvres. Et tu retournes vers la cheminée, t'assieds devant. Tu joues avec le petit chien, sur le tapis. Tu n'as pas arrêté de sourire. Comme si ton visage était irrémédiablement figé dans cette expression, rehaussé pourtant d'un regard vide et au supplice.

Ne te réveille pas.
Jamais.


    « heart's lament. »
Il n'y avait plus rien à faire. S'obstiner aurait été donner des coups d'épée dans le vent. Et il n'en avait pas la moindre envie. Il ne savait même plus ce dont il avait envie, à dire vrai. Debout, au bord de l'eau. Debout, les pieds dans le sable, les vagues flirtant avec ses orteils nus, léchant parfois la plante de ses pieds, leur surface, sa cheville. Le bas de son pantalon trempait dans l'eau. Mais tout cela n'avait pas la moindre importance. Pas plus que la température de l'eau. D'aucuns auraient dit glaciale. Lui considérait simplement qu'elle était fraîche. Qu'elle lui brûlait la peau. Et que la sensation de douleur atténuait presque ses pensées sombres, moroses. Presque. Certaines choses faisaient trop mal pour être ainsi oubliées. Seul le sommeil parvenait parfois à les estomper, quand celui-ci n'était pas peuplé des cauchemars les plus atroces. Mais en ce qui le concernait, il ne dormait presque pas. Ou que trop peu.

Son père avait presque toujours été un fantôme, aussi loin que ne remontaient ses souvenirs. L'aîné d'une famille nombreuse, d'une famille progressivement décimée par les saisons, les accidents, les maladies. La Moisson, pour la plus jeune de ses soeurs. De six il n'en restait qu'un. Mais le pire pour lui avait été de perdre son frère cadet, celui avec lequel il était le plus complice; avec lequel il travaillait, même. Un stupide accident de pêche. Tombé d'un bateau, lors d'une tempête. Il savait nager, il n'aurait pas dû y avoir le moindre souci. Mais lorsqu'emporté par une vague il avait heurté la coque du bateau, assommé, tout s'était terminé. Inconscient, inerte. Il s'était noyé. Deux ans après la naissance de Jules, son père était devenu un fantôme. Marqué à jamais. Coupable. Plus d'intérêt alors, ni pour sa femme, ni pour son fils. Un retour au mieux, lorsque son épouse était à nouveau tombée enceinte. Il avait eu quelques semaines d'attention, quelques mois. Pour sa femme, certes ; son fils, lui, continuait d'idolâtrer un mirage. La petite était née. Et à nouveau, l'indifférence. Parfois, un sourire à son égard. Pour son épouse, rien. Tout juste un mot en travers de la gorge, ou un reproche franc. Pour son fils, l'indifférence. Fils qui continuait de l'admirer. De lui raconter ses journées, de l'aimer. Comme le père qu'il aurait voulu avoir. Comme le père qu'il n'avait plus, depuis des années.

Et soudain, le cri franchit ses lèvres. Il ferme les yeux, se cambre en avant, par réflexe. Il avait attrapé quelques pierres, saisit quelques galets. Commencé un ou deux ricochets. Il n'avait pas l'habitude d'en louper ; à force de s'entraîner, probablement. Et puis, le cinquième galet s'était enfoncé dans la surface miroitante, sans rebondir. Il l'avait regardé disparaître, le coeur serré, la gorge nouée. Et lorsqu'enfin les dernières traces d'ondes s'étaient suffisamment éloignées, lorsqu'enfin la mer avait repris ses droits et envoyé une nouvelle vague recouvrir ses pieds, il avait hurlé. De toutes ses forces, sans réfléchir. Il criait. Il n'en pouvait plus. La douleur le terrassait. L'agonie. D'être seul, de devoir consoler des pleurs qui ne pouvaient être les siens. De devenir l'homme de la famille, alors que ce père, durant si longtemps présent en simple filigrane, avait finalement mis les voiles. Il l'avait annoncé, tout simplement. La vie au sein du district ne le satisfaisait plus. Il voulait partir. Foutre le camp, dégager. Pour une fois, il leur avait parlé. De sa décision. Qu'il ne les reverrait plus jamais. Qu'il allait vivre une autre vie. Les pleurs d'incompréhension de sa fille ne l'avaient pas ému, les supplications de sa femme, morte d'inquiétude autant que de désespoir, ne l'avait pas atteint. Il s'était arrêté face au regard de son fils. Perdu. Vide. Accusateur. Mais terne et vitreux. Prends soin d'elle.

Pourquoi ? Pourquoi lui avoir dit ça, à lui, maintenant ? Lui qui n'avait pas essuyé plus d'une centaine de mot par an, durant ces neuf dernières années ? Il n'y arrivait plus. La pression venait de se relâcher d'un coup, et le cri lui pourfendait le crâne, au même titre que les oreilles des mouettes. Celles-ci criaient dans le ciel, écho féroce et machinal à son désespoir lancinant. Ses poumons se vidaient, le brûlait. Mais il ne voulait rien faire d'autre que crier. Et, enfin, avoir un espoir d'oublier. Ce hurlement, lorsqu'on lui avait présenté le cadavre de son époux. Un traître, qui avait tenté de s'échapper du district, et qui y était presque parvenu. Il s'était tué, en plongeant en mer pour tenter d'échapper aux Pacificateurs. Et s'était fracassé contre les rochers.

Elle était tombée sur une chaise, elle avait pris sa tête dans ses mains, fébriles. Et lui avait empêché sa soeur de rentrer dans la pièce. Il avait entrouvert la porte pour glisser un coup d'oeil. Neela demandait ce qui se passait, impatiemment. Elle tentait de forcer le passage. Mais il la retenait. Et cette vision. Gravée au fond de sa rétine.


Le cri s'estompe. Le malheur se fige. Il tousse, les larmes remplissant ses yeux foncés. Il tombe à genoux. Son pantalon trempé, l'eau qui va et vient. La vie ne s'arrête pas. Elle continue. Sans prendre le temps de se retourner sur le passage de ceux qui s'effondrent, sans attendre ceux qui ne se relèvent pas. Jules n'avait plus la force de se redresser. Il aurait voulu enfoncer son visage dans cet eau, et cesser de respirer. Cesser jusqu'à ce que, les poumons brûlant, il prenne cette eau salée pour de l'oxygène, et s'en étouffe. Cesser de pensée, cesser de réfléchir. Cesser de porter le poids de cette tâche que lui avait confié le seul être qui l'avait jamais ignoré, et qu'il avait jamais aimé comme un père.

D'un geste machinal, il essuie les larmes. Il renifle. Ses genoux s'enfoncent dans le sable mêlé de galets. Il souffre. Ça n'a pas grande importance. Mais il se relève, lentement. La vie ne peut pas lui échapper. Il ne peut pas s'arrêter. Parce qu'on continue.

Quoi qu'on en dise, inlassablement, on continue.

    « how to save a life. »
Il n'y a pas d'inquiétude à se faire. Et d'ailleurs, à ce moment précis, Jules ne s'en faisait aucune. Ses ongles grattait lentement une petite plaque rouge qui le démangeait depuis la veille. Voyant qu'elle s'étalait, il grommela, rabaissa la manche de sa chemise de coton, et reporta son regard face à lui. La tension de la foule était palpable, et faisait instinctivement monter son myocarde. Mais Neela était en sécurité. Avec sa mère, de l'autre côté d'un long cordon tendu pour séparer les familles des potentiels tributs. Il n'y avait pas à s'inquiéter pour elles. Elles vivaient comme elles pouvaient, depuis ces deux années. L'an prochain, le calvaire commencerait. Neela éligible marquerait le début des peurs les plus atroces pour sa mère et son frère. Mais pour le moment, il tentait de ne pas trop y penser. De se concentrer sur cette main qui fouillait au milieu des morceaux de papiers. Il lui avait fallu prendre quelques tesserae pour parvenir aux besoins de la famille, de temps à autre ; mais en fin de compte, si peu, comparé à d'autres. Pourtant, son coeur battait. Comme à chaque Moisson, il n'en pouvait plus, et attendait la sentence. Il avait commencé à travailler pour subvenir aux besoins de sa famille, aidant sa mère dans la commercialisation du poisson que ramenaient les pêcheurs. À eux deux, ils tournaient bien les choses. Mais ce ne serait pas suffisant bien longtemps, une fois qu'il ne pourrait plus prendre de tesserae. Ils n'étaient pas affamés, ni dans un état d'extrême pauvreté. Mais leur vie n'était plus aussi confortable que lorsque l'homme faisait vivre la famille.

« Jules Leews-Raine ! » L'air se fit soudain oppressant. Il battit des cils, interdit. Le choc mua sa crainte en un ébahissement des plus totals. Autour de lui, la foule se fendit déjà quelque peu, et un Pacificateur remarqua le visage terrifié et atterré de ce garçon qui avait désormais tout à perdre, y compris la vie. Il ne comprenait pourtant pas. Il ne comprenait rien. Jamais il n'avait imaginé que cela pourrait lui arriver. C'est bien connu. Les sales trucs n'arrivent qu'aux autres. Et aller aux Jeux, ça n'arrive qu'aux autres. Pourtant, un battement de cils et le pas insistant d'un Pacificateur s'approchant ne lui laissait d'autre choix que de comprendre. Comprendre, paniquer. Les larmes eurent juste le temps d'affluer. « Je suis volontaire. » Figé, interdit. Il ne comprenait désormais plus rien. La scène qui se jouait sous ses yeux n'était plus qu'une pièce de théâtre, observée de derrière un écran quasi opaque. Ses oreilles bourdonnaient, sa vision se troublait. Le Carrière fendit son groupe d'ami, une moue fière sur le visage. Entraîné pour les Jeux, préparé à tout cela. À cette peur, cette excitation, ce stress et cette crainte. Le Pacificateur jeta un dernier coup d'oeil à la silhouette frêle du Leews-Raine. Et, finalement, se détourna, rejoignant ses collègues pour escorter le volontaire.

Sauvé. Tétanisé, apeuré. Il ravala ses larmes, soudainement soulagé. Il se fichait éperdument de ce garçon. Un Carrière, qu'il avait déjà vu s'entraîner avec prétention, dans son coin. Un idiot, une brute épaisse qui faisait les Jeux pour la gloire, les Jeux pour gagner. Un imbécile qui avait pris la place d'un pauvre type qu'il ne connaissait même pas. Un crétin, qui allait selon toute probabilité mourir comme un chien. Et pourtant, Jules, lui, ne parvenait pas à ressentir la moindre peine pour cet adolescent ; pas de chagrin, pas d'inquiétude, pas même de gratitude. Juste du soulagement.

Il avait la chance que la pauvre fille piochée n'avait pas eue. Il allait rentrer chez lui ce soir.
Et rien d'autre ne comptait.

    « tomorrow comes today. »
Il n'avait jamais réussi à trouver que l'uniforme blanc lui allait. Debout, droit comme un i, le regard simple et aucunement prétentieux, il se contentait de faire ce qu'on lui avait appris. Maintenir l'ordre, faire en sorte que les égarements ne soient pas trop nombreux, et qu'il n'y ait pas d'accrocs entre les habitants du district. Il n'avait pas encore eu l'occasion de se retrouver dans un arrondissement plus pauvre. Tant mieux, quelque part ; il avait beau être impartial et loin d'être idiot ou tyrannique, la pauvreté cédait sans cesse du terrain au délit, et l'idée de s'en prendre à des populations tentant juste de trouver de quoi se nourrir et survivre ne le ravissait nullement. Pour le moment, il restait dans les districts plus aisés, et ce, sans aucune appréhension particulière. En tout autre temps que la Moisson, du moins.

Neela était toujours éligible. Neela n'avait que seize pauvres années, et c'était à cet âge-là même que lui avait été tiré au sort, échappant de peu à la mort. Ce moment était resté gravé au fond de son esprit, cicatrice au fer rouge, peau brûlée et encore douloureuse à ce jour. Durant longtemps, il avait rêvé que personne ne s'était porté volontaire à sa place, et qu'il avait dû partir. Partir, et mourir. Avec le temps des Jeux s'éloignant, ses mauvais rêves s'étaient apaisés ; jusqu'à la Moisson suivante. La peur d'être repris, la peur d'être envoyé aux Enfers. Cela lui était bien arrivé une fois déjà, pourquoi pas deux ? Mais rien. Et l'année suivante, dernière année d'éligibilité, rien non plus. Les cauchemars s'étaient apaisés, ses appréhensions s'étaient déplacées sur la silhouette frêle et gracieuse de Neela. Et si c'était elle, qui partait ? Il refusait d'y croire. Il refusait d'aller même jusqu'à imaginer cette hypothèse, bien que le cauchemar soit sans cesse présent, niché dans un coin de son esprit, attendant patiemment son heure pour le lui ronger, et lui faire perdre la raison. Elle avait été interdite de prendre des tesserae, et avait remplacé son frère aux côtés de sa mère, pour tenir leur stand sur le marché. Et lui avait choisi la voie des uniformes blancs.

Sa génitrice avait tout d'abord cru à une blague. Les Pacificateurs ? Mais ... Pourquoi ? Ils ont causé la mort de ton père ... Pourquoi ? ... Elle s'était rendu compte qu'il y pensait vraiment. Et s'était forcée à ravaler ses larmes. L'avait laissé partir. Lui et son désir de faire tourner les choses rondes, lui et son envie de remettre les pieds dans un chemin plus droit que ce que son idiot de paternel avait pu prétendre à faire. Lui, et son désir de faire vivre sa famille, et de vivre lui-même. Se détacher un peu de ce joug, prendre une place qu'il se construirait lui-même. Sortir de sous l'emprise de cette ombre maudite du père, qui planait sur son dos depuis sa plus petite enfance, et empoisonnait son existence à l'en asphyxier. Il voulait vivre. Choisir l'ordre avait été pour lui un moyen comme un autre. Bon soldat, l'esprit fin. On ne lui demandait pas de réfléchir, juste d'agir. On lui reprochait bien souvent de trop anticiper ses coups, de vouloir trouver ce qui était le mieux, au lieu de le faire. Il avait appris à se laisser guider par son instinct, à faire taire son esprit tordu et acharné, et à développer sa force physique. Mais il n'avait jamais gommé l'esprit fin. Jamais, tant et si bien que l'adaptable qu'il était parvint à se trouver rapidement une place, à se faire rapidement apprécier de ses supérieurs, sans pour autant que ceux-ci ne l'avouent. Son année à l'essai s'était déroulée avec brio. Et il imprimait désormais ses propres pas dans le sable, suivant son instinct et les directives, appliquant les ordres et promenant son regard curieux et méticuleux autour de lui. Mais il ne se trouvait pas pour autant à l'aise dans l'uniforme blanc.

Quelques pas simples. Il se laissa tomber sur son lit, passa ses mains sur son visage. Lentement, ses paumes rendues calleuses à la force des entraînements s'arrêtèrent, obstruant totalement son champ de vision. Il s'immobilisa, allongé ainsi, une jambe tombant hors du lit, un pied sur deux posé au sol, l'autre dépassant à l'extrémité du matelas, mais maintenu en hauteur. Coudes levées, doigts serrés. Paupières closes. Ses pensées s'envolaient, remontaient le temps. Son père, sa soeur enfant. Il laissa ses bras retomber de chaque côté de son corps endolori et épuisé. Son formateur et ses reproches, sa mère et ses mots doux lorsqu'il était plus jeune. Il se tourna, se décala, désormais entièrement allongé, sa tête reposant sur son oreiller. Sa soeur, à sa première Moisson. Il avait l'esprit trop plein, les pensées trop brouillées. Le désespoir d'un vainqueur, le vide et l'horreur au fond de son regard. Dans un mois, les Jeux. Dans un mois, il serait transféré pour accompagner les tributs du district ; l'on le lui avait déjà proposé. Il se souvenait de ses premiers Jeux en tant que Pacificateur, l'an passé. Et il revoyait la folie et le désespoir, derrière ce sourire charmant. Qu'est-ce qu'ils t'ont fait, Tywin ? Qu'est-ce qu'ils ont fait de toi ? Une fatigue impossible à supporter, et la douleur au creux du ventre. Heureusement qu'il n'y était jamais allé. Mais voir le supplice dans les yeux d'un autre était parfois infiniment pire.

Son souffle s'allégea, ses paupières crispées se détendirent.
Le sommeil l'emporta, non sans laisser cet arrière-goût amer de compassion et de malaise qu'il lui apportait depuis cinq longues années déjà.

    « who knew ? »
Il y avait un certain nombre de choses dont il avait toujours rêvé. Avoir un père figurait bien entendu en tête de liste, mais il s'était depuis longtemps déjà résigné à sa cause d'enfant ignoré. Il ne s'en plaignait pas, ne s'en était jamais plaint ; d'autres n'avaient pas eu la chance d'avoir un père en vie suffisamment longtemps pour s'en souvenir, aussi relativisait-il assez facilement. Récemment, cependant, ses projets étaient devenus bien plus réalisables que l'utopie de ses années d'enfance. Ses années en tant que Pacificateur commençaient à faire grossir son expérience. Elle n'avait rien à voir, certes, avec celles de ses aînés, mais il ne demandait pas tant un poste haut gradé qu'un respect de la part de son supérieur. Et, progressivement, il l'avait obtenu. Ne se détachant pas particulièrement de la masse des autres, mais étant suffisamment efficace dans sa profession pour avoir la confiance du Chef Pacificateur du district neuf, de longues années durant, puis du quatre, où il était finalement revenu. Il s'était posé, avait trouvé ce semblant de stabilité, participant toujours néanmoins à l'encadrement des tributs lorsque le temps de la Moisson venait. Le chef Pacificateur du district se faisait vieux, et aux dernières nouvelles, le nouveau serait probablement élu dans les Pacificateurs actifs du district, le Capitole n'éprouvant nul besoin de remuer ciel et terre pour trouver quelqu'un d'autre si ceux-ci étaient taillés pour le poste. Ambitieusement, Jules aurait aimé. Il n'aurait pas tué pour cet objectif, mais il lui plaisait. Le statut était alléchant, et il avait l'esprit suffisamment bien tourné pour prétendre à vouloir occuper cette place. Oui. Il aurait pu.

Mais maintenant ?
Il se recroquevilla au fond de sa cellule, ses bras enroulés autour de son ventre, les yeux fermés. Poignets enchaînés, le coeur au supplice, et la folie à l'esprit de ne pas avoir vu le jour depuis ... Depuis quand déjà ? Il n'en avait plus la moindre idée. Il aurait voulu s'endormir, mais son organisme luttait perpétuellement, ne sachant plus s'il était ou non l'heure de sombrer, et la peur au ventre de ne jamais se réveiller. Au bout de quatre-vingt-dix heures éveillé, le corps commence à craquer, et l'esprit à divaguer. Il n'en pouvait plus. Plus de larmes pour pleurer, plus rien pour s'apitoyer. Où étaient passés ses projets ? Oubliés, envolés. Depuis cet instant où les rebelles avaient mis la main sur lui, depuis ce simple moment où il était tombé avec un collègue sur une de leurs escapades. L'escarmouche s'était mal déroulée, et l'autre était mort. Mais lui, on l'avait embarqué. Lui, on avait dû pouvoir penser qu'il servirait. Pourquoi ? Les questions lui faisaient saigner l'esprit depuis ce moment où il avait ouvert les yeux, dans cette cellule à l'odeur moisie. On lui avait expliqué qu'il se trouvait au district treize. Et qu'il n'en sortirait pas.

Neela. Sa mère. Qu'allait-il leur arriver ? On devait le dire mort, là-bas. On devait parler de lui au passé, et sa princesse était sûrement en plein deuil. Il lui arrivait d'y penser. D'imaginer son chagrin. Même si, la plupart du temps, il se morfondait davantage sur sa propre situation que sur celle des autres. De ses proches. De ceux qui comptaient.

Il renifla doucement, crispa les paupières. La douleur abdominale revenait, insupportable et lancinante, vieille cicatrice bien trop fraîche de cette altercation qui lui avait valu un emprisonnement. Il se recroquevilla un peu plus sur le malheureux matelas dont était pourvu sa cellule. Mâchoire serrée. Le coeur à sec d'espoir.

Plus de place pour les rêves, désormais.
La réalité les avait tous une nouvelle fois dévorés.

    « whatever you do, don't be afraid of the dark. »
À quoi ça sert, de se battre ? À quoi ça sert, de garder l'espoir et la tête haute, le teint frais, et le regard de défi ? À rien. À rien du tout. Cela ne lui avait servi qu'à souffrir, puis douter. Souffrir encore, et douter davantage. Il en avait perdu la raison, et perdu l'orientation. Spacio-temporelle, ou dans ses idéaux ; pas de différence. Il n'espérait plus sortir de là. Les ténèbres avaient enveloppé son esprit, l'avaient bercé de cruauté et de tristes réalités. Il n'avait eu d'autre choix que de s'adapter, et de se faire une raison. Durant quelques temps, il s'était muré dans le silence, fermé à toutes les tentatives d'approches que l'on avait fait à son égard ; il ne voulait pas de leur seconde chance, de leur offre de rachat. Il ne voulait pas les rejoindre, refusait de se battre pour leur cause. Et puis il y avait elle. Elle était arrivée, venue lui apporter régulièrement à manger. À boire. Un peu de présence, un peu de réconfort. Même à elle, il était resté fermé. Hermétique à toute tentative d'intrusion. Mais, avec le temps, il avait craqué. Lentement, sûrement, le cerveau écrasé de doutes. On ne lui avait pas fait vraiment de mal, physiquement. Se contenter de lui dire que ses amis l'avaient abandonné, et qu'il était si peu important que personne ne l'avait recherché avait été trop peu, pour les premières semaines. Mais progressivement, le doute l'avait pris, comme une gangrène. Et il avait commencé à croire tout ça. Commencé à l'admettre. Personne ne viendrait. Il n'avait jamais réellement cru en le Capitole. Seule sa profession de Pacificateur lui importait. Et ses frères d'armes ne lèveraient pas le moindre petit doigt pour le récupérer.

Le regard vitreux, les pensées vagabondantes vers les eaux paisibles du district quatre, l'homme se contentait d'exécuter les gestes que son médecin lui demandait de faire. Son épouvantable blessure à l'abdomen avait cicatrisé. Son coeur, lui, saignait plus que jamais. « Tout va bien ? » Non. Bien sûr que non. Rien ne va. Rien ne va plus. Il avait trop discuté. Trop parlé. Il en avait trop raconté, il n'avait que trop fait confiance. Il s'était laissé manipuler, le sentait, le savait, au plus profond de lui-même. Mais ils n'avaient peut-être pas tort. Le Capitole était monstrueux, la population de Panem rien de plus que de la chair à canon, une chaîne d'esclavage ininterrompue, et une source de distraction au temps de la Moisson. Le Capitole ne faisait rien de bien, et les Pacificateurs étaient l'allongement de leur bras, leur manière de garder la population dans cet étau. Il était venu le moment où il ne savait pas pourquoi il avait fait tout ça. Où il ignorait pourquoi il avait pris le parti de ces gens, de ces monstres. Le doute s'était fait harassant, ses défenses avaient lâché. L'eau avait emporté ce qui lui restait de conviction, et il avait dû reconnaître que les rebelles lui avaient réservé un traitement de faveur, par rapport à ce qu'eux, monstres, leur auraient fait subir. Il n'avait plus su où donner de la tête. Et désormais, rien n'allait plus. « Ça va. » Une voix vide, creuse, totalement méconnaissable. Plus la moindre étincelle de vie pour la rythmer, un ton monotone pour un être au supplice. Il ne pouvait oublier Neela. Il ne pouvait renoncer à elle, ni à sa mère. Et ces enfoirés s'en étaient servi. Le Capitole ne les protègerait pas. Mais lui, il pouvait se battre pour les aider. Soi-disant.

« J'ai fait un cauchemar cette nuit. » Elle lui sourit. Elle va lui donner son traitement. Pour calmer ses nuits, calmer ses nerfs. Le calmer tout court. Faire en sorte qu'il ne passe pas chaque minute de stress à trembler comme une feuille, les nerfs à fleur de peau, la folie le guettant. Au bord de se rendre compte que, de ce côté-ci non plus, il n'apportait rien de bon.

    « siegfried. »
On aurait dit un enfant. Assis contre le mur, les jambes ramenés contre sa poitrine, à l'abri des regards, à l'abri des autres. Un gosse, perdu, retourné à ses cinq ans, lorsqu'il ne suscitait rien de plus que l'indifférence, de la part de son père. Mais aujourd'hui, son père n'était plus là. Aujourd'hui, il s'agissait d'autres démons, d'autres soucis. D'autres maux, et d'autres efforts épuisants et non-reconnus. Il se battait encore. Près de vingt ans après la mort de son paternel, le même schéma semblait se répéter. Se battre, s'échiner à vouloir faire ses preuves. Et ne récolter que l'ignorance, le mépris et l'indifférence. Se retrouver enterré avant même d'avoir vu le jour, être sans cesse réprimandé au moindre millimètre de travers, mais jamais récompensé ou félicité lorsque tout allait selon le bon vouloir de ses supérieurs. Comme avant. Comme toujours, lui semblait-il désormais, assis dans ce pauvre coin misérable du district treize. La vie était-elle condamnée à être si répétitive, et si lassante ? Si désespérante et si injuste ? Il avait tenté de tirer un trait, depuis toutes ces années. Et de se prouver qu'il pouvait mériter autre chose que de l'indifférence. En vain.

Quelques sanglots secouèrent son torse. Il se força à les maîtriser, à ne pas craquer. Bien que plaqués contre sa peau mate, ses doigts tremblaient imperceptiblement. De colère, de douleur. Il n'en pouvait plus. Il aurait voulu que tout ce mal cesse, qu'il puisse fermer les yeux, et ne jamais les rouvrir. Qu'enfin, il s'en aille, et qu'il cède sa place à quelqu'un d'autre. Que les autres souffrent, que les autres paient. Mais lui n'en pouvait plus. Lui baissait les bras. Lui abandonnait. Il avait perdu ses repères, perdu ses attaches. Il était seul, et l'on n'avait pas confiance en lui, pour beaucoup. Il voulait leur prouver. Mais il n'y avait rien à faire. Rien.

Les sanglots se calmèrent, ses mains retombèrent sur ses genoux, alors qu'il détendait les jambes, les étendant sur le sol poussiéreux du sous-terrain. Il rouvrit les yeux, mâchoire serrée, le regard vrillé droit devant lui. C'était un supplice. C'était un cauchemar, et un enfer. Il se forçait à garder la tête haute, à continuer. Il prenait ses médicaments, s'empêchait ainsi de baisser les bras, ou de se demander ce qu'il faisait là. De craquer, et de hurler. De s'effondrer, et de ne jamais se relever. Il voulait se souvenir de Neela, et se souvenir de sa vie au Quatre. Il voulait espérer, espérer de tout son être ; que rien ne lui soit arrivé durant la rébellion, qu'elle n'ait pas été attrapée durant la purge, ni elle ni leur mère. Il savait qu'un Pacificateur l'avait reconnu. Il le savait. Il savait aussi que ce Pacificateur n'avait pas survécu à l'altercation. Avec un peu de chance, sa tête ne serait pas placardée au Capitole, ni nulle part ailleurs dans les Districts. Avec un peu de chance, personne d'autre ne l'aurait reconnu, et sa mère ni sa soeur n'auraient été arrêtées. Le problème c'était que, pour le moment, il n'en savait rien.

Ce poids, sur ces épaules. Cette charge, dont il n'avait pas voulu. Cette inquiétude, qui lui tordait le ventre à chaque seconde. Sa vie était devenue un enfer, et l'anxiété le rongeait, pareille au plus malin des cancers. Mais il n'avait d'autre choix. D'autre choix que d'avancer, et d'obéir aux ordres. Indifférence ou non. Critiques ou non. Il était un soldat. Il s'était battu pour le Capitole, se battait pour le Treize. Tant de sang sur les mains. Peu importait le camp, peu importait la couleur de l'uniforme ou les idéaux. À ce stade, à ce niveau de massacre et de cruauté, à ce stade de sauvagerie et de hargne, il n'y avait plus rien. Dès qu'une balle siffle, vole, la politique et les idées, toutes ces conneries s'évaporent. Il n'y a plus rien. Plus rien que soi, la vie, et la mort qui tend les bras. Plus rien d'autre que cet instinct de survie qui muait tout et chacun à continuer d'avancer. À continuer de se battre. Il avait du sang sur les mains, des remords sur le coeur, un regret qui lui foutait la nausée. Et peu importe qui, peu importe pourquoi, ou comment.

Il n'y avait plus que du sang.



Dernière édition par J. Siegfried Leews-Raine le Sam 11 Jan - 14:34, édité 13 fois
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Reed Emerson
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MessageSujet: Re: i'll putting out the fire with gasoline. ✢   i'll putting out the fire with gasoline. ✢ Icon_minitimeLun 6 Jan - 20:39

Rebienvenue, hâte de lire cette nouvelle fiche i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 3158078346

Fan de Tarantino, hm ? Ce soir, y'a justement Pulp Fiction à la tv, et ça va être la première fois que je le vois (la honte, je sais  i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 178029134 )
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Ambre L. Galeoni
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MessageSujet: Re: i'll putting out the fire with gasoline. ✢   i'll putting out the fire with gasoline. ✢ Icon_minitimeLun 6 Jan - 21:08

Avoue que tu aimes faire des fiches, en fait i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 1147778360

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MessageSujet: Re: i'll putting out the fire with gasoline. ✢   i'll putting out the fire with gasoline. ✢ Icon_minitimeLun 6 Jan - 21:09

Bowie, tarantino, Siegfried, mais toi t'es genre un attrape-fan  i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 4252163159 i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 4252163159 i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 4252163159 

Nous faudra un liennn ! >o<
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MessageSujet: Re: i'll putting out the fire with gasoline. ✢   i'll putting out the fire with gasoline. ✢ Icon_minitimeLun 6 Jan - 23:32

Elyas crac crac Tarantino c'est genre ... I don't know, je sais que plein de gens aiment pas, mais c'est la vie. Pulp Fictiooooon. i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 2379918416 Et merci, j'espère que le nouveau p'tit Sieg' te plaira. i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 2774444739

Ambre. i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 1147778360 i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 2774444739

Tyty, soulmate. i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 2379918416 i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 2379918416 I need a link, yeeeees. chou chou I love you (au moins parce qu'on a les mêmes goûts, okay. on trouvera, on trouvera.)


J'ai fait le paragraphe, j'm'attaque aux questions, et je ferai l'histoire demain ou mercredi je pense. chou Enfin on sait que les prévisions ça peut être faussé, mais j'vais vraiment essayé de m'y tenir. i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 1881463262 Arrow
i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 2774444739 i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 2774444739
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MessageSujet: Re: i'll putting out the fire with gasoline. ✢   i'll putting out the fire with gasoline. ✢ Icon_minitimeMar 7 Jan - 0:10

JGL, je te reconnais bien là i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 1147778360
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http://www.mockingjay-rpg.net/t6374-this-is-survival-of-the-fittest-this-is-do-or-die http://www.mockingjay-rpg.net/t3544-a-man-chooses-a-slave-obeys http://www.mockingjay-rpg.net/t3545-nature-nurture http://six-ways-to-misbehave.tumblr.com/
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MessageSujet: Re: i'll putting out the fire with gasoline. ✢   i'll putting out the fire with gasoline. ✢ Icon_minitimeMar 7 Jan - 17:37

bro. i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 1147778360 i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 1147778360 crac crac
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MessageSujet: Re: i'll putting out the fire with gasoline. ✢   i'll putting out the fire with gasoline. ✢ Icon_minitimeMar 7 Jan - 18:29

OOh God, si Jaqen était homo, je crois que là, sa proie serait vite vue !!  Shocked 
joseph gordon-levitt  i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 239769179 i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 4205929361 
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MessageSujet: Re: i'll putting out the fire with gasoline. ✢   i'll putting out the fire with gasoline. ✢ Icon_minitimeMer 8 Jan - 11:23

i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 1904686264 i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 1904686264 Je prends ça pour un compliment, je crois que je peux. i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 3686848491
merci. i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 2774444739
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MessageSujet: Re: i'll putting out the fire with gasoline. ✢   i'll putting out the fire with gasoline. ✢ Icon_minitimeJeu 9 Jan - 8:10

Rebienvenue ^^ Bon courage pour ta fiche Smile
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Adonis Nightsprings
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MessageSujet: Re: i'll putting out the fire with gasoline. ✢   i'll putting out the fire with gasoline. ✢ Icon_minitimeVen 10 Jan - 16:12

Reuh mon petit caca *_* ♥♥♥
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Avalon R. Sweenage
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Avalon R. Sweenage
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△ points : 2
△ multicomptes : dely, ridley, dahlia
△ à Panem depuis le : 23/04/2011
△ humeur : mélancolique
△ âge du personnage : vingt-deux ans
△ occupation : garde d'enfants


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MessageSujet: Re: i'll putting out the fire with gasoline. ✢   i'll putting out the fire with gasoline. ✢ Icon_minitimeVen 10 Jan - 17:26

reBienvenue I love you
Je vais te réserver ton avatar pour une semaine i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 3523041270
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http://www.mockingjay-rpg.net/t19-avalon-why-does-my-heart-cry http://www.mockingjay-rpg.net/t82-avalon-can-t-live-without-you http://www.mockingjay-rpg.net/t74-avalon-journal-de-bord
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MessageSujet: Re: i'll putting out the fire with gasoline. ✢   i'll putting out the fire with gasoline. ✢ Icon_minitimeSam 11 Jan - 14:35

merci bien. chou i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 2774444739

et merci Ava, encore désolée du dérangement. i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 1366640713

D'ailleurs, ma fiche est terminée, ça y est ! I love you J'espère que ça conviendra, sinon n'hésitez pas. chou i'll putting out the fire with gasoline. ✢ 2774444739
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Kathleen S. Harper
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Kathleen S. Harper
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MessageSujet: Re: i'll putting out the fire with gasoline. ✢   i'll putting out the fire with gasoline. ✢ Icon_minitimeDim 12 Jan - 1:16

Tu viens d'être validé(e), mais il reste encore plusieurs endroits où tu devras passer pour que nous puissions mettre à jour quelques informations.Voici donc les liens que nous te demandons de visiter à présent.

Pour commencer, pour les vainqueurs et les membres ayant des proches morts aux jeux, n'oubliez pas de les recenser ici. Si tu fais partie des potentiels tributs, va inscrire ton personnage dans les registres ici. Il faudra ensuite que tu recenses le métier de ton personnage ici. Si ton personnage est de la famille du maire de son district, tu peux le recenser ici pour éviter toute incohérence. Il est tout à fait possible que ton bonhomme soit un rebelle. Nous avons mis en place un registre avec leur hiérarchie. Tu le trouvera ici.
Tu peux ensuite recenser le district de ton personnage ici. Pour cela, tu auras besoin de créer ta fiche de liens ici et ton journal de bord ici.
N'oublie pas de vérifier que ton avatar est bien réservé dans le bottin ici, des oublis peuvent parfois être faits. Tu pourras aussi créer un scénario ici.
Il ne te reste plus qu'à passer de bons moments sur mockingjay I love you

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