Zane Hadrien Cresta

❝ WHO AM I LIVING FOR? ❞

about games and relative.

TA MORT TU LA VOIS COMMENT ?
Je l’ai vue tant de fois ... dans le manque d’air du district 2, dans le couteau plongeant de Clayre, dans la flèche plantée dans sa gorge, dans le sommeil apaisé de Troylus, dans l’air surpris d’Aurore, dans le corps inerte d’Henry. Je n’ai jamais imaginé ma mort. Je n’y arrive pas. Elle s’impose à moi à travers d’autres personnes me soufflant ces mots glaciales : « ça aurait pu être toi ». Encore aujourd’hui, malgré m’être senti mourir au travers d’Elizabeth jusqu’au coup de canon, je ne vois toujours pas mort. Inconsciemment, je dois avoir une volonté de vivre phénoménale ou de survie. Peut-être que je ne suis pas un vainqueur pour rien. Je me dis également que voir ma mort est déjà un échec : on accepte de mourir en l’envisageant. Et il est hors de question pour moi d’avoir cette idée avant d’avoir vu les choses bouger. Je ne supporterais pas une mort calme à l’aube de nouveaux Hunger Games.
POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ? Pour Elizabeth. Encore aujourd’hui je pourrais mourir pour elle, remonter le temps et prendre sa place ou mourir lors de mes jeux. Peut-être que cela lui aurait donné plus de chances de ne pas être sélectionnée. C’est eau de rose mais malgré le temps passant, son absence est toujours une blessure vive gardée ouverte par la culpabilité ranimée chaque année. Pour elle, je mourrais également pour Alexiane, sa petite soeur qui lui était si chère et par conséquent, aussi pour Avery. Et aussi parce que les voir mourir me serait insupportable; ce serait perdre ce qui me reste avec Genesis, celle que je considère comme ma petite soeur. Sans une hésitation, je mourrais pour eux. Je sais qu’il vaut mieux pour mourir pour les gens qui nous sont chers plutôt que de les voir mourir. Il va de soit que je donnerai ma vie pour ma famille également. Je ne veux plus voir mon entourage mourir. Mais également, je mourrais pour le Capitole. Pour le voir tomber.
QUEL PETIT PLUS T'AIDE DANS LA VIE (OU JEUX) ?
Dans les jeux, je pense que mon réel petit plus était ma volonté à survivre. C’est ce qui m’a permis d’éviter les pièges, de venir au bout de certains concurrents, d’arriver à les tuer au lieu de me laisser tuer. C’est ce qui m’amène à me méfier et à prendre les décisions qui me conviennent le mieux, de prendre le chemin le plus sûr, de me fier. Sans, Aurore m’aurait probablement tué. Cela me permet de rester fort et de me fier à mon instinct plutôt qu’aux faux-semblants. Mais j’ai également comme plus ma force travaillée à la ferme en portant des mottes de foin à l’époque, à pousser les vaches. Dans le district 10, être fort est un atout à ne pas négliger et que tous peuvent développer.
AS-TU DES PROCHES QUI ONT PARTICIPÉ AUX JEUX ?
Oui, Elizabeth, ma petite amie et ma bouée à travers les cauchemars, digne butin de mon ancienne participation aux jeux. J’ai côtoyé également d’autres personnes ayant pris ce train pour ne jamais revenir et je connais bon nombres de mentors, donc certains que j’ai moi-même aidé à survivre, mais Elizabeth les a tous effacés. Quand je pense aux jeux, c’est elle qui est en première ligne de mes pensées et reste en fond le temps que j’envisage tous les autres. Elle n’a pas survécu aux Hunger Games. C’est pour cela que les jeux se résument à elle, que je deviens autant lunatique quand l’hymne ose sonner dans mes oreilles car je me souviens de tout. Après, je considère également ma bande des Hunger Games comme des proches que je reperds à chaque coup de canon. Je sais qu’au treizième coup, je peux songer à Kim. Je sais que le 22ème est dédié à Henry qui aurait été un meilleur ami dans la vraie vie. Je peux également dire que les jeux m’ont pris mon innocence et ce que j’étais.
TU APPRENDS QU'UNE RÉVOLTE EST ENVISAGÉE PAR CERTAINS, TU RÉAGIS COMMENT ?
J’observe en attendant que cela devienne sérieux, que cela soit une réelle menace pour le Capitole et son gouvernement. Je ne veux pas m’engager dans un mouvement bateau où tous seront tués et oubliés. Mais en réalité, cela dépendra de mon humeur même si au fond de moi, je suis déjà dans la révolte et prêt à m’embarquer. Néanmoins en période ‘joyeuse’, je proposerai mon aide plus rapidement alors que dans ma face sombre, j’observerais, serais présent sans l’être dans mon coin, chercherais à descendre les rebelles pour être sûrs que ce ne sont pas des faibles. Mais il est certain que je participe. Aucune bonne humeur possible ne m’obligerait à pardonner le gouvernement.


JE VIENS D'UN MILIEU favorisé aujourd'hui, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE est abondante. DU COUP, MON NOM A aucune chance d'être tiré au sort, en principe . J'EXERCE LE MÉTIER DE mentor ET POUR TOUT VOUS DIRE, Je n'aime pas ça. JE SUIS DANS LE 1ER DISTRICT. AYANT 23 ans J'ai déjà PARTICIPER AUX HUNGER GAMES ET j'appréhende la prochaine moisson. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.

tell us your story.

« ... Zane Cresta ! »
Je regrettai instantanément ce motif qui m’avait paru satisfaisant ce matin pour refuser une balade avec mon père. Maintenant, il n’avait plus aucun sens.
Je voulais dormir. Les jours de la moisson, tout le monde voulait dormir, fuir le plus possible la réalité qui avait déjà commencé à se glisser depuis quelques jours dans leur quotidien et qui était présente depuis déjà soixante-sept ans : les Hunger Games. Alors lorsque mon père m’avait réveillé de bonne heure pour aller marcher, j’avais évoqué mon désintérêt et mon envie de dormir. Il n’avait pas insisté. Maintenant, je le regrettais. C’est bête mais je suis hanté par cet épisode en regardant la présentatrice se voulant éblouissante pour les caméras avec ses motifs m’évoquant la forêt sur sa peau. A côté de moi, je sens parfaitement que mes amis ne bougent pas, savent qu’ils doivent entamer un deuil sans comprendre de quoi cela relève. Mais je les entends parfaitement. J’entends sans peine ce petit bruit que beaucoup étouffent par respect : le soulagement. Cette année, ce ne sera pas eux. Cette année même, certains fuient à jamais la moisson. Cette année, c’est moi qu’on envoie à la pénitence.
Finalement, une main douce mais forte prend place dans mon dos. Je devine sans peine Jared. Il ne me pousse pas mais ne me retient pas pour autant. Il ne peut rien faire. Il me fait simplement revenir à la réalité mais je me doute que cela gronde en lui mais je suis trop sonné pour réfléchir alors j’avance finalement vers la femme colorée qui me sourit comme si j’avais gagné un cheval. Cela me rappelle la ferme. Qui allait aider mon père maintenant ? Je n’aimais pas spécialement les tâches fermières mais je me préoccupais quand même de ma famille surtout avec cette lubie de mes parents d’avoir encore un enfant âgé qu’un an aujourd’hui, une lubie que j’avais critiqué ironiquement pendant longtemps mais j’étais le premier à m’occuper de ma soeur. Sur scène, je n’ai pas la force de les chercher du regard. Je sais qu’ils regrettent d’avoir eu encore un enfant car c’est une nouvelle chance de laisser le Capitole détruire leur vie. Maintenant que je partais pour la mort, ils s’en voulaient d’avoir fourni une participante de plus aux ‘Hunger Games’.
Je n’entends pas les derniers mots, je ne note même pas l’absence de volontaires. Cela fait longtemps que nous n’en avons plus et personne ne se sacrifierait pour moi. Mais je remarque que la seconde tribut du district 10 possède une lueur d’espoir crevé dans l’oeil. Elle a du espérer faussement. Je me souviens d’elle mais je ne la connais que de vue et de peu de paroles lors d’un anniversaire de mon père. Ce dernier avait décidé de marquer le coup en invitant des personnes dont son vieil ami avec qui il avait mille et un coup jeune. Mais les Hunger Games avaient emporté le frère de l’ami et ce dernier s’était fermé au monde en prenant trop de temps pour revenir. Leur amitié était devenue plus lointaine. J’avais la fille de cet homme que les Hunger Games avaient déjà su frapper en rivale, en personne à tuer si elle ne me tuait pas la première. Etrangement, j’espérai qu’elle fût tuée rapidement par quelqu’un d’autre. Aussi stupide cela pouvait-il paraître pour un enfant du district 10, j’espérai survivre. J’espérai en marchant, mes yeux fixés sur les anciens vainqueurs. Ils avaient survécu. Mais une petite voix avec un ton sifflant me souffla qu’en voulant survivre, je ne me préparais que mieux à une mort terrible, au désespoir. Mais merde. J’avais quinze ans. Je n’arrivais même pas à réellement prendre conscience du fait que j’allais mourir malgré les anciens Hunger Games que j’avais regardé, malgré ces nombreux tributs de chez nous qui n’étaient pas revenus, malgré le regard hanté de nos vainqueurs. Néanmoins je savais que je saurai cruellement en prendre conscience le moment venu.

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« Bon et bah voilà mon garçon ... fais de ton mieux. »
Great. Awesome. Merci du conseil. Néanmoins, je musèle mes lèvres pour ne pas partager mon ironie. Le temps des adieux est venu et bientôt, les pacificateurs viendraient m’embarquer pour le plus beau des voyages. Je verrai enfin Panem. Malheureusement, ma destination finale n’était pas attrayante. Je relevai les yeux d’Ada, ma petite soeur semblant muette comme si elle avait senti que quelque chose se tramait. Je me refusai à penser à tout ce que j’allais louper. Bêtement, même envisager Mouvah ma vache - mon cadeau de neuf ans d’où le nom grotesque - seule me faisait glisser dans le gouffre duquel je m’étais approché en montant sur la scène. Il ne fallait pas que j’y ose un pied. Il fallait que je garde un mental fort. Ou devais-je tirer ma force de mon amour pour ma famille ? Je n’en avais aucune idée mais pleurer n’arrangerait rien. Je ne voulais pas laisser cette image à ma mère qui avait pleuré et peinait à se retenir. Mon père, lui, peinait à trouver les mots. Finalement, ils furent congédié et s’en allèrent après des étreintes à en briser un taureau avec des « Je t’aime. On t’aime. » qui garderaient leurs voix vives dans ma mémoire. Je les laissai s’en aller, accueillant les visiteurs suivants. Je décidai de voir ça comme une veillée funéraire à laquelle je pouvais assister histoire de m’alléger l’esprit mais cela me concerna plus et lorsque la porte du train se ferma, j’eus l’impression d’entendre le coup final scellant un cercueil. Joyeux.

Les clameurs commencent à perdre de leur force et s’éteignent dans une belle harmonie lorsque l’écran commence à afficher le résumé des Hunger Games, jeux dans lesquels j’ai brillé puisque j’étais le dernier vainqueur. Moi, Zane, rentre à la maison. Je suis le gagnant de la 67ième édition des jeux de la faim.
Dans le noir, j’entends la foule gronder et je regarde sans voir les images d’un temps révolu montrant un garçon innocent qui n’arrivait pas à cerner ce qui allait lui arriver, le garçon qui serait nommé le mignon fermier aux yeux revolver et qui serait le vainqueur. Mais bientôt, je ne vois plus les images. Je commence par plus me voir et simplement guetter Clayre, l’autre tribute du 10, qui apparaît de temps à autres, puis les souvenirs se font clairs dans mon esprit et ainsi je peux compter ceux qui m’habiteront jusqu’à la fin.

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« Une fois la surprise ravalée, l’impatience me brûla les jambes, me les souda à ma vulgaire plaque en métal sous moi. L’environnement autour de moi était propice au massacre : une immense plaine verdoyante. Les premiers arbres visibles avaient la taille d’un ongle à l’oeil nu. Le choix posé par le Capitole était simple : fuir dès le départ ou devenir maître de la Corne d’abondance. Je n’arrivais pas à avaler ma salive et encore moins à regarder les autres tributs. Certains allaient mourir dans les minutes suivantes. J’allais peut-être mourir dans la minute qui suivait. Je n’eus pas le temps de réfléchir ou de paniquer plus loin car la voix de Claudius s’élève :
« Que les soixante-septième Hunger Games commencent ! »
Je n’eus d’autres choix que de me jeter dans la mêlée, courant le plus loin possible. Je ne comprenais franchement rien à ce qui se passait, ne sachant pas si je devais attraper un sac ou pas. Tout était flou. J’aurais mieux fait de fuir car visiblement, je n’étais bon qu’à courir. Du coin de l’oeil, je vis une fille me viser avec un couteau mais elle ne vit pas ce que je vis : Henry. Il avait visiblement trouvé une hache qu’il planta sans ménagement dans la fille qui s’écroula. Il me jeta le couteau à mes pieds :
« Bouge tes fesses Cresta ! Il faut descendre les carrières ! »
Ces derniers ne s’attendaient pas à une alliance. Dans toute l’histoire des Hunger Games, ils étaient la seule alliance existante. C’était eux qui tuaient un maximum au début, offraient les premières victimes au public de Panem. C’était eux qui avaient le dessus. Mais pas cette fois-ci. Tout se passa dans un brouillon inqualifiable et j’avisai soudainement que Clayre s’était pris un coup d’épée dans la hanche. Sans réfléchir, je sautai sur le tribut, l’enfermant solidement dans mes bras rendus forts par les meules de foin portées toute ma vie, par ces travaux de la ferme. Mais le tribut me fit basculer en arrière, mais je ne lâchai pas. Parfois pour rire, nous jouions au rodéo chez moi et je savais m’accrocher. Je sus remonter un bras autour du cou du tribut qui commença à me griffer et au-dessus de moi, j’aperçus Clayre qui abattit fatalement l’épée que le tribut avait utilisé contre elle. Il n’y eut plus de résistance. Je tenais un cadavre dont je me dégageai. L’endroit était déjà entrain de se calmer et à mes pieds, je reconnus le garçon du 2. Plus loin, Henry se releva tâché de sang et je devinais qu’il avait égorgé la fille du 1. Je reconnaissais ses longs cheveux blonds. J’aperçus également Troylus qui s’essayait à l’arbalète sur des tributs encore visible dans la prairie. J’en vis un tomber, j’en vis plus continuer à courir, se cacher. Troylus n’était pas doué. Finalement, le silence arriva et il ne resta plus que nous. Mais nous-mêmes n’étions pas intacts. Aurore était agenouillée vers Kim qui saignait abondamment du front. A la couleur de sa peau, je sus qu’elle n’en avait pas réellement pour longtemps sauf si elle restait cachée derrière nous. Adam, quant à lui, il était mort. »

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« Le silence est retombé sur l’arène avec la nuit. Les hovercrafts passés, nous avons partagés tout le butin et mon espoir de vivre s’est renforcé. J’avais de quoi survivre. Mais Henry n’a pas voulu s’arrêter là. Reprenant le mode des anciens carrières, il me prit avec Troylus pour s’assurer que la prairie était vide. Pendant quelques pas, je m’accorde de souffler et j’observe l’endroit, ébahi : de nuit, la vue était belle. Un mouvement me fait sursauter mais ce n’est rien à côté de l’élan de panique dont fait preuve Troylus qui se met à crier et bien vite, j’entends une première flèche filer dans l’air et un cri. Le temps que je me retourne, le district 6 est déjà sur un pauvre tribut et le finit au couteau, les muscles tendus, toujours entrain de hurler.
« MAIS C’EST PAS VRAI ! hurla Henry en lui envoyant son pied dans la figure tel un ninja de renom oublié, TROYLUS MERDE ! »
J’assiste à la scène, figé et sûrement en restant immobile, je l’entends. Son cri étouffé, ses mouvements essayant d’être silencieux pour retrouver sa place qu’elle avait du quitter pendant que Trolyus se défendait ou attaquait ou tuait. Qu’importe. Je ne voulus pas me retourner, mais je dus et j’aperçus aisément son corps sous une sorte de camouflage. Je plante l’épée que j’avais eu du butin droit dans le coeur sans réfléchir. Elle pousse un cri mais je sais qu’elle n’a pas vu le coup venir. Je retire ma lame et m’éloigne sachant qu’Henry m’observe, ayant arrêté de crier sur Troylus. Ce dernier souffle comme un boeuf et je sais qu’en tuant cette fille, il est encore plus effrayé de se dire qu’il en reste autour de nous. Deux autres périrent peu après.
Ils furent douze à être affichés dans le ciel noir. Les carrières inaugurèrent le défilement des photos et je constatai que la tribute du 3 avait survécu. Je me mordis la lèvre en voyant Adam et Kim sembla gémir derrière moi. Henry grogna lorsque le tribut du 8 s’afficha et je devinai qu’il aurait aimé voir la tribute du 7 dans le ciel. Pour les derniers portraits, je me retournai pour voir comment allait Kim. Je n’avais pas envie de mettre un visage sur la fille que j’avais tué dans la prairie. Je m’endormis plus tard en entendant Henry dresser la liste de ceux restant ou simplement parce qu’au final, à force de garder les yeux fermés de peur de voir le visage de Clayre tuant, le noir prit le dessus. »

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« Personne n’a envie d’être là à vagabonder pour tuer ceux qui se trouveraient sur notre chemin. On a peut-être anéanti les carrières mais notre bande n’a pas la trempe de ces derniers : aucun de nous n’est un véritable tueur. Sauf Troylus qui use trop de son arbalète dès qu’une branche se casse. Même si on en avait pas besoin, on a eu deux lapins et un oiseau. Kim boite derrière et je soupire en ne comprenant pas pourquoi elle est venue. Elle aurait du rester avec Clayre et Aurore. C’est stupide ce qu’elle fait. Je soupire une nouvelle fois et je devance Troylus qui sursaute, pour rejoindre Henry devant.
« Je crois pas que Kim va tenir longtemps, commençai-je pour aborder l’idée de la ramener au campement. Mais je fus arrêté dans mon élan.»
La terre qui glisse, un pied glissant sur une branche avec un faible cri et un fort cri de Troylus, une flèche n’ayant même pas le temps de siffler dans l’air. Un dernier souffle.
« Dites-moi que je rêve ! hurle Henry qui se retourna avant moi.»
Je me retourne et découvre Kim par terre, une flèche plantée dans le menton. Un coup de canon retentit pendant qu’Henry secoue comme un prunier Troylus. Elle avait glissé et était tombée sur lui. Il eut peur. Nous n’étions que plus onze et au regard qu’Henry me lança, je me doutais que le chiffre n’était pas loin si notre allié commençait à perdre les nerfs.»

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« Henry vient de mourir. Son corps repose un peu devant moi, une hache dans la tête provenant de la district 7. Je comprenais pourquoi il ne la voulait pas dans l’alliance : elle voulait le tuer. Maintenant, il ne reste plus qu’elle et moi. Clayre est morte peu de temps après Kim, la nuit suivante, avec une flèche dans le cou provenant du garçon du district 9. Il avait réussi à voler l’arbalète de Troylus. Ce dernier fut le suivant car quelques jours plus tard, il décéda après avoir mangé une mixture faite par Aurore. Elle l’avait empoisonnée et dans un élan de violence ou pour faire diversion, je lui envoyai le bol de nourriture dans le visage et elle dut en avaler un peu. Elle mourut rapidement également. Suivit le district 9 qui céda face à Henry et moi. Les autres tributs finirent de s’entretuer et bientôt, nous fûmes trois. Puis deux.
Je me sens épuisé et mon affrontement avec le 9 ne m’a pas laissé idem avec une flèche reçu dans l’épaule et une m’ayant griffé la jambe mais je m’en sors mieux que celle du 7. Après tout, j’avais eu la Corne d’abondance pour survivre et je me rendis compte que j’étais à un pas de ma maison.
Impulsive et au bout du rouleau, ayant eu la même pensée que moi, la fille se jeta sur moi avec la hache récupérée sur le corps d’Henry. Je me souviens d’un jeu auquel je jouais petit avant que mon père me mette une sacrée branlée car il disait que je stressais les vaches avec mes copains. C’était un jeu où on s’arrangeait pour que ces dernières nous chargent et nous essayions de les éviter. Avec les veaux, on les arrêtait avec notre simple force. Alors qu’elle abat sa hache sur moi, je ne sais trop comment, ma main entre en contact avec le bois et j’arrive à arrêter son coup. Mais mon bras tremble déjà sous la force prodiguée par les deux mains de la tribute. Dans un dernier élan, je dégomme un couteau et lui plante dans la poitrine. Sa hache s’abat sur mon épaule quand même mais fortement ralentie même si je crains le pire mais déjà, le dernier coup de canon retentit. J’ai seulement la force de supposer que si je suis encore entrain de réfléchir, c’est que je suis encore en vie. »

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J’ai droit à une nouvelle vague d’applaudissements et de cris m’offrant quelques minutes de gloire. Caesar me sourit gentiment et je cligne des yeux sans comprendre. Les séquences ont été montrées alternant les meurtres et quelques scènes de vague rire parfois me laissant deviner qu’ils me donnent l’image du malin. J’étais dans l’alliance, j’ai attaqué par derrière le 2 et tué une fille qui était à terre. J’ai laissé Kim derrière et j’étais protégé des flèches par le corps de Clayre qui m’est tombé dessus alors qu’elle montait la garde. J’ai laissé Troylus goûter en premier la nourriture et tué Aurore en retournant son arme contre elle, attaqué le 9 avec Henry et enfin, laissé Henry affronter presque seul la fille du 7. Il n’y a qu’elle que j’ai affronté de face. Le Capitole m’acclame quand même mais je n’arrive pas à me sentir bien. Au contraire, je suis horriblement tendu en me sentant écrasé par un poids avec la menace qu’un autre me tombe dessus m’aspergeant de sang. A travers la tumulte, j’entends presque le souffle lourd de Kim et j’ai peur de bouger, chose qui m’attirerait la panique de Troylus. Ma bouche est sèche comme si Aurore me l’avait empoisonnée et je sais qu’Henry aurait du être à ma place. C’était lui le malin de l’histoire. Finalement, c’est la fin de l’émission et on me relâche. Demain, je rentrerai à la maison.

La fantasque Capitole finit par s’éteindre pour le district 10. Les applaudissements de la foule avaient fini par se taire et les personnes étaient redevenues normales. Plus de couleurs ou autres excentricités, seulement les habitants du 10 qui n’acclamaient aucunement les jeux de la faim, seulement des gens au service de Capitole. Durant les jeux, je n’avais attendu que cet instant où je serais à nouveau dans ma chambre, ma petite soeur dans son lit, mes parents en bas, cet instant où tout serait derrière, où je pourrais feindre que rien ne s’est passé. Mais ce ne fût pas le cas. Je ne supportais pas de revenir à la normale alors que tous les autres étaient morts. Je ne voulais pas emménager dans ma maison de vainqueur mais il ne me fallut qu’un jour pour changer d’avis. Mais bien vite, je tournais en rond, m’assommais à coup de somnifères pour faire une nuit entière sans me réveiller entrain de m’étouffer ou même entrain d’hurler à d’anciens souvenirs des défunts et de leur mort. Au final, la tournée des vainqueurs me soulagea. J’étouffais parmi ceux qui n’avaient jamais cessé de vivre comme avant, ceux qui avaient vu mon Hunger Games comme un autre Hunger Games. Ils réagissaient comme moi j’aurais réagi si je n’avais pas été participant. Partir me sembla bénéfique même si fêter la mort d’autres parmi les districts ne fut pas joyeux. Mais j’appris qu’en mouvement, il était plus facile de ne pas se laisser abattre. Je continuais à vivre sans être retenu par mes souvenirs. Dès lors, je me mis à voyager, à passer mon temps à passer de district en district, grimaçant à la vue de la famine, continuant mon chemin ou au contraire, aidant parfois. Puis j’eus mes premiers Hunger Games en temps que mentor. Une édition couronnée de succès étant donné que ma tribute est la dernière à se tenir debout dans l’arène. L’année suivant, mes tributs ne survivent pas à la première journée. Celle d’après, le dernier tribut du 10 décède sous l’épée d’un carrière. Peu après les jeux, je décidai de déménager du district 10 avec la promesse de passer souvent voir ma famille et mes amis Dawnson. Mon rôle de mentor avait commencé à me hanter vis-à-vis de Genesis et Jared et d’autres encore. C’était peut-être une des raisons de mon départ. J’entrepris un nouveau voyage, passant en premier dans le onze même si je doutais fort d’y emménager. Je visais plutôt un district proche du Capitole là où ses méfaits comme la famine avaient peu d’effets. Voir des gens sous le coup du malheur était la dernière chose que je souhaitais voir. J'étais prêt à déménager et trouver une nouvelle maison, mais ironiquement autant j'allais devenir sédentaire, autant je repartais en voyage. C'est grâce à ça que je la rencontrai. Elizabeth Hawthorne.

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« Je m’appelle Elizabeth. »
Je ne pus m’empêcher d’hausser un sourcil face à ce prénom classique voir luxueux pour ce district paysan.
« Je trouve que Zane comme prénom, c’est très étrange, lâcha-t-il en lisant parfaitement en moi. »
Cette fois, je fus consterné par sa phrase qui me remettait à ma place alors que je n’avais pas dit un mot. Sacrée fille dont je me laissai envoûter inconsciemment et avec plaisir. C’est ainsi que je rencontrai Elizabeth du district onze, sur un chemin menant au chemin. J’errais, elle rentrait du travail. Je n’ai plus voulu la quitter et plus je la connaissais, plus je savais que je ne pourrais me passer d’elle. Dans ses regards disparaissaient mon étouffement contient ou ma peur perpétuelle que Clayre me retombe dessus et dans ses sourires, l’horreur des Hunger Games devaient s’incliner. Elizabeth avait le don d’éteindre le souvenir des jeux et de renvoyer les fantômes à leur place, dans le passé, m’instaurant ainsi un équilibre qui calmait mes sauts d’humeur. Pour une rare fois, je ne pensai pas à qui devait se tenir à ma place et n’étant désormais plus seul, je n’avais plus envie de ressentir le poids du passé. Je voulais vivre dans le présent. Je n’hésitai donc pas à demander à Elizabeth de me suivre dans le district 1 où son prénom aurait sa juste place. Vivre dans le district onze ne m’avait pas effleuré car je ne souhaitais pas accompagner ces tributs à la mort. Cela sonnait sec mais les tributs qui tombaient ... cinq m’avaient amplement suffi. Mais Elizabeth n’envisagea pas cette option également et accepta.
En posant le dernier livre dans notre maison aménagée, je me sentis bien dans mes chaussures. Aucune réelle envie de voyager ne m’éreintait, ou plutôt, je n’avais plus envie de fuir. Je n’en avais plus besoin avec Elizabeth. Evidement, je continuais de voyager pour visiter ma famille, assister aux premiers pas d’Ava, laisser mon ego être mis en péril par Elizabeth qui adorait le prénom de ma vache et pour les Dawnson aussi. Ils étaient de la famille pour moi après tout. Après le district 10, nous allons toujours dans le 11 pour voir la famille d’Elizabeth dans leur maison où je dois avouer que je me sens à ma place, appréciant l’ambiance familiale qu’ils cultivaient. C’était une période sereine dont je ne voyais pas la fin et qui m’apaisait. J’étais heureux. J’en étais même venu au point où je me disais que sans les Hunger Games, jamais je n’aurais rencontré Elizabeth. Qu’ils étaient presque positifs. Puis ils m’enlevèrent Elizabeth avec la même cruauté qu’ils enlevaient chaque année des enfants à leur famille et amis, une cruauté à laquelle j’étais devenu sourd et aveugle, préférant me nicher dans les bras d’Elizabeth. Les jeux de la faim surent me rappeler fatalement leur existence.

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Un coup de canon qui déchire mes tympans ainsi que le silence qui suivit l’acte fatal. Ils s’éloignèrent du corps et sans comprendre, les muscles relâchés, je regardai Elizabeth être emportée par un hovercraft. Son corps. Comme Henry avait été emporté, comme Clayre, Troylus, Aurore, Kim, Adam, d’anciens tributs, d’autres participants. Elizabeth était morte. Un coup de canon avait suffi à mettre un terme à notre histoire. Que l’écran devienne blanc ne changerait pas mon expression. En moi règne un silence mortel et si j’avais été réellement conscient, j’aurais espéré que j’étais mort. Mais ce n’était pas le cas. Bien vite, j’entendis ma collègue s’activer pour se concentrer sur notre dernier tribut et elle me secoua même, indifférente à notre tribute décédée, à ma petite-amie qui venait de mourir. Pour elle, il restait encore un garçon à ‘sauver’. Ce n’était pas le même son de cloche chez moi :
« Cresta, il faudrait qu’on réfléchisse à lui envoyer quelque chose qui le permettrait de vaincre ... Cresta ? Zane, c’est pas le moment de dormir ! Qu’est-ce qu’on fait ?
- Laisse-le crever. J’en ai rien à cirer. »
Sur ces mots, je quitte la pièce sans jeter un regard derrière moi. Le jour d’après, le dernier tribut du district 1 décéda. Je n’en avais que faire. Mon monde s’était arrêté. J’avais arrêté de réfléchir au coup de canon rapprochant un tribut de la victoire, soulageant certain, déchirant d’autres. Je ne m’écroulai qu’une fois dans ma chambre. Elizabeth était morte et je n’avais pu y assister qu’impuissant. Je n’avais pas pu la protéger. Etrangement, pour la première fois, je pris conscience d’une nouvelle dimension de l’atrocité qu’étaient les Hunger Games. D’ici l’an prochain, plus personne ne se souviendrait de la tribute du district 1.

Ca m’agace profondément et je retiens à grande peine des soupirs par simple respect. Je n’ai même pas retenu le visage de mes tributs. Je sais que c’est une fille et un garçon, comme toujours. Mais un soupire m’échappe. Je m’attends à voir Jewel débarquer et me faire la morale en un regard. Mais rien ne se passe. Je n’entends que la voix d’Helena claironner qu’il est temps de regarder le résumé de la moisson. Je ne m’y présente pas, restant assis, les draps de mon lit serrés dans mes poings. Je chasse les souvenirs petit à petit, jette loin la présence de Clayre appelant celle d’Elizabeth mais je ne sens que l’absence de cette dernière. Je n'arrive plus à assumer certaines séquences de ma mémoire et dans un train, il m'est difficile de partir pour un autre district et faire le vide dans ma tête. Je me sens étouffé et rongé, chose n'améliorant pas mon humeur. Moi qui ai accueillis les tributs avec le sourire leur promettant la victoire, j'allais les massacrer maintenant.
Finalement, je me lève et me rend dans le salon pour fuir ce manque. J’arrive alors que le district 8 est présenté. J’ai pris plus de temps que je ne le pensais.
Je me laissai tomber dans un canapé ignorant le regard noir de Jewel qui a déjà réfléchi à comment tuer tous les autres tributs, ceux du 2 et du 4 compris. Je perçois le regard se voulant dur de mon tribut tandis que ma tribute n’arrive pas à ôter son regard de moi. J’hasarde un regard et j’en reçois un séducteur. Je soupire et ne retiens rien du résumé. Je passe mon temps à observer les présentatrices et à réfléchir si Helena est mieux qu’elles. Finalement, le district 10 arrive et je me tends discrètement. Ces images sont trop familières.
« Cyan Genesis Dawson ! »
Mon sursaut n’a échappé à personne et Jewel se désintéresse du programme pour se concentrer sur moi mais je ne vois pas leurs regards. Je me perds dans l’image de Genesis, flamboyante, montant sur la scène. Genesis. Non. Merde. Pas elle. Je serre un coussin en cherchant à le déchirer d’une main sans y arriver. Mon pouls semble s’être arrêté et je n’arrive pas à en croire mes yeux. Cela sonne si faux qu’il me faut attendre le second coup pour comprendre la réalité. District 11. La présentatrice sort un nouveau papier et clame joyeusement :
« Alexiane Hawthorne ! »
Si cela ne tenait qu’à moi, les deux présentatrices seraient mortes. Ce n'était pas possible. Comment avaient-elles pu les tirer ? Comment cette présentatrice a pu la tirer ? Elle ? Alexiane, la soeur d’Elizabeth, celle qui pense que c’est par ma faute que sa soeur est morte. Je ne peux m’empêcher de me demander si c’est ma faute si elle et Genesis ont été appelée. Je n’arrive plus à déglutir ou à prendre conscience de moi. Je n’ai qu’une envie : me cacher sous un coussin et renvoyer loin ces souvenirs. Mais je ne peux pas. Jewel comprendra que quelque chose cloche définitivement et je serais sûr qu’Alexiane et Genesis seraient les premières victimes de mes deux tributs, Jewel se méfiant trop de mes sauts d'humeur. Je pose un regard sur mes deux tributs d’ailleurs. Ils sont trop confiants, ils se reposent déjà l’un sur l’autre. Ils se voient jouer et non survivre. Sans le vouloir, leurs cercueils s’imposent à mon esprit. Je refuse de songer à ceux possibles de Genesis et Alexiane. Surprenant Jewell et mes deux tributs, un intérêt s’éveille dans mon regard et je me lève soudainement me tournant vers Helena :
« Trouve-moi un enregistrement de cette émission. »
Il fallait que je revoie chaque concurrent car si je ne pouvais voir un cercueil pour Genesis et Alexiane, je pouvais aisément le faire pour les autres participants, à commencer par ceux de mes propres tributs.