i still want to drown, whenever you leave. please teach me gently how to breathe. and i'll cross oceans, like never before, so you can feel the way i feel it too. and i'll mirror images back at you, so you can see the way i feel it too.
i find shelter.
Frêle silhouette qui s'agitait dans la maison, pour que chaque chose soit à sa place.
Comme toujours. Habitude prise consciencieusement. Rituel indispensable pour s'assurer que rien ne puisse énerver Xander. Elle avait appris à faire attention au moindre détail pour qu'il n'ait rien à lui reprocher.
Pour qu'il soit moins prédisposé à la frapper. Mais au final, ça ne marchait jamais. Il n'avait pas besoin de ça pour sortir de ses gonds et montrer son vrai visage. Celui du monstre qu'il était réellement, celui qu'elle avait découvert trop tard. Chaque fois qu'il franchissait le seuil de la porte, Ariel sentait le moindre de ses muscles se crisper, inévitablement. Sa gorge se nouait, son estomac se tordait, sa bouche s'asséchait. Et elle attendait. Elle attendait de voir dans quel état il se trouvait, s'il était de bonne humeur ou non. S'il avait besoin de se défouler ou non. Elle avait peur. Mais elle lui faisait toujours face. Toujours. Elle n'avait pas le choix, de toute manière. Ces derniers temps, elle avait eu droit à un peu de repos. Elle avait eu droit à plusieurs jours sans une seule colère. Celles de Xander étaient particulièrement terrifiantes. Le plus souvent, il ne criait pas. Il restait froid comme la glace, et approchait avec une démarche de dangereux prédateur. Et il frappait, comme l'éclair. Vite et bien. Là où on ne l'attendait pas, et ça faisait pas mal de dégâts. Puis il achevait sa victime avec des mots tranchants et méprisants, et finissait par lui tourner le dos en emportant une part d'elle avec lui. Tellement qu'elle n'était plus qu'un puzzle dont les pièces manquantes avaient été dispersées aux quatre vents par son bourreau, qui semblait presque se délecter de sa douleur. Elle se sentait incomplète.
Brisée. Mais c'était pas pour autant qu'elle passait son temps à se morfondre. Où était l'intérêt ? Elle continuait de faire comme si de rien n'était, avec le sourire. Sourire mensonger, sourire fissuré. Mais sourire quand même. Elle s'enfonçait dans le déni, dans sa comédie. Elle ne pouvait pas se permettre d'admettre ce qu'il se passait sous son toit. Ça faisait trop mal. Beaucoup s'en doutaient, personne – ou presque – ne disait rien. Et c'était tant mieux, elle préférait largement ça. Elle pouvait très certainement remercier la crainte. Parce que personne – sauf les rebelles – ne tenait tête à un pacificateur. Même s'il était le pire des hommes.
Surtout s'il était le pire des hommes.
Ranger, laver, nettoyer. Tant d'automatismes qui faisaient peine à voir. C'était pas elle. C'était pas Ariel, pas la vraie. C'était celle qui était prisonnière, pas celle qu'elle était au fond. C'était celle qui était effrayée, pas celle qui ne se laissait pas marcher sur les pieds. Debout devant l'évier, mains abîmées par les corvées, elle s'appuya sur le rebord du meuble. Se cramponner pour ne pas tomber. S'accrocher pour ne pas abandonner. Elle ne savait pas à quelle heure il rentrerait. Elle ne le savait jamais exactement. Surtout en ce moment, avec la révolte avortée et les rebelles qui ne cessaient de se faire débusquer, et les innocents qui se faisaient terroriser. Elle savait juste que ce serait tard, ce soir.
Soulagement. Avec un peu de chance, elle serait endormie. Et il n'aurait aucune raison de la réveiller, puisqu'elle faisait tout pour qu'il n'ait pas de raison de s'énerver.
C'pas une vie ça, Ariel, et tu l'sais. Pourtant, c'était devenu la sienne. Son lot quotidien, sa routine infernale. Et putain qu'elle regrettait le jour où elle avait rencontré ce grand blond aux yeux clairs, ce géant au sourire cachottier. Putain qu'elle regrettait sa naïveté et la facilité avec laquelle elle s'était jeté dans la gueule du loup. Mais c'était trop tard, le mal était fait. Regretter ne la menait à rien, même si elle ne pouvait pas s'en empêcher. Nerveuse, elle sentit ses doigts se mettre à trembler, et fronça les sourcils. Il lui suffisait de penser aux mains de Xander serrant sa gorge ou s'abattant sur sa peau pâle pour qu'elle perde tous ses moyens. Prenant une profonde inspiration, elle se força à se calmer, refusant de s'effondrer. Pas comme ça, pas maintenant. Puis, une fois que ses phalanges arrêtèrent de s'agiter toutes seules, elle posa son éponge sur le bord de l'évier. A l'endroit précis où elle avait laissé son collier. Celui que Xander lui avait offert, quelques années plus tôt. Celui qu'elle ôtait dès qu'elle le pouvait, dès qu'il ne pouvait pas le voir, parce qu'elle ne supportait pas d'avoir un objet de lui sur elle. Parce que ça l'étouffait, parce que ça la tuait. Mais son geste fit glisser la chaîne. Et avant qu'elle n'ait eu le temps de réagir, elle vit le bijou se faufiler dans les canalisations.
« Non ! » La main posée contre le bac d'évier, elle se rendit compte de sa maladresse. Maladresse qui allait lui coûter cher s'il la voyait sans son cadeau. Elle serra ses doigts fins pour les enfoncer dans le tuyau à leur tour, essayant d'atteindre son collier.
« Non, non, non, non. Merde. Non. Allez. » Elle avait beau agiter ses phalanges, c'était peine perdue.
Trop tard princesse, t'as perdu la couronne du roi maudit. Il allait la tuer. Si elle ne récupérait pas le pendentif, il allait la tuer.
Une vague de panique vint empoisonner les veines de la brune alors qu'elle frottait ses mains sur son visage, son désespoir s'ancrant dans ses traits déjà tirés. Il lui fallait ce bijou.
Question de vie ou de mort, pas vrai ? Sa poitrine se mit à se soulever rapidement alors que son souffle s'accélérait, sa peur s'infiltrant dans les moindres parcelles de son être. La simple perspective que Xander découvre ce qui s'était passé lui donnait la chair de poule. Elle n'avait rien pour ouvrir le tuyau et retrouver le collier. Elle savait même pas comment s'y prendre. Mais elle connaissait quelqu'un qui pourrait l'aider.
La sauver. Sans plus se poser de questions, elle se dirigea vers la porte rapidement, avant de se rendre compte que ses bras étaient nus, laissant apparaître des ecchymoses. Traces toujours douloureuses qu'elle n'avait aucune envie d’exhiber. Mâchoires serrées, elle revint sur ses pas pour enfiler un gilet rapidement, afin de cacher les marques sur sa peau délicate. Puis elle sortit de chez elle, fermant la porte avec hâte derrière elle. Il ne lui fallut pas plus de quelques mètres pour arriver chez Isaiah. Son voisin d'en face. Son fournisseur de cigarettes. Son modèle favori de dessin. Sa raison de sourire. Sa bouffée d'oxygène.
Son tout. Elle ne prit même pas la peine de frapper avant d'entrer, puisque lui aussi avait cessé de le faire depuis un moment déjà. Rejoignant le salon, elle le trouva là, comme elle s'y attendait.
« Hey. » Léger sourire figé sur ses lèvres rosées. Anxieuse, elle ne pouvait s'empêcher de bouger sans cesse, serrant et desserrant les bras contre sa poitrine, tirant sur ses manches, remontant son gilet sur ses épaules.
« Tu peux venir, s'te plaît ? J'ai fait une bêtise. » Se mordant frénétiquement la lèvre inférieure, elle regarda autour d'elle, ses yeux redécouvrant l'espace qui l'entourait, pour la millième fois au moins. Elle préférait la maison d'Isaiah à la sienne. C'était moins rangé, moins propre. Moins illusoire, plus authentique. Y avait beaucoup plus de vie, ici. Y avait beaucoup plus de paix. Ce qu'il lui apportait chaque fois qu'elle le voyait. Elle n'était pas sûre qu'il le sache, bien qu'elle fasse son possible pour le laisser deviner l'importance qu'il avait pris dans son existence. Chaque fois que leurs prunelles s'accrochaient, chaque fois que leurs lèvres se scellaient, chaque fois que leurs peaux se touchaient, elle essayait de le lui dire. Il lui était devenu indispensable, comme le luxe l'était aux capitoliens, comme le sang l'était aux pacificateurs, comme la vengeance l'était aux rebelles. Elle avait soif de lui, encore et toujours. Soif de la vie qu'il insufflait en elle.
« Je, ahem– Tu sais, le collier de Xander ? » Mais si, celui que je porte jamais. « Je l'ai fait tomber dans l'évier. » Un rire nerveux lui échappa alors qu'elle tirait ses cheveux en arrière pour les éloigner de son visage. Dès qu'il s'agissait de l'homme qui partageait sa vie, elle devenait agitée et stressée, surtout quand l'enjeu était tel. Isaiah devait probablement sentir la panique qui montait en elle, avec une rapidité dérangeante. Il savait toujours tout, de toute façon. Comme s'il était capable de lire en elle comme dans un livre ouvert. C'était peut-être même le cas, d'ailleurs. Ses prunelles perçantes donnaient toujours l'impression qu'il passait tout au rayon laser, comme s'il analysait toujours tout. Comme lors de leur première conversation, où il avait directement évoqué le fait qu'Ariel soit battue. Sans plus de cérémonie, comme ça.
Brut de décoffrage. Il était le premier à l'avoir fait d'une telle manière. Elle n'aurait jamais cru qu'ils en seraient là un jour, et pourtant. Les yeux d'Ariel accrochèrent ceux d'Isaiah alors qu'elle sentait son tourment intérieur se peindre sur l'expression de son visage.
« J'en ai besoin. » Elle savait qu'il comprendrait les non-dits dans ses paroles. Le perceptible
il va me tuer, l'inquiétude insupportable, la peur au ventre qui lui donnait presque envie de vomir. Le petit
aide-moi se profilant dans son regard suppliant. Se raclant la gorge, elle se gratta l'arrière du crâne en évitant son regard. Elle se balança légèrement d'avant en arrière avant de finalement reculer de quelques pas, commençant à retourner vers la sortie pour l'inciter à la suivre.
« Désolée de te déranger pour ça, c'est débile. T'avais sûrement mieux à faire. » Le sourire qu'elle lui adressa était si crispé qu'il n'avait plus rien d'un sourire. Il ressemblait juste à un appel au secours.
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