Il faisait étonnamment frais pour une journée de juillet, bien que le District un ne soit pas situé dans une des régions les plus chaudes niveaux climat. Moonshine, étant sortie la nuit dernière, n’avait pas eu de surprise alors en découvrant ce vent frais et matinal lorsqu’elle avait ouvert la porte de la maison familiale pour partir à son travail. 8h45, quinze minutes, c’était le temps qu’il lui fallait pour se rendre à la bijouterie. Elle avait le pas rapide et, qui plus est, son lieu de travail n’était pas bien loin de l’endroit où elle habitait. La tête un peu dans les nuages, encore comateuse de cette nuit sans sommeil. Nuit qui avait tout de même été productive, puisqu’elle avait terminé plusieurs dessins sur des feuilles qui se perdraient rapidement dans le désordre constant de sa chambre. Passant une main dans sa longue chevelure brune et ondulée, elle observa autour d’elle les rues qui commençaient à se remplir de monde, lentement. Le district était éveillé depuis quelques heures déjà et l’odeur du pain frais et des croissants lui parvenait de la boulangerie près d’où elle travaillait. Du pain et des jeux : pensée subite pour les Hungers Games, qu’elle chassa de son esprit. Non, juste du pain pour la demoiselle. Elle s’arrêta donc acheter une petite baguette de pain qu’elle partagerait avec une de ses collègues plus tard, lorsque le gérant ne les observerait pas et lorsque les clients ne seraient pas là. Dès qu’elles auraient un moment de répit, en fait. Payant la nourriture, elle sortit ensuite de la boulangerie avant de franchir les quelques mètres qui la séparaient de la bijouterie. Lissant sa robe fleurie, elle pénétra dans son lieu de travail un sourire aux lèvres, prête à attaquer une autre journée de travail. Du pain et des bijoux.

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Si elle était arrivée d’un pas rapide et enjoué ce matin, c’est exténuée qu’elle sortit de la bijouterie. Elle avait passée une longue journée : il y avait eu beaucoup de clients aujourd’hui et elle n’avait pas eu une seule seconde de répit. Parce que, lorsqu’il y avait moins de gens qui visitaient l’endroit, elle avait le temps de s’endormir quelques minutes, ce qui lui permettait de rattraper les heures de sommeil qu’elle perdait à cause de ses insomnies. Aujourd’hui n’avait pas été un de ces jours. Elle n’avait eu que deux pauses de quinze minutes ainsi que son heure de goûter pour dormir. Une heure et trente minutes, c’était peu, très peu. Et elle sentait ses paupières lourdes qui menaçaient de se fermer à tout moment, même si elle était en mouvement. Si tu tombes, tu devras te relever seule, comptes pas sur les gens pour t’aider. Parce que c’est un peu comme sa vie à elle. Tomber de haut, puis se relever sans l’aide de personne, comme ses parents lui avaient enseigné quand elle n’était qu’une petite fille. Pourtant, elle ne donnait pas l’impression d’avoir chutée bien des fois, la petite. C’est qu’elle avait toujours ce sourire aux lèvres, cette voix rieuse et enfantine. Parce qu’il fallait bien paraître, et qu’une fille qui tombe et qui ne sait pas se relever, personne n’en veut, ça ne fait pas un bon partit. Puis quoi encore, elle ne voulait être la promise de personne, elle voulait être libre. Vole, petite oiseau, vole jusqu'à ton nid douillet. Se frottant les yeux de ses petites mains, elle soupira et posa un pied devant l’autre, créant un rythme de marche acceptable pour quelqu’un dans son état. Un pied en avant, puis l’autre, ainsi de suite, on recommence jusqu’à arriver au pas de la porte. Il n’était pourtant que dix-sept heure et les gens dans les rues semblaient encore frais, pimpants, heureux, bien que la température aie rapidement grimpée depuis ce matin calme. Agilement, elle contourna un petit groupe de pacificateurs avant de s’enfoncer un peu plus dans les rues menant à cette grande maison qui serait probablement vide lorsqu’elle arriverait : son petit frère serait avec ses amis, ses parents seraient à ce fameux souper dont ils parlaient depuis quelques semaines. Des gens importants, du bla bla, les trucs habituels, rien de bien passionnant. Ils n’avaient pas offert à Moonshine de se joindre à eux et elle en était bien heureuse, même si à aucun moment elle ne l’avait démontré. Elle pourrait passer la soirée calmement chez elle à ne rien faire, comme d’habitude, à dormir, si elle y arrivait. Un pas, deux pas, trois pas, une nouvelle rue, un raccourcit en passant par une ruelle, puis d’autres rues, et enfin, l’endroit où elle habitait. Une maison parmi tant d’autres, rien ne la distinguait vraiment, sauf ses habitants aux traits asiatiques. Les bridés, nom de code secret. Les Park, en public. Une maison très jolie, montrant au monde la somme – plus qu’acceptable – d’argent que la famille possédait. La jeune femme de vingt ans observa un moment l’habitation, sachant que lorsqu’elle aurait assez d’argent, elle partirait de cet endroit. Pour s’éloigner un peu plus de ses parents, pour avoir plus de liberté. Remarquant les lumières allumées à l’intérieur, elle fronça les sourcils et s’avança lentement vers la porte d’entrée. Elle s’attendait à la trouver verrouillée, mais lorsqu’elle tourna la poignée, il n’y eu aucune résistance. La porte s’ouvrit et Moon entra dans la maison sans trop faire de bruit, comme elle le faisait si souvent, lorsqu’elle revenait à l’aube après une nuit d’insomnie. Déposant son sac cartable en cuir brun sur le sol, elle fit quelques pas avant d’entendre un bruit provenant de la cuisine.

« Kendrick, c’est toi? » Elle préférait rester près de la porte, au cas où quelqu’un d’indésirable se soit introduit dans la maison. Mais, c’est une voix féminine qui parvint à son oreille, une voix, d’ailleurs, qu’elle aurait pu reconnaitre entre toutes : celle de Gold. Ou bien elle devenait folle et hallucinait, ou bien sa meilleure amie était vraiment ici. C’est en voyant le bout du nez de la brunette sortir de la cuisine qu’un sourire se dessina sur le visage de la coréenne. « GOOOOOOOOOLD ! » Attaque surprise de Moonshine, celle qu’elle réservait aux habitués, attaque câlin. Cela faisait si longtemps qu’elle ne l’avait pas vue et sa présence ici la rendait si joyeuse. Elle avait tant de choses à lui raconter, mais, avant tout, elle voulait avoir des nouvelles de Gold. « C’est Kendrick qui t’as fait entrer avant qu’il ne parte? » Elle serrait son amie dans ses petits bras et elle sautillait, telle une enfant. Comme si la fatigue avait disparue complètement, comme si sa meilleure amie était le remède à son état comatique. Plaquant un baiser sur la joue de la capitolienne, elle la laissa respirer un peu en mettant fin à cette étreinte, lui prenant les mains, la regardant. Un sourire si heureux aux lèvres. « Ça fait tellement longtemps, tu dois tout me raconter ce qui t'arrives! Tu aurais pus me donner des nouvelles, tout de même... » Baissant le regard, elle se mordilla la lèvre. Elle avait été très inquiète, restant quelques temps sans nouvelles. « J'ai pleins de trucs à te raconter aussi! »

Gold, c’était une des seules amies de son âge qu’elle avait. C’était la seule qui la comprenait, avec qui elle pouvait partager ses craintes, ses désirs, ses secrets les plus intimes – du genre : « je dois t’avouer un truc, j’ai… tu sais quoi avec un gars, en fait, celui dont je t’ai parlé, au D5 » – ses joies, ses peines, tout. Quel bonheur de la voir ici! Une nuit de plus à ne pas dormir, ça ne pouvait pas la tuer, non? Au pire, elle dormirait quand Gold dormirait. Parce que, oui, il était évident que Gold allait dormir ici. Dès que sa meilleure amie mettait un pied dans cette maison, elle y restait jusqu'à ce qu'elle doive retourner au Capitole. C'était une obligation, un devoir, un besoin.