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 i find shelter + (isariel)

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i find shelter + (isariel) Vide
MessageSujet: i find shelter + (isariel)   i find shelter + (isariel) Icon_minitimeJeu 1 Aoû - 22:08

i still want to drown, whenever you leave. please teach me gently how to breathe. and i'll cross oceans, like never before, so you can feel the way i feel it too. and i'll mirror images back at you, so you can see the way i feel it too.
i find shelter.

Frêle silhouette qui s'agitait dans la maison, pour que chaque chose soit à sa place. Comme toujours. Habitude prise consciencieusement. Rituel indispensable pour s'assurer que rien ne puisse énerver Xander. Elle avait appris à faire attention au moindre détail pour qu'il n'ait rien à lui reprocher. Pour qu'il soit moins prédisposé à la frapper. Mais au final, ça ne marchait jamais. Il n'avait pas besoin de ça pour sortir de ses gonds et montrer son vrai visage. Celui du monstre qu'il était réellement, celui qu'elle avait découvert trop tard. Chaque fois qu'il franchissait le seuil de la porte, Ariel sentait le moindre de ses muscles se crisper, inévitablement. Sa gorge se nouait, son estomac se tordait, sa bouche s'asséchait. Et elle attendait. Elle attendait de voir dans quel état il se trouvait, s'il était de bonne humeur ou non. S'il avait besoin de se défouler ou non. Elle avait peur. Mais elle lui faisait toujours face. Toujours. Elle n'avait pas le choix, de toute manière. Ces derniers temps, elle avait eu droit à un peu de repos. Elle avait eu droit à plusieurs jours sans une seule colère. Celles de Xander étaient particulièrement terrifiantes. Le plus souvent, il ne criait pas. Il restait froid comme la glace, et approchait avec une démarche de dangereux prédateur. Et il frappait, comme l'éclair. Vite et bien. Là où on ne l'attendait pas, et ça faisait pas mal de dégâts. Puis il achevait sa victime avec des mots tranchants et méprisants, et finissait par lui tourner le dos en emportant une part d'elle avec lui. Tellement qu'elle n'était plus qu'un puzzle dont les pièces manquantes avaient été dispersées aux quatre vents par son bourreau, qui semblait presque se délecter de sa douleur. Elle se sentait incomplète. Brisée. Mais c'était pas pour autant qu'elle passait son temps à se morfondre. Où était l'intérêt ? Elle continuait de faire comme si de rien n'était, avec le sourire. Sourire mensonger, sourire fissuré. Mais sourire quand même. Elle s'enfonçait dans le déni, dans sa comédie. Elle ne pouvait pas se permettre d'admettre ce qu'il se passait sous son toit. Ça faisait trop mal. Beaucoup s'en doutaient, personne – ou presque – ne disait rien. Et c'était tant mieux, elle préférait largement ça. Elle pouvait très certainement remercier la crainte. Parce que personne – sauf les rebelles – ne tenait tête à un pacificateur. Même s'il était le pire des hommes. Surtout s'il était le pire des hommes.

Ranger, laver, nettoyer. Tant d'automatismes qui faisaient peine à voir. C'était pas elle. C'était pas Ariel, pas la vraie. C'était celle qui était prisonnière, pas celle qu'elle était au fond. C'était celle qui était effrayée, pas celle qui ne se laissait pas marcher sur les pieds. Debout devant l'évier, mains abîmées par les corvées, elle s'appuya sur le rebord du meuble. Se cramponner pour ne pas tomber. S'accrocher pour ne pas abandonner. Elle ne savait pas à quelle heure il rentrerait. Elle ne le savait jamais exactement. Surtout en ce moment, avec la révolte avortée et les rebelles qui ne cessaient de se faire débusquer, et les innocents qui se faisaient terroriser. Elle savait juste que ce serait tard, ce soir. Soulagement. Avec un peu de chance, elle serait endormie. Et il n'aurait aucune raison de la réveiller, puisqu'elle faisait tout pour qu'il n'ait pas de raison de s'énerver. C'pas une vie ça, Ariel, et tu l'sais. Pourtant, c'était devenu la sienne. Son lot quotidien, sa routine infernale. Et putain qu'elle regrettait le jour où elle avait rencontré ce grand blond aux yeux clairs, ce géant au sourire cachottier. Putain qu'elle regrettait sa naïveté et la facilité avec laquelle elle s'était jeté dans la gueule du loup. Mais c'était trop tard, le mal était fait. Regretter ne la menait à rien, même si elle ne pouvait pas s'en empêcher. Nerveuse, elle sentit ses doigts se mettre à trembler, et fronça les sourcils. Il lui suffisait de penser aux mains de Xander serrant sa gorge ou s'abattant sur sa peau pâle pour qu'elle perde tous ses moyens. Prenant une profonde inspiration, elle se força à se calmer, refusant de s'effondrer. Pas comme ça, pas maintenant. Puis, une fois que ses phalanges arrêtèrent de s'agiter toutes seules, elle posa son éponge sur le bord de l'évier. A l'endroit précis où elle avait laissé son collier. Celui que Xander lui avait offert, quelques années plus tôt. Celui qu'elle ôtait dès qu'elle le pouvait, dès qu'il ne pouvait pas le voir, parce qu'elle ne supportait pas d'avoir un objet de lui sur elle. Parce que ça l'étouffait, parce que ça la tuait. Mais son geste fit glisser la chaîne. Et avant qu'elle n'ait eu le temps de réagir, elle vit le bijou se faufiler dans les canalisations. « Non ! » La main posée contre le bac d'évier, elle se rendit compte de sa maladresse. Maladresse qui allait lui coûter cher s'il la voyait sans son cadeau. Elle serra ses doigts fins pour les enfoncer dans le tuyau à leur tour, essayant d'atteindre son collier. « Non, non, non, non. Merde. Non. Allez. » Elle avait beau agiter ses phalanges, c'était peine perdue. Trop tard princesse, t'as perdu la couronne du roi maudit. Il allait la tuer. Si elle ne récupérait pas le pendentif, il allait la tuer.

Une vague de panique vint empoisonner les veines de la brune alors qu'elle frottait ses mains sur son visage, son désespoir s'ancrant dans ses traits déjà tirés. Il lui fallait ce bijou. Question de vie ou de mort, pas vrai ? Sa poitrine se mit à se soulever rapidement alors que son souffle s'accélérait, sa peur s'infiltrant dans les moindres parcelles de son être. La simple perspective que Xander découvre ce qui s'était passé lui donnait la chair de poule. Elle n'avait rien pour ouvrir le tuyau et retrouver le collier. Elle savait même pas comment s'y prendre. Mais elle connaissait quelqu'un qui pourrait l'aider. La sauver. Sans plus se poser de questions, elle se dirigea vers la porte rapidement, avant de se rendre compte que ses bras étaient nus, laissant apparaître des ecchymoses. Traces toujours douloureuses qu'elle n'avait aucune envie d’exhiber. Mâchoires serrées, elle revint sur ses pas pour enfiler un gilet rapidement, afin de cacher les marques sur sa peau délicate. Puis elle sortit de chez elle, fermant la porte avec hâte derrière elle. Il ne lui fallut pas plus de quelques mètres pour arriver chez Isaiah. Son voisin d'en face. Son fournisseur de cigarettes. Son modèle favori de dessin. Sa raison de sourire. Sa bouffée d'oxygène. Son tout. Elle ne prit même pas la peine de frapper avant d'entrer, puisque lui aussi avait cessé de le faire depuis un moment déjà. Rejoignant le salon, elle le trouva là, comme elle s'y attendait. « Hey. » Léger sourire figé sur ses lèvres rosées. Anxieuse, elle ne pouvait s'empêcher de bouger sans cesse, serrant et desserrant les bras contre sa poitrine, tirant sur ses manches, remontant son gilet sur ses épaules. « Tu peux venir, s'te plaît ? J'ai fait une bêtise. » Se mordant frénétiquement la lèvre inférieure, elle regarda autour d'elle, ses yeux redécouvrant l'espace qui l'entourait, pour la millième fois au moins. Elle préférait la maison d'Isaiah à la sienne. C'était moins rangé, moins propre. Moins illusoire, plus authentique. Y avait beaucoup plus de vie, ici. Y avait beaucoup plus de paix. Ce qu'il lui apportait chaque fois qu'elle le voyait. Elle n'était pas sûre qu'il le sache, bien qu'elle fasse son possible pour le laisser deviner l'importance qu'il avait pris dans son existence. Chaque fois que leurs prunelles s'accrochaient, chaque fois que leurs lèvres se scellaient, chaque fois que leurs peaux se touchaient, elle essayait de le lui dire. Il lui était devenu indispensable, comme le luxe l'était aux capitoliens, comme le sang l'était aux pacificateurs, comme la vengeance l'était aux rebelles. Elle avait soif de lui, encore et toujours. Soif de la vie qu'il insufflait en elle.

« Je, ahem– Tu sais, le collier de Xander ? » Mais si, celui que je porte jamais. « Je l'ai fait tomber dans l'évier. » Un rire nerveux lui échappa alors qu'elle tirait ses cheveux en arrière pour les éloigner de son visage. Dès qu'il s'agissait de l'homme qui partageait sa vie, elle devenait agitée et stressée, surtout quand l'enjeu était tel. Isaiah devait probablement sentir la panique qui montait en elle, avec une rapidité dérangeante. Il savait toujours tout, de toute façon. Comme s'il était capable de lire en elle comme dans un livre ouvert. C'était peut-être même le cas, d'ailleurs. Ses prunelles perçantes donnaient toujours l'impression qu'il passait tout au rayon laser, comme s'il analysait toujours tout. Comme lors de leur première conversation, où il avait directement évoqué le fait qu'Ariel soit battue. Sans plus de cérémonie, comme ça. Brut de décoffrage. Il était le premier à l'avoir fait d'une telle manière. Elle n'aurait jamais cru qu'ils en seraient là un jour, et pourtant. Les yeux d'Ariel accrochèrent ceux d'Isaiah alors qu'elle sentait son tourment intérieur se peindre sur l'expression de son visage. « J'en ai besoin. » Elle savait qu'il comprendrait les non-dits dans ses paroles. Le perceptible il va me tuer, l'inquiétude insupportable, la peur au ventre qui lui donnait presque envie de vomir. Le petit aide-moi se profilant dans son regard suppliant. Se raclant la gorge, elle se gratta l'arrière du crâne en évitant son regard. Elle se balança légèrement d'avant en arrière avant de finalement reculer de quelques pas, commençant à retourner vers la sortie pour l'inciter à la suivre. « Désolée de te déranger pour ça, c'est débile. T'avais sûrement mieux à faire. » Le sourire qu'elle lui adressa était si crispé qu'il n'avait plus rien d'un sourire. Il ressemblait juste à un appel au secours.


made by pandora.
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i find shelter + (isariel) Vide
MessageSujet: Re: i find shelter + (isariel)   i find shelter + (isariel) Icon_minitimeDim 4 Aoû - 19:10


{ we had a promise made four hands and then away }
LYRICS HEARTBEATS @JOSE GONZALES
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La silhouette masculine était étendue sur le lit. Rituel quotidien. Regard braqué vers le plafond. Morsure dissimulée contre sa lèvre inférieure. Habitude nerveuse dont il ne pouvait plus se défaire. La matinée paraissait bien entamée. Pourtant, la notion du temps lui importait peu. Depuis la disparition tragique d’Aurora, absolument tout fonctionnait au ralenti. Dans la rue, il se stoppait parfois. Son regard hagard détaillait les autres habitants du district. Chacun avançait. Chacun fonçait droit devant. Et lui, pauvre idiot immobile. Pauvre crétin réalisant que sa vie avait fini par se stopper. Corps avançant. Esprit paralysé. Cette idée que rien ne pourrait le sauver. Cette impression d’être en marge des autres. Isaiah le ressentait depuis fort longtemps à présent. Parfois, il voulait abandonner. Ce combat pour la vengeance. Ce combat pour obtenir la satisfaction de voir d’autres mourir. Il voulait que tout cela se stoppe. Que sa douleur s’apaise. Que ses yeux puissent se sceller sans qu’un enfer se mette à s’animer. T’es plus rien Isaiah. Une pauvre âme ayant perdu sa moitié. Son équilibre. Comment avancer avec l’impression de n’être que la moitié d’un être ? A trop réfléchir, son esprit devenait un amas de questions en suspend. Les phalanges masculines se resserrèrent contre le sommet de la couverture. Le morceau de tissu fut tirée, froissé, animé d’une rage certaine. Un soupire s’apposa dans l’air. Un soupire alourdissant un peu plus l’ambiance. Il se retourna sur le côté. Regard braqué vers le mur immaculé. Il n’osait pas sceller ses paupières. A chaque fois qu’il s’y frottait, la même conséquence découlait. Des images. Aurora dans cette chambre. Portant l’un de ses hauts. Sourire angélique sur ses lèvres rosées. Lèvres parfaitement sculptées. Lèvres pour lesquelles il aurait pu se damner. La demoiselle se hissant sur le lit. Sautillant dessus comme une enfant. Entraînant Isaiah dans cette mécanique innocente. Lui la regardant comme si elle représentait la plus belle merveille au monde. Lui pauvre idiot amoureux acceptant l’inacceptable. Je t’ai tuée en t’autorisant à te battre pour cette cause, Aurora.

C’est ce qu’il pensait. Isaiah se rendait responsable de tout. Pas un seconde ne passait sans que ce soit le cas. Il aurait dû la retenir. Il aurait dû l’empêcher de se lancer dans cette cause perdue. Elle n’aurait pas dû combattre. Elle n’aurait pas dû faire partie des rebelles. Groupe dont il faisait lui même parti à présent. Il se battait pas pour les autres. Il se battait pour elle. Ce goût de vengeance. Cette hargne découlant dans ses veines. Des veines anesthésiées par la douleur. Isaiah était un tas de ruines. Un coeur brisé. Un corps disloqué. Un puzzle humain à reconstituer. Pourtant une pièce manquerait à jamais. Une pièce qu’Aurora avait sans doute volé un matin, à la rosée naissante. Une pièce qu’elle emporta dans sa propre tombe. Funeste conclusion d’une histoire inachevée. Histoire déployant un goût acide le long de la trachée masculine. Le genre de goût lui filant la nausée dès qu’il y pensait. Lasse, comme souvent. Ereinté comme à chaque fois. Isaiah se redresse. Assis. Dos voûté. Regard vide. Autant que son âme. Sa propre âme ne décelait plus la moindre once d’humanité. Pantin de la vie. Pantin de ce besoin meurtrier. Isaiah, tu t’en sortiras pas. Il grogna une insulte entre ses dents. Il s’énerva contre lui-même. Puis, finalement, l’homme se leva. Ses pieds nus foulèrent le sol abimé par endroit. Il se rendit dans la pièce d’à côté. Son reflet dans le miroir lui donnait envie de vomir. Cernes violacées parfois. Barbe à en faire peur. Sourire inexistant. Teint blafard. Un fantôme sauvant les apparences en enfilant son costume pour le boulot. Un fantôme faisant semblant de vivre pour éviter les questions embarrassantes. Parfois, il rêvait d’écraser son poing dans le miroir. Il voulait voir le sang couler. Il vouloir souffrir un peu. Il voulait réaliser que son corps ressentait encore quelque chose. Isaiah passa de l’eau glacée contre son visage. Contact revigorant. Contraste effarant. Le froid pour seul arme contre cette échine désabusée.

Il quitta ensuite la pièce. Sa silhouette se dirigeant vers le petit salon. Demeure modeste. Bordélique. Sans réelle harmonie. Un peu à son image. Un sweat recouvrant le torse viril d’Isaiah. Un jean délavé en harmonie avec le haut. Des godasses usées râpant le sol. Il alla s’assoir sur le canapé. Feuilles en vrac devant lui. Il devait bosser. Se changer les idées. Mais impossible. Alors l’homme se releva. Il s’avança vers la fenêtre. Bâton de nicotine apposé contre sa bouche. Il voulait l’apercevoir. Elle. Ariel. Songe venu de nul part. Ame aussi blessée que la sienne. Petite poupée désarmée à protéger. Brunette le rendant dingue de part sa fragilité. De part son regard. De part cette peau laiteuse qu’il rêverait d’embrasser toute la nuit. Infidélité notoire à son amour pour Aurora. Mais c’était plus fort que lui. Ariel. Ariel. Ariel. Prénom résonnant en boucle dans sa tête. La compagne de celui qu’il voulait tuer. La compagne d’un bourreau. Cette fille ayant changé une partie de son quotidien. Cette fille lui donnant bien souvent envie de revivre. Sa main claqua contre le mur. Personne en face. La maison de la belle semblait déserte. Il soupira. Un soupire de déception s’émanant. Silhouette faisant demi-tour. Il se retrouva sur le sofa - encore. Son pied droit claquait mécaniquement contre le sol. Clope se consumant entre ses doigts. Goudron malmenant son échine. Chaleur instable picotant sa chaire. Et la porte s’ouvrit. Naturellement. Sans aucune invitation spéciale. Ariel. Objet de toutes les convoitises. Surtout celles d’Isaiah. Elle entra. Timide comme souvent. Tirant sur les manches de son gilet. Chevelure en vrac retombant sur ses frêles épaules. Il ne parla pas. Son regard ne quittant pourtant pas la demoiselle. C’est elle qui se décida à parler. Une voix hésitante. Un ton apeuré. Ariel puait la crainte. Ariel était rongée par la peur. Celle de se prendre encore des coups. Celle de finir par en crever une fois. Et ça, l’homme ne le supportait plus. Il n’arriva pas à tolérer la situation. Lui ici le soir, à se droguer de nicotine. Elle en face, à crever sous les coups de Xander. Salopard. Insulte qu’il cracha souvent. Envie ultime de l’abattre comme un chien. De le torturer. De le voir souffrir. De voir son sang couler. De ricaner et cracher sur son corps mourant. Pensées colériques remplacées par la douceur de la voix d’Ariel. Il ne put réprimer un petit sourire en l’entendant. Sourire qui se crispa lorsqu’elle évoqua ce collier. Fameux cadeau du bourreau ; cadeau pour effacer les coups ? Ariel, soit pas stupide.

La demoiselle angoissait. Ça se voyait. A la manière de triturer sa chevelure. A la manière de faire demi-tour pour ne pas s’éterniser. A la manière de rire alors qu’il n’y avait rien de drôle. Isaiah ne broncha pas d’abord. Il écrasa sa clope dans le cendrier en face. Sa tête inclinée sur le côté. Il allait l’aider. Ça lui crevait le coeur de le faire. Mais il allait l’aider. Impossible pour lui de prendre le risque de la voir se faire frapper - un peu plus. « J’vais t’aider Ariel. » Simple phrase. Il se leva alors. Ses pieds foulant le sol. Il ouvrit la porte en esquissant un léger sourire. Isaiah prenait sur lui. Pour ne pas s’énerver. Pour ne pas crier. Pourquoi tu restes avec le loup Ariel ? Pourquoi tu me laisses pas t’aider ? Un soupire inaudible mais perceptible s’en suivit. Une fois la porte refermée, il traversa la petite allée. La brune ouvrant la marche. En se retrouvant dans sa maison, la nausée remontait. Il s’imaginait Xander - roi de l’endroit. Il l’imaginait prendre Ariel comme une poupée de chiffon à malmener. Il l’imaginait au sol - en larmes, parce que le monstre aurait frappé trop fort. Il secoua sa tête pour s’empêcher d’y penser. Très vite, il entra dans la cuisine. La brune resta près de l’évier. Tirant encore sur ses manches. Nerveuse. Incapable de rester sur place. Elle redoutait déjà ne plus voir ce collier. Isaiah s’approcha. Il observa les outils fraîchement disposés sur le meuble à côté. En attrapant un, il revint à hauteur du lavabo. Il fixa Ariel. Il ne pût s’empêcher d’apposer ses phalanges sur sa joue laiteuse. Un simple contact. De la tendresse à s’en bouffer le coeur. T’es plus habituée hein, Ariel ? « Je vais te le retrouver ton collier. Calmes-toi. » Il stoppa ses caresses. Puis se baissa. En moins de deux, il dévissa le siphon. Une eau noirâtre et mal odorante s’en émana. La tête sous l’évier, il attendit que l’objet de toutes les craintes ressorte. Quelques secondes plus tard ce fut le cas. Il attrapa le collier. Sur le moment, une impulsion lui donna envie de le briser. Il se ravisa. Evidemment.

En se relevant, l’homme passa le bijou sous l’eau pour ôter le dépôt nauséabonde présent dessus. Attrapant une serviette en tissu, il l’essuya puis s’avança vers Ariel. Il le secoua devant ses yeux enfantins et surtout rassurés. La brune esquissa un sourire et attrapa la chaînette. Isaiah ne bougea pas. Elle était presque collée contre le plan de travail. Une faible distance les séparant. Il avait envie de ses lèvres. Il désirait son corps. Il voulait la serrer. Lui susurrer une vague, tout va bien se passer tu verras, au creux de l’oreille. Isaiah s’approcha encore. Il dégagea la chevelure brune sur le côté avec ses phalanges. Son index ripant avec douceur sur le sommet de l’épaule féminine. Par mégarde, il déplaça un peu le tissu du gilet. Assez pour remarquer de nouveaux bleus. Une échine malmenée. Violacée par endroit. La rage reprenant sa gorge. La rage redevenait reine de son esprit. Il la fixa. Et elle baissa les yeux. Honteuse. Souillée. Petit agneau dévoré par la gueule du loup. Amoureuse maudite d’un type qui se prenait pour l’empereur de la violence. Assez. « Il a recommencé. » Ton ferme. Quasi autoritaire. Assez pour que la pauvre poupée se renfrogne un peu plus. Isaiah prit sur lui. Petite inspiration pour s’empêcher d’hurler sa rage. Sa main glissa contre le menton d’Ariel. Il releva la tête de cette dernière. Il la surplombait de part sa taille. Pour simple acte, il glissa ses lèvres contre les siennes. Ses pouces encore collés à son cou. Un baiser chaste. Bien plus chaste que toutes les pensées suscitées par la brune. Un baiser lui filant une overdose de frisson. Mais je crèverais rien que pour goûter encore ce goût sucré Ariel. En se reculant, il vit les joues de la belle s’empourprer. Un léger sourire. Sourire qui ne tarda pas à disparaître. « Tu pourras pas continuer à supporter ses coups Ariel. » Affirma-t-il finalement en rebondissant sur le sujet épineux. « Pourquoi tu me laisses pas te sortir de là ? » Il haussa les épaules et se recula. Son bassin happant la table. Il resta adossé contre ce dernier. Regard triste. Mains recroquevillées sur le rebord de la table. Plus un mot. Juste un regard qui disait tout. Laisses-moi te sauver.
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