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 " A boire tavernier, à boire ! " [ Loreley et Adonis ]

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Adonis Nightsprings
DISTRICT 8
Adonis Nightsprings
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" A boire tavernier, à boire ! " [ Loreley et Adonis ] Vide
MessageSujet: " A boire tavernier, à boire ! " [ Loreley et Adonis ]   " A boire tavernier, à boire ! " [ Loreley et Adonis ] Icon_minitimeMer 17 Juil - 3:44

" A boire tavernier, à boire ! " [ Loreley et Adonis ] Tumblr_lwvzioYVZw1qalcu6o1_500



    A boire tavernier, à boire. Il lui avait semblé entendre cette formulation un nombre incalculable de fois dans cet endroit. Ce n'était pas vraiment un bar ou un café. Des cafés, il en avait vu dans son District. C'était accueillant, chaleureux, les gens se connaissaient bien, se saluaient, ça parlait et ça riait à tout bout de chant. Ça avait des allures festives, joviales et quand sa mère l'y emmenait, lorsqu'il était plus jeune avec sa sœur, il se prenait à sourire en voyant toute cette bonne humeur. Parfois, les District 2 lui manquait. Son District maternel avait-il changé ? Y avait-il toujours le sourire sur le visage des gens ? Sûrement pas à cette époque de l'année. Les gens devaient chialer, comme partout en ce moment. Les rires lui manquaient. Même son propre rire lui manquait. Assis au comptoir de ce qui semblait être un bar, Adonis tenait entre ses mains un verre avec un alcool dont il avait oublié le nom. Il fixait les bouteilles, comme s'il pouvait se remémorer le goût de chaque alcool. Chaque alcool qu'il avait eu la possibilité de goûter avec elle. Avec Silk. Il but d'une traite ce qu'il restait de son verre. Tout ça lui parut fade, amer, triste. Ce qui lui manquait aussi, c'était l'hygiène et la propreté de son District. Un luxe que le 8 ne pouvait s'offrir. Ce bar puait la pisse, la crasse, l'alcool de bas prix et la transpiration. Parfois, avec un peu de chance, il y avait un semblant de nicotine dans l'air qui tentait de recouvrir les odeurs. L'odeur de Preston lui manquait, bien plus que celle de la cigarette. Au moins, lorsqu'il avait encore des clopes, ses lèvres avaient un minimum de contact avec ce qu'il restait d'elle. Il pouvait faiblement mimer un baiser, quelque chose de presque timide, du bout des lèvres. Il y avait quelque chose de risible, oh tellement risible, eux qui n'avaient jamais été timides, pas même pour deux sous. Ouais, le geste lui manquait. Putain, qu'est-ce que ça lui manquait.

    Il renifla, tournant brièvement la tête derrière lui. Personne ne riait. Les gens étaient déjà en deuil. Personne ne faisait plus confiance à Silk pour ramener un gosse ici. Leurs enfants ne méritaient peut-être pas de revenir, après tout. D'un geste de la main, il somma le barman de le servir à nouveau. Cette fois-ci, il attendit pour boire. Il attendait quelqu'un. C'était dans ce taudis que Candria l'avait emmené après son premier jour dans le District 8. Tout était alors nouveau pour lui, différent et il avait trouvé ça cool, cet endroit. Après plusieurs soirs, il avait bien vite déchanté. On ne s'habitue pas à ce genre d'établissements. C'était ce qu'il espérait montrer à O'Connor. On ne s'habitue à rien ici ou ailleurs. Il n'y avait plus rien à espérer. Il n'y avait plus de place pour le bonheur depuis longtemps. Cependant, il restait l'ordre. Ce qu'ils représentaient, eux, les pacificateurs. Il ne fallait pas s'en détourner et assurer l'avenir de cet ordre, vu que rien d'autre n'avait réellement d'avenir. C'était ce que Candria lui avait appris. L'ordre, l'impartialité, l'égalité. Il ne leur restait plus que cela. Il soupira longuement, guettant la porte d'entrée. Les lieux n'étaient pas grands, non, et la porte ainsi que le plancher grinçaient dès que quelqu'un entrait. Elle lui avait dit qu'elle viendrait. Elle n'était pas vraiment en position de refuser. Tout de même... Elle avait du caractère.

    D'une certaine manière, Loreley lui rappelait sa sœur. Déterminée, gardant la tête haute et une putain de force, une putain de volonté qui pourrait faire pâlir ses camarades les plus costauds. Il y avait quelque chose dans ce petit bout de femme qui valait la peine, en fait. Y avait-il des gens qui valaient encore la peine ? Las, il se tourna à nouveau vers le bar et but d'une traite son autre verre. Plutôt pathétique de noyer son chagrin dans l'alcool. Pathétique et d'un cliché... Il n'y avait pas à faire l’amalgame entre la gamine, Preston et sa sœur. Silk elle-même avait joué tellement de rôle. Amie, amante, mère, sœur... Il avait aimé l'amie, pour les confidences, l'amante pour le sexe, la mère pour le réconfort et la sœur pour les engueulades. Il n'était pas prêt à la remplacer et n'en avait aucune envie. Mais Preston n'avait pas été une seule chose : une apprentie. Il lui fallait peut-être ça, apprendre à quelqu'un, couver quelqu'un pour se sentir plus adulte et grandir enfin ? Devenir un peu de Preston, un peu de Candria, devenir un mentor mais aussi ne jamais abandonner ses protégés. Non, ça jamais. L'abandon, c'était pire que tout. Pas de dessous de verres pour le bar. Il repoussa le verre et traça de son index quelques cercles dans l'une des gouttes sur la table. Le plancher et la porte grincèrent, il ne se retourna pas. Pas besoin, il savait que c'était elle. Le peu d'animation qu'il y avait dans le bar se tut. Deux pacificateurs dans le même établissement, c'était de trop. Surtout en ces temps-ci. Il entendit certaines personnes se lever. Pourtant, y régnait toujours un silence de morts. Des morts... Adonis leva la tête, une sorte de vieille télé trônait au-dessus des bouteilles offrant la possibilité aux alcooliques de suivre les Jeux. La télé grésillait et avait du mal à capter mais on voyait très bien ce qu'il y avait à voir. Il s'humidifia les lèvres lorsqu'elle prit place à ses côtés, gardant une certaine distance tout de même. Il leva la main et de son signe habituel, commanda non pas un mais deux nouveaux verres.

    " - J'espère que tu bois. Ça m'éviterait l'embarras de commander un verre d'eau. ".

    Les verres glissèrent sur le comptoir.

    " - Au pire, tant pis ; je boirais ton verre. ".

    Il y avait des jeux, des jeux d'adulte auxquels il avait joué il y a ce qui lui semblait être une éternité. Je me suis faite refaire les seins. Faux, tu bois Preston et cul sec, hmm, j'ai un cœur de pierre. Faux, tu bois Nightsprings. Tu ne me connais pas, tu ne sais pas ce que je fais ni qui je suis. Je sais déjà que t'es un gros porc et un connard, mais t'as un cœur. Conneries. Bien, si tu le dis, alors à mon tour laisse-moi réfléchir, je fais exprès de dire de la merde pour boire cul sec l'alcool que j'ai rapporté du Capitol. Vrai, désolé mon cœur mais tu bois pas ce tour-ci. Des jeux auxquels ils avaient joué toute la nuit. Putain, ce qu'elle lui manquait.

    " - Tu fumes, O'Connor ? ".
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" A boire tavernier, à boire ! " [ Loreley et Adonis ] Vide
MessageSujet: Re: " A boire tavernier, à boire ! " [ Loreley et Adonis ]   " A boire tavernier, à boire ! " [ Loreley et Adonis ] Icon_minitimeMer 17 Juil - 16:02

Hey It's OK, cuz I've found what i wanted
❝ Please forgive the way I act when
I've had too much to drink
I'm fighting against myself ❞
Elle n’envisageait clairement pas de passer une agréable soirée en sa compagnie, mais elle s’était résignée à se rendre sur place tout de même. Avant tout parce qu’elle avait été toujours été d’une nature curieuse et intrépide (d’une rare imprudence l’aurait plutôt sermonnée sa mère) et qu’Adonis l’intriguait, il fallait le reconnaître. Elle voulait en apprendre davantage sur lui, tout en espérant ne surtout pas avoir accès à ses pensées… Il lui inspirait de la crainte et un peu de dégoût aussi par moment. Cette manière qu’il avait de considérer ses semblables et de les traiter lui donnait parfois des cauchemars et la troublait. En réalité, le souci était surtout que, contrairement à elle, le chef des Pacificateurs semblait tout simplement ne pas considérer les habitants du huit comme ses congénères, mais comme des êtres inférieurs qu’il toisait avec mépris. Loreley ignorait ce qui avait pu se passer dans sa vie pour qu’il se comporte de cette manière là, et c’était justement pour arriver à le savoir qu’elle avait accepté de le retrouver ce soir. Parce qu’il y avait forcément eu un déclencheur. Elle se jugeait assez douée pour juger les autres, son instinct était un de ses plus grands atouts, et elle restait persuadé qu’Adonis n’était pas irrécupérable. Peut-être le pensait-il, peut-être estimait-il être obligé se montrer si peu altruiste, et si c’était le cas, elle tenterait de lui faire voir les choses autrement. Elle était une grande amatrice des causes désespérée…  C’était certainement en partie pour cette raison qu’elle avait souhaitée être affectée au district huit qu’on disait gangréné par la rébellion. Pour ça et pour d’autres raisons plus fantaisistes et personnelles.

La bouche tordue par une grimace pensive, elle observa son reflet dans le miroir. Le rendez-vous était posé en dehors de ses horaires de service, mais c’était tout de même son supérieur hiérarchique qu’elle s’apprêtait à rencontrer et elle ne devait pas trop se laisser aller. En même temps, elle avait envie de marquer le coup et de se débarrasser de cette couleur laiteuse que son devoir la contraignait à porter constamment. Dwayne lui avait assuré qu’elle était plus jolie en portant des couleurs… Mais voulait-elle avoir l’air jolie en présence d’Adonis ?
Quel effet souhaitait-elle produire chez lui exactement ?
Elle ne se sentait pas jolie, personnellement. Ses yeux étaient trop marqués, trop globuleux à son goût, ses cheveux, secs et ternes, étaient un enfer à dompter et son père lui avait toujours répété qu’elle avait des dents de cheval et l’air d’une imbécile quand elle éclatait de son rire grotesque… Même sa mère, qui paraissait prendre un malin plaisir à ne jamais être en accord avec son époux, reconnaissait qu’elle riait à gorge trop déployée et qu’elle ferait bien de dissimuler sa grande bouche derrière sa main quand l’envie lui prenait de s’esclaffer.  
De toute manière, elle n’avait en aucune manière l’intention de séduire cet homme et il ne l’avait certainement pas invitée dans cette optique non plus. A moins que… Non, ce n’était pas le genre de Nightsprings, Loreley en était intimement convaincue.  
Pas besoin donc de se montrer jolie et d’essayer de l’impressionner. Il lui faudrait donc faire preuve de simplicité. De toute façon, il était toujours prudent de se balader dans les rues du district sans se parer de tous ses atours, sous peine de se faire dépouiller. Devait-elle pousser jusqu’à porter son uniforme ? Elle n’en avait absolument aucune envie mais d’un autre côté, le porter lui permettrait de se souvenir en présence de qui elle se trouvait et de ne pas franchir de limite qu’elle pourrait regretter avoir passé une fois l’entrevue terminée.

Loreley poussa un soupir agacé. Pourquoi ce rendez-vous prenait-il soudainement des airs de test ? Pourquoi se prenait-elle la tête de cette manière ? Elle aurait dû refuser. Mais il était trop tard à présent et si elle continuait, elle allait se mettre en retard et s’attirer la colère de son supérieur. Ou peut-être pas… peut-être qu’en dehors du cadre professionnel, Adonis était un tout autre homme. Un homme qui ne prenait pas plaisir à parler de la manière dont il avait fait torturer un homme avant de prononcer son ordre d’exécution. Mais Loreley en doutait.
Préférant jouer la carte de la sureté, la brunette se contenta de renfiler les vêtements qu’elle portait le matin même en se rendant sur son lieu de travail et qu’elle avait tronqués contre son uniforme dans les vestiaires. Elle garda ses cheveux lâchés, maquilla à peine ses yeux et s’en fut rejoindre Adonis en ville.  

Elle commençait à connaître le coin et avait une mémoire visuelle et un sens de l’orientation assez développés pour retrouver le bar sans s’égarer ou avoir besoin de demander son chemin. Elle essuya les regards courroucés ou intrigués des quelques passants qui la connaissaient et savaient pertinemment comment elle avait l’habitude de s’habiller en journée. Elle adressa quelques sourires, soutint quelques œillades plus agressives et finalement, passa la porte du bouge.
Rien à voir avec les endroits qu’elle aimait fréquenter chez elle, dans le deux. Mais c’était à peu près ce qu’on pouvait faire de mieux dans cette partie du district et elle n’avait pas voulu jouer les fines bouches quand Adonis lui avait proposé cet établissement pour qu’ils se retrouvent. Faisant fi des nouveaux regards qui s’étaient posés sur elle dès son entrée, Loreley s’avança directement vers le bar où s’était installé le pacificateur à l’instant où elle l’eut repéré. La quiétude régnant dans le bar lui permet très nettement de capter les raclements de chaises signifiants le départ de quelques clients mécontents.  Si elle en fut un peu contrariée, elle ne le laissa pas paraître et afficha même un petit sourire avenant au moment de rejoindre le comptoir.
« Je bois » le rassura-t-elle une fois installée, en rejetant ses cheveux derrière ses épaules, avant de soupirer d’aise.
Le trajet lui avait donné soif et elle accueillit le verre avec plaisir. Peut-être que la soirée ne serait pas aussi terrible qu’elle l’envisageait… Il était encore trop tôt pour l’assurer cependant. Pendant qu’elle faisait tremper ses lèvres dans le liquide alcoolisé, elle observa son camarade de beuverie. Apparemment, il avait trouvé de quoi s’occuper en l’attendant et n’en était pas à sa première tournée.
Elle reposa son verre lorsqu’il la questionna à nouveau.
« Non. J’ai essayé mais c’est pas mon truc » avoua-t-elle en se débarrassant de sa veste légère qu’elle déposa sur ses genoux, avant de s’accouder à la surface humide du bar.
Inutile de lui préciser qu'il n'avait pas à se retenir par respect pour elle, quelque chose lui disait que s'il avait envie de fumer, il fumerait, point. En tout cas jusque là, la première approche n’était pas si terrible. Mais la soirée ne faisait que commencer et il allait lui falloir trouver quelque chose à dire à présent. Quelque chose de pertinent de préférence pour ne pas passer pour une imbécile aux yeux de son irritable supérieur. Loreley chercha l’inspiration autour d’elle et repéra rapidement l’écran qui diffusait des images de l’Arène. Pas un sujet qu’elle prendrait plaisir à aborder mais il faudrait en passer par là à un moment ou un autre. Et pourquoi ne pas se débarrasser du sujet dès le départ ?
« Du nouveau ? » demanda-t-elle donc, désignant le projecteur du menton, avant de porter à nouveau son verre à ses lèvres, histoire de prouver qu’elle savait et appréciait boire.  

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" A boire tavernier, à boire ! " [ Loreley et Adonis ] Vide
MessageSujet: Re: " A boire tavernier, à boire ! " [ Loreley et Adonis ]   " A boire tavernier, à boire ! " [ Loreley et Adonis ] Icon_minitimeJeu 18 Juil - 5:06


    " - Personne a une putain de clope ici ? Non ? Tant pis. ".

    Adonis s'était levé de son tabouret, survolant la salle du regard en beuglant ses mots puis s'était rassit. Condamné à boire sans fumer, il soupira fortement. Quel merdier. C'était quoi ces jeunes recrues qui ne fumaient pas ? Il fit claquer sa langue contre son palais et commanda quelque chose d'autre, de moins costaud pour être en état de discuter sans pour autant dessaouler. Qu'il lui reste au moins l'alcool à défaut d'une bonne cigarette. Il pouvait presque sentir le tabac satisfaire ses petites papilles. Le peu de gens qui restaient dans le bar avaient baissé la tête. S'ils avaient pu, ils se seraient certainement cachés sous les tables, dans un trou de souris ou même sous le plancher. Il grimaça. Il n'arrivait même plus à en vouloir à ses imbéciles. La peur et la pauvreté, c'était tout ce qui animait encore la population du District 8. De Panem ? Non, il se refusait d'y croire. C'était juste ce District et toutes leurs conneries. Après la rébellion, les gens devenaient de plus en plus méfiants avec les Pacificateurs et avaient peur des représailles. Envers ceux habillés en blanc comme leurs propres congénères. Il avait déjà vu une jeune fille parler avec un jeune Pacificateur, cela n'avait rien de sexuel, aucune animosité, une simple discussion cordiale, presque amicale. Il avait revu la gamine quelques jours plus tard, les cheveux tondus, telle une paria. Les gens devenaient complètement fous, parano'. Ce n'était que ce District. Il était devenu foui lui aussi, dès le moment même où il avait mis les pieds ici. Son regard ce posa sur la jeune femme assise à côté de lui. Deviendrait-elle folle elle aussi ? Perdrait-elle la tête ? Forcément.

    " - C'est bien que tu ne fumes pas. Tu t'épuiseras moins lorsqu'il faudra courser quelqu'un. ".

    Mais il lui faudra trouver un autre exutoire à toute cette merde. Adonis aimait l'alcool mais ça le rendait agressif, colérique puis triste. Et il n'y avait plus personne qui l'attendait pour le réconforter la nuit. Se bourrer la gueule seul ne lui était pas venu à l'esprit, pas depuis longtemps. L'alcool rend nostalgique et mélancolique, il n'avait pas besoin de ça pour être dans cet état-là. Au moins, la clope, c'était quelque chose d'anodin, l'une de ces drogues auxquelles on pouvait goûter sans se faire emmerder. Ça détend. Ça soulage. Un peu comme le sexe. Il avait voulu essayé la drogue, il savait que Preston en avait et l'avait même aidé à arrêter mais elle le lui avait défendu. Catégorique, elle refusa. Il ne chercha pas plus loin.

    D'un geste du menton, elle désigna la télévision. Il eut un sourire. Il avait regardé le défilé et les interviews, avait ricané en voyant ces pauvres petites choses qui sortaient à peine des jupons de leur mère et avait laissé tourner la télévision sans regarder, se contentant de s'allonger sur son canapé pour lire un livre. Il n'y avait pas que les cigarettes qui se faisaient rares dans les Districts et il avait dû effrayer une môme pour obtenir son livre. Il avait passé des heures, après l'avoir ouvert, à en sentir les feuilles. Il venait forcément du District 7, avait forcément dû être importé pour les écoles. Dans le 8, il y avait une petite imprimerie, de la sérigraphie pour être utilisée sur le textile, rien à voir avec les grosses machines d'offset du 7 pour la paperasse et autres bouquins de propagande. Il préférait faire ses rondes dans ce coin-là plutôt que de supporter les couturières geignardes dans leurs ateliers. C'était là, qu'au contraire, O'Connor préférait patrouiller. Tant mieux, ça lui évitait de se promenait dans ce coin-là. Il tourna la tête vers elle et l'observa, remarquant enfin qu'elle était en civile. Il ricana, les lèvres closes.

    " - Rien de bien passionnant pour le moment. Ça viendra en temps voulu. ".

    Sa voix calme se mit soudain à gronder.

    " - Hey, Wayne, si j'étais toi, je réparerai cette foutue télé, histoire qu'on puisse voir quelque chose. Sauf si t'as envie de recevoir une amende. ".

    Il secoua la tête, exaspéré, avant de revenir à la jeune femme, la regardant un peu mieux. Il ne la dévisagea pas non plus, pas le genre de regard d'homme qui salivait sur le corps d'une femme, non, une simple étude vestimentaire qui pouvait en dire long sur une personne. Pas de manches longues, pas de quoi se triturer les doigts ou bien les cacher, des vêtements qui n'avaient rien de strictes ou d'amples, ni trop habillé ni trop décontracté, juste quelque chose de pratique et passe partout. Ce qui était amusant néanmoins, c'était de la voir les cheveux détachés, libres et en bataille ainsi que les yeux maquillés. Il afficha un léger rictus. C'était léger, juste ce qu'il fallait pour se sentir un minimum jolie tout en passant inaperçu. Ouais, O'Connor semblait être le genre de jeune femme qui n'avait pas conscience de son physique. Il y avait bien le jeune Todd qui bavait devant elle ainsi que d'autres, des plus jeunes mais aussi des bien plus vieux. Elle ne voyait pas. Elle ne savait pas.

    " - Hmm. Tu as dû regarder le défilé aussi, je suppose et avoir vu les notes des tributs. Pas très glorieux pour le 2, hein. On a pris un sacré coup. ".


    Le pire dans tout ça c'était que la gamine du 2 était l'une de ses cousines du côté de sa mère. Si sa sœur était encore là pour voir ça... Un putain de déshonneur sur la famille. Il soupira et prit son verre, buvant une petite gorgée. Il se garda bien de le dire.

    " - La plupart des Pacificateurs viennent du 2. On a le droit de parier sur les gamins, je pensais qu'on pourrait essayer de mettre quelque chose en commun pour le tribut masculin ou féminin. ".


    Rien d'altruiste dans tout ce manège. C'était une façon de garder un œil sur ceux avec qui ils travaillaient, les forcer à suivre les évènements sans perdre de vue l'objectif. De toute façon, il y en aura qu'un, au final, qui s'en sortira. Un seul. Puis la vie reprendra. Comme toujours depuis soixante dix sept ans.


Dernière édition par Adonis Nightsprings le Sam 27 Juil - 12:35, édité 1 fois
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" A boire tavernier, à boire ! " [ Loreley et Adonis ] Vide
MessageSujet: Re: " A boire tavernier, à boire ! " [ Loreley et Adonis ]   " A boire tavernier, à boire ! " [ Loreley et Adonis ] Icon_minitimeSam 20 Juil - 11:07

Hey It's OK, cuz I've found what i wanted
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Le nez plongé dans son verre (la boisson ne valait assurément pas les cocktails qu’elle avait eu le loisir de consommer dans le deux, mais ça se laissait boire), Loreley adressa un sourire courtois à Adonis. Elle se garda bien de lui répliquer que fumeuse ou pas, elle pourrait rattraper n’importe qui si elle le voulait et d’ajouter qu’en course et en endurance, elle avait été la mieux notée des recrues féminines lors de ses années de formation. Son instructeur, un machiste fini, avait préféré présenter les choses de cette manière, plutôt que de lui préciser qu’elle avait manqué de quelques secondes de battre également son meilleur coureur masculin. Dwayne, évidemment. Elle était arrivée seconde au classement général mais le reconnaître aurait probablement arraché la bouche du Pacificateur et sa langue se serait certainement fait la malle.
Mais Adonis avait soigneusement consulté son dossier et ne l’ignorait pas. Une autre qu’elle en aurait possiblement profité pour le caser tout de même et fanfaronner un peu, mais ce n’était pas son genre. Et puis Loreley n’était pas certaine que ce genre de commentaire n’agace pas son interlocuteur plus qu’autre chose… La jeune femme commençait à le connaître un peu et préférait jouer la carte de la sureté et de la modestie dans son sillage. Il était du genre pointilleux et trouvait toujours à y redire quoi que fasse ses recrus. Distribuer des compliments n’était pas franchement dans ses habitudes et lorsqu’il s’y risquait, Adonis paraissait toujours vouloir compenser son approbation par une remarque acerbe pour vous éviter de prendre la grosse tête. Ca n’était pas plus mal selon la brunette, mais elle préférait ne pas lui tendre le moindre bâton pour se faire battre avec ce soir.
D’autant qu’il avait vraisemblablement un coup dans le nez et qu’elle ignorait dans quelle mesure son état d’ébriété allait influencer son comportement… Généralement, de par son expérience, elle pouvait assurer que l’alcool ne faisait pas ressortir le meilleur des gens. Et le manque de nicotine non plus.

Et ses soupçons furent rapidement confirmés lorsqu’il s’en prit au gérant de l’établissement un peu miteux où ils se trouvaient. Pour la bonne soirée détente, elle repasserait. Loreley s’y était de toute manière attendu et se sentait de ce fait plus dépitée que vraiment déçue. Elle ignorait ce qu’Adonis attendait d’elle mais ne comptait pas perdre sa soirée à le découvrir. Et si jamais son but était simplement de se chercher un défouloir, elle le planterait ça sans beaucoup tergiverser. Quand ils étaient en service, il pouvait bien faire à peu près ce qu’il voulait d’elle, mais en dehors de ça, elle avait des limites. Elle ne lui manquerait pas de respect pour s’éviter des ennuis mais refusait de se laisser marcher sur les pieds par un ivrogne colérique.
Elle continua de siroter son verre, suivant du regard le propriétaire furetant à présent du côté de l’écran, histoire de faire mine de s’intéresser au problème qu’il faisait semblant de découvrir ce soir. Lorsqu’elle reporta son attention sur son compagnon de beuverie, elle remarqua qu’il était en train de l’observer. Etait-il en train de critiquer mentalement sa tenue civile ? Et quand bien même, quelle importance ?
Le chef des Pacificateur finit par reprendre la parole, poursuivant sur le thème des Jeux.
« Toutes les notes m’ont parus catastrophiques cette année de toute manière » répondit-elle dans un haussement d’épaule.
C’est vrai qu’elle s’était cependant attendu à mieux de la part de l’héritière Skenandore, comme tout le monde, mais qu’est-ce qu’ils y pouvaient ? Et puis les notes ne reflétaient pas toujours les capacités des tributs, c’était bien connu. En fait, obtenir un bon score n’était même pas toujours une bonne chose puisque vous deveniez une cible de choix à abattre dès les premiers temps. N’empêche qu’un quatre… Ca la fichait sacrément mal pour un district comme le deux.
« On pourrait, ouais » approuva Loreley, son regard déviant un instant en direction de l’écran de télévision, avant tout pour masquer sa gêne.
Elle avait toujours tenu des paris sur les tributs jusque là. La jeune femme avait eu ses favoris, les avaient vu périr quelques fois, gagner à d’autres. Mais cette année, elle était trop…trop chiffonnée pour vraiment être emballée par tout ça et elle peinait à se laisser gagner par l’enthousiasme et l’excitation qui la prenait à cette époque de l’année. Peut-être que c’était simplement à cause de la menace d’une autre rébellion à laquelle elle ne pouvait s’empêcher de songer. Peut-être que c’était simplement à cause de ça… Et peut-être pas.
« C’est une bonne idée. »
Il s’attendait peut-être à ce qu’elle oriente dès à présent son choix, mais Loreley n’était pas certaine de savoir lequel des deux tributs elle souhaitait voir revenir.
Le garçon lui avait parut d’une rare prétention lors de son interview et il avait ce sourire en coin qui n’inspirait aucune confiance à la brune. Il annonçait clairement avoir tout fait pour que ses adversaires le sous-estime, d’où la note qu’il avait obtenu, mais elle ne trouvait pas cette méthode très pertinente. Si l’on voulait être sous-estimé, il fallait jouer la carte de la faiblesse jusqu’au bout…
Quant à la fille… Eh bien le moins que l’on pouvait dire, c’était qu’elle n’était pas très perspicace. Mais c’était peut-être parce que pour sa part, au contraire de son co-tribut, elle avait décidé de jouer convenablement la carte de la faiblesse.
Loreley avait rapidement réalisé qu’en réalité, elle n’aimait ni l’un ni l’autre des adolescents. Mais à choisir, elle préférait évidemment que ce soit l’un des siens qui retourne en vie et auréolé de gloire au deux.  

La jeune femme porta une fois encore son verre à ses lèvres pour avaler une gorgée qui lui piqua la gorge et réchauffa ses intestins à merveille. Il allait falloir qu’elle se montre prudente, elle n’avait encore rien avalé et les effets de l’alcool seraient de ce fait décuplés. Reposant son verre sur le comptoir, elle y appuyé son coude, enfonçant son poing dans sa joue, tournant le dos à l’écran pour fixer Adonis.
« Vous venez souvent ici ? » demanda-t-elle simplement, tâtant encore un peu le terrain.    
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" A boire tavernier, à boire ! " [ Loreley et Adonis ] Vide
MessageSujet: Re: " A boire tavernier, à boire ! " [ Loreley et Adonis ]   " A boire tavernier, à boire ! " [ Loreley et Adonis ] Icon_minitimeMer 30 Oct - 4:44

    Les Jeux l'ennuyaient de plus en plus. Son coude posé sur la table, il observa la télévision qui grésillait encore. Adonis savait très bien que le gérant ne réussirait pas à réparer l'engin. L'homme n'était en rien qualifié pour ça. Il savait aussi que si Wayne ne réparait pas cette foutue télé, il aurait des ennuis. Le Pacificateur n'appréciait pas non plus le gérant au point de lui faire une fleur mais il était l'une des rares personnes dans le District à lui offrir l'asile et le servir jusqu'à pas d'heures. Depuis qu'il n'avait plus de compagnons avec qui boire, ce bar miteux était le seul endroit où il pouvait encore se réfugier. Boire un peu, faire semblant d'être entouré, voir du monde, ne pas s'isoler et avoir l'impression de ne pas être seul. Lui qui détestait les gens... Quel paradoxe. Une fois son verre finit, il commanda une simple bière, histoire de rester à l'alcool sans trop forcer sur son foie. Son regard se tourna alors vers la jeune fille. A la voir, elle ne semblait pas vraiment emballée elle aussi par les Jeux. Qui le serait ? Les notes, comme elle le disait, étaient catastrophiques et même les jeunes étaient catastrophiques. Comme s'ils n'avaient plus ni la force ni la foi ou l'envie de s'en sortir. Ils méritaient tous un bon coup de pied au cul. S'il avait été dans l'arène, il aurait tout fait pour en sortir vivant et couvert de lauriers. On pourrait croire qu'il ne pensait cela uniquement parce qu'il était du District 2. Peut-être. Peut-être pas. A voir ceux du 2, ce n'était pas très glorieux. Ça ne donnait pas envie de se battre. Les jeunes avaient sûrement fini par abandonner. Tant pis pour eux. Lui, il était là, dans ce putain de bar à se bourrer sa putain de gueule. Il n'y était pas, dans ces foutus Jeux. Il n'y serait jamais. Ses yeux se rivèrent à nouveau sur la télé. Le sort n'était plus avec personne. Encore moins depuis la rébellion.

    Les rebelles avaient anéanti le peu de stabilité que le Capitol avait essayé de préserver. Et des gens étaient morts. Beaucoup de gens. Beaucoup d'enfants. Ironique, sachant que les rebelles avaient fait ça pour offrir un avenir meilleur à leurs progénitures. Il y avait des souvenirs de ces derniers mois, des choses qu'il aurait préféré éviter et oublier. Mais ce n'était pas possible. Deviendrait-il sentimental avec l'âge ? Bah, qui sait ? Peut-être. Peut-être pas. Dans tous les cas, c'était stupide de croire que les choses pourraient changer de cette manière. Rien ne pouvait changer, pas comme ça, pas avec le Capitol, pas avec les Rebelles. Il ferma les yeux un moment et but la moitié de son verre d'une traite. Longue vie au Capitol, hein. L'alcool devenait de plus en plus fade, c'était le signal pour s'arrêter. A quoi bon s'entêter à se saouler si ce que l'on buvait n'avait plus de goût ? En rouvrant les yeux, il avait presque l'impression de décuver. Presque.

    " - Ouais, c'est une bonne idée. Mais comme tu le dis, tout est catastrophique. Je ne sais même pas sur qui parier. Ils me font tous pitié. ".

    Du dégout, de la rage, de la haine, du dédain... C'est tout ce qu'il restait pour leur génération et les générations à venir. Adonis se passa une main dans les cheveux, las de voir les images de la retransmission.

    " - Arrête-moi ces conneries Wayne. On voit rien. T'as intérêt de fixer ça demain. ".

    On ne voyait rien. Il ne voulait surtout plus voir. Il ne retournait pas sa veste, non, petit chien-chien à la botte du Capitol. Il sera toujours fidèle à son Gouvernement. Seulement les Jeux n'avaient plus rien d'excitants. Cela ne signifiait plus rien pour personne. Où était passée la gloire ? La combativité ? L'instinct de survie ? Ce n'était que des petits merdeux prétentieux sans aucunes facultés physiques ou psychologiques réelles ou des petits peureux qui n'avaient qu'une hâte : rentrer dans les jupons de leur mère. Il renifla bruyamment avant de finir son verre. Effectivement, sa bière n'avait plus aucun goût. Difficile de dire si elle était blonde ou brune. Difficile même d'y percevoir les bulles.

    " - Ouais, je viens de plus en plus souvent ici. ".

    Le Pacificateur tourna la tête vers sa jeune recrue. Il venait de plus en plus souvent ici à défaut d'avoir une bonne bière à décapsuler dans son frigo. Et avec qui la partager ? Candria lui manquait, Preston lui manquait, bordel, il aurait presque pu dire que Hawkins lui manquait. S'ils n'avaient pas été rivaux et si différents, ils auraient certainement pu s'attabler et boire une bonne bière ensemble en fumant comme pas permis. Il fit claquer sa langue contre son palais. L'ambiance avait beau le mettre mal à l'aise, au moins, il n'était pas seul.

    " - Ça ne doit pas vraiment être ton style d'établissement... Ni ton style de fréquentation, je me trompe ? ".

    Un gros soupir et il s'étira.

    " - Bah, les femmes. Il leur faut de jolis coktails, une jolie musique de fond, une lumière tamisée, tout un tas de conneries de ce genre pour venir dans un bar. Pas besoin de ça si on est venu pour boire, non ? ".

    Adonis releva un sourcil. Elle avait beau être Pacificateur, elle n'en restait pas moins une femme avec des rêves aussi stupides comme celui d'être jolie.
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