Avant même d'arriver dans la salle de réception, Aileen entendait les rires et le bruit des conversations. Elle sourit; cette soirée promettait d'être géniale. C'était son anniversaire aujourd'hui, et le hasard avait voulu que c'était aussi le jour du défilé des tributs. Quoi de mieux pour la petite-fille d'un juge des Hunger Games ? Aileen se regarda dans l'un des nombreux miroirs que comptait le couloir; elle était vraiment sublime. Sa longue robe verte sertie de petits diamants lui allait à ravir et elle aimait beaucoup sa coiffure. Pas trop excentrique, mais impressionante quand même, c'était ainsi qu'elle voulait être. Aileen avait maintenant 25 ans, elle était heureuse de sa vie et allait bientôt se lancer dans une mission importante et dangereuse. Si elle réussissait sa mission et qu'elle apportait la tête du chef rebelle au président -enfin, façon de parler-, la gloire lui était assurée. Dès qu'elle entra dans la salle, une foule de gens vint accaparer son attention. Cela l'iritait, et elle n'essaya même pas de paraître sympathique. Ils ne voulaient qu'attirer ses faveurs; les lèche-bottes ne l'intéressait pas. Son visage s'éclaira lorsqu'elle reconnut Kyle dans l'assemblée. Il était magnifique dans son costume, et Aileen n'était pas la seule à l'avoir remarqué. Il parlait avec un autre homme, qu'elle n'arrivait pas à voir entièrement. N'était-ce pas John, qui avait été son petit ami et qui la suivait encore toujours partout comme un chien battu depuis qu'elle l'avait abandonné ? Aileen soupira, agacée; tous savaient qu'elle jetait ses petits amis après une semaine ou deux ! Tout le monde l'acceptait ! Alors pourquoi cet idiot s'accrochait-il toujours à elle ? Aileen espérait que Kyle allait le remettre à sa place, sinon elle demanderait à son grand-père d'organiser un “accident” pour ce cher John. Elle plaqua un sourire avenant sur son visage lorsque le président vint lui parler; il lui souhaita un bon anniversaire et parla un peu de sa mission. Après cette conversation brève mais amicale, Aileen traversa la salle pour aller rejoindre Kyle; elle espérait danser avec lui. Il remarqua soudain sa présence, à quelques mètres de lui, et la rejoignit en une enjambée. Cette fois, le sourire d'Aileen n'était pas forcé; Kyle semblait subjugé et elle osait parier qu'il l'embrasserait ce soir-même. Elle aimait jouer avec les hommes, et il était la proie parfaite: jeune, beau, riche, un peu casse-cou, insolent...Ils dansèrent quelques slows ensemble; Aileen était aux anges. Soudain, quelqu'un lui tapota l'épaule; elle se retourna, prête à engueuler celui ou celle qui osait la déranger. C'était son grand-père, et il n'avait pas l'air content. Aileen soupira et le suivit dans un coin calme de la salle. Pas question de refuser quoi que ce soit à ce juge; elle le croyait même capable de faire assassiner sa famille si ça pouvait lui apporter de la gloire. Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda-t-elle à voix basse tout en se servant un verre de champagne. Elle est là ! Lui répondit Aurelius Carter en serrant les poings. Aileen se raidit; sa soirée était gâchée. Quand son grand-père disait elle de cette façon, c'était toujours pour parler de l'une des soeurs Eärwen. L'égo et la gloire de son grand-père avaient pris un grand coup lorsque Snow avait décidé de le faire remplacer par une gamine. Il était toujours juge, mais il espérait voir mourir Apolline Eärwen pour reprendre sa place de Haut Juge. Sa soeur, Allya, était devenue juge elle aussi et la haine entre elle et Aurelius était presque palpable lorsqu'ils se trouvaient dans la même pièce. Aileen était presque étonnée qu'il n'ait pas fait assassiner les soeurs; c'était sans doute parce qu'elles étaient les chouchoutes du président, maintenant. Laquelle des deux ? Demanda-t-elle en balayant la salle d'un regard noir. Le petite. Siffla son grand-père d'un air tellement menaçant qu'Aileen recula d'un pas. Ce n'était pas juste; à chaque fois qu'elle se sentait heureuse et qu'elle s'amusait, cette Allya venait la déranger. Elle le faisait exprès, Aileen n'en doutait pas; cette fille adorait casser le bonheur des autres. Elle dit qu'elle doit te parler. Ajouta son grand-père d'un air répugné. Là, elle allait trop loin. Qu'elle vienne jouer les trouble-fêtes était déjà assez grave, mais en plus elle voulait lui parler ?! Pourquoi ? Ce ne serait pas pour lui souhaiter un bon anniversaire, Aileen en était sûre. Quel cadeau empoissoné cette peste lui offrirait-elle cette fois ? Aileen espérait qu'elle avait une bonne raison de venir la déranger, sinon elle se sentait prête à se fâcher sérieusement. Aucune autres personne n'éveillait des pulsions meurtrières aussi noires dans le coeur d'Aileen; elle s'imaginait souvent en train de torturer cette...cette garce, cette toquée...cette...Ah, elle ne trouvait pas d'insulte suffisante pour qualifier la juge ! Elle se tenait à quelques mètres d'Aileen. Qui était donc la styliste qui avait habillé la monstresse de façon aussi exentrique ? C'était de très mauvais goût, selon Aileen. Elle avait envie de vomir en la voyant ainsi, l'image de ses mains se refermant autour du cou d'Allya l'obsédait. Si cette mégère croyait pouvoir l'intimider pendant sa fête, elle se trompait ! Qu'est-ce que tu me veux, Eärwen ? Pas de bonjour, pas de sourire. Un ton froid et mesuré mais de la folie meurtrière brillant dans ses yeux. Quand Aileen se comportait comme ça, presque tout le monde l'évitait; elle était dangereuse à ces moments-là. Elle n'utilisait jamais le prénom d'Allya, ce qui était une insulte au Capitole. Aileen serra son verre de champagne pour se retenir de le fracasser sur le crâne d'Allya. Celle-ci était sanguinaire et sadique, mais aussi intelligente, et Aileen savait qu'elle ferait tout pour la ridiculiser en public. Cela l'amusait de provoquer les gens; il fallait qu'Aileen reste calme et qu'elle se maîtrise...Plus facile à dire qu'à faire.

Un regard par la fenêtre m’apprit que le soleil était sur le point de se coucher, le crépuscule n’était plus très loin. Je pouvais sentir l’excitation se répondre dans mon organisme comme du poison. Un sourire ornait mon visage, sans pouvoir l’effacer. En effet, la soirée était pleine de promesse. D’un mouvement fluide, je sortis du bain. Enfilant un peignoir, je me dirigeais vers le miroir embrumé. Je l’essuyais d’un simple mouvement de bras, afin d’observer mon reflet. Le bain m’avait fait le plus grand bien, il avait détendu mes muscles et m’avait permis de me préparer psychologiquement à la soirée qui allait commencer. Seul Dieu -s’il existe vraiment- peut savoir à quel point je déteste ce genre de soirée. Surtout pour une personne aussi détestable que mademoiselle Carter. Je détournais la tête de mon reflet vers l’invitation qui trônait non loin de là. Comme si ma présence était indispensable ! Non, je devrais être, avec les autres juges, à observer les tributs lors de cette magnifique soirée qu’est l’arrivée au Capitole. Mais non, le destin en a décidé autrement, je dois me rendre à un anniversaire. Un anniversaire ! Je grognais de mécontentement. Cette peste a donc décidé de me pourrir l’existence sans répits. Une chance que cette demoiselle me soit utile…sinon….je m’en débarrasserais. Enfin voyons…je n’ai pas l’habitude de garder un boulet à mes côtés ! Ce n’est que simple logique.
Sans plus attendre, je commençais à me préparer. Augmentant légèrement le volume de mes cheveux, je les attachais avec une pince vers l’arrière, dégageant ainsi mon visage que j’allais, à présent, maquiller avec goût. Un far à paupière couleur bleu foncé qu’elle fit brillé en y ajoutant une couleur argenté. Tout ceci saupoudré d’un eyeliner noir et de mascara. J’utilisais, aussi, un far à joue rose pâle et je n’oubliais pas le rouge à lèvre qui, comme à son habitude, est rouge sang. Satisfaite de mon apparence, assez sobre -il faut bien l’avouer, je me dirigeais vers mon dressing. Cherchant la robe parfaite qui s’accorderait parfaitement avec mon maquillage. Je fini par la trouver, au fond, caché par des dizaines d’autres tenues. Une robe assez courte - à peu près mi-cuisse - d’esprit futuriste, elle se mariait parfaitement car sa couleur était bleu. Satisfaite, je descendis rejoindre Apolline, lui lançant un certain regard noir. En effet, elle aussi a reçu une invitation, mais nous avons convenu qu’il était inutile de nous y rendre à deux. Surtout avec la cérémonie des Hunger Games le même soir. Nous avons donc jouer au Chi Fou Mi - assez puéril, je le conçois parfaitement - et malheureusement j’ai perdu. Elle arborait un petit sourire en coin qui me fit la détester encore plus sur le moment. Sans lui adresser un mot, je sortis de la demeure pour me rendre sur les lieux de la « fête ».
Ils avaient fait les choses en grand, la salle de réception du Capitole. Tout ça pour cette…jeune femme. Ridicule. Il aurait été beaucoup plus économe de lui acheter un gâteau vite fait avec une bougie et elle aurait été contente. Et moi j’aurais été tranquille. La soirée semblait, néanmoins, agréable. La musique était entraînante et la nourriture excellente. Tout ce qu’il me fallait. J’entrais dans la salle sans vouloir attirer l’attention, en effet, je ne suis pas la reine de la soirée…enfin pour l’instant. Je m’arrêtais de temps en temps pour saluer le peuple de Panem, même s’il y a des personnages importants du gouvernement. Une fois pas loin du buffet, je me servis une assiette. Quitte à être puni ici autant bien manger. Commençant mon festin, je fus interrompus par le Aurelius Carter, lui-même, mon collège juge qui n’aimait pas trop la famille Eärwen. Puis-je lui pardonner ? Bien sûr…je déteste autant sa famille. Un grand sourire sur le visage, nous commençâmes notre discussion par des banalités. Tout ceci était fort intéressant mais je l’allais pas prétendre apprécier la compagnie du vieux Juge pendant des heures. Non, je lui indiquais que je voulais parler à sa petite fille et qu’il serait aimable d’aller me la chercher. Sans plus attendre, je détournais les yeux du juge pour me concentrer sur mon assiette.
Ce fut qu’une fois que le grand-père se dirigea vers mademoiselle Carter que je le suivis du regard. La demoiselle était sur la piste de danse en compagnie d’un jeune homme. Je la fixais, élevant légèrement le sourcil droit. Intéressant. Quoique…pas du tout en fait. Je détournais le regard afin de me concentrer davantage à mon assiette. Si la soirée continuait dans ce rythme, je vais repartir l’estomac vide. Mr Carter passa devant moi, sa petite fille le suivait à quelques mètres d’intervalle. Un sourire en coin, mon assiette dans une main, je fermais la marche. Nous finîmes par arriver dans une salle isolé, loin des regards indiscrets des invités. Qu’est-ce que tu me veux Eärwen ? Mon sourire s’agrandit, j’avais oublié à quel point il est jouissif d’enrager la famille Carter. J’observais la pièce et y trouvait un petit sofa qui semblait bien agréable. Sans plus attendre, je m’installais sur celui-ci. Sur mes genoux, mon assiette. Je piochais dedans tout en observant mon interlocutrice.Voyons...hum…j'ai reçu une invitation de la part de ton grand-père -oui cela m'a étonnée autant que toi, ajoutais-je en voyant l'air abasourdis de la jeune demoiselle. Celle-ci me m'invitais, soi-disant, à l'évènement de l'année. Alors je pensais que c'était les Hunger Games. Tu comprends sûrement pourquoi. Mais finalement non. Seulement, un anniversaire. Plus précisément, ton anniversaire. Une petite moue déçu, je la fixais dorénavant. Celle-ci semblait vraiment énervé, comme si je la dérangeais. Et pourtant pas du tout ! Elle est beaucoup mieux ici, avec moi, à discuter que sur la piste de dance avec ce jeune homme. Et tu vois...je me suis dis...qu'en tant que juge, ce que ton grand-père peut comprendre, je me devais d'être devant les Hunger Games. Mais on ne fête pas tous les jours ses vingt...euuuh...et quelques années année ! Donc je me suis dis que j'allais faire un petit tour à cette soirée qui semble être tout simplement...charmante en tout point ? J’allais jouer encore un peu, pour voir à quel point je peux être énervante. Enfin, c’est une chose que je sais déjà mais je suis toujours étonnée de voir l’effet que je provoque sur les gens. Lorsque j’ai décidé d’être une vrai peste…rien ne m’arrête. Et la pauvre…euh…Aileen allait en faire les frais ce soir. A dire vrai…c’est sa faute si je suis ici. Ce que je veux ? Enfin voyons…ce que tout le monde ici veux ! Souhaiter une joyeux anniversaire à la reine de la soirée. Mais ne te vexe pas si je ne te fais pas la bise…je ne m’approche pas des gens qui viennent des Districts. Tu viens d’où déjà ? Ah oui…du District 2. Je fis une grimace, en faisait trembler tout mon corps. Comme si moi, Allya Eärwen, allais me rabaisser à saluer le bas-peuple. Sérieusement ? Autant se mettre à distribuer des bonbons dans l’arène tant qu’on y est.

Il était déjà tard et le spectacle des millions de petites lumières du Capitole qui éclairaient le ciel presque noir était absolument ravissant. Dans la salle de réception, les gens s'amusaient; ils mangeaient et buvaient, dansaient, jouaient à des jeux de hasard et suivaient le défilé des Hunger Games sur le grand écran. Pour beaucoup, la soirée était parfaite; on louait la famille Carter pour le divertissement gratuit et de qualité. La disparition soudaine de la petite-fille Carter - celle-là même dont on célébrait l'anniversaire - ne causa que quelques grognements mécontents. Les habitants du Capitole étaient bien trop heureux de pouvoir faire la fête pour s'attarder sur les lubies de cette Aileen. Celle-ci se trouvait dans une petite salle sur le côté, d'où elle chassa quelques ivrognes pour être au calme. Installée dans le canapé, Allya Eärwen piochait dans son assiette tout en la défiant du regard. Aileen resta debout face à sa rivale, bien droite pour parraître encore plus grande. Elle serrait les dents; cette petite peste d'Eärwen prenait un malin plaisir à l'embêter le soir de son anniversaire. Voyons...hum…j'ai reçu une invitation de la part de ton grand-père -oui cela m'a étonnée autant que toi. Déclara Allya. Aileen allait lui répondre Et moi, je suis le président ! ou quelque chose du genre, mais elle se retint à temps. Son grand-père avait insisté pour fournir les invitations...était-il possible qu'il ait invité son ennemie ? Sans invitation, il était impossible d'entrer dans la salle...Grand-père, pourquoi as-tu fait ça ? Se demanda Aileen. Elle était furieuse; Aurelius avait sans doute invité cette mégère parce que cela servait ses intérêts, d'une certaine façon. N'aurait-il pas pu penser à sa petite-fille en faisant ça ? Il fallait qu'Aileen réponde à Allya; pas question de perdre la face: Cela m'étonne, en effet. Je me demande quel est l'intérêt de cette invitation...Ce n'est pas pour te faire plaisir, en tous cas, ni pour me faire plaisir ! Enfin, il n'y a pas de soirée parfaite sans une reine et un bouffon. Je te laisse deviner quel rôle est le tien. Aileen sourit d'un air ironique et but une gorgée de champagne en regardant par la fenêtre d'un air ennuyé, comme si la conversation ne l'intéressait pas plus que ça.
Celle-ci me m'invitais, soi-disant, à l'évènement de l'année. Alors je pensais que c'était les Hunger Games. Tu comprends sûrement pourquoi. Mais finalement non. Seulement, un anniversaire. Plus précisément, ton anniversaire. Lui dit mademoiselle Eärwen d'un air déçu. Aileen avait l'impression que cela l'ennuyait d'être ici, ce qui la réjouit. Elle aurait aussi préféré se trouver ailleurs, dans les bras de Kyle par exemple. Mon anniversaire est l'évènement de l'année, Eärwen. Tu peux le demander à n'importe qui, tout le monde te répondra la même chose. Les Hunger Games ne sont plus ce qu'ils étaient...depuis quelques années. Sans doute est-ce dû au changement de Haut Juge...Les gens ont besoin de divertissement, ils s'ennuient à mourir devant leur télévision. Tout à l'heure, il y aura quelques combats. Je suis sûre que la fontaine de sang leur plaira. En effet, à minuit il y aurait des combats entre criminels, entre des criminels et des professionnels, entre des invités souhaitant prouver leur valeur et des professionnels...Cela aurait lieu dans une salle de la résidence de Snow, comme le Grand Cirque était occupé; Aileen était certaine que les gens apprécieraient cette nouveauté. Et tu vois...je me suis dis...qu'en tant que juge, ce que ton grand-père peut comprendre, je me devais d'être devant les Hunger Games. Mais on ne fête pas tous les jours ses vingt...euuuh...et quelques années année ! Donc je me suis dis que j'allais faire un petit tour à cette soirée qui semble être tout simplement...charmante en tout point ? Je suis sûre que ta soeur se débrouillera très bien toute seule...Après tout, c'est la Grande Apolline, La-peste-qui-a-inventé-le-sadisme ou je ne sais pas comment on l'appelle encore. En effet, cette soirée est bien charmante ! J'essaye de me souvenir de ton anniversaire mais ça ne me revient pas...C'était sans doute un évènement sans intérêt, un petit gâteau et trois bougies et puis tout le monde au lit ? Aileen ricana d'un air méprisant. Ce que je veux ? Enfin voyons…ce que tout le monde ici veux ! Souhaiter une joyeux anniversaire à la reine de la soirée. Mais ne te vexe pas si je ne te fais pas la bise…je ne m’approche pas des gens qui viennent des Districts. Tu viens d’où déjà ? Ah oui…du District 2. Lui dit Allya en grimaçant comme si elle était dégoûtée. Cela attissa la colère d'Aileen; mais pour qui cette idiote se prenait-elle ? Comme tu le sais très bien, Eärwen, j'ai habité dans le district 2 parce que mon père y travaille comme Pacificateur en Chef et Directeur de la Noix. Répondit-elle d'un ton hautain. Mes parents viennent tous les deux du Capitole. Je suis sûre que tu te souviens que ma mère est fille du Maire du district 2, qui est lui-même un cousin éloigné de notre cher président ? La famille Carter est très respectée au Capitole, et respectable aussi, au contraire des Eärwen...N'ai-je pas lu dans le journal hier que votre soeur avait commis une erreur importante pendant la Moisson ? Aileen sourit; si cette peste prenait plaisir à la tourmenter, elle aussi ne se priverait pas de ce plaisir. D'ailleurs, je crois que les sondages de popularité vous mettent en queue du classement...Quel dommage ! Je vais bientôt être envoyée en mission chez les rebelles -une mission très importante, tu t'en doutes bien. Alors, je crois que j'ai fini de travailler avec toi. De toute façon, ce que tu me demandais de faire était tellement bête et inutile ! Je ne vais plus risquer ma vie pour ça, j'ai bien trop envie de m'amuser. Le président m'a demandé la tête du chef rebelle...peut-être qu'un jour il me demandera la tienne. Dit-elle d'un air menaçant mais sans cesser de sourire. Finalement, elle s'amusait plutôt bien...Cette Eärwen était une fille horrible, et elle demandait souvent l'impossible d'Aileen pendant ses missions. Il fallait qu'Aileen lui apprenne qui était le chef, et ce n'était certainement pas cette Allya.

La colère d'Aileen montait peu à peu, et elle devait faire des efforts pour se maîtriser. Allya était vautrée dans son divan et chantonnait tout en piochant dans son assiette. Elle ne prêtait aucune attention à Aileen et avait même fermé les yeux. C'était sans doute une idée pour la faire enrager; elle ne pouvait pas marcher dans le piège. Elle ferma à son tour les yeux pour tenter de se calmer et essaya de respirer calmement. La certitude qu'Allya ne l'avait même pas écoutée lui fit serrer les poings; elle était Aileen Carter, pas une vulgaire fille de district ! La juge des Hunger Games répondit uniquement à sa dernière phrase: Trésor…tu sais très bien que jamais tu n’auras ma tête. La seule personne qui a encore assez de pouvoir pour obtenir la tête de l’autre ici, dans cette salle, c’est euh…attend laisse moi réfléchir…moi ! Quel surprise ! Je ne m’y attendais pas du tout ! Aileen grimaça; cette gamine faisait vraiment tout pour embêter son monde ! Ah, tu crois vraiment ça ? Bon, j'avoue: tu as du pouvoir au Capitole. Un point pour toi. Aileen ricana et leva les yeux au ciel d'un air dramatique. Mais moi, j'ai des amis qui ont du pouvoir. Je sais, tu ne crois pas à l'amitié. Moi non plus d'ailleurs. Les gens te respectent parce qu'ils ont peur de toi. Si tu perds la face un seul jour, et je serai très heureuse de t'aider pour ça, ils te marcheront sur les pieds. Moi, ils m'aiment.Qui serait prêt à risquer sa vie pour toi ? Laisse-moi réfléchir...personne ! Aileen était bien consciente que son petit discours n'avait rien d'intéressant pour la juge, donc elle ajouta: Tu sais sans doute, chérie, que je connais personnellement le chef rebelle ? Je crois que lui adorerait me demander ta tête...Oserais-je refuser ? De nature plutôt joueuse, Aileen voyait cette phrase comme un petit défi lancé à Allya. Comment cette peste réagirait-elle ?
Pour le moment, Miss Eärwen se goinfrait comme si elle n'avait plus mangé depuis plusieurs semaines. On ne nourrit plus les juges maintenant ? Lui demanda Aileen tout en lui volant son assiette. Elle la lança par la fenêtre comme un frisbee d'un geste nonchalant. Tes paroles précédentes auraient pu être intéressante…si j’y avais prêté attention. Ce qui n’est pas le cas. J’en suis, crois-moi, désolée. Cette phrase était destinée à énerver Aileen, elle le savait pertinemment, et elle dut faire de gros efforts pour se calmer. La petite-fille d'Aurelius Carter n'était certainement pas un ange; elle avait tué sans remords, manipulé des gens avant de les jeter quand elle n'en avait plus besoin, elle avait menacé, intimidé et torturé un peu aussi jusqu'à ce qu'elle ait trop mal à la tête des cris des prisonniers. Pourtant, faire du mal à des gens et les embêter ne lui faisait pas plaisir; c'était son travail et elle faisait ce qu'elle devait faire sans laisser intervenir ses sentiments personnels. Parfois, elle pouvait être assez sadique lorsqu'elle jouait avec sa proie, mais cela la lassait rapidement. Mademoiselle Eärwen n'était pas comme ça, elle prenait vraiment plaisir à mettre des bâtons dans les roues de tout le monde. Elle adorait son travail. Pas Aileen. D'ailleurs, depuis peu, Apolline, la soeur diabolique d'Allya, la soupçonnait d'être du côté des rebelles. Ce n'était pas le cas, bien sûr, et les accusations de cette furie agaçaient l'espionne. C’est très agréable de blablater avec toi de la pluie et du beau temps, vraiment. Et cette soirée est juste merveilleuse. Enfin…je parle de la nourriture. Mes compliments au Chef ! La défia encore Allya. Après mûre réflexion, Aileen décida de ne pas répondre et d'aller se servir un nouveau verre de champagne. Elle bailla, non pas de fatigue mais parce que la petite joute verbale avec la juge commençait à l'ennuyer.
Je viens ici pour le travail, bien sûr ! Pour quoi d’autre ? Les noms que tu nous a fournis ne sont pas suffisant. Je ne dis pas que tu dois prendre plus de risque. Jamais de la vie je suggérerais une chose pareil, tu me connais non ? Cela fit enrager Aileen; elle se tuait à la tâche et Mademoiselle n'était pas encore contente ! Cette fois, le vase était plein; elle prit une grande inspiration pour lâcher tout son venin d'une traite, mais Allya la coupa dans son élan en déclarant: Je disais donc que les noms que tu fournis ne correspondent pas à nos attentes. Des noms des « dirigeants » des rebelles seraient préférable afin de détruire la structure en partant du haut. Cela évitera des pertes budgétaires et de temps. Aileen répondit aussitôt d'un ton mordant: Pourquoi crois-tu que je vais infiltrer le camp rebelle ? Pour aller voir comment ils plantent leurs patates ? Parce que c'est utile pour le président, espèce de dinde, contrairement à ce que tu fais ! Je ne vais pas lui donner des fichus noms, je vais lui donner des documents importants, des têtes et du sang ! Tu ne comprends rien du tout aux rebelles...Envoyer leurs enfants aux Hunger Games ne sert à rien et ne fera qu'attisser leur colère ! Ils n'ont pas peur et ils n'hésitent pas à tout sacrifier parce qu'ils ont quelque chose en quoi ils croivent vraiment, un objectif qui est le même pour tout le monde, contrairement au Capitole où tout le monde se bat pour son intérêt personnel ! Sa petite tirade était suffisante pour la faire exécuter pour trahison, mais elle n'avait pas peur. Elle voulait dire la vérité à cette idiote de juge, parce qu'elle qui avait vécu parmi les rebelles connaissait leurs motivations comme personne d'autre au Capitole. Ce n'est pas l'un de tes petits jeux minables, c'est la réalité ! Aileen était dans une colère noire; quand elle se comportait ainsi, presque tout le monde l'évitait et avait peur d'elle. Elle était capable de beaucoup de choses interdites lorsqu'elle était dans cet état. Soudain, un bruit cristallin emplit la salle. Aileen regarda le sol devant elle et y vit du verre. Puis elle se rendit compte qu'elle avait serré son verre de champagne au point de le faire éclater. Un morceau de verre était planté dans sa main et le sang ruisselait déjà le long de son bras. Elle resta quelques instants plantée au milieu de la salle, puis elle se précipita vers le buffet et attrapa la nappe pour empêcher le sang de maculer sa jolie robe. Elle retira le morceau de verre en grimaçant; elle s'était souvent blessée pendant ses missions mais ce n'était toujours pas plus supportable. En quelques enjambées, elle rejoignit Allya et mit sa main ensanglantée sous son nez. Tu vois ça, Eärwen. C'est du sang. Tu adores ça, non ? Tu en mangerais bien à chaque repas ? Alors que... jamais... tu n'as... versé...aucune goutte...de ton sang...pour ce Capitole que tu prétends...aimer ! Elle ne criait pas vraiment, mais son ton menaçant faisait froid au dos et elle insistait sur chaque mot tout en rapprochant son bras d'Allya. Es-tu déjà allée en mission ? Non ! As-tu fait autre chose que de rester assise dans ton fauteuil à fantasmer sur la mort de pauvres gosses ? Non ! T'es-tu déjà battue pour le Capitole ? Non ! Elle toisa Allya d'un regard méprisant et haineux à la fois et retira lentement son bras blessé. Elle se fichait des conséquences de ce qu'elle venait de dire. Elle se fichait que Miss Eärwen prenait peut-être plaisir à sa colère. Tout ce qu'elle voulait, c'était exploser une bonne fois pour toutes et passer toutes ses frustrations sur une personne détestable comme cette Allya.

Aileen ne se mettait pas souvent en colère; la plupart du temps, elle préférait afficher une expression de mépris glacial plutôt que d'exploser en public. Pourtant, là, elle se sentait prête à piquer une bonne crise. Pourquoi donc tout allait-il de travers le jour de son anniversaire ? D'abord, il y avait eu ce Pacificateur, qui lui avait dit qu'un rebelle important avait réussi à s'échapper. Elle l'avait fait torturer -le Pacificateur, pas le rebelle, celui-ci n'avait pas été retrouvé- et cela avait amélioré son humeur. Ensuite, elle avait été poursuivie par une folle qui prétendait qu'Aileen avait tué ses enfants -c'était peut-être vrai, mais elle ne s'en souvenait pas. Elle avait dû la faire enfermer et avait gardé un mal de tête cuisant de cette aventure. Maintenant, cette sadique de juge s'amusait à la faire enrager...Elle était prête à sortir de ses gonds. On ne nourrit plus les juges maintenant ?  Demanda-t-elle à Allya en lançant l'assiette de celle-ci par la fenêtre. Oh si je t'assure qu'on me nourrie suffisamment. Mais ici la nourriture est gratuite alors j'en profite.  Répondit la petite peste sans lever la tête et d'un air innocent. Cela énerva encore plus Aileen et elle s'écria: Pourquoi crois-tu que je vais infiltrer le camp rebelle ? Pour aller voir comment ils plantent leurs patates ? Parce que c'est utile pour le président, espèce de dinde, contrairement à ce que tu fais ! Je ne vais pas lui donner des fichus noms, je vais lui donner des documents importants, des têtes et du sang ! Tu ne comprends rien du tout aux rebelles...Envoyer leurs enfants aux Hunger Games ne sert à rien et ne fera qu'attisser leur colère ! Ils n'ont pas peur et ils n'hésitent pas à tout sacrifier parce qu'ils ont quelque chose en quoi ils croivent vraiment, un objectif qui est le même pour tout le monde, contrairement au Capitole où tout le monde se bat pour son intérêt personnel ! Elle voyait bien que ce qu'elle disait n'intéressait pas vraiment la juge. Mais qu'est-ce qu'elle devait faire pour avoir son attention, danser toute nue sur la table ? Chérie...pas la peine de monter sur tes grands cheveux. Expire, Inspire et ça ira mieux par la suite.  Lui dit Allya d'un air amusé. Et alors ? Ils les plantent comment les patates ? Non parce que j'ai remarqué que la qualité laissait à désirer.  Aileen se mordit les lèvres. Cette peste faisait-elle exprès de répondre aux phrases qui ne nécessitaient aucune réponse ? Sans doute. Aileen préféra ne pas réagir à cette question; il fallait en effet qu'elle se calme. Le silence s'installa dans la pièce; la petite-fille d'Aurelius Carter observait sa rivale pendant que celle-ci réfléchissait. Mais qui te dit que je ne joue pas ? Mon objectif n'est pas de faire taire les rebelles. Je ne suis pas le président, ce n'est pas mon travail. Ce que je souhaite, c'est attiser la haine de ces gens-là. Les rendre fous, qu'ils veuillent tuer tous les habitants du Capitole. Je veux qu'ils nous voyent comme les gens qui ont détruit leurs familles, leurs foyers, leurs vies. Je veux que ces gens-là nous haïssent. Je...veux....qu'ils....souffrent.
Aileen n'avait encore jamais vu personne prendre un tel plaisir sadique à la souffrance des autres. La guerre, c'est ça que tu veux ? Interpréta-t-elle avec horreur. Dis-moi, Eärwen, veux-tu vraiment que le Capitole gagne...ou est-ce que tu t'en fiches du moment qu'il y a du sang et que ton adorable soeurette et toi puissent continuer à jouer les boureaux ? Dit-elle d'un ton mordant. Allya était bien le genre de fille à n'agir que pour son propre intérêt et son petit confort. Soudain, une chose inattendue se passa: Aileen serra tellement son verre que celui-ci éclata. Elle agita sa main couverte de sang devant le nez de la juge en disant: Tu vois ça, Eärwen. C'est du sang. Tu adores ça, non ? Tu en mangerais bien à chaque repas ? Alors que... jamais... tu n'as... versé...aucune goutte...de ton sang...pour ce Capitole que tu prétends...aimer ! Allya sourit de toutes ses dents, comme si Aileen venait de lui faire un cadeau. J'avoue sans gène que te voir dans cet état me réjouie au plus haut point...mais n'exagérons rien. Je ne suis pas un vampire. Je ne me nourrie pas de sang...du moins pour l'instant.  Dit-elle. Mais qui était donc cette fille ? Quel toqué lui avait donné le nom délicat d'Allya...ils auraient dû l'appeler Cruella ! C'était la personne la plus détestable qu'Aileen connaisse -elle préférait même tous les rebelles réunis à la juge. Aileen lui demanda avec colère: Es-tu déjà allée en mission ? Non ! As-tu fait autre chose que de rester assise dans ton fauteuil à fantasmer sur la mort de pauvres gosses ? Non ! T'es-tu déjà battue pour le Capitole ? Non ! Elle s'arrêta, hors d'haleine par sa tirade. C'est alors que pour la première fois de la soirée, Allya perdit son sang-froid. Elle répondit d'une voix glaciale et tranchante: Ecoute trésor...chacun son poste. La plupart des gens, toi y compris, sont fait pour obéir et d'autres sont fait pour diriger. Donc reprend ta place. Obéis et tais-toi ! Cela en boucha un coin à Aileen, non pas à cause de ses paroles mais parce qu'elle avait réussi à mettre la petite peste en colère. Comment choisit-on donc ceux qui sont faits pour diriger ? On les tire au sort comme aux Hunger Games ? Lui demanda Aileen d'une voix mortellement douce. Sa colère violente s'était changée en rage froide; elle ne supportait pas qu'on l'insulte ainsi. Tu aimes faire souffrir les gens, tu vis de leur désespoir. Parce que tu sais rendre les autres malheureux, tu crois avoir beaucoup de pouvoir. Tu as tort. Elle regarda Allya de son air le plus hautain et méprisant et poursuivit lentement, en articulant bien: La foule, c'est le pouvoir. Panem et circences. Mais je pense qu'avec les Hunger Games, tu t'adresses à la mauvaise foule. Ce n'est pas le peuple du Capitole qu'il faut amuser. Aileen inspira profondément avant d'ajouter: Regarde-toi...C'est pitoyable. Les rebelles méritent cent fois plus mon respect que toi. Je n'obéirai pas, et je ne me tairai pas. Je n'ai pas peur de toi, Cruella.
Elle regada Allya d'un air menaçant et en serrant les poings. A ce moment-là, la porte de la salle s'ouvrit de nouveau et un jeune homme entra dans la salle. Aileen, chérie ? Je te cherche depuis... Commença Kyle avant de se figer. C'est qui celle-là ? Pourquoi y-a-t-il du verre partout ? Aileen, tu saignes ! Elle leva les yeux au ciel; elle avait bien remarqué qu'elle saignait ! Ce n'est rien. Répondit Aileen d'un voix plutôt froide. Elle tremblait un peu; de froid, de rage, de douleur ? Elle espérait de tout son coeur qu'il partirait avant qu'Allya ait le temps de l'embêter aussi. Pour arranger les choses, Aileen lui tourna le dos et observa mademoiselle Eärwen d'un air de défi en attendant sa réponse.

HJ: Désolée du retard et de la médiocrité de la réponse (a)

L'anniversaire d'Aileen était la fête qu'elle préférait; qu'y-a-t-il de plus agréable que d'être congratulé et chouchouté pendant une journée entière, de s'amuser, de recevoir des cadeaux et de danser jusqu'à pas d'heure ? La demoiselle devait bien l'avouer: elle aimait être au centre de l'attention et les flatteries des habitants du Capitole caressaient son égo dans le sens du poil. Cette année, la réception, organisée par son grand-père, était particulièrement somptueuse. Les serviteurs en tenues de couleur vive ne cessaient d'aller et venir dans la salle, portant de grands plateaux garnis de friandises. De l'avis des invités, c'était une soirée inoubliable. Pourtant, Aileen était d'humeur massacrante; cette peste d'Eärwen avait gâché sa soirée en insistant pour lui parler. La conversation s'éternisait et elle ne voulait qu'une chose: retourner à la fête et oublier son entrevue avec la juge. Elle grimaça lorsqu'Allya lui dit: « Oh...en cas de guerre, je pense que les jeux seront dispensables. Tu vois...le spectacle sera, pour une fois, en dehors de l'arène. Et je pense avoir raison, en affirmant, que les Hunger Games ne passionneront plus les habitants du Capitole. En effet, ils préfèreront sauver leurs vies....ce qui est compréhensible. ». La juge souriait, et Aileen était sûre qu'elle imaginait les combats, la violence et le sang. Cela la répugnait; tuer faisait parfois partie de son métier, mais le faire pour son plaisir...Elle avait du mal à imaginer que quelqu'un puisse trouver ça amusant. Cette Allya était toquée, c'était une malade mentale, une tarée, une folle ! Le président ferait mieux de l'éliminer, ainsi que sa soeur diabolique, avant qu'elles ne deviennent dangereuses ! Aileen lui répondit d'un ton cassant: Tu parles des habitants du Capitole comme si tu n'en étais pas une. Pourtant, un jour, toi aussi tu devras courir pour sauver ta vie...et ce n'est pas paresser dans un fauteuil en regardant les Hunger Games qui te préparera à ça ! Ton petit monde virtuel ne pourra pas te sauver. . La juge la toisa d'un regard noir, mais Aileen n'avait pas peur et elle lui rendit son regard sans ciller. « Comment choisit-on donc ceux qui sont faits pour diriger ? On les tire au sort comme aux Hunger Games ? » Dit-elle en réponse à une rebuffade particulièrement mesquine de la juge. Celle-ci répondit d'un air incrédule qu'elle aurait gagné même si les gens faits pour dirigés étaient tirés au sort. Aileen secoua la tête d'un air dégoûté; cette peste voulait toujours avoir raison ! Je ne gaspillerai pas ma salive pour te démontrer que tu as tort, Eärwen. Lança-t-elle en croisant les bras d'un air hostile. Continue donc à croire que tu as raison. La juge faisait à présent le tour de la pièce, elle caressait les bibelots comme si elle était une rustaude des districts. Cela énerva encore plus Aileen, et elle déversa un flot de paroles chargées de haine et de reproches. Allya leva les yeux au ciel, comme si elle priait pour qu'on la délivre de ce supplice. Aileen décida alors de poursuivre la conversation, même si elle voulait partir, rien que pour embêter la juge. Elle se creusa la tête pour trouver un sujet susceptible de faire enrager mademoiselle Eärwen. Lorsqu'elle utilisa, sans le vouloir, le surnom qu'elle avait choisi pour son ennemie, celle-ci déclara être ravie. Cette petite peste essayait de pousser Aileen à bout, et elle n'était pas loin d'y arriver. L'espionne du Capitole pouvait se montrer très désagréable lorsque quelqu'un la contrariait; là, elle se sentait prête à se transformer en furie, en harpie assoiffée de sang qui mettrait la juge en pièces. Allya lui dit d'un air innocent: « Je crois que tu oublies un petit détail. Mais vraiment un tout petit. Donc je te pardonne. ». Elle s'avança lentement vers Aileen; celle-ci resta immobile, attendant la suite. Elle tremblait de fureur, mais elle ne voulait pas s'écarter de la juge; il ne fallait pas que celle-ci pense qu'Aileen avait peur d'elle. “Cruella” sussura à l'oreille de l'espionne: « Tu es en mon pouvoir. Un simple mot...un mot...et ton grand-père recevra ton cadavre par courrier. ». Elle recula et garda le silence comme pour laisser à ses paroles le temps de faire effet. Aileen réagit immédiatement; en deux pas, elle se retrouva à côté de la juge et elle cria: Bouh ! dans ses oreilles. Elle sortit un petit poignard de sa ceinture, attrapa une mèche de cheveux d'Allya et la coupa avant que celle-ci eut le temps de réagir. Je prends cette petite mèche de tes jolis cheveux bruns... Dit-elle d'un ton menaçant Pour me souvenir qu'il faut que je m'occupe de toi un jour. C'est une promesse, Eärwen. Aileen s'écarta de la juge et alla prendre un nouveau verre de champagne en disant: N'essaye pas de me menacer. C'est mon boulot aussi, de faire peur aux gens. Je sais comment ça marche. Voudrais-tu que ta chère soeurette recoive ta tête ? Je ne pense pas. Alors arrête de te prendre pour une déesse toute-puissante. La conversation fut interrompue par l'arrivée de Kyle. Aileen se crispa aussitôt; elle savait qu'Allya allait sauter sur l'occasion pour l'embêter aussi. La juge fixa d'abord le jeune homme d'un regard noir, mais ensuite elle sourit et dit: « En effet, nous étions en train de discuter tranquillement lorsqu'Aileen, qui est très maladroite, comme vous devez le savoir, a briser son verre. Vas chercher un balais pour nettoyer tout ça. » Cela hérissa Aileen; comment osait-elle parler ainsi à Kyle ?! Elle lança: Ne l'écoute pas et va-t-en s'il te plaît. au jeune homme. Elle ne voulait pas qu'Allya puisse utiliser ce dernier comme arme contre elle. Il secoua la tête et déclara: Le président te cherche. Il y a un problème, je crois. Avec le district 13.. Aileen jura et lui répondit qu'elle viendrait quand elle aurait fini de parler avec “cette chère Cruella”. Le jeune homme s'en alla enfin, un peu penaud et vexé d'avoir été renvoyé ainsi. Aileen ouvrit une fenêtre pour laisser entrer l'air frais de la nuit. Il ne manquait plus que ça...que le district Treize vienne se mêler des affaires du Capitole. Elle se tourna vers Allya et lui dit d'un ton franchement pas sympathique: Ne parle plus jamais comme ça à mes...amis, Eärwen, si tu tiens à la vie. .

HJ: Même chose pour moi, désolée mais je n'ai pas beaucoup de temps.

Le vent frais qui entrait par la fenêtre jouait avec les cheveux d'Aileen. Le Capitole se déroulait devant elle, une masse sombre parsemée de lumières de toutes les couleurs. La jeune femme soupira; elle avait envie d'aller se coucher. Sa soirée était gâchée et elle ne voulait ni danser ni aller s'amuser. Juste se glisser entre les draps, fermer les yeux et ne plus penser à rien. Peut-être rêverait-elle qu'elle étranglait Allya ? Ou non, mieux valait oublier la juge, et rêver de choses plus agréables...De la prochaine fête, par exemple, ou de Kyle. Quoi que...Le jeune homme l'avait déçue. Il aurait dû se montrer un peu plus agressif envers la juge. Aileen avait marre de sa conversation avec Allya, de toujours répéter les mêmes menaces, les mêmes méchancetés. Ce jeu ne l'amusait plus depuis longtemps. Se mettre en colère ne servait à rien, ses paroles glissaient sur la juge sans l'atteindre. Cette fille était folle, tout simplement, une toquée sadique et psychopate qu'il valait mieux éviter. Aileen se força à respirer calmement; en un clin d'oeil, elle composa son masque de froide indifférence. C'était l'expression qu'elle utilisait le plus, surtout avec les Pacificateurs qu'elle dirigeait. Cela voulait dire: je me fiche de toi, que tu vives ou que tu meures. Tu peux faire ce que tu veux, tu ne réussiras pas à m'arracher une réaction. Nous sommes ici pour raisons professionelles, pas pour être amis ou ennemis. Aileen regrettait d'être sortie de ses gonds. Elle sortit la mèche de cheveux d'Allya de sa poche et la laissa tomber par la fenêtre. Au moins, les oiseaux pourraient faire leur nid avec, elle servirait à quelque chose. . « Oh comme c'est dommage ! Moi qui aime tant nos joutes verbales. Comment vais-je survivre si tu ne répond plus ? Mais...C'est peut-être ça que tu attends : ma fin. Je suis navrée de t'annoncer qu'elle n'est certainement pas pour tout de suite. Il te faudra être patiente. »Avait dit Allya avec son agaçant petit sourire en coin. Aileen ne releva pas; parfois, se taire n'est pas signe de soumission. Elle n'avait plus envie de gaspiller sa salive à essayer de l'énerver. Qu'elle s'étouffe dans ses paroles, comme ça, Aileen en serait débarassée. Malheureusement, lorsqu'elle le lui dit, la juge éclata de rire. Quelle fille détestable ! Comment les autres gens faisaient-ils pour la supporter ? « Ah enfin un peu de soumission ! Il en aura fallut du temps mais tu te ranges enfin dans le rang ! Que de progrès dis-moi depuis ce soir ! » Dit-elle. Aileen se mordit la langue pour ne pas répliquer quelque chose de désagréable. Il fallait qu'elle garde le controle. Tu as vraiment l'esprit déformé, pour croire que je me soumettrai à toi. Répondit-elle en regardant Allya de haut, les sourcils froncés comme si elle essayait de deviner à quel point la juge était toquée. Tu prends toujours tes désirs pour des réalités ? Au cas où ton pauvre cerveau n'aurait pas encore compris, je t'explique: je ne compte pas rentrer dans le rang, je compte en sortir une bonne fois pour toutes. Voilà ! Qu'Allya interprète ces paroles comme elle voulait. Aileen s'en fichait de toute façon.Sa réaction de tout à l'heure, lorsqu'elle avait crié “bouh” dans les oreilles de la juge, était puérile, elle devait bien l'avouer, mais cela lui avait fait du bien. Evidemment, Allya trouva une réplique cinglante: Tes parents ne t'ont pas appris à parler ? Ils n'ont pas eu les moyens de t'envoyer à l'école ? C'est la raison pour laquelle tu t'exprimes par onomatopée ? . Aïe. Ce n'était pas la meilleure chose à lui dire, pourtant, elle réussit à se maîtriser. Elle leva un sourcil d'un air méprisant et répondit d'une voix calme et posée: Ca s'appelle “défouler son agressivité”, Eärwen. Tu devrais faire ça de temps en temps, peut-être que ça t'aiderait à mieux contrôler ton envie de sang. Tu n'as jamais songé à aller chez un psy ? . Elle ne voulait pas la provoquer, c'était une question qu'elle se posait vraiment. Peut-être Allya était-elle déjà trop folle pour se rendre compte de son état ? La juge lui tint un long discours à propos de ses cheveux, mais Aileen ne l'écoutait déjà plus. Elle n'avait pas encore retrouvé assez la maîtrise d'elle-même pour résister à lui dire: « Voudrais-tu que ta chère soeurette recoive ta tête ? ». Allya la fixa avec attention, le front plissé comme si elle réfléchissait intensément. Aileen n'avait aucune idée de ce qui se passait dans sa tête, mais elle avait envie de savoir ce qui rendait la juge aussi heureuse. Je t'ai donnée des bonnes idées, c'est ça ? Tu as encore inventé un plan tordu ? Demanda-t-elle à Allya avec plus de curiosité que d'animosité. « Oh si un jour ma chère sœurette reçoit ma tête, je te conseille de faire rapidement tes valises et de retourner d'où tu viens. » Dit-elle. L'espionne leva les yeux au ciel. Des menaces creuses, toujours les mêmes...C'est lassant à la fin. Tu n'as pas un autre disque ? Dit Aileen, agacée. La juge lui avait dit à peu près exactement la même chose quelques minutes plus tôt, mais elle n'avait pas répondu. Elle en avait marre, Allya en avait marre, alors pourquoi ne pas s'arrêter là ? Elle allait mettre fin à la conversation lorsque Kyle entra. Enfin. Il s'affola à propos de sa main qui saignait, mais elle le renvoya rapidement. La jeune femme ne voulait pas que la juge puisse utiliser Kyle pour l'énerver encore plus. La dernière phrase du jeune homme attissa la curiosité d'Aileen. Un problème avec le district 13 ? Qu'est-ce que qui se passait encore. Aileen soupira; ces rebelles n'arrêtaient donc jamais d'embêter le Capitole ? Elle lui promit de le rejoindre rapidement, puis elle s'accouda au rebord d'une fenêtre et observa la ville. A présent, quelques minutes plus tard, elle n'avait toujours pas changé de position et elle se taisait toujours. Finalement, elle se tourna vers Allya et lui dit d'un ton distant: Il faut que j'y aille. Coriolanus m'attend. Elle employa délibérément le prénom du Président. Puis, sans dire au revoir, elle se retourna et alla ouvrir la porte. Aileen était tendue, elle était presque certaine qu'Allya n'allait pas la laisser partir sans un dernier coup bas.

Au début, le grand-père d'Aileen avait voulu qu'elle devienne juge dans les Hunger Games, comme lui. Heureusement -ou malheureusement- le Président en avait décidé autrement. Il avait ordonné qu'on la forme pour devenir une espionne. Elle avait passé son enfance au district 2, afin qu'elle puisse s'habituer à fréquenter les gens des districts. Son enfance fut une période somme toute assez heureuse. Bien sûr, les simples habitants la regardaient parfois de travers et les enfants n'étaient pas toujours sympathique avec elle à l'école. Mais personne n'osait vraiment l'embêter, car c'était la fille de Monsieur Carter, le Pacificateur en chef. La plupart de ses camarades de classe avaient peur d'elle et n'osaient pas parler librement en sa présence. Elle s'en appercevait, mais cela ne la dérangeait pas vraiment. C'était une enfant déjà très mature pour son âge; elle charmait son entourage pour obtenir ce qu'elle voulait mais préférait en réalité la solitude. A l'époque, elle s'appelait encore Diane. Manipulatrice, elle l'était déjà, et elle aimait déjà jouer avec les gens. Pourtant, la petite Diane n'était ni cruelle, ni sadique, ni vraiment mauvaise. Elle ne s'amusait pas à persécuter les autres élèves comme certains enfants de riches le faisaient. Même si elle ne l'avouait jamais à ses parents, la fillette appréciait sincèrement certains “pauvres”. Son meilleur ami était anti-Capitole. De temps en temps, Diane devait se rendre au Capitole pour recevoir des cours dont elle ne pouvait pas parler à l'école. Cela commença comme un petit jeu: “Dis, ma petite, tu peux me répéter la conversation de Monsieur Truc et de Madame Bidule ?”, “Cherche la clé de Mademoiselle Machin sans te faire prendre.”, “Pose des questions à ce garçon à propos de ses parents.”. Sans s'en rendre compte, elle apprit les bases de son métier. Elle avait seize ans lorsqu'elle termina sa formation et réussit sa première mission. Ce jour-là, elle adopta son deuxième prénom. Diane, la simple fille du district 2, était devenue Aileen, l'espionne du Capitole. Au début, elle aimait son métier, mais cela changea la première fois qu'elle dut avoir recours à la violence. Être cruelle n'était pas dans sa nature, alors on lui prescrit des cachets, des drogues en somme, pour l'insensibiliser et pour la sortir de son état dépressif. Aileen n'aimait pas se souvenir de cette période de sa vie. Elle préférait se dire qu'elle avait toujours servi le Capitole de façon irréprochable. Son patron était le Président. C'était lui qui tirait les fils de la vie de la jeune femme, qui décidait où elle allait et ce qu'elle faisait. C'était lui qui la félicitait lorsqu'elle avait réussi une mission et qui la punissait lorsque ce n'était pas le cas. Les derniers temps, elle ne le voyait plus aussi souvent qu'avant. Aileen détestait recevoir des ordres de quelqu'un d'autre que de Snow...et surtout lorsque ce quelqu'un s'appellait Allya Eärwen.

A présent, cette petite peste, non contente de pourir la vie d'Aileen en lui faisant exécuter des missions quasiment impossibles, était venue l'embêter le soir de son anniversaire. La jeune femme avait réagi d'une façon agressive et furieuse aux paroles mesquines et cruelles de la juge. D'ordinaire, Aileen savait parfaitement contenir sa colère, mais avec cette...garce...elle n'y arrivait pas. Rien que la vue de son sourire enjoué la rendait malade. Les deux filles commencèrent donc une joute verbale très mordante. La tension montait sans cesse dans la pièce, ainsi que la haine d'Aileen. Finalement, la jeune femme réussit à se calmer un peu en se détournant de la juge et de son insupportable sourire en coin. Elle regarda par la fenêtre et rêva d'un anniversaire totalement différent...Une soirée passée à s'amuser, à danser et à recevoir des compliments. Une fête inoubliable...Des invités se disputant son attention...Des cadeaux...Du champagne...Allya avait gâché son appétit et son envie de faire la fête. Tout ce qu'Aileen souhaitait maintenant, c'était de retrouver son lit et de dormir, dormir...Oublier cette maudite soirée. « Tu as vraiment l'esprit déformé, pour croire que je me soumettrai à toi. Tu prends toujours tes désirs pour des réalités ? Au cas où ton pauvre cerveau n'aurait pas encore compris, je t'explique: je ne compte pas rentrer dans le rang, je compte en sortir une bonne fois pour toutes. » Dit-elle d'un ton posé mais légèrement inquiet, comme si elle se demandait si la juge n'était pas folle. Celle-ci ouvrit la porte de la salle pour demander une coupe de champagne, ce qui énerva Aileen. « Généralement, je m'arrange toujours pour que mes désirs deviennent réel. Et quitte les rangs si cela te plait...je pense que se sera la chasse à l'homme qui me plairait le plus au monde. »Répondit-elle avant d'aller s'affaler lamentablement dans le sofa. Avait-elle trop bu ? Ou était-ce son attitude habituelle ? Aileen décida de ne pas répondre à cette pique, elle se contenta d'un ricanement moqueur en levant les yeux au ciel et demanda plutôt si Allya ne devait pas aller voir un psy. « Non. Je devrais d'après toi ? Pourquoi ? Tu penses que je suis folle ? » Rétorqua celle-ci d'un air franchement...dément. Cette fille était vraiment une psychopate de la pire espèce. Devine. Répondit Aileen d'un ton ironique. Ensuite, elle demanda à la juge si celle-ci pouvait faire autre chose que de proférer des menaces. « Bizarrement...je ne connais que ça. Des menaces, des menaces et encore des menaces ! Comme si autre chose pouvait m'intéresser. Allons Aileen...moi qui pensais que tu me connaissais mieux que ça. » Dit Allya, le regard pétillant. C'est pitoyable...Une existence à ce point monotone et vide de sens. Lâcha Aileen d'un ton dégoûté. Elle en avait vraiment marre, elle voulait partir ! Heureusement, Kyle arriva pour lui dire que le Président avait besoin d'elle. La jeune femme annonça aussitôt qu'elle devait y aller. Quel soulagement...elle allait enfin quitter cette pièce...et peut-être, finalement, aurait-elle encore le temps de faire la fête après avoir parlé avec Snow ? « Mais...juste fait attention à toi. Je n'aimerais pas qu'il t'arrive quelque chose de grave. » Lui dit Allya, ce qui fit rire Aileen. Tu n'as vraiment pas le sens de l'humour, n'est-ce pas? Demanda-t-elle en s'avançant vers la porte. La juge prit aussitôt sa place à la fenêtre et lança une dernière pique venimeuse alors qu'Aileen ouvrait la porte. « Tu as raison...file...il a sûrement un travail extrêmement dangereux à t'imposer. J'espère juste que tu me reviendras vivante...N'oublie pas...ta tête m'appartient. » . Aileen répondit d'un ton glacial mais sans se retourner: Je verrais si j'accepte le travail qu'il me proposera...Amuse-toi bien, pendant que je suis partie en mission...mais fais attention. Un accident tragique, c'est tellement vite arrivé.... Elle referma tout doucement la porte de la salle derrière elle, avec un sentiment d'intense soulagement. C'était fini. Elle espérait seulement ne plus croiser la juge avant très longtemps...Cette Allya était vraiment dangereuse, il faudrait qu'elle la surveille de près...Elle fronça les sourcils et s'éloigna d'un pas rapide, comme si elle voulait mettre le plus de distance possible entre Miss Eärwen et elle.