 |  Sujet: Une entrave au chaos ✤ PV ASTADE  Lun 10 Déc - 23:04 | |
|   On ne mesure pas la valeur d'un homme à sa violence, ce qui fait sa force c'est jusqu'où cet homme est prêt à aller
En D11 la violence avait trouvé un berceau. Elle prenait place en longeant chaque parcelle d'humanité, créant une révolte légendaire. Un ouragan planétaire. La rébellion avait allumé un feu avec une cendre; une cendre animée par tellement de ténacité qu'elle ne pouvait qu'éclore. Tel un dragon à l'appétit féroce. La plupart des habitants pensaient que leur ennemi était le dirigeant de Panem. Ils avaient terriblement raison. Mais il ne fallait pas négliger toute autre éventualité conflictuelle. En particulier la première: la présidente Coin. Malgré l'aide précieuse du D13 pour extirper l'autorité totalitaire du capitole, la méfiance circulait. Quand un leader ne connait pas la limite qui l'arrête, il devient un danger. Adriane n'avait aucunement confiance en cette femme. Elle était ravie de la tournure des évènements, le pouvoir changeait de main, mais dans laquelle allait-il tomber ? Elle ne se contentait pas de plonger aveuglement dans la révolte, elle anticipait tout. Elle ne voulait pas offrir la liberté au D11 pour la le lui retirer au profit d'une autre ombre noire. En attendant de prédire le comportement de Coin, elle devait extraire les derniers pacificateurs perpétuels. En effet, il restait des atomes libres dans l'air, près à polluer la moindre matière qu'il rencontrerait. Ade avait l'intention de les traquer. Les rebelles en avaient l'intention. Il n'était pas question de laisser une chance à ces criminels de pouvoir tuer encore. Elle appliquait la tolérance nulle, en d'autres termes la mort. Ils ne méritaient que ça. En réalité, ils méritaient pire mais elle refusait d'être à leur niveau. Devenir un monstre ? Pour les punir ? Non, elle ne perdrait pas l'humanité qui lui restait pour eux. Personne ne devrait la perdre. A Panem, les enfants la perdaient dans les Hunger Games. Quand il devait abattre un autre enfant, pour ne pas mourir. Tim n'en fit rien. L'autre gamin par contre, lui arracha la vie avec une telle violence qu'Ade vomit toute la nuit. Depuis, elle ne dormait pas. Elle était hantée par un souvenir. Par ce moment ... quant à la mairie elle dût l'abandonner.
« Ne me laisse pas ». Il avait dans le regard une larme prête à tomber. Et des milliers qui attendaient impatiemment. « Jamais » Un mot. Un mot pour tout exprimer. Peut-être le dernier pour lui dire à quel point elle l'aimait. Elle ne pouvait imaginer le perdre, l'idée lui étant abominable. D'une horreur digne de la guerre. Une torture pour ne pas dire une mort. « Regarde-moi, regarde-moi Tim. Pendant mon absence, tu dois impérativement écouter et faire tout ce que dit Mr Blackward. Il est là pour t'aider, pour prendre soin de toi à ma place ... pour te sauver ». On parlait d'un homme que les ténèbres avaient forgé. Un animal redoutable qui n'avait peur de rien. Le monstre du D11. On l'appelait de cette façon pour lui rappeler qui il était. Un traitre. Une bête. Un ennemi. Réprouvé par le peuple qui répondait encore une fois par la crainte. Il craignait ce qu'il ne pouvait comprendre. Il craignait ce qu'il ne pouvait contrôler. Il mutilait un innocent pour ne pas affronter la réalité. Un innocent dont le seule crime a été de survivre. A quel prix ? Il vivait dans la douleur, la vraie. Celle qui pouvait rendre un homme fou. L'était-il ? Certainement. Mais qui ne l'était pas ? En un monde où l'espoir avait l'allure d'un mirage, comment tenir bon ? Tenir le coup ? Adriane n'écoutait pas. Elle n'entendait pas ce qu'on murmurait à propos du monstre du D11. Elle avait une idée fixe de Mr Blackward. Elle avait une idée différente de la plus répandue. Et rien ni personne ne pourrait la lui faire changer en un unique murmure. Il fallait davantage. « L'homme au masque ? ». Tim avait peur. Il avait peur de l'abandon, de l'orage, du noir, du feu, de la mort. Et de l'homme au masque. C'était un petit garçon inoffensif. Elle l'avait initié à la lutte mais il n'en éprouvait aucun plaisir. Dans un affrontement, il manquait cruellement de volonté. Il portait en lui un trop plein d'humanité, de vie qui le rendait unique. Innocent, pur, il touchait parce qu'il représentait, comme s'il ne pouvait être corrompu. « L'homme derrière le masque est quelqu'un de bon, de fort, de courageux. J'ai confiance en lui ... aies confiance en lui ». Au plus profond d'elle, une lueur d'espoir. Un espoir érigé à l'homme derrière le masque. Elle comptait réellement sur lui pour ramener Tim en vie. Elle lui attribuait dès cet instant toute la responsabilité de la tâche. « Tu ne vas pas mourir. C'est promis ». Ce fut la dernière fois qu'elle lui parla.
Elle eut littéralement envie de crever quand il lui fallut admettre la réalité. Elle ne fit pas face à l'homme derrière le masque: il lui rappelait Tim. Elle était anéantie, rien que de le regarder lui faisait un mal de chien. Jusqu'à ce que la douleur ne devienne une habitude. Le deuil n'avait pas de date d'expiration, au contraire, il avait une durée très étendue. La colère ne fit que le renforcer, la haine le geler. L'idéal d'une révolte lui permit d'avancer; une façon de planer quand elle ne fut pas capable de respirer par elle-même. Jamais elle ne prononça le nom d'Astaroth, parce qu'il était trop important pour elle. Il représentait tellement qu'elle n'arrivait pas à le concevoir. Des centaines de fois elle courut à en perdre haleine pour le trouver et lui dire tout ce qu'elle avait sur le coeur, mais pas une seule fois elle ne parvint à aller au bout de cette initiative. Une partie d'elle lui en voulait pour la mort de Tim, mais une autre lui était simplement reconnaissante: il fut le repère du petit garçon, une entrave au chaos. Et ça, c'était la seule chose qui la réconfortait. Etrangement, quand les gens parlaient mal de lui elle prenait indubitablement sa défense. Elle le protégeait telle une redoutable guerrière. Parce qu'il avait été le mentor de Joacquim et de Tim ? Certainement. Elle ne pouvait pas expliquer ce comportement, ne le comprenant ni dans sa globalité ni dans sa profondeur. Ou peut-être qu'elle ne voulait pas. Personne ne cherchait à savoir. Pas même les rebelles qui l'avaient épaulée pendant cette dure et longue période. Les gens avaient été profondément choqué de la découvrir chef des rebelles. Leur image d'une fille perdue dans un univers parallèle fut complètement lapidée. Qui aurait pu se douter d'une chose pareille ? Quelqu'un d'attentif, d'observateur, d'intelligent. Quelqu'un qui n'aurait pas laissé les apparences le mener en bateau. Depuis tout ce temps elle se cachait derrière un masque ... qu'elle venait d'enlever. Mais Adriane n'était pas exclusivement une tête pensante, Joacquim avait veillé à en faire une combattante. Ce qui expliquait la rapadité avec laquelle elle avançait en direction du lac, traquant avec fougue un de ces perfides pacificateurs. Hélas il détenait une avance non négligeable, dont elle avait amplement conscience. Il ne lui restait qu'une solution: le tir à l'arc. Elle était positionnée, prête à tirer, elle suivait la cible de vue. Alors qu'elle relâchait la pression pour laisser la flèche partir, elle reconnut une silhouette. Astaroth. Il était littéralement sorti de nul part: il ne lui en fallut guère plus pour être totalement perturbée et ratée le pacificateur. Il avait un don inné pour la troubler, et cette nuit le trouble avait la démarche d'une tornade ... |
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