Aider. Cela expliquerait pourquoi elle vient d'un lotissement mal famé. Pourtant, venant d'une capitolienne, l'idée m'arrache un rictus. Depuis quand ces clowns aisés se préoccupaient-ils de notre sort, nous la plèbe ? Et encore, nous étions aisés au district deux. Bien sûr, je n'avais jamais eu l'occasion de fréquenter des gens d'autres districts, mais chaque année, il suffisait de voir les tributs de certains districts pour comprendre que même moi, je n'étais pas tant à plaindre. Rachitique, c'est le mot qui me paraît le plus juste pour les décrire, là où je suis simplement émaciée. Je pose mon regard devant moi, réfléchissant aux mots de la styliste. Bizarrement, je perçois de la sincérité au fond de sa voix, comme si elle était réellement attentive aux plus faibles. « Je ne comprends pas... » Les mots étaient sortis un peu trop vite, mais n'en étaient pas moins réels. Je n'ai jamais vraiment éprouvé d'empathie pour autrui. Était-ce à cause de ma situation précaire ? Du fait que j'étais trop occupée à m'en sortir que pour prêter attention aux autres ? Non. Je voyais le malheur là où il était. L'orphelinat n'est fait que de ça, et pourtant je n'ai jamais eu de peine pour les autres. « Pourquoi te perdre ici ? Pour aider ? » Je secouai vivement la tête, mes boucles blondes suivant mes mouvements. Je me souviens que ma mère était du genre à aider les plus démunis elle aussi. Nous n'avions pas énormément de moyens, mais assez pour vivre correctement. Lorsqu'elle le pouvait, elle allait offrir son aide à ceux qui en avaient le plus besoin, chez les vieilles personnes par exemple. Je n'avais pas hérité de cette qualité. Avais-je seulement quelque chose en commun avec elle ? Il m'arrive d'y croire, juste pour me rassurer. « Toutes ces histoires de camps ... elles sont futiles. Il n'y a pas les gentils et les méchants, ça n'a jamais existé. La seule chose qui importe réellement, c'est de survivre. Malheureusement pour les districts, le sort n'est pas exactement en leur faveur. » Instinctivement, je serre les dents et les poings, refoulant toute cette haine que je garde en moi, que je tente de contenir. Je la sens pourtant qui feule en mon sein. « Il n'y a pas de place pour l'espoir, ceux qui croient en un monde meilleur se font détruire, écraser, éliminer. » Comme mes parents.