sierra wynter keene

❝ WHO AM I LIVING FOR? ❞

about games and relative.

➺ TA MORT TU LA VOIS COMMENT ?

Ça faisait un moment que je n’avais pas pensé à ma mort. Enfin, quel mensonge. J’y pense presque tous les jours, mais de me l’imaginer, de l’anticiper, ce ne m’était pas arrivé depuis mes treize ans. Lorsque j’ai été pigée pour les Hunger Games. Comme tous les enfants, je pensais à cette mort inévitable quand la moisson approchait. J’en faisais des cauchemars la nuit. Puis, j’ai été pigée lors des 70ième Jeux. C’est à ce moment que j’imaginais ma mort. Tout le temps. Celle de mon frère également. Il était plus âgé, plus fort et plus rapide que moi. Il avait sans doute plus de chance de durer dans l’arène, mais que valions-nous face aux Carrières? Rien, évidemment. Je pensais mourir dès le départ. Je savais que je ne voulais pas rester dans le coin de la corne d’abondance, dans le premier bain de sang. Mais ça n’empêchait pas les autres tributs de s’emparer d’armes et de me tuer alors que je courrais me cacher. Mais j’ai survécu. Chaque instant, à chaque bruit de feuilles qui bougeaient au vent, à chaque branche au sol qui craquait, je voyais ma mort arriver d’une seconde à l’autre. Finalement, je suis sortie gagnante. Je n’ai pas repensé à ma mort, peut-être parce que mes cauchemars étaient encore tournés vers ce qui c’était passé dans l’arène. Et puis les Vainqueurs vivent longtemps. Mais ils sont morts à l’intérieur depuis leur édition des Jeux. J’ai recommencé à voir ma mort à chaque bruit inquiétant quand je me suis enfuie du Capitole. J’étais une fugitive, je devais être une ombre qui n’était pas vu pour ne pas être tuée ou arrêtée. Aujourd’hui, je suis à peu près en sécurité dans les sous-terrains du Treize. Pas totalement sauve, mais c’est sans doute le plus sécuritaire que je peux espérer.

➺ POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ?

Peut-être qu’avant que je sois envoyée dans l’arène j’aurais répondu que je serais prête à me sacrifier pour épargner la vie de ma famille, ne serait-ce qu’un seul membre. Mais je ne suis plus certaine que je le ferais. Peut-être parce qu’on s’est sacrifié pour moi et que j’ai vu tout le mal que ça peut faire. Autant à la personne qui est épargnée, autour aux gens de l’entourage. Lorsque je suis rentrée à la maison, au District 3, je savais que mes parents me serraient dans leur bras et pleuraient parce qu’ils étaient contents de me revoir. Contents qu’un de leur enfant leur soit revenu sain et sauf… Mais il est inévitable que je représente également la raison de la mort de frère. Il est mort pour moi. Pour me sauver la vie. C’est un fardeau lourd à porter, je le sais. Et je ne sais pas si je serais capable de poser un tel poids sur les épaules de quelqu’un d’autre. Je serais

➺ QUEL PETIT PLUS T'AIDE DANS LA VIE (OU JEUX) ?

Je viens du District 3. Le district de la technologie et des armes à feux. Les armes à feux qui ne sont pratiquement jamais présentes dans la corne d’abondance des Jeux – c’est bien plus amusant de mettre des armes blanches qui forcent les tributs à s’entre-tuer de leurs mains, se sauter dessus et se battre à mort que de les voir viser et tirer – et la technologie qui n’existe que lorsqu’il s’agit des pièges tendus par les Gamemakers ou les projections des visages des tributs décédés dans le ciel. Visiblement, je n’avais en moi aucune aptitude spéciale acquise de par mon district. Pas dans l’arène. Dans la vie, c’est une autre histoire. J’ai des capacités assez fortes dans le domaine de la technologie, parce que mon père est haut placé dans les bureaux informatiques du District. Il était même convoqué au Capitole parfois, pour expliquer et faire les démonstrations de nouvelles technologies et inventions. Pour l’avoir regardé et assisté dans son bureau depuis que je suis haute comme trois pommes, j’ai beaucoup appris et j’ai des compétences indéniables dans le domaine. Dans l'arène, mon plus grand atout a été mon frère, évidemment, et aussi mon habileté à être discrète. Je parvenais à me cacher et espionner les autres campements.

➺ AS-TU DES PROCHES QUI ONT PARTICIPÉ AUX JEUX ?

C’est le moins qu’on puisse dire. J’ai moi-même été pigée lors de la moisson précédant la 70ième édition des Hunger Games. Je suis montée sur la scène où attendaient le maire, la responsable du District envoyée par le Capitole et le jeune mentor afin d’accueillir les deux futurs morts du district, et à peine m’étais-je assise sur la chaise, bougeant mon corps avec raideur, comme un robot, qu’on pigea le tribut masculin. Mon esprit n’avait pas encore analysé ou bien refusait de réaliser que j’allais droit vers ma mort qui serait probablement douloureuse. Personne ne meurt paisiblement dans les jeux. Puis, la femme aux cheveux noirs et aux tatouages sur le visage annonça le nom du tribut garçon. Le seul nom que je ne voulais absolument pas entendre. Miles Keene. Mon frère. Alors que j’essayais de digérer la nouvelle de mon propre envoi dans l’arène, j’avais complètement oublié que lui aussi était éligible… A quel point le sort peut-il nous être défavorable?

➺ COIN A ANNONCÉ LORS DES DERNIERS JEUX PAR MESSAGE PIRATE QUE LE TREIZE EXISTAIT TOUJOURS. TU ESSAIES DE TE JOINDRE À EUX OU AU CONTRAIRE, TU FAIS TOUT POUR STOPPER CETTE RÉVOLTE ?

Je me souviens du moment où j’ai vu le message. Mon cœur a littéralement cessé de battre. Je savais que certains districts étaient en colère. Nous l’étions tous, mais certains avaient le courage de bouger, de crier. Je les ai enviés d’ailleurs. Moi, je ne faisais qu’éviter de croiser les gens qui avaient côtoyé et aimé mon frère. Je ne faisais que me rendre au Capitole comme un animal bien dressé pour participer à ces barbaries, une fois de plus. Je n’ai pas eu l’intention de me joindre à eux d’abord. J’étais encré dans cette vie passive ou je me tenais à l’écart, observant ce qui se passait. Impuissante. C’est mon styliste, Eli, qui a vu en ce message une place pour moi. Où je pourrais vivre à nouveau, avait-il dit.

➺ COMMENT TE SENS-TU DANS LES SOUS-TERRAINS DU TREIZE ?

J’ai eu du mal à m’adapter. En fait, je dirais que je ne m’y suis pas encore fait. Je n’étais pas une chasseuse ou pêcheuse, mais je passais du temps à l’extérieur. Je trouvais relaxant de passer une nuit à la belle étoile, d’écouter les criquets en regardant le ciel étoilé, enviant ceux qui se trouvaient peut-être ailleurs, là-bas. Et puis me voilà enfouie si profondément sous terre. J’avais l’impression constante d’étouffer, de manquer d’air les premiers temps. Je me fais à l’idée. Un peu plus chaque jour. Mais je m’ennuie de mes proches. Savent-ils que je suis portée disparue au Capitole? Leur a-t-on fait du mal? Les hommes de Snow seraient capables de les torturer, même s’il est évidant qu’ils ne savent rien sur ma disparition où ma situation actuelle. Mais j’endure, parce que c’est le lieu le plus sûr que j’ai fréquenté depuis si longtemps. Enfin, suis-je réellement sauve là-bas? Je n’ose même pas retirer le costume d’Eli. On m’a acceptée là-bas parce que j’ai prouvé que j’avais des capacités qui leur seraient utiles. Mais une ancienne gagnante, une ancienne mentor serait-elle acceptée là-bas?

JE VIENS D'UN MILIEU favorisé depuis que j’ai gagné les Jeux, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE est abondante. DU COUP, MON NOM A aucune CHANCE D'ÊTRE TIRE AU SORT. J'EXERCE LE MÉTIER DE mentor pour les tributs du D3. Du moins, c’était le cas avant que je m’enfuie du Capitol pendant les derniers jeux. Je suis maintenant technicienne informatique au D13 ou, comme ils les appelaient au Capitol, une pirate informatique ET POUR TOUT VOUS DIRE, J'aime bien ce nouveau job. JE SUIS DANS LE 13ÈME DISTRICT. AYANT 20 ans JE ne peux plus PARTICIPER AUX HUNGER GAMES ET j'appréhende la prochaine moisson avec impatience. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.

reality is here.

Bonjour à tous. Je commencerai par dire que je suis, tout simplement, quelqu’un qui n’a pas besoin de presentation par ici tellement je suis une vieille de la veille. Plus sérieusement, certains pourraient se souvenir de moi comme étant Dianna Agron avec les cheveux roses. Puis une des gnut gnuteuses de Sweenage. Je suis apparemment quelqu’un qui n’arrive pas à quitter MJ puisque je finis toujours par revenir. (pour votre plus grand malheur) Faut croire que c’est devenu comme une maison ce petit forum.
Si certains se rappellent encore de Clover, ça se pourrait bien que vous trouviez que ce personnage y ressemble. Faut dire que je l’adorais cette petite, mais que sans son amnésique de ‘ravisseur’ et son joli minois, je préférais la laisser derrière et la recycler en une ‘Clover 2.0’. Je suis vraiment ravie d’être de retour parmi vous et j’espère que vous partagez ces sentiments.

FEATURING Karen Gillan © COPYRIGHT britsterzstupidtumblr

tell us your story.

J’avais quatorze ans. Plutôt grande pour mon âge, mais mince et assez faible. Née dans un district où ce sont les industries de la technologie et de la création d’armes à feu qui priment. Un district où les habitants ne sont pas tellement forts physiquement puisque c’est la force d’esprit, la vivacité et l’intelligence qui se développent, qui sont utiles et rentables. Je ne faisais pas exception à cette règle et mes parents non plus. Autant dire dès maintenant que je ne viens pas d’un district où le bassin des anciens gagnants est très large. Je viens d’un district où, chaque année, on dit adieu à deux enfants, où deux de mes camarades de classe disparaissent. C’était le matin de la moisson pour les 70ième Jeux. Comme chaque année, tout le monde était étrange. Bien sûr que nous étions tous nerveux. Tout le monde connaissait quelqu’un qui était susceptible d’aller à l’abattoir. Mais cette année, il y avait un peu d’espoir chez nous. Ma sœur avait enfin franchit le cap des dix-neuf ans. Elle ne serait pas pigée. Deux ans de plus et Miles serait aussi libéré de cette cible. Il avait dix-sept ans et avait le nombre minimum de billets à son nom. J’en avais quatorze et seulement trois billets. Rien n’était assuré, mais nous gardions espoir que nous étions bien placés pour ne pas être pigés. Mais le sort se fiche bien du nombre de billets que vous avez. Il se fiche de qui vous êtes, si vous êtes une bonne personne ou même si vous avez une seule minuscule chance de ressortir vainqueur des jeux. C’est sans doute ce qui fait que les Jeux sont si excitants pour les étranges habitants du Capitole. Ma mère avait toujours été superstitieuse. Chaque année, elle agissait comme s’il s’agissait d’une journée normale, peut-être même de célébration. Elle pensait que si nous agissions normalement, nous avions moins de chance d’être malchanceux. On a apprit que ça ne pesait pas du tout dans la balance.

En début d’après-midi, nous étions tous en train de se préparer. Ma mère avait attachés mes cheveux avec un ruban blanc qui s’agençait avec ma robe. La plus belle que je possédais. Elle n’était d’ailleurs réservée que pour les Moissons et les mariages. Nous nous sommes dirigés au centre du district où il y avait déjà foule. Tout le monde avait une expression impassible sur leur visage. Tout le monde était nerveux, tout le monde avait peur. Moi aussi. Mes parents nous répétaient de rester fort et de ne pas pleurer. Tout irait bien, disaient-ils. Miles est allé rejoindre le bassin de jeunes garçons éligibles et je suis allée avec ma voisine rejoindre les filles. Ma sœur me sourit tendrement et acquiesça de la tête, comme pour me dire qu’elle savait que je ne serais pas pigée. Mais elle ne savait pas. Le maire se mit à raconter l’histoire de Panem, des Districts et de la rébellion du District 13 qui nous force à passer au travers du processus des Jeux. C’est sans doute une bonne chose qu’il ne reste rien du District. Il n’y aurait que de la haine envers eux. Je regardais nerveusement autour de moi, ignorant le récit que racontait le maire. C’était toujours le même à chaque année. Et puis on se le faisait répéter à l’école aussi. Quelques applaudissements polis se firent entendre quand monsieur le maire retourna s’asseoir pour laisser place à la vraie raison de notre présence : la pige. Je fixais les vêtements étranges de l’hôtesse. Même sa voix était bizarre. Rapidement, mon attention fut attirée vers les oiseaux qui volaient au-dessus de la scène. Je n’entendais plus le discours que l’hôtesse déblatérait. Elle parlait d’honneur et de fierté de se faire choisir pour les Jeux. Je regardais nerveusement autour de moi. Personne n’avait l’air de l’écouter vraiment. Tout le monde fixait une seule chose : les bols contenant nos noms. Ils priaient sans doute que le leur soit dans le font, que l’hôtesse n’aille pas remuer sa main jusqu’au bout. Mon cœur battait rapidement, je pouvais le sentir dans mon cou. Je cherchais Miles du regard et ne le trouva que lorsqu’il tourna la tête brusquement vers moi. Je ne réalisais que ce qui se passait quand je sentais qu’on me poussait vers l’avant. Non. « Non! » criais-je. L’hôtesse faisait de grands signes de main pour que je vienne la rejoindre. Non. Mais on me poussait. Ou étaient-ce mes jambes qui se mouvaient seules? Trois billets et il avait fallut que je sois pigée. Trois malheureux petits billets de rien du tout… J’atteignis finalement la scène et l’hôtesse me serra chaleureusement dans ses bras avant de faire mine d’essuyer une petite larme au coin de son œil. « Comment te sens-tu? Tu dois être fière de représenter ton district pour cette nouvelle edition des Jeux, n’est-ce pas? » Les caméras étaient braquées sur moi, mais je ne pouvais pas parler. Ni bouger. J’étais complètement figée. J’étais morte. Pas encore, mais ce n’était qu’une question de jours. « Nous avons une petite timide, apparemment! Tu peux aller rejoindre ton mentor. Une main d’applaudissement pour la jolie Sierra! » Il n’y eut pas d’applaudissement alors qu’on m’escortait jusqu’à une chaise. « C’est maintenant le temps de dévoiler qui sera le deuxième tribut de cette année! » L’hôtesse applaudit, visiblement surexcitée par la moisson. Elle se dirigea vers le deuxième bol de verre et plongea théâtralement sa main, remuant les billets. Elle continua son manège durant de longues secondes, torturant tous les habitants du District 3. Elle remonta lentement sa main, son index et son pouce retenant un petit billet. Un immense sourire s’afficha sur ses lèvres alors qu’elle lu le nom. « Miles Keene! » A quel point le sort peut-il nous être défavorable?

« Tu dois aller récolter plus de ces baies que tu as repérées il y a trios jours, Si. » La voix de mon frère était autoritaire, mais je pouvais tout de même y percevoir un certain empressement. Curieuse, j’aurais voulu lui demander ce qu’il avait détecté, ou ce qu’il prévoyait, mais la dureté de son regard me fit ravaler ma question. Je regardais vers la forêt et puis je reposais mes yeux vers Miles. « Mais… c’est à au moins trois heures de marche d’ici! On ne sait même plus où les Carrières campent… » Ma gorge se noua. Je ne pouvais continuer ma phrase. Essayait-il de m’envoyer dans la gueule du loup? Je maudis le Capitole d’avoir réussi à me faire douter de mon propre frère. Mais il agissait si bizarrement... Je ne voulais pas pleurer, mais j’avais peur. Peur de tomber nez-à-nez avec un carrière. Peur que Miles soit attaqué alors qu’il serait seul. Il s’approcha de moi et prit mon visage dans ses mains. « Vas-y, Sierra. » Les larmes brouillaient ma vision, mais je ne fis qu’acquiescer de la tête. Quelque chose se préparait. Il l’avait senti et, maintenant, je pouvais le sentir aussi. J’ai ramassé un petit contenant de plastique vide et un couteau mal aiguisé depuis que nous avions coupé du bois la veille. […] J’étais maintenant sur le chemin du retour. Mon bol n’était même pas à moitié rempli de baies. Apparemment que d’autres tributs l’avaient également découvert. Je devais marcher depuis cinq heures maintenant, la nuit tirait bientôt à sa fin et l’impression que quelque chose de grave allait bientôt arriver était plus forte que jamais. Les gamemakers n’étaient pas intervenus depuis deux jours et nous savions que la course se resserrait. Comptant chaque soirs le nombre de coups de canon, Miles et moi savions que nous n’étions plus que six. Mon frère, moi et quatre carrières. Chaque seconde qui passait nous rapprochait de notre mort certaine. Je me prenais les pieds dans une grosse racine une fois de plus quand le sol se mit à gronder légèrement sous mes pieds. Comme si l’origine était loin. De nombreux oiseaux s’envolèrent des arbes, partant dans la direction de laquelle je revenais. Quelque chose était arrivé. Un coup de canon résonna. Je lâchais le petit pot de baies et me mise à courir. Les branches me fouettaient le visage, mais je n’arrêtais pas. Je sortis rapidement de la zone dissimulée par les arbres pour être sur le sol plat, mais à découvert. Un autre coup de canon. Puis un autre. Que se passait-il? Je calculais rapidement. Nous étions six et il y avait eu trois coups de canon. Nous n’étions plus que trois. Un autre coup de canon. Deux. J’arrêtais de courir, épuisée. Mes genoux me lachèrent et je tombai sur le sol. Ma poitrine était en feu, j’étais si faible et épuisée. Mes joues me brulaient aussi, coupées par les branches. Un Un cinquième coup de canon retentit. Étais-je morte? Non. Ça voulait dire que … « Mesdames et Messieurs, je suis heureux de vous présenter la gagnante des 70ième Hunger Games : Sierra Keene, tribut du District Trois! » La voix de Claudius Templesmith résonna dans la forêt et tout était terminé.

« Où est ma muse? » Les portes de la salle de réception des partisans du District 3 s’ouvrirent brusquement. Une entrée remarquée pour une vraie vedette du Capitole. Eli Bradshaw. Un des stylistes les plus adulés de la Grande Ville. Mon styliste lors de la 70ième édition des Jeux et, depuis, un ami. Il se dirigea vers moi, les bras grand ouverts. Je souris alors qu’il m’entraîna dans une longue étreinte. C’était sans doute la seule personne vivant au Capitole que je pouvais apprécier, même s’il représentait leur exubérance et leur étrangeté à merveille. Mais, contrairement aux autres, il n’était pas insensible. Il n’aimait pas les Jeux, il les subissait. Comme nous, dans les Districts. Évidemment, pour lui, c’était gloire et glamour alors que, pour nous, c’était mort et injustice. Mais il ne pouvait pas être tenu responsable de l’endroit où il est né. Au début, je le détestais. Comme tout ceux que je croisais avant et après mon passage aux Jeux. Il a fini par devenir un précieux ami et, définitivement, le seul allié du Capitole que je possédais. « Quelle honneur les costumes de tes protégés cette année! » Me chuchota-t-il. Enfin, assez fort pour que la styliste entende. Elle était rouge de honte. « Apparemment il n’y a que moi qui sait mettre en valeur la beauté du Trois. » Il me fit tourner, riant de bon cœur. Je ne riais pas. Je ne riais plus, mais il n’y prêtait jamais vraiment attention. « Sierra, j’ai déniché un coup de pub énorme pour toi. » Il plaqua ses mains ensemble, un large sourire aux lèvres. « Je ne suis pas intéressée. » J’étais perçue comme la pire des rabat-joie, mais ça m’était égal. Je m’étais déjà assez mise en spectacle pour ces monstres égocentriques du Capitole. Ils me forçaient de revenir chaque année pour les Jeux, je n’allais certainement pas faire du temps supplémentaire avec des paillettes et des fourrures roses. « Allez, viens voir le produit. Tu vas adorer. … Je te le promets. » Il y avait une insistance dans son regard qui me perturba. Il voulait que je le suive. Mais où? Eli n’avait jamais été du genre à préférer les discussions en privé, il aimait trop être en représentation devant les yeux admiratifs de ses disciples. J’hochai de la tête et il me prit la main et me conduit hors de la salle de réception. Notre sortie à peine remarquée, jugés moins intéressants que le festin et l’alcool à volonté. Il me fit traverser le bâtiment et monter à l’étage numéro trois. Où les jeunes avaient passé la semaine en notre compagnie avant d’être envoyés à l’abattoir. « Pourquoi tu nous as conduits ici? » Il me regarda, une pointe de malice brillait dans son regard. « J’ai une surprise pour toi. » Il me fit entrer dans la chambre que j’occupais une fois par ans pendant quelques semaines. Il y avait un paquet posé sur le lit. « Ouvre-le. » J’approchai lentement du paquet. Une sorte de malle, comme celles où les stylistes ont l’habitude d’entreposer les tenues désuètes. Eli se plaça dos au coin où je savais qu’une caméra était posée – au cas où quelque chose arriverait avec les tributs, nous étions surveillés de près – et j’ouvre le coffre. Des vêtements. Pas de robe, ni de paillettes. Des tissus usés. Pauvres, même. Une sorte de manteau, beaucoup trop grand pour ma carrure. Des chaussures d’hommes. Je relevai la tête vers lui, confuse. Il ouvrit son tailleur et sortit un calepin sur lequel il avait écrit un mot. « Je te fais sortir d’ici. La rumeur veut que les anciens vainqueurs soient gardés ici à cause des soulèvements dans les districts. J’ignore si c’est vrai, mais tu dois partir. Ce soir. Aucune chance à prendre. Tout est organisé. Tu iras au D13. Suis-moi et je t’expliquerai quand nous serons en lieu sûr. » Je n’avais jamais cru que je pouvais être en danger ici. Pas pendant les Jeux. Mais, c’était si évident, en fait, que je ne pouvais que le croire et accepter de le suivre. Je devais partir pour le Treize.

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