Cinq. Cinq couteaux, placé les uns à côté des autres par ordre croissant. Alignés devant moi, je n'avais rien d'autre à faire que trier mes armes. Foutu jeux. Foutu arène. Foutu alliance. Ça avait été le rêve de ma vie de me retrouver là, et maintenant que j'y étais, je regrettais ma vie au deux et mes après-midi avec Rhea. Tout ici était si … calme. Beaucoup plus que je l'avais imaginé. Dans mes rêves, je pourchassais les tributs toute la journée, les illuminais un par un et retrouvais le camp pour passer une bonne soirée avec les autres Carrières. Mais non. J'étais seul, seul avec mes couteaux, après une journée sans l'ombre d'un tribut. Le camp était vide. Aucune Glamoria dans les parages, mais ça ne m'étonnait même plus ; elle n'avait jamais réellement été mon alliée, elle profitait juste du camp quand elle en avait besoin. L'envie de la tuer ne me quittait pas -une telle gamine, je n'aurais pas de mal à la liquider- mais quelque chose me dictait d'attendre. Que tant qu'elle était là, le peu de temps où elle était présente, je pouvais dormir sur mes deux oreilles. Et un tel luxe ne pouvait se refuser dans l'Arène.

L’inventaire terminé, je me laissai tomber sur le dos. Je me laissai absorber dans la contemplation des étoiles ; elles parsemaient le ciel, semblait irréelles presque tant elles étaient brillante. C'était incomparable avec celles du Deux. Non, celles-ci étaient à couper le souffle. Je laissai le froid m'engourdir, m'imaginant chez moi, avec Rheagan quand quelque chose attira mon attention. Bien qu'au début je n’apercevais qu'un mince lacet grisâtre dans le ciel, il ne tarda pas à se faire plus net. De la fumée. Quelque part, pas loin d'ici, un tribut était assez idiot pour faire un feu à cette heure-ci. Et cet idiot, il était à moi.

Sautant sur mes jambes, je me dépêchai de me rééquiper avec mes couteaux, enfilai mon arc en bandoulière et saisis mon épée. Je suivais la piste du feu de camps jusque dans les montagnes arides ; après une dizaines de minutes, je m'arrêtai à la lisière de la forêt pour observer la scène. Ce n’était pas réellement un feu de camps, non ; les flammes qui se dégageaient du bûcher semblaient s'élever jusqu'aux étoiles que je contemplais quelques minutes plus tôt. De l'autre côté du feu, une jeune fille. Celle du Onze. Elle m'avait marqué lors de mon passage au Capitole, et pour cause. C'était l'une des deux filles à avoir eu une note supérieure à la mienne à l’entraînement. Si son nom s'échappait, je ne pourrais jamais oublier ce point en plus, ce point qu'il l'avait rendue plus attractive sur le marché des sponsors. Je m'approchai lentement, sans un bruit vers le bûcher alors qu'elle trébucha et tombait sur le sol ; je n'arrivai à discerner ce qui brûlait à travers les flammes mais l'odeur était quasiment insoutenable. Je me plaçai juste derrière le feu, la fixai avec intensité. Je bandai mon arc en direction de son ventre et retenait mon souffle. La flèche siffla dans l'air avant de s'enfoncer dans sa hanche. La jeune femme releva la tête, interpellée par l'attaque. Quand elle parvint enfin à me repérer, je lui offrais mon plus beau sourire. “ Alors ma belle, on t'a pas appris à être discrète quand les Carrières sont en chasse ? ”