Le froid de l’arène et la douleur qui m’empêchait de marcher étaient maintenant choses du passé, pour moi. J’avais choisi que ces deux contraintes ne changeraient rien a mes jeux; J’allais gagner et pour cela, rien ne devait m’arrêter. J’étais bien derrière cette Sagitta, qui chassait devant moi. Nous étions seules, Ezea était parti chercher du bois. J’aurais pu la tuer. Facilement. Ce n’était pas l’envie qui manquait, mais je ne voulais pas décevoir mon petit bébé, il m’avait été d’une trop grande aide, depuis la moisson, pour que je le laisse aller comme cela. J’avançais dans la forêt, lentement, mon arme à la main, mais sans grande volonté de tuer un petit animal. ç’aurait été gâché mon talent. Je préférais les plus grandes proies, celles qui pensaient réellement, qui avaient des émotions… et qui pouvaient également me mettre en danger. Arc et carquois à l’épaule, hache à la main, je faisais mon petit bonhomme de chemin, admirant pour la première fois l’arène, et surveillant d’un œil les actions de la fille du Quatre. Connaitre son adversaire était après tout, un avantage considérable. Soudainement, droit devant, je vois Sagitta s’arrêter. La nuit est sombre, mais les étoiles, assez présentes, me permettent de distinguer la cime d’un arbre, bougeant dans tous les sens. Il y a quelqu’un; que sa fête commence. Je m’éloigne un peu du sentier que les pas de la fille du quatre avaient créé; Je gardais mon regard fixé sur le point noir sur fond gris que représentait Sagitta, tentant de me mettre face à elle, la chose entre nous.

En une dizaine de secondes, la fille du douze – celle qui m’avait volé la meilleure note à l’entrainement – était prise au piège. Je sortis une de mes neufs flèches – elle était souillée, ayant déjà servie à la corne contre le joli garçon a qui j’avais ôté la vie – et la gardai en main; de l’autre, je tenais toujours ma précieuse hache. Je la regardais, prête à attaquer; à lui bondir dessus, comme un félin en pleine chasse… Mais quatre en décida autrement, en lançant, mal, une de ses armes. J’avais presque envie de tout lâcher pour l’applaudir. Elle allait nous tuer, tous, par sa stupidité. Madame douze nous remarque; son regard croise le mien. J’avance de quelques pas, pour montrer à mon alliée ce que je tiens.

Et toutes deux, chargeons vers la proie. Sagitta la percute en premier; remarquant, je me mets à reculer sur le champ. Il était hors de question que je me blesse d’avantage; j’allais laisser le loisir à la supposée chasseresse de la maitriser, et de prendre les coups. La fille du douze devait être solidement armée, après tout. Je les regarde se débattre avec un certain plaisir. Qu’est-ce que j’allais attaquer en premier… le cou ou la tête?

J’étais Dieu. Rien de moins. Je regardais les deux tributs se battre comme de vraies déchainées. C’était à moi de décider. Tout. L’issue de la bataille, leurs blessures, elles n’étaient que des pions. J’avais sorti mon arc; prête a tirer; marchant en cercle alentour des deux autres. Je devais tout voir. De tous les angles. La fille du douze prit le dessus assez rapidement; Sagitta était vraiment faible. Ça m’amenait même à me questionner sur mes envies de la tuer; Si c’était pour être trop facile… a quoi bon? J’étais dans le dos de celle qui m’avait volé la meilleure note à l’entrainement quand je vis la neige changer; sous elles. Une des deux était blessée. La récréation était terminée. Je n’allais tout de même pas assister à un meurtre sans y participer. Je plaçai ma flèche et la tirai, dans le dos de la tribut du douze. Tout était permis, aux hunger games. Sans attendre une seconde de plus, Sagitta la repousse, enlevant un épieu de son épaule; Cette idiote n’avait jamais entendu parler des hémorragies? Je m’approchai de miss « j’ai eu un onze », toujours de dos a moi, l’empoignant par les cheveux. Je l’avais là, à ma merci, pendant qu’a quelques pas, mon « alliée » devait pisser le sang.

J’agrippai la chevelure de ma nouvelle proie à la racine, et repris ma jolie flèche. La peau sous son manteau devait être détruite, comme la jambe du garçon du trois. Mon coup ne l’avait pas seulement effleurée; mon projectil était bien entré. Je devenais meilleure de jour en jour.

J’entendais le souffle de Sagitta, celui de la fille du douze et mon cœur battant. Mon alliée n’avait pas l’air dans la meilleure des formes. Ezea allait m’en vouloir si elle revenait trop mal en point; on allait peut-être même m’accuser. J’attrapais ma hache d’une main et descendit l’autre le long de la tignasse de Douze; Je la tendis un peu, sa tête penchant légèrement, et la coupait d’un coup de hache. Bam. Fini la jolie fille, elle avait maintenant l’air d’un enfant battu des districts – Elle avait même une jolie marque rouge où ma hache c’était stoppée. Les sponsors, à présent, l’apprécieraient moins, ils la verraient comme faible, plus faible que la petite fille du onze. Elle recevrait, cette fois, qu’un avertissement. Je la finirais plus tard, seule, dans une bataille plus épique. Je m’approchais encore plus de mon ennemie, pour lui murmurer un simple « Si j’étais à ta place, je courrais, bien loin, Douze. » avant de me reculer un peu, souriante.

C’était presque aussi amusant que de donner la mort.

Spoiler:

Cette douleur, je ne la connaissais pas, je ne l'avais jamais ressenti. C'était au delà de tout ce que j'avais imaginé, bien plus fort, bien plus vif. La douleur s'était propagée dans la totalité de mon corps, me rendant incapable de faire quoi que ce soit. Grâce à ça, la fille du 4 n'eut aucun mal à me dégager, et ce malgré son épaule blessée.  Je me retrouvais à quelques mètres d'elle, face contre terre, n'osant même pas bouger le petit doigts. Mais je ne pouvais pas rester comme ça. Je ne pouvais pas me laisser mourir de cette façon. Il fallait que je surpasse cette affreuse douleur.  Me redressant peu à peu en m'empêchant de crier, je finis par me retrouver à quatre pattes. Tendant mon bras vers mon dos pour en retirer la flèche, je sentis une main me tirer les cheveux.  Je n'ai pas tout compris tellement ça a été vite. Je l'ai juste sentie, celle que je devinais être la fille du Onze, me tirer les cheveux et me retirer brutalement la flèche, m'arrachant de nouveau un horrible cri de douleur. C'était horrible, trop dur à supporter. Mon corps frissonnait, mon corps allait mal. Jamais je n'avais eu aussi mal. Doucement, je me sentais divaguer. Ma vue devenait floue, je ne voyais presque plus rien, mais je sentais toujours mon cœur battre, j'étais toujours vivante. Mais pour combien de temps encore ?

Je la sentais brandir sa hache. Elle allait me tuer, elle allait me la planter dans le crâne et c'est ainsi que se terminerait ma vie. Non ! Non ! Je n'allais pas mourir ! Pas maintenant ! Je n'en avais pas envie ! Il en était hors de question ! Mais la douleur me ramena à la raison. Je la sentais tirer mes cheveux vers l'arrière,  mais contre tout attente, ce n'est pas dans mon crâne qu'elle planta son arme, au lieu de ça, elle se contenta simplement de les couper, mes longs et beaux cheveux. Sur le moment, je la cru stupide. Elle aurait pu me tuer facilement, tellement facilement que ça en aurait été honteux de mourir ainsi. Que cherchait-elle a faire au juste ? Voulait-elle simplement s'amuser à me faire souffrir avant de m'achever ? Toujours debout, je reprenais des esprits, et même si je n'accordais que peu d'importance à mes cheveux, je me sentais bouillonner. J'étais en colère, terriblement en colère contre cette tribut qui m'avait fait vraiment très mal. Je serrais le manche de mon poignard si fort que ma paume en était sûrement devenue rouge. Je ne faisais même plus attention au tribut du 4, pour le moment il n'y avait que cette Viha qui m'intéressait ... Et je voulais sa peau. Après qu'elle m'ait sauvagement arrachée ma tignasse, je la sentis s'approcher de moi et les mots qu'elle me murmura ne sonnait pas comme si elle me donnait un avertissement à mes oreilles, mais plus comme si elle me lançait un défi.  « Si j’étais à ta place, je courrais, bien loin, Douze. » Léger problème : elle n'était pas à ma place. Peut-être que l'écouter aurait été plus judicieux, sûrement m'apprêtais-je à commettre la pire erreur de ma vie, mais non, je ne partirais pas. Du moins, pas avant de lui avoir fait payer.

La douleur était affreuse, mais cette fois-ci, je décidais de ne pas la laisser me contrôler. Alors qu'elle avait conquérit la totalité de mon dos, elle ne m'empêcha cependant pas, suite aux paroles de la tribut, de me tourner et de lui lancer mon couteau en plein dans l'épaule. J'aurais préféré qu'il se plante dans le cœur, mais visiblement, l'épaule était ma zone de prédiction chez les êtres humains. M'approchant d'elle le pas boiteux, ignorant le danger qu'elle et sa hache représentait, je lui retira mon arme et tourna les talons. J'aurais pu la frapper à l'aide de mes poings ou de mes jambes, mais la douleur ne me laissa pas ce plaisir. Tant pis, j'allais me contenter de ça. Cette blessure n'allait pas vraiment la pénaliser mais au moins, peut-être qu'elle comprendra qu'un jour ou l'autre, je la retrouverais, et finirais le travail. Evidemment, je n'oubliais pas la tribut du 4, et si elle et sa copine voulaient gagner les Hunger Games, il allait falloir qu'elles me passent sur le corps.

Spoiler:

Spoiler:

On n’avait jamais appris à cette fille que le tissu absorbe les coups. Je n’avais senti qu’un pincement, de quoi rire; pareil que si j’avais été piquée par une aiguille; quelque chose, qui avec la pratique, ne me faisait plus mal du tout. Au moins, elle avait eu la présence d’esprit de reprendre son arme avant de partir. Loin. Sans quoi, la scène aurait été d’un ridicule; Je la regardais partir, lâchant la touffe de cheveux que je lui avais coupé sur le sol. Je n’allais pas en faire un trophée. Je préférais quelque chose de plus significatif. Son emblème, par exemple, celle que je lui volerais après l’avoir tuée, lentement. « tu aurais pu faire un peu plus vite. Pas besoin de spectacle pour tuer quelqu'un. » je me retournai, Sagitta était toujours là, avec ses petits commentaires. Elle ne connaissait rien a la vie, aux jeux, ou a la publicité. A croire que ses mentors avaient passé tout leur temps à lui faire déguster les petits plats préparés par le capitole, à la place de l’entrainer comme il se devait. « Nous sommes aux Hunger Games. Nous sommes dans un spectacle. Tous des acteurs. Nous donnons notre vie pour le show. A mes yeux, les autres ne méritent certes pas la victoire, mais ils méritent d’avoir une mort digne des meilleurs moments de l’édition, non? Et puis, dans le pire des cas, si le tribut ne mérites la une mort digne de ce nom… fait le au moins pour le publique. » Seule, elle allait mourir en deux heures. N’aurait aucun sponsor pour l’aider. Elle devait penser que seul sa force physique allait suffire à la faire gagner. Elle oubliait l’essentiel. Je m’approchai de la fille du quatre, d’un pas lent. Elle aurait été tuée il y a quelques instants si je n’étais pas intervenue; mais elle ne semblait pas avoir l’intention de me remercier. Elle tentait de se montrer plus forte qu’elle ne l’était, et oubliait ses bonnes manières. Je l’attrapai par la main et l’aidai à se relever. « Quand tu te bas au corps à corps, oublies les armes, tu ne fais qu’aider l’autre. Mords à la place. Libère des bras, tes mains. Après, essaie de survivre. » Je souris, la remettant sur pieds. J’étais presque gentille, sur ce coup-là, lui avouant un de mes trucs. De toute façon, ça ne l’aiderait pas, contre moi. Je lui souris, sur le point d’ajouter quelque chose d’autre quand le silence dans lequel la forêt était plongée fut rompu. Des coups de canon. Deux. Je regardai Sagitta. Elle avait en tête la même chose que moi. Ezea. Quelque part. Sans nous. Je ne pouvais pas le laisser seul. Pas cette fois ci.