Rolling in the deep

Je ne savais pas quoi faire, je ne savais pas où j'allais, je savais seulement que je marchais. Je marchais sur une plate forme, je marchais sur un bouclier volant dans les airs. Je me sentais visé, je sentais que tout le monde me détester, je sentais qu'on voulait me tuer. Je sentais le regard d'Eglenver avec une hache à la main, les yeux bruns de Castiel posés sur moi armé d'une lance, prêt à me tirer dessus. Je sentais le bruit des pas de Denahi, le visage de la rouquine du district un en train de mourir, je me sentais victorieuse. Je flottais dans cette atmosphère incompréhensible, je ne comprenais rien. Soudain je vis le regard de Snow, du président de Panem se poser sur moi. Je voyais sa rose rouge -celle que je lui avais lancés au défilé- accroché à sa boutonnière. Il me fixait de son air de renard rusé, de son air de vipère prêt à attaquer. Je le fixais alors, attendant mon heure fatidique. « Réveil toi Cybéline ... » il avait une voix de femme. Une voix aigu que je connaissais très bien. C'était d'ailleurs marrant de le voir parler comme une femme, mais je devais garder mon sérieux dans cette situation. « Réveille toi ! » La voix me fait sursauter jusqu'à ce que je me prenne un sceau d'eau en pleine figure. Je relève la tête, trempé dans mon lit en satin blanc, regardant la chose brillante devant moi. C'était bien notre hôtesse, avec un habit rempli de paillète. Je la fixe d'un air étrange jusqu'à remarquer que je suis trempée. Je regarde alors les muets derrières elle, terrifiés par son cris. « Désolé ... Je rêvais que je gagnais les jeux ... » Pourquoi je lui dévoilais mon rêve comme ça ? Le temps de me remettre des émotions je la sens déjà me traîner dans la salle de bain et m'enfermer dedans.« C'est bien, déjà tu dois t'entraîner avant !Maintenant va prendre une douche et enlever l'odeur de ton corps, tu empestes la transpiration ! » Je lâche un soupir lasse, je n'ai pas envie de discuter avec elle et je m'exécute. J'enlève la chemise blanche trempé et me faufile dans cette douche où il y a tellement de bouton. J'appuie au milieu, et un cri sort de ma bouche. Me prend de l'eau glaciale sur le corps. Je lâche le bouton et arrête l'effet de l'eau glacée. Je retente ma chance sur le bouton à sa droite et j'ai la surprise de me prendre un jet d'eau bouillante dans les yeux. Qui aime se prendre dans l'eau dans les yeux ?Cette invention est ridicule ! Je retire immédiatement mon doigt espérant ne pas être filmé, j'aurais l'air ridicule si j'étais une gagnante, " la gagnante qui ne sait pas se servir d'une douche ! " Je me sentais alors obsédé par les jeux, j'en rêvais même ! Je passe ma main dans mes cheveux pour remettre en place quelque boucle qui me tombe dans la figure. Je pose alors ma main sur le bouton tout à gauche et je vois le jet d'eau en hauteur se mettre à faire couler de l'eau tiède, j'avais trouvé le bon bouton. Je m'y glisse alors et profite de cette bonne douche.

Je sors de la salle de bain, avec deux petites tresses de chaque côté et l'uniforme de combat que l'on doit porter pour l'entraînement pendant ces trois jours, nous voici au deuxième et je n'ai rien fait. Je n'ai fait que regarder les autres et un peu de feu, je ne veux surtout pas devenir la proie des carrières et surtout pas de cette rouquine, elle me glace le sang à chaque fois que je la vois. Je passe dans la salle de notre résidence, regardant Taylor. « Bien dormis ? » Elle éclate de rire en regardant notre hôtesse, qu'elle sale peste ! J'attrape un bout de pain avec des pépites noires que l'on appelle chocolat. « Super, mais c'est devenu un cauchemars quand j'ai vue ta tête dedans ! » Je sens le rire de mon hôtesse se faire sentir alors que Taylor se défigure, je lâche un petit sourire narquois avant de partir vers la porte. Je passe alors dans les couloirs jusqu'à l'ascenseur qui conduit les tributs dans le sous-sol de cet immeuble.

Arrivé dans cette salle, je regarde alors les tributs commencer à s'entraîner. Je cherche un atelier libre et je vois l'atelier du feu vide, je me dépêche d'y aller et à peine arriver je rentre dans une fille. Je ferme les yeux un instant espérant que ce ne soit pas la carrière du district un, et non, heureusement pour moi. Je regarde la jeune fille, je reconnais son visage. C'est la fille du quatre, volontaire qui se retrouve avec son cousin et l'année dernière il y avait son frère. Elle est d'une magnifique beauté, malgré sa maigreur. Je me relève la regardant faire. « Dé.. désolé, je ne voulais pas te faire mal ... » Je la regarde faire et sans un mot, je me baisse pour l'aider à se relever. Je baisse la tête et je me retourne pour aller à l'atelier du feu, soudain je sens que je ne suis pas seul. Je me retourne et la voie, elle galère bien à en faire. Elle se met à taper comme un bébé sur les deux rochers, je lâche un petit rire amusé en la voyant faire et m'approche d'elle. « Il ne faut pas faire comme on voit dans l'arène, ils ont appris la technique capitole, et ce n'est pas la meilleure et la plus rapide ... »Je m'approche d'elle et fais glisser les deux roches pointus aux dessus d'une feuille que j'ai trouvée, je commence à frotter sous les yeux de la jeune fille, puis j'accélère le rythme pour laisser des étincelles sortir et se diriger sur la feuille. Je me penche ensuite et me met à souffler dessus jusqu'à former qu'elle que flamme que j'éteins de suite pour ne pas me faire repérer. Je regarde la brune un plus âgé que moi et lui sourit. « Tu as compris? Alors à toi . » Je me demande alors pourquoi je l'aide. Mais je ressens un sentiment de confiance envers cette fille, l'avoir dans mes ennemies seraient un mauvais choix. Elle a l'air forte, pas physiquement, mais psychologiquement on pourrait s'aider dans l'arène si l'autre à un soucis. J'allais l'appeler mademoiselle, mais ça me faisait trop penser à Taylor, alors je décide de lâcher mon prénom. « Moi c'est Cybéline , et toi ? » Je n'allais pas lui sortir le fait qu'elle soit la soeur du garçon mort à cause de son co-tribut, mais je ne dis rien. En tout cas, je suis pleine de confiance envers cette jeune fille.

rolling in the deep

J'ai terriblement mal dormi. Je veux dire, habituellement, j'ai des insomnies et je me réveille autour de trois fois par nuit, mais cette fois-ci, je n'ai presque pas fermé l'oeil. Je me suis tournée, retournée, sans arrêt, envahie de rêves confus semi-éveillés et de chimères hallucinatoires. Je me voyais poursuivie dans une forêt, ensuite près du lac, chez moi, au District Quatre, et pour finir j'étais sur l'estrade avec le Président Snow, qui, il me semble, a fait quelque chose de très logique et de parfaitement normal de sa part, c'est-à-dire m'offrir des cookies. Étrangement, je trouve que les rêves de ce genre, sans aucun sens, confus et tordus, sont bien pires que les cauchemars. D'un cauchemar, l'on peut toujours s'extirper. Ces rêves-là nous gardent prisonniers. Un peu comme je le suis en ce moment.

Je me réveille, comme dans un nuage chaud et inconfortable, cinq secondes à peine avant que Jubilee ne cogne à ma porte pour me réveiller. C'est étrange, cette femme ne me fait pas du tout penser aux autres habitants de la capitale. Elle est plus... humaine. Je m'extirpe difficilement de mes couvertures et me retrouve complètement réveillée, bien qu'étourdie. J'ai soif. Très soif. Je me rend vers ma salle de bains et me sers un grand verre d'eau.

Je m'habille en vitesse, me fais ma queue de cheval et prend mon petit-déjeuner dans le réfectoire, en bas. Tout comme hier, nous essayons de camoufler notre nervosité avec quelques plaisanteries bidon sur les carrières. Je sors de table après un léger sourire et file vers les ateliers. Aujourd'hui, je tâcherai d'en apprendre un peu plus sur ce que je sais déjà, au lieu de faire mon idiote comme la veille. Je me dirige donc immédiatement vers le stand de survie, où un petit attroupement d'adolescents commencent à peine à suivre le cours. L'instructeur m'aime déjà, depuis qu'il m'ait vue corriger le collet d'Ezea adroitement, et il délaisse presque ses autres élèves pour me montrer, enthousiaste, d'autres pièges intéressants pouvant aussi bien marcher sur des animaux que des humains. Puis, il tâche de m'apprendre à allumer un feu.

- Alors, prends le bâton...

J'ai arrêté d'écouter environ à cet endroit. Je suis bien trop excitée à l'idée d'allumer un feu, si bien que j'exécute mon travail n'importe comment et en vient à briser mon bâton en deux. Je m'acharne de plus en plus, et, exaspéré, l'instructeur va aider les plus nécessiteux. Je veux réussir ce truc. J'ai toujours aimé le feu; sa grâce, sa puissance, son comportement presque humain. De plus, mon emblème de district m'oblige légèrement à bien le manier, sans quoi la symbolique en serait gravement endommagée. Je tente une troisième fois de démarrer mon petit tas de brindilles quand je sens quelque chose se prendre dans mon dos.

Je m'affale par-terre, et me prend mon chef d'oeuvre dans l'épaule. Une idiote vient de buter contre moi. Je comprends, je suis loin d'être grande, mais je ne suis pas invisible non plus. Je me relève en massant mon bras endolori et m'apprête à inonder d'insultes l'inconsciente lorsque je la reconnais. C'est la fille du Sept. L'autre dont un membre fraternel est mort l'an dernier. Nous nous fixons un moment, analysons l'autre, son regard bleu fixé dans le mien, ambré. Je me confonds en excuses incompréhensibles.

- Dé... désolée, balbutie-t-elle. Je ne voulais pas te faire mal...

- Ça va, je grommelle. J'aurais quand même préféré qu'elle évite de trébucher dans mon propre dos.

Elle m'aide à me replacer un peu mieux. J'abandonne mon projet avec les brindilles et prends deux pierres, mémorisant leur apparence acérée du mieux que je peux. Je crois qu'on appelle ça du silex. J'observe de loin l'instructeur battre les deux pierres énergiquement, et l'imite dans toute ma splendeur. Voyant que je n'obtiens aucun résultat, je m'y mets de plus en plus fort. Mais tu vas allumer, à la fin? Je m'acharne sur les deux pauvres pierres avec la force du désespoir.

- Il ne faut pas faire comme on voit dans l'Arène, ils ont appris la technique Capitole, et ce n'est pas la meilleure ni la plus rapide...

Je relève la tête, arque un sourcil. Elle me suis ou quoi? Il est vrai que je n'ai pas bougé, mais rien ne l'empêche d'aller faire un autre atelier. Quoi que je ne refuserai pas de ses conseils. Un cadeau donné ne doit pas être un cadeau perdu. La petite blonde du Sept m'observe avec amusement, ce qui a le don de m'agacer (tout autant qu'échouer un truc terriblement facile en face de moi). Je lui balance les silex tout en présentant mon tas complètement mort.

- Après vous.

Elle s'approche et glisse une feuille d'érable sous les deux pierres qu'elle bats frénétiquement. J'observe attentivement son geste, consciente qu'il me sauvera probablement la vie dans quelques jours. Elle accélère le rythme, de plus en plus, et soudain, des étincelles dorées éclaboussent la feuille. Un tison perce la membrane et la fille souffle dessus, celle-ci prenant feu immédiatement. Woah. Trop classe.

- Tu as compris? Alors à toi.

Je suis persuadée que je l'aurai avant même de débuter la procédure. C'était l'un de mes rares moments d'attention, et je l'ai mise au maximum. J'exécute les mêmes gestes précis que la jeune fille, puis, au bout de quelques minutes, une gerbe d'étincelles neige sur mon tas de brindilles, et je m'empresse de souffler dessus avec amour, presque comme une mère. Les flammes lèchent rapidement l'amoncellement, répandant une douceâtre odeur de fumée et de résine. Je me retourne, arborant un sourire fier et défiant.

- Moi c'est Cybéline, et toi?

- Sagitta, je réponds comme si c'était une évidence. Tu dois bien me connaître, on est des clônes, non?

Spoiler:

Rolling in the deep

Je ne voulais pas la vexer, ni l'embêtais. Mais je voyais cette fille comme une simple fille, pas une tribut où je me méfiais, non elle s'est juste une jeune fille que je connais de vue et qui me parait bien sympathique, enfin c'est seulement de vue. « - Ça va » Sa voix ne me dit pas qu'elle va bien, mais je fais mine que je suis d'accord avec elle. Je me sens mal de lui avoir rentré dedans et la relève regardant les ateliers, je décide de suivre cette fille qui ne met pas inconnue de visage. Je m'approche du stand où elle se dirige pour je ne sais qu'elle raison, peut-être parce que je veux foutre le feu au capitole ? Non je ne suis pas aussi sadique.

Rien qu'un regard sur la jeune fille et un rire léger perle dans ma gorge, elle n'est pas douée et ça se voit. Du moins je réagirais pareille devant un harpon du district 4. Elle me balance alors les silex. « - Après vous. » Je souris en relevant le petit défi. Je me pose en regardant rapidement les feuilles, je prends alors de l'érable, puis je la pose avant de commencer à faire un mouvement de plus en plus rapide, jusqu'à allumer un feu. Je me redresse et souris en l'éteignant à grande vitesse avant de me faire repérer. Je la regarde, lui demandant de le faire, elle devrait y arriver.

Je la regarde faire les mêmes gestes que moi, sauf qu'ils sont moins perspicaces que moi, c'est un peu logique quand on ne connaît rien au feu. Mais elle se débrouille grandement bien et je lui souris voyant son regard victorieux. Je me dépêche d'éteindre le feu, en sortant mon nom. Bizarre, moi qui ne parle pas vraiment, cette fille me donne l'impression de confiance. « - Sagitta, tu dois bien me connaître, on est des clones, non? » Je relève la tête, c'est la petite soeur d'un gars de l'année dernière, oh oui je la reconnais. « Oui, tu as raison, comme quoi nous sommes maudites ! »Je souris tristement en repensant à Eglenver, mais essai de paraître forte quand même, je ne vais pas me mettre à pleurer devant tout le monde comme un bébé. Un silence se fait rapidement entre nous et je me sens mal. Je regarde la gigantesque pièce puis retourne mon regard vers Sagitta. « Tu as fait quoi comme stand ici? » Je recommence à faire du feu, c'est la seule chose que je pourrais faire devant tant de monde.

Spoiler:

- Oui, tu as raison, confesse-t-elle. Comme quoi nous sommes maudites!

Elle relève la tête vers moi, esquisse un sourire. Nous restons silencieuses, gênées par ma déclaration. J'ai manqué un peu de tact, j'imagine. Peut-être qu'elle n'a pas fait son deuil comparé à moi. Peut-être qu'elle, sa soeur n'a pas été réssucitée pour ensuite devenir une dangereuse psychopathe qui a enlevé son amie d'enfance après lui avoir carrément dit qu'elle ne valait plus rien. Je remarque alors que j'y vais de plus en plus fort avec mes silex, rageuse, et je décide de m'arrêter, craignant de me trancher le doigt avant même d'entrer dans l'Arène.

- Tu as fait quoi comme stand ici?

Je la dévisage un instant. Je ne suis pas sûre que je suis prête à dévoiler mes éventuels acquis à la première venue. Déjà qu'avec Ezea, hier, ça m'a rendue légèrement dans le pétrin, je préfère garder certaines distances. C'est pourquoi je tâche de me montrer assez évasive.

- Bah, j'me suis essayée à la course... Un peu au couteau. Et au corps-à-corps en général, jusqu'à maintenant. Toi?

Mon interlocutrice a recommencé à créer des flammes, de façon presque fanatique. Personnellement, je tente de parfaire ma technique du mieux que je peux. Un autre petit silence s'installe, et puis je décide de combler avec quelque chose d'absolument aléatoire.

- C'est moi ou les carrières semblent ne pas beaucoup s'entendre cette année? Je veux dire, cette fille, là, la rousse du Un; on dirait qu'elle va tous nous bouffer. Et puis je l'ai vue observer le garçon du Deux comme si c'était un gâteau, prête à le dévorer. D'ailleurs, au Deux aussi ils semblent vouloir s'arracher les membres. (je prends une attitude moqueuse) Ce serait marrant qu'ils s'entre-tuent avant le Bain de Sang, histoire que le reste soit plus facile.

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