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Mon dieu, qu'est-ce qu'ils allaient encore me faire cette fois? J'avais l'impression d'être une bête de foire qu'on observe, qu'on examine, qu'on s’envoie de tous les côtés... J'avais cette horrible sensation à travers la gorge ; celle d'être devenu un objet. Trois personnes, intrigantes, plutôt imposantes vu leur carrures, s'occupaient de moi depuis ce matin. Il y avait une grande blonde aux airs de princesses, un petit vieux d'une soixantaine d'années tellement botoxé qu'on aurait pu le confondre avec un oreiller, et une autre fille, brune, à la poitrine particulièrement développée qui me regardait sensuellement depuis le début de la journée.

Quand j’étais arrivé ce matin dans cette étrange pièce blanche, les trois m’avaient regardé comme un fou tout droit sorti de l’asile. Les pauvres, ils avaient une de ces mines désespérées ! J’ai d’abord cru qu’ils avaient de la peine pour moi parce que j’allais me faire tuer aux jeux… Puis la grande blonde s’est exclamée d’un coup d’une voix agaçante ; « Oh mon dieu mon pauvre chéri ! Tu es si triste et moche ! On va essayer de faire de notre mieux, hein les gars ? » Sur ce, elle a lancé des coups de coudes à ces acolytes, et les trois se sont avancés vers moi, l’air soudain très excité. « JE ME CHARGE DE LUI COUPER LES CHEVEUUUUX » a soudain hurler le vieux botoxé, et les deux filles ont fait une moue déçue, en soupirant tristement, comme si il fallait se battre pour avoir le droit de toucher les cheveux. Elles ont alors surenchéri dans des tempêtes de hurlements, pour savoir qui ferait quoi.

Finalement, trois heures plus tard, j’étais toujours là, à me faire savonner, découper, maquiller (pour cacher mes cicatrices et mes imperfections), panser, laver, chouchouter, parfumer, raser etc, etc, etc. Chaque millimètre de ma peau brillait désormais de mille feux, je sentais bon comme jamais avant, j’avais les cheveux fraichement coupé et je ne ressemblais plus à cet homme des cavernes sauvages sorti d’un film d’horreur – ou en l’occurrence, du district 09. En songeant à ce que Rhubarbe (la blonde), Pontis (le vieux) et Chakie (gros lolos) m’avaient fait, j’essayais de m’imaginer si les gens qui habillaient ma Ska en ce moment étaient aussi stupides. Ils étaient attachants, certes... mais j’avais tout de même cette drôle d’impression qu’ils me prenaient pour un jouet. Je n’étais déjà pas très viril avant, mais maintenant qu’ils avaient complètement enlevés les quelques poils de barbe que j’vais, j’avais vraiment l’air d’avoir douze ans. En m’observant dans le mirroir pourtant, je ne pus m’empêcher de penser que j’avais l’air… différent, mieux, certainement. Mais je n’étais plus moi. Mes dents brillaient, mes yeux brillaient aussi, ma peau brillaient, j’avais l’impression d’être neuf. Gros lolos s’approcha de moi. Elle faisait environ deux mètres, et je me demandais si elle n’était pas complètement refaite… peu importe. Elle se baissa vers moi et m’attira dans ses bras. « Oh Loa, tu es trop chou maintenant ! J’ai envie de te prendre dans mes bras. » Je ne compris pas réellement le sens de sa dernière phrase, puisqu’en fait, elle me prenait déjà dans ses bras, et je lui répondis gentiment que c’était grâce à eux, même si j’étais très bien déjà avec ma coupe de sauvage et mes poils. En me câlinant, ses seins énormes se frottaient contre mon corps, et cette sensation, bien que peu désagréable, me donna envie d’exploser de rire. Pontis vint à son tour me serrer dans ses bras, et là, c’était carrément dégoutant. Ils étaient fous ces gens ! La brune enfin, alla jusqu’à déposer un bisou sur ma joue, puis elle annonça au bord des larmes ; « Ta styliste ne devrait pas tarder à arriver. Elle s’appelle Kana, elle est trop merveillleeeuuuussee. »