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 night set on when i fell down △ ATALIAM

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MessageSujet: night set on when i fell down △ ATALIAM   night set on when i fell down △ ATALIAM Icon_minitimeLun 9 Avr - 14:14

Un courant d'air froid glisse sur mes jambes. Je plaque la couverture tout contre mon corps nu, me roulant en boule pour garder un peu de chaleur. Il fait tellement froid, tellement froid que mes dents se mettent à claquer. Je tire le drap de mon côté, n'entendant même pas les grognements de protestation de la jeune fille à côté de moi. Elle remue, tentant de couvrir son corps à nouveau, mais je tiens la couverture si fermement qu'elle n'arrive à rien. Je reste dans cette position pendant longtemps, émergeant lentement du sommeil. Nous sommes un samedi, probablement. Je consens à exposer ma peau à l'air froid en passant une main sur mon front, que je trouve humide. Est-ce qu'il pleuvait, hier soir? Je tente de me souvenir de ce que j'ai fait, mais il semblerait que j'aie un trou de mémoire. Encore un trou. Cela m'arrive de plus en plus souvent. Je mets cela sur le compte de la fatigue, et finis par sortir du lit, nu. Je jette un coup d'oeil à la jeune femme que j'ai ramené dans mon lit. C'est une petite blonde d'une vingtaine d'années, mince, avec des seins parfaits. Je ne me rappelle pas son nom, et même si je m'en rappelais, cela ne changerait rien. Strictement rien. Ce n'est qu'une fille que j'ai séduit à coup de belles paroles. Comme toutes les autres. Au moins, elle a le mérite d'être restée dormir ici. La plupart de mes proies n'arrivent pas à pioncer dans ma chambre - il fait trop froid, elles se sentent mal dans cette pièce toute en longueur, si elles ne peuvent dormir dans mes bras alors elles ne souhaitent pas rester. J'observe son visage fin et couvert de tâches de rousseur. Et je ne ressens rien. Ni joie à l'idée d'avoir couché avec une si belle jeune femme, ni peine à l'idée qu'elle se soit attachée à moi. Elle a dû croire que je m'intéressais vraiment à elle. Dans un sens, c'est bien la preuve que je suis un excellent acteur. Je me baisse et ramasse mes vêtements éparpillés au pied du lit, bien content d'y retrouver un préservatif usagé. Je n'apprécierai guère de mettre enceinte la première fille qui passe. Je prends une douche rapide et lorsque je sors de la minuscule salle d'eau, mon coup d'un soir est toujours endormie. Je passe un caleçon propre et mon tee-shirt de la veille, et entreprends de la réveiller en la secouant doucement.

Ses yeux verts s'ouvrent et elle esquisse un sourire, avant de tendre les bras vers moi, la bouche prête à m'embrasser. Je la repousse sèchement. Elle semble ne pas comprendre. « Reprends tes affaires et pars. » je fais froidement en m'ôtant du lit. Je me dirige vers la cuisine ridiculement petite et me sers une tasse de café froid. C'est très rare d'en trouver dans les districts, et rien qu'une tasse coûte particulièrement chère, si bien que je décide de l'apprécier. La jeune femme finit par se lever, et se plante devant moi, toujours nue, les mains sur les hanches. Elle n'a pas l'air d'apprécier mon comportement à son égard. « Tu étais plus romantique hier. » Je lève un sourcil, nullement impressionné. « Sauf que nous ne sommes plus hier soir. » je lance pour toute explication. Elle semble agacée par mon indifférence. Peut-être qu'elle s'attendait à ce que je l'épouse sur le champ? L'idée me fait sourire, et je prends une petite gorgée de café. Il est amer. Je pose ma tasse sur la petite table et me coupe une tranche fine de pain rassi. Il serait temps que j'achète de quoi manger. J'en prends une bouchée et sans un mot, je retourne dans la partie chambre de mon logement. Il s'agit d'une maison minuscule sur un seul étage, mais amplement suffisante pour ce que j'y fais. Je sens le regard de la jeune fille dans mon dos alors que je passe mon uniforme de Pacificateur au dessus de mon tee-shirt. Nous sommes samedi, c'est donc mon jour de congé, mais je me tiens prêt. Et j'ai raison. A peine j'ai remonté la fermeture éclair de mon uniforme que mon bipper se met à sonner comme un fou. Nous avons une urgence sur le terrain.

Sans un mot, je rassemble les affaires de mon coup d'un soir, les lui fourre dans les bras et la force à sortir de ma maison, avant de sortir à mon tour et de fermer la porte à double tour. Je descends la petite allée qui me permet de me rendre plus à l'intérieur du district, évitant une chaussure qu'elle me lance. Je n'ai aucun regret par rapport à mon comportement. Je joue à un jeu pervers mais terriblement jouissif. Combien de femmes sont déjà tombées amoureuses de moi après une nuit ? Elles ne sont que des mouchoirs, pourtant. Des mouchoirs que je jette sans un regard. Les femmes et le sexe ne me servent à rien d'autre qu'à calmer les terribles maux de tête auxquels je suis fréquemment confronté. Rien de plus, rien de moins. D'ailleurs, rien qu'à évoquer mes migraines, une nouvelle me prend, me forçant à ralentir le pas. J'arrive donc plus lentement au lieu qu'indique mon bipper. Une vieille dame aux cheveux argentés vient à ma rencontre au moment même où j'entre dans son champ de vision. Je mets un petit moment à décrypter ce qu'elle me dit - j'entends des cris, des sanglots et des gémissements assourdissants. « Il y a une jeune femme qui n'arrête pas de pleurer au fond de l'impasse. » Elle me désigne une ruelle de son index parcheminé. « Mon mari a été la voir pour lui dire d'arrêter, parce qu'elle faisait fuir les clients - vous savez mon mari tient cette petite échoppe où il vend du cuir, vous devriez lui acheter quelque chose, c'est de la bonne qualité.. »

J'interromps d'un geste de la main agacé ses bavardages inutiles. « Oui donc, mon mari a été la voir, et vous savez quoi?! » Je lui lance un regard méprisant, les lèvres pincés. « Elle l'a frappé ! Elle a frappé mon mari ! Alors que c'est une personne âgée ! Vous vous rendez compte ? » Il me faut un petit moment pour la calmer, en lui assurant que oui, je vais faire mon boulot, que oui, elle sera punie, et que oui, son mari sera sûrement indemnisé si un coup qu'il a pris l'emmène chez le médecin. Ce n'est qu'un tissu de mensonges, mais cela semble calmer la vieille. Elle s'éloigne enfin de moi, et j'entends encore les sanglots de la "jeune fille". On m'avait dit que les Pacificateurs débutants se tapaient le sale boulot et les missions ridicules, mais si je m'attendais à ça... Je prépare mentalement mon discours, prêt à procéder à l'arrestation de la jeune fille pour trouble à l'ordre public, maltraitance sur personne âgée et sans doute même outrage à agent. Je me doute bien qu'elle n'acceptera pas facilement d'aller au poste. Je vérifie que j'ai bien mon arme - elle est cachée à l'intérieur de mon uniforme - et d'un pas triomphant, je me rends dans l'impasse indiquée par la vieille dame. J'y trouve une jeune femme roulée en boule, alternant sanglots et hurlements désespérés. Encore une folle dingue. J'en ai déjà vu. La plupart, on les envoie au Capitole, et ils finissent Muets. Dans le meilleur des cas. Sinon, ils disparaissent mystérieusement de la circulation.

Je pourrais ressentir de la pitié pour la jeune fille. Si j'étais capable d'avoir des sentiments. La plupart du temps, je ne ressens rien. Je suis d'une humeur parfaitement neutre, indifférent aux autres. Je suis incapable d'avoir des émotions humaines. Tout ce que j'arrive à ressentir, c'est un plaisir immense lorsque j'arrive à l'orgasme et un soulagement lorsque j'arrive à faire passer un mal de tête. Pas de joie, pas de peine, pas de peur, pas de dégoût, pas d'affection. Mes bras se croisent presque automatiquement sur mon torse. Pour la première fois, je l'avoue, je ne sais guère comment réagir. Je devrais appliquer le protocole et simplement l'arrêter. Je le sais. J'ai été formé comme ça. Mais il y a quelque chose de bizarre. Un instinct primaire me dit que je devrais plutôt réfléchir à pourquoi elle est dans cet état là. C'est une petite voix stupide dans ma tête qui me répète ça, inlassablement. Cela m'arrive parfois. Et c'est généralement le dernier souvenir que j'ai avant d'avoir un trou de mémoire. J'hésite un peu. Quelque chose me dit que je devrais suivre les conseils de la petite voix. Je finis par laisser tomber mes réflexions pour le moment et d'agir comme bon me semble. Je rejoins la jeune femme, respectant une distance de sécurité avec elle. Plus je m'approche, plus ses sanglots sont aigus et plus ils m'horripilent. J'ai toujours détesté les pleurnichards, ou du moins montré de l'agacement à leur égard. « Vous troublez l'ordre public, mademoiselle. » je lâche sèchement. Je pose ma main sur son épaule et agrippe son tee-shirt, attendant une réaction de sa part.
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MessageSujet: Re: night set on when i fell down △ ATALIAM   night set on when i fell down △ ATALIAM Icon_minitimeLun 9 Avr - 17:11


❝ night set on when i fell down ❞
priam & atala
Deux semaines. Voilà maintenant deux semaines que je pourrissais dans le district Neuf. Et à quoi bon ? Où étaient les rebelles que je devais aider ? Depuis quinze jours ici, je n'avais reçu aucun message de Coin. Les seuls contacts que j'avais avec l’extérieur étaient les messages radio de Posy, qui avait apparemment repris le flambeau au Treize. Comment ? Comment avais-je pu tout perdre aussi vite ? Je posais ma tête sur mes genoux ramenés en boules contre ma poitrine. Je fixais la rue à l'extérieur de la petite maison, assise devant la fenêtre. Le regard vide, j'observais la vie continuer en dehors des murs de mon nouveau chez moi. Tout était si triste ici. Si délabré. Si différent du Quatre. Je savais depuis toujours qu'en vivant au Quatre je faisais partie des privilégiés. J'avais pourtant été en mission au Onze une fois, où j'avais pu constater l'étendue de la pauvreté des habitants là-bas. J'en avais visité des districts. Et pourtant, aucun autre ne m'avait semblé si froid. Il n'y avait aucune chaleur ici, ni humaine, ni au sens propre. Tout était pâle, délavé, comme si on avait absorbé toutes les couleurs. Les petites maisons présentaient toutes la même teinte grise sale, le ciel toujours ce voilà de nuage cireux. Seule la forêt à la bordure du district ravivait quelque peu l'atmosphère blafarde avec ses quelques pousses vertes, qui prévoyait l'arrivée du printemps. Je fermais les yeux, essayant de me souvenir des plages du Quatre. De la maison. Du coucher de soleil le soir, sur la plage à l'arrière de la petite maison familiale. De cette extraordinaire nuance de couleurs flamboyante, un mélange de rouge, de rose et d'orange. De l'air doux qui nous enveloppait, du sable douillet qui épousait nos formes. Soudain, je n'étais plus recroquevillé dans un taudis au district Neuf, mais chez moi, en compagnie de ma famille. Tout ensemble. Mes parents, ainsi Bonnie, ma petite sœur. Melisandre était là aussi, ainsi que Posy et Erinys. Toutes les personnes que j'avais aimées, toute réunis autour de moi, bercées par le rythme des vagues. Pendant quelques instants, j’eus l'impression d'être réellement chez moi, quand tout allait bien. Quand j'étais heureuse.

J'aurais voulu rester dans ce monde, dans mes rêves, et ne plus jamais ouvrir les yeux. Mais malheureusement, on en avait décidé autrement. A l'autre bout de la pièce, la montre que m'avait fourni le district Treize sonna, me faisant sursauter. Je sortis de mes rêveries à contre cœur, maudissant l'engin de m’arracher de ces rares moment de bien-être. J'ouvrais les yeux, fixant l’origine du petit bip régulier qui emplissait la pièce. J'avais tout fait pour cacher cette montre du mieux que je le pouvais ; aussi bien au cas où un pacificateur un peu trop curieux mette la main dessus que pour ne plus l'avoir dans mon champs de vision. Malheureusement, je ne pouvais rien faire contre la sonnerie. Je fixais le tiroir où était caché l'objet, une flamme de haine ayant allumé mon regard. Pourquoi n'avais-je pas encore fui ? Je pourrais. Je pourrais, grimper dans un train et m'y cacher jusqu'au Quatre. Rentrer chez moi. Retrouver ma maison, mes habitudes. Vivre comme avant. Comme avant … Mon cerveau buta sur cette phrase. Comme avant, sans mes parents, sans Bonnie tués par une ordure du nom de Finnick, pacificateur de son état. Comme avant, sans Melisandre, rendu amnésique par Phœnix, lui aussi au service du Capitol. Sans Posy, qui m'avait à peine adressé la parole depuis le retour de Mel. Qu'allais-je bien faire au Quatre, sans personne pour m’accueillir ? Vivre dans la forêt, avec toujours cette boule au ventre, cette crainte d'être un jour retrouvée ? Non, je n'avais plus rien au Quatre. Voilà pourquoi je n'y retournerais pas. J'avais fui de chez moi, comme je le faisais à présent, en fuyant le Treize. Mais, croupissant ici au Neuf, dénué de toute utilité dans la rébellion, je regrettais presque les souterrains. Je ne sais pas combien de temps j'étais restée ainsi, à fusiller du regard la seule pièce de mon mobilier. Déroulant mes jambes, je laissais le sang chasser les fourmis qui s'y étaient installées. Je me dirigeai à pas las vers la commode en vieux bois au fond de la pièce, m'en méfiant comme d'une bombe sur le point d'exploser. J'ouvrais le tiroir et saisis le bout de plastique, m'étonnant qu'un si petit objet puisse faire autant de bruit. Du bout des doigts, je pressais le bouton lecture. Un message court, venant d'un des postes de services du Treize.  « Bonjour Atala. Je viens aux nouvelles, puisqu'on ne s'est pas revu depuis la dernière séance. J'espère que tout se passe bien avec les rebelles du Neuf, et que tu t'habitue à la vie là-bas. A bientôt. Melisandre. »

Je laissai tomber l'objet sans même m'en rendre compte. Ma respiration s’accéléra, les larmes me montèrent aux yeux. Mel. Mon cerveau ne répondait plus, et un chaos innommable s'y installa. Mel. Des images, des phrases des souvenirs, tout se mélangeait. Je saisis ma tête entre mes mains, impossible de mettre de l'ordre dans mes idées. Pourquoi ? Pourquoi devait-il faire ça ? J'étais ici pour l'oublier, pourquoi l'avait-on laissé me contacter ? Les larmes trempaient ma chemise, mais je les ignorais. Pourquoi faisait-il attention à moi ? Ça aurait été tellement plus simple s'il avait décidé de lui aussi tourner la page, quand j'avais exigé de stopper les séances de thérapies. Ça aurait été tellement plus simple qu'il disparaisse, plutôt que de me traiter comme une inconnue. De me rappeler chaque seconde qu'il n'avait plus aucune idée de ce que nous avions vécu, de ce que je représentais pour lui. C’était trop. Cela faisait un bout de temps que je n'avais pas rechuté, mais c'était trop. J'essuyai mon visage du revers de la manche avant de partir. Je quittai la maison en courant, renversant les meubles sur mon passage. Claquant la porte derrière moi, je m'élançai dans une direction au hasard, sans vraiment regarder où j'allais. La ville était calme, si calme qu'on entendait chacun des clapotements de mes pas sur le sol boueux, chacun de mes sanglots réguliers. Pourquoi ? La question revenait souvent à travers le désordre de mes pensées, sans jamais trouver de réponse.

Quand je repris conscience, je me trouvais recroquevillée au fond d'une ruelle. Depuis combien de temps étais-je assise là ? Trempée jusqu'aux os, autant à cause de l'averse qui avait dû passer que de mes propres larmes, j'étais frigorifié. Pas étonnant, j'avais quitté la maison sans prendre la peine de mettre un blouson, ou même une paire de chaussure. Tremblant comme une feuille, je relevais la tête pour voir ce qu'il se passait autour de moi. A l'entrée de l'impasse, j'apercevais une vieille dame qui me disait vaguement quelque chose ; sûrement une habitante que j'avais rencontré lors de mes rares sorties en centre-ville. Je ne faisais pas réellement attention aux personnes que je croisais, mais j'avais une bonne mémoire visuelle. Et puis, à vrai dire j'avais tellement peu de contact au Neuf que j'avais tendance à m'attarder sur des personnes sans grande importance. Mais ce ne fut pas elle qui m'inquiéta le plus. Lançant des regards dans ma direction, elle s'adressait bel et bien à un Pacificateur. Et c'était sans aucun doute le genre de personne que je me devais d'éviter. Celui-ci, le visage fermé, acquiesçait aux discours de la vieille dame. Je poussais contre mon gré un petit gémissement de panique. Plaquant mes deux mains sur ma bouche, les deux personnages me jetaient un regard noir avant de continuer. Ma respiration, qui ne s'était que très légèrement calmé depuis que retrouvé les esprits, repartit de plus belle. Une veine battait contre ma tempe, menaçant d'exploser. Atala, ressaisit toi ! me criais-je intérieurement. Mais c'était en vain. Alors que le pacificateur se dirigea vers moi, j'éclatais une nouvelle fois en sanglots, comme une gamine de cinq ans qu'on aurait prise en train de faire une connerie. Tu parles qu'on m’ait évincé de la direction de la rébellion. Je n'étais même pas capable de m'occuper de moi-même, comment aurais-je pu prendre soin de la majorité des rebelles du Quatre ? Je poussai contre mon grès quelque petits gémissements à mesure où l'homme se rapprochait. Mais putain, qu'est-ce que tu fou ! La partie de mon cerveau encore opérationnelle essayait tant bien que mal de faire entendre raison au reste de mon corps, sans grande réussite. Je serrais plus fort mes genoux contre moi, m'écrasant contre le mur derrière moi, cachant mon visage entre mes genoux, tachant de disparaître au travers de celui-ci.

« Vous troublez l'ordre public, mademoiselle. » Au son de sa voix, je relevais légèrement les yeux vers le jeune homme. Son visage fermé s'accordait à merveille avec le ton dur qu'il venait d'employer. Il approcha sa main de ma moi, d'un geste vif, qui ne me laissa pas le temps de réagir. Je sentais ses doigts frôler ma peau, agripper ma chemise. Je sortis soudain de mon état léthargique, sautant sur mes pieds. J'attrapai le bras de mon agresseur. Je savais comment me battre. Même si je ne m’étais pas battu depuis longtemps, je savais comment faire. Je laissai l’adrénaline parcourir mes veines, me sentant revivre. Je tordais son poignet en deux avant de le pousser de tout mon poids contre le mur en béton à ma droite, libérant l'allée pour m'enfuir. M'enfuir encore une fois. J'étais venu au Neuf pour passer inaperçu, et voilà que j'allais je m'étais encore attiré des ennuis. J'avais encore tout fait foiré.


Dernière édition par L. Atala Trinket le Ven 8 Juin - 22:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: night set on when i fell down △ ATALIAM   night set on when i fell down △ ATALIAM Icon_minitimeMar 10 Avr - 9:24

Tout en posant ma main sur l'épaule de la jeune fille, je réfléchis à pourquoi la petite voix vient toujours au mauvais moment. A chaque fois que j'ai une petite faille, que je me mets à réfléchir un peu trop, je parviens à entendre distinctement la voix essayer de me convaincre de faire l'inverse de ce que je m'apprête à faire. Et c'est assez.. dérangeant. Parce qu'au final je me retrouve souvent à obéir stupidement, presque persuadé que c'est la meilleure chose à faire. Je suis en pleine réflexion lorsque la jeune femme commence à bouger, et sans que je puisse y faire grand chose, je me retrouve quelques instants plus tard collé contre le mur de béton et le bras tordu. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je ne bouge pas pendant une dizaine de secondes, avant de sortir de ma léthargie.

La garce ! Je grimace un peu en voyant mon poignet prendre un angle bizarre. Je ne suis pas choqué par la douleur. Je crois que plus jeune, j'ai connu pire - j'ai d'ailleurs quelques souvenirs malheureux de cette époque - et donc, ce n'est pas la souffrance qui me cloue contre le mur. C'est la surprise. Je ne m'y attendais pas. Pas du tout. D'autant plus venant d'une personne qui avait l'air si fragile. Je me mords l'intérieur de la joue, tout en me retournant et en jetant un regard circulaire à l'impasse. Elle est partie. Je lève le bras gauche - en plus, elle a amoché le côté avec lequel j'écris - en grimaçant. Pas question de la laisser partir comme une voleuse. Je sers les dents, essayant d'oublier mon poignet qui me fait terriblement mal, et me mets à courir comme un dératé. Je retrouve rapidement la trace de la jeune femme. Elle ne doit sûrement pas être du district, ou du moins, elle n'a sûrement jamais mis les pieds dans cette partie, car elle semble être un peu hésitante à s'engager dans les ruelles. Je connais le district comme ma poche, si bien que je n'ai aucun problème pour me situer. Je reconnais les échoppes, les cafés, les habitations. Elle finit par s'engager dans une nouvelle impasse, et je ne peux faire autre chose que sourire. Je ne vais pas lui faire payer son affront personnellement. Je ne connais pas la rancune. Cela serait m'abaisser à des pulsions humaines primaires que de ressentir ne serait-ce que qu'un soupçon de rancoeur envers elle. Ce que je vais faire, c'est simplement accomplir la mission que je suis chargé d'accomplir, à savoir ramener la jeune femme au poste et laisser mes supérieurs décider de son destin. J'arrête de courir, et finis par rejoindre l'impasse en marchant calmement.

Mon poignet me fait toujours aussi mal, mais un début de mal de tête fait passer cette douleur au second plan. Mes migraines sont toujours plus fortes que n'importe quelle blessure. Mon visage reste totalement fermé. Je n'arbore aucun sourire de victoire. L'impasse est étroite et sombre. Personne ne passe jamais ici. Les murs qui nous confinent elle et moi ne donnent sur aucune fenêtre. Je regarde la jeune femme, blasé. Une vraie folle dingue. Et celle là, elle allait vraiment terminer Muette. Je n'en avais jamais vu, mais d'après ce qu'on m'en a dit, ils sont particulièrement serviables. Je doute fortement que celle-là réponde aux attentes de ses futurs maîtres. Je soupire. « Violence sur agent. » je commence à énoncer, gardant cette fois une distance de sécurité de plus de deux mètres. Je n'ai aucune envie qu'elle se me torde l'autre bras. « Trouble de l'ordre public. Et violence sur personne âgée. J'espère que vous avez une bonne explication pour vos actes, mademoiselle. » En réalité, je m'en fiche complètement. Ma migraine a pris plus d'ampleur et le sang qui bat lourdement dans les veines de mes tempes est douloureux. Je me laisse quelques secondes pour prendre une inspiration et me diriger vers la jeune femme. Sans lui laisser le temps de faire quoi que ce soit, je lui passe les menottes. On m'a donné un modèle pour enfant, si bien que le fer lui rentre dans les poignets. Mais je ne m'en soucie guère, et la force sèchement à s'asseoir sur le sol pavé glacé, mon pied en travers de sa poitrine pour l'empêcher de bouger.

Je remarque qu'elle ne porte ni veste, ni chaussures. Peut-être qu'elle vagabondait. J'ai déjà vu des gamins aux visages émaciés et ternes le faire, mais jamais des gens de son âge. Elle ne doit pas avoir plus de vingt-cinq ans - elle a même sans doute plutôt mon âge. Pourquoi n'est-elle pas plus couverte que ça ? Je me pose trop de questions, et cela ne me correspond pas. Et puis, en quoi cela me concerne? Je prends mon bipper - qui a aussi une fonction de talkie-walkie - et presse un bouton, prêt à appeler un peu de renfort. Je ne tiens pas à reprendre un coup. Je préfère que ce soit quelqu'un d'autre qui s'en charge. Je le colle à mon oreille, et entends une voix métallique qui me demande la raison de mon appel. « Je viens d’interpeller une jeune femme qui a montré des signes de violence envers moi. Je demande une unité de ren... » Ma phrase reste en suspens. J'entends mon interlocuteur répéter "Allo?" d'une voix agacée, mais je ne réagis pas.

La petite voix vient de revenir. Et elle me dit d'être clément avec la jeune femme. De ne pas la condamner. J'essaye de faire taire cette voix idiote, mais elle revient et je n'entends plus qu'elle. Elle me dit de lui faire confiance et de ne pas agir stupidement. Si cette jeune femme s'était enfuie en me voyant, c'était bien pour quelque chose, et même si je pensais que cela ne me regardait pas, il était de mon devoir d'être humain de chercher à comprendre. Je fronce les sourcils, sentant ma migraine devenir encore plus forte, comme pour me convaincre de laisser tomber toute résistance à la petite voix. C'est épuisant, ces maux de tête à répétition. La pression de mon pied sur la poitrine de la jeune femme se fait plus légère, et je finis par tout simplement reposer mon pied à terre. Je sens que je vais m'en mordre les doigts. Ma migraine se calme quelque peu. Je n'y vois pas un quelconque signe. C'est simplement stupide. Je suis stupide. J'observe la fille, toujours à terre. Pourquoi diable est-elle si simplement vêtue ? Je la regarde sans comprendre pourquoi j'ai obéi à la petite voix. Je viens de perdre tout mon crédit. Je soupire lourdement. Quel idiot je fais. « Tu as de la chance. » je fais d'une voix posée, la tutoyant soudainement. « Je suis dans un bon jour, alors je vais te faire une proposition. » Il n'y a rien dans ma voix qui indique quoi que ce soit de sexuel. Sur ce point, je suis différent de mes collègues. Voir les autres souffrir ne m'apporte aucun plaisir, et aucun dégoût. Je suis tout simplement impassible face aux manifestations de douleur des autres. Je n'ai jamais forcé quiconque à avoir des relations sexuelles avec moi, et je ne suis pas du genre à abuser de mon autorité. Je me contente d'exécuter les ordres que l'on me donne sans jamais empirer les choses. C'est sans doute là la chose dont laquelle je suis le plus fier chez moi. Je suis déconnecté des autres et cela ne m'apporte que des bonnes choses.

Je m'accroupis pour être bien en face d'elle. Si j'avais été capable de trouver les gens beaux ou moches, je pense que je l'aurais mis dans la première catégorie. Mais j'en suis incapable, et la question est donc vite éludée. « Tu m'expliques ce qu'il t'arrive et je te laisse tranquille. Tu repars chez toi et je dis à mes supérieurs que tu t'es enfuie sans que je ne puisse te rattraper, et dans ce cas c'est moi qui me tape les ennuis pendant que tu te la coules douce. » Je me relève et reprends. « Soit tu refuses de parler et j'appelle une unité de renfort avec des Pacificateurs bien plus cruels que moi qui te feront passer un sale quart d'heure. » Quelques noms me viennent en tête, des noms que j'ai dû voir affichés sur le tableau des meilleurs employés de la semaine de Panem. Sergei Weiser. Phoenix Lewis. Hunter Blackbird-Quelque chose. Si certains n'étaient pas aussi cruels et fous que ça, je rêverais presque de leur ressembler. Je me vois déjà haut-gradé, n'ayant plus que des ordres à donner. Je reporte mon attention sur la jeune fille. « Tu choisis. Je ne t'impose rien. » Si ma voix n'était pas aussi neutre et égale, on aurait presque plus croire que je suis préoccupé par le sort de cette folle dingue. Je la regarde, oubliant mon poignet qui me fait mal et ma migraine qui se calme par vague. Qu'est-ce qu'elle va choisir ? D'un côté, ça serait plus simple pour tout le monde qu'elle refuse de parler. Je n'aurais pas à l'écouter déplorer la perte de son domicile ou une autre stupidité du genre, et je pourrais rentrer chez moi. Peut-être même que je pourrais faire un détour au bar me trouver une minette pour m'aider à faire passer mon mal de tête. Mais mon instinct me dit que la meilleure solution serait de l'écouter. Peut-être qu'elle avait une véritable raison, et donc que ce serait injuste de lui faire passer un mauvais quart d'heure pour rien. Peut-être même que la vieille dame avait menti. Je passe une main sur mon front et reviens à la jeune femme, faisant mine d'attendre sa
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MessageSujet: Re: night set on when i fell down △ ATALIAM   night set on when i fell down △ ATALIAM Icon_minitimeMar 10 Avr - 21:40


Je courrais à travers la ville d'un pas hésitant. Le souffle court, je m'arrêtai à chaque carrefour, choisissant une rue au hasard, m'engageant dans celle qui me semblait la moins louche. Je sentais le Pacificateur sur mes talons. J'avais réussis à prendre quelques précieuses secondes d'avances, quand qu'il était resté ébahi alors que je prenais la fuite. Je ne savais pas pourquoi il ne s'était pas tout de suite mis à mes trousses. Peut-être lui avais-je vraiment amoché le poignet, qui sait. Mais c’était à ce moment le dernier de mes soucis. A l'inverse des miens, ses pieds savaient parfaitement quel chemin prendre. Il devait sûrement connaître la ville par cœur, il était certainement du district. Si bien qu'à chaque arrêt pour évaluer ma position, il me rattrapait un peu. J'étais rapide. Suffisamment rapide pour le semer. Mais en terrain inconnu, j'avais peu de chance de m'en sortir. La panique me gagnait au fur et à mesure que les échoppes défilaient sous mes yeux. Je n'étais jamais venu par là. Je ne reconnaissais rien. J'étais perdu. Haletante, à bout de souffle, je sentais mon allure ralentir petit à petit. Seul le son des bottes de Pacificateur dans mon dos me poussait à continuer. Je ne pouvais pas me laisser attraper. Non, s'il me m’arrêtait j'étais foutu. Un violent point de côté de déchirait l'abdomen, mais je tâchais de l'ignorer. Allez Atala, tu peux le faire. me motivais-je. Je tournais au hasard, n'essayant même plus de calculer ma position, me concentrant seulement sur le rythme de mes pas, et mon souffle de plus en plus court. Respirer devenait insupportable, je sentais mes poumons s'écraser contre ma cage thoracique. Mais il était là. Juste derrière moi. Je devais continuer. Je m'étais juré de ne pas mourir entre les mains d'un Pacificateur. Je l'avais juré à Mel et je devais au moins tenir cette promesse. Je fus traversé par l'idée de sortir ma pilule de cyanure, avant de me rappeler que je ne portais plus mon uniforme. Qu'il était dans un coin de ma cabine, six pieds sous terre au district Treize. Prise de haut de cœur, je savais que c'était la fin. Chaque respiration était une torture à présent, cela devait finir. Mon dernier tournant fut fatal. Une impasse. Une putain d'impasse. Je jurais silencieusement, ralentissant le pas. Je l'entendais arriver. C'était fini. J'avais perdu.

Je me dirigeai d'un pas las vers le fond de la ruelle. Un mur me faisait face, impossible à gravir - sûrement le dos d'un bâtiment de l'autre côté. Je me plaquais contre le mur, attendant l'arrivée du jeune homme, me préparant pour à me faire arrêter. C’était inévitable. Une fois au poste des Pacificateurs, ils ne mettraient pas longtemps à me reconnaître. Et à m'abattre. Ou peut-être passerais-je un petit séjour en prison comme Melisandre, ressortant moi aussi amnésique. Ça ne serait pas plus mal après tout. Ça réglerait pas mal de problème. Essayant tant bien que mal de retrouver une respiration normale, je séchais les dernières traces de larmes avec un pan de ma chemise. Je rajustais celle-ci comme je le pouvais, essayant d'effacer les traces boues. Je ne pus rien faire pour mes pieds mes tant pis. Si je devais être conduite en prison, je voulais garder un minimum de dignité. L'adrénaline m'avait entièrement réveillé, j'étais enfin sorti de cet état second qui suivait toujours mes crises. Me tenant debout cette fois, j'attendais le Pacificateur, sans aucune crainte dans les yeux. Je ne voulais pas paraître faible. Je ne l'étais pas. La tête haute, le jeune homme apparut dans mon champ de vision.

Il avança vers moi d'un calme déconcertant. Le visage fermé, les traits durs, malgré toute la haine que je vouais, je ne pouvais m'empêcher de le trouver séduisant. Dans un autre registre que Melisandre, d'une manière beaucoup plus sinistre, plus mystérieuse. Contrairement à mon fiancé, il ne dégageait pas cette chaleur, et on ne lisait pas une seule trace de sourire sur son visage. Il était tout le contraire de Mel, et pourtant, mon regard ne pouvait se détacher de lui. Je chassais cette idée de mes pensées, étant inenvisageable que je trouve quelqu'un d'autre que Mel séduisant, d'autant plus un Pacificateur sur le point de m'arrêter. Après quelques secondes qui me parurent une éternité, il s'arrêta à quelques mètres de moi, me laissant dans l'impossibilité de l'attaquer une nouvelle fois. « Violence sur agent. » Je soutenais sont regard, sans ciller. « Trouble de l'ordre public. Et violence sur personne âgée. J'espère que vous avez une bonne explication pour vos actes, mademoiselle. » L'espace d'un instant, je laissai une grimace de surprise déformer mes traits, avant de me ressaisir. Violence sur personne âgée ? Je n'avais aucun souvenir de la scène, mais je ne mettais pas en doute ses paroles. Après tout, je n'avais généralement plus aucuns souvenirs quand je perdais la raison. Cela expliquait sûrement la présence de la vieille dame dans l'autre ruelle. Ces histoires de crises, ça n'allait vraiment pas en s'arrangeant … Je le regardais passivement, n'aillant aucune explication à lui fournir. Qu'aurais-je bien pu lui dire de toute manière ? Que ses congénères avait lavé le cerveau de l'homme qui j'aimais et que je voulais les exterminer jusqu'au dernier ? Pas très malin de ma part. Mettre ça sur le compte d'une quelconque maladie mentale n'était pas plus intelligent. Je savais très bien ce qu'on réservait à ce genre de malade à Panem. Les médecins ici n’étaient pas aussi conciliant qu'au Treize. Devant mon mutisme, il s'avança vers moi, menottes à la main. Je me laissais faire, sachant pertinemment que résister ne ferais qu'aggraver mon cas. Je laissai sagement le fer entailler la peau, serrant les dents, me forçant à ne rien laisser paraître. J'avais connu pire que ça, je ne lui laisserais pas la satisfaction de me voir souffrir. Me laissant tomber sur le sol, je m'interrogeai : comment avais-je pu finir comme ça ? Question sans réponse, qui n'arrêtait pas de revenir. J'avais tout pourtant. Je menais la rébellion du Quatre, j'allais me marier. Comment avais-je pu finir, menotter au fond d'une ruelle, capturé pour une simple agression sur personne âgée ? N'était-ce pas pitoyable comme fin ? Rien qu'une agression, dont je ne me rappelais même pas ? Son pied s'écrasa sur ma poitrine, mettant fin à mes interrogations. Plaquée contre le mur, je pouvais difficilement respirer ; m'enfuir n'était même plus une option, j'arrivais à peine à bouger. Après un bref coup d’œil à sa botte, étalant une boue verdâtre sur ma chemise, je relevais le regard vers le visage vers celui du jeune homme. Il attrapa l'objet attacha à sa ceinture – son bipper sûrement- et pressa un bouton. Le Pacificateur commença sa phrase, demandant du renfort apparemment, mais se stoppa à la moitié. Malgré la distance, je parvenais à entendre les "allo" agacé de son interlocuteur. J'esquissai un bref sourire. J'étais tellement désespérée qu'un rien m'amusait. Il ne m'en fallait pas plus.

Espérant qu'il n'ait pas discerné cette mimique, je le découvrais perdu dans ses pensées, le regard voilé. Le silence dura quelque seconde, puis il fronça les sourcils. Comme s'il se résignait, je sentais la pression de sa botte diminuer contre ma poitrine. Je détachais mon regard de lui pour apercevoir son pied retomber mollement dans la boue. « Tu as de la chance. Je suis dans un bon jour, alors je vais te faire une proposition. » Une proposition ? Était-ce une blague ? Quel genre de proposition un Pacificateur pourrait-il faire à une cinglée comme moi ? J'en avais entendue des histoires sur ces gardiens de la paix. Viol, violence, torture, ils n'étaient pas connus pour leur altruisme légendaire. Je restais sur mes gardes, le visage anxieux, tandis qu'il s’accroupit pour me faire face. Je plongeai mon regard dans le siens, ne me laissant pas déstabiliser. « Tu m'expliques ce qu'il t'arrive et je te laisse tranquille. » Mon souffle s'accéléra, je tentais en vain de ne rien laisser paraître. « Tu repars chez toi et je dis à mes supérieurs que tu t'es enfuie sans que je ne puisse te rattraper, et dans ce cas c'est moi qui me tape les ennuis pendant que tu te la coules douce. » Sans baisser les yeux, je le suivais du regard alors qu'il se relevait. J'imaginais très bien la suite, il n'avait pas besoin de me l'énoncer. « Soit tu refuses de parler et j'appelle une unité de renfort avec des Pacificateurs bien plus cruels que moi qui te feront passer un sale quart d'heure. Tu choisis. Je ne t'impose rien. » J'avais vu juste. Je risquais même plus, puisqu'à peine arriver là-bas j'étais condamnée par le statut que j'occupais depuis l'enlèvement de Melisandre. Je baissais les yeux. De nouveaux, les idées commencèrent à fourmiller dans mon cerveau, ne me laissant guère la place de réfléchir. Pourtant, avec un calme inhabituel dans ce genre de situation, j'arrivais à mettre de l'ordre dans mes pensées. Qu'allais-je bien pouvoir lui dire. Inventer un mensonge serait le plus simple. Mais quoi ? Qu'est ce qui pourrait m'avoir motivé à frapper un grand-père, et agresser un Pacificateur ? Dire la vérité était impensable. Et pourtant. Pourtant cette idée s'insinuait dans mon esprit. J'étais fatiguée de mentir. Fatiguée d'avoir à réécrire ma vie. Relevant le regard, je soutins le sien d'un air presque hautain. « Quelle générosité ! » lançais-je d'un ton critique. Je devais me calmer. Ce n'était pas en était arrogante qu'il allait me laisser repartir. « Je me suis perdu, Monsieur. » dis-je cette fois plus calmement, prenant un ton niais. « Je suis sortie de chez moi, et je me suis perdu. J'ai paniqué en vous voyant parce … vous savez ce qu'on raconte sur les Pacificateurs. Ils ne sont pas tous ... » Je lui lançais un regard mi- craintif, mi- aguicheur. « fréquentable. » Je marquais une pause. « J'espère que vous n'êtes pas de ceux-là, Monsieur. »


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MessageSujet: Re: night set on when i fell down △ ATALIAM   night set on when i fell down △ ATALIAM Icon_minitimeMer 11 Avr - 19:54

Je ne sais pas réellement pourquoi j'ai obéi à la petite voix. Ce n'est qu'une invention de mon cerveau, exactement comme mes migraines. Rien qu'une partie de jambes en l'air ne puisse faire disparaître. Pourtant, à chaque fois que j'entends les mots s'égrener dans mon esprit, je finis toujours par lui obéir, comme un gamin obéit à sa mère. Je me mords la lèvre discrètement. Je suis en colère. Pas contre la folle dingue, pas contre la vieille dame de tout à l'heure, non. Furieux contre moi même d'être aussi soumis à quelque chose qui n'existe même pas. Le visage fermé, et dur, je recentre mon attention sur la jeune femme, qui semble un peu surprise par ma proposition. Peut-être qu'elle pensait que la seule échappatoire possible pour son cas était la prison. Dans tous les cas, cela ne me regarde pas, et je me demande bien dans quel pétrin je me suis fourré. Pendant qu'elle pèse le pour et le contre - ou bien qu'elle se ressaisisse ou quoi que ce soit d'autre - j'éteins mon bipper, coupant la connexion avec mon interlocuteur qui a dû se lasser et me raccrocher au nez un peu plus tôt. Si je dois espérer quelque chose, c'est que ma proposition n'a été entendue que par une seule personne, la folle dingue devant moi. Perdu dans mes pensées, je n’entends pas sa première phrase, ne parvenant à distinguer de sa réplique que le ton hautain et méprisant qu’elle a employé. Je lève un sourcil, donnant à mon visage un air agacé. Je ne le suis pas, mais ma neutralité perpétuelle peut être vue comme une faiblesse par certains, et je ne peux pas me résoudre à ce que l’on pense cela de moi. Tout de même, le fait qu’elle réagisse avec autant d’arrogance est assez incroyable. Je lui offre la possibilité de partir, de ne pas être inquiétée de quoi que ce soit, et elle trouve quand même un moyen d’exprimer son mécontentement. Quelle idiote.

Je parviens à entendre sa deuxième réplique, qui se veut un peu plus douce que la précédente. « Je me suis perdue, Monsieur. » Je lève les yeux au ciel. Quelle excuse incroyablement unique ! On ne me l’avait jamais faite, celle-là ! Je ne dis cependant rien, et croise mes bras sur mon torse, attendant la suite de son explication. «Je suis sortie de chez moi, et je me suis perdu. J'ai paniqué en vous voyant parce … vous savez ce qu'on raconte sur les Pacificateurs. Ils ne sont pas tous ... » Elle marque une pause, et prend un air qui me ferait rire si j’en étais capable, entre aguicheur et craintif. « Fréquentables. » Elle marque un point, cependant. Viol, torture, violence et parfois même exécution, mes collègues n’ont pas mon détachement et encore moins mon indifférence face à la douleur des autres. De manière quasi systématique, plus on monte en grade, plus les Pacificateurs usent et abusent de leur pouvoir, se persuadant qu’ils ne risquent rien, protégés par l’immunité quasi complète que le statut d’homme de loi leur confère. Je sais personnellement que mon rang ne changera en rien ma méthode de travail. Mes collègues devraient prendre exemple sur moi. La perfection incarnée. « J'espère que vous n'êtes pas de ceux-là, Monsieur. » Elle est vraiment idiote. Ai-je l’air aussi cruel ? Ai-je l’air aussi cruel que mes collègues ? Elle a dû méprendre ma froideur pour autre chose. Je ne suis pas cruel. Je suis indifférent. Je la regarde, peu convaincu parce qu’elle vient de dire. Je sais reconnaître quand quelqu’un me ment. Il y a des signes qui ne trompent pas, et je sais de quoi je parle, étant moi-même un excellent comédien. Elle me ment, et effrontément, en plus.

Mais elle a rempli sa part du contrat en m’expliquant pourquoi elle a fait ce qu’elle a fait. A mon tour d’honorer ma parole. Je m’accroupis à côté d’elle, et sans un mot, je défais ses menottes. Le fer a fait une magnifique trace rouge autour de ses poignets, mais je ne m’attarde pas sur ce détail et me relève sans ajouter quoi que ce soit. Je fais un pas en arrière, m’apprêtant à repartir, lorsque la petite voix revient et ponctue son arrivée d’une nouvelle vague de puissance dans mon mal de crâne. La petite voix me dit de ne pas laisser la folle dingue – qui ne mérite à présent plus son surnom – ici. Qu’il y a autre chose que je suis censé entendre. Je grimace. Elle me susurre qu’il serait temps d’être humain. Je serre les dents. Quelle idiotie. Mon cerveau est en train de dérailler, c’est la seule explication plausible aux phrases que j’entends. Je me force à prendre une grande inspiration, me retournant et laissant donc la jeune femme derrière moi. Je vais rentrer chez moi, dissoudre un cachet d’aspirine dans un verre d’eau et le boire d’un trait. Et mon mal de tête disparaîtra aussi vite qu’il est venu. Je me glisserai dans mon lit et le sommeil fera taire la petite voix. Au moment même où je me dis cela, j’ai l’impression que ma tête va exploser, simultanément avec mon poignet.

D’accord, c’est bon. J’ai compris. Je vais tirer les vers du nez de cette folle dingue – finalement, elle va garder son surnom aussi longtemps que je le souhaiterais – et ainsi, je serais enfin tranquille. Je me retourne à nouveau vers la jeune femme, fatigué. « En fait, je ne suis pas réellement convaincu par ton explication. » En y réfléchissant un peu plus profondément, c’est vrai que plusieurs points restent obscurs. Pourquoi est-elle partie de chez elle ? Pourquoi n’a-t-elle pas pris le temps de passer quelque chose de plus chaud, et pourquoi n’a-t-elle pas pris des chaussures. Je suppose que ce sont les questions auxquelles la petite voix attend des réponses. Je m’accroupis encore une fois face à la jeune femme, me mettant dans la peau de quelqu’un d’amical. Mes traits se détendent, et même si je ne souris pas, mon visage devient presque immédiatement plus chaleureux. Je plonge mon regard dans le sien, et fais bien attention de ne pas empiéter sur son espace vital. On m’a toujours dit qu’il est important de laisser son espace à chacun, et que rentrer dans celui de quelqu’un sans sa permission mettait presque automatiquement la personne concernée dans un rapport de force. Je force le coin de ma bouche à se relever dans un sourire timide. Je n’aime pas réellement devoir jouer le gentil de service. A vrai dire, il s’agit de l’une des rares choses sur lesquelles j’ai un avis – et cet avis est négatif au possible. « Je ne suis pas méchant. Je suis un Pacificateur. Si tu as un problème chez toi, tu peux m’en parler, et nous trouverons une solution. C’est mon travail. » Lors de ma formation, mon instructeur avait appuyé sur ce point. Nous ne faisons pas qu’appliquer la loi. Il est de notre devoir de protéger la population. Et si quelque chose effraye cette folle dingue, elle est censée le dire. Certes, cette notion est passée à la trappe depuis bien longtemps par mes collègues, mais je mets un point d’honneur à protéger les habitants de ceux qui leur veulent du mal.

Je reste un instant à regarder le visage de la jeune femme, avant de me relever. « Tu dois avoir froid. » je lance en jetant un coup d’œil à ses pieds nus et boueux qui ont pris une teinte bleutée. Elle ressemble à la plupart des enfants du district Neuf. Ce n’est pas spécialement un district pauvre, mais comme partout, une bonne majorité des familles sont trop nombreuses et le nombre de bouches à nourrir est trop important pour qu’ils aient le luxe de s’acheter des chaussures dignes de ce nom. Mais je doute que la jeune femme soit issue d’une famille pauvre. Elle me semble en trop bonne santé pour cela. « Je comprends que tu puisses ne pas avoir envie de parler à un Pacificateur. » Je marque une pause. C’est vrai que la population n’a pas réellement confiance en nous. Nous représentons tout ce qu’ils détestent, et ils ne voient pas que nous sommes là pour les protéger. Ils mordent les mains qui les caressent et qui les nourrissent. « Mais tu peux me faire confiance, tu ne crois pas ? » Sur ces mots, je lui tends une main pour l’aider à se relever. Je doute fortement qu’elle la prenne, mais je le fais quand même. C’est d’ailleurs ce que j’espère – qu’elle ne la prenne pas. Je veux juste qu’elle refuse et qu’elle parte, pour combler les désirs idiots de la petite voix sans avoir à supporter les pleurs et les sanglots et les propos d’une jeune femme dont la vie ne m’intéresse que très peu. Enfin, je veux dire, pas du tout. Quand bien même elle accepte de parler, nous n’allons pas parler dans une impasse aussi sombre et froide. Je devrais probablement l’emmener dans un bar et lui offrir une boisson chaude.

L’idée faillit me faire grimacer, mais je me retiens. Autant éviter toute chose qui contrarierait la petite voix et qui lui ferait augmenter l’intensité de mon mal de tête.
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MessageSujet: Re: night set on when i fell down △ ATALIAM   night set on when i fell down △ ATALIAM Icon_minitimeMar 1 Mai - 15:55

Je n'avais jamais été une très bonne actrice. Je savais convaincre, mais mentir était une autre affaire. Il y a quelques années, au Quatre, quand nous réunissions les rebelles avec Mel, je savais trouver les mots justes. Je trouvais comment les toucher, pour qu'il continue à se battre à nos côtés, à participer à la cause. J'avais durant longtemps conduit les troupes à ses côtés, et leur nombres n'avait fait qu’augmenter avec le temps. Même quand il était parti, j'avais réussi à garder les choses en main. Je savais faire. Malgré tout, dès qu'il s'agissait d'inventer des situations, des excuses, je m'embrouillais. Pourtant c'était la vérité. Simplifiée certes, mais je m'étais réellement perdu. Alors pourquoi le jeune homme avait-il l'air si peu convaincu ? Dès ma première réponse, il leva les yeux au ciel. Convaincante, Atala, convaincante. J'essayai de rendre ma voix plus suave dans mon explication. Plus féminine, plus fragile. La fragilité ne devait plus vraiment être une option après la scène de toute à l'heure. Je savais me défendre, je lui avais prouvé ; mais qui sait, peut-être aurait-il pitié d'une folle dingue. C'est avec cette même fragilité que je terminai ma réponse, un éclat aguicheur dans le regard en plus. J'y avais mis tout ce que j'avais, et pourtant il n'avait vraiment pas l'air convaincu.

Malgré tout, le Pacificateur se résigna, se dirigeant vers moi. Je n'avais peut être rien à craindre en fin de compte. Je m'étais peut être trompée sur le compte des Pacificateurs. Et s'il n'était pas tous des machines à tuer ? J'observais le jeune blond sans dire un mot, pendant qu'il m'enlevait les menottes, libérant mes poignets meurtris par le fer. Si une poignée de ces représentants de la loi suivait encore les ordres, sans abuser de leur pouvoir ? Je n'avais jamais porté les Pacificateur dans mon cœur ; nos relation ne s'étaient pas arrangé quand je suis entrée de la rébellion, et encore moins quand deux de leur représentant ont arrêté mon fiancé et liquider ma famille. Dieu sait combien j'aimerais mettre la main sur Finnick, ou même sur Phœnix, pour leur faire la peau. Mais il pouvait tout de même y avoir une possibilité, aussi infime soit-elle, pour que je puisse faire confiance à celui-ci. Après tout, même s'il n'avait pas avalé un mot de ce que je lui avais dit, il m'avait relâché. Il avait tenu parole. Je l'avais frappé, mais il ne m'avait rien fait payer. Je secouai la tête discrètement, comme pour chasser ces idées de ma tête. Pour me rappeler qui était l’ennemi. Je n'avais pas le droit de le trouver appréciable ; pas plus que je m'autorisais à l’ignorer. C'était l'ennemi. Celui que je devrais tuer un jour, si je voulais faire tomber Snow. Je ne pouvais pas me laisser gagner par l'idée que certains étaient bons. Ils étaient tous pareil. Des psychopathes avides de sang, de pouvoir. Rien d'autre. Celui-là doit être dans un bon jour.

Il fit un pas en arrière, et pendant quelques instants j'ai l'espoir qu'il va réellement me laisser partir. Qu'il va respecter ses paroles et ne rien me demander de plus. Mais je devrais savoir que tous les Pacificateurs sont des menteurs. Il me regarde d'un air intrigué, mais malgré tout sans malice, étonnement. « En fait, je ne suis pas réellement convaincu par ton explication. » Merde. J'étais sure que je ne l'avais pas convaincue. Je n'aurais pas convaincue grand monde de toute manière. Mais qu'aurais-je pu dire ? Que j'étais folle ? Que des crises d'hystéries me prenaient régulièrement, me faisant m'attaquer à des vieillards ? Je dis ça et je suis sure de finir au poste. Je savais ce qu'ils faisaient aux fous. Ils ne s'encombraient pas. Je fixai le jeune homme tandis qu'il s'accroupissait face à moi. J’essayais de garder un masque sans expression, mais la surprise devait sûrement se lire sur mon visage. Devant moi, le jeune homme se détendit ; je crus même apercevoir un sourire qui bien que timide, lui donne un air un peu plus amical. Pendant une seconde, j’oublie presque qu'il est Pacificateur ; une pensée m'échappe, impossible à retenir. Pendant une seconde, je reste ébahis devant cette mimique, qui bien que forcée, lui donne un air incroyablement craquant. Encore une fois, je ne peux m'empêcher de lui trouver un charme, un charme tellement différent de celui de Mel. Son sourire à lui ne quittait le quittait jamais. Pas un seul instant il arborait le visage froid, fermé de l'homme en face de moi. Et c'était bien pour ça que je fixai ce sourire en coin avec une certaine fascination. Mais je sortis bien vite de ma contemplation. Ce sourire n'était certainement pas pour paraître gentil. Il devait cacher une idée sadique, une idée de torture digne des plus grands psychopathes. Une idée de Pacificateur. Un frisson me parcourut. Je m'inquiétais peut être pour rien, mais sans cesse, je revoyais Mel à son arrivée au Treize, des bleues partout sur le corps, le visage gonflé. Allais-je finir pareille ? Qu'allait-il me faire ? Devant mon silence, il continua. « Je ne suis pas méchant. Je suis un Pacificateur. Si tu as un problème chez toi, tu peux m’en parler, et nous trouverons une solution. C’est mon travail. »

Un problème chez moi ? J'avais vraiment l'air si misérable, qu'on me prenait pour une femme battue ? L'époque où je menais mes troupes, où tout le monde me respectait était belle et bien terminée. Je n'étais plus qu’une misérable habitante, bien partie pour attraper froid. Plus personne ne me voyait comme une battante. J'étais blessée, certes, mais autre chose me dérangeais. Me proposait-il vraiment de l'aide ? Apparemment il n'avait pas prévu de me torturer, ce qui pouvait être compréhensible ; mais de me porter secours ? Je restais incrédule, le fixant avec étonnement. Je n'avais plus envie de jouer la comédie. Si c'était dans le but de m'amadouer, pour que je lui raconte tout, c'était raté. « Parce que maintenant les Pacificateurs veulent le bien du peuple ? Le calme dans les foyers ? » Je secouais la tête énervée aussi bien par le fait qu'il sous-entende que j'étais trop faible pour me défendre, que par son nouveau rôle de protecteur. « C'est quoi le truc ? Pour chaque torturé, vous décidez d'aider la première malheureuse dans la rue ? » Mais à nouveau, cette idée dérangeante, irritante, revint à la charge. Et s'il le pensait vraiment ? S'il voulait réellement m'aider ? J'essayais de me calmer ; m'attirer des ennuis supplémentaires était la dernière chose que je désirais. Il me fixa quelques instants avant de se relever. « Tu dois avoir froid. » , lança-t-il. Je n'avais plus rien de la guerrière que j’étais il y a encore quelque semaine. Il n'avait peur être pas tort de me prendre pour une misérable gamine du district. Après tout, malgré mes efforts je tremblais comme une feuille ; mes habits, détrempés, collaient contre ma peau, et je n'osais même pas regarder mes pieds nus. Baissant le regard, je hochais la tête. Je n'allais tromper personne. « Je comprends que tu puisses ne pas avoir envie de parler à un Pacificateur. » Je relevais la tête, essayant de capter son regard. Bien plus grand que moi, même debout, je du tordre le cou pour arriver à plonger mes yeux dans les siens.

« Mais tu peux me faire confiance, tu ne crois pas ? » , continua-t-il après une courte pause. Son visage était plus chaleureux que lors de notre rencontre, dans la précédente ruelle. Son ton plus doux. Durant quelque instant, j'eus envie de le croire. Réellement. Une étrange sensation me parcourut. A vrai dire, j'aimais le ton qu'il venait d'employer. Ce sentiments me terrifia mais pourtant ; j'avais terriblement envie que quelqu'un me réconforte. Me protège. Depuis longtemps, j'avais été seule. Je ne pouvais compter que sur moi. Pour une fois j'avais envie qu'on m'aide à surmonter tout ça. J'avais envie de me lover dans ses bras, et qu'il m'aide à l'oublier. A tout oublier. Son uniforme me rappela à l'ordre, encore une fois. C'est l’ennemi, pensais-je, essayant de me convaincre. C'est celui que tu combat. Il me tendit une main. Une main qui paraissait si douce, si sure. Atala, pense à Mel ! Rappelle-toi ce pour quoi tu te bat. Cette petite voix dans ma tête était insupportable. Ma respiration s'accéléra, je me mis à haleter. A tes parents. J'eus envie de crier, mais je me retins. A la place, je fermais les yeux, devant le Pacificateur toujours devant moi. A Bonnie. Je pressais mes paupières le plus fort possible. Je ne voulais plus écouter cette petite voix. Je ne voulais plus me rappeler de toutes ces personnes-là. C'était du passé. Ils étaient tous morts. Ou presque. Je ne pouvais plus compter sur eux. Mais je ne voulais plus être seule à présent.

Je rouvris les paupières d'un coup, mettant fin à ce conflit imaginaire. Je levais les yeux, cherchant le regard du jeune homme. Il avait l'air si … paisible. D'un geste lent, je déposais ma main dans la sienne. J'acceptais enfin de l'aide, oubliant son uniforme, oubliant les dernières minutes. Je me laissais relever, me retrouvant tout proche de lui. Ma respiration ralentis, petit à petit. Cette proximité, au lieu de me mettre mal à l'aise comme à mon habitude, me rassurait. Je voulais supprimer le peu d'espace qui nous séparait encore, mais je me retins. Je levais les yeux vers son visage. Mon regard se radoucis. « Je … je suis désolée. Désolée pour tout. Pour le poignet aussi. » Je lançais un bref regard vers la main du Pacificateur avant de retrouver ses yeux. « Je suis … » Je me rattrapais à temps. Ici je n'étais plus Atala. Et c'était tant mieux. Je voulais dire au dieu à Atala, la chasser, elle et ses problèmes. Je voulais tout recommencer. Ici j'étais « Cerès. Cerès Undersee. »


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MessageSujet: Re: night set on when i fell down △ ATALIAM   night set on when i fell down △ ATALIAM Icon_minitimeLun 7 Mai - 16:58

Bien sûr, comme de par hasard, à l'instant même où je lui tends une main, la petite voix se tait, laissant mes propres mots raisonner dans ma tête comme si j'étais fou. Mais qu'est-ce qui m'a pris? Déjà, ne pas obéir aux ordres, cela ne me ressemble pas. Je suis un modèle de perfection. Une machine parfaitement huilée, prête à accéder aux requêtes les plus farfelues sans un mot, sans remarque. Je suis passé d'un extrême - enfin, d'une normalité à mon sens - à un autre, en proposant à cette folle dingue une alternative. Sans parler du fait que je cherche à présent - selon les apparences - à comprendre la situation de cette jeune femme. Cela ne me ressemble pas, et à vrai dire, cela me semblerait presque perturbant. Et puis, cette petite voix non plus ne me semble pas très normale. Personne n'est censé répondre aux désirs d'une quelconque petite voix dans sa tête. A part les fous. Et je ne le suis pas. J'ai un esprit sain, dans un corps sain. Cette petite voix ne doit être que ma conscience, ou une quelconque manifestation de mon appartenance à l'espèce humaine. C'est ce que je me dis pour me rassurer. Mon attention revient vers la folle dingue. Je suppose qu'elle vient de me cracher quelques mots qui se veulent hargneux à la figure, mais je ne les ai pas entendu - trop perdu dans mes pensées - et à vrai dire, je m'en fiche un peu. On m'a déjà jeté des insultes bien plus pires que tout ce qu'elle pourra prononcer, lors de ma formation au métier de Pacificateur. Pour tester mes nerfs d'acier, je suppose. Toujours est-il que ce type de réflexion ne me fait ni chaud ni froid, d'autant plus lorsque venant d'une personne dans la position qu'est la sienne. Je continue de lui tendre ma main, attendant qu'elle se décide à faire un geste.

Mais elle attend. Elle regarde mes doigts, les yeux dans le vide, comme si elle luttait contre une quelconque voix dans sa tête - tiens, un point commun. Je force mon sourire à être le plus chaleureux possible. C'est difficile - parce que j'ai la tête ailleurs, parce que mon mal de tête me vrille les tempes - mais je tiens bon. Je suis excellent à ce petit jeu. Sourire, charmer, séduire. Acquérir la confiance des autres. Je le fais en un battement de cil. Je n'aime pas ça, certes, mais je le fais. Pour des raisons que je n'arrive pas.. réellement, à comprendre. Si la raison était mes maux de tête, je pourrais prendre des médicaments, ou des herbes médicinales. Il y a autre chose, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus, et cela me crispe un peu. La folle dingue continue de regarder ma main. Je pourrais repartir. Je pourrais décider de briser ma parole et de l'arrêter. Je pourrais retirer ma main, mais je ne le fais pas. Je me dis que c'est grâce à ma patience légendaire, à mon sang-froid exemplaire. Mais encore une fois, comme à chaque fois que je n'agis pas comme je le devrais, je peux littéralement sentir qu'il est question d'autre chose. Quelque chose que je n'arrive pas à atteindre, comme si une porte était fermée à double tour devant moi, et que la clé est sous le paillasson, mais que je ne le sais pas. J'attends encore quelques instants, et au moment où je me dis que je devrais peut-être me forcer à agir, elle pose sa main dans la mienne. Ce qui est nouveau. D'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais laissé qui que ce soit me prendre la main, même pour une simple poignée de main. Je n'aime pas les contacts, et pourtant, celui là ne me dérange pas. Il n'est pas agréable, mais il me dérange pas, et c'est déjà quelque chose.

Je l'aide à se relever, sentant son corps s'approcher du mien. Je veux esquisser un mouvement de recul, mais je ne peux pas. Pourtant, c'est une proximité trop extrême en temps normal. Le genre de choses qui pourrait me forcer à me bouger, mais je ne le fais pas. Je peux sentir sa chaleur émanant de son corps même si l'air est froid. « Je … je suis désolée. Désolée pour tout. Pour le poignet aussi. » Je ne dis rien, et en même temps qu'elle, je regarde ma main. La douleur s'est calmée. Ce n'est plus qu'un vague souvenir. Sans un mot, nos regards se croisent. Je suppose qu'elle est jolie, cette folle dingue. Elle a quelque chose d'appréciable dans son visage et ses proportions, sûrement. « Je suis … Cerès. Cerès Undersee. » Je lève un sourcil. C'est un joli prénom. Je lui devine des origines communes avec le mien - sans doute une ancienne langue appelée grec. Je reste un instant sans rien dire, constatant que mon mal de tête est parti et que je me sens à présent... Bien. Je suppose. Sans doute. Puis, je comprends que c'est à mon tour de me présenter. « Enchanté, Cerès. » Je ponctue ma phrase d'un sourire tranquille. « Pacificateur Priam Silverheart. Ravi de faire ta connaissance. » Je cherche un instant quoi dire, pestant contre l'absence de la petite voix pour me guider. J'aimerai pouvoir m'exprimer avec la même aisance que lorsque je tente de ramener une jeune femme dans mon lit, mais en cet instant précis, je me sens désemparé. Totalement seul. Evoluant dans quelque chose que je ne maîtrise pas. Cette folle dingue - enfin, je veux dire, Cerès - n'est à mon sens pas prévisible, alors que bon nombre d'autres représentantes de la gente féminine le sont. Et puisque je suis désemparé, je ne sais pas par où attaquer.

Peut-être par sa tenue ? Le pourquoi du comment elle a frappé un vieillard ? Si quelques instants auparavant, je ne me suis pas soucié réellement de ces questions, quelque chose me pousse à me les poser. C'est de la curiosité, sans doute. Encore un sentiment auquel je ne suis pas habitué.

« Ne t'inquiète pas pour mon poignet. » je lance abruptement, sans réfléchir. « J'ai connu pire. » Ma voix a un je-ne-sais-quoi qui ne lui ressemble guère. Je me mords l'intérieur de la joue, me reprenant un peu. Pourquoi est-ce que je me pose autant de question, et pourquoi suis-je en train d'hésiter ? Je fais un pas en arrière. « Tu as fait le bon choix, Cerès. C'est un comportement citoyen que de faire confiance aux Pacificateurs. Tu es une exception, ici. » Comme je l'ai précédemment pensé, c'est vrai que nous sommes très mal intégrés dans les districts. Les habitants pensent généralement que nous sommes tous des psychopathes, des fous, des cinglés, mais c'est faux. Ils ont vu quelques cas particuliers et pensent que nous possédons tous les mêmes caractéristiques. Un amalgame stupide. Nous donnons notre vie entière pour notre Nation, et nous recevons en retour une mauvaise réputation. Nous devons sacrifier vingt ans de notre vie, vingt ans sans mariage et sans enfants, pour maintenir la population. Mais manifestement, ceci c'est pas assez pour certains. De toute façon, devenir Pacificateur s'imposait comme une obligation pour moi. Je n'en ai que faire, d'avoir des enfants et une femme. Je me trouverais bien un jour une femelle assez stupide pour croire que je l'aime réellement. Alors que j'en suis incapable. Mon sourire se crispe, alors je me force à sortir de mes pensées pour me concentrer sur le moment présent.

J'ôte finalement ma main de celle de Cerès, remarquant qu'elle devait sûrement avoir la sienne pleine de boue à en croire les traces sur ma paume, mais j'ai la délicatesse de ne pas me l'essuyer immédiatement, et encore moins sur mon uniforme d'un blanc immaculé. « Nous devrions aller autre part pour discuter. Ce n'est pas très sain de rester ici, avec tout cette boue et ce froid. Tu vas tomber malade si nous restons ici. Il y a un petit bistrot pas très loin d'ici, tu pourras boire quelque chose de chaud. » J'observe son visage pendant un très court instant, essayant de comprendre si elle est réellement agréable à regarder selon les standards universels ou par les miens. Et je suppose que ce sont les deux, ce qui est un miracle. Je n'ai jamais réellement trouvé quelqu'un beau. Appétissant, sûrement. Normal, souvent. Hideux, parfois. Mais jamais réellement beau. « ... Et tu pourras me raconter ce qui t'arrives. Si tu es toujours d'accord pour cela. »

Encore une fois, mon esprit se contredit. Quelques instants auparavant, j'espérais qu'elle refuserait toute conversation, et je me retrouve à vouloir quelques explications qui ne me concernent pas, sur une fille que je ne connais ni d'Adam, ni d'Eve. Je dois avoir un neurone qui a grillé, c'est la seule raison rationnelle que j'arrive à trouver. Je ne suis plus sous l'influence de la petite voix, pourtant je continue d'agir comme tel. Apparemment sous ma propre volonté. Je grimace, avant de me tourner. « Tu devrais venir. » je fais en commençant à marcher.
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MessageSujet: Re: night set on when i fell down △ ATALIAM   night set on when i fell down △ ATALIAM Icon_minitimeVen 8 Juin - 18:10

Cerès. Cerès Undersee. C'était drôle de de m'entendre le dire. Je l'avais répété, encore et encore au Treize. On m'a m'avait préparé à ma mission d'infiltration. J'étais Cerès Undersee. J'étais originaire du Neuf, j'étais orpheline. J'étais couturière – on m'avait même enseigné les rudiments de la couture. Je m'étais préparé, mais je ne pouvais m'empêcher de trouver cela bizarre. Surtout sortit de ma bouche. Je n'avais pas l'habitude de mentir, je n'aimais pas ça. J'étais une personne franche. Je n'aimais pas faire semblant, mais je ne pouvais pas faire autrement ici. Qui sait ce qu'ils me feraient s'ils apprenaient que j'étais la chef des rebelles de Quatre, que j'étais partie en traître me terrer dans les souterrains du Treize et que, même si ce n'était pas le cas, on m'accuserait sûrement de l'attaque de la prison de mon district natal. Celle qui avait ramené Melisandre. Je secouais la tête discrètement. Mel était la dernière personne à qui je voulais penser à cet instant précis. « Enchanté, Cerès. » Je réponds timidement à son sourire. « Pacificateur Priam Silverheart. Ravi de faire ta connaissance. » Priam. Je n'avais jamais entendu ce nom, pourtant, je le trouvais magnifique. Doux. Apaisant. Peut-être n'allait-il pas parfaitement à son porteur, mais il avait le mérite d'être jolie. Je voulu répondre, je cherchais quoi répondre, mais rien ne me vint. C'était nouveau pour moi. Me montrer aimable envers un Pacificateur. Je me contentais de le regarder, un regard plus calme qu’auparavant. Je ne trouvais pas ce silence gênant. Au contraire, n'appréciant pas vraiment faire la conversation, je trouvais même cela reposant. Mais une personne normale ne se contentait pas de regarder son interlocuteur sans un mot. Je cherchais quoi dire, j'essayais de me mettre dans la peau de cette nouvelle personne. Dans la peau de Cerès, celle qui ne refuse pas l'aide qu'on lui propose de l'aide. Idiote ... Je choisis d'ignorer la voix.

Son poignet me revient en mémoire, et je décide de m'excuser. Autant pour ledit poignet que pour tous les ennuis que je lui avais apporté. C'est ce que ferait quelqu'un de normal. S’excuser. « Ne t'inquiète pas pour mon poignet. J'ai connu pire. » Encore une fois je lui souris. Étonnement, ce sourire n'a rien de forcé. Il est naturel. Depuis quand n'avais-je pas souris comme ça ? Si naturellement ? Au Treize je ne souriais jamais, ou du moins les personnes m'ayant aperçu le faire pouvaient se compter sur les doigts d'une main. Cela faisait des moins qu'une telle mimique n'avait pas déformée les traits tirés, fatigués, de mon visage. Et ça faisait étrangement du bien. Peut-être que Cerès n'était pas si mal. Peut-être que je m'y ferais en fin de compte. Je souris mais malgré tout, je ne répondis pas, ne trouvant pas les mots, restant figée, le regard plongé dans le sien. Priam fit un pas en arrière, sans pourtant lâcher ma main. L'espace entre nos deux corps se refroidit, et les frissons repartirent de plus belle. J'avais envie de me coller contre lui, ou au moins de regagner ces quelques centimètres de proximité perdu. Mais je ne bougeai pas. « Tu as fait le bon choix, Cerès. C'est un comportement citoyen que de faire confiance aux Pacificateurs. Tu es une exception, ici. » Je pouffai, essayant de me faire discrète, sans grande réussite. Ces paroles étaient tellement … tellement incohérentes. J'étais une rebelle. J'étais contre les Pacificateurs. J'étais contre, et pourtant je venais de me faire qualifier de citoyenne modèle par l'un des leur. Un différent certes, mais cela semblait tellement étrange. J'étais aux antipodes d'une citoyenne exemplaire ; j'étais de celles qu'il fallait éradiquer, qu'il fallait chasser pour ne pas troubler la sérénité de la cité. Mais il n'avait rien à lui reprocher, à elle, à Cerès. Elle n'avait rien fait de bien grave. Elle a frappé un vieillard, et puis ? Elle allait être pardonnée, elle le pouvait. Le fardeau de toute mes actions passé, de mes actes en tant que rebelle se détacha de mes épaules, disparut, sembla se volatiliser dans l'air. Tant que j'étais Cerès, je n'avais rien à craindre. Si Cerès ne faisait rien de mal, je n'avais pas à avoir peur. Cette pensée me fit sourire. Un sentiment très agréable parcourut mes veines ; de la sécurité. Ce sentiment que je n'avais plus ressentit depuis la disparition de Mel. Dont je n'avais qu'un vague souvenir, flou dans ma mémoire. La main dans la sienne, le poids de mes entraves à la loi envolé, je me sentais en sécurité.

C'était sans compter sur la petite voix. Celle qui me rappelait sans cesse qui j'étais. Qui me remémorait sans discontinuer que j'étais une rebelle, qu'on pouvait me condamner plusieurs fois pour la peine capitale. Que j'étais fiancé, et que peu importe à quel point ça faisait mal, peu importe à quel point j'étais seule, je n'avais pas le droit de tenir la main d'un autre. Cette voix-là me martelait le crâne, si bien que ce moment de tranquillité fut de bien courte durée. Je fixai la main qui enfermait la mienne. Je pensais à quel point j'étais bien, à quel point ce contact était agréable. A quel point il avait pu me manquer. Mais si tôt le brouillard dans mon esprit se dispersait, si tôt la voix recommençait. M'envoyant tous les souvenirs heureux que je partageais avec Melisandre, et les autres, moins heureux, ceux qui me poussaient à me battre. Elle me rappelait à quel point je l'aimais, chaque fois que j'envisageai de me réfugier dans les bras de Priam. Cette voix que j'aurais attaquée, griffé, déchiqueté, si elle avait été réelle,. Mais qui, insaisissable, me laissais impuissante.

Puis Priam retira sa main, après quelques secondes de silence. Secondes qui me parurent des heures, des jours. Une éternité durant laquelle je n'avais toujours pas réussi à calmer la bataille qui faisait rage dans mon esprit. Mais il avait rompu le contact, et elle avait gagné. La voix. Elle reprenait du terrain, et je sentais Cerès me filer entre les doigts. Ce sentiment de sécurité, envolé. Je me battais, le regard perdu dans le vide, pour reprendre le contrôle. Mais je n'y arrivais pas. Sa main était ce qui me raccrochait à elle, à Cerès. Et elle m'échappait. « Nous devrions aller autre part pour discuter. Ce n'est pas très sain de rester ici, avec toute cette boue et ce froid. Tu vas tomber malade si nous restons ici. Il y a un petit bistrot pas très loin d'ici, tu pourras boire quelque chose de chaud. » Ses paroles me parvinrent feutrées, lointaines, atténuées par le chaos de mes pensées. Je tentai de contrôler les expressions qui devaient défiler sur mon visage, réussissant plus ou moins à arborer un masque neutre. Cerès se débattait. Elle voulait qu'on s'occupe d'elle, elle voulait qu'on s'inquiète pour son rhume ou qu'on lui propose une boisson chaude. Elle en mourrait d'envie. J'ouvrai la bouche, prête à accepter. Mais d'un coup, la voix, celle qui me criait de prendre mes jambes à mon coup, en décida autrement. Je refermai la bouche, l'air penaud, baissant le regard. Non elle ne voulait pas aller dans un bistro avec un Pacificateur. Elle préférait crever. Je relevais le visage vers Priam, cherchais ses yeux, lui lançai un regard terrifié, suppliant silencieusement de l'aide.

« ... Et tu pourras me raconter ce qui t’arrive. Si tu es toujours d'accord pour cela. » Il tourna les talons, commençant à avancer vers la sortie de l'impasse. « Tu devrais venir.» « Non. » lâchai-je dans un souffle. Non. Non, je n'étais plus d'accord. Je ne l'avais jamais été. Cerès, oui, mais pas moi. Moi je ne voulais pas. Je ne voulais rien dire, plus jamais. A Priam, à Mel, au monde. Je fermai les yeux, attrapai ma tête entre les mains un bref instant avant de laisser retomber mes bras mollement le long de mon corps. Je voulu crier, mais me retînt. Je devais partir, je devais fuir, laisser tout ça derrière moi. Partir encore, comme je l'avais fait du Quatre et du Treize. Je ne savais faire que ça. Fuir.

« Je suis désolée, Priam. » lâchai-je pendant que le jeune homme se retournait. Les larmes remplirent mes yeux, et commencèrent à dégouliner sur mes joues. « Je suis vraiment désolée. » Mes traits étaient déformés par les pleurs. Je lui lançai un dernier regard, triste, las. Puis je partis en courant. Je le bousculai pour le dépasser dans la ruelle, puis débouchai sur des rues plus animées. J'ignorai les regards interloqués des gens, j'ignorai la direction que je prenais. Je courrai. Pour la deuxième fois de la journée, je laissai mes jambes me porter au hasard, sans faire attention au paysage qui défilait autour de moi. Finalement je n'étais bonne qu'à ça. Je ne savais rien faire d'autre. J'étais une lâche. J'étais un lâche, et encore une fois, je fuyais.


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