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| searching for something better... - CLAY&JULIAN | |
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| Sujet: searching for something better... - CLAY&JULIAN Ven 6 Juil - 16:21 | |
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Je faisais de mon mieux. Je prenais des décisions que je croyais justes et appropriées selon la situation, mais... Oui, il y avait toujours ce mais qui venait semer le doute... N'avez-vous jamais eu cette incertitude qui vous tenaillait les tripes après avoir fait un choix drastique dans votre vie? N'avez-vous jamais eu la certitude que vous aviez raison, mais que personne ne pourrait jamais vous comprendre? Vous vous borniez à y croire, alors qu'au fond de vous ce doute grandissait jour après jour. Mais quel autre choix avais-je devant moi? Je n'en avais vu aucun. Je ne pouvais laisser mon frère, ainsi que la femme que j'aimais et sa soeur bien aimée, en danger dans leur propre district alors que je parcourais à nouveau Panem avec ma soif de rébellion. Je ne parvenais plus à me voiler les yeux et croire que tous ceux que j'aimais allaient être sains et saufs pour toujours. Tout simplement parce que je le souhaitais... La vie n'était pas aussi facile, aussi juste. En apercevant Clay et Avalon blessés, abattus par la cruauté des Pacificateurs, une cloche tinta dans ma tête. Il était temps que j'agisse pour eux, il était temps que je réalise que l'inévitable ne pouvait plus être écarté à présent. J'avais ignoré les protestations d'Avalon et de Rumer, j'avais ignorer ce déni dans les yeux Clay, ce déni qu'il refusait d'affirmer haut et fort comme les soeurs Sweenage. Mais je l'avais bien vu. Il n'avait aucune envie de partir des districts et d'être enfermé dans une base souterraine remplie de rebelles. Toutefois, il savait que je ne le mènerais pas là-bas pour le simple plaisir. Il savait combien je détestais le Treize et leur mentalité. Il le savait. Pourtant, je voyais toujours cette réticence dans son regard et je me sentais coupable de lui imposer cette vie. Oui, le doute persistait, mais je ne voyais aucune autre porte de sortie à présent.
Je détestais le Treize. Je le haïssais. Avec ses nombreux étages souterrains grouillant de pauvres réfugiés effrayés et avides de liberté. Mais je n'y voyais aucune liberté ici, bien au contraire. Et il y avait Coin et ses rebelles. Coin. Je ne pouvais supporter cette femme. Je me demandais encore comment une telle mégère pouvait être appréciée par autant de gens. Le désespoir. C'était le désespoir qui les poussait à croire en quelqu'un, en quelque chose, peu importe la logique. Alors que moi, je ne voyais aucune logique à ses décisions. Voilà pourquoi je refusais le titre de 'rebelle du Treize'. J'étais un rebelle des districts, un rebelle du sept. Un rebelle - ou devrais-je plutôt l'appeler un soldat - se tenait devant la porte de l'infirmerie, surveillant toute entrée et toute sortie. Je pouvais voir par sa tenue ainsi que son attitude qu'il se croyait plus grand que nature. Avait-il été témoin de la véritable guerre dehors? Ou se contentait-il d'arpenter les couloirs déserts de la base avec la certitude que son travail était digne d'un rebelle? Je devenais amer. Tellement amer. Je n'arrivais pas à digérer le fait que moi aussi j'étais condamné à vivre sous terre. En fait, je croyais encore pouvoir retrouver ma maison, mes parents, là-bas, dans le septième district où j'ai grandi, où tout a commencé pour moi. C'était me voiler le visage. Et je projetais toute ma colère, tous mes doutes, sur ces rebelles que je voyais comme inutiles et sans importance pour la Révolution. Je serrai durement les dents, sentant mon amertume escalader en moi. Ce n'était pas le moment de créer une scène avec les pantins de Coin. Déjà qu'elle tolérait ma présence en ces lieux et mon implication dans leurs affaires simplement parce que j'avais une importance là, dehors.
« Vous ne pouvez entrer sans autorisation. » Mes yeux s'élevèrent vers le soldat inerte, au visage neutre, lui lançant un regard provocateur. Ne fais pas chier Julian, je t'en pris, mon vieux. Je le fixai longuement avec l'espoir qu'il comprendrait mon expression d'exaspération sans que je ne produise le moindre son, mais il se bornait à regarder un point invisible au-dessus de mon épaule, craignant peut-être de m'affronter comme un vrai homme. « Je viens voir mon frère, » déclarai-je d'un ton posé, mais tout de même agacé. Il daigna enfin à jeter un coup d'oeil à ma personne, lui arrachant une expression de surprise - ou était-ce de la stupéfaction? Il me décortiqua un instant alors que mes sourcils s'élevaient bien haut sur mon front. Qu'est-ce qu'il observait de la sorte? « Vous... Vous êtes le frère du médecin? » Je fis de grands efforts pour ne pas soupirer face à sa question, mais je crois que c'était peine perdu alors que l'air s'échappait de mes narines avec exaspération. J'affichai un faux sourire agacé et acquiesçai doucement à sa question des plus stupides. Il ne fallait pas être un génie pour voir la ressemblance entre Clay et moi. Le garde s'excusa maladroitement et me laissa enfin passer la porte menant au centre de soins. Sans plus attendre, j'entrai et me dirigeai instinctivement vers le lit où était installé mon double. Au nombre de fois que je suis venu lui rendre visite, jour comme de nuit, je connaissais son emplacement par coeur. Mais cette fois, alors que je traversais le rideau qui séparait le lit des autres patients, j'aperçus un lit vide. Clay était sur pieds, prêt à quitter l'infirmerie malgré ses blessures. Le voyage du Neuf au Treize fut difficile pour lui alors qu'il arborait des plaies toujours fraîches et douloureuses. Je fis de mon mieux pour rendre le trajet le plus agréable possible, mais je n'avais pas son talent de guérisseur... Et je ne croyais pas qu'il était déjà en mesure de quitter l'endroit. Pas encore. Je m'approchai de lui d'un air alarmé. « Ils t'ont donné ton congé? » Ou es-tu tout simplement trop borné pour rester coucher le temps que tu te rétablisses complètement? Nous n'étions pas frère pour rien, nous étions pareille sur ce point. Il était borné, trop fier pour se considérer comme l'un de ces malades autour de nous. Trop fier en tant que médecin pour être le soigné et non le soignant pour une fois. Clay, fais pas de bêtises.
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| | | Clay L. Kennedy-Fawkes △ correspondances : 617 △ points : 0 △ à Panem depuis le : 03/02/2012 △ humeur : Combattif △ âge du personnage : 29 ans.
| Sujet: Re: searching for something better... - CLAY&JULIAN Ven 6 Juil - 19:36 | |
| « I DON’T CARE. I’M NOT FINE HERE. » Le voyage avait été un véritable calvaire. Il lui avait pourtant dit qu’après sa perte de sang, il allait mettre du temps à récupérer. Et même s’il comprenait parfaitement l’urgence de la situation et le besoin de son frère de les mettre en sécurité, ça ne l’avait pas empêché de détester l’idée. En silence. Oui, Clay n’avait pas voulu échauffer les esprits et n’avait pas eu envie de se battre, il aimait son frère et lui faisait confiance, mais au fond de son âme il ne pouvait s’empêcher de penser que s’il en était là c’était en partie à cause de lui. Bien sûr, il aurait très bien pu préciser au Pacificateur qu’il n’était que le frère jumeau du chef des rebelles, mais les Kennedy-Fawkes n’étaient pas du genre à laisser l’un des leur dans l’embarras.
La dernière chose dont je me rappelais, au fond, c’était notre arrivée au Treize, puis après ce fut le trou noir, la fatigue l’avait sûrement emporté, la douleur peut-être aussi, et à dire vrai tout ça restait encore flou pour moi. La première fois que j’ouvris les yeux dans cette « chambre », le blanc m’attaqua clairement la rétine, m’obligeant à papillonner des yeux pour ne pas voir de larmes couler sur mes joues. D’abord déstabilisé je ne m’étais pas relevé immédiatement, la fatigue m’en avait tout simplement empêché, tout comme les différentes perfusions auxquelles j’avais droit. La migraine avait sans doute également joué un rôle car j’étais resté longuement allongé à me demander où j’étais et ce que je foutais là, ou encore si j’étais définitivement mort. Comme à mon réveil chez les Sweenage, j’avais analysé mes plaies et les bandages présents, ceux-ci étaient quasiment propres, et mon visage semblait moins gonflé, bien que je n’aie pu savoir réellement à quoi je ressemblais à ce moment-là. Instinctivement j’avais demandé après mon frère, mais il s’arrangeait sûrement pour passer pendant mes heures de sommeil car je ne le vis pas beaucoup. Ma notion du temps était tout aussi perturbée que moi, je ne comprenais pas, ne savais pas quel jour on pouvait bien être ni depuis combien de temps j’avais quitté le Sept. La douleur me terrassait, et je me doutais bien que certains membres du personnel médical faisaient tout pour que je sois le moins éveillé possible. Etant moi-même médecin, je ne tardai pas à comprendre que c’était bel et bien la réalité. Être à la place du patient me rendait malade, je pouvais être tellement utile aux autres, aux réfugiés qui se trouvaient ici. La première chose qui me frappa à mon premier réveil, fut l’absence de fenêtre, et je crois bien que c’est à ce moment-là que je me suis mis à devenir claustrophobe. Pourtant j’étais loin d’être le seul présent dans la « chambre », mais leur présence ne m’apaisait pas vraiment. Le bracelet présent à mon poignet, je n’avais même pas daigné le regarder, à dire vrai, je ne me sentais clairement pas à l’aise ici, et je commençais sérieusement à m’impatienter, tout en me répétant combien ma vie était fichue, ou bien ce que pouvait penser Callie de mon attitude après cette lettre tâchée. Et même si elle s’inquiétait pour moi. Mon esprit n’était que torture tant de questions passaient, je voulais savoir ce qu’il advenait de mes patients restés au District Sept, je voulais être là pour eux, et les jeux, avaient-ils commencé ces fichus jeux de la faim ? Moi qui assistais à chacun des tirages au sort pour être présent pour tous ces gamins. Avais-je loupé ça ? A chaque réveil, c’était la même chose, j’avais à peine le temps de penser et de comprendre qu’il n’y avait pas de fenêtre avant d’être à nouveau plongé dans l’obscurité vide. Vide de toute pensée. Ils trichaient, ou alors sans réellement m’en rendre compte je pétais tout simplement des câbles, je n’en sais rien, je ne sais plus. Mais le lendemain, une chose était sûre, ça allait changer.
Je ne m’attendais pas à voir Julian franchir le seuil de la porte, tout comme je ne m’attendais pas à ce qu’exceptionnellement, personne du centre de soins ne se trouve à faire des rondes. Me forçant à lutter contre la douleur, je me redressai, voulant sortir, respirer l’air frais, la forêt, elle me manquait tellement, même l’humidité, l’odeur du bois après une pluie torrentielle. J’en étais livide et malade de ne sentir aucune brise. Arrachant les deux perfusions, dont l’une qui servait à me remettre sur pied grâce à une transfusion de sang, je préparais mon évasion, en secret, derrière mon rideau. Par chance, ou malchance, j’étais le dernier lit de toute la pièce, autrement dit mon rideau me cachait moi, puis une sorte d’étagère sur roulettes et un mur. Mais j’avais assez d’espace pour tourner en rond au moins. La fraîcheur du sol gêna la peau de mes pieds et me fit frissonner de façon désagréable. Ma main droite vint se porter à ma plaie recouverte d’un bandage faisant tout le tour de ma taille, elle tirait encore, mais je m’en fichais, je voulais juste repartir d’ici. Au diable la sécurité, j’avais des responsabilités là-bas, je ne pouvais pas les laisser. Une fois debout sur mes pieds, je pris appui sur l’espèce de chariot à roulette que j’avais pris pour une étagère, et testai mon équilibre. Bon, ce n’était pas trop mal. Observant autour de moi, me maintenant toujours la taille comme si je risquais de perdre mes organes, je plissais le nez et les yeux, les hématomes n’aidaient pas vraiment à ouvrir les yeux correctement, ou bien c’était la fatigue. Tiens d’ailleurs, je me rendis compte que je ne m’étais toujours pas vu, ce fut ce que je me mis à chercher en premier. Un miroir, ou quelque chose du genre. Chacun de mes gestes étaient encore maladroits, et j’avais les mains tremblantes, tremblantes à la fois de panique, de peur, de nervosité et aussi de colère probablement. Fouillant dans les affaires, je pris bien soin de faire le moins de bruit possible. Rien. Pas de miroir. Au moment de faire demi-tour, je me rattrapai à mon lit et tomba presque nez à nez avec mon frère. Il ne venait jamais aux bons moments apparemment… Un grognement s’échappa de mes lèvres tandis que je grimaçais en me redressant. Pour le coup sa venue ne m’aidait pas beaucoup, sauf s’il m’aidait à me tirer de là, même si au fond, j’en doutais, puisqu’il m’y avait emmené… Le toisant du regard comme je pouvais, je m’éloignais doucement du lit et signa à la négative avant de lui tourner le dos, reprenant ma recherche.
« Je m’en fous, il n’y a pas de fenêtre. ». Quelle superbe explication je donnais là, la mention « mentalement perturbé » n’était peut-être pas de trop sur ce bracelet, les médecins du Treize l’avait-il au moins informé de mon état ?
Mais je ne trouvais toujours pas ce que je cherchais et finalement j’envoyai tout valser avant de manquer de m’effondrer à genoux par terre à cause de ma maladresse non voulue. Me rattrapant au chariot qui venait de rouler un peu plus loin, je pu me relever de justesse, mais ça me valut une superbe douleur électrique au niveau du flanc. Je grognai à nouveau avant de soupirer. « Pourquoi t’es là ? Ils t’ont dit quelque chose ? ». Oui, j’ignorais toujours la mention sur ce bracelet, et leur théorie médicale sur mon état de santé alors…
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| Sujet: Re: searching for something better... - CLAY&JULIAN Sam 7 Juil - 14:35 | |
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Depuis mon arrivé en ces lieux, ma vie semblait quelque peu chaotique. J'avais l'habitude d'avoir le total contrôle de ce qui se déroulait autour de moi, en tant que chef rebelle, je donnais les indications et je savais à quoi m'attendre de mes fidèles. Toutefois, mes choix passés, ainsi que celles du présent, rendaient le tout beaucoup plus difficile à gérer. Je savais que ma décision de quitter les districts pour de bon n'enchantait personne et je devais subir les conséquences. Tout d'abord, Avalon. Je me doutais qu'elle allait tôt ou tard se rendre compte de la présence d'Aiden au Treize et elle se rendrait compte également que j'étais au parfum de sa survie puisque je fus celui qui le délivra des Pacificateurs... Elle allait m'en vouloir, sans aucun doute. Alors je l'évitais. Tant bien que mal, après tout ce que nous avions vécu, j'évitais la présence d'Avalon, tout comme celle de Rumer d'ailleurs. Elle avait été très proche de l'ancien chef rebelle du Neuf, il l'avait supporté lors de son intégration parmi la Révolution et je savais que mon silence l'importunerait tout autant que sa jeune soeur. J'étais devenu fuyard, craintif. Je pouvais affronter une horde de Pacificateurs avides de m'arracher la tête, subir les pires blessures et les pires tortures, mais j'étais incapable de faire face à des problèmes purement sociaux. Et il y avait également Clay. Pas que je cherchais à l'éviter également, mais je craignais sa réaction face à son intégration parmi les rebelles du Treize. Non, jamais je ne le pousserais à faire partie de la Rébellion, mais ça n'allait certainement pas lui plaire d'être entouré de révolutionnaires aux idées utopiques. Je ne m'étais guère privé de lui rendre visite, je m'inquiétais de son état depuis l'instant où je mis les pieds dans la maison des Sweenage au Neuf, je venais aussi souvent que possible. Ma venue au Treize avait fait des vagues, comme toujours. Mes journées devenaient chargées contre mon gré, Coin m'impliquant dans toutes les réunions possibles - même si je savais que cette invitation ne lui faisait pas plaisir. Mais je n'avais pas la tête à la Rébellion en ce moment. Les seuls instants que je trouvais pour voir mon frère, il s'avérait qu'il dormait. Alors je restais quelques minutes, l'observant dormir, et je tournais les talons par peur qu'il se réveille et qu'il jette le blâme sur mes épaules. Malgré qu'il n'aurait pas tord de la faire, mais je n'avais pas le coeur à l'entendre...
J'avais acquis une certaine confiance envers l'équipe médicale du Treize, malgré mon dédain pour tout autre manière de fonctionner. Après les innombrables fois où je dus être soigné par le personnel de la base, je pouvais confirmer qu'ils étaient compétents et qu'ils connaissaient leur métier. Alors pourquoi donner congé à un patient aussi gravement blessé en seulement quelques jours? Je voulais bien croire que Clay était fort, qu'il se rétablissait rapidement, mais je doutais sincèrement qu'il soit en mesure de se balader seul dans les couloirs. Ou peut-être n'avait-il pas l'intention de demeurer dans les couloirs du Treize justement... Lorsque je mis les pieds dans la chambre, je sentis un regard lourd se poser sur moi, me figeant sur place, me donnant envie de fuir à nouveau. Je détestais ses yeux. Je connaissais cet air sur le visage de mon double et je savais quelle en était la cause. Il me tourna presque aussitôt le dos, répondant négativement à ma question, comme je pouvais m'en douter. Mais que faisait-il debout alors? Pourquoi risquer de rouvrir ses plaies alors qu'il commençait à peine à se rétablir complètement? C'était Clay. En fait, je ne l'avais jamais vu dans cet état, je ne l'avais jamais vu vraiment blessé - autant physiquement que psychologiquement. Et cette attitude me crispait, me troublait. Il aurait s'agit de n'importe quel autre être humain que j'aurais trouvé les mots pour rassurer. Mais voilà que je devenais muet, incapable de comprendre la logique de mon propre frère. « Je m’en fous, il n’y a pas de fenêtre. » Pas de fenêtre? Je jetai un bref coup d'oeil autour de la pièce, même si je savais déjà qu'aucune fenêtre tapissait les murs. Nous étions sous terre, aucune lumière ne pouvait pénétrer à l'intérieur. Bien entendu. Il détestais être dans cette base souterraine - qui pouvait apprécier? - et il souhaitait sortir, tout simplement. Je m'en voulais de penser de la sorte, mais je ne pouvais pas le laisser sortir dehors à présent... Il était trop tard, il était cuit s'il mettait le nez à l'extérieur... Et dans cet état, il ne ferait même pas deux mètres!
Un vacarme attira alors mon attention, apercevant mon frère perdre pieds et se retrouver à genoux au sol. Je m'avançai d'un air alarmé afin de retenir sa chute, mais il était déjà trop tard, évidemment. Je n'osai même pas le toucher, par peur de le brusquer et d'empirer davantage la situation, et Clay parvint avec peine à se remettre debout. Son visage était crispé par l'inconfort, signe que ses blessures lui faisaient toujours mal. C'était insensé de le laisser sortir maintenant... « Pourquoi t’es là ? Ils t’ont dit quelque chose ? » Certes. Ils m'ont peut-être dit quelque chose. Dans le genre "votre frère vit beaucoup de changement, cela risque d'affecter son humeur, ne vous surprenez pas de son attitude" et bla bla bla. Mais je connaissais Clay. Il ne s'agissait pas simplement d'un 'changement d'humeur dû au différent environnement'... Non, il n'allait pas bien. Je ne savais pas à quel point, mais il n'allait pas bien et le personnel soignant craignait peut-être de me révéler sa véritable condition. « Je suis venu voir comment tu allais... » dis-je bêtement. Ce qui n'était pas faux. Je m'inquiétais pour lui. Mais je me demandais également s'il m'en voulait... S'il s'en sortait avec l'idée que jamais on ne pourrait retourner à la maison. Car cette idée me hantait ces derniers jours. « Tout ce que je sais c'est que tu ne peux pas te lever maintenant, tu vas rouvrir tes blessures. » Je lui fis signe de se réinstaller dans le lit, arborant un air presque autoritaire. La dernière chose dont j'avais envie en ce moment était de devoir appeler des infirmières pour le calmer et le soigner à nouveau.
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| | | Clay L. Kennedy-Fawkes △ correspondances : 617 △ points : 0 △ à Panem depuis le : 03/02/2012 △ humeur : Combattif △ âge du personnage : 29 ans.
| Sujet: Re: searching for something better... - CLAY&JULIAN Sam 7 Juil - 17:55 | |
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« OH I’M AWESOME… » La visite de mon frère me surpris, car elle ne tombait pas au bon moment. Bien sûr, je me doutais bien qu’il avait dû passer ces derniers jours, mais je ne l’avais quasiment pas revu depuis notre arrivée. A croire qu’aujourd’hui, par malchance, il me croisait éveillé et décidé à me faire la malle. Tentative d’évasion numéro une : ratée. Laissant un long soupir s’échapper de mes lèvres, je repris appui sur le lit, levant mes prunelles émeraude vers lui, lui qui semblait aller bien, quoi qu’un peu renfermé sur lui-même… L’accueil que je lui avais réservé ne fut pas des plus chaleureux, mais il fallait me comprendre, j’étais loin de ma maison de mon quotidien, loin sous terre apparemment puisqu’il n’y avait aucune fenêtre hormis du métal partout aux murs, et chaque geste était une véritable torture à cause de cette maudite plaie au flanc. Une grimace étira une nouvelle fois mes traits tandis que je cherchais une issue, analysant chaque parcelle du décor qui m’entourait, comme si Julian n’était pas là en fin de compte. Ce ne fut que lorsqu’il prit enfin la parole que je me souvins de sa présence. Le toisant du regard, d’un air un peu incompréhensif, j’hochai la tête face à sa réponse. Ce n’était guère étonnant qu’il passe ici pour savoir dans quel état j’étais. Pour le coup, cette réponse brisa un peu la glace et le mur que je semblais avoir soudain bâti entre lui et moi. En réalité, je ne faisais que me protéger de ma propre humeur, comme si je menaçais d’exploser à tout moment. Je bouillonnais, clairement. Qu’étais-je censé lui répondre ? Que non je n’allais pas bien ? Que je comptais me tirer d’ici parce que l’air me manquait ? Ou bien que j’avais comme l’impression d’étouffer à chaque seconde ? Demeurant silencieux, je finis par baisser les yeux, bras croisés sur le matelas, debout mais presque par terre. Une position bien étrange d’ailleurs, mais la douleur semblait se calmer alors je ne bougeais plus.
Décidant finalement de ne rien répondre à ses premiers mots, j’attendis la suite, qui ne tarda pas. Un nouveau soupir s’échappa dans la pièce de ma part, il ne répondait pas vraiment à ma question. Je voulais savoir ce qu’ils avaient réellement dit, pas ce que lui pensait savoir. Pinçant les lèvres, je finis par me redresser mais ne remontais toujours pas sur le lit. Moi aussi je savais être une tête de mule. L’air quasi autoritaire ne me plut pas beaucoup. Fronçant les sourcils quelques secondes avant de relâcher à cause des hématomes, je sifflai entre mes dents. J’optai finalement pour une inspiration avant de me mettre à parler.
« Je veux voir à quoi je ressemble, je cherchais un miroir. ». Le ton n’était guère enjoué, à dire vrai, même si le ton n’était pas sec, il était comme las, vide de toute gaieté de vivre et d’être là. « Et tu n’as pas répondu à ma question… ».
Plissant le nez, j’observai finalement le lit, hésitant à remonter dessus, voulais-je réellement tenir tête à mon jumeau ? Oh que oui, je n’étais pas qu’un chien bien docile et obéissant et sur le moment je voulais réellement qu’il s’en rende compte. Combien de fois l’avais-je suivi dans ses frasques sans rechigner ? Combien de fois l’avais-je accompagné dans ses idées farfelues de rébellion sans me plaindre ? A l’heure actuelle, je faisais visiblement une sorte de crise de nerf, ou alors le vase était sans doute trop plein. Pourtant toute la faute n’était pas à rejeter sur Julian, et je le savais, mais au fond de moi je bouillonnais de savoir que je ne retrouverais sûrement jamais ma vie à cause de cette ressemblance. En quelques sortes, il venait de me retirer ma vie et mon avenir à cause de ses idéaux, certes, logiques et compréhensibles. Je haïssais le Capitole autant que lui, mais n’aurait-il pas pu tout simplement être un rebelle plutôt que le chef ayant sa photo partout dans les médias ? Le Clay « normal » était pourtant là, toujours présent. En reposant mes yeux sur mon frère mon expression changea en cette inquiétude que j’avais toujours eue pour lui, mais j’étais rempli d’émotions contraires qui s’entrechoquaient en menaçant de me faire imploser. J’étais perdu dans mes propres pensées, dans mes convictions. Je ne savais plus ce qui était juste ou non.
Dans mon esprit, deux idées, l’une raisonnable et l’autre non. L’une en provenance du Clay médecin et soucieux de son jumeau, l’autre venant d’un Clay complètement perturbé par les récents évènements, qui n’avait jamais eu à subir d’attaque et dont sa conscience lui hurlait de prendre ses jambes à son cou et de tenter d’aller à l’extérieur. Toutefois cette idée était belle et bien folle, combien d’étages y’avait-il dans cette base ? Combien d’ascenseurs ou de gardes à passer ? Je n’en savais rien, je ne visais que la porte. Analysant toutes les probabilités de me faire arrêter en pleine « course » en à peine quelques minutes, je baissai à nouveau les yeux avant de renifler. Non bien sûr que non je n’allais pas bien.
« J’ai besoin d’air… ». Le ton était encore plus las que la première fois, mais je me décidais finalement à bouger. M’arrêtant au niveau de Julian, je jetai un coup d’œil au rideau. Combien de mètres jusqu’à la porte ? Une idée folle. Rien qu’une idée folle. Mais mon jumeau ne faisait que ça non ? Suivre ses idées folles.
M’appuyant encore un peu sur le bord du lit, je toisai Julian une nouvelle fois. « Ne me fais pas ce regard-là, je ne suis pas… ». Ton chien ? « Je cherche juste un miroir. ». Oui, aller chercher un miroir, bonne idée de diversion ça. Lui offrant un fin sourire, vraiment léger, je m’assis sur le bord du lit, même si mes orteils touchaient encore le sol. « S’il te plait. ».
Une idée folle. Juste une idée folle.
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| Sujet: Re: searching for something better... - CLAY&JULIAN Dim 8 Juil - 14:43 | |
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Je sentais une telle réticence de la part de mon propre frère que j'en devenais soudainement crispé, incertain. Je ne l'avais jamais vu dans un tel état et je craignais le pire... Que pouvait-il bien se passer dans la tête d'un homme dont on lui arrachait sa maison? Tous ses repères et toutes raisons de vivre? Clay était médecin, il pouvait certainement renouveler ses talents ici-même, au Treize, mais il perdait toute sa clientèle et son assistante également. À quoi pouvait-il bien songer? Comment voyait-il son avenir? Réalisait-il seulement ce qui lui arrivait? À présent, notre vie était scellée. Non seulement il était devenu tout à fait impossible pour moi de retourner au Sept - il avait toujours était risqué avec ma famille dans les parages -, mais maintenant mon destin devenait celui de Clay. Son visage avait été découvert, notre double identité avait été dévoilé, et les hommes de Snow n'allaient certainement pas se priver d'utiliser cet atout contre nous. Ils savaient sans aucun doute - ou se doutaient peut-être - que des jumeaux chérissaient un lien unique. Alors s'ils s'en prenaient à l'autre, c'était pareille que de s'en prendre aux deux. Et je ne voulais pas prendre ce risque. Déjà que mon frère fut attaqué injustement dans son propre district, je ne pouvais le laisser vivre au Sept avec la crainte qu'un Pacificateur viendrait à sa recherche et le torturer pour m'atteindre, le chef rebelle en cavale. Jamais je ne pourrais me le pardonner. De voir Clay blessé de la sorte me fendait déjà le coeur, qu'il subisse en plus une séance de torture, non... L'idée me donnait la nausée. Pour ma part, j'étais touché de ne plus pouvoir retourner là où j'ai grandi. Mais il y a bien longtemps que j'avais quitté le district... C'était plutôt une déchirure psychologique que physique. Je parvenais toujours à sortir à l'extérieur, je savais que je pourrais me promener dans tout Panem - avec beaucoup de précaution - malgré les évènements passés. Mais Clay? Quant en advenait-il de lui? Quand pourra-t-il voir la lumière du jour sans craindre la moindre danger? Je l'ignorais. Et j'avais cette vilaine manie de vouloir le surprotéger, de vouloir agir pour son bien. Mais au fond, peut-être empirais-je tout simplement la situation...
L'inquiétude se faisait déjà prédominante alors que j'observais mon frère instable sur ses deux pieds. Mais il semblait se borner à vouloir demeurer debout, comme s'il tentait de prouver qu'il en était capable. Cet entêtement m'agaçait, mais je le connaissais trop bien. Il demeura un instant silencieux suite à mes paroles, à ma réponse qui n'avait sans aucun doute pas rassasié sa curiosité. Qu'étais-je supposé lui révéler? Que les médecins croyaient qu'il souffrait d'une dépression post-traumatique? Rien pour arranger les choses à mon avis. « Je veux voir à quoi je ressemble, je cherchais un miroir. » Mon regard se fronça instinctivement suite à cette déclaration des plus inattendus. Pourquoi cherchait-il à se voir? Il n'avait rien de bien différent qu'à son habitude, mis à part cet hématome au visage qui guérissait peu à peu. « Et tu n’as pas répondu à ma question… » Non, je n'y avais pas vraiment répondu. J'abaissai le regard vers les dalles du plancher, l'air... honteux? Je laissai un bref soupir - presque imperceptible - s'échapper de mes lèvres, ignorant comment gérer cette situation. J'aurais bien aimé pouvoir lui offrir un miroir, mais je n'en avais aucun sous la main. J'aurais bien aimé pouvoir lui donner toutes les réponses dont il désirait, mais je n'en avais pas le courage... J'avais cette certitude que si je lui dévoilais réellement ce que le personnel soignant pensant de son état, ses pensées n'allaient que devenir plus sombres et plus ternes. Et je le voyais déjà suffisamment morose... J'haussai les épaules d'une manière totalement nonchalante - alors qu'à l'intérieur j'angoissais de répondre à mon propre frère -, gardant le regard toujours bas. « Ils ne m'ont pas dit grand-chose, tu sais? Que tu ne dois pas faire de trop grands efforts pour laisser les plaies se refermer, que... ton humeur pourrait légèrement... changer par le différent environnement... Des conneries du genre. » Non, pas des conneries. Je tentais bien d'être détaché de la situation, mais je me faisais du sang d'encre pour lui. Je ne pouvais supporter l'idée qu'il était au bord de la dépression et qu'il pouvait me porter une certaine rancune.
« J’ai besoin d’air… » Il semblait exaspéré. Et je pouvais le comprendre. Je détestais être enfermé dans une cage et le Treize, c'était comme si nous étions tous des bêtes cloîtrées, prêtes à attaquer au signal de Coin. Je n'étais le toutou de personne. Mais je n'étais pas prêt à laisser Clay sortir de l'infirmerie encore... Ses blessures me semblaient encore trop fragiles pour lui laisser ce privilège. Je le toisai d'un air sceptique, hésitant même à répondre à sa requête qui était peut-être juste une affirmation après tout. « Ne me fais pas ce regard-là, je ne suis pas… » Le regarder comment? Il était pas mon quoi? Je sentais encore cette froideur m'être portée et j'avais peine à le supporter. Je détournai un instant le regard, ignorant quel air j'affichais pour que mon jumeau me demande de ne plus le regarder de cette manière. « Je cherche juste un miroir. » Merde, il le voulait vraiment ce miroir. Quel réconfort cela pouvait-il lui apporter? Je l'ignorais. Mais si cet objet pouvait le calmer un instant, alors soit. « S’il te plait. » Il me suppliait maintenant. Je ne comprenais plus rien, j'étais égaré.
« D'accord.. » J'acceptai tout de même sa requête. Avec lenteur et précaution, je disparus derrière les rideaux qui séparaient la chambre du reste du centre afin de trouver une infirmière qui pourrait me procurer un miroir. Par chance, j'en aperçus une faire sa ronde habituelle, se promenant de patient en patient. « Excusez-moi, auriez-vous un miroir, par hasard? » Elle m'observa tout d'abord avec un air surpris et incompréhensif. Je devais avouer que ma demande n'avait rien d'habituelle, mais je ne bronchais pas. Elle fouilla enfin dans ses poches et en sortie un petit objet replié sur lui-même. Elle me tendit en main propre et me regarda cette fois avec des yeux suspicieux. « Rendez-le moi en bon état, je vous pris. » J'acquiesçai positivement de la tête avant de tourner les talons afin de rejoindre Clay...
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| | | Clay L. Kennedy-Fawkes △ correspondances : 617 △ points : 0 △ à Panem depuis le : 03/02/2012 △ humeur : Combattif △ âge du personnage : 29 ans.
| Sujet: Re: searching for something better... - CLAY&JULIAN Dim 8 Juil - 15:44 | |
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« I’M SO SORRY. »
Je toisais mon frère du regard, je pouvais clairement y lire son trouble et sa nervosité, pourtant je ne disais rien à ce propos. Je me doutais bien qu’il avait aussi mal que moi de ne plus pouvoir retourner au Sept, mais la différence actuelle entre Julian et moi résidait sûrement dans notre mode de pensée. Je faisais clairement un déni, si au début je l’avais compris et accepté, aujourd’hui, ici, ce n’était plus le cas. Je refusais catégoriquement de voir la réalité en face, je refusais de rester coincer ici définitivement. Et c’était cette sorte de panique qui me poussait à vouloir de l’air, et à avoir l’impression que j’étouffais à chaque respiration. Le Clay que connaissait mon jumeau était toujours là, il était juste perturbé par les évènements et par le déni, et mieux encore, il lui tenait tête ce Clay. C’était plus ou moins voulu, à dire vrai je ne me rendais pas vraiment compte de l’impact que pouvait avoir mon attitude sur le moment, j’étais juste perdu, et poussé par l’envie de sortir. C’était l’idée folle qui trônait fièrement dans ma tête. Julian n’ayant pas réellement répondu à ma question, je le lui fis remarquer, puis j’attendis de nouveau, expliquant que je voulais juste me voir. Ce n’était pas faux, mais ce n’était pas là ma principale envie.
Mon jumeau semblait on ne peut plus troubler, et c’était la raison qui me poussait à vouloir en savoir plus. Il finit par lâcher plus ou moins le morceau. Arquant un sourcil, j’étais pourtant bien résolu à le croire, car je pensais bien que les membres du personnel ne diraient trop rien, si le cas était « sérieux », enfin plus ou moins. La réponse, bien que floue, n’était donc pas tellement rassurante, et l’idée de rester coincer ici se fit encore plus oppressante dans mon esprit. Hochant la tête, je levai les yeux vers lui et répondais un simple : « okay… D’accord. ». Oui, Julian était mon frère après tout, il fallait bien que je le crois. Puis, je partageai mon besoin d’air avec lui, au moins j’étais honnête. Sans doute que Julian aurait dû le prendre comme un signe, mais également comme une espèce de demande. Toutefois, ça annonçait quelque chose d’autre. Je ne le savais pas encore, mais inconsciemment je lui révélais clairement mes intentions. Intentions qu’il ne sembla pas voir, et c’était sans doute mieux. Revint alors le sujet du miroir, oui, bien sûr que je le voulais vraiment, je cherchais réellement à me voir, moi et mes hématomes, moi et ma balafre sur le front, le reste je le voyais, mes mains, mon bandage autour de ma taille, mais mon visage, non, je ne sentais que la difficulté de sourire à cause de ma pommette brisée, ainsi que celle de voir proprement les choses à cause des hématomes colorés, du moins je le supposais. M’arrêtant finalement au niveau de mon frère, j’insistai pour le miroir, et je venais encore de me déplacer. En guise de bonne foi je m’étais légèrement assis sur le lit, mais je n’étais pas dupe, je savais bien que mes jambes allaient se remettre à marcher, car dès que je vis mon frère passer derrière le rideau, j’attendis quelques secondes avant de me remettre debout. Mon idée folle était en route. C’était risqué, mais mon corps me l’ordonnait autant qu’il voulait m’en empêcher. Ce besoin d’air, je le ressentais véritablement, et c’est ce qui me poussa à guetter derrière le rideau, afin de voir ce qu’il s’y passait. Différents lits étaient présents de ce même côté, et je voyais mon jumeau chercher une infirmière ou autre chose. Je me mis finalement à chercher la porte des yeux, et il allait falloir marcher rapidement si je voulais avoir une chance d’apercevoir un bout de verdure. Si seulement j’avais su que je me trouvais au moins au dixième dessous, j’aurai peut-être réfléchi un peu plus, quoi que non… Je n’étais guidé que par mon soudain instinct de survie.
Les secondes s’écoulèrent, et le temps commençait sérieusement à me manquer, alors ni de une ni de deux, je me précipitai hors de ma « chambre » et me mit à marcher aussi vite que possible. La plaie tirait, c’était clair, mais il me fallait de l’air. Mes yeux rougirent déjà sous le joug de l’émotion, il ne fallait pas pleurer, je risquais de me brouiller la vue. Prenant une grande inspiration, je me précipitai vers la porte de sortie quelques mètres plus loin de façon maladroite. Clairement maladroite. Tremblant, je tournai la poignée pour me retrouver quasiment nez à nez avec un « garde ». Enfin plutôt de nez à dos. M’empêchant de trahir ma présence, tout aurait pu aller pour le mieux si je ne l’avais pas effleuré en voulant l’éviter de côté pour partir dans le couloir.
« Hé ! Restez-là ! ». Mais je n’avais pas attendu qu’il le dise pour m’enfuir et reprendre mon chemin. Je tournai à droite, marchant rapidement dans les couloirs pour finalement me mettre à courir, bien que chancelant, je me cognai plusieurs fois dans les murs, un coup à droite un coup à gauche, mais réussissais toujours à reprendre mon chemin. Jetant des coups d’œil effaré autour de moi, tout semblait me ramener à ce jour-là, en forêt, quand je dus courir afin de sauver ma peau pour la première fois. Je cherchais des escaliers, n’importe quoi, sachant déjà que mon frère participerait aux recherches et que les différents gardes seraient bientôt prévenus de mon « évasion ». A chaque fois que j’entendais des bruits de pas, je changeais de couloir, tournant à gauche, ou à droite, ne notant même pas où j’allais. Je me perdais lentement dans ce labyrinthe fait de portes et de métal, sans jamais n’apercevoir aucune fenêtre. Essoufflé, je m’arrêtai, faisant volte face plusieurs fois de suite, cherchant une issue. Ma main se posa contre mon flanc tandis que je grimaçais, mais ça allait, ça allait. Laissant échapper un grognement je repris mon chemin, je ne trouvais toujours pas d’escalier. M’agaçant tout en m’épuisant, les bruits de pas se firent soudain plus intenses. Etait-ce possible que je sois bientôt cerné ? Courant un peu plus, j’atterris bientôt à l’opposé du centre de soin, sur le même étage, jusqu’à finalement trouver un ascenseur. Indécis, je me figeai sur place, n’osant appuyer sur le bouton. Je voulais juste respirer un peu d’air, juste revoir la forêt, sentir le parfum des feuilles humides et des baies qui poussaient là.
* * * Pendant ce temps où je « fuyais », j’ignorais que le fameux garde qui m’avait ordonné de rester avait pénétré dans le centre à la façon d’un bison enragé. « Quelqu’un peut bien m’expliquer comment ce putain de patient a pu atteindre la porte et se faire la malle ?! ».
* * * Julian allait sûrement m’en vouloir, et je m’excusais déjà intérieurement auprès de lui, mais cet acte n’était poussé que par la panique, et une certaine phobie de rester là. Cela faisait plusieurs jours maintenant que je n’étais « plus rien ». Je n’avais pas pour habitude de rester immobile, j’avais toujours quelque chose à faire, et ne plus pouvoir aider les gens me rendait instable et irritable. Une facette que peu de gens voyaient. Toujours figé devant cet ascenseur, ce ne fut que lorsque j’entendis un « Par ici ! », que je me remis à courir. Au fond le Treize n’était pas mieux que le Capitole, et jouer au fugitif pouvait clairement s’apparenter à une situation qui aurait très bien pu avoir lieu dans cette « ville ». Tel un rebelle fuyant la torture et des Pacificateurs enragés.
Constatant qu’il n’y aurait jamais d’autre issue que cet ascenseur, je me mis à tester toutes les portes, car j’allais bientôt être fait comme un rat. Me décidant finalement sur l’une d’elle, je tournais la poignée dans un élan de panique, et bondis à l’intérieur avant de refermer la porte, mains tremblantes et douleur intenable au flanc. Sans parler du point de côté qui s’emparait de moi, et m’empêchait de respirer. On était sous terre, je m’attendais à quoi ? Il n’y avait aucune fenêtre. La pièce était dans l’obscurité la plus totale, et je me contentais d’observer la porte, ou plutôt l’espace entre le sol et elle, qui laissait filtrer un peu de lumière. Tournant toujours le dos au reste de la pièce, je ne distinguais rien, de toute façon c’était impossible, je ne cherchais pas non plus d’interrupteur. Reculant lentement vers le fond, je m’attendais à rencontrer un mur, qui ne vint pas… Pas tout de suite. La seule chose à laquelle j’eus droit ce fut le déclenchement d’un projecteur, éclairant mon dos. Du bruit se fit bientôt entendre et je me retournai violemment, comme si je m’attendais à voir quelqu’un, mais il n’y avait personne. La pièce était de petite taille et servait visiblement de salle de vidéo projection. Pour quelle utilité ? Je n’en savais rien. Mais les images qui défilaient à l’écran n’étaient pas celle d’un chaos ambiant ou d’un Panem en plein explosion. Non, ça ne montrait pas les jeux de la faim, ou quoi que ce soit d’autre. Ca montrait des paysages, les bruits que j’entendais n’étaient rien d’autre que ceux en lien avec les images qui s’animaient sur le mur. Presque à échelle humaine. Ce n’était sans doute pas la réalité mais ça apaisait déjà beaucoup. J’en oubliai ma chasse à l’homme, j’en oubliai l’idée qu’ils puissent me retrouver et me faire quoi que ce soit. Grimaçant sous la douleur, je m’autorisai tout de même à m’asseoir sur le sol, me laissant bercer par le chant des oiseaux, ou les bruits d’eau qui coule le long d’un petit ruisseau. Je me laissais bercer par tout ce que je ne reverrais probablement pas. Les images changèrent, tout comme le décor, offrant une vue étendue sur un champ où le vent soufflait, autorisant les hautes herbes à faire du bruit. Ce ne fut que lorsque j’aperçus la forêt que mon cœur se serra. Elle ressemblait fortement à la mienne. Celle qui entourait ma maison. Crispant la mâchoire, je sentis mes yeux se brouiller de larmes, mais elles ne coulaient pas. De l’autre côté de la porte, les bruits de pas se rapprochaient sûrement, mais je m’en contrefichais, mes prunelles restaient rivées sur les images, et le bruit presque silencieux du vent qui résonne entre les feuilles, des animaux avançant dans les feuilles sèches et mouillées sur le sol, ou encore le bruit d’oiseaux qui frappent le bois de leur bec. Il ne manquait plus que l’odeur et la brise.
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| Sujet: Re: searching for something better... - CLAY&JULIAN Mer 11 Juil - 16:45 | |
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Vivre une telle détresse, je connaissais. Combien m'ai-je interrogé sur mon avenir, sur mon présent même, croyant que plus rien ne valait la peine d'être fait ou vécu, car de toute manière, tout était vain. Je savais ce que ce sentiment de lassitude et de crainte pouvait créer à l'intérieur de soi, les dangers de le laisser se propager en nous. Mais connaissais-je le moyen de l'écarter? Avais-je suffisamment d'expérience pour aider mon propre frère à surmonter une telle épreuve? J'en doutais. Car j'étais déjà muet et incertain, troublé par la froideur qu'il créait dans la pièce. Jamais je n'avais ressenti une telle distance entre nous deux et ça me rendait tout simplement incapable. Que devais-je dire? Que devais-je faire? J'avais ce vilain pressentiment que peu importe ce que je pourrais divulgué, peu importe ce que je pouvais moi-même ressentir en cet instant, Clay resterait borné et vexé. Il devait franchir une porte qui était sans aucun doute difficile à concevoir, il devait avancer d'un pas, un pas qu'il ne voulait pas effectuer. Il voulait rentrer à la maison, voilà tout. Comme tout être normalement constitué, il désirait simplement un point de repère, un endroit pour se rassurer après tous ces évènements. Le plus désolant dans toute cette histoire était que je ne pouvais rien faire pour l'aider... J'étais contre le fait de l'enfermer dans une base aussi déprimante, mais avais-je d'autres solutions? Avais-je l'insouciance de risquer la vie de mon frère jumeau une énième fois en acceptant sa requête de prendre l'air? Je n'étais pas prêt à faire ce sacrifice. J'en avais marre de mettre sa vie en danger alors qu'il n'avait rien à voir avec la Rébellion. Il méritait une vie paisible, calme et sereine. Il méritait une maison, une famille avec qui il pourrait terminer ses vieux jours. Le destin en voulait autrement et je ne pouvais m'empêcher de détourner le regard par la honte qui m'envahissait. J'étais si désolé de lui imposer tout ça.
« okay… D’accord. » Était-il réellement satisfait de ma réponse ou se contentait-il de mes paroles? Je ne saurais dire selon sa réaction. Il m'apparaissait soudainement las et fatigué de se battre. Peut-être vivait-il réellement une sorte de dépression post-traumatique... Peut-être était-il réellement au bord du gouffre, à un point où tout le blasait. Cette pensée me brisait le coeur, car je sentais une certaine culpabilité naître. Si toute cette histoire avait lieu, c'était certainement en partie de ma faute. Si je ne m'étais pas exposé de la sorte aux Pacificateurs, jamais ils n'auraient eu le moindre intérêt envers mon double. Mais il avait fallu que je m'expose beaucoup trop rapidement au Capitole, qu'il découvre qu'un de leur ancien gagnant des Hunger Games les avait trahi. Je n'y avais pas songé deux fois à l'époque, je pouvais vivre avec l'idée que l'ennemi connaissait mon visage et qu'il cherchait à m'éliminer, mais aujourd'hui je commençais à ressentir des regrets. Des regrets envers Clay. Son existence était maudite à cause de la mienne. La culpabilité était si forte que j'étais prêt à répondre à sa requête cette fois... Je le voyais assis sur le bord de son lit, l'air las et suppliant. Il ne pouvait pas aller bien loin avec ses blessures, je devais arrêter de me méfier de lui. Toutefois, peut-être aurais-je dû m'attarder plus longuement sur son attitude... Peut-être aurais-je dû me fier à mon instinct, car un Kennedy-Fawkes n'abandonnait pas si facilement. J'avais quitté sa chambre, mon frère n'était plus à ma portée de vu, et j'étais à la recherche d'une âme charitable qui pourrait me prêter un miroir. La demande sonnait toujours étrange dans ma tête. Et voilà que je trouvai. Alors que je tournais les talons afin de retrouver Clay installé sur son lit, le garde qui se tenait habituellement à l'extérieur du centre de soin, traversa l'allé à la halte, affirmant par le fait même: « Quelqu’un peut bien m’expliquer comment ce putain de patient a pu atteindre la porte et se faire la malle ?! »
Mes yeux étaient devenus aussi ronds que des billes. Je sentis mes membres s'engourdir un instant avant que l'adrénaline ne se déverse dans mes veines. Je bifurquai sur le côté et écartai les draps camouflant le lit assigné normalement à mon frère. Vide. La pièce était vide. « Merde! » jurai-je entre mes dents serrées alors que je me hâtais vers la sortie de l'infirmerie. Un simple moment d'inattention et voilà le résultat. J'aurais dû m'en douter... J'aurais dû être plus méfiant! Comment avais-je pu faire preuve d'une aussi grande insouciance alors que Clay n'était visiblement pas dans son état normal! À grandes enjambées, je quittai le centre afin de me retrouver dans un long couloir du Treize. Merde, par où avait-il pu bien se diriger? Connaissait-il au moins le trajet vers la sortie? Savait-il où aller pour s'enfuir? J'en doutais. Ce qui signifiait qu'il allait évidemment se perdre dans ce labyrinthe de couleur terne et froid. Je jurai de nouveau entre mes dents alors que je m'élançais d'instinct vers la gauche. Avais-je d'autre choix que de partir à sa recherche? J'aurais pu, sans doute, me rendre dans la salle de sécurité, là où des écrans affichaient les images prises par les caméras installées un peu partout dans la base. Car les rebelles étaient devenus presque paranoïaques, ils avaient mis en place des caméras de surveillance à des endroits spécifiques, dans le but d'être à l'affût de tout ce qui se déroulait ci-bas. Toutefois, le temps que je me rende dans la salle de visionnement, que je convainque les gardes de me laisser entrer et de regarder les images, je craignais de perdre un temps précieux. Alors je me précipitais à l'aveuglette.
Avait-il trouver un ascenseur? Avait-il changer d'étage ou même trouver la sortie? C'était une possibilité, Clay était débrouillard. Je croisai un rebelle dont son visage ne m'était pas inconnu et je l'arrêtai sur son chemin. « Hey! Tu n'aurais pas vu mon frère dans le coin? » demandais-je le souffle légèrement fébrile. Le rebelle en question me regardait avec interrogation. « Il a déserté l'infirmerie. » Au même moment où je terminais ma phrase, une voix lointaine et étouffée se manifesta: « À tous les gardiens, un patient s'est échappé du centre de soin. Je répète, un patient s'est échappé du centre de soin. Veuillez le retrouver au plus vite. » Mon interlocuteur me regarda d'un air abasourdi, alors qu'il écoutait les ordres en provenance d'une sorte de walkie-talkie rattacher à sa veste.
L'alarme était lancée. Et je devenais d'autant plus inquiet. Qu'arriverait-il si un rebelle trouvait Clay avant moi? Quelle mesure prendrait-il pour le ramener de force vers l'infirmerie? Je n'osais imaginer. Je détestais les méthodes du Treize et cette haine me poussa à poursuivre mes recherches avec plus d'acharnement, avant que quelqu'un d'autre mette la main sur mon frère. J'entendais des bruits de pas résonner dans les couloirs, ceux des 'gardiens' en chasse. Mon coeur tambourinait dangereusement dans ma poitrine, craignant de ne jamais retrouver Clay dans ce brouhaha. Qu'est-ce qui t'as passé par la tête, nom de Dieu? Pourquoi t'être enfui? Il avait écouté ses pulsions, rien de plus, mais il pourrait faire preuve de plus de prudence à l'avenir. Il ne savait pas ce que le Treize était prêt à faire pour maintenir leurs habitants bien sagement à l'intérieur. Bifurquant un coin de mur, j'aperçus une formation de rebelles armés - armés! - entourer silencieusement une porte fermée. Mes entrailles se contractèrent à l'intérieur, m'élançant vers l'avant. Avant qu'il puisse effectuer le moindre geste, je me postai devant eux, tout juste devant la porte, les mains élevées dans les airs. Sans dire un seul mot, je leur affirmai que j'allais moi-même franchir cette porte le premier. Ils me regardèrent tous d'un air désapprobateur, mais je m'en fichais. Je n'avais aucun ordre à recevoir de quiconque ici et j'allais faire à ma tête quoi qu'il arrive. Voyant mon insistance, ils se renfrognèrent contre leur gré, me laissant le champ libre. Prenant une grande respiration, je tournai la poignée et entrai silencieusement dans la pièce. Mon coeur manqua un bond alors que j'aperçus la silhouette immobile de mon frère au centre de la petite salle. Je m'approchai sans gêne à sa hauteur, remarquant à peine les images qui défilaient sur le mur du fond, et lui infligeai une bonne tape derrière le crâne. « Mais qu'est-ce que t'as dans la tête, putain? Tu veux te faire enfermer, c'est ça? » Tout en délicatesse. Je m'étais laissé emporter. J'avais été si inquiet de le retrouver entre les mains d'un soldat de Coin et qu'il soit enfermé à double tour que ma nervosité prit le dessus. Et avant qu'il ne comprenne ma colère, j'enlaçai ses épaules, rassuré de le retrouver, qu'il n'ait pas parvenu à quitter la base.
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| | | Clay L. Kennedy-Fawkes △ correspondances : 617 △ points : 0 △ à Panem depuis le : 03/02/2012 △ humeur : Combattif △ âge du personnage : 29 ans.
| Sujet: Re: searching for something better... - CLAY&JULIAN Mer 11 Juil - 17:49 | |
| « I JUST WANT TO GO HOME. »
Je n’avais pas réfléchi une seule seconde, guidé uniquement par l’envie et l’urgence de prendre l’air. L’inquiétude de mon frère serait palpable, je m’y attendais et n’étais pas fou, toutefois, je m’étais laissé envahir par cette idée folle, préférant prendre ce risque. Julian n’en prenait-il pas quasiment tous les jours lui ? La course dans les couloirs n’aidait pas mon cas, ni ma plaie au flanc, mais j’étais tout de même resté prudent, on ne chassait pas les habitudes d’un médecin d’un simple revers de manche, celles-ci persistaient, toujours. Et ce, même si le médecin en question pensait d’abord aux autres avant lui. Cependant, sa manœuvre avait quelques peu été égoïste, mais parfois l’instinct de survie primait sur le reste, l’Homme n’était qu’un animal, dans le fond. La colère de Julian, je la devinais aisément, et même si j’ignorais dans quel état il arriverait dans cette pièce, je savais pertinemment qu’il réussirait à me retrouver. De toute façon, les bruits de pas n’avaient pas manqué. Si j’ignorais comment les choses se déroulaient dans cette base, et comment cette situation allait se terminer, je m’en fichais. Que pouvaient-ils me faire de plus ? J’avais déjà perdu énormément. Le bruit des oiseaux imaginaires résonnaient dans mes tympans, ne faisant que provoquer une détente salvatrice. Sans un mot je restais assis, là, sur le sol, ne quittant pas les images des yeux. Images d’un paysage que je ne reverrais surement pas de sitôt. Ma notion du temps semblait perdue, erronée, je ne savais plus quel jour on était, ni quel temps il pouvait bien faire dehors. C’était comme si j’avais perdu toute couleur de la vie sur les traits de mon visage. J’ignorais si les jeux avaient commencé, j’ignorais si tous mes proches allaient bien, si Callie allait bien, comme nos parents ou encore tous ces jeunes qui attendaient la Moisson avec désespoir et horreur. Chacune de mes pensées, bien que mélangées, étaient pour eux. Je craignais pour chacune de leur vie avant la mienne. Et à l’heure actuelle je ne leur étais d’aucune utilité.
Les troupes du Treize pouvaient bien stagner derrière cette porte, je ne notais même plus l’absence de bruit de pas suspect. Trop concentré sur les images et les sons. Fermant les yeux, je tentais d’imaginer l’odeur, et la brise qui me chatouilleraient les narines et les joues, mais rien. Tout n’était qu’artificiel, et je n’avais pas pu trouver la sortie. Piégé comme un rat. Je détestais cette sensation. Laissant finalement un soupir s’échapper de mes lèvres, je posais ma main sur mon flanc, plus par réflexe qu’autre chose, même si je n’observais pas les éventuels dégâts. Bien sûr, je n’étais clairement pas au top de ma forme, mais je restais immobile dans cette pièce que je ne semblais plus vouloir quitter. A défaut d’être enfermé, je préférais rester là, ici, sagement installé afin de me perdre dans les artifices que proposait le projecteur.
Perdu dans les sons, je n’entendis pas Julian entrer dans la pièce, je ne le compris que lorsque la lumière blafarde du couloir gêna la visibilité de l’image sur le mur. Mais là encore, je ne bougeai pas, attendant que « l’ennemi » ne daigne jeter la première pierre afin de contre attaquer. Ou alors j’étais sûrement un peu fatigué et mes réflexes se voyaient diminués. Ce ne fut que lorsque je sentis la tape derrière la tête qui me força à grogner que je compris qu’il était là, et que c’était lui. Je lui avais offerte la même quelques semaines, mois ? De cela. Plissant le nez tout en grimaçant, je m’apprêtais à répondre mais il m’enlaçait déjà. Surpris, je ne dis rien, mais connaissais son inquiétude, j’étais juste, bien trop perdu pour réellement me rendre compte de ce que je venais de lui faire subir. « Aoutch… » Fut le seul premier mot qui me vint à l’esprit. Toutefois, je n’avais pas imaginé que sentir la présence de mon jumeau, si près de moi, ne ferait que brutaliser le retour à la réalité. Papillonnant des yeux, sentant les quelques larmes rouler sur mes joues, j’observais le mur, les images. La forêt n’était plus là, elle venait de laisser de nouveau sa place aux champs de blé. Ma forêt s’était envolée.
« Je suis désolé… ». Un murmure, presque inaudible pour Julian, mais se trouvant proche de moi, il n’y avait nul doute qu’il l’entendrait.
Puis je reniflai et posais mes yeux sur mon frère, constatant où je me trouvais. « Enfermé ? Pourquoi ? ». J’haussai les sourcils, ne comprenant vraiment pas ce que j’avais fais de si mal méritant un potentiel enfermement. Même si je supposais qu’après cela, je risquais de me faire accrocher au lit, c’était évident. Penchant la tête sur le côté, on entendait le souffle du vent, seul son que j’étais capable de percevoir sur le moment, car la question de Julian passait en boucle dans ma tête. « De l’air… Je manquais… Manque. D’air. ». Un long soupir sortit de ma bouche. « Je hais cet endroit. Je veux… J’aimerai rentrer chez moi. ». Fronçant les sourcils, comme s’il s’agissait d’une évidence, je refoulais la colère. La colère envers moi-même, envers ma folie et celle de mon frère, mais je me refusais de la laisser éclater, j’étais épuisé. Trop épuisé pour la laisser s’exprimer. Laissant un blanc s’installer entre nous deux, je repris finalement, ne prêtant pas attention à l’agitation dans le couloir. « Les jeux ont commencé ? ». Je fixais toujours l’écran, comme ailleurs mais incroyablement calme. Beaucoup plus qu’il y’avait quelques minutes plus tôt. « Je ne voulais pas t’inquiéter, excuse-moi, c’est juste que… ». Je pris une inspiration et reposai ma main sur mon flanc. « J’ai toujours tout fais pour tes idéaux, à partir du moment où tu t’es révélé au grand jour, j’ai dû faire attention à tout. Mes fréquentations. Maman, papa. Et même Callie… ». Mon cœur se serra en les évoquant. « Je pensais pouvoir avoir un peu de répit. Juste… Un peu. ». J’haussai les épaules avant de passer ma langue sur mes lèvres. « Ils appellent cet endroit le nid de la rébellion, je ne vois ici qu’un second Capitole. ». Le ton fut pour le coup un peu plus sec, et amer. Si les changements s’opéraient dans mon for intérieur, je restais toujours persuadé que la violence était la pire des ignominies. « Le 7 me manque… Ju’. Qu’est-ce qu’on a gagné jusqu’à maintenant ? Qu’est ce que tu as gagné jusqu’à maintenant dans cette « guerre » ? ». Mes yeux se brouillaient à nouveau de larmes tandis que ma voix se mettait irrémédiablement à trembler. J’avais mal, physiquement, moralement. Et je lui en voulais autant à lui qu’à moi-même. « Je t’en ai voulu. Pour ça. ». Je levais les yeux vers les murs métalliques. « Et je t’en veux peut-être encore… Mais je suis partagé, constamment. Je ne veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit, mais regarde où ça m’a mené ? Je ne dis pas que tout est de ta faute… C’est aussi la mienne. J’étais bien trop naïf… Mais ça fait un mal de chien. Un mal de chien… ». C’était comme si deux Clay se battaient en duel, l’un essayant de reprendre ses droits et sa place, l’autre tentant de faire justice et de s’inquiéter pour lui-même, comme si sa propre inquiétude pour sa personne avait été refoulée pendant des années. Pour ceux qui me connaissait bien, ça pouvait faire bizarre et confirmer certains doutes des membres du personnel du centre, mais je refusais de croire que j’étais fou. Les bruits devant la porte se firent plus insistants et impatients. Fixant toujours l’image, inlassablement, ce ne fut que lorsque le mur redevint noir que je compris que je ne reverrai pas les images de ma forêt. Un dernier murmure avant de tourner la tête en direction de la porte. « Ils arrivent. ». Instinctivement je me redressai et m’enfonçai un peu plus loin dans la pièce, dans un coin. A l’inquiétude de mon jumeau, je ne pouvais qu’imaginer le pire. « Qu’est-ce qu’ils font… A ceux qui les emmerdent ? ».
Jugeant que cela faisait trop longtemps, les troupes dégommèrent la porte. Des violents. Forcément. Je soupirai.
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