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 We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen

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We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen Vide
MessageSujet: We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen   We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen Icon_minitimeDim 18 Mar - 21:20

We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen Tumblr_lmynb4jxcK1qi2057o1_500

Un unique instant. Une respiration, un battement de cœur. Une fraction de seconde avant que tout bascule. Dehors, le vent hurlait, mais sa fureur ne parvenait pas à atteindre cette chambre, ce lit, ce couple enlacé. Une heure du matin. Il était presque temps, mais ils l'ignoraient. Ils se contentaient de s'aimer, avec toute la force et la passion dont ils étaient capables. Souffles qui se mêlent, vies qui se croisent, corps qui se cherchent et se trouvent... Puis, le silence. Le calme au milieu de la tempête. L'aube d'une nouvelle existence. Celle d’un enfant qui s'appellera Dawn.

Je regardais autour de moi en tournant la clé dans la serrure, pour m'assurer que personne ne m'observait. Comme une voleuse, alors qu'il s'agissait de ma propre maison. Je ne voulais voir personne. Pas même mes parents. Quelques heures de solitude, voilà ce qu'il me fallait. La maison me semblait étrangement vide sans mon mari. Il y avait un problème. Phœnix aurait déjà dû être là. Pourtant, j'étais presque soulagée qu'il soit absent. La confrontation n'aurait pas lieu tout de suite. En soupirant, je posai mon sac de voyage par terre. Cela faisait un mois que je n'étais plus revenue ici, et la poussière s'était déposée partout. Malheureusement, je n'avais pas le temps de nettoyer, ou même de me reposer. Plus tard dans la journée, je devais partir pour le district 12. La mission que Snow m'avait attribuée était, sans exagérer, quasi suicidaire. Il s'agissait d'envahir un camp de rebelles caché dans les forêts près du district. Je ne disposais que de peux d'hommes pour m'aider, à croire que le Président voulait que j'échoue. Ce travail ne me disait rien. A vrai dire, depuis plusieurs jours, j'avais le sentiment que je ne devais pas aller au district 12. Mon intuition ne me trompait jamais, mais je n'avais pas le choix. Les désirs de Snow étaient des ordres. Je fis chauffer de l'eau pour mon thé, et fis griller du pain. J'avais quitté le Capitole en toute hâte pour cette mission et je n'avais même pas eu le temps de prendre mon petit déjeuner. A vrai dire, je n'avais pas vraiment faim. Je m'assis devant la table vide, sans trouver le courage de sortir ma tasse et les couverts. D'un œil morne, je fixais les fleurs depuis longtemps fanées qui pendouillaient tristement hors du vase. Depuis un mois... Ma vie m'échappait complètement. Cela avait commencé innocemment, avec une bête dispute. Le genre de querelle qu'on peut oublier rapidement. Phœnix m'avait fait une remarque à propos de mon attitude déprimée, et j'y avais répondu avec véhémence. Puis, la situation avait rapidement escalé, jusqu'à ce qu'il parte en claquant la porte. Il était parti en mission au district 7 sans même me dire au revoir. A mon tour, j'avais été appelée au district 5. Là, le malheur m'avait de nouveau frappé de plein fouet. Il ne s'était pas manifesté sous la forme que j'attendais. J'avais rencontré une vieille amie, une Pacificatrice qui voyageait beaucoup. Notre conversation plaisante avait rapidement viré à la tragédie lorsqu'elle m'avait révélé... Lorsqu'elle m'avait dit... Je n'arrivais toujours pas à le concevoir... Lorsqu'elle m'avait appris que Phœnix m'avait trompée. Elle l'avait vu avec une jeune femme du nom de Siloë, et les avait suivis jusqu'à ce qu'ils disparaissent ensemble dans une chambre d'hôtel. Si quelqu'un d'autre m'avait raconté cela, je ne l'aurais peut-être pas cru. Mais je savais que mon amie ne me mentirait pas. Le ciel m'était tombé sur la tête. Une partie de moi traitait Phœnix de tous les noms et brûlait de l'abreuver d'injures, de le frapper. C'était aussi cette partie-là qui me donnait envie de traquer et de tuer cette garce qui l'avait séduit, cette partie qui me rendait folle de jalousie. Qu'avait-elle donc de plus que moi, cette femme que je ne connaissais même pas ? Pourquoi s'était-il laissé aller si vite dans les bras de son ancienne amante ? Mon amour ne lui suffisait donc pas ? J'étais vexée, et horriblement blessée. J'avais envie de bouder, comme un enfant. Non, j'avais envie de pleurer. De laisser couler mes larmes pour montrer à Phœnix à quel point il m'avait meurtrie. Comment allais-je encore pouvoir lui parler normalement... ou le regarder sans l'imaginer avec cette salope... ou le toucher alors que je savais qu'il avait aimé une autre femme ? En même temps… je mourrais d'envie d'éclater en sanglots dans ses bras et de lui dire à quel point je l'aimais. C'était bien ça, le côté triste de toute cette affaire. Malgré ce qu'il avait fait, je ne pouvais pas le détester. Je ne pouvais pas empêcher mon cœur de battre plus vite en pensant à lui.

Qu'allais-je dire à Phœnix ? Allais-je l'accuser ? Ou lui poser des questions ? L'engueuler ? Je me massai les tempes ; ma tête semblait prête à exploser. Pour couronner le tout, mon mari n'était pas le seul infidèle. Moi aussi, j'avais... Dieu, comment avais-je fait pour être aussi bête ? Oui, j'avais bu, beaucoup plus que de raison, mais cela ne justifiait pas mon attitude. Qu'avais-je donc cherché dans les bras de ce jeune homme du district 5 ? Du réconfort, sans doute. J'avais passé une nuit dans l'illusion que quelqu'un m'aimait encore. Je m'étais sentie spéciale, jolie, choyée. Heureuse, même. Les doutes que Phœnix avait fait naître dans mon esprit s'étaient évaporés. Malheureusement, pas pour longtemps. Le lendemain matin, le réveil avait été dur et j'avais dû affronter l'horrible vérité. J'avais fait à Phœnix ce qu'il m'avait fait. Pourquoi, je ne le savais pas. Par revanche, par désespoir, par envie de tendresse ? Je m'étais sentie honteuse. Coupable. Criminelle. Je croyais que j'avais touché le fond, mais le pire était encore à venir. Je m'étais disputée avec le Président. Non, en fait, il s'était contenté de m'écouter pendant que je hurlais les pires injures. J'avais craqué. Pour la première fois de ma vie. C'en était trop pour moi. Je ne supportais plus la pression qu'il mettait sur mes épaules, ses exigences, sa sévérité. Pendant les missions, je m'inquiétais sans cesse pour Phœnix, et cela me minait le moral. Je n'en pouvais plus. J'étais au bout du rouleau, au bout de mes peines, au bout de ma patience. Enfin, je le croyais, mais Snow m'avait appris que la situation pouvait encore être pire. Je portais encore toujours les cicatrices douloureuses de la punition magistrale qu'il m'infligea ce jour-là. Il m'avait fait crier jusqu'à ce que je n'aie plus de voix, plus de larmes à verser, plus d'énergie pour me rebeller. Puis, il m'avait envoyée au district 1. Sans me laisser le temps de me reposer ou de me reprendre. J'y avais rencontré Julian, et réussi de justesse à le sauver de la mort. Au lieu de me remonter le moral, mon vieil ami m'avait encore une fois rappelé que je n’étais qu’une tueuse. Un monstre. Croyant me remonter le moral, j'étais retournée au Capitole après ma mission. J'avais rendu visite à ma bonne amie Silayan. Encore une fois, c'était un mauvais choix. Mon amie n'allait pas du tout bien, elle s'interrogeait sur ses sentiments pour Hunter... et elle m'avait fait penser à des choses que je préférais éviter. Je lâchai un soupir et commençai à beurrer un toast. Perdue dans mes pensées, je pris une bouchée. Je fronçai les sourcils. Les toasts avaient-ils toujours eu cette odeur-là ? Et ce goût ? Je vérifiai le paquet de beurre, mais il avait l'air normal. Bon, je devenais peut-être folle. Je haussai les épaules et pris une nouvelle bouchée. Presque immédiatement, une vague de nausée m'obligea à me lever et à courir jusqu'aux toilettes. Accroupie devant le pot, j'étais parcourue de frissons et de haut le cœur. Qu'est-ce que j'avais ? Je me pliai en deux, prête à vomir, mais rien ne sortit. Finalement, je ressortis des toilettes, malade et tremblante. Je me sentais... Horrible. Je réussis à aller jusqu'à la salle de bains où je me regardai dans le miroir. « Qu'est-ce qui t'arrive, Aileen ? » Demandai-je doucement à mon reflet. J'y voyais une femme plutôt pâle, l'air fatigué, une main posée sur son ventre. Une main posée sur son ventre… La pensée que cette image éveilla en moi me fit l'effet d'un choc électrique. Comme si la foudre m'était tombée dessus. J'étais enceinte.

Non, c'était impossible... Pas moi. Pas maintenant. Non, non, non ! Et pourtant... Ces nausées matinales depuis quelques temps... Cette fatigue... Cette hypersensibilité... Etait-ce l'effet de mon imagination, ou mon ventre avait-il vraiment grossi ? « Non, non, ce n'est pas vrai... » Haletai-je. Je massai mon ventre, l'inspectai, me tournai et retournai devant le miroir pour le voir sous toutes ses coutures. Puis, lentement, une autre vérité s'insinua dans mon esprit. Cela faisait... longtemps... que je n'avais pas mes règles. Bien sûr, en bonne petite idiote, je n'y avais pas vraiment prêté attention. J'avais l'habitude d'avoir un cycle très irrégulier, surtout en période de stress. Mais là... Comment avais-je pu être aussi aveugle ? Il n'y avait qu'une explication : entre toutes les missions que je devais faire, et tout le travail que Snow me donnait en plus, j'avais complètement oublié mes règles. Je me précipitai dans la cuisine et regardai le calendrier. Je comptai et recomptai, une fois, deux fois, cinq fois. Pas d'erreur. J'étais en retard. Très en retard. Depuis... presque... Trois mois. Je fouillai fébrilement dans mon sac, et finis par en sortir une petite boîte. C'était Silayan qui me l'avait donnée, et j'avais jurée ne pas en avoir besoin... Mais je ne pouvais plus nier l'évidence. Je fis le test et observai la petite bande pendant qu'elle se colorait lentement, ôtant mes derniers doutes. Malgré tous les mensonges que j'avais inventés pour justifier les changements qui s'étaient passés en moi ces derniers temps, malgré toutes les excuses que j'avais trouvées pour mes nausées et ma fatigue, malgré mon refus de voir que mes règles étaient en retard... J'étais enceinte. J'attendais un enfant. Moi. Un bébé. Je n'arrivais pas à y croire. Je ne voulais pas d'enfants. Je ne voulais pas d'un mignon petit bébé qu'on pourrait m'enlever, à qui on pourrait faire du mal. Une créature fragile et innocente, que le monde cruel pourrait si facilement briser... Snow le voudrait. Non, il l'exigerait. Mon enfant, mon bel enfant, il voudrait l'utiliser comme il le faisait avec moi, et en faire son esclave. Sa pauvre marionnette. Sans volonté propre. Je ne voulais pas de cet avenir pour mon bébé. Je ne voulais pas qu'il grandisse dans ce monde violent et cruel où je vivais. Je ne supportais pas l'idée qu'on puisse lui faire du mal... ce qui me menait à une autre idée : je l'aimais. J'aimais cet enfant, depuis toujours. Je l'aimais tellement fort… et mes angoisses étaient en proportion avec mon amour. Le désir de le protéger, même si je devais tout sacrifier pour lui, je le ressentais déjà. Oui, malgré tout, égoïstement, j'avais envie d'avoir cet enfant. Je voulais le voir naître, je voulais lui donner des câlins et des jouets, je voulais entendre son rire, je voulais qu'il vive. Lentement, je m'assis sur une chaise et repoussai mon petit déjeuner avec une grimace de dégoût. Une certitude grandissait peu à peu en moi. Je posai de nouveau mes mains sur mon ventre. Je ne pouvais pas encore le sentir bouger, mais je savais qu'il était là... Mon bébé. Une fille, un garçon ? Cela m'était égal. Je lâchai un petit rire étranglé. Le bonheur que je ressentais, pour la première fois depuis longtemps, me faisait tourner la tête. Puis, rapidement, une nouvelle pensée effaça cette joie. Je devrais le dire à mon mari. Bon sang, comment allais-je le lui dire ? Serait-il heureux ? Voulait-il ce bébé? Et si... s'il était d'accord, ou s'il voulait lui-même que notre enfant devienne un soldat de Snow ? Un tableau bien pire encore se forma dans mon esprit : et si le Président voulait que j'avorte ? S'il exigeait que je tue cette créature merveilleuse qui était en train de grandir en moi ? Cette pensée me rendait malade. Je posai mes deux mains sur mon ventre, comme pour protéger mon enfant. « Ils ne te feront pas de mal, bébé. » Chuchotai-je. « Ils ne t'auront pas. » C'était une promesse. Un serment. Mais je ne savais toujours pas ce que j'allais faire. Je pouvais peut-être encore cacher ma grossesse pendant quelques temps... Mais après, cela se verrait. Mon amie Silayan l'avait deviné, même avant que j'ose me l'avouer. Et puis... Il faudrait que je m'arrête de travailler, aussi. Je n'osais même pas imaginer ce qui pourrait aller mal pour une femme enceinte pendant une mission. Je risquais de perdre l'enfant. Je soupirai. Dans quel guêpier m'étais-je encore fourrée ?

Soudain, le bruit que j'attendais et que je redoutais me sortit de mes pensées : celui d'une clé qu'on tourne dans la serrure. Phœnix était rentré. Je me forçai à rester assise calmement. D'habitude, j'aurais tout de suite sauté au cou de mon mari... Mais je ne m'en sentais pas capable. J'avais l'impression que sur mon front, en grandes lettres clignotantes, il était marqué : « Enceinte ». Ou « Infidèle ». Je posai mes mains devant moi sur la table pour les empêcher de trembler. Oui, j'allais rester calme. Bien sûr. Il suffisait de respirer lentement... Oui. Non. Toutes mes bonnes résolutions s'envolèrent lorsque Phœnix entra. Tous les discours que j'avais préparés et répétés, tout ce que j'avais prévu de lui dire et de ne pas lui dire, tout s'envola de mon esprit et je restais muette, à le regarder. Non. Pas... ça. Pas ce que j'avais redouté depuis notre mariage. Il avait mauvaise mine. Et son visage... Oh, Dieu, son beau visage... était traversé par un bandeau. Un bandeau sur son œil gauche. Il n'avait quand même pas... Non, c'était une horrible plaisanterie... Il n'avait quand même pas perdu son œil ? Cette pensée me transperça le cœur. Il avait souffert, et je n'avais pas été à ses côtés pour le soutenir. « Phoenix... » J'avais du mal à parler. Mon cœur cognait dans ma poitrine, et tous les mots que je voulais lui dire se bousculaient sur mes lèvres. « Qu'est-ce qui s'est... passé ? » Je me sentais mal. Et soudain, toute l'inquiétude, la colère, la tristesse, la peur mais aussi la joie que je ressentais à sa vue, tout cela devint trop difficile à supporter. Je me levai, et sans réfléchir, me jetai dans ses bras. Plus rien n'avait d'importance. Il était là, et il était vivant : c'était ce qui comptait. Je me rendis compte que je pleurais de soulagement, en caressant son visage, en le touchant pour m'assurer qu'il était réel, en déposant des baisers mouillés de larmes dans son cou. Il m'avait affreusement manqué. « Phoenix... Phoenix... » Je répétais son nom, comme une formule magique. Comme si cela pouvait effacer tout ce qui s'était passé ce dernier mois. « Pourquoi ? » Murmurai-je, le visage enfoui dans son uniforme. Oui, pourquoi ? Pourquoi m'avait-il trompé ? Pourquoi l'avais-je trompé ? Pourquoi étais-je enceinte ? Pourquoi avait-il… perdu son œil ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi, le destin s'acharnait-il toujours sur nous ?
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We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen Vide
MessageSujet: Re: We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen   We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen Icon_minitimeMar 20 Mar - 7:52

Il souriait, ne pouvant la quittant du regard un instant. Leurs yeux s’étaient rencontrés dans cette ultime étreinte pour ne jamais plus se quitter. Leurs souffles se mêlaient dans le silence de la nuit qui les entourait. Il tenait de ses poignets dans ses mains, la dominant, sans aucune violence. Profondément, il s’immisçait en elle, il goûtait à son intimité, à sa proximité. Il l’aimait. Il sentit les vagues du plaisir les engloutir, les noyer dans une bulle d’extase. Durant cet instant ultime, passionnel, éternel. Alors qu’ils ne faisait plus qu’un. Deux âme sœurs, qui s’étaient enfin retrouvées…

Il avait paresseusement posé sa tête contre la vitre du train à grande vitesse dans lequel il se trouvait. Il était assis dans ce train depuis presque trois heures et il commençait à se sentir devenir fou. Autour de lui les odeurs de sueurs, de fumée et de sang se mêlaient lui donnant la nausée. Mais Phoenix était habitué à la présence désagréable de ses collègues pacificateurs. Les effluves qu’ils laissaient derrières eux n’étaient rien comparé à leurs blagues grossières et leurs regards insistant. Soupirant, Phoenix fourra sa main dans la poche de son pantalon blanc immaculé et en sortie une boite en métal. L’ouvrant il découvrit trois joints soigneusement roulés. Le pacificateur en porta un à sa bouche et prenant le briquet qui se trouvait sur la table il l’alluma et en tira une première bouffée. L’effet fut immédiat. Se calant un peu plus sur son siège, il sentit la douleur de son œil s’atténuer, et l’odeur autour de lui devenir plus supportable. Alors seulement il se rendit compte du stresse qu’il ressenti, l’appréhension qu’il avait de rentrer chez lui. Pourtant il devrait être plus qu’heureux à l’idée de rejoindre le district deux. Et plus encore à l’idée de retrouver sa femme. Il sourit, comme souvent lorsque ses pensées le menaient vers Aileen. Elle était sa raison de vivre. Sans elle il n’était qu’un homme comme les autres, un pacificateur qui se laissait guider par son désir de sang, et les ordres donnés par le Capitole. Un être sans conscience et sans volonté propre. Une simple machine programmée pour complaire aux ordres de Snow, ou à celle d’Eli, ce qui revenait au même finalement. Mais Phoenix avait la prétention de croire que lorsqu’il se trouvait avec Aileen il pouvait choisir d’être humain. D’être un homme et non plus seulement une machine sans cœur, sans état d’âme et sans espoir. Sans futur possible, condamné à une mort rapide et jeune. Il s’étonnait parfois d’être encore en vie. Combien de personne avait-il tué ? Ne méritait-il pas cent fois la mort pour ces crimes qu’il avait commis ? Quant bien même ce serait au nom de la loi ? Non. Il tira une seconde bouffer. Il sentait son esprit s’évader, partir vers des pensées qu’il s’interdisait d’avoir. N’avait-il pas le droit de simplement choisir d’être un homme avec des convictions différentes de Snow. Ne pouvait-il pas penser que ces rebelles avaient peut être raison de jouer le jeu dangereux de la guerre ? S’ils étaient portés à croire que leurs revendications étaient justifiées ? Est-ce que véritablement il était dans la morale ? La justice qui régnait à Panem n’avait-elle pas quelque chose d’insensée, de misérable, d’odieuse ? Il se mit à rire, un rire nerveux. Il se rendit compte alors qu’il se trouvait encore trois pacificateurs dans le même wagon que lui qui le regardaient comme s’il était fou. Peut être l’était-il en outre. Après tout il était sans doute le seul pacificateur à Panem qui était capable de parler en tête à tête avec le Chef sur un ton moqueur sans craindre de se prendre une balle entre les yeux. Phoenix leur offrit un sourire enjoliveur et ces derniers détournèrent le regard. « Crétins… » Maugréa le jeune homme en portant son joint à sa bouche. Il jetta un coup d’œil à la fenêtre alors qu’il eut soudainement l’impression que le train se mettait à ralentir. Il reconnut le village des vainqueurs du district deux, brillant sous les premiers rayons du soleil. Le pacificateur se leva alors, prit son sac et quitta la pièce sous les chuchotements de ses collègues.

Il ne savait pas d’où lui venait l’impression que tous les regards étaient tournés vers lui, mais c’était une situation très désagréable. Phoenix était porté à devenir franchement paranoïaque à cause de leurs conneries. Il en venait à croire qu’il avait quelque chose d’inscrit sur le front : « borgne » « crétin » « masochiste » … « infidèle ». Il grimaça. Il s’était interdit de repenser à cette soirée dans le district sept. Principalement parce que cela ne servirait sans doute à rien d’y penser encore et encore. Que pouvait-il changer à présent à ce qu’il s’était passé ce soir-là avec Siloe ? Il pouvait sans doute le regretter, mais cela ne le rendrait pas moins coupable. Il pouvait sans doute avoir aimé cela, mais alors il n’en était pas moins un salopard de première catégorie. Il pouvait peut être omettre de le dire à sa femme, mais alors il n’était pas moins criminel. Et pire encore, il avait la conviction qu’elle finirait par le savoir. Aileen n’ignorait rien de ce qu’il se passait à Panem, alors l’infidélité de son propre mari … ce n’était sans doute pas une chose qui risquait de lui être inconnue. Phoenix n’aimait pas cette perspective, mais quelque part il espérait qu’il n’aurait pas besoin de lui en parler avant qu’elle l’assaille de coups et d’injures. Il ne supporterait sans doute pas de la regarder dans les yeux lui avouant ses fautes, avant de voir passer son désarroi, sa tristesse et pire, sa déception dans son beau regard bleu clair. Son regard qui ne manquerait sans doute pas de redevenir froid comme la pierre. Il la perdrait. Il ne le supporterait pas. Pire encore que de la décevoir il avait surtout peur de la perdre. Il ne voulait pas qu’elle se retrouve seule. Il avait le désire de la sauver : d’elle, de ses crimes, de ses cauchemars, de Snow. Il voulait être celui qui la sauverait d’elle-même. Il avait tous les instruments en main pour le faire, il ne l’ignorait pas. Paradoxalement, il savait qu’il pouvait aussi s’en servir pour la détruire et c’est bien ce qu’il avait – apparemment – convenu de faire en la trompant. Crétin. L’injure n’était pas même assez forte pour le sentiment qu’il entretenait envers lui-même. Il se dégoûtait. Il se haïssait. Le seul espoir qu’il pouvait encore entretenir c’était celui de voir Aileen le pardonner un jour. Un jour … Lui serait incapable de se pardonner pour ce qu’il lui avait fait. Elle, si aimante, fidèle. Elle qui lui avait prouvé son amour. Elle qui avait sans doute besoin de lui plus que jamais alors qu’elle avait pris la décision de préserver son humanité en arrêtant de prendre ses médicaments. Elle qui risquait chaque jour de sombrer un peu plus dans sa dépression. Tu sais ce que tu mériterais Phoenix ? Une balle. Une balle entre les deux yeux pour avoir été un tel connard avec la femme que tu dis aimer le plus au monde. Une brulure soudaine le fit revenir à la réalité. Il lâcha un juron alors que son joint calciné tombait à ses pieds. Il l’écrasa d’un geste violent et attendit que les portes du train s’ouvrent devant lui. Il sortie dans la neige du district deux, le sac de voyage sur l’épaule et regarda le train continuer sa route jusqu’au Capitole. Il lui fallut quelques minutes avant de se décider à prendre le chemin de chez lui. Mais le désire de revoir Aileen était plus fort que sa peur de la voir lui annoncer son départ quand il arrivera.

Et si elle était déjà partie ? La peur le prit au ventre et le pacificateur se mit alors à marcher rapidement jusqu’à chez lui. Il prit un véhicule sur le chemin et se fit conduire jusqu’à proximité de la maison qu’il avait acheté avec Aileen quelques temps avant leur mariage. Le soleil était à présent levé sur le district et les gens commençaient à sortir pour travailler. Quelques pacificateurs tournaient déjà sur la grande place de l’hôtel de ville. Phoenix observait ce monde de son œil valide et soupira. Il pensa que peut être c’était une des dernières fois qu’il voyait ce spectacle. Après tout, il était sur le point de se jeter dans la gueule brûlante du district treize en espérant en ressortir sans plus de dommage que la blessure de guerre qu’il portait déjà. Les Peacekeepers Games comme les avait si fièrement annoncés son chef, étaient à présent lancés. Dans quelques jours, les meilleurs pacificateurs du pays partiront pour une mission suicide au district treize. Phoenix ignorait ce qui l’attendait là-bas, et ne voulait sans doute pas le savoir. Il se laisserait porter par l’adrénaline. Ces derniers temps il marchait surtout à cela. Pour oublier la dispute qu’il avait eu avec Aileen avant de partir pour le district sept. Pour oublier sa frustration d’être loin d’elle, la peur qu’il avait toujours encrée en lui d’apprendre sa disparition ou sa mort. Il avait accompli diverses misions, pour la plupart réussi. Sa mission au district sept avait été la plus longue et la moins évidente sans doute mais les trois rebelles qu’il avait eu à assassiner étaient belle et bien mortes. Et sans plus de dommage que cela. Suite à quoi, ses missions de reconnaissance dans le district neuf c’était passés sans dommage. Jusqu’à ce qu’il tombe sur ce misérable Thybalt. Phoenix ne pouvait pas expliquer ce qu’il s’était vraiment passé ce soir-là. La colère, la haine qu’il ressentait à l’égard du rebelle l’avait poussé à faire quelque chose de stupide. Il s’était retrouvé avec un œil en moins. Sa seule satisfaction était de savoir qu’avec ses côtes fêlées et sa jambe cassée Thybalt avait sans doute autant souffert que lui. Suite à cette désagréable rencontre, Phoenix avait été rapatrié dans l’hôpital le plus proche où il avait été mis dans le coma pendant deux jours, histoire que la douleur devienne supportable. Suite à cela il avait dû encore supporter trois jours d’observation. Son œil était fichu, mais la bonne nouvelle était qu’avec les recherches récentes qui étaient effectués il devrait sans doute pouvoir en recevoir un nouveau dans quelques mois. Le pacificateur s’était contenté de lancer un regard indifférent aux médecins qui montraient un enthousiasme stupide. La chance qu’il avait eut c’est que les connexions entre son œil et son cerveau n’avaient pas été endommagés. Quelque chose dans ce gout-là. En somme, il semblait avoir eu de la chance. Ironie du sort, il était un tireur d’élite qui n’avait plus aucune notion des distances. Il devra supporter quelques missions ratées et c’était bien cela qu’il supportait le moins. Ca avec les boucheries. Et avec un œil en moins il était sur de rater ses cibles à présent. Dire qu’il était en colère était un euphémisme. Il serait sans doute capable de détruire le monde. Il en voulait à la terre entière et particulièrement à lui-même pour avoir été aussi stupide. Marchant dans la neige, il se rendit compte qu’il se trouvait bientôt chez lui. Il aurait rentré beaucoup plus tôt mais une réunion de dernière minute l’avait appelé dans le district onze.

Il s’était rendu compte que son ancien district lui manquait parfois. Les choses étaient plus violentes, moins faciles là-bas, et de ce fait, les missions de routines étaient plus appréciables que dans le district deux, sur lequel le Capitole avait la main mise depuis des années. Les moutons du Capitole n’étaient pas très enclin à aller contre les règles que ce dernier édicter. Surtout parce que cela ne les dérangeait pas plus que cela. Alors, retrouver les rebelles quotidiens du district onze, même pour quelques jours, avaient eu un effet bénéfique sur l’humeur de Phoenix. Il n’en avait tué qu’un, torturé deux ou trois. Pas plus, mais ces retrouvailles avec le sang lui avait été nécessaire. Surtout sur un terrain aussi connu que le district onze. Suite à cela il avait participé à la courte – mais très édifiante – réunion donnée par le chef Farnwell. Durant laquelle Phoenix avait appris la nouvelle de cette prochaine mission dans le district treize. Dans l’équipe où il se trouvait, il était accompagné de charmant camarade, et de la charmante fille du Chef. A cette perspective Phoenix sourit. Il appréciait Emilia, elle avait à une année près son âge, et était aussi motivée que lui à l’idée de décapiter du rebelle. La jeune femme avait quelque chose de fougueux qui plaisait au pacificateur. Elle était une collègue de talent. Une collègue, une amie tout au plus. Grognant Phoenix arriva devant chez lui. Il vit une ombre passée la fenêtre de la cuisine, et il sentit son corps se décontracter. Il se rendit compte qu’il reprenait son souffle, comme s’il était resté en apnée, en attendant de savoir si effectivement Aileen l’avait quitté sans même une injure. Mais elle était là, il avait encore une chance de la convaincre de lui pardonner. Et si effectivement elle ignore tout encore … Phoenix restait indécis pendant un court instant. Il ne voulait pas vivre une vie où il serait dans l’obligation de se justifier chaque fois qu’il parlerait à une autre femme. Il était un coureur, il l’avait toujours été. C’est pas une excuse. Non, mais c’est tout ce qu’il avait. Montant les escaliers jusqu’au perron, il resta un instant devant la serrure il resta un instant à l’observer sans oser faire un seul mouvement. Il inspira, et prenant sa clé, il essaya de viser la serrure. Mais n’y parvint pas. Il resta ainsi quelques minutes a essayé de viser la serrure, et se mit à rager contre lui-même lorsqu’enfin elle s’inséra dans le trou. Il la tourna. C’était ouvert. Evidemment, tu as bien vu qu’elle était présente à l’intérieur. Il avait sans doute eut besoin de se persuader qu’il pouvait encore viser un simple trou de serrure. Il sentit la colère lui obstruer la gorge alors qu’il entrait chez lui. « Phoenix... » Il déposa son sac de voyage, tout en regardant sa femme. Devant lui, il vit le visage de cette dernière se décomposer et il fit un pas vers elle. Son cœur battait à la chamade. Il se rendit compte de la force – douloureuse – du manque qu’il avait d’elle. Il ne comprenait pas pourquoi elle était si loin de lui. Il vit posé sur la table de la cuisine une tasse de thé et une tartine à peine entamée. Loin d’elle, aussi, comme si elle les avait repoussé. Cela étonna le pacificateur, mais avec ses médicaments peut être Aileen avait-elle du mal à trouver l’appétit. Il ne sut que faire, comment réagir, encore moins devant le choc que sembla vivre Aileen. Il eut du mal à comprendre à première vue. « Qu'est-ce qui s'est... passé ? » De nouveau il ne savait que répondre, ses mots se bousculant dans sa gorge : je t’ai trompé, je te déteste, je m’en veux, je me suis battu, j’ai perdu un œil, je vais partir pour le district treize, je t’aime. Il restait sans bouger, la fixant de son seul œil valide. Elle était toujours aussi belle. Il eut envie de fondre sur elle, de lui hurler son amour, de lui montrer la violence du feu qui l’avait envahi dés qu’il l’avait revue. Comme si elle avait entendu son appel Aileen se jeta soudainement dans ses bras. Son visage n’avait rien pour rassurer Phoenix. Elle semblait véritablement bouleverser. Beaucoup trop pour que cela ne soit justifier que par une simple histoire d’œil. « Aileen.. » Chuchota-t-il en la regardant, alors qu’elle touchait son visage avec une sorte de frénésie qui inquiéta le jeune homme. « Phoenix... Phoenix... » Scandait-elle à la manière d’une prière. Le jeune homme la regardait, impuissant face à son désarroi. Elle finit par cacher son visage dans l’uniforme blanc que Phoenix arborait encore, n’ayant pas eu le courage de se changer depuis la réunion. « Pourquoi ? » Le chuchotement d’Aileen arriva à peine aux oreilles de Phoenix.

Il resta indécis un court instant, mais naturellement, ses bras avaient entouré la jeune femme dans une étreinte amoureuse, protectrice. Il posa son nez dans la chevelure de la jeune femme, retrouvant son odeur. Ce parfum qu’il aimait tant. Son cœur faisait des bonds de joie dans sa poitrine, mais il gardait un mauvais pressentiment. Il n’aimait pas voir Aileen aussi perdue. « Ce n’est peut être pas la réponse que tu attends mais je t’aime. » répondit-il avec un sourire presque rêveur. Elle devait le savoir. Et encore cela lui semblait être un euphémisme face aux sentiments réels qu’il avait pour la jeune femme. Il l’aimer, et plus encore, il était sien. Il lui revenait toujours, parce qu’elle était sa raison de vivre. Se battre pour elle. Pour qu’elle survive. Pour qu’elle vive enfin une vie à laquelle elle n’avait fait que rêver jusqu’à présent. « Calme-toi mon amour. » Murmura-t-il en caressant les cheveux roux d’Aileen avec douceur. Il posa son doigt sous le menton de la jeune femme et l’obligea à le regarder… dans son œil. « Qu’y a-t-il Aileen, pourquoi as-tu l’air si bouleversée ? » demanda-t-il d’une voix douce. Il caressa la joue de sa femme et tenta de lui sourire. La réponse pouvait sans doute paraître évidente. Découvrir soudainement que son mari était devenu borgne était un choc, mais Phoenix restait persuadé qu’il y avait plus. Son regard triste, presque désespéré, lorsqu’il était entré été déjà présent avant la stupeur de le voir blessé. Il ne pouvait pas supporter de la voir souffrir. C’était une des raisons qui le poussaient à vouloir rester auprès d’elle. La sauver de cette souffrance. Sauf que cette fois, c’est lui qui en était l’origine.
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MessageSujet: Re: We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen   We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen Icon_minitimeVen 13 Avr - 20:41

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Je me sentais bien. Soulagée. Libérée. Sereine. Sans vraiment savoir pourquoi. Je souriais, sans ouvrir les yeux, de peur que cet instant de bonheur éclate comme une bulle de savon. J'écoutais la respiration régulière de Phoenix, allongé à côté de moi. Même en dormant, il n'avait pas lâché ma main. Peu à peu, les images de la nuit merveilleuse que j'avais passée avec lui me revinrent. Un soupir m'échappa. J'avais déjà eu plusieurs amants, mais... ce n'était pas la même chose. Ils venaient du Capitole ; fils d'industriels ou de juges riches, ils n'avaient jamais dû travailler de leur vie et participaient à toutes les fêtes. Ils étaient élégants, raffinés, charmants et drôles. Pendant quelques semaines, ils me distrayaient et m'amusaient. Parfois, lorsqu'ils suscitaient vraiment mon intérêt, je me laissais aller à accepter leurs baisers, et même à coucher avec eux. Ces relations n'étaient pas faites pour durer ; je ne les entretenais que pour fuir la solitude et je me lassais assez rapidement de mes amants. Phoenix... Il était différent. Lui seul avait réussi à toucher mon coeur, à voir au-delà des apparences pour découvrir la femme qui se cachait sous le masque rigide du Général Carter ou les sarcasmes de la fille gâtée du Capitole. Cette nuit... Je ne savais pas expliquer ce qui s'était passé, ou pourquoi j'avais cédé à la tentation. Je savais pertinemment que je n'avais pas le droit d'entretenir des relations, même amicales, avec mes subalternes. En tant qu'officier, je devais donner l'exemple. Pourtant, j'étais sûre de ne pas être la seule à agir ainsi ; un chef Pacificateur que je connaissais bien adorait mettre ses jeunes collègues dans son lit. Tout le monde le savait, mais personne ne le lui reprochait. Cependant, ce que j'avais fait avec Phoenix était différent. Ce n'était pas une simple affaire de coucherie. Au-delà de l'attirance physique que j'éprouvais pour lui, il y avait autre chose... Quelque chose que je n'osais pas définir. Je n'avais pas envie de le laisser partir et de faire comme si de rien n'était. Je ne voulais pas que cette première nuit ensemble soit aussi la dernière. Il me donnait l'impression... que j'étais quelqu'un.Quelqu'un de bien, quelqu'un qui gagne à être connu. Alors, je tremblais de peur à l'idée qu'il puisse briser le fragile pont de confiance et d'affection que j'avais commencé à construire entre nous. Je me sentais infiniment vulnérable, ce qui était une sensation nouvelle et effrayante pour moi. J'avais l'habitude d'être celle qui commandait, celle qu'on craignait, toujours l'arme au poing. A présent, je découvrais une nouvelle force, une sensation qu'on ne m'avait pas appris à combattre, un ennemi invisible. C'était Phoenix qui avait toutes les cartes en main pour me vaincre. Il me connaissait vraiment, même si avant cette nuit nous n'étions que collègues, et il pouvait donc aisément me blesser. J'étais perdue. J'étais perdue dès l'instant où je l'avais regardé dans les yeux, ces maudits yeux aussi sombres et séducteurs que la nuit et qui semblaient refermer mille possibilités tentatrices, mille rêves interdits. A cet instant-là, je ne m'en doutais pas encore, mais j'avais déjà commencé à lui donner mon coeur. Mon affection pour lui était l'arme mortelle que je lui avais donnée sans réfléchir. Oui, pour une fois, la grande Aileen Carter était faible. Il avait inversé les rôles. Du chasseur, j'étais devenue la proie. Une proie qui, malgré ses efforts pour échapper à son prédateur, n'avait pu cacher son plaisir d'être capturée. Oui, je l'avais évité. Oui, j'avais essayé de nier mes sentiments pour lui. Mais hier soir... Je l'avais emmené chez moi en sachant pertinemment ce qui se passerait, en sachant que je ne pourrai pas résister. Il m'avait embrassée, et j'avais chancelé avec l'impression que ses lèvres s'étaient posées sur mon âme et m'avaient mise à nu. Encore maintenant, le souvenir de ce baiser et de la brûlure presque douloureuse de désir qu'il avait suscité en moi réussit à m'émouvoir. Je touchai mes lèvres comme pour y chercher la trace de celles de Phoenix, la preuve que cet instant avait existé. Un petit rire m'échappa. Je me comportais comme une adolescente qui vient de recevoir son premier baiser. Une jeune écervelée. J'ouvris enfin les yeux et me redressai, en retirant doucement ma main de celle de Phoenix. Un mince rayon de soleil avait réussi à trouver une faille dans les rideaux et donnait à la peau de Phoenix une couleur dorée. Je ne pus m'empêcher de le contempler en pensant à la nuit passée... A ses caresses qui avaient enflammé ma peau, aux choses tellement belles et folles qu'il avait chuchotées à mon oreille, à ses baisers. Après, il m'avait avoué que c'était la première fois pour lui, et cela m'avait étonnée. Il avait fait preuve d'une telle assurance... Et je pensais qu'un homme comme lui était du genre à multiplier les conquêtes. J'eus soudain un goût amer dans la bouche : et si je n'étais pour lui qu'un jouet d'une nuit ? Je secouai la tête ; je ne pouvais pas penser à ça. Alors, je me penchai pour réveiller Phoenix d'un baiser.

« Phoenix, je te trompe. » Non, c'était trop direct. « Phoenix, je dois te dire quelque chose... » Je n'allais pas tourner autour du pot non plus ! « Phoenix, ne sois pas fâché... » Bien sûr qu'il serait fâché. Il en avait parfaitement le droit. « Phoenix, j'étais fatiguée, triste et ivre... » Ce n'étaient pas des excuses. Rien ne pouvait excuser ce que j'avais fait. Depuis cette nuit où j'avais trompé mon mari, je ne cessais de me représenter la scène où je lui révèlerais ce que j'avais fait. Je me préparais à implorer son pardon, à subir sa colère, à me défendre avec mille et une excuses. Une peur affreuse avait planté ses griffes dans mon coeur et empoisonnait sans cesse mes pensées. Et s'il me quittait ? S'il ne voulait plus de moi après ce que j'avais fait ? Ou pire : s'il préférait aller vivre avec son amante ? J'enfouis mon visage dans mes mains pour étouffer le cri qui montait en moi. Même si j'étais furieuse parce que Phoenix m'avait trompée, je ne voulais pas divorcer. Je l'aimais trop, voilà la triste vérité. C'était lui qui m'avait empêchée de sombrer dans la violence de mon métier. Lui qui m'avait appris à aimer. Lui qui était le père de mon enfant. Mon bébé. Si petit, si fragile. Mon petit trésor que je souhaitais garder dans mon ventre pour toujours, afin de lui épargner de vivre dans un monde si cruel. Je l'aimais déjà. De tout mon coeur. Je posais ma main sur mon ventre comme si je pouvais ainsi sentir la présence de l'enfant et le caressais doucement. Une berceuse que ma grand-mère m'avait apprise me revint, et je la chantai à voix basse. Puis, je poussai un long soupir et m'assis devant la table, repoussant les restes de mon petit déjeuner. Ma petite fille... Je ne pouvais évidemment pas encore savoir avec certitude qu'il s'agissait d'une fille, mais pourtant... Je fis le voeu solennel que je n'allais pas laisser ma fille entre les griffes de Snow. Pas comme mes propres parents m'avaient vendue, pour redorer le blason familial. Le Président ne toucherait pas à ma fille. Jamais. Si c'était possible, je lui aurais caché ma grossesse... Mais je devais le dire, car je devais obtenir son accord pour ne plus participer à des missions. Pendant un combat, tout peut arriver. Un coup dans le ventre, une mauvaise chute, une balle perdue... Autant d'éléments qui pouvaient causer la mort de mon enfant avant même qu'il n'ait le temps de naître. Je voulais la protéger. J'inventais déjà des centaines de surnoms et les prononçais à voix haute pour voir l'effet que cela ferait. Mon petit rossignol, mon chaton, ma rose, mon trésor, ma princesse... Mon diamant, ma marguerite, mon soleil... Mon flocon de neige, mon petit lapin... Ma fille. Et moi, je serai... maman. Maman Aileen. C'était étrange. Je ne me voyais pas comme une mère. Certes, j'aimais les enfants, je savais m'occuper d'eux, cuisiner des bons petits plats et inventer des histoires loufoques. J'avais changé les couches de ma petite soeur, je lui avais fait répéter ses leçons, je l'avais consolée lorsqu'elle avait peur de l'orage. Mais cela faisait-il de moi une bonne mère ? J'en doutais. Avec mon métier... Je risquais de mourir tôt. Je ne me faisais aucune illusion à ce propos, mais à présent, cela m'angoissait. Mourir signifierait abandonner ma fille aux mains de Snow. Et puis... Plusieurs fois déjà, j'avais été victime de représailles des familles de ceux que j'avais tués. Je connaissais le danger... Mais si quelqu'un voulait faire du mal à ma fille pour m'atteindre ? L'enlever sur le chemin de l'école, la rouer de coups, la tuer... Ces visions d'horreur me donnèrent la nausée. Snow, les rebelles... C'étaient des menaces pour mon enfant. S'il fallait que je parte, que je m'enfuie, même si je devais pour cela trahir le Capitole et ma famille... Je le ferai. Pour mon enfant. Rien ne pourrait me retenir. Depuis que j'avais découvert que j'étais enceinte, j'étais partagée entre joie, horreur et peur, et cela avait éveillé mon instinct protecteur. Une tigresse traquée, voilà ce que j'étais. Un animal qui prend soin de ses petits avec douceur mais se montre impitoyable envers ses ennemis. Cette pensée m'arracha un sourire. Puis, soudain, une nouvelle idée s'imposa dans mon esprit avec la violence d'un coup de poing. Cela me rappela le jour où j'avais voulu surveiller une conversation entre mon père et le Président, alors que je n'avais que 6 ou 7 ans. J'étais passée par la fenêtre de ma chambre et j'avais grimpé sur le toit de la véranda pour les espionner. Ils parlaient de ma petite soeur Rosie. Snow voulait l'enrôler dans son armée, comme moi. J'étais furieuse. Non, pas Rosie, pas la délicate Rosie, qui était faite pour devenir styliste ! Elle ne tiendrait pas cinq minutes pendant un combat. J'étais révoltée. Alors, je m'avançai d'un pas, un tout petit pas de plus... Et je passai à travers du toit. Je m'étais cassé le poignet, et il avait fallu de nombreux points de suture après avoir ôté les éclats de verre de ma peau. Pourtant, je me fichais de la douleur, et j'avais simplement hurlé : « JE M'Y OPPOSE !!! » en fusillant mon père et Snow du regard. J'avais mal, mais je ne pensais qu'à ma petite soeur et au traitement inhumain qu'ils prévoyaient pour elle. L'horreur que j'avais éprouvé pendant ma chute, ainsi que la sensation que mon coeur remontait brusquement dans ma poitrine... Voilà ce que je ressentais à présent. Cette sensation de tomber dans le vide. Phoenix était un habitant du district 2, à présent. Moi aussi. Nous n'étions pas nés au Capitole. Alors... nos enfants... ma fille... pourrait être moissonnée. Moissonnée. Moissonnée. Envoyée aux Hunger Games. Massacrée par d'autres gamins. Ma fille. Non. C'était tout simplement intolérable. Pas elle ! Je me mettrais à genoux s'il fallait, je supplierais Snow, je ramperais devant ses pieds, j'accepterais toutes les missions, je ferais tout ce qu'il voudrait, je lui offrirais tout ce que je possédais... Si seulement cela pouvait éviter à mon enfant d'être moissonné. Mon enfant, mon bel enfant dans l'arène au milieu de tous ces fous assoiffés de sang... Je ne le supporterai pas.

Soudain, un bruit me fit sursauter. Une clé qu'on tourne dans la serrure. Phoenix était arrivé. Reprends-toi, Aileen! J'étais au bord des larmes, et il fallait que je me ressaisisse. Oui, j'allais rester calme, j'allais rester calme, calme, calme... Je levai les yeux pour regarder Phoenix, et pour la deuxième fois, j'eus l'impression qu'un gouffre s'était ouvert devant mes pieds et que j'étais tombée dedans. Son oeil... oh mon Dieu, qu'est-ce qui s'était passé avec son oeil ? Il portait un bandeau. J'étais au bord de la nausée. Il s'était battu. Il s'était battu avec un rebelle sanguinaire, qui lui avait crevé l'oeil. Sans doute avait-il passé plusieurs jours à l'hôpital... et personne ne m'avait averti. Personne. Phoenix fit un pas vers moi, comme attiré par un aimant. Mon coeur tambourinait dans ma poitrine, et j'avais l'impression qu'il allait s'échapper. C'était trop. Trop en une fois. Je réussis à poser une question, mais Phoenix ne répondit pas. Il me fixait sans bouger, sans que je réussisse à déchiffrer son expression. Peur, remords, désir ? « Aileen. » Chuchota-t-il. Je tressaillis, comme si une abeille m'avait piquée. Je me jetai dans ses bras, touchant son visage pour m'assurer qu'il était bien là, en sécurité, avec moi, pleurant de soulagement, scandant son nom comme une incantation. Je finis par cacher mon visage dans son uniforme en murmurant d'une toute petite voix : « Pourquoi ? ». Il se tut pendant quelques instants, avant de me prendre dans ses bras. Comme avant. Il enfouit son visage dans mes cheveux et je ne pus retenir un soupir d'aise. J'étais tellement bien... La proximité de Phoenix avait éveillé le vague désir qui sommeillait en moi ces dernières semaines. J'avais envie de lui. Envie de ses baisers, de ses caresses. Envie de faire l'amour. Un mois, je ne l'avais pas vu pendant un mois... et je mourrais d'envie de lui montrer à quel point il m'avait manqué. « Ce n’est peut-être pas la réponse que tu attends mais je t’aime. » Finit-il par répondre d'un ton tellement innocent que mon coeur chavira. Etait-ce la vérité ? Je l'espérais, de toutes mes forces. Je devais répondre quelque chose, je le sentais. «Je t'aime aussi. » suffirait déjà. Mais je ne parvenais pas à parler. Les mots me restaient en travers de la gorge. Oui, je l'aimais, de toutes mes forces, de tout mon coeur, mais j'étais incapable de le dire. « Calme-toi mon amour. » Murmura-t-il en caressant doucement mes cheveux. Avait-il donc senti ma détresse, mon désarroi ? Sans doute. Il posa un doigt sous mon menton, m'obligeant à le regarder dans les... non, dans son... oeil. « Qu’y a-t-il Aileen, pourquoi as-tu l’air si bouleversée ? » Demanda-t-il gentiment en me caressant la joue. Je restais muette sous son regard. J'avais la désagréable impression qu'il savait lire mes pensées ou deviner mon infidélité rien qu'en me regardant. « Je... » Finis-je par dire, avant de me taire de nouveau. Je... quoi ? Je suis enceinte ? Je t'ai trompé ? Qu'allais-je lui dire ? Soudain, je fus incapable de soutenir le regard de Phoenix. Je baissai les yeux, honteuse de ce que j'avais fait, regardant tout simplement son uniforme. Il sentait la fumée, alors qu'il savait parfaitement que je détestais qu'il fume. Moi-même, je n'avais jamais pris la moindre drogue, sauf les cachets que Snow me donnait contre la dépression, mais cela ne comptait pas. Je soupirai. « Tu m'as tellement... terriblement... manqué. » Murmurai-je. « Pendant un mois... Je n'ai eu aucune nouvelle. Pas un appel, ni une lettre. Rien. J'étais folle d'inquiétude. Et maintenant, tu reviens, blessé... Et je m'en veux terriblement de ne pas avoir été près de toi pour te soigner, ou même pour éviter cette blessure. J'ai eu tellement peur pour toi, Phoenix... S’il te plaît, raconte-moi ce qui s’est passé. » Je secouai la tête. Puis, je m'éloignai de lui. Je ne pouvais plus supporter de croiser son regard, ou d'être dans ses bras, sans qu'il sache ce que j'avais fait. La honte et la culpabilité me rongeaient. J'allai jusqu'à la table, et pour m'occuper, rangeai les restes de mon petit déjeuner. Je jetai la tartine à peine entamée à la poubelle avec une grimace de dégoût, et vidai le thé dans l'évier. « Tu as faim ? » Demandai-je d'un ton qui se voulait léger. Comme si rien ne s'était passé. « Tu veux que je te fasse des pancakes ? Ou un oeuf ? » Rien que mentionner ces aliments me rendit malade. Je chancelai et m'agrippai au bord de la table jusqu'à avoir mal aux mains. Je m'efforçais de respirer normalement, mais je savais que j'avais pâli et que Phoenix avait sans doute remarqué mon malaise. Je serrai les dents. Soudain, sans que j'aie vraiment prévu cela, je lâchai de but en blanc : « Je sais ce que tu as fait. » Cela sonnait comme une accusation. Dur. Glacial. Je levai les yeux vers Phoenix. Il me semblait tellement lointain... « Je sais que tu m'as trompée. » Répétai-je d'un ton qui tremblait de colère contenue. Je fermai les yeux pendant quelques instants, essayant de me calmer, de garder le contrôle. « Je sais que tu as couché avec cette... Mille mots me passèrent par la tête, mais je finis par cracher d'un ton méprisant : « ...garce du district 7. » Je regardais fixement Phoenix. Allait-il s'excuser ? Me supplier de tout lui pardonner ? Ou serait-il fâché ? Je repris d'une voix plus basse, la gorge nouée par le chagrin : « Pourquoi as-tu fait ça, Phoenix ? Pourquoi ?» Je craignais sa réponse. Pourtant, je l'attendis bravement, les bras croisés, en refoulant mes larmes, le regard dur comme l'acier.
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MessageSujet: Re: We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen   We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen Icon_minitimeSam 14 Avr - 8:25

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La première fois que Phoenix avait connu l’amour charnel, ce fut dans les bras d’Aileen Carter. Elle était alors son supérieur hiérarchique, et plus encore elle était son lieutenant et son formateur. Autant dire que, coucher avec elle, était prohibé. Cependant, sans qu’il ne put comprendre pourquoi elle l’avait mené chez elle ce soir-là. Alors qu’ils revenaient d’une mission où il avait été blessée pour la sauver. Il ne l’avait pas fait porter par un élan d’héroïsme, c’était plus pragmatique que cela. Il ne voulait pas qu’elle meurt. Il était son soldat, il devait la protéger, c’était aussi simple que cela dans la tête de Phoenix. Mieux valait perdre un simple soldat qu’un lieutenant aussi respecté et doué que le Lieutenant Carter. Lui-même se fichait bien de mourir pour si peu, depuis qu’il était revenu des jeux il avait l’impression que chaque instants sur terre était une sorte de sursis, un bonus que la vie lui offrait et qui devait lui permettre de changer, de s’octroyer une vie qu’il n’aurait jamais pensé avoir quand il était enfant. De même il ne pensait pas à l’amour. L’amour ne faisait pas partie de ses principaux problèmes. En réalité s’il n’avait connu l’amour charnel pour la première fois qu’à ses dix-huit ou dix-neuf ans, ce n’était pas parce que Phoenix était habité par une idéologique conservatrice qui l’aurait poussé à coucher avec la femme qu’il voulait épouser. C’était une chose qu’il ne comprenait pas quand il était enfant. L’idée qu’il fallait attendre la bonne personne . Paradoxalement, pour lui, Aileen était cette personne avec qui il voulait finir sa vie. Mais il aurait pu coucher pour la première fois avec n’importe qui d’autre, il était sur que pour sa santé mentale cela n’aurait pas changé grand chose. Mais dans le district onze il était plus intéressé par l’idée de travailler pour faire vivre sa petite sœur et ses frères plutôt que de trouver une fille dont il pourrait tomber amoureux. En outre, il se fichait bien des filles quand il était enfant, et même adolescents. Il ne fréquentait pas beaucoup les autres enfants de son district, parce qu’il donnait tout son temps à Domino. Sans nul doute était-elle la femme de sa vie à l’époque. Il lui dévouait tout son temps libre, et il passait ses journées à travailler pour qu’elle puisse manger à sa faim. Il adorait sa petite sœur. Et il n’avait d’yeux que pour elle. Il ne voyait pas les autres filles qui ne l’intéressaient pas. Cependant cela avait souvent étonné Domino, car bien qu’il fut indifférent envers ces jeunes filles, elles ne l’étaient pas envers lui. Ce jeune homme plutôt mignon, qui était tout à fait adorable avec sa petite sœur, et qui prouvait de certaine faculté physique et intellectuelle certaine. « Tu sais que Myriam ne t’a pas lâché du regard tout à l’heure ? Je crois qu’elle t’aime bien. » Phoenix se souvenait de certaine conversation qu’il avait pu avoir avec sa sœur. Elle était sa confidente et sans doute sa meilleure amie lorsqu’il était enfant, et elle était aussi la seule à avoir le droit de lui faire remarquer combien il était injuste et solitaire. Alors quand sa petite sœur lui faisait subtilement comprendre qu’il avait la chance d’avoir une fille pour s’intéresser à lui, Jérémy était bien en peine de lui montrer qu’il n’en avait cure. Il voulait que sa sœur croit en l’amour, en la beauté, aux valeurs telles que le mariage ou la fidélité. Il voulait tout cela pour elle, mais lui ne pouvait pas y croire. Il avait arrêté d’y croire depuis longtemps. Alors il se contentait souvent de lui caresser les cheveux en lui souriant tendrement. « Pourquoi irais-je m’enticher de cette Myriam alors que j’ai la plus belle princesse pour moi seul ? » Désespérée, la jeune Domino acceptait alors les câlins de son frère, pour seule preuve de sa capacité à aimer une femme. En tout cas à l’époque. Phoenix ne pouvait pas même expliquer ce désintérêt pour l’amour. Pour la majorité des hommes il s’agissait sans doute de la plus belle chose qui fut au monde, et surtout dans la tête d’un adolescent qui trouvait dans l’amour une solution à sa solitude. Mais en ce qui concernait Jérémy, il s’agissait surtout d’une mot dans un roman, une belle illusion pour faire oublier aux enfants qu’en réalité le monde n’avait rien de beau en lui. Il n’était que violence, mort et supplice. Enfant, il avait surtout une vision sombre du monde. Pourquoi tout le monde autour de lui c’était évertué à lui faire perdre cette impression désagréable.

Le père de Jérémy et Domino Lewis avait perdu sa femme à la naissance de ses deux derniers enfants. Il s’était alors promis d’élever ses enfants en respectant des valeurs, en en faisant des gens biens. Dans un même temps il ne pouvait pas éviter – à chaque fois qu’il croisait le regard de Jérémy – qu’il ressemblait à celui de sa femme défunte. Quand il regardait le visage des jumeaux il avait l’impression de retrouver sa femme. Qu’importe où il posait son regard il lui semblait constamment être ramené au souvenir qu’il gardait des années de bonheur auprès de sa femme. Très vite il sombra dans une sorte de dépression de laquelle il ne sortit jamais. Il n’était pas un exemple pour Jérémy qui était le seul de la famille à garder un souvenir net de sa mère, et des sourires de son paternel. Il était le seul à ne pas lui pardonner ce qu’il avait fait à leur famille. Il ne lui avait jamais pardonné d’aimer encore le souvenir de sa mère. Pour Jérémy l’amour était apparu comme une sorte d’obstacle à la vie. Pourtant, son père avait essayé de lui prouver le contraire, de lui montrer que l’amour était une chose naturelle pour les êtres. Mais il n’y avait rien à faire, et le jeune homme était resté campé sur ses décisions. Il se souvenait, un jour alors qu’il rentrait tard des champs où il avait passé deux jours sans dormir, alors que sa sœur et ses frères dormaient encore, son père l’attendait avec un bol de soupe. Il n’était pas rare qu’il mange de la soupe, car c’était bien une des rares choses que son père pouvait leur offrir. Son père, d’ailleurs, l’avait longtemps regardé avec un air mélancolique. « J’espère qu’un jour tu rencontreras quelqu’un avec qui tu pourras vivre heureux. Tu auras des enfants avec elle, vous vous marierez, et vous vous aimerez jusqu’à la mort… » Jérémy sentit alors un haut-le-cœur lui tordre le ventre. Il regardait sa soupe qui semblait soudainement amer et froide. Il laissa sa cuillère tomber lourdement sur la table et il regarda son père avec un air haineux. Il avait envie de hurler, de crier, de simplement frapper son père pour qu’il se réveille, pour qu’il réagisse, enfin. Pour qu’il sorte de cette léthargie qui commençait à être insupportable à vivre pour Phoenix. Il ne pouvait plus simplement regarder son père dépérir sous es yeux. Et il pouvait encore moins imaginer qu’un jour il serait dans le même état à cause d’une femme. « … Ensemble ? Vous serez ensemble jusqu’à la mort ? Alors pourquoi es-tu encore là toi ? Tu ne devrais pas être … au ciel, sous terre ou je-ne-sais-où avec Maman ? » Jérémy savait qu’il était injuste. Il ne devait pas être aussi cruel avec son père, mais il n’y pouvait rien. Il voyait ce que l’amour faisait faire aux êtres. Mourir pour quelqu’un d’autre c’était un acte d’un grand égoïsme. Mais ne pas mourir pour la retrouver par simple lâcheté, c’était encore pire. Son père était apparu comme un lâche aux yeux de Jérémy. Et il n’aima pas la réponse de son fils. Il le regarda avec plus de sévérité. « Un jour tu la trouveras, et tu comprendras ce que je veux dire. » Jérémy avait simplement ricané, se levant de table, et regarda son père pour la dernière fois dans les yeux. « J’ai dix-sept ans Papa. Mon nom est écrit plus de soixante fois dans cette putain d’urne ! Je ne vivrais pas assez longtemps pour vivre heureux. » Il avait alors quitté la pièce. Ce soir-là il n’attendit pas que Domino vienne le réveiller pour le rejoindre dans son lit suite à un cauchemars. Il se coucha directement dans le lit de sa sœur et la serra contre lui une partie de la nuit. C’était pour ces instants-là qu’il voulait vivre. Tout du moins le voulait-il à l’époque. Cette année-là il fut appelé aux jeux. Il n’avait pas pensé en revenir. Et pourtant, c’est quand il était revenu des jeux, quand il avait quitté sa famille et qu’il avait choisi un nouveau chemin qu’il comprit ce que voulait dire son père. Il comprit ce que tout cela signifiait lorsqu’il rencontra Aileen Carter. Il jeta son dévolu sur elle dés le premier regard. Elle était dangereuse, cruelle, et intouchable. Il ne pouvait pas même rêver de l’avoir. Et surtout, elle le détestait. En ce sens, elle le voyait, elle faisait parti du même univers que Jérémy. Ou que Phoenix. Elle le voyait, elle le détestait. Cela signifiait bien qu’il n’était plus seul, puisqu’elle était là pour lui rappeler qu’il n’avait pas sa place dans le monde. Ou tout du moins dans le district deux. Elle fut la première fois à le voir comme il était : seul, détestable et paumé. Elle fut la première fois qui le voyait vraiment. Et ce fut la première fois qu’il vit.
Dire qu’il aimait Aileen était un euphémisme. Il lui appartenait tant et si bien qu’il s’oubliait lui-même quand il se trouvait avec elle. Il ne s’agissait pas d’un simple sentiment passager, il ressentait véritablement qu’il serait près à mourir pour elle et que sans elle il ne pourrait plus vivre. Il savait que, contrairement à son père, il ne serait pas lâche. La mort d’Aileen entraînerait irrémédiablement la sienne. Il ne pourrait pas vivre dans un monde où elle ne serait qu’un souvenir. Un souvenir que beaucoup de personne à Panem ne regretterait pas – en outre – et cela il ne pourrait pas le tolérer. Il ne pourrait pas vivre dans un monde où elle ne serait plus qu’un fantôme, un songe, une chimère à ses côtés. Dans sa tête. Un monde où leur lit serait froid de leur étreinte. Où les souvenirs de Phoenix avec elle ne pourraient rester que des souvenirs. Où tout cela appartiendrait au passé. Il ne pouvait pas même imaginer un tel monde, loin d’elle. Où elle ne serait plus. Si un jour il en venait à apprendre la mort d’Aileen Carter, alors il adviendra deux choses de Phoenix. D’abord, il serait poussé par la rage, la colère, et l’envie de vengeance, et il tuerait le coupable de cette disparition. Ensuite, il mourra. Il se tuera ou alors il se fera tuer par quelqu’un qui en voudra la peine. Quelqu’un qui avait le besoin de le tuer. Peut – être Sergei si un jour il venait à apprendre ce qu’il c’était passé avec Mara. Il n’en savait rien, mais il trouvera sans problème un moyen d’en finir. Une corde, une balle, ou même du feu. Les moyens pour en finir ne manquait pas, c’est le courage qu’il manque aux hommes pour le faire. Les pensées et les actes. Quand il se trouvait avec Aileen toutes les pensées et les actes de Phoenix étaient entièrement tournées vers elle. Il n’y avait plus de monde à l’extérieur, rien ne comptait plus que son regard. Regard qu’il percevait à travers son unique œil à présent. Il était désolé qu’elle l’apprenne de la sorte, il ignorait qu’elle n’avait pas eut vent de cette affaire. C’était récent, certes, mais tout de même. Il ne l’avait pas encore accepté, et il était encore dans une phrase de dépression suite à son accident. Non pas à cause de la perte de son membre, mais surtout pour les complications que cela entraînaient. Il n’était plus un tireur d’élite. Il avait perdu ce pourquoi il était doué. Le tir. Ce pourquoi il avait sa place parmi les pacificateurs. Il en voulait à la terre entière mais surtout à lui-même pour avoir été aussi con. Pourquoi s’était-il laissé emporter par la colère ? Sans nulle doute parce que, quand il avait rencontré Thybalt, il était à bout de nerf. Sans doute parce qu’il avait passé des semaines sans nouvelles de sa femme et qu’il était au bord de la crise. Sans doute parce qu’il ne contrôlait plus rien dans sa vie et qu’il avait eu le désire de faire quelque chose de bien – pour changer. Cela avait lamentablement échoué. Il se sentait impuissant. « Je... » Une fois encore il se sentait incapable du moindre mouvement. Il ne savait plus comment réagir. Il serrait Aileen dans ses bras, un temps, sachant pertinemment que le calme qui l’avait envahi à la vue de sa femme n’allait pas durer. Très vite elle allait commencer à lui poser des questions. Cela faisait un mois qu’ils ne s’étaient pas vu. Ils leur étaient déjà arrivés de passer plus de temps sans nouvelle l’un de l’autre. Mais c’était avant. Aujourd’hui une semaine séparée devenait une torturer. Leur mariage était une torturer. Mais ils avaient besoin de cela pour ne plus se sentir seul. Seuls… ils l’étaient incroyablement. Ils avaient beau s’aimer, éloigner l’un de l’autre la solitude les rendaient fou. Comment expliquer autrement l’adultère de Phoenix ? Il aimait à penser que c’était un effet de sa raison, mais c’était faux. Il s’était senti seul, il avait aimé Siloe fut un temps, et il avait vu l’occasion d’échapper à sa solitude grâce à elle. Rien de plus. Sans amour, juste du sexe. Le sexe qui avait toujours constitué une sorte d’échappatoire pour Phoenix. Depuis sa première fois avec Aileen. Depuis ce temps-là il avait appris deux chose : aimer, et coucher. Et surtout la différence primordiale entre les deux. Mais il ne pouvait pas se cacher derrière cette excuse-là non plus. Alors, plutôt que se jeter aux pieds de sa femme il avait décidé de simplement tout faire pour qu’elle ne perde pas totalement confiance en lui et en ses sentiments. Il attendait qu’elle reprenne ses esprits. Elle semblait perdu, ce qu’il pouvait concevoir. Elle n’osait plus même le regarder dans les yeux. Il sentit son cœur se serrer. Il eut peur, soudainement qu’elle ne lui annonce son départ. Pourrait-elle le quitter ? « Tu m'as tellement... terriblement... manqué. » Il sourit. Un temps, mais très vite il manqua d’air, et il ouvrit la bouche pour essayer de reprendre une bouffée. « Pire que cela encore… » répondit-il d’une voix si basse qu’il douta qu’elle l’eut entendu. « Pendant un mois... Je n'ai eu aucune nouvelle. Pas un appel, ni une lettre. Rien. J'étais folle d'inquiétude. Et maintenant, tu reviens, blessé... Et je m'en veux terriblement de ne pas avoir été près de toi pour te soigner, ou même pour éviter cette blessure. J'ai eu tellement peur pour toi, Phoenix... S’il te plaît, raconte-moi ce qui s’est passé. » Elle ne le regardait pas, et il avait du mal à comprendre pourquoi. Alors, plutôt de l’obliger à le regarder, à soutenir se regard décharné, il se déplaça un peu et baissa le regard à son tour, s’adossant au mur derrière lui. Il avait envie d’une cigarette mais il savait qu’Aileen ne supportait pas qu’il fume. Pourtant Dieu seul sait qu’il en avait envie. Il ne se droguait plus aussi souvent qu’avant, mais le désire était toujours aussi ardent.

Il ne savait pas comment expliquer à Aileen ce qu’il s’était passé dans le district sept. Pourtant il essaya. « District sept, mission de routine. Ils avaient besoin d’effectif en plus à cause d’une mission importante. Je m’ennuyais. » Commença-t-il à expliquer. Effectivement, il s’ennuyait durant les missions de routine effectuée dans des districts qui n’étaient pas le sien. Principalement parce qu’il ne les connaissait que très mal. « Un jour de repos, je me promenais en ville quand j’ai vu ce connard de rebelle. Après tout est … allé très vite. Je me suis retrouvé par terre avec cette douleur abominable… » Il était calme et posé en racontant cela. Détaché. Il ne voulait pas retourner dans ce souvenir atroce de son œil arraché, des chairs qui se détachent et de la douleur qui l’assaille alors qu’il perdait connaissance sous le coup de la souffrance. Il ne voulait pas se souvenir de tout cela. « Ils m’ont gardé une semaine à l’hôpital. Ils ont dit que j’avais eu de la chance. Que peut-être avec les prochaines avancées je pourrais avoir un œil tout neuf… D’ici les Prochains Jeux. » Il ne sut que dire de plus. Il ne voulait pas en dire plus. Il voulait qu’elle puisse se contenter de cela. Il se rendit compte alors qu’il avait enfoncé sa main dans sa poche, et qu’il tenait fermement le paquet de tabac qu’il avait sur lui. Sa gorge était sèche. Il prit une des cigarettes qu’il avait roulé plus tôt et joua avec, la fixant avec envie alors qu’Aileen se détournait et aller vers la cuisine. Il resta adossé au mur. Il attendait. Il savait qu’elle n’en resterait pas là. Il savait que très vite elle lui dira qu’elle savait tout. Elle savait forcément. Elle était Aileen Carter, il était impossible de lui cacher quoi que ce soit. Il commençait à craindre le moment fatidique où elle lui dirait qu’elle était déçue, qu’elle allait le quitter, ou qu’elle ne pourrait jamais lui pardonner… Qu’elle ne l’aimait plus. Il ne savait que faire. Il avait fait une connerie monumentale et il ne savait pas comment réparer cela. En attendant il devait se détendre. Il sentait la douleur lui vriller le cerveau. Il avait besoin de prendre un cachets, mais il n’arrivait pas à faire le moindre mouvement sauf celui de remonter la tête pour regarder Aileen aussi loin de lui. Elle était dans la cuisine, belle comme le jour. Une image idyllique qui devrait rendre Phoenix heureux. Au lieux de quoi il était en stress. « Tu as faim ? » Demanda-t-elle d’une voix légère. Il ne pouvait pas croire qu’elle se contenterait de cela. Méfiant il s’avança doucement vers elle. Cette vision était presque terrifiante à elle seule. Elle se comportait comme une femme au foyer, habituée à accueillir son mari après un voyage d’affaire. Quelque chose dans ce gout-là. Phoenix aurait préféré qu’elle lui fasse violemment l’amour à cause du manque… « Tu veux que je te fasse des pancakes ? Ou un oeuf ? » Il avait faim. Mais pas de nourriture en réalité. Il ne voulait pas manger, son silence le rendait nerveux. Et soudain, il la vit pâlir à vu d’œil et presque s’effondrer sous ses yeux. Il ne fallut qu’une seconde à Phoenix pour se retrouver près de sa femme et de la prendre dans ses bras pour la soutenir. « Je voudrais surtout que tu me dise ce qui ne va pas Aileen… amour… » Demanda-t-il souhaitant que cette mascarade prenne fin. Il n’en pouvait plus. Il était au bord de la crise de nerfs et il allait sûrement finir par devenir fou si elle ne le regardait pas dans les yeux pour l’assassiner.

« Je sais ce que tu as fait. » Oh mon Dieu… Merci. Il ne devrait pas s’en réjouir, il le savait. Mais au moins, les choses étaient claires. Il pouvait respirer de nouveau normalement, ou tout du moins reprendre son souffle. Il la lâcha, pensant qu’elle ne voulait pas avoir le moindre contact avec lui alors qu’elle avouait savoir qu’il l’avait trompée. Alors il se sépara d’elle, et alla s’accouder au bar en face d’elle. Il ne voulait pas partir trop loin. Elle semblait faible, bien qu’il ne comprenne pas pourquoi. Il avait peur pour elle. Il sentait que quelque chose avait changé mais il ne pouvait pas comprendre ce que c’était encore. « Je sais que tu m'as trompée. » Il serra les dents, et croisa les bras sur sa poitrine. Il n’aimait pas le ton qu’elle employée… elle avait raisons de lui en vouloir. Elle pouvait tout lui faire subir. Il pourrait tout supporter. Il devait simplement trouver les bons mots. « Je sais que tu as couché avec cette… garce du distrit 7. » Il sentait son regard sur lui, et enfin il eut le courage de lever les yeux vers elle. Elle était haineuse, plus même qu’en colère. Il sut alors qu’il était perdu. Il pourrait s’excuser, la supplier de lui pardonner, ou encore annoncer qu’il regrettait, qu’il ne recommencerait jamais cela ne changerait rien. Elle n’avait plus confiance en lui. « Pourquoi as-tu fait ça, Phoenix ? Pourquoi ? » Elle se ferma à son tour, croisant les bras sur sa poitrine, elle le jugeait d’un regard féroce. Son regard de Lieutenant. Putain il avait vraiment merdé sur ce coup-là. Il devait en subir les conséquences et pendant de longues minutes il soutint son regard. Bien que, si Aileen le regardait avec dureté, lui lui retourné surtout un regard amorphe. Il était sous le choc. « Rien de ce que je pourrais te dire ne pourrait me justifier à tes yeux. » Répondit-il d’une voix douce, calme. Il soupira, ferma son oeil et baissa le regard. Il se sentait soudainement fatigué, mais il devait se battre, il devait lui montrer qu’il l’aimait toujours, qu’il n’y avait qu’elle pour lui, qu’il n’y aura jamais qu’elle. Il ne savait pas comment l’expliquer. Il ne se l’expliquait déjà pas à lui-même. « Je … je n’ai couché avec elle… ce n’était rien ! Ce n’était rien de plus qu’une putain de partie de jambes en l’air ! » Ce n’était pas bon du tout, il perdait le contrôle, une fois encore. Il ne supportait pas de devoir se justifier. Il était pourtant sur qu’il n’avait plus à prouver son amour inconditionnel pour Aileen. Il n’avait jamais eu à se justifier pour avoir sauter une jolie fille auparavant. Avant … Putain il vivait une troisième vie et il commençait en merdant ! Il s’en voulait à lui-même pour être aussi con. « Tu ne me feras pas croire que tu ne peux pas le comprendre Aileen. Tu sais… Tu sais à quel point on peut être seul. Je … Je n’aime que toi, et je n’ai toujours aimé que toi, et je t’ai donné ma vie, Aileen. Je ne … » Il se calma soudainement. Il se mit à sourire, et un rire lui échappa. Il la regard dans les yeux en lâchant un soupire. Il la regardait avec tout l’amour dont il était capable. Il se consumait pour elle, il était fou d’elle. « Sais-tu combien il est difficile de t’aimer avec autant de ferveur sans m’oublier dans ton regard Aileen ? » Il ne savait pas comment l’exprimer autrement. La peur de se perdre en elle le terrorisait.


HS : la fin est ... nulle We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen 4083136502 désolé...
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We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen Vide
MessageSujet: Re: We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen   We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen Icon_minitimeMer 16 Mai - 20:14

« Oui, je le veux. » Avec ces paroles, j'avais lié ma vie à celle de Phoenix. Je lui avais offert mon coeur, mon corps, ma vie, ma promesse. Ma parole d'être fidèle. De toujours l'aimer. Pour le meilleur et pour le pire. Pendant quelques mois, je n'avais connu que le meilleur. Le sourire de Phoenix, chaque matin. Les baisers avec lesquels il me réveillait. Sa maladresse lorsqu'il essayait de cuisiner pour moi. Les longues promenades dans les plaines du district au petit matin, lorsque le monde était encore endormi. Nos soirées à deux, avec un bon verre de vin devant un repas copieux, ou dans le fauteuil, lovés sous une couverture devant le feu ouvert. Nos missions ensemble, et l'impression d'être infaillibles, d'être des dieux. Notre entraînement, toujours à deux, avec l'arme à feu, avec l'épée, à mains nues, notre compétition puérile. Les longs dimanches de repos, les grasses matinées avec petit déjeuner au lit, et la promesse d'une journée qui n'appartenait qu'à nous. Nos fous rires, nos baisers, nos nuits folles. Je revivais – non, je vivais pour la première fois. Pour lui. Grâce à lui. Puis, ce bonheur commença à se fendiller. Lentement, sans qu'on s'en aperçoive. Des disputes, des déceptions. Rien de bien méchant, car cela nous faisait profiter encore plus des moments de joie ensemble. La pression que Snow mettait sur mes épaules était encore plus forte, encore plus lourde à porter. Phoenix m'aidait à gérer ce fardeau... Mais il ne pouvait pas tout faire avec moi. Il ne pouvait que sécher mes larmes et soigner mes blessures, et jurer, invectiver Snow sans rien pouvoir faire. A mon travail, j'étais malheureuse, mais Phoenix me faisait toujours sourire. C'est alors que le pire arriva. Oui, il nous avait rattrapés, ce pire, et il s'était présenté sous la forme d'un monstre à trois têtes. Trois problèmes. Trois énormes fissures dans notre bonheur. Coupe une tête et elle repoussera. Il n'y avait pas de sortie possible. Un. Phoenix m'avait trompée. Deux. Je l'avais trompée. Trois. J'étais enceinte. Bon sang, j'attendais un enfant. L'enfant de Phoenix. Mon enfant. Malgré le bonheur causé par cette découverte, j'étais anxieuse, pour un tas de raison. Etais-je prête pour être mère ? Serais-je une bonne mère ? Que penserait Phoenix ? Et mes parents ? Mais le plus grand problème se résumait en un mot, ou plutôt un nom : Snow. Qu'allaient être ses plans pour mon enfant ? Voudrait-il en faire une marionnette, comme moi ? Lui ferait-il du mal ? Et les rebelles ? La vie de mon bébé était-elle en danger ? Je me rongeais les ongles, au bord de la crise de nerfs. Phoenix... Si seulement Phoenix était là... Comme si quelqu'un, là-haut dans le ciel, avait entendu ma prière, j'entendis le bruit d'une clé qu'on tourne dans la serrure, et Phoenix arriva. En un rien de temps, je me retrouvai dans ses bras. C'était... tellement bon... de le sentir ses bras autour de moi, de revoir son sourire. Tellement... Oh, il m'avait terriblement manqué. « Pire que cela encore… » Dit-il d'une voix à peine audible, comme en écho à mes pensées. Vraiment ? Avait-il pensé à moi ? S'était-il senti seul, au district 7 ? Etait-ce pour cela qu'il m'avait trompée ? Pour briser la solitude ? Je secouai la tête et, à voix basse, j'exprimai mon incompréhension. Pourquoi n'avais-je eu aucune nouvelle de lui pendant un mois ? Pourquoi personne ne m'avait-il prévenu de son... état de santé ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi avait-il perdu son oeil ? Je n'osais pas le regarder dans… l’oeil, de peur qu'il puisse lire toute ma culpabilité, ma peur et ma tristesse dans mon regard. Il sembla comprendre ma gêne et s'adossa à un mur. Je me maudis, parce que malgré tout ce qui s'était passé, je mourrais toujours d'envie de retourner dans ses bras et de tout oublier, de lui pardonner la moindre de ses erreurs et de l'embrasser passionnément. J’avais envie de passer ma main dans ses cheveux… De m’accrocher à son cou… De le tenir à distance pendant quelques instants, de le taquiner avant d’approcher ses lèvres des miennes. Et puis… Je défaillis presque en pensant à tout ce que nous pourrions faire après. Un mois… Comment rattraper un mois d’absence ? J’avais besoin de lui, mentalement, physiquement. Toujours. Quand il n’était pas là… Bon sang, comment avais-je survécu à ce mois sans lui ? Maintenant que je le voyais, je ressentais le manque, plus fort que jamais. Pourquoi était-il tellement loin de moi ? « District sept, mission de routine. Ils avaient besoin d’effectif en plus à cause d’une mission importante. Je m’ennuyais. Un jour de repos, je me promenais en ville quand j’ai vu ce connard de rebelle. Après tout est … allé très vite. Je me suis retrouvé par terre avec cette douleur abominable… » Je fermai les yeux pendant quelques instants. Douleur abominable... En un flash, je vis tout, comme s'il s'agissait de mon propre souvenir. L'oeil crevé. Le sang, partout. Le corps inerte de Phoenix sur les pavés froids... Son ton détaché ne mentait pas. Je connaissais cela. C'était ainsi que je m'exprimais aussi lorsque je parlais des punitions que Snow m'infligeait, ou des blessures reçues pendant mes missions. Ce ton révélait qu'il avait beaucoup souffert. Quand les souvenirs deviennent trop douloureux, il faut prendre une certaine distance, les dissocier de soi. Sans cela, ils te rongent les chevilles comme des molosses enragés, te hantent sans cesse. Ils te font pleurer en public, même devant ton pire ennemi. Je comprenais ce que Phoenix ressentait, et cela m'horrifiait. Je décidai néanmoins de ne pas trop insister. Inutile de mettre du sel sur la plaie. Je murmurai juste : « Tu... t'ennuyais ? Et c'est pour ça que tu as décidé de t'attaquer à un rebelle ? Comme ça ? Sans réfléchir ? » Je secouai la tête. L'impulsivité peut coûter la vie à n'importe qui. Je pensais qu'il serait plus prudent... « Ils m’ont gardé une semaine à l’hôpital. Ils ont dit que j’avais eu de la chance. Que peut-être avec les prochaines avancées je pourrais avoir un œil tout neuf… D’ici les prochains Jeux. » Je déglutis péniblement et hochai la tête comme un robot. Un oeil neuf. D'ici les prochains Jeux. D'accord. D'accord. Du calme, Aileen. Pas la peine de faire une scène d’hystérie pour... Bon sang, un oeil neuf ! Il avait perdu son oeil et on allait lui donner un... nouveau ? J'avais envie de vomir.

Je reportai mon attention sur Phoenix et remarquai qu'il jouait avec une cigarette. Cela suffit à me mettre hors de moi. J'étais en colère à cause de son infidélité, frustrée parce qu'il ne me racontait pas tout à propos de son oeil, terrifiée parce que je n'avais pas été à son chevet lorsqu'il était blessée, anxieuse parce que j'étais enceinte, et... Fatiguée, tout simplement. Qu'est-ce qui allait encore me tomber dessus aujourd'hui ? Ce n'était pas mon jour de chance. Je m'avançai, sans réfléchir, et arrachai pratiquement le paquet de cigarettes aux mains de Phoenix. Je le jetai par terre et l'écrasai rageusement, d'un seul coup de talon bien placé. Hop, poubelle. « Tu sais que je déteste ça, Phoenix. » Je ne pus empêcher une certaine rancoeur de percer dans ma voix... Mais à vrai dire, je ne faisais pas cela pour moi. Je le faisais pour mon enfant. Je ne voulais pas respirer la fumée de Phoenix et ainsi nuire au développement de mon bébé, mon bébé chéri. Bon, c'était peut-être un peu exagéré, comme réaction... Mais je m'en fichais royalement. Tout ce que je veux, c'est ton bonheur, chérie... Songeai-je avec tendresse, en résistant avec peine à la tentation de poser une main protectrice sur mon ventre. Avec un soupir, mais d'une voix normale, trop normale, je demandai à Phoenix s'il avait faim. Il ne répondit pas. Lorsqu'il s'approcha de moi, je ne me tournai pas vers lui. Oui, je savais qu'il avait faim... et pas seulement de nourriture. Je sentais son regard dans mon dos, brûlant. Si je me retournais, je savais ce qui se passerait. J'ouvrirais mes bras, et nous échangerions un long baiser passionné. Après, il m'emmènerait dans notre chambre et... J'étais alors sûre de tout lui pardonner. Non, si je l'embrassais maintenant, si je couchais avec lui maintenant, ma colère s'atténuerait, mon désir de vengeance faiblirait, et jamais je n'aurais encore le courage de lui parler de son infidélité. Oui, il fallait que je me maîtrise... Mais voilà, malgré ce que beaucoup de gens pensaient, j'étais humaine. Phoenix m'avait horriblement manqué, et le voir là, près de moi, sans le toucher, sans parler normalement avec lui, me torturait horriblement. Du calme, Aileen. Je cherchai en moi jusqu'à trouver même la plus petite graine de résolution, de détermination, de force, et je la fis grossir, je l'arrosai de ma colère. Enfin, lorsque je me sentis assez forte, je me retournai et demandai d'un air désinvolte s'il voulait un pancake ou des oeufs. Il ne répondit pas. Seriez-vous nerveux, monsieur Lewis? Bon, j'allais faire frire quelques oeufs, alors... Frire... A cette pensée, au souvenir de l'odeur de l'huile chaude et grasse, mon estomac se retourna. J'étais au bord de la nausée, et je dus m'accrocher à la table pour rester debout. Un battement de coeur plus tard, Phoenix était à mes côtés. Je retrouvai ses bras avec soulagement, m'y pelotonnai, le serrai fort contre moi comme si j'avais peur de le perdre. Tous les deux, comme avant… Non, tous les trois… « Je voudrais surtout que tu me dise ce qui ne va pas Aileen… amour… » Amour? Comment osait-il être aussi gentil, aussi gentleman, aussi séduisant, aussi... irrésistible ? Comment osait-il se comporter comme un mari parfait alors qu'il m'avait trompé ? S'il m'avait dit froidement bonjour avant de se retirer dans notre chambre, s'il avait manifesté quelque agressivité, s'il m'avait frappée, j'aurais pu le haïr. Mais là, là... Je n'y arrivais pas. C'était toujours Phoenix, l'homme que j'aimais, et je ne comprenais toujours pas pourquoi, lui, toujours si aimant et gentil, pourquoi, pourquoi diable il m'avait trompée. Finissons-en. « Je sais ce que tu as fait. » Je fus lâchement soulagée qu'il s'écarte de moi, car j'avais besoin de cette distance pour alimenter ma colère et ne pas me perdre dans son regard. Il alla s'accouder au bar. « Je sais que tu m'as trompée. » Il serra les dents et croisa les bras. Ca ne te plaît pas ? Alors, pense un peu à ce que moi, j'ai ressenti lorsque j'ai su que tu m'avais trompée... salaud. « Je sais que tu as couché avec cette… garce du distrit 7. » J'étais au-delà de la haine ou de la colère, vexée, blessée comme on ne peut que l'être par quelqu'un qui nous aime et en qui nous avions confiance. Alors, la gorge nouée par les larmes que je retenais, des larmes de rage autant que de tristesse, je lui demandai pourquoi. Impitoyable. Féroce. Une Aileen en acier, une Aileen sans coeur. Une Aileen que je préférais être ce soir, parce que cette femme-là ne souffrait pas, celle-là ne se sentait pas rejetée, celle-là n'avait pas envie d'éclater en sanglots. Mais cette Aileen-là n'était qu'un masque, et en-dessous du regard assassin que je lançai à Phoenix, se trouvait une souffrance profonde, une plaie béante et suppurante qui infectait tout mon organisme. Il avait l'air... choqué. Choqué ? Tu es choqué ? Et moi alors, qu'est-ce que je dois être ? Tu mérites mes reproches, tu mérites mon mépris.« Rien de ce que je pourrais te dire ne pourrait me justifier à tes yeux. » Ce n'était pas la réponse que j'attendais. Ni ce ton calme, posé. Il ferma son oeil, l'air infiniment las. Ne te laisse pas attendrir. « En effet. » Aboyai-je en le fixant d'un regard mauvais. « Mais essaye toujours. » Ajoutai-je de mauvaise grâce. « Je … je n’ai couché avec elle… ce n’était rien ! Ce n’était rien de plus qu’une putain de partie de jambes en l’air ! » Là, ce fut à mon tour d'être choquée, à mon tour de serrer les dents jusqu'à avoir mal à la mâchoire. « Tu crois que c'est le genre de choses que je veux entendre, Phoenix ? » Même mon ton haineux d'avant n'était rien à côté de la virulence et du mordant de ma réponse. « Tu crois vraiment que j'ai envie de t'entendre parler de ce que tu as fait avec cette putain, de dire que tu as tout misé, notre mariage, ma confiance et mon amour, ma réputation, rien que pour une putain de partie de jambes en l'air? » Je ne me maîtrisais plus ; je tremblais de colère et mon regard était de pierre. « Non, Phoenix ! Je voulais que tu me supplies, que tu te traînes dans la boue devant moi comme un chien, un salopard de chien, parce que c’est ça que tu es, c’est ça que tu mérites ! Je voulais que tu cherches des excuses, bon sang, que tu sois au moins un peu désolé ! » J’étais effarée. Et si… S’il ne regrettait rien ? S’il me quittait et allait vivre avec sa maîtresse ? J’eus l’impression d’avoir avalé des glaçons. Non, non, je ne le permettrais pas ! Il était à moi ! A moi ! D’une voix glaciale, je lui portai un dernier coup bien calculé. « Alors, j’espère que tu as bien profité de ta petite partie de jambes en l’air, parce que tu n’en auras plus avant longtemps ! » Et voilà. Je venais de lui interdire l’accès à notre lit. Qu’il dorme sur le divan, ou par terre, comme un clochard. Même si je mourrais d’envie de tout oublier dans ses bras, même si le désir que j’avais de lui était presque douloureux, il fallait que je tienne bon. Il ne m’aurait pas. Qu'il soit maudit, avec ses beaux yeux, ses beaux discours, ses belles manières ! Qu'il soit maudit parce que ma souffrance était à l'ampleur de mon amour pour lui, parce que je crevais de tristesse quand il me quittait, parce que sa présence me rendait folle ! Maudit, maudit, maudit !

Alors, il me porta à son tour le coup de grâce. « Tu ne me feras pas croire que tu ne peux pas le comprendre Aileen. Tu sais… Tu sais à quel point on peut être seul. Je … Je n’aime que toi, et je n’ai toujours aimé que toi, et je t’ai donné ma vie, Aileen. Je ne … » Il sourit. Pourquoi souriait-il ? Ne voyait-il donc pas l'épée de Damoclès au-dessus de sa tête ? « Sais-tu combien il est difficile de t’aimer avec autant de ferveur sans m’oublier dans ton regard Aileen ? » J'explosai. « Tu m'aimes ? Tu m'aimes ? Non, Phoenix, tu ne m'aimes pas ! Un homme qui m'aime ne ferait pas ça ! Un homme qui m'aime vraiment, comme tu prétends le faire, ne me tromperait pas ! Ce n'est pas ta vie que je veux ! Ni ton amour, s'il vaut si peu. Ce que je veux, Phoenix... » Je m'étranglai, étouffée par tout ce que je voulais dire autant que par l'émotion. « Ce que je veux, c'est être heureuse avec toi. Comme tout le monde ! Être heureuse, pouvoir te faire confiance et ne pas devoir me ronger les sangs à chaque fois que tu pars parce que j'ai peur qu'il t'arrive quelque chose ou que tu sautes sur la première venue ! » Une tristesse immense m'étrangla soudain, et je murmurai d'une voix basse, éteinte : « Ce que je veux, c'est vivre. Pas être ballottée d'un sens dans l'autre comme une marionnette par le destin. Pas voir mes dernières certitudes m'échapper. » Je soupirai. Devais-je le lui dire ? Oui, sans doute... Courage, Aileen Je pris une inspiration profonde avant de plonger dans l'abîme, sans possibilité de retour. « Je te comprends. » Dis-je d'un ton dur, cassant. « Je comprends que tu te sentes seul parce que je l'ai connue aussi, cette solitude ! Je l'ai sentie, oui, je l'ai sentie bien fort, seule au district 5, en me sentant trompée, abandonnée, flouée. Je comprends! » Un rire sec, sans joie, interrompit le cours de mes pensées. « Mais comprends-tu, Phoenix ? Oui, assurément, si je comprends, tu dois comprendre aussi. Alors, tu comprends aussi que cette solitude me rendait folle. Que j'étais malade de chagrin. Que j'étais prête à tout pour t'oublier pendant quelques instants, pour ne pas penser à cette putain et toi, pour ne pas vous imaginer ensemble ! Que j'étais désespérée ! Oui, alors, Phoenix, tu peux comprendre que je n'étais pas dans mon état normal ! Que je me suis rendue dans un bar, que j'ai bu plus que de raison. Alors, Phoenix Lewis, tu peux comprendre que j'ai couché avec un inconnu. » Voilà. C'était dit. Mais je n'avais pas encore terminé, non, ma tirade ne faisait que commencer. « Tu peux comprendre que j'étais dégoûtée de toi et que j'avais envie d'un peu de chaleur humaine et de douceur, de quelqu'un qui ne me demanderait rien, d'une affaire sans lendemain. Tu peux, non, tu dois, je te l'ordonne, puisque moi aussi j'y suis obligée, tu dois comprendre que je t'ai fait exactement la même chose que tu m'as faite. Que maintenant, tu ressentiras la même chose que moi alors. Chaque douleur, coup pour coup, chaque entaille dans ton amour-propre, chaque trou dans ton égo, chaque cri dans ta gorge, chaque larme dans ton putain de corps, chaque coup de poignard dans ton coeur. Mais je ne fais pas ça par vengeance. Oh non. C'est un but bien trop insignifiant. » Je haussai les épaules; j'avais un goût amer dans la bouche et la tête me tournait. « J'ai fait ça pour moi, parce que j'en avais besoin, parce que je ne fais jamais rien pour moi dans cette chienne de vie ! » Je m'approchai de lui, furibonde. « TU COMPRENDS ? » Lui hurlai-je à la figure. « Parce que moi, je t'avoue, je ne comprends pas ! Je ne comprends pas comment tu as pu faire ça, comment tu as pu me pousser à faire ça ! Je t'aimais ! Je t'aime ! Depuis notre mariage, je n'avais même pas regardé les autres hommes, je n'avais pas seulement songé à coucher avec quelqu'un d'autre ! Je me considérais comme quelqu'un de fidèle, et je me faisais confiance comme je te faisais confiance ! Et maintenant ? Maintenant, je regrette chaque merde de seconde de cette fameuse nuit, chaque parole que j'ai échangé avec cet idiot, chaque fois où j'ai obligé ma conscience à se taire. Je regrette tout ! » Là, je pleurais, je pleurais vraiment, j'étais secouée par des sanglots énormes et ma voix déraillait. « Mais ce que je regrette le plus, Phoenix, c'est d'avoir appris à te connaître, de t'avoir donné mon coeur, parce que sans toi je n'aurais jamais senti cette douleur, sans toi je n'aurais jamais été si proche du désespoir. » Je fis un geste de la main comme pour balayer les objections qui ne manqueraient pas de venir. « Oh, oui, je t'aime. Je t'aime comme une folle, et c'est ça qui me mènera à ma perte. Je veux poursuivre cette vie avec toi parce que c'est cette existence que j'aime, cette existence que je veux. Je te veux à mes côtés, tout le temps, toujours. Je ne peux plus me passer de toi. Tu m'apportes tant de choses, tu m'as apporté tant de bonheur... Mais comment allons-nous continuer, maintenant ? Après ce que nous avons fait ? Comment ? » C'était la tristesse, et non la colère, qui avait pris le dessus en moi. « Parce que tu m'as trompée et que je t'ai trompé, nous sommes quittes, c'est ça ? NOUS SOMMES QUITTES ? C'est comme ça que ça marche ?! C'est comme ça que ça marche pour toi ?! Parce que pour moi, ce n'est pas le cas !» Lâchai-je en sanglotant, furieuse et désespérée à la fois. Je levai les yeux vers Phoenix, et mon coeur se brisa pour de bon. Je me laissai tomber sur une chaise, le visage entre mes mains, en pleurant doucement. Epuisée. Lasse à en mourir. Je m'étais vidée de ma colère comme un abcès de pus, et maintenant que tout était sorti, je me sentais... Etourdie. Crevée. Vide. Sans aucune combativité. La vague de fureur s'était retirée, me laissant aussi faible et démunie d'un nourrisson. Mon bébé... Mon bébé... « Oh, qu'avons-nous fait ? » Oui, qu'avions-nous fait ? Et qu'allions-nous faire, maintenant ?
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We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen Vide
MessageSujet: Re: We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen   We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen Icon_minitimeMar 5 Juin - 13:57

A trop jouer avec le feu, on finit par se brûler. Phoenix aurait du faire plus attention à ce qu’il faisait, il aurait du être plus attentif à ce que les anciens du district onze avaient tenté d’apprendre aux jeunes. Il aurait du être plus prudent, apprendre la patience. Il devrait réfléchir plus souvent avant d’agir. Tout cela il le savait, mais comme toujours, il en prenait conscience que trop tard. Il était facile de regretter ses erreurs une fois qu’elles avaient été commises. Il était plus difficile de se le pardonner, ou encore de l’éviter. Il n’était pas un homme modéré, il ne l’avait jamais été. Il se laissait porter par ses passions et ses désirs. Il ne vivait qu’ainsi. Sous les coups de sang, victime de l’impulsion et de ses fantasmes. Un homme qui ne se privait jamais de rien, et encore moins de la compagnie d’une jolie femme. Il jouait avec le feu, oui, et aujourd’hui il se rendait compte qu’il avait fini par se brûler les ailes, par atteindre le point de non retour. Ce point crucial duquel on ne revient jamais en un seul morceau. Ce moment atroce où on comprend que tout va changer. Que l’on a perdu ce qui faisait de nous des hommes. Phoenix était un homme du feu, il vivait dans le danger permanent, marchand sur la corde raide depuis des années. Il flirtait avec le danger et l’interdit, et c’est cela qui lui donnait la sensation de vivre. Il ne se complaisait ni dans la routine, ni dans la normalité. Le fait d’être un pacificateur lui permettait de sentir cette adrénaline qui le poussait à se battre, à vivre encore, et pour longtemps. La rage de vivre, voilà ce qui le maintenant vivant. Le fait de ne jamais rien s’interdire, de vivre tous les instants comme s’il s’agissait des derniers. Comme la plupart des gagnants des jeux, il avait pris conscience de la vanité de l’existence. A quoi bon se priver ? Une fois mort personne ne sera là pour profiter de ces plaisirs vains. Alors, il acceptait cette vie, il acceptait tout ce qu’elle pouvait lui offrir. Cependant, cela semblait être le comportement d’un enfant, ou au mieux d’un adolescent, qui n’avait ni responsabilité, ni modération. Il était à présent temps pour lui de devenir un homme. Il devait grandir… Ou plutôt il aurait du grandir. Car à présent il recevait le résultat de ses pêchers et de son orgueil. Aucun plaisir en ce monde ne pouvait égaler l’amour qu’il portait à Aileen. Il avait été égoïste et stupide. A présent il aurait voulu souffrir mille morts pour se pardonner ce qu’il avait fait. Pour se donner une leçon, enfin. Il état temps pour lui de devenir un homme, d’apprendre à être plus modéré, à se contenir, et à être heureux. Cela valait dans l’amour, mais également dans son emploi. Alors qu’il retrouvait l’étreinte de sa femme, il retrouvait également ses larmes et la déception dans son regard. Son inquiétude. Il n’aimait pas la voir inquiète pour lui. Cela lui rappelait combien il serait facile de la briser. Depuis qu’il était marié il avait commencé à craindre la mort. Ce n’était pas bon pour lui et cela rendait la tâche chaque jour plus difficile encore. Mais il avait aussi plus de désire encore de vaincre et de rester en vie. Il devenait stupide, c’était dangereux. Et il en récoltait les fruits par la perte de son œil. « Tu... t'ennuyais ? Et c'est pour ça que tu as décidé de t'attaquer à un rebelle ? Comme ça ? Sans réfléchir ? » Il soupira, ne sachant que répondre pour se défendre. Il ne voulait pas parler de son œil plus avant, la douleur étai déjà bien assez grande à cet instant précis. Son œil lançait, et son crâne était sur le point d’exploser. Il devait prendre ses médicaments le plus rapidement possible, mais il voulait profiter de ses retrouvailles avec sa femme. Quoi que profiter n’était pas le mot juste.

L’atmosphère se refroidit rapidement entre les deux amants, et elle lui échappa. Il sentait la douleur, la crainte, et l’appréhension le saisir, et en réponse presque instinctive il se mit à jouer avec une cigarette. Il n’y avait pas encore fait attention, et sans doute ne l’aurait-il pas fumer devant Aileen. Il savait qu’elle n’aimait pas cela. Il ne cherchait pas à comprendre. Il pouvait accepter l’idée qu’elle ne voulait pas le voir se droguer et fumer à tout va. Il ne le faisait que lorsque la douleur ou la colère devaient insupportables. Il tâchait de se persuader qu’il n’était pas un drogué, mais un fumeur occasionnel. C’était sans doute faux, le fait qu’il possédait toujours de quoi fumer sur lui le prouver. Il avait besoin de cela. Il se faisait envoyer de l’herbe du district onze de la part de ses collègues depuis qu’il se trouvait dans le deux avec Aileen. Il était un drogué. Il ne pouvait pas s’empêcher de faire cela. Il avait commencé après les jeux. Contrairement à d’autres gagnants, il n’était pas devenu un fou, un alcoolique, ou un paria. Il était un drogué et un tueur. C’était sans doute mieux ainsi. Il ne s’imaginait pas autrement. Il regardait sa main jouant avec dextérité, d’un air rêveur. Mais fut sortie de ses songes lorsque la cigarette disparu de ses mains. Il allait étrangler une plainte, quand il croisa le regard colérique d’Aileen. Il se restreint de toute parole. « Tu sais que je déteste ça, Phoenix. » Il soupira, et sourit. Il baissa le regard comme un enfant honteux et joua avec ses pieds avant de le lui concéder : « Oui je sais… navré. Mauvaise habitude. » quand je suis nerveux. Et il avait des raisons d’être nerveux. Cela fut prouver lorsque l’atmosphère se fit plus froid encore. Il l’observait, tourner dans la cuisine comme une lionne en cage. Elle lui proposa un déjeuner, ce qui l’étonna tant et si bien qu’il fut incapable de répondre. Il était si anxieux que sa gorge était sèche et son corps lourd. Il la regardait attendant le moment fatidique où elle allait le condamner pour ses erreurs. Il respirait péniblement, et ignorait ses questions alors qu’elle lui proposait des œufs. Puis il y a eut la panique. Non pas de la voir l’accuser de tromperie, mais parce qu’elle devint si pâle qu’il eut peur qu’elle ne tombe à terre. Il se trouva vers elle en un instant, la soutenant. Il était toujours aussi protecteur avec elle. Evidemment. Il avait beau l’avoir … trompée, il ne l’aimait pas moins. C’était une erreur, une pulsion soudaine, la preuve qu’il n’était qu’un homme et un connard. Un de ces pacificateurs qui baisaient toutes les femmes qui passaient près de lui. Il avait tenu des mois en étant fidèle à Aileen. Il ne l’avait jamais été depuis huit ans qu’il la connaissait. Depuis huit ans qu’elle l’avait dépucelé. Pourtant il l’aimait depuis. La solitude et l’ennui avait eut raison de son désire et de son manque d’affection. De sa bonne foi. Mais il n’était pas un homme fidèle, il n’avait jamais eu l’habitude de l’être. C’était nouveau pour lui, une conception des relations qu’il n’avait jamais eu. Dans son esprit, s’il avait fait quelque chose de mal, c’était parce qu’il ne l’avait pas dit à sa femme. Il doutait qu’elle prenne bien la réponse. Et la preuve en fut de sa réaction. Que pouvait-il répondre à sa femme alors qu’elle lui demandait pourquoi ? Il ne fut pas long à répondre, se fermant. Attendant que l’orage passe. Il ne savait que dire. « En effet. Mais essaye toujours. » Alors il parla, librement, sans retenu. Une fois encore, jouant avec le feu il alluma un brasier brûlant et flamboyant. Il allait souffrir et regretter sa stupidité.

Il avait du mal à se souvenir cette soirée dans le district cinq. A moins que ce ne fut le sept. Il se souvenait avoir croisé Siloe. Il se souvenait… de rien d’autre. S’il avait couché avec elle cela ne l’avait pas plus marqué que s’il avait été une autre femme. Que s’il n’avait rien fait. Sans doute, sur l’instant, cela lui avait été appréciable. Mais à présent qu’est-ce qu’il en récolté sinon la colère et la déception de sa femme ? il regrettait, il regrettait amèrement de l’avoir trompée, parce que cela ne l’avait pas rendu plus heureux. Ce fut un plaisir passager, vain, éphémère. Un plaisir qui ne l’avait que trop éloigné du bonheur. Ce bonheur qui se trouvait dans les bras d’Aileen. Ses bras qui étaient trop loin de lui. Il avait le désire d’hurler sa rage et sa colère, de se scarifier, de se faire mal, de se faire souffrir. Il aurait voulu s’arracher le visage et le cœur. Mourir. Sans doute. Au lieu de quoi, son orgueil parla à sa place, et il ne parla que d’une partie de jambes en l’air. Ce que ce fut, en sommes. « Tu crois que c'est le genre de choses que je veux entendre, Phoenix ? » Il serra les dents. Il n’aimait pas la voir aussi froide, et aussi … cruelle. Il voyait cette cruauté dans ses yeux, cette colère contre lui. Ce dégout. Il serra les dents, et les poings. La colère envahit Phoenix comme une irruption soudaine. Brulant tel un volcan, il déversa sa colère en un flot de paroles acerbes. « Tu préfèrerai m’entendre dire que j’ai aimé baiser cette fille ? Que j’ai pris un pied d’enfer ? Ou qu’alors que j’étais en elle je ne pensais qu’à toi ? » Il la regardait de son œil valide, enflammait par la rage, et la blessure qu’elle lui avait affligé. Elle savait comment le mettre hors de lui, elle voulait lui faire mal. Le faire souffrir comme elle souffrait. Il le comprenait, mais il ne pouvait pas simplement se laisser faire. Elle n’était plus son supérieur, elle n’était pas le lieutenant Carter. Elle était sa femme. Il avait merdé, certes, mais que voulait-elle le voir faire ? Qu’attendait-elle de lui ? « Tu crois vraiment que j'ai envie de t'entendre parler de ce que tu as fait avec cette putain, de dire que tu as tout misé, notre mariage, ma confiance et mon amour, ma réputation, rien que pour une putain de partie de jambes en l'air? » Les chose s’envenimaient. Mais à ce stade des choses il n’y aurait plus de retour en arrière possible. Ils allaient s’invectiver et se détruire à présent. Il le savait, mais il ne baisseraient pas les armes. Il était sans doute injuste, et enorgueilli mais il ne pouvait pas faire autrement. Il n’aimait pas le sentiment qui naissait en lui. Ce sentiment d’être … Prisonnier. De ne plus posséder sa vie et ses décisions. De n’être qu’une marionnette. Il ne voulait pas de cela. Il tenait à sa liberté de paroles, de pensés, d’actes. C’était bien tout ce qu’il possédait. Mais c’était sans doute une contre-partie du mariage. Mariage qu’il n’avait jamais remis en cause. Dans son esprit … il ne s’était pas passé grand chose quand il avait mis Siloé dans son lit d’homme marié. Il n’aviat pas voulu mettre le nom de Carter dans la boue. Il n’avait pas misé leur mariage, et il était évident dans l’esprit de Phoenix qu’il serait sien pour l’éternité. Jamais il n’aimera d’autre femme comme il l’aimait. Il ne remettait pas cela en doute lui et il avait l’impression qu’elle doutait de l’amour qu’il avait pour elle. Il en fut blesser. Non plus encore … il était meurtri. « Je n’ai rien misé du tout ! Tu n’as pas épousé un putain de prince charmant Aileen ! Tu savais parfaitement quel genre d’homme j’étais… Attendais-tu que je m’excuse d’être ce que je suis ? » Demanda-t-il avec un air mauvais, la regardant droit dans les yeux, hurlant sa rage et sa colère qui montait crescendo encore. Il était sur le point d’exploser. Comme souvent quand ils se disputaient cela devenait très vite dangereux. Ils savaient comment se faire souffrir, comment se faire mal et comment atteindre l’autre. Mais c’était bien la première fois que cela prenait de telles proportions. C’était la première fois que leur amour était mis à l’épreuve de cette façon-là. Il avait peur, mais pour le moment la colère l’aveuglait.

Il était perdu. Il n’aimait pas du tout cette situation et il ignorait ce qu’il devait faire à cet instant précis. Il aurait voulu partir pour ne plus avoir à subir son regard haineux à cet instant précis. Mais il n’était pas lâche, tout du moins tâchait-il de s’en persuader. CE n’était pas la première fois qu’il subissait les foudres d’Aileen, mais c’était l’unique fois où il en serait la cause directe. Il ne supportait pas l’idée de la décevoir, et pire encore de la blesser aussi impunément qu’il le faisait à cette instant. Mais il était comme fou, n’arrivant pas à croire ce qu’il se passait à ce moment précis. Il aurait voulu mourir, faire en sorte que la douleur disparaisse et ne plus jamais avoir à la raviver. Il était inhumain de souffrir de la sorte, cela devrait être impossible. Pourtant, il était sur le point de s’arracher le cœur pour ne plus rien ressentir. Il voudrait ne plus rien ressentir, n’être qu’un monstre pour pouvoir se détester et la détester. S’il ne l’aimait pas autant tout serait beaucoup plus simple. Mais ca ne l’était pas. Rien n’était jamais simple en réalité. Alors il restait là, loin d’elle, tâchant de calmer ses ardeurs meurtrières. Quand il se sentait agresser, Phoenix avait toujours appris à rétorquer. Mais avec violence. La meilleure défense c’est l’attaque, et dans ce domaine il était quasiment invincible. Cela n’avait cependant rien d’étonnant, car il avait été entrainée par la grande Aileen Carter. Le lieutenant respecté de tous, aux ordres de Snow, qui était connue pour avoir un cœur de glace. Seul Phoenix avait su le faire fondre. Et aujourd’hui il avait l’impression de revenir huit ans auparavant, quand il venait à peine de la rencontrer. Quand elle le dédaignait et le détestait encore. Pire encore il était de nouveau ce gagnant des jeux qui n’avait rien à faire parmi la masse infrome des pacificateurs en herbe. Il n’avait pas sa place. « Non, Phoenix ! Je voulais que tu me supplies, que tu te traînes dans la boue devant moi comme un chien, un salopard de chien, parce que c’est ça que tu es, c’est ça que tu mérites ! Je voulais que tu cherches des excuses, bon sang, que tu sois au moins un peu désolé ! » Un chien . Il n’arrive pas à croire ce qu’elle venait de … dire. Il était habitué à être insulté, jamais à être rabaissé de la sorte. Et encore moins depuis qu’Aileen était devenue sa femme. Il n’était qu’une bête à ses yeux. Vraiment ? Il avait beau se douter qu’elle parlait sous le coup de colère et de la souffrance, il n’arrivait pas à croire qu’elle ait si peu d’estime pour lui à cet instant. Un Chien, bien sur qu’il l’était. Un putain de chien du capitole, entrainé à tuer et à faire souffrir tous les habitants des districts. Une bête atroce qui viole, torture, et tue. Putain, comment pouvait-elle avoir été aussi aveugle ? Il perdit son souffle sous la violence du coup qu’il venait de recevoir. Il resta béa pendant une demi-seconde avant de rétorquer d’une voix haineuse et assassine. « … Tu veux que je sois ta … Putain tu veux faire de moi ton esclave, ton prisonnier, ta chose ? Tu veux que je te sois soumis comme je le suis déjà à Snow et à ce putain de Capitole ? Tu crois que je ne m’en veux pas pour cela ? Tu veux m’entendre dire que je suis désolé ! Fort bien. Aileen, je me damnerai des milliers d’années durant et je me tuerai une centaine de fois pour arriver à me pardonner ce que j’ai pu te faire subir. Je n’attends pas à ce que tu me pardonnes, je me hais d’être aussi con. Dire que je suis désolé n’est pas assez fort pour exprimer ce que je ressens. Ce dégoût que j’ai de moi-même. » Il n’était pas son esclave, il n’avait si peu d’estime pour ramper à ses pieds. Il ne lui était pas soumis, bien qu’à cet instant elle semblait vouloir qu’il le soit. Il n’irait pas ramper aux pieds de sa femme pour recevoir son pardon. Elle était sa femme, son égal, non pas sa maîtresse. Elle n’était pas son lieutenant, elle était sa putain de femme à cet instant. Il ne s’agissait pas pour lui de se faire pardonner du Lieutenant Carter en tant que l’officier Lewis. Il s’agissait pour lui d’une dispute entre Aileen et Phoenix. Elle ne faisait plus la différence ? Vraiment. Et qu’elle pense en prime qu’il n’était pas désolé pour ce qu’il lui faisait subir … il ne pouvait pas croire qu’elle était tant aveuglée ? Il ne s’était pas excusé… sans doute non. Il baissa le regard, honteux. Il tremblait. Son corps entier était sous tension, et il sentait qu’il était simplement sur le point d’exploser. Il avait besoin de violence. Maintenant. Mais il ne pouvait pas simplement … Il ne pouvait pas même y penser.

Son regard se leva vers Aileen, et il la foudroya de son œil valide avec tant de haine qu’il crut qu’il était près à … la quitter à cet instant. Mais son amour aussi le retenait à ses côtés. Comme toujours lors de leur dispute. S’il partait, il savait qu’il reviendrait en rampant. « Alors, j’espère que tu as bien profité de ta petite partie de jambes en l’air, parce que tu n’en auras plus avant longtemps ! » Il n’eut aucune réaction immédiate, essayant d’abord de comprendre ce qu’elle venait de dire. Son corps fut le premier à réagir, et une douleur lancinante lui brula le ventre. Le manque d’elle. Il comprit alors qu’elle venait de le mettre hors de leur lit. Son regard se tourna vers leur chambre, dont la porte était à demi-ouverte et laisser voir un lit encore fait, propre… Et le salon derrière lui, où le canapé semblait le narguer. Elle venait de le priver de retrouvailles tout à fait sensationnelles… Non il s’était privé seul de ces retrouvailles. En trompant Aileen. En la trompant il venait aussi de se priver d’elle, de son cœur et de son amour. Il serra les dents et ravala sa frustration. Le désire qu’il avait d’elle se fit plus ardent encore. Il était une boule de colère et de frustration, et quand il allait exploser cela allait sans doute être horrible…
Il n’arrivait pas à croire qu’il en était arrivé à ce niveau-là. Il voulait revenir en arrière. Cependant, il ne savait pas ce qu’il voulait réellement changer. Il se souvenait de cette théorie que son père lui avait expliqué à la mort de sa mère. Il appelait cela « l’effet papillon ». Et cela avait marqué l’enfant à vie. La théorie, c’est qu’un battement d’aile d’un papillon d’un côté du monde, faisait venir un ouragan de l’autre côté. Il y croyait vraiment. La simple décision, la simple action pouvait détruire une vie. Phoenix ne savait pas s’il voulait revenir sur les jeux, sur son mariage, sur cette nuit où il avait sauvé Aileen, ou encore sur sa nuit dans le district sept. Il savait que ses actions auraient pu changer le cours de sa vie entière. S’il était mort dans les jeux, peut être que Domino n’aurait pas gagné, ou alors peut être que si. Peut être qu’elle serait revenue dans le district onze, aurait rejoint la rébellion et serait heureuse aujourd’hui. Peut être qu’elle aurait pu venger la mort de son frère, qu’elle serait devenue quelqu’un d’important. Et Aileen Carter aurait continué sa vie dans les forces du Capitole sans jamais sombrer dans la dépression, ou tout du moins, sans jamais remettre l’hégémonie de Snow en question. En revenant sur cette nuit où il l’avait sauvé … peut être que lui aurait sombré dans la dépression, ou alors aurait-il était plus proche d’autres collègues comme Zelda. Peut être qu’aujourd’hui il serait chef des pacificateurs de son district. Il aurait pu oublier cette femme qui l’avait entraîné. Ou alors il s’en serait voulu toute sa vie durant pour ne pas l’avoir sauvée. Et s’il ne l’avait pas demandé en mariage ? peut être n’en seraient-ils pas là aujourd’hui. Peut être qu’ils s’aimeraient encore dans le caché des nuits où ils combattraient ensemble. Il serait encore seul. Triste, et mélancolique. Et puis, même si à cet instant il souhaitait être ailleurs, il ne remettrait jamais en doute son amour insensé poour Aileen, ni le fait de s’être lié à elle pour l’éternité. Alors sans doute s’il devait revenir sur une partie de sa vie, il reviendrait sur cette nuit dans le district sept. Pourtant, alors, rien n’aviat semblé pouvoir le dissuader de coucher avec Siloe. Peut être pour lui dire adieu une dernière fois. Peut être pour mettre un terme à cet amour adolescent qu’il avait eu pour elle. Ces sentiments faciles… il avait du faire son deuil de cette relation, pour se consacrer entièrement à Aileen. Mais comment réussir à le faire comprendre à cette dernière sans lui dire « Je t’ai trompé avec mon ex parce que j’avais encore des sentiments pour elle … » il ne l’avouerait jamais de la sorte. Il se le refusait. Ce serait la faire souffrir pour rien. Surtout qu’à présent, Siloe faisait partie de son passé. Passé qu’il avait oublié pour se donner entièrement à Aileen. Sauf qu’elle ne le comprenait pas encore. Elle semblait incapable de le voir, et lui culpabiliser de la faire souffrir tant. Il ne supportait pas cela. Pour une fois dans sa vie il regrettait. Il avait toujours fait en sorte de ne jamais rien regretter de ses actions. Pour la première de sa vie il regrettait une action. Il détestait cela. Encore plus les conséquences de cet acte. Il voulait simplement … quoi ? Qu’elle lui pardonne ? Elle nel e fera sans doute pas, il devait se mettre cela à l’esprit. Il angoissait. L’angoisse, la colère, et la douleur eurent raison de lui, surtout avec ce qui allait suivre. « Tu m'aimes ? Tu m'aimes ? Non, Phoenix, tu ne m'aimes pas ! Un homme qui m'aime ne ferait pas ça ! Un homme qui m'aime vraiment, comme tu prétends le faire, ne me tromperait pas ! Ce n'est pas ta vie que je veux ! Ni ton amour, s'il vaut si peu. Ce que je veux, Phoenix... » Il grimaça sous la violence du coup qu’elle lui assainit. Autant qu’elle le tue directement. Il se mordit la langue, et la sang envahit sa bouche. Reculant de plusieurs pas, il quitta son regard, et tenta d’avaler la pillule. Elle ne voulait pas de lui parce qu’il l’avait trompé une fois. Une erreur, une fois, en huit ans … lui qui lui aviat sauvé la vie, qui avait toujours tout fait pour être son homme parfait, qui avait toujours suivi ses ordres sans broncher, qui avait été passé un pacte avec Snow pour être son mari, qui la défendait corps et âme… Qui lui appartenait depuis toujours… Voilà que tout cela ne signifiait plus rien, qu’il n’était plus rien à ses yeux. Comment pouvait-elle dire une chose pareille ? Ses mots étaient violents, et laissèrent un gout amer à Phoenix qui n’arrivait pas à les digérer. Il aurait voulu lui arracher la langue. Il se dégoûtait, elle le dégoûtait. Et cet amour qui soudainement ne semblait plus avoir lieu d’être pour elle. Cet amour qu’elle reniait de la sorte. Que faisait-il encore là alors ? Il regarda la porte, et eut envie de partir. A jamais. Lui et son amour maudit, meurtrier, cruel.

« Ce que je veux, c'est être heureuse avec toi. Comme tout le monde ! Être heureuse, pouvoir te faire confiance et ne pas devoir me ronger les sangs à chaque fois que tu pars parce que j'ai peur qu'il t'arrive quelque chose ou que tu sautes sur la première venue ! » Être Heureuse … Il lui avait dit déjà qu’il ne pouvait pas être heureux. Il pouvait tout faire pour la rendre heureuse, c’était un fait, mais il ne savait pas comment s’y prendre. Il était complètement perdu, ne sachant comment réagir, ou comment prendre ses paroles. Il recevait les foudres de son action, il le comprenait, mais il ne se doutait pas que cela la blesserait à ce point. Après tout, durant des années ils avaient été des amants non exclusifs. Il l’avait demandé en mariage, car elle était la seule à le faire se sentir vivant, la seule qui importait vraiment à ses yeux. Il devait encore apprendre à vivre cette nouvelle situation. Il faisait beaucoup d’erreurs, il n’était pas un homme foncièrement intelligent, mais il apprenait vite de ses erreurs. Jamais il ne la tromperait de nouveau. C’était une situation particulière qui ne se réitèrerait pas. Sans doute, aujourd’hui, Siloe se trouvait au District treize. La prochaine fois qu’elle croisera le chemin de Phoenix il lui mettrait une balle entre les deux yeux. Mais il était frustré et blessé qu’elle le voit réellement comme un de ces types qui n’avaient aucun respect pour leur femme et qui enchainaient connerie sur connerie. Comme s’il pouvait se délecter de sa douleur. « Tu doute de … Penses-tu vraiment que quelqu’un sur cette putain de planète puisse prétendre être heureux ? Tu veux être heureuse et ne pas risquer de me voir sauter tout ce qu’il bouge ? Il fallait te prendre un chien Aileen. » Il était cruel et injuste, surtout. L’ironie qui transperçait dans sa voix n’avait sans doute pas lieux d’être et il le regretta tout de suite. « Je suis un homme avec ses défiances, tu le sais. Je fais des erreurs, souvent, mais je … J’apprends vite, et je ne peux pas simplement … Me délecter de te voir souffrir de la sorte. Cela ne se reproduira plus. » Etait-ce cela qu’elle voulait entendre. Il disait la vérité, sans réussir cependant à la regarder dans les yeux. Ses sentiments le rendaient frénétique et il marchait au travers de la pièce comme un homme fou qui cherchait de quoi se rattacher à la réalité. Il faisait des allers et venus devant elle, comme un lion en cage…

« Ce que je veux, c'est vivre. Pas être ballottée d'un sens dans l'autre comme une marionnette par le destin. Pas voir mes dernières certitudes m'échapper. » Il ne savait tout cela, il n’avait pas à en douter. Elle était une femme fragile, et fragilisée par tout ce qu’elle avait vécu. Il ferait absolument tout pour qu’elle soit le plus heureuse possible, mais parfois il lui arrivait d’avoir des instants de faiblesses où il redevenait ce qu’il avait toujours été. Il n’était qu’un homme après tout, et parfois la fatigue, le stress et la colère prenaient le pas sur ses résolution. Il avait eu besoin d’attention, de quelqu’un, un soir, et Aileen n’avait pas été là. C’était tout. Est-ce que cela allait se reproduire. Il ferait en sorte que non. Jamais. Pas après l’avoir vu verser des larmes de colère face à sa révélation. < font color=grey> « Tu n’as pas à douté du fait que je t’aime. » Même si son amour n’était pas suffisant pour elle, il n’était pas inexistant. Il ne savait aps si elle voulait encore se raccrocher à cela, sans doute pas d’ailleurs, mais c’est tout ce qu’il avait à lui offrir alors... « Je te comprends. » Il se tendit, près à accuser le coup… le pire était encore à venir il le présageait. « Je comprends que tu te sentes seul parce que je l'ai connue aussi, cette solitude ! Je l'ai sentie, oui, je l'ai sentie bien fort, seule au district 5, en me sentant trompée, abandonnée, flouée. Je comprends! » Il releva le regard vers elle… Son cerveau fonctionnait à cent à l’heure, et il comprit – avant qu’elle ne lui dise, ce qu’elle … avait fait. « Tu te fiche de moi … » Un sentiment d’injustice immense le submergea. Il n’arrivait pas à croire qu’elle le faisait culpabiliser, qu’elle lui faisait la morale pour une faute …. Qu’elle avait commise aussi. La colère revint au galop, et il se retint de … Il attendit. Il attendit ce qu’elle avait à lui dire. Qu’elle lui assène le coup mortel, qu’elle le batte alors qu’il se trouvait déjà à terre. « Mais comprends-tu, Phoenix ? Oui, assurément, si je comprends, tu dois comprendre aussi. Alors, tu comprends aussi que cette solitude me rendait folle. Que j'étais malade de chagrin. Que j'étais prête à tout pour t'oublier pendant quelques instants, pour ne pas penser à cette putain et toi, pour ne pas vous imaginer ensemble ! Que j'étais désespérée ! Oui, alors, Phoenix, tu peux comprendre que je n'étais pas dans mon état normal ! Que je me suis rendue dans un bar, que j'ai bu plus que de raison. Alors, Phoenix Lewis, tu peux comprendre que j'ai couché avec un inconnu. » Un inconnu. Phoenix se tendit. Elle était pire que lui en réalité. Lui avait couché avec une femme qu’il connaissait, qu’il avait aimé. Il avait sans doute eut un précédent émotionnel qui l’avait poussé dans les bras de Siloe. Aileen s’était simplement donnée à un inconnu. Un putain d’enfoirée d’inconnu. Que je mette la main dessus et c’est un homme mort. Sa colère monta, et il eut du mal à reprendre son souffle. Il évitait de la regarder, écoeuré par son comportement, par sa révélation ? Est-ce qu’il comprenait ? Assurément. Il l’avait trompé, elle la sut, et comme elle était Aileen Carter elle s’était vengée. Il le comprenait. Elle était faite de la même matière de lui. Ils étaient absolument semblables. Fais l’un pour l’autre. Capables de se détruire, autant que de s’aimer à en mourir. Paradoxalement, cette amour ravageur allait finir par causer leur perte s’ils continuaient ainsi. Alors la comprendre pour son acte, et le lui pardonner n’était pas dur en somme… Tant qu’elle était dans la même situation que lui, persuadée que cela ne se reproduirait pas. Elle avait peur qu’il ne saute toutes les filles qu’il rencontrait en mission ? Des femmes qu’il connaissait… Lui devait s’inquiéter de la voir se faire sauter par tous les tordus qui parcouraient les rues de Panem. Lequel des deux avaient le plus de raison de s’inquiéter ? En outre, Phoenix n’aviat pas un tempérment jaloux… Jusqu’à présent il avait été sur des sentiments d’Aileen à son égart… S’ils venaient à être mis en doute là il aurait des raisons de s’inquiéter. Il ne pouvait pas vivre sans elle, loin d’elle. Il pouvait vivre en l’ayant pour lui, même si elle avait besoin de coucher avec d’autres hommes pour cela. Elle ne le supporterait pas, et l’accuserait de ne pas assez l’aimer. Aussi, sans doute, ne le lui dira-t-il jamais. Son amour allait plus loin que la dépendance physique. C’est elle absoluement et entièrement qu’il aimait. Il l’accepterait quoi qu’elle lui fasse subir et endurer. « Tu peux comprendre que j'étais dégoûtée de toi et que j'avais envie d'un peu de chaleur humaine et de douceur, de quelqu'un qui ne me demanderait rien, d'une affaire sans lendemain. Tu peux, non, tu dois, je te l'ordonne, puisque moi aussi j'y suis obligée, tu dois comprendre que je t'ai fait exactement la même chose que tu m'as faite. Que maintenant, tu ressentiras la même chose que moi alors. Chaque douleur, coup pour coup, chaque entaille dans ton amour-propre, chaque trou dans ton égo, chaque cri dans ta gorge, chaque larme dans ton putain de corps, chaque coup de poignard dans ton coeur. Mais je ne fais pas ça par vengeance. Oh non. C'est un but bien trop insignifiant. » Il resta stoïque, choquée de sa dernière phrase. Il aurait compris, il aurait accepté qu’elle le fasse par vengeance, cela aurait été légitime, et il l’aurait mérité. Il l’aurait accepté et cette leçon serait resté gravée dans son esprit. S’il la faisait souffrir, elle pouvait le faire aussi en retour. C’était une chose naturelle dans l’esprit de Phoenix qui vouait sa vie à la vengeance : vanger la mort de sa sœur, la perte de sa place au sein du district onze, de Snow et de Coin qui s’évertuaient à détruire Panem. Se venger du rebelle qui lui avait arraché son œil. Se vanger du connard qui avait sauté sa femme. Il comprenait la vangeance, c’était une réaction légitime et noble – à ses yeux – face à une agression. Mais ce n’était pas l’excuse d’Aileen. Il ne comprenait pas. Mais il était blessé qu’elle donne aussi peu d’importance au désir de vangeance. Il le prenait personnellement, comme si elle critiquait toutes les actions qu’il avait effectué dans sa vie. Ce qu’il était. L’homme qu’elle avait épousé, en plus de celui qui l’avait trompé. Comme si elle remettait en question celui qu’il était. Elle semblait avoir décidé de le faire changer, d’en faire un homme à son image, comme elle le voulait. Et il en avait assez de n’être qu’une pâte qu’elle s’amusait à pétrir selon ses désirs. Elle pouvait faire de lui ce qu’elle voulait, mais il avait peur de s’oublier, de se perdre et de ne plus être lui-même à cause d’elle. Il ne voulait pas lui en vouloir pour cela. Alors il se battait, avec de pauvres armes dérisoires pour rester lui-même. « Pourquoi l’avoir fait alors puisque tu semble avoir de meilleures raisons que moi ? » « J'ai fait ça pour moi, parce que j'en avais besoin, parce que je ne fais jamais rien pour moi dans cette chienne de vie ! » Son cœur se brisa. La colère le submergea. Il manquait d’air, et il se plia en deux sous l’effet de la douleur, tournant autour de lui, il s’éloigna d’elle, riant, la boule d’émotion lui bloquant la gorge. Une larme coula sur sa joue. Il arriva devant un miroir qui ornait leur salon… Leur maison… Il y regarda son reflet, et celui d’Aileen… Et dans un geste empli de colère, son poing vint s’abattre sur la surface vitrée qui explosa. Le sang coula sur le sol, et la souffrance le calma. A peine … une seconde.

Il n’arrivait pas à croire qu’elle lui disait cela. A lui. Alors qu’il avait toujours tout fait pour elle. Parce qu’elle était toujours passé avant lui dans ses décisions. Sauf une fois, cette fois, alors qu’il avait couché avec Siloe. Il regarda son poigné ensanglanté, les morceaux de verres brisés qui s’étaient incrusté dans sa phalange et recouvraient le sol. Il était désespéré, absolument perdu et blessé à un tel point qu’il se sentait capable de s’arracher le cœur. De se donner la mort. Il aviat l’impression que toute sa vie n’avait été qu’une illusion, ou un jeu, un divertissement pour Aileen, pour Snow, pour le district onze. Il n’était qu’un jouet. Qu’était-il pour elle alors ? Une distraction ? est-ce qu’elle s’amusait à lui faire croire que leur amour était important si c’était pour le briser de la sorte en une seule seconde. Il devait répondre. Il devait se battre avec ce qu’il possédait. « … M’aurais-tu épousé… pour moi ? Pour me faire plaisir ? Ne t’ais-je pas ôter de l’égide de Snow, un instant … un court instant pour t’offrir une vie qui ne serait qu’à toi ? » Infâme. N’était-ce qu’un jeu pour toi Aileen ? Dis moi que c’est la colère qui parle, ou la haine et non pas la vérité qui éclate soudainement. Ca je ne pourrais pas le comprendre, je ne pourrais pas le supporter. Cette vérité-là me tuerait. « TU COMPRENDS ? » Il resta immobile alors qu’elle continuer à s’exclamer de la sorte. Il devint sourd à ses paroles, préférant regardant son reflet qui avait volé en éclat. Il ne supportait plus sa propre image. « Parce que moi, je t'avoue, je ne comprends pas ! Je ne comprends pas comment tu as pu faire ça, comment tu as pu me pousser à faire ça ! Je t'aimais ! Je t'aime ! Depuis notre mariage, je n'avais même pas regardé les autres hommes, je n'avais pas seulement songé à coucher avec quelqu'un d'autre ! Je me considérais comme quelqu'un de fidèle, et je me faisais confiance comme je te faisais confiance ! Et maintenant ? Maintenant, je regrette chaque merde de seconde de cette fameuse nuit, chaque parole que j'ai échangé avec cet idiot, chaque fois où j'ai obligé ma conscience à se taire. Je regrette tout ! » Il serra les poings et les éclats de verres s’enfoncèrent encore un peu plus dans sa chaire. Il grimaça. merde il ne savait pas ce qu’elle attendait de lui. Est-ce qu’elle voulait tout lui mettre sur le dos ? Fort bien. Et après quoi ? « Alors hais-moi à présent puisqu’il n’y a plus que cela à faire ! » Dit-il entre ses dents. Il était injuste, après tout elle disait qu’elle l’aimait encore. Qu’elle l’avait aimé … Il ne savait plus quoi penser. Est-ce que cet amour était encore de mise alors qu’il l’avait poussée à se détester ? La colère le poussa à frapper une fois encore, le mur cette fois, et un morceau du ciment qui le recouvrait se détacha sous la puissance du coup. Les larmes coulent sur ses joues sous l’effet de la douleur. Il préférait cette douleur –là car elle était rationnelle. Il la maîtrisait, il pouvait la causer, et l’annihiler. Elle lui permettait de se contrôler. « Mais ce que je regrette le plus, Phoenix, c'est d'avoir appris à te connaître, de t'avoir donné mon coeur, parce que sans toi je n'aurais jamais senti cette douleur, sans toi je n'aurais jamais été si proche du désespoir. » Et tu n’auras jamais été si proche du bonheur également … elle l’empêcha de répondre. Injuste. « Oh, oui, je t'aime. Je t'aime comme une folle, et c'est ça qui me mènera à ma perte. Je veux poursuivre cette vie avec toi parce que c'est cette existence que j'aime, cette existence que je veux. Je te veux à mes côtés, tout le temps, toujours. Je ne peux plus me passer de toi. Tu m'apportes tant de choses, tu m'as apporté tant de bonheur... Mais comment allons-nous continuer, maintenant ? Après ce que nous avons fait ? Comment ? » Il voulait répondre, il voulait rétorquer, la blesser, un peu plus encore, alors que lui se trouvait à terre ne sachant que faire. Elle disait l’aimer mais les mots n’avaient plus de sens à son esprit à côté de tout le reste. Il avait l’impression de ne pas mériter cet amour qu’elle semblait encore lui porter. Il méritait d’être haï. Il méritait de la voir le détester… Tout cela pour une nuit. Non … Tout cela pour deux nuits. Après tout elle était aussi coupable que lui. Si elle ne l’avait pas trompé il aurait pu le comprendre, car elle avait toujours été meilleure que lui à ses yeux. Mais elle l’avait trompé aussi. Elle était son égale, elle était aussi corrompue et mauvaise que lui. Elle n’avait pas le droit de tout lui mettre sur le dos, de prendre ses grands airs et de le rabaisser plus bas que terre. Il avait déjà connu cela, cette désillusion et cette cruauté. Cette infamie. « Et si c’est moi qui décidait d’y mettre un terme ? » Demanda-t-il en se tournant vers elle. Le regard mauvais, les larmes traçant des lignes sur ses joues. Etaient-ils aussi cruels et passionnément liés qu’ils ne pouvaient que se détruire ? Il comprit alors ce que cela signifiait. Cet amour passionnel causerait leur perte à tous les deux. Ils ne pourront pas être heureux. Jamais. Ils étaient bien trop enclin à l’auto-déstruction. Il avait sans doute fait une erreur en l’épousant : il l’avait condamnée à la souffrance. Il en prit conscience trop tard.

« Parce que tu m'as trompée et que je t'ai trompé, nous sommes quittes, c'est ça ? NOUS SOMMES QUITTES ? C'est comme ça que ça marche ?! C'est comme ça que ça marche pour toi ?! Parce que pour moi, ce n'est pas le cas !» Là, il devenait fou. Il revint vers elle, le regard perdu tel un enfant dans les ténèbres, privés de chaleur humaine, privé de présence à part celles des fantômes et des cauchemars. « QUE VEUX-TU DANS CE CAS ? M’en vouloir jusqu’à la fin de nos jours ?! Me faire regretter chaque instant d’avoir céder à une pulsion ? Dois-je passer outre le fait que tu te sois faite tirer par un parfait inconnu pour toi !! Parce que te faire prendre comme une chienne de la sorte cela équivaut… a quoi ! A t’offrir un instant de bonheur personnel ! C’est cela que tu es Aileen ?! C’est ca ton excuse !? » Il était borné, sans doute, mais rien ne lui avait faire plus mal encore que d’entendre cela de sa bouche. Rien ne lui avait fait plus mal encore que cela. Elle venait de le tuer, et elle semblait vouloir continuer. C’était sans doute leur plus grande dispute. Celle qui risquait de tout faire voler en éclat. « Tu regrette… Et regrette-tu cela aussi ? » demanda-t-il en montrant l’alliance qu’il portait au doigt. « Regrette-tu d’être devenue ma femme ? Regrette-tu que je ne sois pas absolument fidèle et empli de romantisme ? Regrette-tu que je sois à présent ton mari ?! La vérité est atroce n’est-ce pas ? Tu pensais avoir épouser l’homme de tes rêves et tu te rends compte qu’il n’en ai rien ! Cela n’atténue par l’amour brûlant que je te porte. Tu peux te faire prendre par tous les hommes de Panem si cela te chante. Aucun ne pourra t’aimer comme je t’aime. Aucun n’aura besoin de toi comme j’ai besoin de toi. Aucun ne te connaîtra mieux que moi… » Il était arrivé jusqu’à elle, la regardant de toute sa hauteur, le regard empli de flammes et de passion. De douleur, de désire, de souffrance, de larmes. Il avait arrêté de crier, parlant d’une voix froide, tenue, emplis d’émotions contradictoire mais portant la vérité en son sein. « Aimer comporte des risques, tu le sais comme moi. Aucun, non plus, ne pourra te faire souffrir et te détruire comme je pourrai le faire. Aucun ne te donnera l’impression que le monde n’a plus d’attrait, que tout n’est que souffrance et mort comme à cet instant. Aucun ne te fera jamais sentir aussi vivante à force de rage et de colère. N’est-il pas bon de me haïr Amour ? T’es-tu déjà sentie plus vivante auparavant ? » Demanda-t-il. Il ne s’agissait pas d’une douce idylle comme elle pouvait en rêver enfant. C’était pire, et meilleur à la fois. C’était un amour si pure et si violent qu’il pouvait la réduire à néant. Mais peu était ceux qui vivaient cela. Elle avait la chance … ou le malheur de le vivre. Alors elle pouvait le faire regretter à Phoenix de l’aimer de la sorte, ou simplement l’accepter, cette passion, alors la douleur qu’elle entraînait inexorablement. La balle était dans son camp à présent. Savoir si elle voulait le vivre, ou pas. Si elle voulait y mettre un terme à présent. Si elle voulait s’y jeter à corps perdu et risquait d’en mourir. Mourir de plaisir, non pas de bonheur. Mais n’était-ce pas divinement mieux ? « Oh, qu'avons-nous fait ? » La tempête serait-elle passée ?

Il se calma, et baissa le regard. Il se rendit compte que la douleur qu’il ressentait ne venait pas seulement de sa main blessée, mais de sa tête qui le faisait souffrir horriblement. Il alla prendre un verre et le rempli d’eau, comme si cela était une chose anodine, quotidienne. Cela l’aidait à se ressentrer, à se concentrer, et à se calmer. « Tu veux que je te rende heureuse Aileen … Mais tu sais que j’en suis incapable. Je ne peux que t’aimer. Je n’ai que cela à t’offrir. Je t’aime à en perdre la raison. Je t’aime au point de me haïr pour cela. Je souffre de t’entendre … nier ce que j’ai tenté de t’offrir. Je t’ai trompé, et je le paierais chaque jour durant. Mais je ne t’ai jamais trahi. Je n’ai toujours aimé que toi. Je n’ai toujours appartenu qu’à toi. Je suis ce que … tu as fait de moi. Avec mes défaillances, mes défauts, et mon caractère à la con. » De sa poche il sortie trois cachets : rose, vert, bleu. Les magnifiques cachets du Capitole. Anti-douleur, anti-dépresseur, anti-inflammatoire… il avait oublié l’ordre, et il ne se souvenait plus comment il devait les prendre. Alors il les prenait tous en même temps. Il les regarda, tenant son verre dans la main blessée. Il se tourna un instant vers Aileen. « Il y aura d’autres disputes. Il y aura d’autres épreuves. Mais je … je peux m’améliorer. Je peux essayer de me racheter, de reconquérir ta confiance. Je ne veux pas te perdre. Je t’aime toujours de la même manière, et plus encore chaque jour. Je souffrirai plus de te voir partir dans les bras d’un autre que de te voir me haire… » Il serait près à tout supporter pour elle, même son adultère. Tant qu’elle continuait de le regarder, de le considérait. Cet amour si fort pouvait se comparer, ou se changer facilement en de la haine. Il pouvait l’acceptait. Mais la voir le quitter… pour un autre homme pour qu’il lui fasse croire qu’elle peut être heureuse… cela il ne pouvait pas le supporter. Il tuerait ses hommes pour leurs mensonges. Cela n’avait aucun sens. Il devait être fatigué. Il mit les cachets dans sa bouche et vida son verre en les avalant.

« Je suis désolé. » il était lent, stupide, et méchant, cruel. Mais il apprenait vite. Il tâchait de … quoi ? Se faire pardonner ? Au moins de ne pas rester borner sur ses poisitions. Il voulait lui dire ce qu’elle voulait entendre. Elle n’allait pas bien. Outre ces adultères quelque chose avaient changé en elle et il n’arrivait pas à expliquer cela. Il se tourna vers elle et tenta de lui sourire. « Dois-je me mettre à genou à présent et te baiser les pieds pour te montrer toute la force de mon idolâtrie ? » Demanda-t-il en lui offrant un regard timide, attendrissant, et empli de culpabilité et d’amour. Qu’il ne garda pas longtemps. Il prouva de l’inquiétude qu’il ressentait une fois encore et retourna vers elle, incapable de rester loin d’elle longtemps. « Pourquoi es-tu si pâle Aileen ? tu semble malade … Dis-moi ce qu’il se passe… » Demanda-t-il en posant son doigt sous le menton d’Aileen pour l’obliger à le regarder dans les yeux, à lui dire la vérité. Il retint son souffle, espérant simplement qu’elle lui pardonnera.

HS : et voila ma femme de ma vie que j'aime (a) 9 pages rien que pour toi We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen 742856855 Bon ... Je ferai moins long la prochaine fois je pense histoire de pas te noyer sous mon amour We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen 3523041270
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We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen Vide
MessageSujet: Re: We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen   We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen Icon_minitimeDim 15 Juil - 20:33

Cruelle. La vie était trop cruelle. Injuste, aussi. Le bonheur, notre petit morceau, notre pauvre centimètre carré de bonheur, nous devions le conquérir à coups de griffes, en nous battant comme des forcenés. Depuis le début, oui, même avant notre naissance, tout n'était qu'une gigantesque bataille. Jusque là, j'avais survécu. J'avais éliminé les moins faibles que moi, j'avais développés mes talents pour en faire des armes, je m'étais fait des alliés. Comme dans les Hunger Games, en somme. Chaque jour était un combat : pour satisfaire mes parents, pour contenter Snow, pour réussir mes missions, pour me faire respecter. Cela m'épuisait. Enfin, grâce à Phoenix, j'avais trouvé un peu de calme. Il m'avait appris à prendre du temps pour moi, à faire ce que voulais, à prendre plaisir aux petites choses de la vie. Il m'avait appris à vivre. J'avais toujours été une personne plutôt stressée, déprimée, stricte. Je culpabilisais rapidement lorsque je me faisais plaisir et je ne vivais que pour mon travail. Phoenix avait chamboulé ma vision du monde. Avec sa philosophie plus nonchalante, voir même hédoniste, il avait ébranlé mes certitudes. Il ne se souciait de personne. Lorsqu'il avait envie de quelque chose, il le prenait. Il n'essayait pas d'être sympathique ou bon, il ne masquait pas ses défauts. Au début, je l'avais méprisé pour cela. Puis, j'étais devenue jalouse de cette belle vie qu'il menait, de sa liberté. Enfin, il m'avait appris à lâcher prise moi aussi. C'était... enivrant. Délicieux. Dangereux. J'étais devenue plus heureuse, moins angoissée. J'avais appris l'amour, et même si c'était un amour destructeur, maudit et désespéré, je ne m'étais encore jamais sentie aussi vivante. Cependant, Snow ne relâchait pas son emprise sur moi. A chaque fois que je faisais un pas sur le côté, que je choisissais un chemin légèrement différent que celui qu'il avait tracé pour moi, j'étais punie. Comme un enfant. J'étais sa marionnette à tout jamais. Et maintenant ? Si, après m'avoir sauvée, Phoenix me laissait tomber ? Il avait ce pouvoir. Il était capable de me briser, même plus facilement que Snow. J'étais devenue dépendante de lui. Sa présence me calmait, me rendait le sourire. Il savait trouver les bonnes paroles pour me consoler et me réconforter. Il me comprenait mieux, beaucoup mieux que n'importe qui d'autre. Et quand il m'embrassait... J'oubliais tout. Je lâchai un soupir. Je l'aimais. Je l'aimais tellement fort, tellement fort... Même après ce qu'il avait fait. Même s'il m'avait trompée. Même quand, comme maintenant, il jouait avec une cigarette alors qu'il savait que je détestais cela. Je m'étais toujours abstenue des excès dans le genre abus de drogue. Sachant que je ne tenais pas l'alcool, j'en buvais très peu. Cependant, j'avais connu l'addiction aux médicaments antidépresseurs. Je comprenais son désir brûlant de fumer... Mais cela ne voulait pas dire que je l'approuvais. Il m'avait aidée à décrocher des médicaments, il m'avait soutenue lorsque j'éclatais en sanglots, lorsque je le suppliais de me rendre mes cachets, lorsque je faisais des cauchemars horribles. J'étais prête à faire la même chose pour lui, mais il ne voulait pas. Il souhaitait rester un drogué, et ça, je ne le comprenais pas du tout. Surtout maintenant. J'étais déterminée à bannir tout ce qui pouvait nuire à mon bébé, et les cigarettes en faisaient partie. J'arrachai donc le paquet aux mains de Phoenix et le piétinai sauvagement. Il osa sourire, puis regarda ses pieds comme un enfant pris en faute. Pathétique. « Oui je sais… navré. Mauvaise habitude. » Mauvaise habitude?! Une simple mauvaise habitude, comme oublier de laver la vaisselle ou ne pas ranger ses chaussettes par paire ? C'était donc ça, pour lui, et pas une addiction dangereuse, voir même mortelle ? Je levai les yeux au ciel, mais ne dis plus rien. Ce n'était qu'un détail. Un détail de plus, mais qui devenait insignifiant face à d'autres sujets, comme par exemple le fait qu'il m'avait trompée.

Lorsque je pâlis, soudainement prise de nausée, Phoenix fut là pour me soutenir. Il semblait sincèrement inquiet. Cela me rassura. Pourtant, lorsque je l'accusai de m'avoir trompée, il prit un air blasé et me balança quelque chose à propos d'une putain de partie de jambes en l'air. Cela ne me plaisait pas du tout, et je le lui fis savoir avec froideur. Cependant, au lieu de prendre un air désolé ou de s'excuser, il serra les poings et me toisa d'un regard meurtrier. « Tu préfèrerais m’entendre dire que j’ai aimé baiser cette fille ? Que j’ai pris un pied d’enfer ? Ou qu’alors que j’étais en elle je ne pensais qu’à toi ? » Je serrai les dents pour m'empêcher de hurler. Comment pouvait-il être aussi cruel ? Il me dégoûtait. Etait-ce vraiment lui, mon mari, mon Phoenix ? Sa réplique me laissa un mauvais goût dans la bouche, me donna envie de vomir. « Tu... » Je m'étranglai. J'étais choquée par son comportement, par ses paroles, et je ne savais plus quoi dire. Alors, impuissante, je laissai passer l'insulte. J'étais tellement fatiguée... Mais il fallait que je le lui demande. Avait-il vraiment tout misé juste pour prendre un peu de bon temps ? Il me regarda, sans comprendre. Cette pensée ne l'avait donc jamais effleuré ? Non. Sans doute pas. Il n'avait pas la même philosophie de vie que moi. Sans doute considérait-il son infidélité comme un détail, un évènement mineur. Il n'avait pas réfléchi aux conséquences de son acte, et cela me mettait hors de moi. « Je n’ai rien misé du tout ! Tu n’as pas épousé un putain de prince charmant Aileen ! Tu savais parfaitement quel genre d'homme j’étais… Attendais-tu que je m’excuse d’être ce que je suis ? » Me hurla-t-il à la figure en me regardant dans les yeux. Pourquoi criait-il ? Il était censé s'excuser, et c'était moi qui devais l'engueuler ! En moi, la colère et le chagrin se disputaient à la lassitude. J'avais envie de lui dire 'C'est bon, tu as gagné. N'en parlons plus. Tu m'as manqué.', mais je ne pouvais pas. Parce que je n'étais pas du genre à abandonner. « Je pensais que tu avais au moins un peu de bon sens ! » Répliquai-je sur le même ton que lui, en croisant les bras. « Avant notre mariage, je me fichais de tes aventures, parce que j’en avais aussi, et parce que je savais que c’était moi que tu aimais ! Mais maintenant, j'entends que tu as retrouvé ton ancienne maîtresse, une femme que tu as aimée, alors que tu es marié ! Cela ne signifie donc rien pour toi ? Ces paroles que tu as prononcées, quand tu m'as juré fidélité, ce n'étaient que des paroles en l'air pour toi ? Parce que si c'est le cas, ce mariage ne servait à rien ! » Je serrai les poings et enfonçai mes ongles dans mes paumes de main, jusqu'à ce que ça fasse vraiment mal. Je me moquais de cette petite douleur ; elle n'était rien, rien du tout, à côté de ce que je ressentais en regardant Phoenix, en écoutant ses paroles venimeuses. Nous nous étions déjà disputés avant, mais jamais comme ça. Peut-être parce que nous savions que cela pouvait être fatal à notre couple. Je le connaissais tellement bien que je savais exactement comment le blesser, et c'était réciproque. Une vague de chagrin enflait en moi, et je vis dans cette triste situation une métaphore de ma propre vie. A croire que j'étais maudite. Même en amour, je ne pouvais pas connaître le bonheur.

Quand je regardais l'homme devant moi, je ne pouvais que songer que c'était de ma faute s'il se comportait ainsi. C'était moi qui l’avais formé, moi qui lui avais appris l'agressivité, le combat. Maintenant, cela se retournait contre moi. Comme dans mes pires cauchemars. Je voulais qu'il me supplie de lui pardonner, ce chien ! Qu'il comprenne ce qu'il m'avait fait ! Sans réfléchir, je le lui dis à voix haute. Il me regarda comme si... Comme si j'étais un fantôme. Comme si je venais de sortir un poignard et de déclarer que j'allais le tuer. Comme si je venais de dire que je ne l’aimais plus. J'avais... honte de ce que j'avais dit, mais je ne pouvais plus retirer mes paroles. D'ailleurs, Phoenix se ressaisit rapidement et rétorqua, hargneux : « … Tu veux que je sois ta … Putain tu veux faire de moi ton esclave, ton prisonnier, ta chose ? Tu veux que je te sois soumis comme je le suis déjà à Snow et à ce putain de Capitole ? Tu crois que je ne m’en veux pas pour cela ? Tu veux m’entendre dire que je suis désolé ! Fort bien. Aileen, je me damnerai des milliers d’années durant et je me tuerai une centaine de fois pour arriver à me pardonner ce que j’ai pu te faire subir. Je n’attends pas à ce que tu me pardonnes, je me hais d’être aussi con. Dire que je suis désolé n’est pas assez fort pour exprimer ce que je ressens. Ce dégoût que j’ai de moi-même. » Je le dévisageai, incrédule. Je ne savais plus quoi penser. Il m'accusait de vouloir faire de lui... mon esclave ? Alors qu'il savait à quel point je souffrais moi-même d'être privée de ma liberté par Snow ? Il pensait vraiment que je pouvais lui faire la même chose que le Président me faisait ? Etais-je donc sans coeur à ses yeux ? Me croyait-il inhumaine ? L'indignation effaça toutes mes autres émotions. « Comment peux-tu me demander cela ?! Alors que tu sais que je ne supporte pas d'être moi-même prisonnière ? Je te demande une toute petite chose : d'être désolé. De regretter ce que tu as fait. C'est tout. C'est tout !» Criai-je en le fixant avec fureur. Puis, je me souvins de ses dernières paroles, et j'ajoutai d'un ton plus doux. « Moi aussi, je suis désolée, Phoenix. » Tu n'imagines même pas à quel point. « Mais je veux juste... Que ça ne se reproduise plus. Je veux pouvoir te faire confiance comme avant. » Je soupirai. J'avais l'impression d'être un professeur qui gronde l'un de ses élèves. 'Tu ne le feras plus, ou tu seras puni' !. Ou Madame Carter qui engueulait son apprenti Lewis. 'Espèce d'idiot, si vous visez encore une fois à côté de la cible, je vous fais bouffer votre uniforme! Il y avait une certaine... froideur entre nous. Comme avant, au tout début. Cela ne me plaisait pas du tout. Et ce regard haineux... Pouvait-il me quitter ? Pouvait-il m'abandonner ?

Jusqu'ici, je ne l'avais pas vraiment 'puni', mais je voulais le faire. Lui montrer qu'il m'avait vraiment blessée. Le faire souffrir un peu, obtenir ma petite vengeance. Pourtant, je n'avais pas prévu de le mettre hors de notre lit. Je le dis sur un coup de tête, aveuglée par la colère. Il me regardait d'un air étonné, comme s'il ne comprenait pas ce que je venais de dire. Puis, il écarquilla les yeux, choqué, et son regard se tourna vers notre chambre. Je le vis encaisser le coup, puis essayer de digérer l'information et de refouler sa colère. Cela me procura une petite joie mesquine, mais aussi une certaine tristesse. J'avais tant pensé à nos retrouvailles... Et maintenant, il n'y aurait rien. Pas même un baiser. Juste une dispute. Je ravalai ma déception. C'était moi qui l’avais décidé, maintenant, je devais l'assumer, même si cela ne me plaisait pas. Il était là, proche de moi. Il ne souriait pas, mais il était toujours aussi beau. Je mourrais d'envie d'enfouir mon visage dans son cou, de le laisser caresser mes cheveux et me couvrir de baisers. Son regard exprimait un certain... désarroi. De la douleur. Et aussi... des regrets ? Etait-ce l'effet de mon imagination ou avait-il vraiment l'air un peu honteux ? Son expression me fendit le coeur, mais je ne pouvais pas me laisser faire. Pas question qu'il me manipule. Il fallait boire la coupe jusqu'à la lie, ad fundum. Même si cela nous menait à notre perte. Je n'étais pas du genre à faire les choses à moitié. Ma colère l'emporta une fois de plus sur la voix de la raison. « Tu m'aimes ? Tu m'aimes ? Non, Phoenix, tu ne m'aimes pas ! Un homme qui m'aime ne ferait pas ça ! Un homme qui m'aime vraiment, comme tu prétends le faire, ne me tromperait pas ! Ce n'est pas ta vie que je veux ! Ni ton amour, s'il vaut si peu. Ce que je veux, Phoenix... » Il grimaça et recula de plusieurs pas. Blessé par mes paroles. Profondément blessé. Les remords m'envahirent, mais je les repoussai. Pas question de me laisser attendrir ! Il méritait cette douleur, ce déluge de paroles acerbes. Lorsqu'il jeta un regard à la porte, mon coeur se serra. Non, ne pars pas. Ne pars pas ! Si tu pars, je ne survivrai pas! Pourquoi ne parvenais-je pas à le lui dire ? A ravaler ma fierté et à lui demander de rester ? Pourquoi, au lieu de le supplier de ne pas m'abandonner, lui dis-je : « Ce que je veux, c'est être heureuse avec toi. Comme tout le monde ! Être heureuse, pouvoir te faire confiance et ne pas devoir me ronger les sangs à chaque fois que tu pars parce que j'ai peur qu'il t'arrive quelque chose ou que tu sautes sur la première venue ! » ? J'avais les larmes aux yeux. Je demandais si peu à ma vie, si peu... Une bonne santé, une famille que j'aimais, un peu de liberté, un bon mari. Pourtant, je n'obtenais jamais ce que je voulais. Frustrée, oui, j'étais toujours frustrée. J'avais pensé trouver le calme en me mariant avec Phoenix... Mais mon malheur me rattrapait toujours. « Tu doutes de … Penses-tu vraiment que quelqu’un sur cette putain de planète puisse prétendre être heureux ? Tu veux être heureuse et ne pas risquer de me voir sauter tout ce qu’il bouge ? Il fallait te prendre un chien Aileen. » Il était tellement... injuste ! Ses paroles avaient pour seul but de me blesser, et cela marcha. Comme je restais sans voix, sous le choc, il poursuivit : « Je suis un homme avec ses déficiences, tu le sais. Je fais des erreurs, souvent, mais je … J’apprends vite, et je ne peux pas simplement … Me délecter de te voir souffrir de la sorte. Cela ne se reproduira plus. » Il me disait ce que je voulais entendre depuis le début. Pourtant, cela ne m'apporta nul soulagement. Pourquoi ne me regardait-il pas dans les yeux ? Il marchait de long en large devant moi, énervé, attendant une réponse. Qu'est-ce que je pouvais bien lui répondre ? Que cela ne suffisait pas ? Que tous ses regrets n'arrangeaient encore rien ? Que c'était ma faute, que j'étais trop exigeante et qu'il m'était difficile de lui pardonner ? « Nous n'avons pas le temps d'apprendre de nos erreurs, Lewis. Une erreur sur le champ de bataille et tu es mort. » Murmurai-je pour moi-même. Je pensais au premier jour de son entraînement, ce jour où j'avais prononcé exactement la même phrase. Je pensais au premier jour de mon entraînement, où Snow me l'avait déjà dit. Comme si toute l'histoire se répétait. Je secouai la tête pour me défaire de mes souvenirs. J'étais faible, à cet instant. Vulnérable. J'avais besoin de l'aide de Phoenix, de son amour. Contre toute attente, il me dit : « Tu n’as pas à douter du fait que je t’aime. » Je hochai lentement la tête. Oui. Il avait raison. Même s'il m'avait trompée, même s'il me trompait encore, je savais qu'il m'aimait. Je le savais comme je savais que je m'appelais Aileen. C'était une certitude enracinée profondément en moi, une certitude qui me donnait du courage. Je savais qu'il serait toujours là, quelque part, pour moi. « Je sais. » Murmurai-je simplement, en lui lançant un regard reconnaissant. « Et tu n'en as pas à douter non plus. Je t'aime, Phoenix, et cela ne changera jamais. Quoi que tu fasses. Même si tu devenais une machine à tuer, même si tu me trompais encore, même si tu me détestais, ou si tu devenais un rebelle... Je t'aimerais toujours, Phoenix ! Et c'est ça qui me torture, c'est ça qui me ronge. Je suis incapable de te résister. Incapable de te détester. Incapable de ressentir autre chose que de l'amour quand je te regarde. » Lâchai-je en un souffle. Comprenait-il ? Pouvait-il comprendre ? Ressentait-il la même chose ? « J’ai beau me dire que tu n’es qu’un salopard de coureur de jupons et que tu ne me mérites pas... Je n’arrive pas à le penser vraiment. Je ne sais pas… comment tu fais… pour avoir une telle influence sur moi. Cela me fait peur, parfois. » Lui avouai-je à voix basse. Oui, cela me faisait peur, parce que c'était plus fort que moi. Beaucoup plus fort. Toujours plus fort.

J'avais le sentiment que le pire était déjà passé, mais ce n'était pas vrai. Je ne lui avais pas encore avoué que je l'avais trompé. Ni que j'étais enceinte. J'ignore où je trouvais le courage et la force de continuer à attaquer Phoenix, à lui balancer des méchancetés alors que je ne voulais que me jeter dans ses bras et faire la paix. Il était tendu, comme s'il sentait que j'allais encore lui faire du mal. « Tu te fiches de moi … » Murmura-t-il, sonné. Il avait compris. Avant même que je ne le lui dise. Il lisait en moi comme dans un livre ouvert. Pourtant, je ressentais le besoin de continuer à parler. De tout lui dire. De vider l'abcès, une bonne fois pour toutes. Je lui avouai tout, et puis je le regardai, attendant que la colère le submerge. Il se tendit, et je vis la rage dans ses yeux, mais aussi... de l'amour ? Malgré ce que j'avais fait ? Je parlais à tort et à travers, je parlais parce qu'il ne disait rien et que le silence m'apeurait. Il restait calme, presque stoïque... Mais son regard en disait long. Je l'avais choqué. Je l'avais meurtri. Je l'avais... Oh, j'avais honte de moi ! Honte, honte, honte ! Et l'incompréhension sur son visage... C'était un peu le but sa vie, la vengeance. Que je lui apprenne qu'il n'en était rien pour moi semblait le choquer. Il ne connaissait pas toute la vérité. Il ne savait pas que j'avais brûlé d'envie de me venger, mais que finalement... Finalement, ce soir-là, quand j'avais couché avec... Thybalt... ce n'était pas pour faire du mal à Phoenix. C'était par solitude, par désespoir. Parce que je voulais me sentir vivante, parce que je voulais avoir le sentiment d'exister pour quelqu'un. Comment pouvais-je le lui expliquer ? Comment pouvait-il comprendre ? Il ne savait pas non plus que j'avais rencontré Julian. Julian qui voulait se venger, Julian que j'avais empêché de se venger. Cela m'avait calmée. Je clignai des yeux. Mes pensées tourbillonnaient dans ma tête, mais je ne parvenais pas à y donner forme. Alors, Phoenix me demanda : « Pourquoi l’avoir fait alors puisque tu sembles avoir de meilleures raisons que moi ? » Je ne dénigrais pas son désir de vengeance. Je ne pensais pas que mes raisons soient meilleures que les siennes ; c'étaient mes raisons, voilà tout. Cependant, je ne parvenais pas à le lui expliquer de façon cohérente. Alors, frustrée, je m'exclamai : « J'ai fait ça pour moi, parce que j'en avais besoin, parce que je ne fais jamais rien pour moi dans cette chienne de vie ! » Chaque mot. Je regrettais chaque mot au fur et à mesure qu'ils sortaient de ma bouche. J'avais été trop loin. Trop loin. Mais trop tard à présent pour revenir en arrière. Parce que je ne fais jamais rien pour moi dans cette chienne de vie, je l'avais dit en pensant à Snow. Mais c'était Phoenix qui avait entendu ces paroles. Phoenix qui les avait interprétées et... Il me lança un regard tellement chargé de souffrance et de colère que je reculai d'un pas. Il se plia en deux comme si je lui avais donné un coup de poignard dans le ventre, en riant de façon hystérique. Je crus bien apercevoir une larme sur sa joue, et cela me bouleversa plus que tout le reste. Phoenix ne pleurait pas. Phoenix ne pleurait jamais. Et maintenant ? Quel monstre étais-je pour lui avoir infligé une telle douleur ? Il se retourna, marcha jusqu'au salon. Qu'allait-il faire ? J'avais peur, terriblement peur... Il s'arrêta devant le miroir de grand-mère Carter et observa son reflet. Je compris ce qu'il allait faire une seconde à peine avant que son poing ne s'écrase sur le miroir. Il vola en éclats. J'étais habituée à la vue du sang et des blessures. Cela faisait partie de mon métier. Mais voir le sang de Phoenix et savoir que c'était de ma faute s'il s'était blessé... Cela me rendit malade. Je voulus courir vers lui, le prendre dans mes bras, m'excuser... Mais j'en étais incapable. La nausée me reprit, plus forte que jamais. Je dus me retourner et respirer par la bouche. Le sang. Je le sentais encore. J'eus un haut-le-coeur et réussis tout juste à me retenir de vomir. Je tremblais, comme si j'étais malade. Mes oreilles bourdonnaient. Je devais aller aider Phoenix, bon sang ! Je fis un effort immense pour me retourner vers lui. « … M’aurais-tu épousé… pour moi ? Pour me faire plaisir ? Ne t’ai-je pas ôtée de l’égide de Snow, un instant … un court instant pour t’offrir une vie qui ne serait qu’à toi ? » Il suffisait d'un mot pour le briser. Un seul mot : Oui. Oui, je t'ai épousé pour toi. Non, tu ne m'as pas offert de vie rien qu'à moi. Mais ce n'était pas ce que je voulais. Ce n'était pas le cas. « Phoenix... » Chuchotai-je, infiniment triste. Comment en étions-nous arrivés là ? Comment ? Mon amour... « Je... Je suis désolée. » C'était difficile à admettre, car j'étais plutôt fière de nature... Mais mes paroles étaient injustes, et je voulais qu'il le sache. « Je ne voulais pas... »te blesser. Je fermai les yeux pendant un instant et me forçai à respirer calmement. « Ecoute, Phoenix. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je suis un peu... énervée. » C'était un doux euphémisme. J'étais au bord des larmes, je me sentais affreusement mal, et... Un instant, j'étais furieuse, puis triste, puis de nouveau furieuse, puis honteuse... Comme une girouette. « Mais... Tu sais que je n'ai pas... Oh, bon sang, pourquoi est-ce si difficile à dire ? Je t'ai épousé parce que je t'aimais, Phoenix. Parce que je voulais t'épouser. Pour moi, pour toi. Pour nous. » Je me mordis les lèvres. « Et ces instants avec toi... Cela me rend heureuse. Vraiment. C'est tout ce que je veux... pour moi. » Je lui souris vaillamment, en essayant d'oublier ma nausée. « Quand j'ai dit ça, je pensais à Snow. C'était... injuste. La seule liberté que j'ai... C'est grâce à toi. » Je me tus, incapable d'ajouter quoi que ce soit, tant je me sentais mal. Ne pouvait-il pas... arrêter de me regarder comme ça ? Ou tout simplement se taire ? Non. Non, ce n'était pas encore terminé.

Il fallait que je sache une chose. Une chose encore. Comment était-ce possible ? Comprenait-il, lui ? « TU COMPRENDS ? » J'avais crié. Pourquoi avais-je crié ? Il ne me regardait pas, il regardait le miroir cassé. Le miroir cassé... 7 ans de malheur. Le miroir cassé de ma grand-mère chérie. Je continuais à parler, parler... Je lui dis que je regrettais tout, mais il ne fit que serrer les poings, enfonçant sans doute encore plus les éclats de verre dans ses mains. Le cri que je voulais pousser me resta en travers de la gorge. « Alors hais-moi à présent puisqu’il n’y a plus que cela à faire ! » Siffla-t-il. N'avait-il donc toujours pas compris ? Je lui disais, je lui répétais que je l'aimais, que je ne pouvais pas le détester... Qu'est-ce qu'il voulait ? Avant que je ne puisse lui répondre, son poing percuta le mur, détachant un morceau de ciment. Cette fois, un cri m'échappa. Cependant, même si j'en avais envie, je ne me précipitai pas auprès de lui pour le soigner. Je voulais lui donner de l'espace pour respirer, pour se calmer. Et je ne voulais pas... Pouvait-il me frapper ? « Je ne te déteste pas ! Je t'aime ! Combien de fois dois-je encore te le dire pour que ça rentre dans ta stupide tête de bois ? Combien de fois ?! Et tu peux bien réduire toute la maison en pièces, tu peux casser tous les meubles et démolir tous les murs, tu peux me frapper, ça n'y changera rien ! Rien ! » M'exclamai-je. Voilà, c'était dit. Je l'aimais. Je l'aimais, et pourtant, je ne savais pas comment continuer à vivre avec lui. « Et si c’est moi qui décidait d’y mettre un terme ? » Demanda-t-il soudain. Je le regardais, paralysée, avec l'impression que le ciel venait de me tomber sur la tête. Y mettre un terme ? Y mettre un terme ?! Me quitter ? Pensait-il vraiment... ? Et mon enfant ? Et... ? « Tu... » Ma langue collait à mon palais. Ma respiration était trop rapide. J'étais choquée ; choquée et paniquée. « Tu pourrais vraiment le faire ? C'est vraiment ça que tu veux ? Partir ? » Chaque mot pesait plus lourd que le précédent, chaque mot m'écorchait la bouche. Pourtant, je devais savoir. Savoir si... « Pars alors. Quitte-moi. Prends tes affaires et ne reviens jamais. » Ma voix était basse ; mon ton monocorde. Comme si cela ne me faisait rien. Comme si je m'en fichais. Pour ne pas devenir folle. Prendre de la distance. Je levai les yeux vers Phoenix. « Est-ce que tu as parfois honte, est-ce que tu regrettes parfois tes meurtres ? » Demandai-je à brûle-pourpoint. Mes mains tremblaient, et je maudis ma faiblesse, je me maudis d'être devenue si dépendante de lui, je le maudis parce qu'il me voyait comme ça. « Parce que... si tu pars... Tu pourras te vanter de m'avoir tuée. » Chuchotai-je. C'était tout ce que j'avais à lui dire. Je ne voulais pas le supplier de rester. J'avais trop de fierté pour m'abaisser à ramper devant lui. Et s'il voulait partir... Si... Je n'avais pas le droit de le retenir. Je me détournai brusquement de lui, pour qu'il ne voie pas les larmes qui commençaient à rouler sur mes joues. J'avais mal, terriblement mal au coeur... Comme si je venais de recevoir un coup de poignard. Phoenix... Ne pars pas ! Reste avec moi ! Sans toi je suis... « ...perdue. » Soufflai-je. Je n'avais plus de force. Mon regard se brouillait. J'attendais qu'il parte en emportant ma vie avec lui.

Il ne le fit pas. Il restait près de moi... pour le moment. Pour le moment. Le soulagement que j'éprouvais était ridicule. Voilà. Nous nous étions disputés, et chacun avait blessé l'autre. Etions-nous à égalité ? Etions-nous quittes ? A cette question, il revint vers moi en hurlant : « QUE VEUX-TU DANS CE CAS ? M’en vouloir jusqu’à la fin de nos jours ?! Me faire regretter chaque instant d’avoir céder à une pulsion ? Dois-je passer outre le fait que tu te sois fait tirer par un parfait inconnu pour toi !! Parce que te faire prendre comme une chienne de la sorte cela équivaut… à quoi ! A t’offrir un instant de bonheur personnel ! C’est cela que tu es Aileen ?! C’est ça ton excuse !? » Je reculai de plusieurs pas, effarée par la force de sa colère, meurtrie par ses paroles. Comme une chienne. « Je ne me sens pas bien. » Lâchai-je, comme s'il s'agissait d'une excuse. Lentement, je m'assis sur une chaise. La cuisine tanguait autour de moi. J'enfouis mon visage dans mes mains, le temps que ça cesse. Etait-ce l'émotion ? Ou... Oh, bon sang, je ne lui avais pas encore dit que j'étais enceinte ! « Je... Je ne sais plus ce que je veux. » Lui avouai-je à voix basse, la tête toujours entre les mains. « Ecoute, Phoenix, tu... Tu as le droit d'être furieux pour ce que j'ai fait. C'était mal, et je n'ai pas d'excuses. Mais... Ce n'était pas... Ce que tu crois. » J'étais... frustrée. J'étais Aileen Carter, bon sang, je savais comment parler au Président Snow, je savais comment parler devant plusieurs centaines de Pacificateurs... mais je n'arrivais même pas à m'exprimer correctement devant mon propre mari. « Pas simplement une partie de jambes en l'air. » Ajoutai-je en reprenant le terme que Phoenix avait utilisé plus tôt. Je revis le couloir sombre de Thybalt, l'essuie qu'il tenait à la main. Je me souvenais des paroles du jeune homme... et de ses lèvres sur les miennes. Je l'avais embrassé, oui. Mais notre baiser avait le goût de mes larmes, et je ne ressentais ni désir ni passion à cet instant, mais juste... Une envie désespérée de compagnie. De chaleur. M'étais-je amusée ? Avais-je été heureuse ? Je secouai la tête pour me débarrasser de ce souvenir, pour m'empêcher de revenir sur ce que nous avions fait après. « Je ne sais pas te l'expliquer, mais... » Je haussai les épaules, impuissante. « Je ne suis pas une putain. Tu peux tout me dire, tout penser, mais pas ça. Pas ça. » J'avais mal à la gorge. Mal au coeur. Mal partout. Mes yeux brûlaient, et je mourrais d'envie de pleurer, pleurer, encore et encore. Phoenix ne m'en laissa pas le temps. « Tu regrettes… Et regrettes-tu cela aussi ? » Il désigna son alliance et mon coeur se serra. « Regrettes-tu d’être devenue ma femme ? Regrettes-tu que je ne sois pas absolument fidèle et empli de romantisme ? Regrettes-tu que je sois à présent ton mari ?! La vérité est atroce n’est-ce pas ? Tu pensais avoir épousé l’homme de tes rêves et tu te rends compte qu’il n’en est rien ! Cela n’atténue par l’amour brûlant que je te porte. Tu peux te faire prendre par tous les hommes de Panem si cela te chante. Aucun ne pourra t’aimer comme je t’aime. Aucun n’aura besoin de toi comme j’ai besoin de toi. Aucun ne te connaîtra mieux que moi… » Il s'approcha de moi et me regarda de haut, le regard ardent, la voix riche en émotions. Sans me laisser le loisir de répondre, il reprit : « Aimer comporte des risques, tu le sais comme moi. Aucun, non plus, ne pourra te faire souffrir et te détruire comme je pourrais le faire. Aucun ne te donnera l’impression que le monde n’a plus d’attrait, que tout n’est que souffrance et mort comme à cet instant. Aucun ne te fera jamais sentir aussi vivante à force de rage et de colère. N’est-il pas bon de me haïr Amour ? T’es-tu déjà sentie plus vivante auparavant ? » Je me mordillai les lèvres, le menton tremblant. J'étais à deux doigts d'éclater en sanglots. Pourtant, c'est d'une voix froide que je répondis : « Aucun autre homme ne m'a causé autant de soucis, autant de souffrance, autant de douleur. Aucun autre homme ne pourrait susciter tant d'émotions contradictoires en moi. Aucun autre homme ne serait encore en vie après m'avoir trompée. » Je me permis un petit sourire, mais mon regard restait triste. J'étais fatiguée, oui, lasse à en mourir. « Aucun autre homme ne mérite autant ma haine... Et pourtant, c'est toi que j'aime. Toi que j'ai épousé. Parce que je sais que... Même si tu me fais mal, même si je te fais mal, nous sommes... Liés. » Oui, c'était bien cela. Liés, comme par le destin. J'enlevai mon alliance et l'examinai à la lumière du soleil, la fis rouler dans ma paume avant de la remettre. « Je ne regrette pas de t'avoir épousé. » Lui avouai-je sans détour. « Je ne l'ai jamais regretté, jamais, pas une seule seconde. Phoenix, tu... Tu es l'homme de mes rêves. De mes rêves ! J'en fais si peu... Et je fais tant de cauchemars. Mais quand je rêve, c'est de toi. Pas d'un prince charmant avec ton apparence, non : de toi. Mon époux. Mon cher époux. Mon crétin d'époux que j'adore. » Un rire léger m'échappa, et je regardais Phoenix dans les yeux avec amour. « Je t'ai détesté, tu sais. Un bref instant. J'ai voulu prendre mon révolver et vous abattre, la fille et toi. » Ajoutai-je avec ironie. « Et ça m'a... soulagée. Que je puisse encore ressentir cette haine. Parce que sans toi... Je ne serais qu'un pantin vide d'émotions au service de Snow. » Comme toujours, quand le nom du Président apparaissait dans la conversation, une légère note d'amertume perçait dans ma voix. « Ce qu'il y a entre nous, cet amour... » J'hésitai avant de me jeter à l'eau. « Je ne sais pas ce que c'est. C'est quelque chose que je ne comprends pas, que je ne contrôle pas. Et tu sais comme je déteste les choses qui m'échappent. Ce n'est pas... Comme cela devrait être. Comme c'est sans doute pour beaucoup de gens : le bonheur. Cet amour m'apporte autant de souffrance que de joie, autant de haine que de passion. Cet amour me brûle, non pas paisiblement, comme un feu de camp ou une bougie, mais comme un incendie de forêt, comme un brasier énorme. » Je rougis, légèrement embarrassée. C'était la première fois que je lui disais ce genre de choses. « Pourtant, c'est cet amour que je veux. C'est toi que je veux. Parce qu'avec toi, j'existe. Je suis... qui je veux être. Alors, je veux continuer avec toi. Même si ça doit me tuer. Cette vie, cette vie qui sera sans doute trop courte, cette vie qui n'appartient pas vraiment à moi, je veux la vivre pleinement. Lâcher le cordon de sécurité et sauter de la falaise. Je veux t'aimer. » J'avais fait un choix. Etait-ce le meilleur ? J'en doutais. Mais c'était mon choix. Ma vie. Et parfois, quand toutes les options sont mauvaises, il vaut mieux choisir la plus agréable.

C'était fini. Peut-être pas entièrement, mais le pire était passé. Le soulagement m'inonda, et je me sentis encore plus fatiguée. Phoenix s'était calmé. Il remplit un verre d'eau. « Tu veux que je te rende heureuse Aileen … Mais tu sais que j’en suis incapable. Je ne peux que t’aimer. Je n’ai que cela à t’offrir. Je t’aime à en perdre la raison. Je t’aime au point de me haïr pour cela. Je souffre de t’entendre … nier ce que j’ai tenté de t’offrir. Je t’ai trompé, et je le paierai chaque jour durant. Mais je ne t’ai jamais trahi. Je n’ai toujours aimé que toi. Je n’ai toujours appartenu qu’à toi. Je suis ce que … tu as fait de moi. Avec mes défaillances, mes défauts, et mon caractère à la con. » Il sortit trois cachets colorés de sa poche. Des cachets du Capitole. Je voulus lui crier de ne pas les prendre. Je ne voulais pas le voir tomber sous l'influence des drogues qui m'avaient tenue prisonnière. Pourtant, quelque chose me retint... Peut-être son expression, ou la douleur que je voyais dans son regard. Il souffrait. Pas seulement mentalement. Sa blessure le torturait, et moi, j'étais torturée de le voir ainsi. « Je sais. » Murmurai-je d'une voix rouillée. « C'était cruel de ma part de le nier. Mais, Phoenix... Tu n'es pas que ce que tu penses. Tu vaux plus que ça. Tu n'es pas un simple Pacificateur. Tu es... celui que j'ai choisi. Celui qui a su m'émouvoir. Celui qui a touché mon coeur. Celui qui me rend heureuse. C'est plus que de l'amour que tu m'offres ; c'est une vie. » Je lui souris tendrement, mais il ne semblait pas encore apaisé. « Il y aura d’autres disputes. Il y aura d’autres épreuves. Mais je … je peux m’améliorer. Je peux essayer de me racheter, de reconquérir ta confiance. Je ne veux pas te perdre. Je t’aime toujours de la même manière, et plus encore chaque jour. Je souffrirai plus de te voir partir dans les bras d’un autre que de te voir me haïr… » Je hochai la tête et remarquai doucement : « Tu n'es pas le seul à avoir fait des erreurs, Phoenix. Moi aussi, je dois m'améliorer. » Je rassemblai tout mon courage et annonçai : « Alors... Je te pardonne. C'est peut-être fou, mais je te pardonne... et je t'aime. N'en doute pas. Jamais. C'est de toi que j'ai besoin, maintenant, demain, et toujours. » J'avais l'impression qu'un grand poids tombait de mes épaules. Enfin. Enfin. J'avais fait ce que je devais faire, et je pouvais être... en paix. Avec lui, avec moi, avec le monde. Je voulais faire taire tous ses doutes. « Et je ne... Ce que j'ai fait... Cela ne se reproduira plus. Ma parole, je l'ai déjà trahie, mais tu as mon amour. » Je le regardais avec ferveur, avec assurance. Je n'allais plus le tromper. Non. Tant qu'il était là, tant que j'étais sûre de son amour... et même s'il devait un jour me détester, moi, je continuerais à l'aimer. Il avala ses cachets, et je me sentis inquiète pour lui. « Je suis désolé. » Je ne m'y attendais plus. Il s'excusait. Phoenix s'excusait ? « Si tu savais comme je suis désolée... » Soupirai-je. Un mince sourire apparut sur le visage de Phoenix. « Dois-je me mettre à genou à présent et te baiser les pieds pour te montrer toute la force de mon idolâtrie ? » Il était tellement... attendrissant. Mignon. Charmant. « La peste soit de toi, Lewis ! » M'exclamai-je en riant. Si j'avais eu un coussin sous la main, je l'aurais jeté à sa tête. « Tu m'as convaincue de ton amour. Comment fais-tu pour être aussi irrésistible, pour me rendre folle d'amour d'un seul regard alors que je devrais t'engueuler ? » Après cette dispute, après ces dernières semaines éprouvantes, j'avais envie d'un peu de légèreté. D'un peu de bonheur. Phoenix s'approcha de moi. Il avait l'air... inquiet. « Pourquoi es-tu si pâle Aileen ? Tu sembles malade … Dis-moi ce qu’il se passe… » Il souleva mon menton d'un doigt pour m'obliger à le regarder dans les yeux. Oh non... Comment pouvais-je avoir oublié, même pour quelques instants, le bébé qui grandissait en moi ? Il fallait que je lui en parle. Fini la joie, finis les rires. Par où commencer ? « Je ne suis pas malade... » Marmonnai-je. Je baissai la tête, incapable de soutenir son regard... Et me retrouvai face à sa main couverte de sang. « ... Mais toi, tu es blessé. Laisse-moi te soigner. » Sans attendre sa réponse, je me levai et lui fis signe de s'asseoir sur ma chaise. Je pris la trousse de secours dans l'armoire et m'assis à côté de lui. Ce n'était pas joli-joli, mais j'avais l'impression qu'aucun muscle ou tendon n'avait été gravement touché. Je lui fis une piqûre dans le bras, pour l'endormir et éviter l'infection. Puis, doucement, à la pincette, je retirai les morceaux de verre. Certaines plaies eurent juste droit à une giclée de désinfectant, mais d'autres... « Je fais devoir recoudre. » L'avertis-je. J'aurais pu appeler un guérisseur... Mais je savais le faire aussi, rapidement et proprement, et j'avais besoin d'être un moment seule avec lui. D'ailleurs, avec les outils et médicaments révolutionnaires du Capitole, n'importe qui pouvait jouer au docteur. Quelques points de suture suffirent. Je me concentrais entièrement sur ma tâche, pour éviter de penser à autre chose. Puis je soignai ses éraflures sur le dessus de sa main. Quelle idée de frapper un mur... Heureusement, ce n'était pas trop grave, mais sa main allait rester douloureuse pendant un petit temps. J'allais sans doute l'envoyer chez un docteur pour vérifier si tout guérissait bien... Mais pour le moment, cela suffisait. Satisfaite, je lui fis un beau bandage. J'avais gardé le silence pendant toute l'opération, et Phoenix avait respecté cela. Maintenant, il lui fallait des explications. Je m'assis à côté de lui et repris, comme si notre conversation ne s'était jamais arrêtée : « Par contre, je suis malade de peur. » Un petit rire nerveux m'échappa. Je ne pouvais plus reculer. Je. Devais. Le. Dire. Je plantai mon regard dans le sien. « Phoenix... Je suis enceinte. » Trois petits mots. Je suis enceinte. Trois mots, tout simplement, mais tellement difficiles à prononcer... Maintenant, le verdict allait tomber. Maintenant, j'allais savoir. Allait-il être heureux ? Apeuré ? Furieux ? Déçu ? Joyeux ? Triste ? Jaloux ? Choqué ? Je sondais son regard, à la recherche de la moindre émotion. « Je sais que... Nous n'en avons jamais vraiment parlé. » Je m'agitai sur ma chaise, mal à l'aise. « Et... Je croyais que je ne voulais pas d'enfants. Aujourd'hui encore, cela m'emplit d'angoisses et de stress... Mais je suis heureuse. Tellement heureuse. Je le veux, cet enfant, Phoenix. Je le veux pour moi, pour nous. » Je m'aperçus que je m'excusais presque et me tus brusquement. Je pris timidement sa main bandée et la posai sur mon ventre. Mon ventre où mon enfant grandissait. Notre enfant.

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We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen Vide
MessageSujet: Re: We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen   We found love in a hopeless place - Phoenix & Aileen Icon_minitimeVen 20 Juil - 13:30

Haine. Ô alliée miséreuse d’une vie qui ne sera sans doute que trop courte. Toi qui est la confidente de mes nuits, toi qui est la gardienne de mes rêves et de mes aspirations. Toi, reine de mon avenir, et de mes pensés. La haine est un des sentiments les plus impitoyables dans la nature humaine. Pire encore que l’amour, la passion ou le sadisme, elle mange le cœur des hommes et les réduit à l’état d’animal purement et simplement. La haine fait de l’homme un être cruel, qui ne connaît ni la pitié, ni la compassion. Phoenix était un être de haine. A mesure des années il avait perdu sa part de lumière, et il n’avait vu en lui qu’une part sombre et cruelle. Il n’aimait pas les hommes, et il préférait les voir souffrir et mourir qu’être heureux. Leur sourire, leur soupir, leur grâce, ce qui peut faire leur bonheur … tout cela lui est tout bonnement insupportable. Il ne pouvait pas accepter l’idée de les voir sourire. Qu’est-ce qui avait changé alors ? Il se souvenait d’un temps où il arrivait à sourire, où justement rien ne comptait plus pour lui que de voir sa petite sœur sourire ou rire aux larmes. Sa petite sœur … peut être était-ce cela qui lui manquait le plus. Il avait beau savoir qu’elle était en vie, là, quelque part, sans doute au Capitole dans une maison immense auprès d’un juge des jeux riches… Elle n’était pas près de lui. Elle n’était pas là, et il avait encore du mal à admettre l’idée qu’elle soit toujours sa sœur. Il n’arrivait pas à comprendre ce sentiment. Il l’avait revu, pourtant. Plusieurs fois. Il l’avait retrouvé, une première fois et avait cru en devenir fou. Revoir soudainement la réminiscence de sa sœur, dont le cadavre hantait ses rêves n’avait rien de réjouissant. Pourtant il aurait du en être heureux. Au lieu de quoi il avait cessé de tourner et retourner cette situation dans son esprit encore et toujours, jusqu’à ne plus réussir à penser à autre chose. Jusqu’à son mariage. Ce jour-là fut sans doute le plus parfait de sa vie car enfin il n’avait plus à se poser de question, à se torturer l’esprit. Ce jour-là il avait pris une décision, il avait choisi de lier sa vie à celle d’Aileen pour l’éternité. Pas parce qu’elle lui avait demandé, pas parce que cela lui assuré protection et descendance. Il n’avait pas été poussé par un quelconque calcul, et pourtant cette décision le mettait dans une situation qui pourrait tourner à son avantage : il se rapproche du Président par le biais de sa femme, et peut être qu’un jour il pourra lui mettre une balle entre les deux yeux. Un jour peut être, il pourra finalement mettre fin à la haine qui le dévorait de l’intérieur depuis des années. Peut être que tuer le Président mettra fin à cette douleur qui lui lacérait le cœur depuis que son nom avait été tiré pour les jeux. Huit ans ? Sept ans ? Peut être dix ? Il avait arrêté de compter, et il ne désirait pas que cette peine continue. Tous les ans, avoir a retourné sur cette place … dans le district onze. Cette place où sa sœur et lui avaient vu leur vie changer à jamais. Ce jour-là il avait décidé de mourir. Parce que Domino, elle, ne pouvait pas voir sa vie s’arrêtait aussi brusquement. Il serait mort pour elle, mais le Destin, cruelle inconstante, en avait décidé différemment pour lui. Depuis ce jour on lui refusait la mort. Depuis ce jour-là il devait se contenter de jouir de celle des autres pour continuer d’avancer. Il aurait sans doute fini par se mettre le flingue dans la bouche pour tirer son dernier coup avant de baisser le rideau final. Mais Aileen Carter ne l’aurait sans doute pas laissé faire. Pourquoi elle ? Pourquoi était-il tombé amoureux d’Elle ? Pourquoi était-elle tombée sous son charme ? N’aurait-elle pas pu continuer à le haïr encore ? A le regarder de haut, à le mépriser ? Cela aurait tellement plus simple …
En réalité, plus il y réfléchissait, plus Phoenix se disait qu’il n’avait pas réellement choisi où devait aller son existence. Être tiré au jeux, y réchapper, entrer dans les ordres du Capitole … tout cela n’avait aucun sens, il s’était laissé porté par le vagues du destin… Tomber amoureux d’Aileen, et voir son amour réciproque. Cela tenait du miracle, ou de quelque chose de plus sombre encore. Car il ne pouvait pas simplement y voir un amour sincère comme celui qui liait beaucoup d’autre couple. Cet amour-ci tenait plus de la dépendance, d’une sorte de folie qui les portera tous les deux vers une mort certaine et douloureuse. Désespérée et violente. Ils ne pourraient pas réchapper. Snow avait perdu ce contrôle-là sur Aileen : il ne pourrait pas la tuer, c’est Phoenix à présent qui tenait sa vie entre ses mains. Et ce jour-là il avait sans doute atteint un point de non-retour pour tous les deux. Le compte à rebours était à présent lancé, ils prenaient conscience du fait qu’ils allaient se perdre dans cet amour passionnel. Ils allaient en mourir et rien ni personne ne pourra les sauver d’eux-mêmes. Aujourd’hui, leur jeu cruel posait enfin ses règles : pas de limites, pas de possibilité de faire demi-tour. Ils étaient deux condamnés, courant vers le précipice, se tirant l’un l’autre en espérant simplement ne pas finir par sombrer seuls dans le néant. Peut-être était-ce pour cela qu’Aileen avait fini par l’aimer. Ils étaient aussi seuls l’un que l’autre. Il était plus rassurant de ce jeter dans les flammes à deux. « Tu... » Il était temps à présent de courir. Les jours qui passaient dans ce bonheur artificiel n’étaient que des secondes les rapprochant toujours plus du grand final. Il sera sans doute splendide.« Je pensais que tu avais au moins un peu de bon sens ! » Il ne put s’empêcher de sourire, car sans doute le bon sens était ce qui le définissait le moins bien. Phoenix n’avait jamais eu de bon sens. Dans les jeux, si peut être. Pour protéger sa sœur il l’avait caché dans les forêts immenses au milieu de cette arène cruellement effrayante. Parce qu’il connaissait les arbres. Une fois qu’elle eut été tuée… Il était descendue de leur cachette, avec un couteau, et il avait pisté les autres tributs pour les attaque de front. Dans le genre bon sens on en pouvait avouer qu’on avait déjà fait mieux… Après cela il était tombé sous le charme de son sergent, il était allé demander sa main au Président Snow, il avait sauvé une gamine récalcitrante du fouet, il avait couché avec une rebelle. Phoenix n’avait aucun bon sens, il fonctionnait à l’instant, et souvent animal, il faisait des choses qui n’étaient que peu acceptables de la part d’un être humain qui tenait à la vie. Peut-être le problème était-il là en outre. Il ne tenait pas à sa vie. « Avant notre mariage, je me fichais de tes aventures, parce que j’en avais aussi, et parce que je savais que c’était moi que tu aimais ! Mais maintenant, j'entends que tu as retrouvé ton ancienne maîtresse, une femme que tu as aimée, alors que tu es marié ! Cela ne signifie donc rien pour toi ? Ces paroles que tu as prononcées, quand tu m'as juré fidélité, ce n'étaient que des paroles en l'air pour toi ? Parce que si c'est le cas, ce mariage ne servait à rien ! » Il se crispa. Elle en savait beaucoup trop. Elle en savait toujours beaucoup trop. Cela ne devrait pas l’étonner en outre, car il s’agissait d’Aileen Carter. Être au courant de tout ce qu’il se passait à Panem faisait parti de son métier. Mais de là à connaître les maitresses de Phoenix. Les femmes qu’il avait aimé auparavant… lui ignorait qui elle avait eu dans son lit. Lui ignorait tout de ces aventures et ne s’en était jamais inquiété. Il en avait jamais eu besoin …

Ils n’avaient pas d’attaches, et le coucher avec le premier venu était une sorte d’exutoire pour eux. Une manière de se rappeler qu’ils étaient bien vivant. Il ne doutait pas qu’elle avait du collectionner les aventures, comme lui l’avait fait, sans que cela n’ait jamais rien de sérieux. Ils étaient des êtres de chaire, et la chaire était bien la seule chose qu’ils possédaient. Ils avaient un cœur, et durant des années, ce dernier fut vide du moindre sentiment de compassion ou d’intérêt envers leur prochain. Ils n’avaient qu’une conviction violente, celle de faire leur boulot et de le faire bien. Ils étaient des soldats, entraînés pour tuer, torturer, et faire souffrir leur prochain. Comment pouvaient-ils encore se considérer comme des êtres humains après toutes les vies qu’ils avaient prises ? Ils leur restaient le sexe, la seule communion possible avec leur semblable. Coucher pour ressentir, le sexe pour la vie. C’était la seule manière pour être de se sentir normal, comme tout le monde. Et ils ne pouvaient pas aller plus loin. Ils n’auraient sans doute jamais du aller plus loin. Ne serait-ce qu’y pensait alors qu’ils étaient déjà condamnés à la solitude. Mais tous les deux avaient passé une barrière qu’ils n’auraient sans doute pas du franchir. L’amour n’était pas fait pour les soldats. Ils sont entraînés pour suivre des ordres, ou en donner. Phoenix pensa soudainement qu’ils ne pourraient jamais être sur un pied d’égalité. L’un tentera toujours de prendre le dessus sur l’autre, et vice-versa. Leur relation était basé sur cette hiérarchie et depuis toujours. Elle était son commandant, elle lui avait appris tout ce qu’il savait aujourd’hui et avait fait de lui ce qu’il était. Mais ils avaient aussi se connaître, et à apprendre les faiblesses de l’autre. Attaquer ainsi Phoenix sur son aptitude à changer, à être un autre, était un danger de la part d’Aileen. Le Pacificateur avait clairement l’impression qu’elle ne le voulait pas comme son homme mais comme une sorte de pantin, un esclave pour ces nuits gelées. Il n’aimait pas cette impression : celle de redevenir son soldat, au lieu d’être son égale. Il avait besoin de se sentir à égalité sur elle, et que ce soit en amour ou en haine, il répondait avec les mêmes armes qu’elle. Ses faiblesses, et la faiblesse d’Aileen était connue de son mari mieux encore que de quiconque : le Président Snow. « Comment peux-tu me demander cela ?! Alors que tu sais que je ne supporte pas d'être moi-même prisonnière ? Je te demande une toute petite chose : d'être désolé. De regretter ce que tu as fait. C'est tout. C'est tout !» Il serra les dents, ne regrettant nullement ses paroles tant la colère ne lui était grande. Il perdait le contrôle de la situation, il le savait pertinemment mais il ne pouvait rien y faire. Il était déjà perdu, et de se fait il ne faisait que s’enfoncer encore plus dans cette dispute qui devenait cruelle. « Tu me demande bien plus Aileen et tu n’en as pas même conscience. » Répondit-il d’une voix qui ne cachait que très mal le mal qu’il ressentait à cet instant. La colère n’était plus qu’une rage immense qui était sur le point de le submerger. Il allait devenir fou, et personne ne pourrait le sauver. Pas même elle. Elle moins que les autres encore. Elle était très forte pour le remettre à sa place, elle l’avait toujours été. Parce qu’elle s’était méfié de lui durant des mois. C’est par un travail acharné que Phoenix avait mérité sa place dans les rangs du Capitole et auprès d’Aileen. Par un travail acharné qu’il avait reçu son respect, et aujourd’hui il n’avait plus rien de tout cela. Il n’essayait pas de se faire plaindre, ou de recevoir sa pitié. Il se fichait de tout cela à cet instant, il voulait simplement que ca cesse, mais ce n’était que le début d’une longue série de critique et d’accusations. Il devait simplement se préparer pour ne pas perdre le contrôle. Il n’avait pas le droit de perdre le contrôle, il devait pouvoir se contenir. Il avait trompé sa femme, en même temps il n’aurait pas dû s’attendre à se faire accueillir les bras ouverts chez lui. Mais pire encore qu’une dispute, c’était un véritable règlement de compte qu’y allait avoir lieu entre les deux amants. « Moi aussi, je suis désolée, Phoenix. » Pas autant que moi. Il n’était pas dupe, et même si tous les deux étaient en fautes ils étaient bien trop orgueilleux pour simplement en rester là. Comme toujours dans le couple cela se jouer dans un bras de fer inhumain. Ils allaient sans doute s’invectiver jusqu’à ne plus en pouvoir : jusqu’à ce que l’un d’eux cède, ou que tout soit terminé. Il ne releva pas même les excuses de sa femme, ne comprenant pas réellement pourquoi il y avait le droit. C’est lui qui avait fauté, pas elle, et elle décidait de l’engueuler pour cela, il le méritait amplement. Mais elle n’avait aucune raison de se rabaisser à son niveau en s’excusant. Il avait l’esprit en frac et ne comprenait pas ce qui lui arrivait réellement. Il savait simplement que tout cela allait très mal finir. « Mais je veux juste... Que ça ne se reproduise plus. Je veux pouvoir te faire confiance comme avant. » Des conscessions, voilà ce qu’elle voulait. Elle s’excusait pour l’amadouer, pour être plus tendre, pour chercher à … l’émouvoir ? A lui montrer à quel point elle était meilleure que lui, capable de prendre du recul et de reconnaître ses fautes. Cela le révolta presque, et même alors qu’elle même s’excusait il se sentait encore critiquer, montrer du doigt comme un enfant pris en faute. Révolté il eut le désire de l’envoyer promener, mais son cœur se serra, et il n’en trouva pas la force. Il n’avait pas la force de lui en vouloir, parce que c’était lui le méchant de l’histoire. Parce que c’est lui qui méritait d’être pendu, par elle. « C’était une erreur. La faiblesse d’un seul instant… Ca ne se reproduira pas. » Dit-il d’une voix détaché, comme s’il était exaspéré par la demande de sa femme. Ils n’étaient pas un couple échangiste, ou libertin. Ils étaient mariés, avec une espérance de vie limitée et des ennemis à tous les coins de rues. Ils ne pouvaient avoir confiance qu’en eux-mêmes et pourtant ils apprenaient qu’ils étaient aussi leur plus grandes faiblesses. Ils pourraient se détruire l’un l’autre sans que les rebelles, ou Snow ne puissent intervenir. Ce qui les liait était bien plus dangereux qu’ils ne le pensaient au départ.

Ce n’était pas de l’amour, mais comment trouver un terme plus approprié ? Phoenix ne pouvait pas y arriver, alors dire à sa femme qu’il l’aimait était la chose la plus logique qui lu vint pour se défendre. Ce qu’elle ne sembla pas apprécier. Pire encore, elle pensait qu’il ne l’aimait pas. Cela le blessa de telle sorte qu’il eut l’impression de n’être plus rien ni personne. Elle ne voulait pas de sa vie ou de son amour, mais en réalité il n’avait rien de plus à lui donner. Il resta désemparé devant elle, cherchant à comprendre ce qu’elle voulait, ce qu’elle désirait de lui. Il se sentait perdue, comme si l’emprise qu’il avait avec le monde était sur le point de céder. Il était sur le bord de la falaise et le vide l’attirait inexorablement. Aileen était sur le point de le faire chuter. Elle désirait le bonheur, montrant à quel point elle était encore sous l’emprise d’un rêve qui ne pouvait rester qu’un rêve. Phoenix n’était pas dupe, le bonheur ne pouvait pas exister à Panem. OU alors il s’agissait d’un bonheur artificiel comme celui qu’exploite les habitants du Capitole. Pour les habitants des districts il y avait de courts instant d’extase, peut être de joie, mais rarement de bonheur. Il ne pouvait pas la rendre heureuse. Il pourrait peut être essayer de tuer Snow, mais alors se serait la monter de la violence, et elle mourrait sans doute dans les émeutes. Si les rebelles prennent le pouvoir ils étaient fichus tous les deux, et tant que Snow sera en vie elle ne pourra pas sourire honnêtement. « Nous n'avons pas le temps d'apprendre de nos erreurs, Lewis. Une erreur sur le champ de bataille et tu es mort. » Elle murmura cette phrase, mais Phoenix l’avait assez souvent entendu pour la comprendre. Sa femme devait être partie dans des souvenirs les concernant tous les deux. Il avait déjà entendu cette phrase de sa bouche, et l’entendre de nouveau lui donna des sueurs froides. La dernière fois, elle faisait clairement référence au fait que s’ils n’apprenaient pas tuer c’est lui qui allait mourir. Etat-ce la même chose à présent ? S’il n’apprenait pas à devenir meilleur alors son mariage allait-il voler en éclat ?

Il ne savait plus à quoi se raccrocher. Tout ce qu’il prenait pour acquis semblait voler en éclat. Comme si ca vie qu’il pensait faite de murs en béton armé, n’était en faite que des morceaux de papier qui à présent s’envolaient. Il était incapable de les rattraper, alors, résigné, il les observait partir, s’échapper, et le laisser nu. Il était sur le point d’exploser à tout instant, principalement parce qu’il sentait que ce qui lui échapper était ce qu’il aimait le plus au monde. Sa femme. Aileen Carter avait été une bouée de secours, une raison pour relever la tête et de continuer de se battre, d’être quelqu’un dans cette vie. Une raison de se battre, de changer, de devenir meilleur. Le meilleur. Son pacificateur parfait. Elle lui avait appris à être un autre homme. Il n’était l’adolescent rebelle et déterminé qu’il avait pu être autrefois. Il n’était le gagnant traumatisé des jeux, ou alors cet être était à présent enfui en lui, sous des couches et des couches de cruauté et de sang innocents. A présent il était un pacificateur, marié à l’une des femmes les plus influentes du pays, et connu pour sa cruauté et son sadisme. Il était un homme qui avait sauvé une jeune orpheline, qui avait retrouvé sa petite sœur qu’il pensait mort, et qui s’était donné à l’amour sans retenu. Cela faisait beaucoup en une seule année, et il avait failli perdre pied. Il ne savait plus qui il était, qui il désirait être. Il ne savait plus comment il devait agir, et il avait l’impression que sa tête allait exploser sous la pression. Les missions qu’il avait mené cette dernière année n’avaient pas été des plus reposantes. La mission au district treize. Les interrogatoires, et les tortures qui avaient suivi. Les missions de reconnaissance, les blessures plus graves. Son œil. Il n’avait pas passé une année de tout repos. Et pour couronner le tout les jeux approchaient à grands pas ce qui signifiaient qu’il devra bientôt rejoindre le Capitole et replonger dans cet enfer. Et il ne pourrait pas y aller l’esprit tranquille s’il ne retrouvait pas un minimum de stabilité. « Je sais. » Il frissona. Cette conversation lui échappait il le sentait bien. Ce n’était que contradiction. Il devait arrêter de prendre au pied de la lettre tout ce qu’elle pourrait lui dire. Ils se défendaient avec les armes qu’ils possédaient. Les mots. C’était mieux qu’une balle au milieu du front. Et pourtant ils avaient tous les deux la gâchette facile. Lui plus qu’elle, certes. Mais jamais au grand jamais il ne serait capable de retourner son arme contre elle. Pour la faire souffrir il avait d’autres moyens. Ce n’était cependant que des mots, et il devait s’accrocher à cette idée. Il ne devait pas croire tout ce qu’ils pourraient se dire sous le coup de la colère. Ils étaient simplement terrifiés tous les deux. « Et tu n'en as pas à douter non plus. Je t'aime, Phoenix, et cela ne changera jamais. Quoi que tu fasses. Même si tu devenais une machine à tuer, même si tu me trompais encore, même si tu me détestais, ou si tu devenais un rebelle... Je t'aimerais toujours, Phoenix ! Et c'est ça qui me torture, c'est ça qui me ronge. Je suis incapable de te résister. Incapable de te détester. Incapable de ressentir autre chose que de l'amour quand je te regarde. » Une machine à tuer…. Il ne pouvait s’empêcher de croire qu’il l’était déjà. Il tuait aussi facilement que certain dormait ou mangeait. L’air qu’il respirait était empli de l’odeur cuivré du sang. Il ne pouvait pas s’en empêcher. Il haïssait les hommes. Il ne désirait que les voir six pieds sous terre. Les voir souffrir comme lui avait pu souffrir à cause d’eux. Il avait perdu sa place dans le logement familial, l’amour de son père, et le respect de ses frères. Le district onze l’avait rejeté, et jamais plus il n’avait été regardé comme un homme dans ces murs. Il avait du devenir un monstre pour pouvoir y retrouver une place. Et elle, cette femme, lui disait être incapable de s’empêcher de l’aimer. « J’aimerai être différent … que ca soit … moins douloureux de t’aimer. Mais… Je ne peux pas m’en empêcher. Tu es encré en moi Aileen. Je t’appartiens. Je serai celui que tu voudras. Il n’y a pas de limite à ce que je ressens pour toi et c’est … effrayant. » Dangereux aussi. Il savait qu’il lui suffirait qu’un mot pour le rendre fou, pour lui faire tuer tout Panem. Pour le perdre. Les méandres de cet amour destructeur allaient les engloutir tous les deux et ils n’auront pas la volonté d’aller contre. Ils ne pourront plus se quitter à présent, s’en était fini d’eux. « J’ai beau me dire que tu n’es qu’un salopard de coureur de jupons et que tu ne me mérites pas... Je n’arrive pas à le penser vraiment. Je ne sais pas… comment tu fais… pour avoir une telle influence sur moi. Cela me fait peur, parfois. » Il aurait voulu sourire mais cela était déjà assez atroce. Il comprenait. Evidemment qu’il comprenait. Il savait qu’il ne vivait que pour et par elle. Qu’elle fasse de lui un meurtrier, un rebelle, un enfoiré, ou un prince charmant. Il changerait. Pour elle. Mais il se débattait encore parfois avec sa conscience, parce qu’il était difficile de se laisser aller à un amour aussi pur et cruel. Destructeur. C’est lui qui disparaissait. Phoenix Lewis laissait place au Mari d’Aileen Carter. Il n’était plus personne en dehors de son mari, de son amant, de sa chose. De son double. Il n’était plus personne à Sien. « Je comprends. C’est effrayant d’être à ce point dépendant de quelqu’un… Tu as beau te débattre tu es incapable de le quitter. Incapable de ne pas te laisser aller à l’aimer. Quitte à te perdre… » Sa voix n’était qu’un murmure perdu. Il ne savait plus qu’en penser. Il ne savait pas où cela allait les mener.

Et la dispute dérapa de nouveau. Il aurait cru qu’ils s’arrêteraient là. Qu’elle le pardonnerait avec le temps, et voilà qu’elle se révélait à lui. Elle l’avait trompé. Elle s’était faite prendre par un parfait inconnu et la seule excuse qu’elle trouva à lui donner était qu’elle l’avait fait pour elle. S’en fut trop, et il ressentit un sentiment si atroce qu’il se courba sous sa violence. La haine, la rage, l’incompréhension, et la trahison. Pas parce qu’elle l’avait trompé, ce n’était que justice après tout. Parce qu’elle semblait soudainement se défaire de tout ce qu’il avait voulu lui offrir. Une vie à elle, à eux. Un bonheur. Quelque chose qu’elle pourrait posséder, enfin, en dehors de la vie de perversion que lui avait donné Snow. Une vie qu’elle pourrait mener selon ses envies. Un rêve éveillé. Ils en avaient parfois parlé lorsqu’ils se retrouvaient à l’époque où ils n’étaient que de simples amants. Une vie normale. Une maison, un chien, des enfants, un mariage réussi. Et elle reniait tout cela à présent. Il avait envie de pleurer, mais la colère et la fierté l’en empêchait. Il était sur le point d’exploser. une balle entre les deux yeux . N’y pense même pas Phoenix. « Phoenix... » La ferme. « Je... Je suis désolée. » Ferme la. Ne va pas plus loin sinon … « Je ne voulais pas... » Ne serait-ce que des mots ou l’infame vérité qui s’échappe à présent de tes lèvres Aileen ? Ne veux-tu que te défendre, ou souhaite-tu m’abattre à présent ? Me montrer à quel point j’ai été idiot de croire que je pourrais être celui qui t’offrirait cette vie ? Je ne suis pas fait pour toi c’est bien cela ? Tu ne voulais pas quoi ? Te marier avec moi ? Te laisser aller à ressentir le moindre sentiment pour ma personne ? Je ne te mérite pas dis-tu ? Tu l’avoue enfin. Vas… laisse moi partir, te tourner le dos, partir avec cette douleur atroce pour ne plus jamais revenir. Laisse moi essayer d’oublier cette honte qui m’envahit, et ce coup cruel que tu m’assène. « Ecoute, Phoenix. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je suis un peu... énervée. » Il ne désire plus écouter. Il lui a tourné le dos et à présent il sert les dents et les poings. Encore des excuses. A quand arrivera le temps où elle lui demandera de partir. Où elle avouera que tout cela n’était qu’une erreur, une expérience. Qu’elle voulait recommencer à vivre libre de tout étreinte conjugale. Libre de se faire prendre par tous les hommes qu’elle croiserait sur son chemin. « Mais... Tu sais que je n'ai pas... Oh, bon sang, pourquoi est-ce si difficile à dire ? Je t'ai épousé parce que je t'aimais, Phoenix. Parce que je voulais t'épouser. Pour moi, pour toi. Pour nous. » Il soupira, et baissa le regard. Il n’arrivait plus à la comprendre. Que voulait-elle à la fin ?! BORDEL tout cela partait en vrille et il ne comprenait pas où elle voulait en venir. Etait-elle finalement devenir folle ? Des mots, de simples mots dits sous le coup de la colère. Il voulait y croire, croire que ce n’était que cela. Mais il restait méfiant. Elle était une espionne, elle était entraînée pour manipuler les gens. Mais elle jouait la carte de la confiance depuis des années avec lui. Il pourrait la tuer, elle n’aurait aucune raison de le trahir. Pas à ce point. « Et ces instants avec toi... Cela me rend heureuse. Vraiment. C'est tout ce que je veux... pour moi. » Sa voix était plus douce, presque apeurée. Il avait l’impression d’avoir une enfant perdue, apeurée à l’idée de se retrouver seule dans le noir. C’était une image qu’il avait souvent quand il la regardait. Il ne tournait pas le regard vers elle de peur de tomber dans le panneau, de se laisser envahir par l’espoir qu’elle disait la vérité. Mais elle était allée trop loin cette fois. Il ne voulait pas y croire. Il était bien trop facile de retomber dans ses bras et de lui jurer fidélité et amour. Des mots, encore et toujours des mots. « Quand j'ai dit ça, je pensais à Snow. C'était... injuste. La seule liberté que j'ai... C'est grâce à toi. » Snow. Il se consommait littéralement sous l’idée de tuer un jour le dirigeant de Panem. Pas pour ses idéologies politiques parce qu’il restait persuadé que la Dictature de Panem était la meilleure chose qui soit. Mais pour venger sa femme. Sa femme qu’il devait partager avec le dictateur. Il avait beau l’avoir demandé en mariage, et lui offrir une vie différente, elle restait le jouet de Snow, et il pourrait faire d’elle ce qu’il voulait. Ce qui le liait à elle, cette soumission, voulait ce qui liait Snow et Aileen. Il pouvait le comprendre. Il pouvait comprendre que cela la ronge. Littéralement. Il brulait de l’en libérer, mais il en était tout simplement incapable. Il était bien trop faible pour cela. « Ne dit plus jamais une chose pareille. » Dit-il d’une voix froide, sans se retourner. Mais une fois encore il ne pouvait pas y croire. Son cœur était serré, son estomac noué et la colère le faisait bouillir. Il ne savait pas la réprimer. Elle continua à l’invectiver et il répondit avec ses propres armes. Des armres violents.

Le miroir partie en morceaux et la douleur l’aider à se calmer. « Je ne te déteste pas ! Je t'aime ! Combien de fois dois-je encore te le dire pour que ça rentre dans ta stupide tête de bois ? Combien de fois ?! Et tu peux bien réduire toute la maison en pièces, tu peux casser tous les meubles et démolir tous les murs, tu peux me frapper, ça n'y changera rien ! Rien ! » Il voulait y croire, prendre cela pour acquis, et simplement oublier. Mais il était temps à présent que tout soit dit. Cela ne faisait qu’un mois qu’ils ne s’étaient vus, et pourtant il semblait que la distance n’était pas faite pour eux. Leur couple ne le supportait que trop mal et eux aussi. Elle n’aimait pas le ton qu’elle employait, comme si elle engueulait un enfant stupide. Elle le menaçait de le mettre dehors… et si c’est lui qui décidait de la quitter. De mettre fin à toute cette folie ? « Tu... » Elle semblait choqué et il eut le sentiment de reprendre le dessus, d’avoir le pouvoir sur elle de nouveau et de pouvoir en jouir à sa guise. C’était un sentiment délicieux et il ne pourrait pas s’en défaire. Elle était choquée, ne s’attendant pas à le voir réagir avec autant de virulence. Il regrettait presque mais le sentiment de puissance qu’il ressentit à cet instant l’aveuglé. Ils étaient cruels l’un envers l’autre, limite gratuitement ; mais c’était le seul langage qu’ils connaissaient. « Tu pourrais vraiment le faire ? C'est vraiment ça que tu veux ? Partir ? » Non bien sur que non ! . Et pour aller où ? retourner au district onze ? se jeter dans la gueule grande ouverte du Capitole. Il ne se sentait à sa place que lorsqu’il était auprès de sa femme. Il n’avait aucune raison d’aller ailleurs, de partir. Il ne voulait pas partir, bien sur que non, et il aurait voulu le lui dire. Ramper à ses pieds et s’excuser pour avoir dit une chose qu’une fois encore il ne pensait pas. « Pars alors. Quitte-moi. Prends tes affaires et ne reviens jamais. » Elle n’était pas seulement en colère, elle était blessée et sans doute apeurée à l’idée de le voir mettre à exécution ses dires. Il soupira, se tourna et la regarda droit dans les yeux. « Je n’irai nul part. » Pas sans toi. Il dit cela avec un ton froid, et détaché, mais dans son regard brillait toute la force de sa conviction. Il ne pourrait pas la quitter, jamais. « Est-ce que tu as parfois honte, est-ce que tu regrettes parfois tes meurtres ? » C’était une question rhétorique, comme s’il lui demandait si elle regrettait d’être payée pour assassiné es gens innocents. C’était humain. Ils n’étaient pas nés pour tuer des êtres innocents, mais des criminels. Il regrettait certains meurtres, mais pas d’autres. Lorsqu’il s’agissait de violeurs, de voleurs ou de meurtriers il ne voyait pas l’intérêt de les regretter. Ces êtres infâmes mérités la mort. Mais là il ne s’agissait pas de cela. « Parce que... si tu pars... Tu pourras te vanter de m'avoir tuée. » Il tourna le regard vers elle. Elle était aussi perdue que lui, et aussi dépendante de cet amour. Cela le rassura. « Nous mourrons ensemble… » Chuchota-t-il pour toute réponse. Il n’imaginait pas une autre fin à leur histoire. Il ne pourrait pas vivre dans un monde où elle ne serait plus qu’un souvenir. A cet instant il ne se sentait pas bien. Il était perdu … ; elle le comprenait sans doute mieux que n’importe qui dans ce monde. Le ton descendit pour un temps mais ils n’en avaient pas encore terminé. Ils devaient encore mettre à plat un fait.

« Je ne me sens pas bien. » Lui non plus. Il se sentait fatigué et nauséeux. Il avait le ventre tordu, serré, et les nerfs à vifs. « Je... Je ne sais plus ce que je veux. » Le cœur du jeune homme manqua un battement, et il se tourna vers elle, paniqué. Ce qu’elle voulait … Est-ce qu’elle était à ce point perdu qu’elle ne semblait pas même savoir si leur histoire avait encore un sens où si définitivement elle ne pourrait plus avoir confiance en lui. « Ecoute, Phoenix, tu... Tu as le droit d'être furieux pour ce que j'ai fait. C'était mal, et je n'ai pas d'excuses. Mais... Ce n'était pas... Ce que tu crois. » Soupirant, il se détourna d’elle une fois encore. Il ne voulait pas encore entendre plus. Il s’en fichait. Il avait le droit d’être en colère, autant qu’elle pouvait l’être parce qu’il l’avait trompé. Pourquoi continué sur cette voie et risquer de dire des choses qui seraient mal interprétées ? « Pas simplement une partie de jambes en l'air. » Il sera les dents. « Arrête… » Siffla-t-il entre ses lèvres serrées, ne désirant pas revenir sur le sujet. Il était tendu, fermant les yeux il voulait simplement arrêter de retourner la question. C’était fait, il ne pouvait pas le défaire. Que dire de plus à ce sujet ? « Je ne sais pas te l'expliquer, mais... » Il reprit son souffle, après s’être rendu compte qu’il retenait sa respiration depuis un moment déjà. « Je ne suis pas une putain. Tu peux tout me dire, tout penser, mais pas ça. Pas ça. » Il se tourna vers elle, et la regarda avec un air déconfis. Désolé. « N’en parlons plus. Je suis désolé, je n’aurai pas du te traiter de la sorte. C’est chose faite à présent et rien ne pourra changer ce qu’on a pu faire chacun de notre côté. » Ils se regardaient à présent, et très vite le ton se fit plus violent, plus décousu, plus perdu. Il essayait de faire part de ses pensées, de ce qu’il ressentait, et il était difficile pour lui de se maintenir. De se contenir. Il essayait simplement de mettre un terme à cette discussion, à cette dispute. Il voulait qu’elle le pardonne, alors que lui avait déjà fait une croix sur cette histoire d’adultère. Il s’en moquait, du moment qu’elle lui revenait. « Aucun autre homme ne m'a causé autant de soucis, autant de souffrance, autant de douleur. Aucun autre homme ne pourrait susciter tant d'émotions contradictoires en moi. Aucun autre homme ne serait encore en vie après m'avoir trompée. » Il sourit. Un sourire triste, mais amusé tout de même. Oui, il avait de la chance. Il était privilégié par rapport à tous les hommes qui se trouvaient à Panem. Il pouvait traîner de nom d’Aileen Carter dans la boue et en ressortir avec une simple dispute. Il méritait sans doute d’être mort. Malgré cela, il ne pouvait y voir que la preuve d’un amour plus pure et plus vitale qu’aucun autre. Sans ce sentiment qui les étreignait tous les deux, ils ne seraient rien. Sans cet amour qui les rendait ivre de haine, de passion et de douleur, ils ne pourrainet pas être heureux de vivre. Sûrs d’être en vie. Car comment sinon savoir que tout cela était réel et pas uniquement un rêve dans l’esprit d’un enfant, ou l’imagination débordante d’un vieillard. Comment être certain que ce n’était pas seulement un songe, quelque chose d’irréel. L’amour qui les portait les faisait se sentir en vie. Quand ils se trouvaient en présence l’un de l’autre ils ne pouvaient pas être plus sur d’être vivants, d’exister. D’être au monde, dans le sens le plus pur du terme. Paradoxalement, quand ils se trouvaient ensemble le reste du monde n’avait plus aucune valeur. Ce sentiment prenait le dessus sur tout le reste. « Aucun autre homme ne mérite autant ma haine... Et pourtant, c'est toi que j'aime. Toi que j'ai épousé. Parce que je sais que... Même si tu me fais mal, même si je te fais mal, nous sommes... Liés. » Liés. L’anneau qu’il portait au doigt semblait soudainement plus lourd. Il le regarda et joua avec lui. Liés, ce n’était pas seulement pas ce serment qu’ils avaient prononcé devant l’arbre des amants. Cela avait toujours été une évidence pour eux. Ils étaient faits pour être ensemble. Ils l’avaient refusés dans un premier temps, se tournant autour sans réellement oser passer le cap. Mais finalement Phoenix avait trouvé la force de lui demander d’être sa femme. Parce qu’il n’imaginait pas sa vie sans elle, et surtout il ne s’imaginait pas auprès d’une autre. Siloe était une passade, Aileen était sa vie. « Ca a toujours été une évidence… » Dit-il en la regardant, fixant l’anneau qu’elle portait aussi au doigt. Ils étaient liés pour l’éternité à présent. Ou tout du moins pour la vie. Ce qui était déjà pas mal comme épreuve au vue de la vie qu’ils menaient tous les deux. « Je ne regrette pas de t'avoir épousé. » Il se sentit soudainement soulagé, il avait la preuve que ses mots avaient dépassé sa pensée et que rien n’était plus sure que le fait que ce mariage était un choix magnifique. Un instant de bonheur partagé, et qui allait leur offrir une vie de joies éphémères. Elle ne regrettait pas de l’avoir épousé. Il arrivait à entendre la culpabilité dans sa voix, regrettant de lui avoir fait croire le contraire elle se repentissait. Ils étaient à égalité, revenus à une certaine stabilité. Il pouvait de nouveau oser croire que tout cela n’était pas une illusion, qu’elle l’aimait vraiment. « Te demander d’être ma femme fut la décision la plus intelligente de toute ma vie. » Dit-il avec un petit sourire, comme une ultime tentative pour détendre l’atmosphère. « Je ne l'ai jamais regretté, jamais, pas une seule seconde. Phoenix, tu... Tu es l'homme de mes rêves. De mes rêves ! J'en fais si peu... Et je fais tant de cauchemars. Mais quand je rêve, c'est de toi. Pas d'un prince charmant avec ton apparence, non : de toi. Mon époux. Mon cher époux. Mon crétin d'époux que j'adore. » Il sourit. Attendri. Bien sur qu’elle était heureuse d’être sa femme, il ne pouvait pas en douter. Cela se voyait dans ses sourires, dans ses caresses, dans ses marques de tendresse. Elle l’aimait, et elle l’aimera encore longtemps. Il était stupide, il avait du mal à apprendre les choses, et tout cela était nouveau pour lui. Il ne savait pas vraiment ce qu’il devait faire, mais elle était là. Elle sera toujours là. « Je t'ai détesté, tu sais. Un bref instant. J'ai voulu prendre mon révolver et vous abattre, la fille et toi. » Il l’aurait sans doute laisser faire. Après tout, quoi de plus beau pour eux qu’un crime passionnel ? « Et ça m'a... soulagée. Que je puisse encore ressentir cette haine. Parce que sans toi... Je ne serais qu'un pantin vide d'émotions au service de Snow. » Il sourit. C’est pour cela qu’il l’aimait. C’est pour cela qu’il voulait resté auprès d’elle. Pour ce sentiment d’être en vie, pour cette impression d’être enfin quelqu’un, capable de rire, de pleurer, de haire, de ressentir librement. Parfaitement librement. Ils pouvaient se détester, s’entretuer, se détruire, mais jamais ils ne pourraient douter du fait qu’ils soient en vie. Du fait qu’ils soient humains. Ils étaient des humains détraqués, qui avaient été entraînés à tuer et blesser. Mais ils pouvaient encore sourire. C’est tout ce qui compte. « Ce qu'il y a entre nous, cet amour... » Et même le mot amour ne semblait pas parfaitement approprié. C’était autre chose, c’était plus que cela. C’était pure et brutale. « Je ne sais pas ce que c'est. C'est quelque chose que je ne comprends pas, que je ne contrôle pas. Et tu sais comme je déteste les choses qui m'échappent. Ce n'est pas... Comme cela devrait être. Comme c'est sans doute pour beaucoup de gens : le bonheur. Cet amour m'apporte autant de souffrance que de joie, autant de haine que de passion. Cet amour me brûle, non pas paisiblement, comme un feu de camp ou une bougie, mais comme un incendie de forêt, comme un brasier énorme. » Elle ressentait la même chose que lui. Pour beaucoup l’amour devait être sécurisant, calme, doux, et heureux. Pour eux ce n’étiat pas le cas, mais en somme cela n’étonnait pas Phoenix. Ils n’étaient pas comme les autres. Ils n’avaient pas le temps comme allié, ils ne pouvaient avoir aucune certitude. Ils pouvaient mourir à chaque instant. L’amour ne pouvait pas leur offrir l’illusion de la sécurité, l’illusion qu’ils seront toujours en vie demain, ou le mois prochain. Ils ne pouvaient pas s’y raccrocher pour survivre, mais pour vivre l’instant présent. Ce devait être dur et brutale. Ce devait être pure, un sentiment profond et douloureux pour s’encrer en eux à jamais. Ils ne savaient pas aimer tendrement, cela risquait de les ennuyer. « Pourtant, c'est cet amour que je veux. C'est toi que je veux. Parce qu'avec toi, j'existe. Je suis... qui je veux être. Alors, je veux continuer avec toi. Même si ça doit me tuer. Cette vie, cette vie qui sera sans doute trop courte, cette vie qui n'appartient pas vraiment à moi, je veux la vivre pleinement. Lâcher le cordon de sécurité et sauter de la falaise. Je veux t'aimer. » Il était attendri. Il la regardait dans les yeux et y lisait tout l’amour qu’elle pouvait lui porter. Elle l’aimait, c’était une évidence. Il sourit. « Avec toi je veux vivre Aileen. Je ne veux pas me demander ce que c’est que … cet amour. Je m’en fiche. Tout ce que je sais c’est que ca me rend vivant. Ivre de passion. Je me fiche de tout le reste, il n’y a que cela, à cet instant qui compte. » Dit-il avec une voix empli de ferveur et de passion non dissimulée. Il l’aimait, c’était une évidence, et un aveugle seulement ne pourrait pas le voir.

Il continua sa déclaration, s’excusant de ne pas pouvoir la rendre heureuse bien que c’est tout ce qu’il souhaita pour elle et bien plus encore. Mais tout cela était bien trop compliqué et il n’arrivait pas à se contrôler. « Je sais. » Sa voix n’était qu’un murmure. « C'était cruel de ma part de le nier. Mais, Phoenix... Tu n'es pas que ce que tu penses. Tu vaux plus que ça. Tu n'es pas un simple Pacificateur. Tu es... celui que j'ai choisi. Celui qui a su m'émouvoir. Celui qui a touché mon coeur. Celui qui me rend heureuse. C'est plus que de l'amour que tu m'offres ; c'est une vie. » Il continua, lui assurant que cela allait peut être se reproduire mais que rien ne devait remettre en doute l’amour qu’il avait pour elle. Il voulait que cela soit encrer, graver entre eux. Il voulait changer, il voulait que cela ne se reproduise pas. La peur qu’il avait eu de la perdre cette fois était encore trop présente dans son esprit et il promit de faire des efforts, de changer, de devenir meilleur pour elle. Il ne voulait pas la perdre, la simple idée qu’un jour elle puisse le quitter le render fou. Il ne voulait surtout pas y penser. Il ne voulait pas que cela puisse se produire. « Tu n'es pas le seul à avoir fait des erreurs, Phoenix. Moi aussi, je dois m'améliorer. » Il retint un rire. Dans son esprit Aileen Carter était la plus parfaite des femmes, il ne voyait pas en quoi elle devrait s’améliorer. Mais il ne dit rien. « Alors... Je te pardonne. C'est peut-être fou, mais je te pardonne... et je t'aime. N'en doute pas. Jamais. C'est de toi que j'ai besoin, maintenant, demain, et toujours. » Il fut soulager. Enfin cette histoire pouvait rester derrière eux et ils pourraient avancer. Il décida que cela n’avait plus de raison d’être. « Et je ne... Ce que j'ai fait... Cela ne se reproduira plus. Ma parole, je l'ai déjà trahie, mais tu as mon amour. » Il sourit et s’approcha d’elle encore un peu plus désireux à présent de la prendre dans ses bras. « Jamais plus je ne te tromperai, tu as ma parole, même si elle peut paraitre de peu de valeur. » « Si tu savais comme je suis désolée... » Il serra les dents, et soupira. « Pas autant que moi. » Les choses étaient arrangées, ils pourront de nouveau avancer l’un auprès de l’autre, vivant au jour le jour cet amour si imparfait.

Il sentait à présent le calme revenir. Plus joyeux et détendu il osa faire une petite plaisanterie à sa femme qui retrouva également le sourire. Cela lui réchauffa le cœur. « La peste soit de toi, Lewis ! » C’était une chose qu’elle disait souvent, quand elle prenait conscience qu’elle ne pourrait jamais lui résister. Qu’elle sera toujours attendri par ses blagues et ses sous-entendus pervers. « Tu m'as convaincue de ton amour. Comment fais-tu pour être aussi irrésistible, pour me rendre folle d'amour d'un seul regard alors que je devrais t'engueuler ? » Il sourit, et s’approcha d’elle encore pour prendre ses mains dans les siennes et les embrasser. « Il te faut beaucoup d’entrainement et un sourire ravageur pour arriver à ce niveau là Amour. » Dit-il pour toute réponse. Il avait de la chance, et du culot. Cela ne marchait pas toujours, mais elle l’aimait, de fait elle voyait quelque chose en lui que lui-même ne voyait pas. De la tendresse ? De l’amour ? Autre chose ? Il n’en savait rien. Et il s’en fichait. Ce qui le contrariait à cette instant c’était la pâleur de sa femme et ses mains qui lui semblaient froides dans les siennes. Il lui demanda ce qu’elle avait. « Je ne suis pas malade... » Il aurait voulu le croire mais il n’en fut rien, il était inquiet. « ... Mais toi, tu es blessé. Laisse-moi te soigner. » Il baissa le regard sur sa main où s’était logé des morceaux de verre. Il avait presque oublié ce détail, mais pas elle. L’odeur du sang les entourait et elle le fit asseoir pour le soigner. Il avait l’impression de revenir des années auparavant, lors de leur première rencontre intime. Elle commença à désinfecter et il retrouva chez elle la même expression sérieuse et concentrer que la première fois. « Je fais devoir recoudre. » Il acquiesça en silence et serra les dents pour barrer à la douleur. Il connaissait cette sensation c’était la même que la première fois. La même main blessée, la même infirmière sexy. Cela le fit rire et il dissimula son rire sous une toux étrange. Elle ne voulait pas qu’elle lui pose des questions. Il ne voulait pas qu’elle élude de fait sa question à lui. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait mais il lui laissait le temps de réfléchir, de venir vers lui lui expliquer. « Par contre, je suis malade de peur. » Il se sentit angoissé, et comme instinctivement sa main valide vint contre la hanche d’Aileen et la caressa tendrement. Il voulait la calmer, lui montrer qu’il était là. Elle s’était assise à côté de lui et il la regardait, toujours silencieux en attendant. Elle laissa échapper un rire nerveux qui l’inquiéta encore plus. Qu’est-ce qu’elle avait pour se mettre dans un état pareil ?
« Phoenix... Je suis enceinte. »

Il se perdit dans son regard essayant de comprendre ce qu’elle venait de lui dire mais le choc était trop grand. Il ne s’y attendait pas. Il se sentit s’effondrait, partir dans un ravin sans fond et ne pas réussir à se rattrapper aux parois. Il comprenait alors ce qu’elle lui disait plus tôt. Tout lâcher, tout abandonner, toute sécurité, et se laisser aller à sauter dans le vide avec lui. Il voulait sauter dans le vide. Cela devint une évidence pour lui. Son regard se posa sur le ventre de sa femme et il essaya de mettre cette idée dans son esprit : un bébé est en train de grandir là, dans le ventre de sa femme. Ton bébé. Tu as mis ta femme enceinte. Dans quelques mois tu auras un bébé tout rose dans les bras. Tu es l’homme le plus chanceux du monde. Il sourit. Un sourire immense et niais. Il regardait toujours son ventre quand elle continua de parler de sa voix angoissée et stressée. « Je sais que... Nous n'en avons jamais vraiment parlé. » Non en effet, ils n’en avaient pas parlé, mais ils s’étaient mariés. « Et... Je croyais que je ne voulais pas d'enfants. Aujourd'hui encore, cela m'emplit d'angoisses et de stress... Mais je suis heureuse. Tellement heureuse. Je le veux, cet enfant, Phoenix. Je le veux pour moi, pour nous. » Elle posa sa main sur son ventre et ce geste infiniment maternelle fit reprendre ses esprits à Phoenix. Il la regarda dans les yeux, son cœur battant dans sa poitrine a un rythme effréné. Il souriait comme un grand enfant. « Jamais tu n’a eu de paroles si merveilleux Aileen. » répondit-il alors qu’il se penchait vers elle et attrapait ses lèvres. Il ne savait pas quoi dire d’autre. Il allait être père. Aileen Carter portait son enfant en elle, et il allait être père. Il souriait contre ses lèvres et sa main blessée vint rejoindre celle de sa femme sur son ventre qu’il étreignit. « Un bébé. On va avoir un bébé. Oh mon Dieu…. » Il souriait, regardant le visage d’Aileen, son ventre, ses lèvres, ses yeux. Elle était à cette instant plus belle que jamais. Cependant, il se souvenait aussi qu’elle se sentait mal, qu’elle était pâle et qu’ils venaient de se disputer férocement. Son visage marqua une inquiétude nouvelle. « Tu… depuis combien de temps ? » demanda-t-il ne sachant plus réellement commencer penser, que dire, comment réfléchir. Son cerveau était embrumé, envahi par la joie de cette nouvelle. « Aileen…. Si tu savais comme je t’aime et combien tu m’as manqué. » Avoua-t-il enfin, en la regardant dans les yeux, désireux, fiévreux du désire qu’il avait d’elle, de l’embrasser encore et de lui faire l’amour. Elle lui avait manqué, plus que jamais et jamais plus il ne voudra la quitter.



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