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Sujet: « and we'll run for our lives » ambrossian. Mar 28 Fév - 15:43
And I wonder if you know how it feels to let you go. We say goodbye in a pouring rain and I break down as you walk away... Stay.
Il faut que quelqu’un me sauve de moi-même, c’est ce qui me traverse l’esprit au moment où mes yeux se posent sur un des morceaux de la photo. J’sais même plus où regarder, j’sais même plus où laisser courir mon regard. A croire que même mes pupilles sont paumées. J’me trouve belle dessus. J’me trouve tellement belle que ça me fout à l’envers. J’souris et on voit toutes mes dents. Mais ça, c’était avant. Parce que moi, j’ai arrêté de sourire, j’ai arrêté d’apprendre à aimer la vie. J’me laisse baisée par le désespoir. Voilà, vous savez, maintenant. Qu’il n’y a plus rien de joyeux au fond de mon estomac, que même mon r’gard il n’a plus l’goût de rien. J’crois que ce soir, je suis trop triste pour apprécier la nuit, pour apprécier le calme. Il faut juste que quelqu’un me sauve de moi-même. Ou qu’on me sauve des autres.
Il y a encore de la vie ici, c'est pour cette raison que je m'y réfugie chaque fois que je ne me sens plus qu'à demi vivante. Cette nuit, c'est sans doute un peu différent. Je n'ai nulle part où aller. Il y a partout autour de moi des parents qui attendent, assis à la table, que leurs enfants rentrent. Il y a partout autour de moi des grands frères qui veulent s'assurer que leurs petites sœurs vont bien, que le monde ne leur a pas tourné le dos. Mais moi, je n'ai nulle part où aller. Il n'y a personne qui m'attend, personne qui s'inquiète pour moi. Ça fait bientôt quatre ans que les poumons de maman ont étouffé... Et puis ça fait bientôt cinq mois qu'on a arraché Sally à la vie. Comme ça, parce que dans le monde d'aujourd'hui, on a remplacé le fric par des gosses aux jeux. On ne mise plus des jetons, on mise des vies putain. Et ça, c'est qu'une question de hasard. Et tant pis si on a jamais eu de chance. Maman m'a raconté qu'avant, il y a très, très longtemps, les gens avaient inventé la carte joker. Elle ne tombait pas souvent, mais quand on la piochait, on avait la possibilité de retourner le jeu de façon à ce qu'il nous arrive quelque chose de beau, d'inestimable : une chance d'embrasser la victoire. J'me demande souvent si je suis la seule habitante de Panem à avoir entendu parler de ce fameux joker. Peut-être que si les autres savaient, ils se rebelleraient vraiment. Pour de bon. Peut-être que si les autres savaient, ils écraseraient le capitole et on se remettrait à jouer pour rire, sans penser aux adieux et aux jours tristes à mourir. « Tu te souviens, Sally ? Tu voulais toujours venir ici. Tu n'avais pas peur de cette grande cage électrifiée, et quand j'y pense, tu n'avais peur de rien. Moi, j'avais peur pour deux. Alors à chaque fois qu'on passait par un trou du grillage, je priais pour qu'il ne t'arrive rien. » Soupir. « Tu avais un truc, petite. Il suffisait que tu nous parles de quelque chose pour qu'on se mette à en rêver. Tu me manques, tu sais. Tu avais raison de détester le gouvernement. Et moi, je n'aurais jamais dû te forcer à te taire. J'suis désolée Sally, j'suis désolée parce qu'en fait, t'as toujours eu raison. » J'sais même pas si elle m'entend, j'en sais strictement rien, mais pour la première fois depuis qu'elle est partie, j'ai besoin de lui parler, de ne plus l'ignorer, de l'aimer à nouveau. De l'aimer quatre fois plus. « Qu'est-ce qui s'est passé putain ? On est pas censé enterrer sa petite soeur avant soi. Ça ne devait pas se passer comme ça. Les gosses de quinze ans, ça meurt pas au combat. » C'est trop tard, il est toujours trop tard. Quand le mécanisme est enclenché, plus rien ne l'arrête. Et comme c'est déjà trop tard, mes yeux se mettent à dégueuler de la flotte sur les miettes de photos. C'est tout ce qui me reste d'elles bordel, c'est tout ce qui me reste de nous trois et bientôt, ça aussi ça n'existera plus. Comment on fait, hein ? Comment on fait pour continuer à grandir quand le destin nous a volé les amours de nos vies ? Comment on fait pour se sortir de ce pétrin ? C'est comme se jeter dans une cuve de béton. On y reste. Et si jamais on s'en sort, l'énorme balafre en plein milieu du coeur, elle part pas, elle. Elle squatte nos entrailles, jusqu'à ce qu'on en crève. « Pourquoi tu n'es plus là petite ? Pourquoi tu sors pas de derrière un arbre pour me hurler surprise ? » Un gémissement sort du fin fond des abysses de mon âme, j'ai du mal à croire qu'il s'agisse encore de moi. Me laissant glisser sur les feuilles, j'oublie l'air froid qui défonce ma peau et la terre qui abîme mes vêtements. Je serre dans ma paume la photo de ma famille, cent pour cent déchirée et, pour la première fois de ma vie, je comprends ce que signifie réellement être seul : il n'y a plus rien devant nous, ni derrière. Les souvenirs et les visages s'estompent, les éclats de rires se transforment en murmures puis en silences. Alors on s'assied sur nos bagages et on prend le premier train qui passe, sans savoir où il nous emmène. On espère juste qu'ailleurs, il y aura quelqu'un, quelque chose qui nous permettra de nous souvenir à nouveau. On espère juste qu'ailleurs, ils seront là, plus vivants que jamais. Qui ? Ceux à qui on a oublié de dire au revoir parce qu'on ne voulait pas qu'ils se barrent. Ceux qu'on a aimé à en avoir mal au bide. Ceux dont on ne se souvient déjà plus qu'à moitié.
[...]
« Alors c'est ça, la mort ? » Ses yeux sont résignés, une semaine a suffi à la changer en grande personne. Elle est si jolie. Même si ses yeux sont presque éteints, même si sa peau est salie par le sang et même si tout ce que j'aimais d'elle semble enfoui. Elle est si jolie. Je la regarde et je me dis qu'elle est bien plus forte que Panem tout entier, elle qui se laisse mourir pour ne pas à avoir à tuer. « Non, petite. C'est la vie. Cours rejoindre maman, maintenant. » Je parle comme si j'étais à ses côtés, comme si je lui tenais la main. Il n'y a pas Cassian et sa famille à table qui mangent comme s'ils regardaient un téléfilm. Il n'y a que moi. Il n'y a qu'elle et moi. Sally ouvre péniblement les yeux et mon coeur loupe un battement. Elle m'a entendue. Je le sais. L'idée s'insinue en moi, s'accroche à mes tripes et me donne envie de me briser en mille morceaux de joie. Elle tourne la tête vers la caméra, même si ça lui coûte ses dernières secondes, même si la douleur fait que tout se décroche à l'intérieur. Elle observe la caméra, et dans un dernier murmure, elle me présente ses excuses et meurt. Au milieu de la forêt, là où elle a toujours voulu voler. « On t'attendra. Pardonne-moi... » Une larme dévale ma joue, s'éclate sur le vieux bois. Je laisse partir la petite. Le destin lui rend sa liberté, et même si son absence me perd déjà, un sourire naît à la commissure de mes lèvres. Elle file avec sa dignité. Et ça, c'est une victoire sur le capitole. Et ça, c'est un espoir pour nous tous. A tous ces rêves qui nous tiennent en éveil, à tous ces rêves qui nous tuent toujours plus.