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 Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN

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Clay L. Kennedy-Fawkes
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Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN Vide
MessageSujet: Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN   Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN Icon_minitimeLun 9 Avr - 17:30





« FAR FROM PARADISE. »



J’ouvre les yeux. Je sens mon cœur battre à tout rompre jusqu’à mes tempes, provoquant une migraine insoutenable qui me brouille la vue. Lentement, je tourne la tête, la trainée de sang qui se trouve derrière moi démontre bien que j’ai dû ramper pour me retrouver en plein milieu de mon salon. Chacun de mes muscles sont ankylosés, en proie à l’effort physique que m’a demandé mon escapade, à la douleur et au manque de sang flagrant. Je renoue doucement avec la raison, mon cerveau est comme une alarme qui ne s’arrête pas de hurler. Il y’a urgence.

Le médecin n’avait pas réfléchi, traversant les bois avec une ténacité nouvelle, il avait manqué plusieurs fois de s’effondrer au sol, épuisé, presque mort, mais à chaque fois il s’était relevé. Il ne fallait pas donner ce plaisir au Pacificateur qu’il avait laissé pour mort dans la forêt tant l’adrénaline et la panique s’étaient emparés de tout son être. Clay n’avait pas réfléchi devant l’urgence de son état, de la situation. La vue brouillée et l’esprit mal en point à force de s’être pris des coups, il espérait échapper à la commotion cérébrale. Difficile de réellement savoir lorsque vous couriez à en perdre haleine en pleine forêt, laissant parfois des traces de sang sur votre passage. Toutefois, le jeune homme devait bien admettre que l’instinct de survie donnait des ailes, lui qui n’avait qu’une envie, à savoir s’effondrer, était toujours debout. Se tournant comme un paranoïaque au moindre signe de mouvement étranger, il continuait sa course, trébuchant plusieurs fois de suite contre des racines trop sorties de terre. Ce ne fut qu’au bout d’une bonne quinzaine de minutes qu’il aperçut la porte de sa maison du village des vainqueurs. Au plus profond de lui-même, il espérait avoir devancé le Pacificateur, car il le savait bien, celui-ci ne resterait pas les bras croisés. Plus aucun ne le ferait le concernant, il serait jugé comme une faiblesse supplémentaire et importante du chef des rebelles, et Clay ne voulait surtout pas servir d’appât. Allongé au sol, dans son salon, il avait fini par s’étendre, fatigué, épuisé par la course poursuite et le combat pour sa survie. Car atterrir au Capitole ou mourir en pleine forêt, ça revenait au même. Essoufflé, la respiration sifflante, le médecin ne ressemblait plus qu’à un animal blessé qui gémissait dans le silence morbide environnant. Pourtant, il fallait bien qu’il se relève, il avait des choses à faire. La première, il devait panser grossièrement ses blessures. Le corps lourd, il rampa jusqu’à l’armoire à pharmacie du salon puis se redressa sur ses deux jambes avant de presser de nouveau contre sa plaie au flanc. Sa pommette brisée enflait à vue d’œil, tout comme la plaie qu’il lui avait administré au front. Quant à ses yeux, un bandeau noir commençait à les encercler tous les deux, n’aidant pas son visage à dégonfler. Il n’était plus qu’ecchymoses, hématomes et plaies béantes, autrement dit, pas franchement beau à voir. La migraine se faisait de plus en plus oppressante, ses tympans vrillaient au moindre son, c’était comme s’il était dans un monde parallèles au sien, chaque chose était perçue différemment de lorsqu’il était « sobre ». Non pas qu’il fut saoul à ce moment-là, mais c’était tout comme au niveau des sensations. Le sang présent sur son front commençait à sécher, son nez saignait encore mais le plus inquiétant restait la plaie que la balle avait laissée sur son flanc. Clay espérait avoir une once de chance, qu’elle n’aurait pas causé des dommages plus importants que ceux qu’il pouvait voir en surface. Sortant une seringue d’un des tiroirs, l’une des dernières qu’il lui restait du Capitole, il l’ouvrit avec les dents et se l’enfonça dans le bras avec ses seules forces restantes. Ca l’aiderait au moins à combattre une éventuelle infection, car il ne resterait pas ici. Ce soir, il serait déjà parti dans les bois pour le District 9. C’était ce que sa raison encore lucide lui ordonnait, il ne pouvait rester là. Tel un fugitif, il s’attelait à la tâche, sortant des baies qui pourraient l’aider à tenir pour le voyage, prenant une autre seringue contenant un produit anti-infectieux. Il attrapa ensuite une bande et fit deux compresses avec les baies qu’il venait d’écraser, manquant de tomber dans les pommes. Puis, il retira son haut dans un grognement déchirant et enroula la bande autour de son buste sans attendre que la douleur ne l’endorme trop. Une fois bien serré, il souffla, mais même ça, c’était douloureux et pénible. Se rendant dans sa chambre, il attrapa un sac à dos et commença à glisser les baies et les quelques médicaments qu’il comptait emmener, il prit toute nourriture qui pouvait supporter un voyage ainsi que la bouteille de whisky, qui l’aiderait à tenir et le réchaufferait. Puis, il fourra ses carnets les plus précieux dans son sac à dos et le posa au sol avant de s’asseoir, mains tremblantes à la table de son salon. De façon maladroite, il attrapa deux morceaux de papier et un crayon, puis il griffonna. La première lettre était pour Callie, la seconde, pour Saphyr, son assistante. Dans la première, il restait vague, lui disant qu’il reviendrait vite dans le District, et qu’il allait bien (même si la tâche de sang qui venait de poser sur la feuille risquait de prouver le contraire). Sa vue se brouilla et il dût secouer la tête dans un effort surhumain pour ne pas s’arrêter d’écrire. Après lui avoir dit qu’il l’aimait, et qu’elle devait brûler la lettre, Clay attaqua la seconde, dans laquelle il demanda à Saphyr de prendre soin de ses patients en attendant son retour et qu’elle aurait de quoi soigner grâce à l’armoire à pharmacie du salon. Il la remercia par avance et resta là aussi, vague, concernant la raison de son départ. Encore une fois il laissa un P.S, celui de brûler la lettre afin qu’elle n’ait pas d’ennuis. Une fois que tout fut prêt, le jeune médecin ne chercha pas plus loin, enfilant un pull à capuche et fourrant une veste supplémentaire dans son sac à dos, il l’empoigna, lui et les lettres puis ferma la porte de sa maison. Il ne pouvait se permettre de prendre plus. Au dernier coup d’œil jeté à l’intérieur, le cœur du jeune homme se serra si fort dans sa poitrine que ses tempes recommencèrent à battre le rythme de concert.

Je ne sais pas comment j’arrive à tenir. J’ai déposa les lettres sous la porte, le visage caché et j’ai passé la barrière du 7 de façon toute aussi discrète. Pourtant, mon état ne me permet pas d’être aussi silencieux qu’un animal malin. Je suis bruyant, je traine des pieds mais je suis poussé par l’instinct de survie et l’adrénaline qui ne m’a pas quitté depuis cette cabane. La douleur s’intensifie, tout comme l’engourdissement, chose qui n’est pas forcément bon signe mais je n’ai pas le temps de m’arrêter, si je veux éviter de passer plusieurs nuits dans la forêt.

Le climat n’était pas si différent de celui du 7, mais plus il se rapprochait du 9, plus il voyait de lacs et de forêts étendues. S’il n’avait pas appris à se repérer et s’il n’était pas déjà allé au 9 avec son frère, Clay serait sûrement mort à l’heure qu’il était. Au lieu de ça, il avançait sans réellement s’en rendre compte, tout n’était plus que geste mécanique. Son bandage déjà bien rougi, pouvait encore tenir de longues heures, de toute manière, il n’aurait pas le choix. Lorsque la nuit tomba peu à peu sur la forêt, le jeune homme ne s’arrêta qu’au moment où il ne voyait pas plus loin que le bout de son nez. Il s’en rendit compte à force de buter et de tomber dans les feuilles ou la boue. Ses mains le faisaient souffrir, il les avait oubliées. Ses mains que le verre avait rongées, à force de serrer la seule arme qu’il avait réussi à conserver et qui lui avait sans doute sauvé la mise. S’asseyant contre un arbre, il gémit avant de sortir la veste chaude qu’il avait emmenée. S’emmitouflant dedans, il prit une bonne gorgée de whisky et souffla dans la nuit déjà bien avancée. Quasi noire. Instinctivement, il pensa à son frère, Julian, il ignorait où il se trouvait à ce moment-là mais il espérait qu’il capterait plus ou moins son message, ou plutôt sa détresse. Ils avaient toujours eu ce lien spécial, alors il espérait qu’il marche ce soir. « Damn it, Julian. ». Un murmure dans la nuit, tandis que les battements d’ailes d’oiseaux étaient ses seuls sons perturbant le silence angoissant. Clay n’était jamais allé aussi loin tout seul, il n’avait jamais eu besoin de quitter le District seul, et voilà qu’il avait dû le faire. Pour le coup, il comprenait l’immense solitude qu’on pouvait ressentir dans l’arène, ce besoin de toujours faire attention, de survivre. Le seul point positif ici, était qu’il n’avait pas de risque qu’un juge du Capitole ne s’amuse à mettre du piment pour le pousser vers une pseudo corne d’abondance. Aussi, était-il probablement chanceux. Buvant une seconde gorgée du liquide ambrée, il se força à manger un morceau, mais il était crasseux de la tête aux pieds, une allure bien étrange pour un médecin qui se voulait aseptisé à longueur de temps. Un mélange de boue, de terre et de sang. Bon appétit.

Il lutta encore contre le sommeil pendant de longues minutes, puis finit par s’endormir sans savoir s’il se réveillerait ou non le lendemain matin.

Le soleil perce entre les arbres et vient m’éblouir alors que j’ai les yeux fermés. C’est lui qui me pousse à les ouvrir, à me réveiller tandis que je suis toujours assis contre mon arbre, à la disposition des éventuels chasseurs et des animaux. Je jette un coup d’œil aux plaies de mes mains, le sang a séché à présent, mais elles nécessiteront quelques points, puis vient le tour de mon flanc, la plus grave, le bandage est trempé au niveau de la plaie mais je ne peux pas me permettre de le retirer, je dois reprendre ma route. Je tente encore une fois de faire ressentir toute ma détresse et mon plan à Julian sans réel espoir que cela fonctionne cependant… Puis je me relève, mon visage semble toujours gonflé et tendu, je dois avoir des cernes horribles et ma barbe commence déjà à repousser, comme gênante au toucher, mais ça, c’est le cadet de mes soucis pour l’instant.

Clay avala un rapide morceau en guise de petit déjeuner et se força à se relever, mais il dût puiser dans ses dernières réserves pour le faire, et l’angoisse de ne pas y arriver se faisait plus forte. Il marcha encore à travers bois pendant des heures, ou peut-être même quelques minutes, mais ça paraissait tellement long. Si long qu’il ne sut réellement depuis combien de temps il avançait. Ce ne fut que lorsqu’il heurta la barrière du District 9 qu’il sortir de sa « léthargie », ne se souvenant même plus s’il avait passé une seconde nuit ou plus en forêt. Plissant les yeux pour voir l’énorme 9 se dessiner, il ne pénétra à l’intérieur qu’après l’avoir aperçu et être sûr qu’il était bien arrivé. Puis, il remonta sa capuche sur son visage, après tout, les Pacificateurs étaient partout à présent, et il n’était plus qu’un fugitif aux traits du chef des rebelles. Bien, ne restait plus qu’à trouver la maison des Sweenage. Se posant contre une maison visiblement déserte, il réfléchit, il était déjà venu. « Allez… Rappelles-toi, tu es déjà venu ici. ». Murmure qui se voulait uniquement pour sa personne jusqu’à ce qu’il ne se rappelle enfin, après dix minutes sans bouger. Son teint était livide, ses joues, malgré sa pommette brisée, se creusaient clairement tant la fatigue était grande, il était au bout du rouleau, au bout de la crise de nerfs.

Il fallut encore quelques minutes de marches jusqu’à ce qu’il n’arrive devant la porte des Sweenage, et quel soulagement ce fut ! Malheureusement, il se sentait arriver au bout de ses réserves physiques. Chancelant il frappa à la porte le plus fort possible. Il attendit. Encore. Quelques secondes qui parurent des minutes, des heures, il perdait le compte, le fil du temps, il ne comprenait même plus rien. Fatigué, il était juste fatigué. La porte s’ouvrit enfin et il eut juste le temps de balbutier un « Je suis… ». Il tomba en avant, si la personne en face le rattrapait tant mieux, sinon… Il tomberait au sol. Je suis désolé de vous déranger. Voilà ce que Clay avait voulu dire avant de sombrer dans l'inconscience.


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Avalon R. Sweenage
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MessageSujet: Re: Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN   Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN Icon_minitimeMar 10 Avr - 23:57





J'étais fatiguée. Recroquevillée sur le sol, les muscles de mon corps ankylosés. Ma prison était une salle sans fenêtre, plongée dans un noir étouffant. Elle n'était pas non plus très grande, juste la place pour y abandonner deux ou trois personnes. J'y étais depuis des heures, peut-être même des jours. La seule chose que je remarquais était les douleurs à mes poignets, brûlés par les cordes qui les liaient. Ainsi que mon visage collé au carrelage glacial. On m'apportait de temps à autre un bout de pain avec une gorgée d'eau. Assez pour me maintenir en vie, mais bien peu pour m'assurer un bon état de santé. J'avais eu deux fois la visite d'un pacificateur. Il voulait que je donne des noms. Aiden. Rumer. Julian. Et tant d'autres encore. Je n'avais rien dit et je ne comptais pas le faire de sitôt. C'est alors qu'on vint me chercher, après de longs instants sans aucune nourriture ni eau rafraîchissante. J'avais l'esprit brouillé, aux limites de l'inconscience. Où allait-on encore me traîner ? J'eus ma réponse bien plus rapidement que ce que je m'attendais. On ouvrit une porte. Pour me jeter dans une autre salle sombre, bien qu'éclairée par une simple ampoule jaunâtre pendue au plafond. Je m'écrasai violemment à terre. Je n'eus même pas le temps de rouvrir les yeux après le choc que je le sentis déjà auprès de moi. Aiden. Il était là. Détachant soigneusement les cordages à mes poignets, et dévoilant ainsi des plaies ensanglantées. Lorsque je rencontrai son regard, des filets de larmes s'échappèrent de mes yeux. Le jeune homme ne prit pas une seconde de plus pour me serrer contre lui, dans une étreinte que je lui rendis. Je fermais les yeux pour me laisser croire que nous étions ailleurs, pour ne pas voir que j'étais couverte de son sang chaud qui coulait encore de blessures béantes. Nous restâmes serrés l'un contre l'autre de longues minutes, ne cherchant même pas à dire quelques mots tellement ils auraient été désuets dans cette salle. Nous nous savions malheureusement condamnés et profitions de nos derniers instants. Je pleurais les dernières gouttes d'eau de mon corps lorsque je sentis une prise forte m'arracher des bras d'Aiden. J'aurais dû me douter que nous rassembler n'était pas un élan de bonté des pacificateurs. On m'attacha les poignets une nouvelle fois, plus fortement qu’auparavant. J'étais maintenant contre un poteau, mais pendue en l'air pour m'empêcher de faire le moindre geste. Aiden, quant à lui, avait les bras étendus et attachés par les poignets dans des arceaux fixés au plafond qui n'était pas beaucoup plus haut que nos têtes. Il ne restait alors plus qu'une seule question. Qui allait devoir regarder l'autre se faire torturer ? La réponse était sûrement celui ou celle qui donnerait plus facilement les informations qu'ils souhaitaient. Et, à en juger l'état d'Aiden, ce n'était pas lui. Ma réponse fut confirmée par les dires du pacificateur, qui me donna une petite chance de tout lui dire avant de commencer la séance. Je ne dis rien, ne quittant pas Aiden dans un regard plus que pitoyable. J'avais grandement fauté en m'enfuyant devant son baiser. Tellement qu'il se trouvait maintenant devant moi, à l'article de la mort. L'homme du Capitole sortit alors un couteau, et commença à entailler Aiden sur l'étendue de son bras droit. Je le sentais retenir des cris de douleur même si j'avais fermé les yeux, ne supportant pas l'image qui s'offrait à moi. Il se contenait sûrement pour que je ne cède pas. Et il avait raison de croire en ma faiblesse. Je ne comptais pas le laisser se faire charcuter sous mes yeux sans rien faire. Je supportai cependant sa première blessure, puis les suivantes qui n'étaient pas d'une horreur inimaginable. Le pacificateur s'approcha ensuite de moi, m'empoignant les cheveux pour me tirer le visage vers ses mains couvertes du sang d'Aiden. Je sentis ensuite la lame d'un couteau humide sur ma joue, entaillant sur la surface ma peau. Les larmes coulaient pour s’engouffrer dans la plaie, mais rien ne me faisait mal. Je ne faisais que m'excuser lamentablement dans un regard profond pour le jeune rebelle. Après avoir compris que je n'étais toujours pas d'humeur à donner une quelconque information, notre tortionnaire avait changé d'arme pour empoigner une pince coupante, et très aiguisée. Il s'approchait du corps rougeâtre de sang dans l'optique de lui couper des doigts. Mais je le retins juste avant que le premier doigt ne tombe. Je criai d'arrêter, que j'allais tout lui dire et qu'il devait le laisser. Je criai que c'était moi la plus engagée des deux, qu'il n'avait fait que me convaincre de tout arrêter, qu'il s'était fait passé pour le cerveau de toute la révolte du Neuf pour me protéger. Pour protéger une pauvre folle qui s'était embourbée dans des actions plus grosses qu'elle qui devaient s'arrêter tout de suite. Je le suppliais de le laisser en vie, c'était tout ce qui comptait pour moi. Je n'avais même pas réalisé que le pacificateur était déjà à mes côtés pour me faire avouer le reste. J'entendais Aiden me supplier de ne rien dire, et supplier les autres que j'étais en train de délirer. Mais j'avais décidé de lui laisser la vie qu'il méritait, quitte à perdre la mienne. Les larmes brouillaient totalement ma vue, mais je tentais de le regarder. De m'excuser pour ce dernier geste qu'il ne me pardonnerait jamais. C'est alors que j'entendis le pacificateur dire aux gardes qu'Aiden n'était plus utile. Enfin. Ils allaient le laisser partir. Ils pourraient rentrer à la maison. Tout raconter à Rumer. Me détester pour tout ce que j'avais fait. Mais au moins il aurait la vie sauve. Je fus cependant arrachée à ces pensées lorsque j'entendis un coup de feu. Du sang gicla partout dans la salle. Je reçus des gouttes sur tout le visage. Je restai interdite pendant quelques secondes avant de réaliser. Aiden. Il était mort. Il l'avait exécuté juste devant moi. Et le goût métallique que je sentais au bout de mes lèvres était son sang. Je crus vomir sur l'homme qui venait de demander sa mort. Enfin, c'est bien ce qu'il se passa. Le corps d'Aiden, sans vie, était maintenant face à moi, et je ne pouvais détourner le regard. Je ne pouvais le laisser partir après tout ce que j'avais fait. Je ne savais rien sur la révolte. A part qu'il en était le chef et que ma sœur en faisait partie. Et j'étais maintenant certaine qu'on allait m'exécuter tout aussi froidement dès qu'ils auraient compris que je m'étais bien moquée d'eux. Après quelques minutes de cris incessants pour ramener ce cadavre à la vie. Pour le faire se réveiller et me regarder au moins une dernière fois. Juste... une dernière fois. Mais c'était trop tard. J'avais gâché notre amour en doutant de tout, en le repoussant parce que j'avais peur de le perdre. Je l'avais perdu toute seule. J'étais la seule responsable, la seule et unique. Puis je sentis l'extrémité d'une arme sur mon front.

Je me réveillais tout en sueur dans mon lit glacial. J'étais recroquevillée sous mes draps, cherchant le peu de réconfort dans ce qu'il me restait. Rumer n'était pas là. Une mission. Encore. Elle avait tout fait pour rester à mes côtés depuis... Mais la disparition d'Aiden avait tout chamboulé et elle devait être présente pour les autres rebelles. J'étais alors toute seule. Sans personne avec qui pleurer. Sans aucun bras m'entourant pour me dire que tout irait mieux. Sans même aucune chaleur en moi pour me dire que je le retrouverais dans quelques jours. Non. Il était parti. Pour de bon. Laissant un vide total. Me prendre la moitié de mon âme n'aurait pas été pire. J'étais comme éteinte depuis ces quelques semaines. Je ne goûtais plus la nourriture. Me désaltérais que très peu. Je pouvais sentir mon corps fondre sous le poids de ma culpabilité. J'avais dû perdre au moins cinq kilos, si ce n'était plus. A croire que j'avais encore quelques kilos possibles à détacher de mon squelette. En parlant d'os, mon poignet se remettait de mieux en mieux. Je pouvais maintenant soulever des choses lourdes sans souci. De même pour mon épaule. Quant à ma main de l'autre bras, on pouvait distinguer les ongles qui se reformaient lentement mais sûrement. Bientôt on ne verrait même plus les traces de brûlures sur mon visage. J'aurais toujours quelques taches, mais plus de traînées rouge sang. Après une heure à pleurer dans mon lit, je finis par me calmer. J'effaçais les larmes qui avaient humidifié tout mon visage, et m'extirpais avec peine du lieu où mes cauchemars se manifestaient chaque nuit. Ou plutôt mon cauchemar. Toujours le même. Aiden se faisant tuer devant moi et à cause de moi. C'était toujours ces images. Elles avaient décidés de ne plus jamais me quitter. Hunter Blackbird-Crowley avait eu bien raison de me laisser en vie. Ainsi sa torture ne prendrait jamais fin et finirait par prendre ma vie d'une façon ou d'une autre.

J'étais maintenant hors de toute cette horreur. Je me dirigeai vers la salle d'eau de fortune qui se trouvait dans la maison. Il fallait que je me lave après cette nuit terrible, que je me débarrasse de ce sang qui s'était répandu sur moi. Qui s'était ancré sur mes mains pour me rappeler sans cesse que j'étais la cause de tous ces malheurs. Que tout cela n'était que ma faute, et celle de personne d'autre. Alors que je me dénudais, je pouvais voir ce corps encore plus amaigri qu'auparavant. J'étais à la limite d'être squelettique, me demandant comment ces os et muscles pouvaient supporter ce poids. J'avais toujours ce sentiment pesant à l'esprit qui me paralysait au moindre souvenir d'Aiden. Et bien évidemment, tout me faisant penser à lui. A ce jeune homme que j'avais tant repoussé, pendant des années, en lui faisant croire que c'était le pire des cons et qu'il m'avait tout pris. J'avais juste honte d'accepter mes véritables sentiments. Ceux qui m'avaient poussée à tout lui donner jusqu'au dernier instant. Je repensais alors à notre dernière conversation. Et le poids de la tristesse me poignarda en plein cœur. Je l'avais déçu. C'était la dernière chose qu'il avait reçu de moi, la déception. Je sentis alors les larmes m'envahirent de nouveau. Il était parti. Le fils du maire n'existait plus. Rayé de la liste des rebelles. La colère me prit, d'avoir tout gâcher pour ce district et les gens qui comptaient sur Aiden. Mais aussi d'avoir dénoncé deux jeunes hommes. J'avais envie de vomir tellement j'étais dégoûtante. Dans un sens j'étais heureuse qu'il ne soit plus là pour témoigner de mes fautes. Ce que j'avais fait était une insulte envers toute sa personne. Tout ce pour quoi il s'était battu. Je n'étais plus qu'en sous-vêtements lorsque j'attrapai la première chose qui tombait sous ma main pour la balancer contre le mur opposé dans un cri de tristesse. Je m'en fichais de savoir ce qui s'était brisé sous ma colère. Je me mis alors totalement nue pour laver mes fautes et tenter, une énième fois, de faire disparaître les traces de sang invisibles et inventées. Je frottai jusqu'à faire couler mon propre sang. Puis je me rhabillai.

Mes gestes et les suites d'actions n'avaient plus aucun sens. J'étais alors repassée dans cette sorte de léthargie qui me laissait un vide. J'avais besoin de ce néant pour ne plus penser à Aiden et à tout le reste. Je ne voulais plus ressentir ses lèvres sur les miennes, ni même sa main dans la mienne. Il fallait que j'oublie tout cela. Mais j'en étais incapable. Je ne pouvais pas effacer de ma mémoire la personne que j'aimais de tout mon cœur et de toute mon âme. Que je le veuille ou non, il restait ancré en moi. Et jamais je ne pourrais oublier à quel point j'avais été heureuse avec lui, ni à quel point son absence laissait mon cœur vide de tout espoir. C'est alors que je fus mise brutalement hors de mes pensées par un bruit. Quelqu'un frappait à la porte. Qui pouvait être devant la maison ? J'espérais un pacificateur venu m'exécuter pour haute trahison. Mais lorsque j'ouvris la porte, j'eus un tout autre spectacle. Julian. Il était juste devant moi. Plein de sang. Totalement exténué. « Je suis… » Il n'eut même pas le temps de finir sa phrase qu'il était déjà à mes pieds, inconscient. Choquée par cette vision, je devais pourtant agir vite. La maison n'était pas à l'abri des regards. Il fallait que je le cache à la maison. Et vu l'ampleur des blessures, que je fasse de mon mieux pour le remettre en état. Ce n'était pas gagné. Mais peut-être allais-je avoir une chance de me racheter après toutes mes fautes ? Je mis alors toute la maigre force qu'il me restait pour agripper le rebelle, le faire entrer dans la maison et l'étendre sur le canapé. Je voulais l'emmener dans une chambre mais j'étais totalement hors d'état de le porter aussi haut. Le canapé suffirait. Pour l'instant. Une fois installé, je n'osais cependant pas m'attarder sur les blessures. Je vis pourtant que les bandages déjà faits étaient d'une grande habileté. Je compris alors que je m'étais sûrement trompée de frère. C'était Clay. Le frère jumeau du rebelle qui n'était autre que médecin. Il fallait alors que je change les bandages au mieux, essayant tant que possible de les refaire à l'identique. Je lui appliquai ensuite un tissu humide et frais sur le front. Je ne savais pas si ce serait utile, mais ça ne coûtait rien d'essayer. Puis je restai assise sur le fauteuil d'à côté, luttant pour ne pas re-sombrer dans un cauchemar. Ainsi que pour rester éveillée jusqu'à un possible réveil du malade. Je dus bien rester des heures assises avant d'entendre un bruit hors de la maison. La nuit s'était déjà levée depuis quelques heures.
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Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN Vide
MessageSujet: Re: Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN   Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN Icon_minitimeJeu 12 Avr - 2:04




“There is a fire inside of this heart
and a riot about to explode into flames”


Contre un arbre, je reprenais mon souffle. J’avais eu ce besoin pressant de dépenser le peu d’énergie qu’il me restait, j’avais eu cette envie impulsive de m’enfuir à toutes jambes. M’enfuir de quoi? Ou plutôt, de qui? D’Aileen? Des Pacificateurs? Non. Je croyais plutôt que je me fuyais, moi-même. Je fuyais cet être insensible et révolté que j’aie été quelques heures plus tôt. Il me rebutait, me troublait et me donnait la nausée. Je fermai les paupières devant mes yeux égarés alors que je tentais de contenir ce malaise qui se frayait un chemin vers ma gorge et menaçait de sortir d’entre mes lèvres. Je me concentrais sur ma respiration fébrile et mes muscles endoloris par ma course au lieu de songer à cet inconnu qui m’avait possédé au District Un. Qui était-il? Qui était cet être qui avait désiré mort et châtiment? Certes, je n’avais jamais porté les Pacificateurs dans mon cœur, je ne leur avais jamais porté le moindre respect ou la moindre pitié d’ailleurs, ils étaient tous plus ignobles les uns des autres. Toutefois, jamais je n’avais ressenti une telle rage. Il s’agissait d’une accumulation de meurtres et de tortures injustifiés qui m’avait fait craquer sous la pression… J’en avais eu assez de voir mes proches souffrir, de voir ces horribles créatures s’amuser avec des vies humaines. J’avais flanché sous le poids de mon indignation, j’avais perdu mon sang froid et mon calme légendaire. J’étais devenu un animal. Je cherchais vengeance et rédemption. Si Aileen n’était pas intervenue, je l’aurais fait. J’avais la certitude que je me serais élancé et j’aurais tué ces deux gardes du Capitole avec la plus grande conviction. Et peut-être aurais-je laissé ma peau dans le massacre, peut-être aurais-je entraîné d’autres innocents dans ma bêtise. Oh, je n’avais pas songé à toutes ces conséquences… Que serait devenu les rebelles? La cause? Ma famille? Clay? Aiden? Rumer… Que serait devenu Rumer? À cette pensée, mes paupières se rehaussèrent brusquement, observant le ciel sombre au travers des branches dépourvues de végétation. Ma poitrine s’élevait et s’abaissait d’un rythme régulier, mais beaucoup plus rapide que normal. Je crus faire une sorte de crise d’hyperventilation alors que chaque foulée d’air qui atteignait mes poumons ne parvenait pas à assouvir mon besoin en oxygène. J’étouffais. Je culpabilisais. J’écrasai ma tête entre mes deux mains, m’infligeant quelques coups sur les tempes afin de retrouver mes esprits. Je perdais la tête… Je ne savais plus où j’en étais, je ne savais plus qui j’étais. J’avais beau creuser, je n’y voyais qu’un être égoïste et impulsif, prêt à tout sacrifier et tout laisser tomber pour assouvir un sentiment puéril. Je réprimai un cri guttural – de toute manière ma gorge se montrait beaucoup trop serrée pour laisser produire le moindre son – alors que je cherchais un moyen d’évacuer ma perdition. Je n’avais pas dormi depuis plus de deux jours, ma tête commençait à se faire lourde, à divaguer. Je n’arrivais plus à penser convenablement, mais je ne parvenais pas à me libérer l’esprit dans le but de sombrer dans le sommeil et me reposer ne serait-ce que quelques minutes. J’étais prisonnier de mes désirs contradictoires; je désirais dormir, mais je n’y parvenais pas; je souhaitais me libérer la tête, mais c’était chose impossible! Alors je souffrais. Je me perdais de plus en plus dans mon incompréhension et je n’avais aucun moyen de m’en sortir.

Le visage de Rumer me vint alors en tête. Et au lieu de m’attarder sur ce qui aurait pu arriver si j’avais péri au premier District, je songeai plutôt aux souvenirs que son visage me rappelait. Je me voyais cinq ans plus tôt, au District Neuf, faire la rencontre de cette jeune rebelle affligée par le poids du deuil. Je la revoyais m’observer de son regard admiratif et impressionné. Et des années plus tard, je sus enfin comprendre ce regard. Seulement des années plus tard, je compris véritablement ce qu’elle pouvait représenter à mes yeux. Rumer… Comme sa présence pouvait me manquer lorsque je me trouvais aussi loin d’elle.

Je réalisai alors que ma respiration s’était apaisée. Mes pensées s’étaient doucement replacées et la douleur s’était pratiquement envolée. J’abaissai enfin mes mains le long de mon corps et j’élevai une nouvelle fois le visage vers le ciel. Une grande bouffée d’air emplit mes poumons, me procurant le plus grand bien, alors que je me concentrais sur le simple souvenir de son visage. Un frisson traversa mes membres et c’est alors que je regrettai mon impulsion. J’avais laissé tous mes effets personnels au Neuf, dans cette vieille cabane où les rebelles se rassemblent et où j’avais appris la disparition d’Aiden. Et de mon passage au Treize, je n’avais même pas pris le temps de me procurer quelques vivres ou couvertures pour mes voyages. Sur moi, je ne transportais qu’une dague et mon pistolet. Seul mon manteau pouvait me protéger de l’air frais de la nuit, mais ce n’était visiblement pas suffisant. Et ma fatigue n’aidait guère à me réchauffer. Mes paupières commençaient à se faire plutôt lourdes alors que mon esprit était parvenu à se libérer de mon trouble. Je laissais la brise venir caresser mes joues légèrement tremblantes par mon surplus d’émotions et par le froid qui commençait à me faire frissonner. Mais ça me calmait. Cette fraîcheur me permettait de garder les pieds sur terre. Et même si j’avais voulu combattre le sommeil qui se faisait de plus en plus pesant – ce qui n’était plus le cas –, je n’aurais pas été en mesure de le faire. Alors mes paupières se fermèrent d’elles-mêmes et mes songes s’égarèrent parmi un monde sans peine, sans douleur, sans rêves.

Une lueur vint illuminer mes paupières et réchauffer mon visage. Je fus retiré d’un profond sommeil par cette simple manifestation qui annonçait le jour. Je sentais mes membres toujours endoloris et lourds, mais je n’avais plus cette folie qui m’avait tant oppressée. Je me sentais déjà plus léger que la veille. Une fois réveillé, je me redressai sur moi-même afin de m’étirer longuement et je me remis sur pieds. Je jetai un coup d'oeil aux alentours et constatai mon environnement, chose que je n’avais pas pris le temps de faire lors de mon arrivé en ces lieux. J’étais au beau milieu d’une forêt. Où exactement? Je n’en étais pas tout à fait certain. Mes yeux s’élevèrent vers le soleil tout juste sorti du sol et je pus me diriger ainsi. Je savais où j’allais; vers l’est. Plus précisément, vers le nord-est. J’ignorais où je me trouvais en cet instant, mais au moins je connaissais ma destination et je parvenais à m’orienter. Ainsi, j’effaçai toute trace de mon passage dans ce boisé et me mis aussitôt en route. Mes réflexes et mon instinct semblaient m’être miraculeusement revenus, comme si je n’avais jamais perdu les pédales et que tout redevenait comme avant. Après tout, rien n’avait vraiment changé… Panem était toujours victime de sa dictature, les habitants souffraient et je demeurais un chef rebelle qui se battait pour la Rébellion. Chaque pas me rapprochait un peu plus du District que je considérais presque comme ma propre maison. C’était instinctif, après de longues épreuves, je retournais au Neuf. Mais quelque chose de plus me poussait à y faire un tour. Aiden. Tous ces émois avaient presque réussi à me faire oublier la raison première de mon périple au premier District. Heureusement, Aiden était sain et sauf, au Treize. Les médecins étaient certainement en train de le soigner du mieux de leurs capacités et il reprendrait rapidement des forces. Il m’avait fait promettre… Il m’avait toutefois fait promettre de rien dire à qui que ce soit concernant sa survie. Tout le monde le croyait mort. Et si ça n’avait pas été de mon entêtement, il le serait peut-être vraiment… Alors pourquoi me rendais-je vers le Neuf avec la conscience que je devrai mentir à tous? Je n’en savais rien. J’avais besoin d’y être, de voir des visages familiers, qu’ils me rappellent tous qui j’étais. Au fur et à mesure que j’avançais, un autre sentiment vint se mêler à cette conviction. Je ne saurais la décrire, mais une angoisse persistait au fond de moi. Et au fond, je savais qu’elle était présente depuis bien plus longtemps… Peut-être était-ce cette même angoisse qui m’avait fait perdre la tête la nuit précédente? C’était tout à fait étrange comme sensation, mais elle était pourtant bien réelle, bien présente. Et elle devenait de plus en plus insistante. Plus j’approchais du District, plus elle grandissait, au point d’en avoir des maux de ventre. J’avais accéléré l’allure, impatient d’atteindre ma destination. J’étais finalement parvenu à m’orienter sur la carte de Panem et je réalisai que j’avais couru une étonnante distance en quittant le Un. Malgré tout, il me fallut la journée entière, ainsi qu’une autre nuit, pour finalement franchir les limites du Neuf.

Malgré mon inquiétude, je fis tout de même une brève halte à la cabane où j’avais laissé mes effets personnels. Heureusement, ils s’y trouvaient toujours. Une fois fait, je mis mon sac sur l’épaule et continuai mon chemin. Mes pas me conduisirent sans même réfléchir vers la petite maisonnée tant de fois visitée. La lumière du jour commençait à peine à s’éveiller et déjà je me précipitais dans les rues du District. Les Pacificateurs n’avaient pas encore effectué le changement de garde, ce qui me laissait une chance de passer entre leur filet, puisqu’ils étaient exténués par leur nuit de travail. Ma douleur au ventre était devenue presque insupportable et je craignais de découvrir le pire des scénarios en entrant chez les Sweenage. Était-ce la détresse de Rumer que je pressentais depuis mon réveil en forêt? Ou mon instinct me jouait-il des tours? Hâtif, j’escaladai les quelques marches du perron menant à la maison et, sans même frapper, j’ouvris la porte. Je m’engouffrai dans la demeure des deux sœurs et laissai tomber mon sac dans le hall. « Rumer? » interpellais-je instinctivement, sans même prendre soin d’observer autour de moi. Mais mon regard ne trouva guère la présence de la rebelle. Je vis plutôt une jeune adolescente assise dans le salon, au chevet d’un homme plutôt massif et apparemment endormi. Mes sourcils se froncèrent par mes interrogations avant que je ne réalise enfin qui était étendu sur le sofa. Clay. D’un pas précipité, je m’élançai dans la pièce et m’agenouillai à ses côtés. Mes mains encadrèrent son visage et je pus enfin constater son état. Il était blessé. Son visage était boursouflé à quelques endroits, son front lacéré et la peau autour de ses yeux teintés d’une couleur inquiétante. J’abaissai le regard vers son corps inerte et constatai quelques bandages, laissant prévoir des blessures. Mon regard atterré tenta de trouver un sens à cette vision d’horreur, sans succès. « Qu’est-ce qui lui ait arrivé? » demandais-je anxieusement alors que je prêtais enfin attention à Avalon qui veillait sur lui. Je posai sur la jeune femme des yeux inquiets, laissant transparaître une vulnérabilité qui ne m’était pas habituelle. Clay… Mon frère. Celui qui partageait mon sang, ma chair… Je cherchais désespérément une explication dans son regard, une lueur qui pourrait tout du moins me rassurer. C’est alors que j’aperçus des cicatrices sur son visage… Avalon avait également été blessé. Je reconnaissais ces marques! J’analysai son visage un moment, non dans une intention de la rendre mal à l’aise, mais plutôt pour me laisser un instant de répit, un instant qui me permettrait de mettre mes idées en place. « Qu’est-ce qui s’est passé, Avalon? Où est Rumer? »
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Clay L. Kennedy-Fawkes
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MessageSujet: Re: Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN   Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN Icon_minitimeJeu 12 Avr - 8:21





« AM I DREAMING OR NOT ? »


Un brouillard épais qui ne faisait que l’entourer, l’oppresser. La désagréable sensation de manquer d’air le pris à la gorge, l’obligeant à prendre de bonnes bouffées d’un oxygène qui tardait à venir. Avalon l’avait tiré à l’intérieur de la maison, mais l’inconscience l’ayant gagné sans qu’il ne puisse plus lutter, il ne s’en rendit pas compte. Allongé sur le canapé, il semblait paisible et serein, comme si la douleur ne le tiraillait plus, ou que son corps n’avait tout simplement plus la force d’y réagir. Dans sa chute, sa capuche avait basculé en arrière, dévoilant son visage meurtri qu’il avait tenté de cacher tant bien que mal. A présent, il ne pensait plus à rien, perdu dans ce brouillard étouffant. Dans ses songes, pas de blessures, pas de sang, rien que son apparence habituelle, son apparence normale et l’obscurité. La noirceur qui lui glaçait le sang. Debout sur ses jambes il ignorait qu’en réalité il était allongé de tout son long, entre les mains de la jeune femme qui n’avait pas eu de chances non plus récemment. Tout ça, il ne pouvait pas le savoir, et même s’il s’avait au plus profond de son être que quelque chose clochait dans cette brume épaisse, il n’avait aucun moyen d’ouvrir les yeux, de se réveiller. Il n’y arrivait pas. Clay avait touché son but du bout des doigts, il avait supplié mentalement son frère de sentir sa détresse et de rappliquer au 9 au plus vite, mais sans être certain que cela fonctionnerait. Le bandage de son flanc, il l’avait fait à la va vite sans même remarquer que la patte d’un médecin pourrait être vu dans ce geste, cette organisation. Peut-être que s’il avait été éveillé il aurait pu conseiller la blonde, ou même se soigner lui-même, en partie. Le médecin n’était pas du genre à abuser de l’hospitalité des gens, et c’était sans doute plus par panique et angoisse qu’il avait frappé à la porte des Sweenage. Ce serait mentir que de dire qu’il espérait tomber sur Rumer, celle qu’il connaissait le mieux. Le District 9 n’était pas plus sûr que le 7 à l’heure actuelle mais Clay n’avait voulu qu’une seule chose en quittant le 7, retrouver son frère et le prévenir du danger imminent. Bien sûr, il avait cherché également à se protéger lui-même, il n’était pas dupe et savait pertinemment que la nouvelle ferait le tour de Panem en à peine quelques jours. Une fois que le Capitole saurait, tout le monde connaitrait l’existence d’un jumeau. Au fond, c’était utopiste de croire qu’il aurait pu vivre comme ça encore longtemps dans le District 7 avec un frère qui est affiché partout et recherché avant tout le monde. Qui plus est, la présence d’un jumeau ferait bientôt tilt dans leurs têtes : un frère ? Une faiblesse potentielle. Un jumeau ? Encore pire… Nul doute qu’ils étaient loin d’être les seuls à connaître les rumeurs concernant les jumeaux…

L’obscurité l’englobait totalement, sa respiration était toujours difficile, mais ce n’était qu’une répercussion de la réalité, non pas qu’il étouffait dans son sommeil, non, mais la douleur ressentie au niveau de son flanc gauche rendait la prise d’air difficile. Sans doute faisait-il face à une infection, mais l’anti infectieux injecté la veille devait empêcher ça. Une journée entière passa de cette façon sans que Clay ne réussisse à ouvrir les yeux, à croire qu’il attendait quelque chose de bien précis. La nuit tomba, amenant avec elle la présence de son frère, Julian. Le jeune homme n’entendait rien, perdu dans son obscurité brumeuse, son brouillard personnel, prostré sur lui-même. Aucun bruit ne résonnait dans ce « cube » qui l’enfermait, le tenait prisonnier. Oh on ne le torturait pas, sans doute était-ce là sa forteresse intime, ce mur qui l’empêchait de flancher, ou de s’adonner à la panique. Finalement, il leva la tête, le brouillard était comme aspiré, pourquoi ? Son cœur manqua un battement tandis que dans le monde des vivants, Julian s’agenouillait à côté de lui. Se relevant, Clay sentit qu’il était là, mais il n’arrivait toujours pas à se réveiller. Les mains du chef des rebelles attrapèrent son visage, il se débattit encore plus fort avec son esprit afin d’ouvrir les yeux, et de sortir de cette « inconscience » pesante.

Puis bientôt, ses tympans perçurent des sons, comme des mots mâchés, et ses yeux remuèrent sous ses paupières encore clauses, pendant que son frère était en train de poser ses questions. Les sons devinrent ensuite des mots, qu’il définissait de mieux en mieux. Un léger frisson transperça son corps et l’obscurité disparut pour laisser place à la lumière blafarde de la maison.

J’ouvre les yeux, péniblement mais je les ouvre tout de même. J’observe le plafond, du moins c’est ce que je pense car ma vue est trouble, chose normale après un réveil et des coups sur la tête. Je reste cependant immobile car la douleur me cloue contre le canapé. Je l’avais oublié celle-là. Je me suis battu bec et ongles pour revenir à la surface, sortir de ce brouillard. La réalité m’éclate au visage comme si je l’avais oublié le temps d’un instant. J’ai toujours du mal à respirer, mais c’est moins flagrant que dans mon monde personne. Je laisse échapper un léger gémissement tandis que je bouge les doigts pour analyser chaque partie de mon corps endoloris et engourdis. Je papillonne des yeux une nouvelle fois, ma vue reste trouble pour l’instant mais je parviens à tourner la tête et à prendre note du linge sur mon front. Je grimace et porte ma main à mon visage, il est comme je l’ai laissé la veille, l’avant-veille ? Je ne sais plus, je suis perdu. Je sais que mes paupières sont encore lourdes et que je peine à les garder grandes ouvertes à cause des hématomes. Je reprends petit à petit conscience du monde qui m’entoure, et de ma situation. J’ai fuis le District 7 pour aller… Dans le 9, oui, c’est ça, le 9. J’ai frappé à la porte des Sweenage, et maintenant je suis… Là,et Julian est là lui aussi ? Je fronce les sourcils mais le regrette bien vite, car ça n’aide pas la douleur à se calmer. Si mon rythme cardiaque s’est calmé, ma migraine, elle, est toujours là. Finalement j’ose enfin parler, je ne sais toujours pas qui d’autre est là, je ne capte qu’un nom et ce n’est pas celui de Rumer. A dire vrai, je peine à réellement remettre de l’ordre dans le fil de mes pensées, j’ai perdu beaucoup de sang ça, je le sais, mais comment déjà ? Je baisse les yeux, soulève le t-shirt et aperçoit le bandage, il a été changé, mais la plaie a besoin d’être recousu, je le sais je n’ai pas eu le temps de m’en charger moi-même. Je laisse échapper un grognement cette fois-ci et je regarde à nouveau le plafond avant d’oser l’appeler. Enfin.

« Julian. »

C’est tout, j’ai juste besoin de savoir s’il est vraiment là ou non, de distinguer le rêve de la réalité, même si la douleur virulente qui me traverse me maintient clairement éveillé. Je tourne la tête pour observer le salon plus en détail, bien que les formes soient toujours plus ou moins floues. Il y’a encore tant à faire. Je me souviens, je suis mal en point. Je dois me faire soigner, je dois me soigner, j’ai mon sac. Je serre le canapé mais relâche rapidement la pression, mes mains ont saignées elles aussi. Le verre. J’ai fais couler du sang moi aussi, à mon adversaire. Puis je sais enfin ce que je voulais lui dire. Je tente de me redresser et me laisse retomber, je suis de nouveau paniqué. Mon rythme cardiaque s’accélère tandis que je tends la main dans le vide, cherchant à l’agripper le plus vite possible. Mais tout ce qu’ils verront ce n’est qu’un geste lent, car je n’ai plus la force de faire mal ou d’accrocher si fort à m’en faire blanchir les jointures. Lorsque je sens le moindre bout de tissu je l’attrape et ne le lâche plus.


« Ne retourne pas au 7. »

Oui, il fallait lui dire, d’abord. C’est lui le plus important pour l’instant. Le protéger. Toujours. Mes idées s’emmêlent les unes dans les autres, les soins, le besoin de le prévenir, lui dire ce qui s’est passé, mais rien ne sort dans l’ordre. Traumatisé, choqué et peut-être même fiévreux. C’est comme si mon cerveau allait exploser. Je porte mon autre main à mon visage, pendant que l’autre agrippe toujours ce qu’elle a réussi à attraper. Je retire le linge précédemment froid de mon front et grimace.


« Il faut que je vois ».

Voir le désastre, voir pour savoir quoi faire, comment soigner, quoi utiliser. Je referme les yeux pendant quelques secondes avant de me forcer à les rouvrir, ils ont surement des questions, puisqu’ils sont deux, de ce que j’ai compris. Julian doit en avoir, mais où était-il avant tout ça ? Remettre de l’ordre dans mes idées. Pour le coup, je voudrais mourir tant je n’aime pas cette situation. Je suis le médecin normalement, pas le patient.



Dernière édition par Clay L. Kennedy-Fawkes le Mar 17 Avr - 19:47, édité 1 fois
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Avalon R. Sweenage
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MessageSujet: Re: Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN   Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN Icon_minitimeJeu 12 Avr - 20:34


J'étais toujours assise au chevet du blessé quand les bruits extérieurs se firent entendre. Il faisait nuit de hors, et l'intérieur de la maison n'était pas bien plus éclairé. J'avais laissé une simple lumière faible au milieu du salon pour ne pas attirer les regards indiscrets, mais aussi pour en pas agresser Clay qui pouvait se réveiller d'un moment à l'autre. J'étais une bien piètre soigneuse pour le médecin, ne préférant pas aggraver son cas. J'attendais tout simplement qu'il se réveille, en le gardant en bon état tout de même, pour qu'il puisse m'aider dans ma tâche. Mais une arrivée changea les plans que j'avais plus ou moins prévus. Je ne cherchais même pas à retenir l'inconnu d'entrer. Rumer ? Un pacificateur ? Ce pouvait être n'importe qui. De toute façon je n'étais pas en état de nous défendre en cas de danger. Autant rester immobile, garder le peu de force que j'avais pour aider Clay au mieux. Je devais bien ça après mes anciennes erreurs. « Rumer? » Je reconnus directement cette voix. C'était celle de Julian. Il arrivait véritablement au bon moment. Dans d'autres situations je me serais jetée dans ses bras, apaisé par sa venue qui allait me libérer d'un poids considérable. Sauf que ce n'était pas le cas. Loin de moi l'idée que je n'appréciais pas son frère et que je me fichais de ses blessures, mais j'étais bien trop prise par d'autres pensées plus sombres. J'essayais de ne pas y songer, mais le nœud dans mon ventre qui m'enserrait comme un étau ne me laissait aucun répit.

Je ne répondis pas à l'appel du rebelle, me disant qu'il me reconnaîtrait bien dès son entrée dans la pièce. Et ce fut le cas puisqu'il ne me posa plus de question avant de s'approcher de son frère blessé. J'avais toujours su que Julian avait un jumeau, mais les voir tous les deux, côte à côte... C'était assez troublant comme vision. Le rebelle s'était agenouillé devant son frère, analysant son état bien plus soigneusement que j'avais pu le faire. Alors que j'étais perdue dans un état à la limite de la léthargie, faisant tout pour en pas m'endormir et revoir une nouvelle fois les mêmes images, Julian se détourna de son frère. « Qu’est-ce qui lui ait arrivé? » Il posa un regard sur moi que je n'avais jamais vu auparavant. Il semblait véritablement inquiet, bouleversé par l'état de son frère mais aussi par de récents événements. Il avait forcément été mis au courant de la nouvelle. Je ne répondis pas à sa question. J'avais l'esprit comme bloqué, refusant de réfléchir et comprendre ce qui l'entourait, et encore moins de donner une réponse. J'aurais voulu, mais je en voulais pas lui imposer un poids de plus avec mes larmes que je sentais venir. Je me contentais alors de baisser le regard, évitant ainsi de remarquer que le rebelle décelait les cicatrices présentes sur mon visage. Après tout, il l'aurait bien découvert un jour, c'était assez flagrant. « Qu’est-ce qui s’est passé, Avalon? Où est Rumer? » Je ne savais pas s'il parlait des blessures de son frère, ou bien des miennes. Cependant je penchais sur l'idée que ce devait être celles de son jumeau. J'avais voulu lui dire quelques mots, pour lui expliquer le peu que je savais, mais je restais interdite devant lui. Aucun son ne parvenait à s'échapper de ma bouche pour exprimer mes pensées.

Je fus alors sauvée dans ma détresse par le réveil de Clay. Il interpella son frère, ne pouvant masquer les souffrances qui le tiraillaient dès le moindre mouvement. Cette vue me faisait tellement mal. Je revoyais Aiden blessé et couvert de sang dans la forêt. J'aurais presque préféré que ce soit lui ici, même dans un état aussi piteux. Mais je devais me faire à l'idée que je ne le reverrais plus jamais. Je restai alors en retrait lors de l'échange des deux frères. Après quelques difficultés, le blessé parvint à prévenir son frère qu'il ne devait plus jamais retourné dans le district sept. Cela venait inévitablement de ce qu'il avait subi. Peut-être l'avait-on confondu avec son frère ? C'était à se demander comment cela ne s'était pas produit bien avant. Julian était un rebelle actif, et plutôt recherché. De plus son visage était connu puisqu'il avait gagné les jeux. Il semblait assez évident que Clay allait subir un jour ou l'autre la réputation de son frère. « Il faut que je vois » Le blessé ôta le linge humide que j'avais disposé sur son visage, et prit l'initiative de regarder ses blessures. Il n'avait cependant toujours pas commencer un quelconque mouvement que je sentis la panique monter. Je ne voulais plus jamais voir de blessures, j'avais largement eu ma dose ces dernières semaines. Il fallait que je parte avant de découvrir des chairs déchirées et couvertes de sang chaud encore dégoulinant. J'étais écœurée de voir et de sentir toujours de sang. Il fallait alors que je trouve une parade pour m'enfuir de cette salle. Après tout, plus personne n'était témoin de la promesse que j'avais faite quelques semaines auparavant. Et personne ne m'en voudrait de refuser une vision aussi terrible. Pourquoi Clay devait-il subir toutes ces choses alors qu'il était tout autant innocent que moi dans l'histoire, même peut-être encore plus que je ne l'étais. Le pacificateur, Hunter Blackbird-Crowley, avait dit juste. Sans le vouloir et même le savoir, je connaissais des choses par les simples contacts que j'avais. Tout mon entourage avait été mêlé à ces histoires, il était donc évident que j'en savais plus que je ne le laissais croire. Enfin, si l'on pouvait parler d'un entourage. Je n'avais que ma sœur Rumer, puis finalement Aiden.

Je trouvai alors une idée que je considérais assez astucieuse pour en pas faire remarquer ma gêne. Je pouvais prétexter d'aller humidifier un linge pour Clay, et aussi de les laisser seuls quelques instants pour évoquer des choses que je ne devais peut-être pas savoir. Ils se raconteraient tout, et je n'aurais peut-être plus à expliquer ce qui avait bien pu m'arriver. Ou même de dire que Rumer était partie puisqu'elle avait en quelques sortes prit la place d'Aiden dans le district. Ainsi, je pouvais totalement m'enfuir de la situation et rester dans mon coin le temps de me reprendre. Du moins si cela était possible. Je pris le linge maintenant devenu chaud pour prendre la direction de la cuisine. Malheureusement, je n'eus pas la présence d'esprit d'utiliser ma main saine au lieu de celle avec trois ongles en moins. Ce qui se remarqua bien évidemment lorsque je montrai le linge à Julian pour lui faire comprendre que j'allais le faire refroidir sous l'eau. A peine retournée, de lourdes larmes se mirent à couler sur mes joues. Il fallait que cela sorte, sous peine d'exploser devant les deux frères qui avaient bien d'autres occupations plus importantes que de s'occuper des états d'âmes d'une adolescente. Je n’accélérai pourtant pas le pas, restant silencieuse pour que Julian ne soupçonne rien de mes émotions. Arrivée dans la cuisine, je n'eus même pas le courage de passer le linge dans l'eau que j'étais déjà à terre, contre un mur, serrant le plus possible mes genoux contre ma poitrine. Je calai ma tête puis me mis à me balancer comme on berce un enfant pour le consoler. Je n'en pouvais plus de cette situation. Il fallait que je dise tout ce que j'avais sur le cœur, mais je n'avais jamais osé dire un seul mot à ma sœur, de peur qu'elle me haïsse encore plus. Je me sentais coupable de la mort d'Aiden, c'était clair. Et pour y ajouter à ma souffrance, j'avais dénoncé deux rebelles. Skann n'avait apparemment rien eu. En même temps, on faisait mieux comme rebelle et les pacificateurs avaient certainement compris qu'il valait mieux le suivre que de le tuer tout de suite. Pour ce qui en était de Tomas, il avait été torturé à mort sur la place publique. On avait découvert qu'il était rebelle, mais remercié pour avoir dénoncé Aiden. C'était donc lui le traître, et le fait que je le dénonce n'avait pas joué sur son destin déjà tout tracé. Malheureusement, on n'entendit plus parler de lui après son enfermement dans le bâtiment des pacificateurs. Cependant, personne ne savait que j'avais moi aussi été une traître. Et personne même ne savait qui m'avait infligé ces cicatrices. Pourtant j'avais avoué à Rumer toute la partie concernant ma relation avec Aiden. Il semblait clair que je ne pouvais pas lui cacher cette partie. Comment expliquer que j'étais avec lui alors que personne ne devait être au courant de sa situation ? Comment expliquer que je ne pouvais plus m'arrêter de pleurer la mort de quelqu'un que j'étais censée détester ? Elle savait tout, je lui avais raconté la totalité de l'histoire. Après tout, je lui devais bien ça pour lui avoir pris son ami. Je restai ainsi longtemps dans mes pensées, perdant la notion du temps qui passait et la nécessité de retourner auprès de Clay et Julian pour les aider comme je pouvais. J'avais envie de redevenir égoïste, et même encore plus qu'avant.
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Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN Vide
MessageSujet: Re: Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN   Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN Icon_minitimeMar 17 Avr - 22:26

Qu'avais-je cru retrouver en revenant au Neuf? La sécurité peut-être. J'y retrouvais toujours un semblant d'apaisement lorsque j'y venais, c'était un peu comme mon havre de paix, où je pouvais me poser et me dévoiler. Cette dernière année, mes plus beaux souvenirs se déroulaient toujours ici, avec Rumer. Elle avait ce don tout particulier de faire ressortir le vrai Julian au grand jour, celui qui s'inquiétait, qui aimait. Mais je ne m'étais jamais vraiment interrogé sur la puissance de notre lien. Étions-nous devenus suffisamment proches pour que je ressente sa douleur et sa détresse? Était-ce mon esprit qui divaguait en percevant cette envie incontournable de me rendre dans sa demeure? Peut-être s'agissait-il simplement de ce vide qui m'habitait à chaque fois que je me retrouvais loin d'elle. Peut-être était-ce mon inquiétude permanente de la laisser seule qui me poussait dans le Neuf. Peut-être bien. Mais il n'y avait qu'une seule manière de le découvrir et c'était de m'y rendre dans l'immédiat. Toutefois, alors que je débarquais sans préavis dans la maison des Sweenage, je n'y retrouvai aucun réconfort. Au contraire, la confusion et le désarroi me trouvèrent les premiers. Ce n'était pas la détresse de Rumer que j'avais perçu lors de mon voyage... Mais celle de Clay! Comment puis-je ne pas le comprendre plus tôt? C'était sans aucun doute sa présence au Neuf, au lieu du Sept, qui m'avait induit en erreur, mais j'avais de nouveau la preuve que notre lien demeurait intact malgré les années. On dit souvent que les jumeaux peuvent ressentir les émotions de l'autre et j'en avais eu la conviction depuis bien longtemps. Alors que j'examinais le corps blessé de mon frère, une cascade de questions me submergea. Une seule franchit mes lèvres pour le moment, m'adressant à Avalon, la jeune soeur de Rumer. Je la suppliais de m'offrir quelques explications, mais rien ne semblait venir. Pourquoi ce mutisme? Pourquoi refusait-elle de me parler? J'en devenais d'autant plus nerveux. Et les cicatrices sur son visage me laissèrent d'autant plus perplexes. Avaient-ils été attaqués ensemble? Que faisait Clay au Neuf? Et l'absence de Rumer ne présageait rien de bon, mais je ne pouvais m'en soucier pour l'instant. Je devais élucider la situation et prendre soin de mon frère avant toute chose. J'insistais de mon regard afin d'obtenir des réponses à mes interrogations, mais Avalon semblait avoir perdu le sens de la parole...

Un grognement me détourna de ma supplication, un grognement qui annonçait le retour vers le monde réel. J'observai Clay sur le sofa s'agiter doucement, une grimace venant déformer ses traits de temps à autres, pour que finalement il ouvre péniblement les paupières. Un soulagement vint apaiser quelque peu mes inquiétudes. « Clay » murmurais-je doucement afin de ne pas le brusquer. Il semblait confus. J'ignorais la gravité de son état, si sa tête et ses facultés avaient été atteintes ou pas, j'ignorais tout de la situation, mais valait mieux prendre quelques précautions. Il ne sembla pas m'entendre, ni même me voir, mais j'osai lui donner quelques instants afin qu'il reprenne ses esprits avant de sauter trop hâtivement aux conclusions. Il porta l'une de ses mains à son visage et constata le linge posé sur son front - gracieuseté d'Avalon, sans aucun doute. Son visage légèrement tordu par l'inconfort aurait tendance à me pousser à le dissuader de faire le moindre mouvement, mais je demeurai en retrait, un simple observateur. Je n'étais pas médecin, contrairement à mon frère... Et malgré mon expérience - car il m'est arrivé à nombreuses reprises de prendre soin de rebelles blessés -, je n'avais pas cet instinct de soignant en moi. Et que mon 'patient' soit en fait mon double, me laissait d'autant plus incertain. La main de Clay s'abaissa alors vers son t-shirt qu'il relèva délicatement. Mon regard suivit le mouvement et je pus ainsi constater un bandage au niveau de son abdomen. Faites que ce ne soit pas trop grave... Je déglutis difficilement à cette vision, avant d'entendre enfin la voix de Clay m'interpeller. « Julian. » Je me repositionnai au côté du sofa dans le but qu'il puisse mieux m'apercevoir. Mais son regard demeurait égaré nul sait où... « Je suis là... » fut ma seule réponse pour lui confirmer ma présence. Une tension se créait sur mon visage tellement l'inquiétude et l'appréhension déformait mes traits. Je voulais juste qu'il revienne parmi nous... Je désirais juste qu'il puisse me regarder franchement et me dire que tout allait bien. Je continuais de l'observer avec attention, attendant son prochain geste. J'aperçus ses mains se crisper sur le canapé et son corps tenter de se soulever. Dans un élan de panique, ma main se posa sur son épaule afin de l'obliger à demeurer étendu. « Hey, hey... doucement... » laissais-je tomber dans un souffle. Certes, je ne connaissais pas l'ampleur de ses blessures, mais je savais pertinemment que de s'agiter de la sorte n'allait rien arranger. Toutefois, je constatai rapidement que Clay n'avait pas la force de se soulever lui-même de toute manière... Et c'est alors qu'une poigne s'agrippa à mon chandail, m'obligeant à me pencher un peu plus au-dessus de mon frère. Par la surprise je me laissai entraîner, le regard alarmé. « Ne retourne pas au 7. » Avais-je bien entendu? Venait-il de me dire que je ne devrais pas retourner à la maison? Mon coeur se serra dans ma poitrine, comme si cette nouvelle me bouleversait plus que toute autre. « Quoi? » interrogeai-je d'une voix dubitative, malgré que j'avais bel et bien perçu ses dires. Que s'était-il passé bordel! Pourquoi le Sept devenait une menace tout à coup?

Je fus tant ébranlé par cette nouvelle que je perdis légèrement mes repères. Je devais m'attendre qu'un jour ou l'autre je devrai renoncer à retourner au Sept... J'aurais dû m'attendre à ce que Clay soit attaqué. Dans quel contexte? Par qui? Je n'en savais rien. Mais je commençais à comprendre. Si Clay se retrouvait au Neuf dans un aussi piteux état et qu'il me suppliait de ne plus retourner au District, quelque chose s'était manifestement passée. « Il faut que je vois. » J'avais été si consterné que je n'avais même pas remarqué mon frère retirer le linge de son visage et tenter une nouvelle fois de se redresser. Ma main sur son épaule effectua une seconde pression afin de le maintenir bien en place. J'aperçus du coin de l'oeil Avalon saisir le linge et me le montrer. J'effectuai un simple mouvement de la tête avant de reporter mon attention vers Clay. La coupure sur son front semblait profonde... inquiétante... Je n'osais même pas imaginer ce que je découvrirais sous le bandage au niveau de son abdomen! Mais comme il semblait hâtif de constater les dégâts, il était temps que je m'en occupe. Car lui n'était pas en état de le faire. « Ok, reste un peu tranquille, tu veux? Je vais chercher ce qu'il faut. Tu bouges pas, compris? » Je prenais ce ton particulier, à la fois doux et autoritaire, afin qu'il comprenne bien mes intentions. Il pouvait être si borné lorsqu'il s'y mettait. Une fois que j'eus la certitude qu'il demeurerait tranquille, je me redressai sur mes jambes et traversai le salon. Mon regard fut alors attiré par un sac posé au sol. Je le reconnaissais.. Je le saisis d'un geste pressé et l'ouvrit afin de constater son contenu. Le sac de Clay. Il contenait quelques médicaments et des vestiges de nourriture. Il avait pensé à emballer tout ça avant de partir? Je reconnaissais bien mon frère. Emmenant le sac avec moi, j'engageai le pas vers la cuisine où je pourrai trouver un nécessaire de survie que Rumer gardait dans une armoire. Mais je m'arrêtai net à l'embrasure de la porte. Avalon. Elle était assise au sol, contre le mur, recroquevillée sur elle-même. Son corps était parcouru de violents soubresauts. J'étais figé. Je n'y comprenais rien. Je n'avais jamais été très proche d'Avalon, nous nous croisions lors de mes visites au Neuf, mais je n'avais jamais cherché à approfondir ma relation avec elle. Toutefois, j'avais toujours eu cette envie de la protéger... Peut-être parce qu'elle comptait tant pour Rumer... Je déposai doucement le sac sur le sol et m'approchai d'un pas lent, de peur de la brusquer. « Avalon... » interpellais-je d'une voix rassurante. Je n'avais pas constaté son état, mon esprit étant déjà perturbé par la situation de Clay, mais je voyais bien qu'elle ne se portait guère mieux. À sa hauteur, je fléchis les genoux et aperçus enfin son visage ravagé de larmes. J'en fus bouleversé. Je ne pus retenir cette pulsion omniprésente de la protéger et je l'entourai de mes bras forts. Je la serrai dans mes bras, le coeur lourd, les pensées embrouillées. « Qu'est-ce qui s'est passé, bordel... » lançais-je dans le vide alors que je maintenais ma prise autour du corps tremblotant de la jeune femme.
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Clay L. Kennedy-Fawkes
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MessageSujet: Re: Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN   Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN Icon_minitimeDim 22 Avr - 16:20





« THAT’S TOO DANGEROUS THERE. »



Comment aurait-il pu savoir qu’il tomberait sur une jeune femme ayant subi le même genre de chose que lui ? S’il avait su, nul doute qu’il n’aurait pas frappé à la porte, il aurait fait autre chose… Mais il ne savait quoi. Il n’aurait certainement pas été embêter Avalon s’il avait su qu’elle était dans un état aussi pitoyable que le sien. Malgré tout, il était là, et pire encore, il ne semblait même pas prendre conscience des gens qui l’entouraient, tant il était focalisé sur Julian, la seule voix qu’il avait perçu dans le silence. Son corps l’avait senti arriver, son jumeau, son frère, nul doute que leur lien était encore aussi fort qu’avant malgré la distance. Et pourtant Clay n’y avait pas totalement cru dans la forêt, mais ce n’était pas pour cela qu’il avait cessé d’espérer que ça fonctionne. Allongé sur le canapé, le médecin semblait avoir du mal à remettre ses idées en place, et pour cause, les coups d’Hunter n’avaient pas été tendres, mais il s’accrochait, et cherchait à replacer les bouts de l’histoire dans le bon ordre. Le Pacificateur avait peut-être gagné une partie, mais il allait en baver aussi avec tout ce que Clay lui avait laissé en souvenir.

J’entends sa voix, il est là, il me le dit lui-même. Soulagement perceptible par le léger soupire qui s’échappe de mes lèvres lorsque j’aperçois sa silhouette, bien que floue. Il faut dire que les hématomes n’aident clairement pas à ouvrir les yeux correctement. La fatigue provoquée par le trajet et la perte de sang non plus, mais je veux m’accrocher, je sais qu’il le faut. J’ai tant à lui dire. Mais mon regard se perd dans le vide, sur ce plafond que j’ai découvert en ouvrant les yeux la première fois. Je cherche à me rappeler de ces derniers évènements, de ce qu’il s’est passé, de ce que je dois lui dire. C’est plus compliqué que prévu, mais je réussis tout de même à me rappeler de la chose la plus importante. Alors je tente de me redresser, pris d’un vent de panique car je me souviens, je me souviens de ce qu’il s’est passé, pas encore en détail mais assez pour le prévenir. Je serre les dents sous la douleur virulente et finis par me rallonger, aidé par la pression de mon frère, qui, de toute manière, n’aurait pas voulu que j’aille au bout de mon geste. Je ne résiste pas, de toute façon, je n’en ai pas la force, et je le sais. Je ne le sais même que trop bien. J’ai puisé dans mes réserves pour arriver au 9, il était donc normal que mon corps finisse par s’écrouler, et c’était même déjà un miracle d’être arrivé entier ici. Toutefois, ce n’est pas parce que je capitule à l’idée de me relever que je n’attrape pas la première chose qui m’arrive sous la main. Son chandail, je le sens entre mes doigts, tout comme la plaie à l’intérieur de ma paume qui se réveille, dont le sang frais perle à travers celui qui a séché pendant le voyage. « Ne retourne pas au 7 ». Cela ressemble plus à une supplication qu’à un ordre réel. Je veux juste le protéger, lui ne comprend pas, bien évidemment, mes paroles n’ont ni queue ni tête car je suis encore choqué, même si je ne l’avouerais pas. Je déglutis, j’ai entendu sa question mais je lutte pour ne pas me rendormir, et je dois d’abord penser à soigner ces maudites blessures. Mes prunelles se perdent à nouveau dans le vide, et la pression exercée après le vêtement de mon frère se dissipe. Car en réalité, je cherche déjà à m’examiner, je veux voir les dégâts. J’effectue un nouveau geste, comme pour me relever, il me faut un miroir, mais là encore, Julian m’en empêche et je ne résiste pas. Je retire le linge devenu tiède de mon front, et comprends alors que je n’étais peut-être pas si seul que ça en fin de compte. Je me rappelle être venu dans la maison de quelqu’un, et ce quelqu’un est forcément présent. Je tourne la tête, et j’aperçois une main me prendre le linge, ma vue devient plus nette, et j’aperçois un détail embarrassant, mais je ne dis rien, car déjà je repars dans une autre idée, une autre chose à faire. Dieu que je parais bien insignifiant dans le rôle du patient. Un patient qui cherchait à rester médecin.

La voix de mon jumeau résonne jusque dans mon crâne et m’oblige à grimacer, mais je tourne lentement la tête vers lui, les yeux plissés, c’est le seul geste que j’effectue car je suis épuisé malgré mes heures d’inconscience. D’une petite voix, je finis par répondre, j’ai compris ce qu’il m’a dit, et j’esquisse même un petit sourire, même si je le regrette bien vite tant ma pommette brisée me rappelle que ce n’est pas le moment de se montrer joyeux.


« Oui chef ».

Ca ne le fera même pas sourire, je le sais, il doit être trop tendu même si je ne le vois pas. Je le sens. Julian s’éloigne, et je me retrouve face à moi-même. Le plafond semble toujours aussi intéressant car mes prunelles ne le quitte plus des yeux. Je réfléchis, me repasse le film en boucle, gémis face aux élans de douleur qui me prenne, mais ne bouge pas. J’obéis, sagement. De toute façon je ne peux rien faire d’autre, je ne suis pas fou ni stupide, à l’heure actuelle, juste perturbé. Visiblement autant que l’une des propriétaires de la maison, mais je ne la vois pas. Cependant je sais, je me doute, qu’elle n’a pas dû vivre des jours paisibles récemment. Je mets cette image de côté, je dois d’abord me focaliser sur autre chose. J’ai quitté le District 7. Pourquoi ? Je suis blessé. Quelqu’un m’a fait ça, mais qui déjà ? Je referme les yeux, me mords la lèvre inférieure, je dois me rappeler, faire travailler mon cerveau, et ne pas me laisser avoir par tout ça, la fatigue, les nerfs à vif et tout le reste. Je suis parti du 7, j’ai tout quitté, pour sauver ma peau. Non, la sienne. Pour sauver sa peau. Le prévenir, l’avertir. Je perds le fil, et l’image de la forêt vient à moi, je repars sur autre chose. La cabane, la vitre qui explose. Non, c’est moi qui l’aie brisée, pour me sauver. M’échapper des griffes d’un Pacificateur. L’odeur de nicotine froide sur les vêtements, une nervosité grandissante, un bon ami. Oui, ça y’est, je me rappelle encore. Tout s’imbrique et je fatigue, mais je me souviens, lentement je remets tout en place. Et la douleur mentale fait aussi son apparition, car je réalise doucement tout ce que cela signifie. Je ne retournerais pas dans le District 7 avant un moment. Je n’aurais plus jamais ma vie d’avant.

L’impression d’angoisse et d’étouffement me reprend, mais je me force à ne pas perdre la tête. Des sentiments se mêlent aux faits, et il ne faut pas que ce soit le cas maintenant. Je ferme les yeux, et me concentre sur autre chose. Ce n’est pas dur, je perds rapidement le fil de mes idées, je n’y pense déjà plus, à cette sensation de vide, ce sentiment de frustration, et de reproche. Ce n’est pas encore l’heure d’y mêler les sentiments, je dois déjà faire face aux blessures physiques, après on verra les autres. Je rouvre les yeux, Julian n’est encore pas là, je me souviens qu’il est parti chercher de quoi voir le désastre, alors je ne bouge toujours pas. Finalement j’entends sa voix, en provenance de la cuisine, puis un prénom. Je le distingue avec difficulté mais j’arrive à comprendre qu’il s’agit d’une femme. Je grimace et je souffle, faisant face à un nouvel élan de douleur, mais je fais le rapprochement. Main, prénom. Une des propriétaires. Puis, c’est à croire que mon instinct de médecin reprend le dessus le temps d’un instant, j’ai fais mon sac avant de partir, je sais ce que j’y ais mis dedans. Je parle un peu plus fort, dans un souffle.


« Dans mon sac, les baies rouges foncées. A mâcher et à déposer sur ses doigts blessés. Ca aidera la repousse des ongles. ».

Bien sûr, je ne suis pas certains à cent pour cent d’avoir bien vu, puisque je semble délirer à moitié, du moins, c’est ce que je crois. Mais les mots sont tout de même sortis, et puis… Je suis médecin, pas un patient. Qui suis-je pour aider les gens avant moi ? Je suis Clay Kennedy-Fawkes, et je fais passer la vie des gens avant la mienne.

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MessageSujet: Re: Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN   Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN Icon_minitimeDim 29 Avr - 10:25


J'étais toujours recroquevillée, perdue dans des souvenirs trop douloureux à supporter sans laisser apparaître la moindre faiblesse. Il fallait que je chasse ces pensées, que je passe à autre chose pour pouvoir venir en aide aux deux frères qui étaient venus à la maison pensant y trouver quelqu'un d'accueillant. Rumer, sans doute. Sauf qu'elle n'était pas là pour quelques temps. Ils se retrouvaient alors seulement en compagnie d'une jeune fille qui n'avait pas vraiment le don d'altruisme, ni même celui de sympathie. J'étais décidément la personne la moins chaleureuse du district, et ils étaient tombés sur moi, seule pour les aider. Pas de chance. Surtout que je devenais de plus en plus un boulet au pied de Julian et son frère en restant dans la cuisine à m’apitoyer sur mon sort qui n'était pas si désespéré que cela, en omettant la partie sur Aiden. Mais c'était le prix à payer pour m'être retenue devant Clay. J'avais respecté sa situation, cependant il me fallait tout de même écarter ces angoisses qui m'empêchaient de leur venir en aide comme ma position me le demandait. Pourtant, le simple fait de repenser au blessé et à tout ce qu'il avait pu endurer me mettait dans un malaise profond. Je ne parvenais pas à effacer les illusions qui me faisaient croire qu'Aiden n'était pas mort, et qu'il arriverait un jour à la maison, sûrement tout aussi blessé, voire plus, mais en vie. Mais c'était tellement absurde ! Comme s'il allait venir... débarquer comme si de rien n'était, après tout ce temps... Il fallait que je passe à autre chose, que je reprenne goût à une vie qui, finalement, ne m'avait jamais plu. Plus j'essayais de me convaincre que c'était la meilleure chose pour moi, plus je réalisais que la tâche serait difficile. Je finissais par me perdre et m'enfoncer dans des pensées qui me maintenaient continuellement dans une ambiance lugubre.

« Avalon... » J'étais tellement prise par ma détresse passagère et incontrôlée que je n'avais pas remarqué que l'environnement de la maison avait évolué. Je fus alors surprise d'entendre la voix de Julian qui m'interpellait. Je m'en voulais de lui ajouter un poids avec ma petite crise, mais je ne prêtai pas plus attention à sa présence dans la cuisine. Cependant lorsque je sentis ses bras m'entourer dans un geste affectueux et protecteur, je sortis quelque peu de ma prostration. Pour la seconde fois, j’accueillais sans froideur une tendresse masculine. Je savais que le rebelle du Sept était digne de confiance, et qu'il pouvait comprendre mes maux sans me juger trop durement. « Qu'est-ce qui s'est passé, bordel... » Je pris alors un long instant avant de lui répondre. Parlait-il de l'état de son frère, dont je ne savais presque rien ? Ou bien de la situation au Neuf, l'absence de Rumer...? En plus de cela, je ne savais même pas s'il était au courant pour la mort d'Aiden. C'était peu probable qu'il ne sache rien, mais il y avait toujours une part de doute qui me laissait penser que c'était possible. Je m'étais alors préparé un petit enchaînement de phrases courtes et claires que je réussirais peut-être à aligner sans trop de mal pour lui raconter les grandes lignes de l'histoire. Mes attentes furent pourtant bien trop ambitieuses au vu de ce qui se passa réellement.

« Il est mort » Ces paroles s'étouffèrent dans de nouveaux sanglots. Je croisai alors son regard furtivement, assez longtemps pour voir qu'il n'était pas surpris par la nouvelle, et me serrai dans ses bras comme si je l'avais toujours connu et apprécié. Julian avait souvent été présent ces derniers temps avec les activités des rebelles plus organisées et tout ce qui en découlait. J'avais bien vu que des liens forts s'étaient créés avec ma sœur et Aiden, et c'était la seule raison pour laquelle j'acceptais sa proximité en cet instant. En temps normal, jamais je ne me serais approché de ce chef rebelle sauf pour lui faire comprendre que ses rêves de liberté étaient stupides. Mais qui étais-je pour dire à un ancien vainqueur qui avait traversé tant d'horreurs que ses motivations étaient idiotes et sans aucune valeur ? J'étais bien pathétique dans mon égoïsme et mon entêtement. Je n'avais rien à dire à Julian, et même à tous les autres. Chacun avait ses raisons, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, mais ils avaient tous des raisons qui valaient la peine d'être défendues ardemment. Ce n'était pas parce que je ne partageais pas le même courage qu'ils étaient stupides et insensés. Mais bien sûr il avait fallu qu'Aiden meurt et que je perde la seule personne qui me promettait un avenir digne de ce nom pour que je m'en rende réellement compte. J'étais la pire des imbéciles, si bien que j'avais déjà eu l'envie de laisser le sang s'échapper entièrement de mon corps quand je me blessais les mains dans mes moments de folie passagère. Au moins j'aurais été débarrassé de cette vie minable menée divinement bien par une empotée. Pourtant je ne pouvais pas faire ça à ma sœur. Je ne pouvais pas lui infliger une nouvelle perte dans un acte de pur égoïsme. Je lui devais de rester en vie, même si c'était avec la peau sur les os et l'esprit totalement déconnecté de la réalité.

« Dans mon sac, les baies rouges foncées. A mâcher et à déposer sur ses doigts blessés. Ça aidera la repousse des ongles. » Je fus surprise lorsque j'entendis ces paroles au loin. Je m'étais totalement éloignée de ce qui se passait à la maison que j'en avais presque oublié la présence de Clay dans un sale état. Puis mon esprit déchiffra ce qu'il venait de dire. Il avait remarqué que j'avais des ongles en moins, et il fallait dire que je n'avais pas été très perspicace pour le cacher aux deux frères. Je me sentais commencer à trembler de panique, ayant peur qu'on me demande de tout raconter alors que c'était bien la dernière de mes envies. Je me détachais alors de l'étreinte puis serrai le poing pour ne pas dévoiler aux yeux de Julian mes doigts meurtris. Je pris quelques secondes pour me reprendre et me contrôler, situation que je maîtrisais de mieux en mieux avec le temps pour ne pas interrompre les rares réunions rebelles qui avaient eu lieu à la maison. Prenant mon courage à deux mais, je me relevai sans prêter attention à Julian, redevenant aussi froide qu'avant, et chassai d'un trait les larmes qui coulaient toujours sur mes joues. Il fallait que je m'oublie quelques moments pour m'occuper dignement de Clay. Il était venu à la maison en quête d'une aide qui devait lui sauver la vie, je ne pouvais pas l'abandonner à son sort sans essayer quelque chose, même si la médecine était loin d'être mon fort.

Je me décidai alors à aider le blessé, de la meilleure façon que je pouvais. Je n'allais pas devenir médecin, c'était clair, surtout que je redoutais terriblement le moment où il montrerait l'ampleur des dégâts. Je pris alors le tissu que je lui avais enlevé pour le repasser sous l'eau et le rendre plus frais sur son visage. Peut-être l'aiderait-il à garder l'esprit plus vif pour nous aider, et lui éviter des migraines trop persistantes. Puis je me mis en tête d'oublier totalement ce qu'il s'était passé quelques secondes auparavant pour adresser la parole à Julian de façon neutre. « Il est beaucoup blessé ? » Ma question était stupide puisque j'avais vu rapidement son état quand je l'avais quelque peu soigné à son arrivée, mais peut-être que Julian aurait mieux vu, qu'il saurait quoi faire... Pendant ce temps, j'avais mis mes doigts sans ongles à tremper dans l'eau. Je devais avouer que chaque mouvement qui demandait un peu de force à mes doigts me faisait véritablement souffrir. Ma chair n'était pas à vif, mais pas loin, et aucun ongle ne venait la protéger. Pourtant je ne voulais pas recevoir ces baies. Je ne savais pas pourquoi j'avais cet élan soudain de fierté, mais il était hors de question qu'on s'inquiète pour mes petits doigts abîmés quand il y avait un grand blessé dans le salon, affalé sur le canapé dans une position qui ne devait d'ailleurs pas être très confortable. Et puis, peut-être en aurait-il besoin un peu plus tard pour une cause plus nécessiteuse ?
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MessageSujet: Re: Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN   Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN Icon_minitimeJeu 3 Mai - 15:49

« Oui chef » Malgré la gravité de la situation, je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel en signe d'exaspération. De la part des rebelles, ce titre, je pouvais le supporter. De mon frère? C'était de l'ironie. Je n'étais le chef de personne dans cette maison - même Rumer je ne la considérais aucunement comme une subalterne. Mais je devais avouer qu'en situation de crise j'avais tendance à prendre ce ton autoritaire qui m'était si familier sur le terrain. L'habitude, probablement. Sur cette note un peu plus légère, je quittai le salon afin de trouver la trousse de premiers soins que j'avais vu Rumer utiliser lors l'une de mes dernières visites. En chemin, je saisis un sac qui appartenait sans aucun doute à Clay et je le traînai jusqu'à la cuisine. Une fois arrivé à destination, je fus au prise avec une autre situation. Avalon. Comment avais-je pu l'ignorer? J'avais été si concentré dans ma tâche d'aider mon frère que j'en avais presque oublié sa présence. Et pourtant, son bien ne m'était pas indifférent. Elle n'allait visiblement pas mieux que Clay, malgré que ses blessures semblaient déjà en voie de guérison. Que s'était-il passé en mon absence? Y avait-il eu une attaque générale envers les rebelles suite à la disparition d'Aiden? Avalon, avait-elle était prise dans cette bataille malgré elle? Je m'étais instinctivement installé à ses côtés, l'entourant de mes bras, comme un homme souhaitant protéger un bien précieux. Je la sentais vulnérable et faible sous mon emprise, ce qui m'angoissait. Elle m'avait paru si petite, si fragile, que la voir craquer sous la pression me pinçait le coeur. Je ne pus m'empêcher d'examiner certaines blessures tapissant son corps afin d'y trouver la moindre réponse. Celles-ci semblaient être présentes depuis beaucoup plus longtemps... Je devins confus. Clay et Avalon n'avaient pas été attaqué ensemble, alors? Je n'étais pas un expert dans la guérison des hématomes et des plaies, mais une idée commençait à fleurir dans mon esprit. Et si elle avait été attaqué le même jour où Aiden avait été déclaré mort? Était-ce là le fond de l'histoire? Et Rumer? Où était Rumer?! Toutes ces questions me donnaient le tournis et ne faisaient qu'amplifier mon angoisse. Une chose à la fois.

« Il est mort » Mes yeux croisèrent un bref instant les prunelles rougies d'Avalon alors que j'entendais faiblement ces paroles étouffées. Mort? Qui était mort? Je ne sus interpréter cette déclaration sur le moment, mais bientôt je compris ce qu'elle voulait me dire. Quelle mort pourrait affliger à ce point la jeune Sweenage? Aiden Bregstone. Ils avaient été proches, d'après mes observations et les confidences de mon grand allié. Et c'était à cet instant que je sentis un grand dilemme faire rage au fond de moi. Non, il n'était pas mort. Je l'avais moi-même libéré d'entre les mains de ses bourreaux! Je ne parvenais plus à la regarder, l'envie était trop forte. Comment pourrais-je vivre auprès d'Avalon sans lui dévoiler que celui qu'elle croyait perdue était bel et bien en vie? Je ne disais rien, il ne s'agissait pas à proprement dit d'un mensonge, mais la culpabilité me rongeait déjà. Elle avait le droit de savoir. Elle ne méritait pas de souffrir de la sorte pour une simple rumeur qui s'avérait tout à fait fausse. Mais j'avais promis. J'avais donné ma parole à Aiden lors de notre fuite vers le Treize, je lui avais fait la promesse de ne rien dire à personne. Pour leur bien, pour les protéger. C'était un secret beaucoup trop lourd à supporter, mais jamais je ne pourrais briser ma parole. J'étais devenu muet, sans voix. Je demeurais passif, souhaitant que mon étreinte parviendrait à rassurer quelque peu la jeune femme. Toutefois, je savais pertinemment que les bras d'un homme qui n'avait jamais vraiment été proche, qui visitait de temps à autres pour passer un moment avec sa grande soeur, ne parviendrait pas à apaiser ses souffrances. Je détestais ce sentiment d'impuissance, surtout lorsque j'avais la solution pour mettre un terme à cette douleur. « Dans mon sac, les baies rouges foncées. A mâcher et à déposer sur ses doigts blessés. Ça aidera la repousse des ongles. » La voix de Clay me parvint de l'autre pièce, me réveillant de ma position d'inertie. Mon regard se posa instinctivement sur les mains meurtris d'Avalon, les sourcils froncés. Ses ongles. Elles n'avaient plus d'ongles. Et il ne fallut pas bien longtemps avant de comprendre. J'avais à présent la certitude qu'elle n'avait pas été prise dans une attaque rebelle, mais qu'elle avait été enfermée, tout comme Aiden, et interrogée. Comment s'en était-elle sortie?

Avant que je ne puisse réagir, Avalon serra les poings et s'éloigna de mon étreinte. Elle se refermait comme une huître, je le voyais dans son visage. C'était typique suite à un traumatisme de se fermer aux autres et vouloir souffrir en silence. Et je ne voulais certainement pas la brusquer. Mais elle devait se soigner. Alors que la jeune femme s'éloignait davantage, je me remis sur pieds, borné. J'avais bien l'intention de prendre le conseil de Clay et de l'appliquer. Je m'accroupis devant le sac de mon double qui traînait à l'entrée de la cuisine et fouillai à l'intérieur, à la recherche de ces fameuses baies rouges. Un petit sac rempli de petits fruits s'y trouvait. Je le saisis et me retournai enfin vers Avalon. « Il est beaucoup blessé ? » dit-elle. Elle s'ignorait. Elle voulait oublier sa propre condition et aider Clay qui était lui aussi blessé. La voyant humidifier le linge qui servait de compresse pour mon frère, je m'approchai. Je saisis précautionneusement l'une de ses mains et y déposai le sac de baies. « Je m'occupe de Clay. Tu t'occupes de toi, d'accord? » demandais-je dans un murmure, la regardant droit dans les yeux. Je lui offris un regard rassurant avant de saisir doucement le linge qui trempait toujours sous l'eau. Je le tordis brièvement et ouvrit ensuite une armoire au-dessus de ma tête. La petite trousse que j'étais venu cherché était toujours là. Je l'attrapai d'une main et retournai vers le salon, n'oubliant pas le sac de Clay au passage.

De retour au chevet de Clay, je m'installai au sol, ouvrant la trousse de premiers soins et rassemblant le nécessaire afin de panser ou de recoudre ses blessures. Heureusement, Clay s'était tenu tranquille le temps en mon absence, ce qui me rassura un bref instant. « Ok, laisses moi regarder ça... » murmurais-je. Je m'attaquai en premier à son estomac, la blessure qui me semblait la plus urgente. Je saisis le vêtement et le releva doucement, évitant tout geste brusque. Une fois découverte, je pus examiner la gravité de la plaie. Je retins mon inquiétude de faire surface et me contentai de contracter la mâchoire. Très bien. Concentre-toi, Julian. « Je crois que tu as besoin de quelques points de suture. » Aussitôt, je m’aseptisai les mains, me préparant au travail. Et je me préparai à faire de même pour sa blessure. « Tu te souviens ce qui s'est passé, Clay? » interrogeai-je en jetant un regard vers son visage. Si au moins je pouvais comprendre ce qui s'était passé... Car l'ignorance ne me rassurait guère. J'avais toutefois réussi à déterminer qu'il n'avait pas été attaqué en même temps qu'Avalon. Et j'osais croire qu'il avait été au Sept... Je craignais le pire, je craignais que ma plus grande crainte se soit réalisée. Qu'un Pacificateur ait finalement cogner à sa porte et ait décidé de l'interroger pour en savoir plus sur mes activités rebelles. Je tentai de demeurer concentrer alors que je nettoyais la blessure ouverte de mon frère, mais mes inquiétudes m'en empêchaient. Une fois que la blessure me sembla prête, je pus me préparer à recoudre le tout.
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Clay L. Kennedy-Fawkes
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MessageSujet: Re: Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN   Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN Icon_minitimeJeu 3 Mai - 19:00





« OF COURSE I REMEMBER. »



Le silence. Comme si tout ça n’avait été qu’un rêve. L’agitation semblait s’être dissipée, du moins, on ne bougeait pas près de moi, je le sentais. Je devais m’assurer qu’ils étaient toujours là, que je ne les avais pas rêvés, que je n’étais pas en train d’agoniser sur le sol froid et mouillé de la forêt. Des mots s’échappèrent de mes lèvres, un conseil, une sorte d’inquiétude, j’étais comme ça, à toujours m’inquiéter pour les autres avant moi. J’avais beau souffrir de ma position allongée, je ne me plaignais pas aux autres, au contraire, je pensais déjà à leur santé à eux. Et si ces baies pouvaient apaiser et aider Avalon, alors qu’elle les garde. Nul doute que si j’avais été dans cette cuisine, j’aurais béni le geste de mon frère. Poser le sac dans les mains de la jeune femme, quelle bonne idée pour l’obliger à accepter le cadeau. Au lieu de ça je restais sage, ne sachant réellement si j’avais été entendu, si dans la pièce à côté, on s’activait pour mâcher ces fichues baies. Ne pas bouger n’était pas compliqué, tout simplement parce que je n’en avais pas envie, pas la force non plus et que je luttais pour remettre mes idées en place, me souvenir de tout ce qu’il s’était passé. La douleur se faisait plus vive, tout comme la migraine, mais c’était uniquement parce que je pensais trop, parce que je forçais mon esprit à se souvenir. Je le maltraitais un peu plus, mais je devais savoir, raconter. Expliquer pourquoi je lui avais dis de ne pas retourner dans le 7. En réalité, j’avais peur, je craignais pour lui, pour sa vie. Plutôt crever que de le voir étendu au sol, mort, et moi, tout seul. Voguant à moitié dans l’inconscience à la recherche de ce que je voulais, je n’entendis pas Julian revenir dans le salon, car je perçais enfin à jour tous les détails de ce qu’il s’était passé. Les odeurs, la cabane, la forêt, le Pacificateur, ainsi que mon périple jusqu’ici. Tout. Je m’étais également promis de remercier Avalon, bien que je ne la connaisse pas plus que ça, je voulais être utile et même si je n’étais pas devin ni un fin psychologue, je pouvais très bien être une oreille. Oui, aider les gens était vraiment une obsession lorsque je voulais. Ce ne fut qu’en entendant mon jumeau se laisser tomber sur le sol que je fus de retour dans la réalité, sursautant légèrement. Après tout, je n’avais eu droit qu’au silence pendant quelques minutes, et donc au doute, d’être réellement dans cette maison, allongé dans un canapé. Tournant la tête vers mon frère, faiblard, j’aperçus mon sac, et je me souvins de la bouteille de Whisky, toujours perdue dedans, vidée quasiment de moitié maintenant. Jetant un coup d’œil à Julian, je mis plusieurs secondes avant de comprendre et réaliser ce qu’il me disait. Je ne le compris réellement que lorsque je sentis le tissu remonter sur mon torse. Mes prunelles suivirent instinctivement le mouvement, tandis que mes membres se crispaient uns à uns, c’était la blessure redoutée. Enfin pas que… Le médecin, il devait redevenir médecin, mais Dieu que c’était dur de se concentrer en ce moment même !

La bande qu’Avalon avait refaite en imitant la mienne à mon arrivée semblait faire assez de pression pour arrêter l’hémorragie, mais il allait falloir la retirer et comme je savais que Julian n’avait jamais réellement aimé le côté chirurgical de ce genre de chose, je posais déjà les mains dessus afin de la défaire. Toujours allongé, je procédais lentement, peut-être même que mon jumeau aidait un peu, je perdais encore le fil de mes pensées ou de mes gestes de temps à autre. Dans tous les cas, lorsqu’on arriva au moment de découvrir totalement la plaie je serrai les dents et me crispa de nouveau, laissant échapper un grognement dont je ne voulais pas. Me montrer faible ? Je n’aimais pas ça, c’était sûrement une fierté familiale et je l’étais déjà beaucoup plus que prévu… Faible. Je laissais finalement Julian s’occuper de retirer le reste, mes mains retombèrent le long de mon corps, trop lourdes, et douloureuses aussi. A bien y réfléchir j’étais une boule de douleur de la tête aux pieds et à moi seul. Baissant les yeux, je ne pouvais voir grand-chose de l’étendue des dégâts, je me rappelais juste combien ça avait saigné en forêt. La remarque de Julian eut le don de me faire sourire, pour le coup j’aurais presque pu oublier qu’il était là.

« Vraiment tu penses ? ».

Je le taquinais, en réalité, en tant que médecin j’étais aussi inquiet que lui, je n’avais pas franchement l’envie de lui annoncer que selon la gravité je risquais d’y passer, là, sur ce canapé. Toutefois je continuais à penser que non, j’étais plus fort que ça, et que ça ferait plaisir à beaucoup trop de Pacificateurs dans le coin. Je repris mon sérieux en un clin d’œil, laissant une grimace étirer mes traits. Je n’arrivais plus à sentir le sang couler, sans doute avait-il séché ? Je n’en savais rien.

« Est-ce que ça saigne encore ? ». Oui, c’était là tout le fond du problème, si ça c’était arrêté c’était plus que bon signe, si cela saignait encore un peu, bien, ce serait normal en soit et toujours bon signe, si, en l’occurrence, ça saignait toujours autant, là, ça voulait dire que la balle avait probablement touché autre chose dans sa course en traversant et surtout en éraflant.

Mon frère avait beau s’occuper de moi, je continuais de poser mes questions, faisant lentement un diagnostic dans ma tête, je ne savais d’ailleurs pas à quoi je ressemblais, ma pommette gauche me donnait l’impression d’être en feu, ma plaie au front me picotait comme l’enfer, et les hématomes me donnaient l’impression d’être bouffi comme un bonhomme de neige. Mais au fond, je préférais en rire, dans les tréfonds de mon âme car sourire franchement était une torture aussi. Je lui avais souris pour la seconde fois d’ailleurs quelques secondes auparavant, j’avais vite déchanté. « Whisky… ». Oui parce que j’avais remarqué et noté ce qu’il s’apprêtait à faire et comme on n’avait pas les moyens de faire une anesthésie, qu’elle soit locale ou entière, j’allais royalement morfler. Je les avais plusieurs fois entendus hurler à la mort, certains patients étant venus pour ce genre de… Choses. Loin de là l’envie d’avoir voulu voir ce que ça faisait mais maintenant que c’était mon tour, je n’en menais pas large. Et puis, y’avait un détail à prendre en compte… Je soufflai. « Ju’… J’ai perdu beaucoup de sang… ». Je ne voulais pas le faire paniquer, mais s’il voulait jouer les médecins, et au cas où je ne m’évanouisse, il fallait bien qu’il connaisse les détails, d’ailleurs il demandait déjà ce qu’il s’était passé. Oui, bonne idée. Je voulus retenir son geste visant à désinfecter franchement la plaie ouverte mais trop tard, je me crispais déjà, serrant les dents et faisant mon maximum pour respirer lentement.

Il me fallut un effort considérable pour remettre en ordre mes idées afin de lui répondre, alors qu’il passait déjà le désinfectant sur l’ensemble de la plaie, provoquant parfois quelques petits sursauts et grognement incontrôlés de ma part. Moi qui voulais passer pour un médecin qui supportait ses propres blessures, c’était raté. Quand il retira le linge, je soupirai de soulagement et détendait ma mâchoire, jetant un coup d’œil à l’intérieur de mes mains pour analyser si ces plaies-ci auraient besoins de points ou non. Par chance, une sur deux seulement en aurait besoin. C’était au moins une bonne nouvelle. Tournant la tête vers mon frère, je pus enfin m’apprêter à répondre tandis qu’il préparait déjà son attirail.

« Attends avant de toucher à nouveau… Que je t’explique. ». Oui, on savait pourquoi. « … Au cas où je sombre à nouveau dans l’inconscience. Je me souviens, de ce qu’il s’est passé. ». Et comment…

Lèvres pincées, je fis un effort pour me remonter dans le canapé, afin de ne pas être allongé, raide comme un piquet, le sang devait quand même circuler après tout. Baissant les yeux, je mis quelques secondes avant de reposer mes prunelles vertes dans celles de mon double. Je savais qu’il s’en voudrait, mais j’ignorais encore que je lui en voudrais aussi, lorsque je réaliserais plusieurs minutes plus tard, que je ne pourrais jamais retrouver ma vie d’avant. Soupirant, je reposais ma tête contre l’un des coussins, toujours aussi fatigué et je commençais mon récit, enfin… Mon résumé.

« J’étais dans la forêt, je manque de plus en plus de médicaments au 7. » Je parlais encore comme si j’allais y retourner. « Ayant utilisé la majorité des derniers que j’ai reçu en douce en provenance du Capitole, et envoyé par un contact. Je l’ai senti venir. J’ai couru, sur plusieurs mètres, je me suis enfoncé dans les bois… ». Il grimaça de douleur avant de reprendre. « Je me suis finalement retrouvé allongé au sol comme un débutant. C’est là que j’ai fais sa connaissance. ». Courte pause. « Un… Pacificateur Ju’… ». Je pinçais à nouveau les lèvres, me sentant tout de même un peu coupable, le flot d’émotions refaisait surface au fur et à mesure. Je fronçai les sourcils. « Odeur de nicotine, cigarette froide, nervosité. Il était nerveux, de taille moyenne, cheveux noirs. Je ne sais pas son nom mais il m’a prit pour toi. Apparemment vous seriez « de grands amis ». ». Nouvelle pause, lèvres tremblantes. « Je n’ai pas contredis. Je l’ai laissé croire ce qu’il voulait, je pensais que ça t’aiderait sûrement s’ils te croyaient entre les mains d’un fou au 7 et pas ailleurs… Je ne me suis réveillé, que plus tard, dans une cabane en bois. Pas de liens, rien… J’étais quasiment libre de mes mouvements. J’ai joué mon rôle jusqu’au bout. J’ai réussi à l’avoir et je me suis enfuis, mais il m’a à nouveau rattrapé, on s’est battu, j’ai senti la balle siffler et m’arracher la chair. J’ai… Lutté de toutes mes forces pour réussir à m’arracher à lui, je refusais d’atterrir au Capitole tu sais… ». Je soufflai à nouveau, tandis que les larmes me montaient aux yeux. « J’ai dû paniquer à cette idée… Je crois… Je l’ai massacré… Moi ? Qui l’eut cru… J’ai gardé un morceau de verre entre les mains que j’ai serré si fort… Et je l’ai planté, je ne sais plus où, mais je l’ai fais, je l’ai laissé pour mort dans cette forêt, et je me suis tiré. Le seul problème… C’est… ». Les yeux brillants je gardais la bouche entrouverte, je devais rester concentré sur mon objectif, et ne pas perdre le fil de mes pensées. « Qu’est ce que je disais déjà ? ». Pause, tandis que je m’efforçais de ne pas perdre le seul bout de fil qu’il me restait. « Ah oui. Il sait… Pour moi. Ils doivent être déjà au courant à présent… ». J’attrapai à nouveau la première chose qui appartenait à Julian, une manche, un col, n’importe quoi. « Je ne peux pas les laisser t’emmener au Capitole. Tu comprends ? Rien qu’à l’idée d’imaginer ce qu’ils auraient fait… Je le refuse. Ne retourne pas au 7, pour l’instant. S’il te plait. ». Lèvres toujours tremblantes, une peur panique qui s’insinuait de nouveau dans mes veines tandis que je réalisais les conséquences de ce que je venais de dire. Je refusais de laisser Julian se faire emmener un jour, je refusais de rentrer tranquillement chez moi au fond… Mais je perdais tout. J’avais déjà… Tout perdu. Je m’enfonçai un peu plus dans le canapé, résolu à ce qu’il se mette au travail maintenant, j’étais épuisé, mais je réalisais. L’air légèrement effaré, je passai ma langue sur mes lèvres sèches. « Mon Dieu… Je ne pourrais plus rentrer chez moi. ». Une larme roula sur ma joue colorée.



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MessageSujet: Re: Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN   Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN Icon_minitimeMar 8 Mai - 17:08


Le temps semblait prendre un malin plaisir à s'étendre pour nous enfoncer dans cette ambiance glauque. Le temps était encore sombre, ainsi rien ne pouvait essayer d'égayer cette journée morne au plus haut point. Je venais tout juste de m'extraire de l'étreinte de Julian, réalisant qu'il ne prendrait pas des heures à comprendre ce qui avait pu m'arriver, si ce n'était pas déjà le cas. Je m'inquiétais alors de l'état de son frère qui était largement plus inquiétant que le mien. Il fallait que le rebelle du sept se recentre sur son frère, je préférais de loin m'oublier pour ne pas avoir à m'expliquer sur la situation. Il m'avait fortement posé des questions sur l'absence de Rumer et tout ce qui avait pu se passer, mais les mots n'avaient pas réussi à sortir pour lui partager ce que je savais. Je fus alors surprise de le sentir juste à mes côtés lorsqu'il prit délicatement ma main saine. Sans me laisser le temps de faire un geste ou même de réfléchir une seconde, j'avais déjà un petit sac rempli de baies sur ma paume. « Je m'occupe de Clay. Tu t'occupes de toi, d'accord? » Julian accompagna ses paroles d'un regard se voulant rassurant, pour me faire comprendre que je devais suivre les indications de son frère. Et pour la première fois depuis longtemps, je me résignai à ne pas en faire qu'à ma tête, et à écouter des personnes de meilleur conseil que moi-même.

« D'accord. » J'acceptai sans rechigner l'aide que m'apportaient les deux frères, alors même que je n'étais pas capable de m'occuper du plus mal en point. Si au moins je pouvais ne pas les contredire l'espace d'une minute, ce serait déjà une grande avancée sur mon entêtement. Je regardais Julian rassembler les affaires dont il avait besoin sans bouger, m'étonnant presque de le voir connaître l'emplacement de chaque chose. Puis il partit vers son frère. Je décidai de ne pas déranger les deux hommes qui avaient sûrement plein de choses à se dire, et tout cela ne me regardait absolument pas. Non pas que j'avais une totale indifférence pour eux, mais j'avais appris à savoir ce qu'il était bon ou mauvais pour moi d'écouter. J'entendis seulement des voix qui s'élevaient dans le salon, mais rien de bien distinct. Je me lançai alors dans les soins de mes ongles, ou plutôt de la chair où les ongles manquaient. J'ouvris le petit sac dont Julian m'avait fortement conseillé d'utiliser le contenu après les paroles de son frère. J'y découvris de nombreuses baies qui paraissaient aussi délicieuses que tous les fruits dont je n'avais pas l'habitude de me nourrir. Je passai ma main sous l'eau avant de mâcher quelques baies pour les mettre sur la chair nue de mes doigts. Il fallait bien entendu que je pose mon regard sur ces plaies qui m'avaient fait terriblement souffrir, et penser que j'avais cédé après cela me rendait la vue encore plus désagréable. Mais j'essayais de passer au-dessus des ses pensées pour appliquer sur mes doigts les baies. La sensation fut spéciale, mais pas insupportable.

Ayant plus ou moins bien réussi à étaler quelques baies sur mes doigts après les avoir mâchées, je m'assis sur l'une des chaises de la cuisine. Je me demandais ce que je pouvais bien faire maintenant. Rester là ? Sûrement pas. Julian s’inquiéterait et laisserait son frère seul alors qu'il avait besoin de lui. Aller les aider ? Ce n'était peut-être pas la meilleure idée avec mon état et mes piètres connaissances. Pourtant il fallait bien que j'agisse, même si l'aide que je leur apportais n'était que tenir une serviette humide ou quelque chose dans le genre. En sortant juste de la cuisine, je compris que j'arrivais au moment de l'explication de ces blessures. Je ne tendais pas réellement l'oreille, ne cherchait pas avidement à savoir ce qui avait pu lui arriver. Et pourtant, des paroles me coupèrent de mon petit monde. « Odeur de nicotine, cigarette froide, nervosité. Il était nerveux, de taille moyenne, cheveux noirs. Je ne sais pas son nom mais il m’a prit pour toi. Apparemment vous seriez « de grands amis ». » Cette description... Je pouvais la reconnaître sans douter une seule seconde. La cigarette... Comment oublier toute la fumée que j'avais reçu sur le visage, et les brûlures qu'elle m'avait causé ? Je passais doucement ma main sur ma joue en repensant à ces instants. Souvenirs que je tentai d'effacer rapidement pour ne pas sombrer trop, mais qui furent remplacer par d'autres pas vraiment plus joyeux. La ressemblance dans les paroles de Clay sur la relation entre son frère et Julian, avec ce que m'avait dit Aiden dans la forêt était troublante. A croire que ce pacificateur était vraiment la hantise de tous les rebelles des districts, que ce soit le Neuf, le Sept, et même tous les autres. Et je n'allais certainement pas les contredire avec ce que j'avais vécu, que j'imaginais comme un tout petit pourcentage de ce que Hunter Blackbird-Crowley devait réserver aux rebelles qu'il capturait.

Je n'avais même pas fait attention aux autres paroles de Clay tellement j'avais été absorbée par les souvenirs que sa description m'avait apportés. J'avais entendu quelques bribes de son discours, mais rien de précis qui me permettait de comprendre son récit et de me rendre compte de l'ampleur de ses blessures. Je regardai de loin ses blessures, et cela me suffit. J'avais déjà vu rapidement les plaies en refaisant les bandages, et je ne tenais pas particulièrement à en voir davantage. Bien évidemment, si Julian avait besoin de mon aide, je l'aiderais, mais je n'allais certainement pas me proposer généreusement. Je restais donc à l'écart, regardant les deux frères qui étaient bien plus mal lotis que moi dans l'histoire. Je voyais Clay continuer son récit, devenant de plus en plus saccadé sous les douleurs. « Mon Dieu… Je ne pourrais plus rentrer chez moi.» Le couperet était tombé. Après ce qu'il avait vécu, Clay ne pourrait plus retourné dans son district natal qu'il avait toujours connu. Tout comme Julian. Je partageais totalement la tristesse du blessé, ayant refusé deux fois de quitter le Neuf même si la vie n'y était pas des plus belles. Mais je me demandais où ils allaient pouvoir vivre dorénavant. Le Neuf était sûrement l'option la plus valable qui me vint à l'esprit, mais je déchantai vite en réalisant que Julian était activement recherché, que Rumer et moi-même devions maintenant être surveillées, et que la gémellité du rebelle du Sept et de Clay n'allait pas favoriser ses déplacements. Il fallait donc que je me fasse à l'idée. Il n'y avait qu'une solution à leurs problèmes. Le Treize. Certes je n'entrais pas dans l'équation de ce voyage puisqu'il devait seulement avoir pour but de sauver la vie de Clay, mais je me doutais que Julian ou même Rumer voudrait m'y envoyer. Ils ne voudraient pas prendre le risque que je retombe entre les mains d'un pacificateur et que je donne d'autres noms, bien qu'ils ne sachent toujours pas que j'en avais donné. Je me rendais compte que je faisais une grosse erreur qui pouvait coûter cher aux rebelles du Neuf si Skann était suivi ou avait vendu des informations, mais je n'étais pas prête à être considérée comme une traître.

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MessageSujet: Re: Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN   Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN Icon_minitimeJeu 10 Mai - 17:57

Je devais être le plus fort. Je ne pouvais me permettre de faiblir face à la situation, je devais demeurer alerte et conscient et ne pas me laisser influencer par mon inquiétude et mes craintes. Une chose à la fois. Tout d'abord, je devais m'assurer qu'Avalon prenne soin de ses propres blessures qui dataient d'une plus longue période, mais qui n'étaient pas à négliger. J'écoutai le conseil de mon double qui se trouvait toujours dans le salon et offrit le sac de baies à la jeune Sweenage. En fait, je ne lui laissai pas le choix de les accepter ou non, sans toutefois la provoquer. Je craignais qu'elle ne m'envoie sur les fleurs, connaissant le fort caractère des soeurs Sweenage, mais étonnamment, elle demeura passive. « D'accord. » se contenta-t-elle de me répondre. Rassuré, je pus rassembler le nécessaire pour soigner Clay et retrouvai ce dernier sur le canapé. Mon premier réflexe fut de m'occuper de la blessure la plus urgente à mon avis. Alors que je remontais le chandail de mon frère afin de dévoiler son estomac, Clay prit l'initiative d'enlever lui-même le bandage qui tentait d'arrêter l'hémorragie. Il était le mieux placé pour se faire, non seulement il avait plus de connaissance dans le domaine, mais il saurait mieux supporter la douleur s'il agissait par lui-même. Enfin, si je voulais le soigner, je devais me détacher de la situation. Il grognait face à la souffrance que mes gestes provoquaient, mais c'était à prévoir... Il ne fallait pas que je me laisse toucher par son mal, sinon jamais je ne parviendrais à faire le travail qu'il accomplissait comme un pro au Sept. J'examinai attentivement la plaie et il était évident qu'il faudrait quelques points afin que tout guérisse convenablement. « Vraiment tu penses ? » Je lançai un regard désapprobateur vers mon frère, n'ayant pas le coeur à rire. Ça ne pouvait nous faire de mal, certes, mais je refusais de m'amuser de la situation. Il tentait de dédramatiser, voilà tout, et je faisais pareille en tant de crise. Les Kennedy-Fawkes refusaient d'accepter leur position d'infériorité ou de victime lorsque ça se présentait, ils se bornaient à rester fort malgré tout. Même en étant conscient de cette attitude réciproque, venant de mon frère, sa réaction m'agaçait. Plutôt ironique. Je retournai mon attention vers la blessure, les sourcils froncés par la concentration. « Est-ce que ça saigne encore ? » Difficile à dire parmi tout ce sang séché... Mais j'avais suffisamment d'expérience dans le domaine pour constater que l'hémorragie était toujours présente, mais seulement en conséquence du retrait du bandage. « Un peu, mais rien d'alarmant. » Je n'osais imaginé tout le sang qu'il avait dû perdre durant son voyage... Au moins, ce n'était pas critique, je pouvais recoudre le tout sans grand risque. Enfin, j'y croyais.

L'instinct de Clay ressortait alors qu'il me bombardait de questions face à sa situation. Médecin un jour, médecin toujours, à ce que je pouvais constater. Je répondis calmement à ses interrogations, puisque son expertise en la matière ne pourrait que m'aider à mieux le soigner. Il devait sérieusement se sentir impuissant en ce moment... Lui qui était toujours présent pour aider les autres devait se résigner à être le patient pour une fois. « Whisky… » Whisky? Je lui jetai un air interrogatif, mais je pus rapidement comprendre. Cette fameuse bouteille de whisky que nous dégustions à chaque fois que je passais au Sept. L'avait-il apporté avec lui? Automatiquement, je fouillai dans son sac et y trouvai effectivement une bouteille contenant un liquide ambré. Sacré Clay. Il n'oubliait rien, même en état de crise. Je débouchai la bouteille et l'offrit à mon double, faisant de grands efforts pour ne pas en prendre une longue gorgée moi-même. Je devais demeuré sobre et conscient de mes gestes. Et il en avait certainement plus besoin que moi... Je me remis alors au travail, recentrant mon attention vers le nécessaire de la trousse de premiers soins. Alors que je rassemblais le tout afin de désinfecter la plaie, Clay se manifesta d'une voix grave. « Ju’… J’ai perdu beaucoup de sang… » J'élevai un regard inquiet vers ce dernier, tentant de ne pas trop aggraver la situation. Oui, il devait avoir perdu beaucoup de sang. Mais je ne pouvais rien y faire pour le moment, mis à part de refermer cette blessure le plus vite possible afin d'éviter le plus de dommage possible. Et je n'avais aucun moyen pour effectuer une transfusion de sang, même si notre type sanguin était compatible. Je devais espéré que la perte n'était pas trop grande et qu'après quelques jours de repos et de bons repas, il reprendrait des forces. « Oui, je sais... » confirmais-je du même ton grave. Et je détournai le regard. Tentant du mieux que je le pouvais de ne pas me laisser distraire par les grognements de mon frère, je désinfectai la blessure. Et il était temps de passer aux choses sérieuses.

« Attends avant de toucher à nouveau… Que je t’explique. » J'arrêtai ma lancée alors que je préparais à recoudre sa peau. Se souvenait-il? « … Au cas où je sombre à nouveau dans l’inconscience. Je me souviens, de ce qu’il s’est passé. » Et j'étais pendu à ses lèvres. Finalement, je pourrai enfin comprendre pourquoi il était dans un tel état et pourquoi il me suppliait de ne plus retourner à la maison. Au même moment qu'il débutait son récit, Avalon nous rejoint dans le salon. Je jetai un regard bref à ses mains afin de constater si elle avait suivi mon conseil et je fus soulager de remarquer une petite teinte rouge sur ses doigts. Mais je détournai rapidement mon attention. J'écoutai les paroles de Clay avec grande attention et plus il s'enfonçait dans son récit, plus je devenais perplexe. Une attaque de Pacificateur. J'aurais dû m'en douter... La surveillance s'était accrue depuis l'année dernière et Clay aurait dû faire plus attention en s'aventurant dans la forêt. Mais ce n'était pas le temps de lui faire des reproches. Et la suite m'intrigua que davantage... Le Pacificateur ne l'avait pas emmener sur la place publique? Il n'y avait eu aucun châtiment? Il s'était réveillé dans une cabane dans les bois, même pas ligoté. Mes sourcils se rapprochaient de plus en plus par la perplexité. Et la description qu'il fit du Pacificateur me donna froid dans le dos. Quel gardien du Capitole me connaissait suffisamment pour me considérer comme un grand ami? J'avais ma petite idée. Et ça ne fit qu'accroître mon appréhension. Je serrai à présent la mâchoire, me donnant l'impression qu'elle allait bientôt se briser. Ce que je craignais depuis des années venait de se réaliser. Clay avait pris ma place, pour me protéger, et il avait subit les conséquences de mon titre de rebelle. Je n'osais lui faire la morale - mon inquiétude prenait le dessus de tout autre sentiment -, mais je me sentais soudainement coupable de son malheur. Il poursuivit sa lancée, m'expliquant ce qui s'était passé par la suite. Il perdit un instant le fil de ses pensées, laissant croire que sa fatigue pesait sur sa conscience. J'hésitai à l'interrompre, mais finalement il retrouva ce qu'il voulait me dire. Et c'était pire. « Ah oui. Il sait… Pour moi. Ils doivent être déjà au courant à présent… » L'existence des jumeaux Kennedy-Fawkes était dévoilé. Et s'il s'agissait de Hunter qui avait attaqué Clay, nous étions fait comme des rats. Mes épaules s'affaissèrent. Rien ne sera plus jamais pareille à présent. Aiden qui était supposément mort, Avalon qui avait été torturé, Clay qui avait également été attaqué, Rumer qui devait prendre la charge des rebelles sur ses épaules... Les mains de Clay s'agrippèrent de nouveau à mon chandail alors qu'il me suppliait. « Je ne peux pas les laisser t’emmener au Capitole. Tu comprends ? Rien qu’à l’idée d’imaginer ce qu’ils auraient fait… Je le refuse. Ne retourne pas au 7, pour l’instant. S’il te plait. » Je l'observai longuement d'un air grave et affaibli. Non, nous ne pouvions plus revenir en arrière, il était trop tard. Le Sept ne pouvait plus être notre maison. Ma gorge était beaucoup trop serrée pour que je ne produise le moindre son, j'étais atterré par toute cette histoire. « Mon Dieu… Je ne pourrais plus rentrer chez moi. »

Et je réalisais vraiment ce que tout ça signifiait. J'observai longuement mon frère étendu sur le sofa, l'air tout simplement exténué, ravagé par les évènements. Je constatai cette larme qui vint longer sa joue meurtrie par l'attaque du Pacificateur. Et mon regard se détourna afin de se poser sur Avalon installée non loin de nous. D'un regard lourd, je la contemplai un long moment, y apercevant une grande ressemblance avec Rumer. Elles avaient des traits familiers, un caractère similaire, je pouvais voir leur lien familial. Avalon ne pouvait pas rester au Neuf également. Nous ne pouvions pas demeurer ici et risquer de nous faire prendre. Je ne pourrais me pardonner de mettre d'autres gens en danger... Avalon était encore jeune, elle faisait son possible pour se tenir loin des rebelles et de cette guerre. Rumer se battait chaque jour pour la protéger, pour éviter que le pire ne se produise. Mais il était déjà trop tard. Le pire s'était déjà produit. Mes paupières camouflèrent mes prunelles égarées, laissant ce silence oppressant perdurer encore un instant. Je me résignais enfin. Quel autre choix avions-nous? Je n'en voyais aucun. Je m'avais battu pendant si longtemps pour que ceux que j'aimais ne souffre pas de ce chaos imminent qui sévit dans tout Panem, mais c'était une pensée utopique. Je ne pouvais me voiler les yeux plus longtemps. « Je vous emmène au Treize, » laissais-je tomber finalement. « Il n'y a plus d'autres solutions. Dès que Rumer reviendra, on préparera notre départ. Et une fois que tu seras en mesure de voyager, Clay, on s'en ira pour de bon. » L'air était soudainement lourd, insupportable. Je m'étais longtemps promis que jamais je ne confinerais les gens que je chérissais à une vie aussi ignoble que celle du Treize. Je m'étais promis... Et je brisais ma promesse...
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Clay L. Kennedy-Fawkes
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MessageSujet: Re: Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN   Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN Icon_minitimeSam 12 Mai - 19:47





« IT WOULD TAKE DAYS. »




Je me devais de lui raconter, lui expliquer, mais mes instincts de médecins venaient de reprendre le dessus et il me fallait lui poser mes questions avant de le laisser prendre les choses en mains. Malgré la fatigue évidente, je m’accrochais, retirant moi-même le bandage qu’avait refait la jeune Sweenage en suivant celui que j’avais fais à la va vite avant de partir de chez moi. Je ne pris pas la peine de faire tout le tour de ma taille, non, il me suffit d’arracher juste assez de bandes pour pouvoir libérer la plaie et la laisser visible aux yeux de mon frère, car je ne me sentais pas la force de regarder. Je me fiais aux traits de Julian, ne le quittant pas des yeux malgré ma vue qui se brouillait encore de temps à autre. Mes idées continuaient de se mélanger mais je me souvenais de tout, peut-être pas de tous les détails précis mais une bonne partie. Venait alors la question concernant la plaie et surtout l’hémorragie, dans ma tête défilaient déjà les différents cas possibles et ce qu’il faudrait faire au cas où certaines choses se produiraient. Mais mon jumeau eut le don de me rassurer, alors je soupirais de soulagement, c’était déjà ça. « Bien, c’est une bonne nouvelle ça. ». Oui, une très bonne même, mieux que s’il m’avait dit que ça saignait toujours abondamment. Finalement je réclamais la bouteille de whisky car les douleurs commençaient à se faire insoutenables et elles allaient surtout s’aggraver lorsque l’aiguille courbée traverserait ma peau afin de suturer la plaie qu’avait laissée cette maudite balle. Soufflant tout en essayant de respirer lentement pour ne pas me faire plus de mal encore, j’attrapais maladroitement la bouteille et portait le goulot à mes lèvres sans chercher à comprendre quoi que ce soit d’autres. Sentant le liquide ambré glisser au fond de ma gorge, je sentis cette douce chaleur provoquée par l’alcool, donnant l’impression de me réchauffer, car oui, il faisait un peu froid ici, ou alors c’était moi. L’alcool permettrait de tenir et empêcherait de se sentir impuissant et mal à l’aise, car il y’avait bien de cela en jeu. Je découvrais avec souffrance combien je détestais être à la place du patient, car je savais que si j’étais en forme j’aurais pu prendre soin de moi-même tout seul. La fierté mal placée des Kennedy-Fawkes. D’ailleurs, Julian avait nullement rit à ma vaine tentative d’humour, je voulais éviter ce côté dramatique, et pourtant, je lâchais déjà la bouteille sans le faire exprès en murmurant à mon frère combien j’avais pu perdre de sang lors de mon voyage. Il devait savoir, s’il devait jouer mon propre rôle alors autant qu’il sache tous les symptômes. C’était drôle… D’avoir inversé les rôles, Julian qui se prenait pour un apprenti médecin et moi-même qui avait joué les intrépides et les rebelles devant un Pacificateur nerveux. Oui… Drôle.

La seule chose qui changeait dans cette situation, c’était que je pouvais regarder mon jumeau droit dans les yeux, et lui montrer en un regard comme je pouvais être désolé. Mais j’étais borné, tout comme lui, et je n’avais pu me résoudre à révéler mon identité sans me battre, et sans le protéger. Au fond, que je me fasse passer pour Julian ou que je ne dise rien, la sanction aurait été la même, je me serais retrouvé ici, à devoir quitter le District 7 quelques temps avant la Moisson, alors que des jeunes comptaient sur moi, et que je voulais être là pour eux. Comment pourrais-je l’être alors que j’étais loin d’être remis sur pieds ? Je n’entendis pas Avalon revenir lentement dans le salon alors que je commençais mon récit, expliquant à mon frère, après avoir grogné pendant cinq minutes sous le joug du désinfectant, ce qu’il s’était exactement passé. J’avais honte de lui avouer que sa crainte s’était produite, je culpabilisais également, mais pour l’instant je ne notais pas cette pointe d’amertume qui se cachait en mon sein. Parce que je ne réalisais pas encore les conséquences de tout ceci, de cette entrevue avec le Pacificateur. Je l’ignorais, mais je commençais à saisir. Ainsi, alors que j’arrivais au bout de mes explications, après avoir perdu une fois le fil de mes pensées et combattu la douleur, je comprenais. Je réalisais lentement et la larme qui roulait sur ma joue en témoignait déjà. Tout comme mes derniers mots. Je ne pourrais plus rentrer chez moi. Je n’aurais plus de vie en forêt, je ne reverrais plus cette maison au village des vainqueurs tout comme je ne reverrais plus mes parents. Je suppliais mon double de ne plus retourner au 7 pour l’instant, que mon intervention n’aie pas été vaine et futile, qu’elle ait servie à quelque chose. Mais à ce moment-là, je ne pensais pas qu’il me faudrait m’éloigner. Une fois que je compris, ce fut comme si mon monde s’écroulait autour de moi, ne laissant plus que des ruines et des pierres tentant de m’assommer. Mon cœur manqua d’ailleurs un battement et je dus ravaler un sanglot et frotter doucement mes yeux pour éviter que d’autres larmes chaudes ne coulent. Observant à nouveau le plafond, je ne vis pas Julian tourner la tête et regarder Avalon, je cherchais déjà la bouteille de Whisky à tâtons, je voulais oublier tout ça. Je voulais qu’on m’assomme et lorsque je me réveillerais, ce serait à cause d’un rayon de soleil passant au travers de la vitre de ma chambre, en bas, des patients m’attendraient, des gens de la scierie, des enfants étant tombés à l’école et s’étant égratignés le genou. Ma vie normale me tendrait les bras. Malheureusement, j’avais toujours les yeux ouverts, et je ne savais que trop bien, que la douleur était réelle, étouffante. J’avais l’impression de suffoquer sur le coup, jusqu’à ce que les paroles de mon frère ne m’obligent à tourner à nouveau la tête vers lui, afin de le dévisager comme s’il était fou. Le Treize ? Je ne le connaissais pas, j’en avais juste entendu parler à la télévision, mais jamais je n’y avais mis les pieds, j’étais toujours venu au 9 principalement. Je fus pris d’un vent de panique, regardant mon frère avec des yeux ronds.

« Au… Treize ? Mais… ». Je pris une longue inspiration qui m’arracha une grimace avant de balbutier à nouveau, décontenancé. « Que va-t-il advenir de mes patients ? Et… Ces jeunes ? Supposés être moissonnés dans même pas quelques semaines ?! Et que va-t-il advenir de… ». Callie. Moi qui venais de la retrouver, voilà que j’étais supposé m’en éloigner et la perdre à nouveau ?

Paniqué, je ne cherchais plus la bouteille de whisky, les paroles de Julian étaient tombées comme un couperet sur ma gorge, ne faisant que me fatiguer davantage. Je laissais ma tête retomber sur le coussin en soupirant et en grognant car relever la tête signifiait renouer avec la migraine. Et finalement je prenais compte des mots de mon frère. « Ca va prendre des jours avant que je ne puisse remettre un pied devant l’autre… J’ai froid et mes membres sont engourdis, sans oublier la douleur constante et le manque évident de sang. Sans intraveineuse, Rumer aura le temps de revenir et partir deux fois… On ne pourra donc pas attendre que je sois au top de la forme, il faudra se contenter du minimum de la forme… Je… ». Je notais enfin la présence de la jeune femme non loin de là, en plissant les yeux. « Je ne veux mettre personne en danger. S’il n’y a pas d’autres solutions, tu sais bien que je te suivrais… Je te fais confiance. ». Les derniers mots avaient été prononcés de façon nonchalante et lasse, car il n’y avait plus de retour en arrière possible, et cela faisait un mal de chien psychologiquement. Afin de ne pas y penser, je me focalisai sur mon rôle de médecin, je repris le pas sur les émotions et m’enfonça dans ce rôle, je refusais d’admettre la réalité, parler médecine et plantes semblait être le plus approprié pour moi, je ne voulais que ça, même si j’étais le patient sur la table, près à se faire recoudre. J’effleurais timidement ma plaie au front, puis ma pommette brisée et ma peau boursouflée par les coups qui devaient déjà être bleue et violacée, provoquant surement un bandeau tout autour de mes yeux, mais je ne m’étais pas vu dans le miroir alors… Difficile de savoir. Au fur et à mesure que je touchais, j’énumérais. « Plaie au front, à suturer. Pommette brisée, rien à faire hormis attendre et passer éventuellement de la glace… ». Je gémissais. « Visage tuméfié, probablement à cause d’hématomes, à confirmer. Plaie à l’intérieur de la main droite, à suturer également, plaie à l’intérieur de la main gauche, à désinfecter et bander mais rien de plus. ». Je comptais sur mes doigts. « Je crois que c’est tout. ». J’étais dans ma bulle, le temps d’un instant, j’étais dans mon monde, et je venais d’énumérer tout ce que j’avais ou presque, machinalement et de façon détaché, comme si ce n’était pas moi qui avait tout ça et qui allait morfler, d’ailleurs… En y pensant… « Aucune seringue d’anesthésiant, impossibilité de serrer une ceinture en cuir à cause de la pommette brisée. Résultat de l’analyse : à maintenir allonger pendant « l’opération » et conseiller le médecin. ». Je tournais à nouveau les yeux vers Julian, comprenait-il seulement ce que j’essayais de dire ? Au cas où, je me remis à parler normalement, le regardant droit dans les yeux. « Regardes-moi… ». Je pinçais les lèvres. « Ne perds pas de vue ton but. Enfermes-toi dans une bulle pendant tout le temps que prendra l’opération des sutures. Enfermes-toi dans ta bulle et deviens hermétique au moindre bruit, au moindre cri, sinon tu n’arriverais pas au bout. Concentre-toi sur ta tâche et va jusqu’au bout peu importe ce qui se passe autour. Ce serait te mentir et surtout me mentir à moi-même que de dire que… Je ne risque pas d’hurler. ». Rassurant ? Oui… Mais il ne fallait pas y aller par quatre chemin, être médecin n’était pas facile, mais je savais que Julian y arriverait, je le savais, au pire il pouvait toujours demander de l’aide… A Avalon ? Bien que je n’eus nulle envie de la mettre mal à l’aise dans sa propre maison… C’était définitivement tendu. Regardant à nouveau le plafond, j’attrapais la bouteille de whisky après l’avoir retrouvé et buvais une longue gorgée avant de finalement lâcher un : « Prêt. ».


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Avalon R. Sweenage
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MessageSujet: Re: Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN   Far from Paradise Ҩ CLAY&AVALON&JULIAN Icon_minitimeLun 14 Mai - 19:33


L'ambiance était pesante dans la maison, voire même intenable. J'étais témoin d'un spectacle désolant qui s'était invité chez moi, sans que je ne sache quoi faire. Sachant que je ne serais d'aucune aide à Julian pour soigner son frère, je ne m'étais pas approchée d'eux. Je ne voulais pas qu'ils aient en plus à supporter mon appréhension à propos de ce qui allait arriver. Puis je réalisai que la situation était encore plus désespérée que ce que j'avais pensé jusque là. En soignant Clay, les douleurs allaient être atroces c'était évident vu son état, et bien sûr il allait crier puisque tout être vivant ne pouvait pas supporter de se faire recoudre sur plusieurs points sans rien ressentir. Encore un fois la maison Sweenage passerait très bien inaperçu dans le voisinage... Mais la réaction des autres était cependant le cadet de nos soucis. Pour l'instant l'objectif était de remettre Clay en état, et cela n'allait pas être une mince affaire. Non pas qu'il avait des blessures impossibles à soigner, mais son corps prendrait beaucoup de temps pour reprendre des forces. Sans parler que les maigres ressources que nous avions n'allaient pas nous aider. Il fallait que nous trouvions une solution au plus vite. Celle qui serait la plus crédible, la plus abordable pour nous tous qui avions des froces physiques totalement variées. Et cette idée me vint juste avant que Julian s'exprime. Le Treize.

« Je vous emmène au Treize, » Bien que je m'y attendais, l'annonce me coupa toute envie de rester en retrait en passive. Non ! Je ne voulais pas aller au Treize ! C'était hors de question ! J'avais toujours refusé cette idée, c'était pour moi totalement inconcevable de quitter les terres du Neuf même si la vie n'y était pas idyllique, loin de là. J'avais cédé pour Aiden, mais c'était pour lui, pour lui sauver la vie et rester avec lui. Mais depuis je m'étais promis que je n'irais jamais. Pas sans lui. Si j'y allais, si on m'emmenait de force, jamais plus je ne pourrais me regarder dans un miroir sans avoir envie de tout briser. Jamais plus je ne pourrais supporter dans vivre dans le lieu qu'Aiden avait tant voulu connaître, lui qui était mort sur les terres des districts sans le connaître. J'aurais tout donné pour échanger ma place avec lui en cet instant. Il aurait été tellement plus utile à Julian, Rumer, Clay, et même à tous les rebelles. Il aurait su quoi faire, et il aurait eu la chance de découvrir le Treize, devenir rebelle là-bas pour aider encore mieux les districts. « Il n'y a plus d'autres solutions. Dès que Rumer reviendra, on préparera notre départ. Et une fois que tu seras en mesure de voyager, Clay, on s'en ira pour de bon. » A croire qu'il avait déjà tout planifier et que nous, Clay et moi, n'avions même pas notre mot à dire sur la décision. J'étais tellement en colère par cette résolution que je ne réagis pas immédiatement de peur que mes mots dépassent les limites. Julian n'avait pas le droit de me dire où j'allais passer la fin de ma vie ! Il se ramenait là quand il voulait, y passait des journées entières, nous mettait tous en danger rien que par son visage connu dans tout Panem... et je devais accepter de le suivre sous prétexte que c'était la seule condition de notre, de ma survie ?! Il y en avait bien d'autres, comme celle qu'il s'en aille loin d'ici avec son frère et qu'il nous laisse tranquille pendant les années à suivre. Mais je laissai ma colère bouillonner sans sortir. Je savais très bien que Rumer était attachée à lui, et je ne voulais pas me mettre tout le monde à dos en me comportant comme une gamine capricieuse.

« Au… Treize ? Mais… » Les paroles de Clay apaisèrent quelque peu mon animosité. J'étais en quelques sortes contente de voir qu'il partageais le même avis que moi sur la question de ce district fantôme. Ils s'étaient tous fait passer pour morts là-bas, nous laissant participer et mourir à des jeux sordides, alors qu'ils vivaient tranquillement dans leur petit coin... Et d'ailleurs, où vivaient-ils ? On voyait très bien à la télévision que les ruines étaient encore fumantes et totalement irradiées par les Jours Sombres. J'écoutais le blessé refuser et faire comprendre à son frère que ce n'était pas possible d'aller au Treize. Mais sa réponse finale me laissa un goût d'amertume. « Je ne veux mettre personne en danger. S’il n’y a pas d’autres solutions, tu sais bien que je te suivrais… Je te fais confiance. » Voilà que lui aussi se mettait à céder pour une personne qu'il appréciait... Sa mésaventure ne lui avait donc pas appris qu'il devait se détacher de son frère jumeau pour pouvoir vivre selon ce qu'il souhaitait ? Je me levai d'un geste brusque, me fichant totalement de mon insolence, mais il était hors de question que je reste là, à les regarder se mettre d'accord pour faire un chemin que je ne suivrais jamais. Plutôt mourir que d'aller là-bas. Et si mon petit comportement impertinent me faisait éviter de supporter les soins apportés à Clay, c'était tant mieux. « Allez-y si vous voulez, mais ça sera sans moi. » Puis je quittai la pièce, allant prendre l'air pour ne plus étouffer dans cette ambiance morose, et sûrement électrique que j'avais dû installer en cet instant-même. Il pouvait sortir tous les arguments du monde, jamais il ne trouverait celui qui me ferait changer d'avis, du moins je l'espérais.

Je m'installai alors par terre, m'appuyant contre un mur. Il faisait encore très sombre dehors, et je voyais quelques rares lumières qui s'échappaient de maisons, dont la mienne. Je repensais avec colère à la décision du rebelle du Sept. Il avait conclu cela, sans même nous demander notre avis alors que le danger que nous risquions n'avait été causé que par la présence de gens comme lui. Il pouvait y aller, y emmener son frère, et même Rumer si elle le souhaitait. Mais j'étais butée à ne pas aller là-bas. Avec un peu de chance, on allait trafiquer la Moisson pour m'envoyer dans l'arène après les problèmes que j'avais causé, et je ne serais plus un boulet aux pieds des autres. Je fus cependant coupée de mes idées noires par quelques cris audibles même aux abords de la maison. A croire qu'il avait eu besoin de points... Heureusement que j'étais partie tout compte fait... Un évanouissement de ma part n'aurait sûrement pas aider. Mais devais-je rentrer pour être là en cas de besoin ? Oui. Même si je ne voulais pas entendre parler du Treize, je en souhaitais sûrement pas que les soins de Clay tournent mal et qu'il en meure. Allais-je renter ? Certainement pas. Comme on me l'avait fait remarqué très souvent, j'avais un caractère assez mauvais et j'étais d'un entêtement ahurissant. Je ne digérais toujours pas l'annonce de Julian, et je comptais bien le laisser me convaincre vainement. J'avais été agressive alors que la seule chose qu'il souhaitait était mon bien, mais je refusais qu'il me dicte ma conduite alors que je ne le connaissais même pas tant que ça. Je m'en étais très bien sortie sans lui jusque là, en omettant la partie dans les sous-sols de la Centrale, et je n'étais pas prête à tout laisser tomber – tout étant un très grand mot dans ma situation – pour rejoindre un district rempli de rebelles qui avaient tout gâché en provoquant le Capitole. La sécurité avait été renforcée dans les districts depuis leur annonce de retour, et l'autre pacificateur psychopathe s'était fait un plaisir de traquer Aiden jusqu'à sa réussite finale, qu'il avait partagé quelque peu avec moi. Je jetai un coup d'oeil à mes doigts par réflexe après avoir pensé à cette torture. Je me surpris à avoir oublié les baies qui étaient présentes sur trois de mes doigts. J'avais vraiment eu un comportement déplacé devant Julian et son frère. Tellement irrespectueux envers des personnes qui voulaient ma sécurité. Mais ils ne pouvaient pas comprendre ce qui me déplaisait dans l'idée d'aller au Treize. Et je ne comptais pas leur dire.

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