| Sujet: Elliot & Ayden - La peur a un visage Mar 24 Jan - 20:03 | |
| ELLIOT & AYDEN C'était une pâle journée d'hiver comme il y en a tant d'autres. Vêtue de son manteau et de ses bottines fourrées, Ayden se tenait face à la mer. Elle n'avait pour une fois pas emmené sa canne à pêche et contemplait seulement l'océan. Les embruns lui fouettaient le visage et le vent glaçait ses membres. Pourtant elle restait là à fixer l'étendue bleue, à scruter les vagues. Le ciel était gris, et teintait le district de cette même couleur. En voyant le temps ce matin là, la jeune fille s'était ruée hors du village des vainqueurs, déterminée à ne pas passer une minute de plus en compagnie de sa mère. Heureusement, Jeremiah était là, et assumait le rôle qu'elle refusait depuis bien longtemps : celui de nounou. Elle pensa un instant à lui, à ses attentions à son égard, et un sourire se forma inconsciemment sur ses lèvres : elle avait beau prétendre le contraire, elle avait finit par s'attacher au jeune homme et arrivait difficilement à imaginer sa vie sans lui.
Une rafale de vent ébouriffa les cheveux de la demoiselle, et elle protégea son visage de la gerbe d'eau qui s'en suivie. Il devait être aux alentours de midi, car la faim commençait à se faire sentir. Calmement, elle s'installa sur un rocher et fouilla sa besace à la recherche de son déjeuner. C'était du pain, mais pas n'importe lequel, attention ! un pain aux olives, frais, cuit du matin et négocié avec le boulanger contre une de ses salaisons. Elle arracha un bout de la miche et commença à manger. La croûte craquait sous ses dents comme les olives fondaient sur sa langue. C'était divinement bon. Les timides rayons de soleil venaient chatouiller ses joues, elle appréciait son repas et le ressac de la mer sonnait comme une douce chanson. Elle adorait venir ici car personne n'y restait longtemps. Ce n'était pas un bon coin de pêche, et les baigneurs se faisaient rares, en hiver. Après avoir avalé sa dernière bouchée, elle se laissa glisser sur le sable, s'allongea et regarda le ciel. Un oiseau passa et son cri déchira le silence. En tournant la tête vers la droite, elle pu contempler les vagues se briser sur les coraux et mousser sur le sable. Quelques fois, en regardant bien, elle apercevait un poisson gris, s’ébattre nerveusement dans les rouleaux. A certains moments ses yeux se fermaient et elle n'écoutait alors que le bruit de l'océan mêlé à celui du vent. Les brises emportaient avec elles le sable qui venait s'abattre en pluie fine sur sa peau. Elle ne regrettait pas d'être sortie si couverte, car même sous sa veste elle sentait le froid lui mordre la chaire.
Soudain, un son. Ce son des pas, des bruissements sourds. Elle se releva, ses doigts cherchant immédiatement son couteau dans sa poche. Puis apparue une silhouette, qu'elle reconnue sans peine. C'était lui, l'homme qu'elle avait vu quelques semaines plus tôt, l'homme qu'elle avait surpris en pleine action. Elle se souvenait parfaitement des petits cris étouffés de l'homme qui sous ses mains tremblaient. Elle se rappelait totalement des larmes qui avaient jaillis de ses yeux lorsqu'il avait voulu la tuer. Ayden n'était pas du genre à avoir peur, pas des gens, et pourtant, face à lui... Son visage l'avait marquée, si bien que dans ses cauchemars elle le voyait parfois apparaître.
Ses doigts se crispèrent sur son arme - qui lui parue bien futile face à l’individu - et elle se releva précipitamment. |
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