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 Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN.

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Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN. Vide
MessageSujet: Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN.   Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN. Icon_minitimeDim 28 Aoû - 16:05

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C’était facile pour les gens qui ne faisaient pas partie de la troupe rebelle du district neuf de savoir lorsque ces derniers attendaient la venue de figures importantes du mouvement anti-Capitole de Panem. Il régnait une agitation notable, des murmures constants et certains semblaient plus souriants que la semaine d’avant. Lorsque c’était Julian Kennedy-Fawkes qui avait annoncé sa visite prochaine, c’était également le cas et le rebelle a observé était sans doute Rumer. Elle chassait plus tôt et plus tard tous les jours, voulant vendre et échanger le plus de ses prises possibles afin de pouvoir offrir un repas digne de ce nom – enfin, pour un repas pris au neuvième district. Car Rumer n’avait jamais pu parvenir à faire un repas qui arrivait seulement à la cheville des mets qu’elle a gouté lors de ses quelques visites illégales au Capitole – à Julian, son inspiration, et elle omettait bien sûr de déclarer sa plus belle prise de chasse afin de pouvoir la garder pour son invité d’honneur. Elle savait que l’idée – et surtout les dangers qui y étaient reliés – d’héberger un chef rebelle chez elles n’enchantait pas Avalon, sa jeune sœur, mais c’était non négociable aux yeux de Rumer. C’était quelque chose qu’elle faisait pour elle. Une chose à laquelle elle tenait et depuis ses sept ans qu’elle faisait tout pour ses sœurs, de leur faire apprendre leurs leçons à leur apporter de quoi se nourrir et même jusqu’à mettre sa vie en danger pour renverser la dictature du Capitole et pouvoir ainsi lui assurer un future meilleur.

Rumer avait toujours eu le sommeil léger. Les quatre murs de la petite pièce dans laquelle étaient entassés les lits des sœurs Sweenage étaient aussi minces que des feuilles de papier. Orage, vent, chasseurs plus matinaux qu’elle, … c’était suffisant pour la réveiller. En revanche, chaque fois qu’elle se redressait dans son lit, elle pouvait voir le visage de sa sœur éclairé par les rayons de la lune ou les premiers du soleil et c’était un visage détendu et frais qu’elle observait. La couverture se soulevant doucement et légèrement à un rythme régulier, aucun signe de tracas lisible sur les traits de son visage. Le sommeil des justes. Rumer ne pouvait être réellement surprise de ne pas avoir droit à des nuits semblables. Avalon ne se prêtait pas à ses activités illégales, elle, et elle n’avait pas à avoir la peur de se faire réveiller en sursaut par l’enfoncement de la porte. Par une troupe de pacificateurs envoyée du Capitol pour saisir les rebelles des districts, la peur qu’on la traîne de force au centre du district pour l’exécuter. Ils ne viendraient pas pour elle. Rumer ne pouvait pas s’offrir le luxe de dormir à poings fermés. Si ce n’était pas ces pires craintes qui la tenaient loin des bras de Morphée, c’était les cauchemars sur Billie qui la renvoyait à la réalité. Cinq ans après la mort de sa sœur, les nuits de Rumer étaient encore hantées par le visage doux et innocent de sa cadette, mourant injustement dans une des arènes des gamemakers. Un craquement résonna dans la maisonnette du district 12. Les vieilles planches du plancher étaient suffisantes à l’avertir qu’il y avait du mouvement anormal. Avant même de réaliser ce qui se passait, Rumer glissa sa main sous son oreiller pour empoigner son couteau – pas son arme de prédilection, mais elle pouvait lancer avec précision sur des cibles relativement éloignées – et se leva d’un bond silencieux, sans réveiller Avalon. Avançant lentement vers la porte fermée de leur chambre, les événements de la journée lui revinrent en tête. Julian. On avait dû le voir en sa compagnie, les gens du district commençaient à réaliser que le chef rebelle devait bien se loger quelque part durant ses visites et, pour les plus logiques, le nom Sweenage leur apparaissait en tête. Sortie de la chambre, Rumer réalisa que la porte de la chambre qui était autrefois celle de ses parents était entrouverte. Son cœur se resserra dans sa poitrine. Était-il trop tard? L’avait-on emmené ou bien tué sur place? Le cœur débattant, Rumer s’y rendit silencieusement, ne sachant si les assaillants de celui qu’elle aurait suivi à travers n’importe quel plan étaient toujours là. Vide. Le lit, la pièce, tout était vide.

Rumer se retourna et constata finalement la porte d’entrée de sa demeure qui était entrouverte. Si elle se dépêchait, elle pourrait peut-être suivre leur piste et se rendre jusqu’à Julian, elle avait tout de même des années de chasse et de pistage d’expérience. Elle avait d’ailleurs toujours dit que les peacekeepers n’étaient pas plus intelligents que les lapins et dindons qu’elle tuait dans les bois. Son emprise se resserra d’avantage sur la poigne de son couteau quand un second son anormal se fit entendre, comme un raclement de gorge. Étaient-ils encore sur les lieux? Ne pouvant tolérer de laisser sa sœur dans un environnement insécurisé, Rumer se rendit rapidement à la porte d’entrée qui menait vers le petit balcon de la maison. Pour sa propre sécurité, elle prit la peine de regarder par un carreau si la zone était libre. Julian. Là, assis dans la marche du porche, complètement sain et sauf. Rumer laissa un léger rire s’échapper de ses lèvres, sentant tout le poids du monde lui glisser de sur les épaules. Il était en vie, tout allait bien. Elle posa son couteau sur la table près de la fenêtre et sortit à l’extérieur. La blonde hésita quelques secondes avant de faire un pas. S’il était sortit, c’était peut-être justement pour éviter de les croiser, elle et sa sœur. Mais si elle retournait se coucher maintenant, Rumer savait qu’il n’y avait aucune chance qu’elle puisse se rendormir après les émotions qu’elle venait de vivre. Elle décida d’aller le rejoindre. « Tu n’arrivais pas à trouver sommeil non plus ? » lui lança-t-elle doucement alors qu’elle faisait la dernière enjambée avant de s’asseoir sur la marche à côté de lui. Rumer avait bien réussi à dormir, mais elle croyait préférable de lui cacher la partie où elle croit qu’il a été tué ou kidnappé par des chiens de poche de Snow. « J’espère que ce n’est pas à cause du lit… Je sais qu’on pourrait être plus confortable couché dans la prairie, sur l’herbe, mais … » Elle divaguait légèrement, parlait rapidement. Nerveuse. C’était l’effet qu’il avait sur elle, comme si elle était en train de parler à quelque chose de plus grand que nature, tout simplement.


Dernière édition par Rumer I. Sweenage le Lun 5 Sep - 20:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN.   Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN. Icon_minitimeJeu 1 Sep - 0:38

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Même un chef des rebelles avait besoin d'une bonne nuit de sommeil - même si elles se faisaient rares. Habituellement, lorsque son devoir le poussait à séjourner dans les douze différents districts de Panem, Julian trouvait une vieille cabane abandonnée où se reposer situé au fin fond des bois ou encore il se bâtissait un camp improvisé à l'abris de tout regard. Il arrivait parfois que ses acolytes proposaient leur demeure le temps d'une nuit, mais il tentait d'éviter de mettre quiconque en danger s'il le pouvait. Mais il y avait cette jeune Sweenage... Cette petite blonde rebelle qui avait croisé sa route il y a quelques années lors d'une rencontre de rebelles dans le neuvième district. Elle démontra dès le premier abord un fort désir de participer au mouvement anti-Capitole et elle ne s'était pas fait priée pour proposer sa demeure comme refuge au chef Kennedy-Fawkes lors de ses visites. Julian avait longuement hésité. Elle ne vivait pas seule, elle avait une soeur qui ne faisait pas partie des rebels - de ce qu'il savait - et d'héberger au même endroit plusieurs nuits le mettait d'autant plus à risques. Cependant, il était difficile après avoir passer des jours à dormir sur un terrain dur parcouru de racines de refuser un bon lit aux oreillers moelleux. Enfin, ce n'était pas le gros luxe, mais ça lui rappelait la maison. Finalement, il craqua. Au départ, il évitait de rester plus de quelques heures, mais avec le temps, de fois en fois, il se sentit comme chez lui. Ce qui n'était peut-être pas une bonne chose.

Une autre raison pour laquelle il hésita à accepter l'offre de Rumer est sans aucun doute ses rêves agités. Ses songes sont constamment hantés par des images barbares et sanguinolentes. Des vestiges des Hunger Games. Depuis sa victoire aux Jeux, Julian vit dans un stress perpétuel où ses nuits sont perturbées par des rêves lui rappelant la gratuité de ses gestes face aux autres tributs de l'époque. Il revoyait souvent cette jeune femme, âgée de seulement treize ans, avec ses cheveux d'ébènes et ses yeux de chat. Il revivait cette même scène, celle où il entendait un bruit suspect à ses arrières, le rendant nerveux et crispé. Il avait de nouveau seize ans, les bras légèrement musclés, mais qui ne manquaient pas de puissance. Dague à la main, il sentait son corps se retourner à cent quatre-vingt degré en une fraction de seconde alors que la lame de sa dague s'enfonçait cruellement dans la chair de la menace juste derrière lui. Et le voilà qu'il observait des yeux aussi jaunes que gris le supplier alors qu'une main empoignait désespérément son épaule. Du sang coulait le long de sa main qui ne pouvait lâcher prise contre le couteau, son sang. celui de cette pauvre tribut du district cinq. Si jeune... Si fragile... Si innocente... Et la vie s'échappait de ses yeux alors que son corps s'effondrait contre le sol.

En un sursaut violent, Julian ouvrit les paupières, la respiration anormalement fébrile et le corps enduit d'une sueur froide. Son coeur palpitait brutalement dans sa poitrine et ses mains tremblaient comme cette fameuse nuit où il enleva la vie d'une pauvre innocente... Il se redressa sur le lit aux draps à présent trempés et s'installa au bord du matelas, ses pieds percevant un sol froid contre sa peau brûlante. Déglutissant péniblement, il tenta de chasser ce souvenir de son esprit, frottant nerveusement son visage crispé par l'angoisse. D'un geste impulsif, il attrapa son sac de voyage et fouilla fébrilement à l'intérieur. Lorsqu'il mit la main sur une grande bouteille de verre, il l'extirpa du sac et s'empressa de la déboucher d'un mouvement maladroit. Portant le goulot à ses lèvres, Julian but une longue gorgée de whiskey, sentant l'alcool lui brûler la gosier. Lorsqu'il n'eut plus de souffle, il abaissa la bouteille et grimaça au goût désagréable du liquide alcoolisé. Il savait que ça ne réglerait rien, mais ça lui faisait du bien... Enfin, pour un bref instant. Il sentit un haut le coeur lui retourner bientôt l'estomac, se maudissant d'avoir poser un geste aussi impulsif dans son état actuel. Il déposa simplement la bouteille à moitié vide sur le plancher, saisit son jeans qu'il enfila par-dessus son short et quitta précipitamment la chambre où il reposait. Ne prenant même pas la peine d'enfiler un t-shirt, il s'orienta dans le noir de la maisonnée, direction la porte d'entrée afin de prendre une grande bouffée d'air. Il mit le pied à l'extérieur, laissant la porte entrouverte derrière lui, et s'appuya contre la rampe du porche, emplissant ses poumons d'air frais du soir. Calmant peu à peu son coeur affolé, Julian reprit ses esprit et parvint à retrouver une parcelle de lucidité. Il n'était pas dans l'arène, mais au neuvième district. Il n'était plus un tribut, mais un des chefs des rebels de Panem. Et il avait le pouvoir de faire cesser ce genre de meurtre. Après un moment, il s'installa sur les marches du porche et observa l'horizon plongé dans les ténèbres, l'air songeur. C'est alors qu'une voix l'extirpa de ses songes, mais ne lui fit pas tourner la tête. Il savait qu'il s'agissait de Rumer. Renfermé, il demeura muet face à la question qui lui était attribué, comme s'il s'édifiait une carapace aussitôt que quelqu'un s'approchait de lui. Il aperçut la jeune rebelle s'asseoir à ses côtés et ne quitta toujours pas son point fixe du regard. Mais finalement, suite aux paroles de la blondinette, Julian brisa sa contemplation et regarda brièvement cette dernière. « T'inquiète, le lit est beaucoup plus confortable qu'une prairie, crois-moi » rassura-t-il d'une voix qui n'avait rien de chaleureuse. Il n'était pas très doué dans le domaine de toute manière. Laissant un silence planer au-dessus leurs têtes un petit moment, Julian prit l'initiative de poursuivre la conversation. De toute manière, valait mieux se changer les idées d'une façon ou d'une autre au lieu de se torturer par des souvenirs du passé. « Et pourquoi tu es debout, toi ? » Ce n'était pas un reproche, mais plutôt... un questionnement.
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MessageSujet: Re: Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN.   Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN. Icon_minitimeVen 2 Sep - 5:58

Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN. Tumblr_lpbt4p9uhB1qjw1a3o1_500

« T'inquiète, le lit est beaucoup plus confortable qu'une prairie, crois-moi. » Rumer esquissa un sourire en regardant Julian. Il n’avait pas seulement levé les yeux vers elle depuis qu’elle était sortit à l’extérieur. Il y avait cette dureté dans sa voix, une froideur habituelle peu réconfortante, qui lui donnait envie de rire. Pas un rire gras, aux éclats. Un petit rire soufflé, à moitié amusé et à moitié incrédule. Elle parvint à retenir ce souffle moqueur au fond de sa gorge, mais elle secoua légèrement la tête. Il semblait vouloir couper tout moment relativement normal de sa vie, tout instant qu’on pourrait qualifier d’heureux. Chaque fois qu’elle préparait la maisonnette pour la visite du chef rebelle, Rumer se fabriquait des attentes. Elle se disait que cette fois-ci, ils pourraient peut-être s’installer dans ce coin un peu vide qu’ils appelaient ‘salon’, où il y avait un canapé juste assez rembourré pour ne pas être considéré comme un banc et une chaise avec la table basse sur laquelle était déposée, au coin de la pièce, la vieille télévision. Cette télévision où Rumer, Avalon et leur père avaient regardé leur bien-aimée Billie se faire enlever la vie injustement par une fillette qui n’avait pas plus l’étoffe d’une gagnante que sa cadette. Rumer chassait le plus qu’elle le pouvait afin de vendre et de faire des échanges contre des victuailles de valeur. Cette fois-ci, elle avait acheté du thé et des biscuits secs, mais sucrés. Elle avait ramassé ce petit panier de baies tendres et juteuses. Le dessert parfait pour ‘passer au salon’ et continuer la discussion passionnante qui aurait court lors du repas. Bien entendu, il ne parlait pas vraiment. Répondait aux questions que Rumer posait – d’abord avec entrain puis avec détachement vers la fin du repas – et, bien entendu, il ne manquait pas de remercier les sœurs Sweenage pour leur hospitalité avant de partir vers un autre district. Un simple remerciement, comme s’il comptait chacun des mots qu’il prononçait dans la journée, comme s’il avait une limite quotidienne qu’il ne pouvait dépasser. D’un autre côté, c’était quelque chose que Rumer appréciait de chez Julian. Il ne parlait pas pour ne rien dire. Quand il ouvrait la bouche, tout le monde se taisait automatiquement, instinctivement, afin de l’écouter. Il ne gaspillait pas sa salive et ne semblait dire que les bons mots pour encourager et rallier les troupes de rebelles parfois découragés en temps durs. Aussi, sa froideur. Peut-être était-elle trop plongée dans une ambiance de compassion et de fausse gentillesse et, ainsi, ce manque de tact et cette raideur lui apparaissaient comme rafraichissants. Partout où elle allait dans le district, elle restait la pauvre ainée des Sweenage, celle qui avait du vieillir trop vite. Celle qui avait enterré sa mère, qui avait dû jouer le rôle d’une grande sœur et d’une mère pour ses cadettes et celle qui avait perdu une sœur et son père en l’espace d’un an. Celle qui faisait partie de tellement d’activités illégales qu’elle jouait le rôle de coussin de sécurité pour tant d’habitants du district. Celle dont tout le monde avait une certaine gratitude à son égard. Pourquoi s’inquiéter d’aller chasser un peu plus loin que permis quand on a une braconnière endurcie qui héberge un membre important de la rébellion sous son toit? S’il y a une séance de fouettage sur la place publique organisée pour bientôt, Rumer semble une cible plus probable. Heureusement que les peacekeepers du District 9 étaient plus dociles et peu portés sur la violence, tout comme le maire… Mais avec le mouvement rebelle qui devenait de plus en plus fort et répandu, il fallait s’attendre à voir certaines vis être resserrées par Snow et son Capitol.

N’osant pas briser le silence que semble tant apprécier Julian, Rumer se contentait de l’observer et d’écouter attentivement la symphonie de la nature. Des criquets qui sifflent, des hiboux qu’on peut entendre hululer de la forêt et le vent qui fait frémir l’herbe assoiffée par le manque de pluie et de soins. Quelques mèches de ses boucles d’or voltigeaient autour de son visage et Rumer ferma les yeux, respirant l’air frais. Elle se demandait ce qui se passait dans les autres districts. Elle se demandait quelle serait la prochaine destination de Julian et elle ouvrit les yeux. Elle avait l’impression de ne pas avoir quitté le district depuis des siècles. L’impression d’être inutile s’emparait d’elle chaque fois qu’elle se sentait en train de prendre racine dans le district, jalousant secrètement la vie mouvementée de Julian. Rumer le regardait attentivement et elle ne pouvait s’empêcher de ressentir de la curiosité. D’où provenait cette citatrice sur son visage? Et celle sur son épaule… Sans parler de celles qui donnaient du caractère à son torse. Elle releva les yeux rapidement, sentant une chaleur s’emparer de ses joues. La rebelle réalisa juste à temps que sa main glissait le long de sa propre cuisse, les doigts s’étirant pour aller tracer la peau cicatrisée sur l’avant-bras de Julian. « Et pourquoi tu es debout, toi ? » Sa main remonta sur sa cuisse et ses doigts trouvèrent rapidement la bande de dentelle qui ornait la bordure de son short de pyjamas. Ironiquement, son ensemble le plus beau était son pyjama, celui que pratiquement personne ne voit. Elle l’avait eu gratuitement lors d’une visite au Capitole. Le propriétaire de la boutique étant un informateur précieux aux rebelles. Repartir les mains vides aurait été trop louche. « Je venais me prendre un verre d’eau et puis j’ai remarqué que la porte de la chambre était ouverte… » Répliqua-t-elle nerveusement. Rumer croyait préférable de ne pas mentionner qu’elle a cru qu’il venait de se faire enlever et qu’elle était prête à pourchasser ses assaillants. Une luciole passa devant eux, éclairant à des intervalles de quelques secondes, les laissant voir son trajet. Une vague de nostalgie s’empara de la blonde. Elle avait passé un nombre incalculable d’heures avec Billie, assises là, à observer les mouches à feu. Bille… « C’était comment dans l’arène ? » Les mots avaient quitté sa bouche avant même que son cerveau ne les analyse, avant qu’elle ne puisse les retenir. Elle regrettait d’avoir posé la question et elle sentait son cœur se nouer, les images encore claires dans son esprit, de sa sœur tuée en tête. Mais elle se demandait comment elle avait vécu ses derniers jours. Comment c'était d'avoir la conviction qu'on allait mourir, sans savoir comment, quand ni qui nous tuerais. De savoir qu'à n'importe quel moment quelqu'un pouvait nous suivre et planifier notre meurtre.
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MessageSujet: Re: Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN.   Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN. Icon_minitimeLun 5 Sep - 20:59

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Parler pour le simple plaisir de parler. Julian en avait perdu l'intérêt avec le temps. En fait, il n'y voyait pas l'utilité mis à part de perdre son temps et sa salive. Généralement, Julian préférait garder le silence s'il n'avait rien d'intéressant à communiquer, attitude qui ne plaisait peut-être pas à tous. Il pouvait paraître si froid et si distant avec les autres humains qu'on pouvait certainement s'interroger sur ses intentions en tant que rebelle. Mais tout était à l'intérieur. Son envie de prendre soin des gens, de construire un monde meilleur était plus présent qu'il ne le laissait paraître. Et il était beaucoup plus sensible au sort des habitants que Panem que l'on pourrait croire. Cependant, dans ce monde, en tant que chef des rebels, il se devait de garder une certaine distance émotionnelle, sinon il ne saurait rallié ses troupes avec autant de jugement et de conviction. Parfois, il était bien difficile de garder la tête haute et d'afficher un visage si dur et si fort... Mais ses cauchemars lui rappelaient, nuit après nuit, pourquoi il s'acharnait à cette cause. Et il tentait du mieux qu'il le pouvait de dissimuler cette faiblesse, son incapacité à effacer ses vieux traumatismes. Mais comment pouvait-il camoufler ses rêves agités lorsqu'on partageait la demeure d'une rebelle ? Il craignait à présent que les jeunes Sweenage n'aient perçu du grabuge en provenance de sa chambre, qu'elles n'aient été témoin de cette même faiblesse qui le hantait depuis des années maintenant. Ce n'était pas une question d'orgueil, mais plutôt celle de l'image. Il avait un masque à garder, sinon il perdrait rapidement sa crédibilité, enfin c'était ainsi qu'il voyait les choses. Julian n'avait pas honte de ses cicatrices, des marques du passé, mais moins il s'ouvrait aux autres rebelles, mieux il entretenait son image d'autorité et de leader. Donc, face à une fille aussi dévouée et aussi admirative que Rumer, Julian ne pouvait faire preuve de fragilité. Il n'était pas dupe, il voyait comment à chaque fois qu'il venait séjourner dans son district, elle se démenait pour faire de son temps de visite le plus agréable possible. Les bons repas qu'elle lui préparait, la chambre bien rangée qu'elle lui offrait et sans compter toutes les autres petites attentions qu'elle lui présentait ouvertement. Son regard était toujours brillant d'un tel enthousiasme et d'une telle vénération qu'il en était mal à l'aise. Il n'avait rien d'un héros ou d'un sur-humain. Si seulement elle savait toutes les erreurs qu'il avait pu commettre dans le passé, elle ne serait plus aussi admirative qu'elle pouvait l'être en ce moment. C'était l'une des raisons pour laquelle il tentait le plus possible d'éviter son regard. Il parvenait à tenir une conversation en sa compagnie, mais plus il conversait, plus il se renfermait sur lui-même. Malgré tout, il appréciait ses moments ensemble, car elle parvenait pendant un bref instant à lui faire oublier la misère de ce monde en discutant de tout et de rien...

La présence de Rumer lui mettait bizarrement une pression sur les épaules. Elle débarquait à un moment non propice à la conversation puisque sa tête était toujours lourde par cette image traumatisante de la mort de cette jeune tribut du cinq. Et malgré tout, malgré ce léger malaise et ses tentatives de camoufler la moindre émotion, Julian poursuivit l'entretien. Parfois, lorsqu'il se retrouvait seul avec ses sombres pensées, il était mieux de se changer les idées que de perpétuer ce moment de dépression. Mais Julian n'écoutait les dires de la blondinette qu'à moitié, le regard perdu dans le vague. Il remarquait à peine le bruit de la nature qui emplissait l'air, les astres brillants qui illuminaient le ciel ou cette petite luciole qui vint se pavaner à leurs avants. Cependant, lorsque la douce voix de son interlocutrice parla de l'arène, la réalité sembla le frapper de plein fouet. Il sentit son corps se crisper en entier et son coeur reprendre son tambourinement déchaîné. Les traits de son visage se décomposèrent presque automatiquement alors que sa tête se tournait instinctivement vers Rumer. Ses claires prunelles démontrèrent tout d'abord de la surprise tout comme une douleur bien profonde qui refaisait soudainement surface. Son regard demeura longuement ancré dans celui de la rebelle, abaissant cette épaisse carapace qui ne le quittait jamais. Presque aussitôt, cette douleur qu'il a laissa percevoir se rétracta afin de laisser place à ce que l'on pourrait croire de la colère ou de l'agacement. L'homme détourna alors le regard et appuya ses avant-bras contre ses cuisses, la tête maintenant basse. Il connaissait la raison pour laquelle elle abordait soudainement le sujet. Il savait que l'une de ses soeurs avait participé aux Hunger Games et qu'elle ne s'en était pas sorti sain et sauf... Il ne saurait imaginé le sentiment de devoir observer une personne que tu aimes mourir dans un vulgaire écran de télévision... Il comprenait son intention, mais il n'en était pas moins troublé. Il laissa échapper un long soupir d'entre ses lèvres, visionnant des images des 63ième Jeux de la Faim derrière ses paupières closes. « Tu deviens à la fois le gibier et le chasseur. Dans l'arène... tu n'es qu'un pion » dévoila-t-il la voix basse et rauque. Il aurait bien aimé pouvoir la rassurer, lui dire combien on surestimait la tension lors des Jeux, que tout était plus facile et plus simple qu'en apparence, mais il ne pouvait mentir. Il ne parvenait pas à se couvrir le visage, sourire gentiment et divulguer des absurdités pour consoler les craintes d'une rebelle en quête de réponses. Redressant la tête, ses paupières se rehaussèrent et ses mains se crispèrent nerveusement entre elles. Il toisa l'horizon, sentant une nouvelle sueur froide perler sur son front. « Tout ce que tu sais est mis à l'épreuve, toutes tes valeurs, ta morale n'a plus aucune importance. La mort plane au-dessus de ta tête à chaque seconde, elle te guette même dans ton sommeil, elle devient ton ombre. Tuer ou te faire tuer, c'est eux ou toi. Tu oublies qu'il ne s'agit que d'un jeu, tu oublies qui tu es vraiment. Tu es un animal qui se bat pour sa survie. Un être primitif qui se réjouit presque de la mort d'autrui. » Sa tête tomba à nouveau et il murmura faiblement entre ses lèvres crispés: « Vaut mieux y rester que d'en sortir vainqueur. » Sa mâchoire se contracta durement, revivant soudainement la sensation que procure la participation aux Hunger Games. Ce mélange de crainte, d'appréhension et d'adrénaline qui s'écoule constamment dans les veines. Ce sentiment contradictoire de soulagement lorsqu'un tribut perd la vie par des mains autres que les tiennes et de dégoût alors qu'une victime de plus souille les mains du Capitole. Et malgré tout, le meurtre est inévitable. Julian n'a pas eu le choix, il devait tuer pour gagner. Mais aujourd'hui, plus de dix ans plus tard, il regrettait parfois de ne pas avoir péri à la place de cette fille en provenance du district cinq... De manière égoïste, dans ses moments les plus sombres, il souhaitait ne plus être de ce monde.
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MessageSujet: Re: Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN.   Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN. Icon_minitimeLun 12 Sep - 7:29

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Le capitole s’arrange pour que les districts n’entretiennent aucun contact les uns avec les autres. Seulement lors des Jeux, ou lors de la tournée qui clôture la célébration du dernier vainqueur. Le capitole s’arrange pour que les districts se sentent tous seuls au monde, seuls avec le Capitole qui ne cesse d’enfoncer ses propagandes et ses menaces dans le crâne de chacun des habitants de Panem. La mort au district neuf pouvait provenir d’une maladie – les hivers étaient très froids et plusieurs chasseurs avaient dû y laisser quelques membres ou même leur peau suite à des engelures dans la forêt. Il y avait les rares, mais pas inexistants accidents d’électricités, les accidents de chasse et les Jeux. Les Jeux qui ne manquaient pas de faire deux morts à chaque année dans le District Neuf. Mais, sans les Jeux, comment seraient-ils morts ses enfants? Était-ce leur destin de périr si jeunes, si impuissants? Elle avait déjà entendu des femmes au marché parler du destin, de la fatalité. Est-ce que Billie serait morte d’une forte fièvre si elle n’avait pas été pigée? Rumer n’y croyait pas. Sans les Jeux, Billie serait couchée, paisible, dans son lit à quelques mètres d’elle. Et Julian? Sans les Jeux tordus du Capitole, où serait-il? Dirigerait-il quand même une armée d’habitants enragés contre le Capitole ou mènerait-il une vie banale en tant que bûcheron chez lui au Septième district? Elle ne le saurait jamais et Julian non plus. « Tout ce que tu sais est mis à l'épreuve, toutes tes valeurs, ta morale n'a plus aucune importance. La mort plane au-dessus de ta tête à chaque seconde, elle te guette même dans ton sommeil, elle devient ton ombre. Tuer ou te faire tuer, c'est eux ou toi. Tu oublies qu'il ne s'agit que d'un jeu, tu oublies qui tu es vraiment. Tu es un animal qui se bat pour sa survie. Un être primitif qui se réjouit presque de la mort d'autrui. » Les paroles de Julian frappaient. Droit au cœur, droit dans cette plaie toujours ouverte – qui ne pourrait très probablement jamais cicatrisée – qui représentait le disparition de sa sœur pour les Jeux, puis sa mort. Bien sûr qu’elle avait souffert. On parlait tout de même d’une victime du Capitole. Ils souffraient tous. Rumer avait toujours essayé de se consoler, de se faire croire que sa mort avait été paisible. Idéale vu la situation dans laquelle elle était. Injuste, évidemment. Mais rapide et sans trop de douleur. Elle avait été tuée par une des deux tributs que Rumer voulait voir gagner – si sa sœur devait mourir, évidemment- les deux tributs du troisième district. Elle ne pouvait que se mettre dans la peau du garçon qui avait tout fait pour protéger sa cadette dans l’arène. Elle était une grande sœur, elle ne survivait que par cette force amenée par le puissant désir de vouloir faire survivre ses sœurs, animée par l’ambition de les garder en sécurité. Elle n’avait rien pu faire pour Billie le jour de la moisson. Elle était trop âgée de seulement une année. Une seule année… La simple pensée de ce jour lui ramenait des larmes au coin des yeux – des larmes de rage. Clignant des yeux quelques fois, prenant de longues inspirations silencieuses, Rumer parvint à les combattre. Elle avait l’impression de devoir se montrer forte. Surtout devant Julian. « Vaut mieux y rester que d'en sortir vainqueur. » Cette réplique perturba Rumer, profondément. Sa main qui empoignait fermement le bas de son pyjama – auquel elle s’accrochait comme s’il s’agissait du dernier lien avec le réalité, sans quoi elle se perdrait dans un lieu lugubre, quelque part parmi ses cauchemars et les images de sa sœur, un pieu enfoncé dans la poitrine – saisit la main de Julian. Ses ongles s’enfonçant dans la paume de la main du rebelle, seulement à moitié consciente de ses gestes. Les larmes que Rumer avait réussit à vaincre quelques instants auparavant avaient refait surface et, cette fois, elle ne put toutes les retenir. En silence, quelques larmes coulèrent lentement en ligne droite sur ses joues. De la même façon que le courant emportait l’eau dans la rivière à côté de son lieu de chasse de prédilection. Un part d’elle voulait trouver un réconfort dans les paroles de Julian, se laisser convaincre que sa sœur est mieux là où elle est. Probablement dans un lieu paisible que certains appellent le Paradis. Ce lieu, pour Rumer, n’avait pas de nom, mais elle l’imaginait bien. Un endroit où la brise amène le vent frais et la fraîche odeur du printemps. Où les nuits ne sont jamais entièrement sombres, illuminées par la danse des lucioles. Un endroit où sa sœur pourrait se reposer en attendant que son temps vienne, un endroit où elles se rejoindraient un jour. Mais elle n’y trouva pas le réconfort qu’elle recherchait désespérément depuis cinq ans. Non. Elle n’y trouva qu’une pénible sensation de vide, le néant. Julian… Un homme établi, fort et courageux… qui par la simple force de sa voix, de ses mots toujours bien calculés, pouvait rallier des troupes, donner courage à ceux qui avaient tout à perdre. Il souffrait. Il souffrirait probablement pour le restant de ses jours et elle n’y pouvait absolument rien.

Si elle s’était accroché à son vêtement comme s’il était le seul lien entre elle et la réalité, désormais c’était à la main de Julian qu’elle s’accrochait comme si sa vie en dépendant. C’était un peu le cas. Sans lui, la résolution ne serait en rien ce qu’elle devient. Sans lui, Rumer serait une chasseuse frustrée qui, pour se venger du Capitole, ne trouve rien de mieux à faire que de mentir sur ses prises et s’imaginer faire sauter le barrage hydro-électrique. Elle ne serait rien. Rien d’autre qu’un numéro parmi un large bassin de gens blessés par les Jeux et ses dommages collatéraux, un numéro parmi tous les habitants de Panem, marionnettes du Capitole. Pour la première fois, en posant son regard sur Julian, Rumer pouvait voir un homme. Pas un le surhomme, ou le super héros autour duquel se créait un véritable mythe parmi les districts de Panem. Seulement l’homme, derrière la carrure imposante, les combats à l’épée et les cicatrices qui viennent avec. La blonde saisit le visage de Julian dans ses mains tremblantes, le forçant à la regarder droit en face, et plongea son regard droit dans le sien. « Il y a de ses gens qui sont nés pour de grandes choses. Dont l’existence semble réellement justifiée… Et, crois-moi, tu es l’un de ceux-là. Si quelqu’un peut guider Panem vers un avenir meilleur, c’est bien toi. » Et d'autres qui ne seraient jamais plus que des pions. Comme elle. Rumer hésitait à continuer. Elle n’était pas bonne avec les mots, elle ne l’avait jamais été. Pas comme Julian l’était. Elle passait ses journées dans le bois à chasser dans le plus complet des silences. Ce qu’elle manquait en éloquence, elle le rattrapait avec sa précision lorsqu’elle tirait. C’était ce qui comptait, ici au Neuf. « Tant que tu vivras, tant que tu guideras tes troupes, ta vie aura un sens et jamais la Révolution ne tombera dans l’oubli ou dans la défaite. » Gênée, Rumer baissa ses mains, brisant le contact avec Julian. Elle ne pouvait qu’être reconnaissante que ce soit au beau milieu de la nuit, on ne pouvait pas distinguer la teinte rosée que prenaient ses joues.
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MessageSujet: Re: Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN.   Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN. Icon_minitimeMer 14 Sep - 23:06

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Les paroles d'un homme au coeur brisé par ses fantômes du passé. Elles pouvaient troublées, elles pouvaient rendre maussade tout comme indifférent, elles pouvaient touchées d'autres cicatrices similaires. L'homme cherche constamment un point de repère, quelqu'un qui lui ressemble et qui partage ses peines, ses déceptions, ses frustrations, ses joies. Le partage réconforte et rend plus fort alors que ces vieux démons ne deviennent que de brefs souvenirs parmi lesquelles une harmonie a été trouvé. Cependant, certaine personne, comme Julian, ne parvient pas à ouvrir ses pensées à autrui. Les blessures rongent, pourrissent petit à petit, créant un être froid et susceptible, vulnérable et antipathique. Heureusement, Julian parvint avec le temps à vivre avec ses blessures, avec ses sombres souvenirs, mais il n'en était pas pour le moins guéri... Il n'avait que repoussé ses idées, il les a tout simplement entreposé dans un coin de sa tête, espérant ne plus jamais devoir y jeter un oeil. Mais inévitablement, les plaies non-cicatrisées finissent par s'infecter et la douleur n'en est qu'amplifiée. La vie en tant que simple habitant de Panem était si ardue et si oppressante qu'il existait certainement quelqu'un, quelque part, qui partageait son mal refoulé. Même si cette idée pouvait paraître réconfortante, Julian refusait de chercher, de trouver, de partager. Peut-être qu'autrefois, alors qu'il n'avait que seize ans et que son traumatisme suite aux Jeux de la Faim était encore frais et saignant, s'il avait pris les choses en main et avait décidé de régler ses peurs et ses doutes sans se construire cette épaisse carapace devant son visage, peut-être n'en serait-il pas rendu à ce point aujourd'hui. Peut-être que ses cauchemars auraient cessé, peut-être serait-il un meilleur dirigeant... Voilà des années que Julian trimbale un lourd bagage derrière lui, tel un boulet accroché à sa cheville, et c'était la toute première fois qu'il sentait la vulnérabilité prendre possession de ses moyens. Le mur édifié devant lui semblait s'abaisser tranquillement, sans qu'il ne puisse rien faire pour le contenir. Il demeurait inerte, sa concentration portée sur cette faiblesse qui faisait soudainement surface et qui l'exposait beaucoup trop. Comment réagirait Rumer s'il laissait tombé son masque et qu'il s'effondrait comme un enfant ? Comment pourrait-elle ensuite lui faire confiance en tant que leader après avoir aperçu ses sombres désirs ? Oui, il avait souvent songé à la vie... à la mort... Adolescent, il ne voyait qu'une seule solution pour mettre fin à sa souffrance: le suicide. L'idée était si attrayante, si libératrice qu'il en rêvait parfois. Ces rêves étaient si doux, si invitants comparativement aux songes de meurtres et de sang qui pouvaient le hanter. Cependant, il ne tenta jamais rien... L'idée fleurissait dans son esprit, mais aussitôt il voyait sa famille, son frère, ses amis... Il songeait à leur sort, au deuil qu'ils devraient tous subir suite à cet acte égoïste. Il pensait également à Snow et son Capitole. Il ne voulait pas lui laisser le plaisir de le voir disparaître de Panem, une menace éliminer avant même qu'elle n'ait fait le moindre dommage. Peu à peu, la pensée de la mort s'estompa, se transforma en quête de rébellion et de liberté. Toutefois, dans ses moments les plus difficiles - généralement suite à d'horribles cauchemars lui remémorant les atrocités de son passé ou après avoir été témoin d'un meurtre gratuit, par exemple -, Julian rechutait. Et Rumer avait mis le doigt exactement où il fallait pour finalement apercevoir ce que le grand chef Kennedy-Fawkes pouvait camoufler derrière cette image d'autorité inébranlable. Mais la rebelle dut certainement pressentir son désarroi au travers de ses paroles venimeuses. Il savait que ce n'était pas ce qu'elle désirait entendre, qu'elle aurait peut-être voulu apercevoir une lueur d'espoir dans son discours pour lui donner la force de continuer. Mais comment transmettre de l'espoir alors que son coeur semble si vide et si terne ?

Il espérait ne pas avoir contrarié son hôte. Non par égoïsme, mais bien par sensibilité. Il connaissait son histoire et même s'il ne pouvait partager sa peine, il pouvait constater que l'expérience de perdre une soeur lors d'un jeu barbare marquait et blessait. Alors qu'il s'attendait à voir la fine silhouette de la jeune femme s'élever et le quitter brusquement, une étreinte apparue soudainement au niveau de sa main déposée contre sa cuisse. Ses yeux s'encrèrent aussitôt à ses petits doigts fins et délicats qui s'accrochaient presque avec désespoir la main de Julian. Son coeur accéléra subitement dans sa poitrine, sentant une chaleur incongrue s'immiscer jusqu'à lui. La force à laquelle elle s'agrippait... La signification de cette étreinte était beaucoup plus profonde à ses yeux que ce qu'elle pouvait laisser paraître alors qu'il ne se souvenait même plus la dernière fois qu'on l'avait touché de cette manière. Et cette insistance lui fut transmis, désirant que jamais elle ne lâche prise. Mais aussi fort était son désir de perpétuer cette caresse, cette étrange et soudaine marque d'affection, il ne fit rien. Il demeura immobile et silencieux, incapable de bouger le moindre muscle. Rumer éleva alors ses mains vers son visage et l'obligea à relever le regard. Un regard qui était devenu si expressif, si fragile... Le contact des mains de la rebelle contre sa peau provoqua une nouvelle vague de palpitations dans sa poitrine alors que sa mâchoire se contractait par... nervosité ? Par crainte ? Contraint de devoir faire face à Rumer, Julian tenta de contenir le plus longtemps possible cette envie inhabituelle de lâcher prise. Il remarqua brièvement un scintillement au niveau des joues de la jeune femme, comme si des larmes y déferlaient silencieusement... Ses prunelles ne purent examiner plus longuement puisque la blondinette s'adressa à lui d'une manière douce et réconfortante. Elle trouva les mots justes, lui divulgua ce que n'importe quel homme en peine avait besoin d'entendre. Il en demeura tout simplement bouleversé. Et du peu qu'elle lui dicta, ce fut suffisant pour que la barrière qu'il tentait de maintenir en place s'affaisse entièrement. L'étreinte contre ses joues s'évapora au même moment, le laissant à risque de retrouver sa solitude et son détachement habituels. Maintenant qu'il s'ouvrait, il ne désirait plus retrouver sa rigidité... Avant que Rumer ne puisse rétracter complètement les bras, Julian attrapa doucement ses mains entre les siennes, abaissant le regard. « Ru'... » Et ce fut la première fois qu'il l'interpella par un surnom, de manière aussi douce et aussi sensible. Il sentait la peau rafraîchie de ses mains contre ses paumes chaudes. Incertain, il les étreignit délicatement, fronçant légèrement les sourcils. Comment pouvait-il lui faire comprendre qu'elle était la seule personne depuis une éternité qui portait réellement attention à ses pensées et qui lui réchauffait le coeur ? Comment se faire pardonner de faire preuve d'une aussi grande faiblesse alors qu'il devrait être celui qui réconforte sa peine ? « Je suis désolé... Je ne devrais pas... » débuta-t-il alors qu'il sentait sa gorge se resserrer. Expirant longuement, il releva enfin le regard et observa les charmantes prunelles de la rebelle. « S'il existe réellement un monde meilleur, un endroit où nous cheminons une fois cette vie terminée... je suis certain que Billie s'y trouve et qu'elle te regarde. Et qu'elle est fière de toi. » Ces mots étaient sincères alors qu'il sentait - pour la première fois depuis une éternité - un voile cristallin venir légèrement embrouiller sa vision. Jamais il ne faisait preuve d'autant de douceur. Mais pour une fois, il désirait rendre ce que Rumer lui offrait depuis leur toute première rencontre: de l'intérêt et de l'admiration.
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MessageSujet: Re: Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN.   Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN. Icon_minitimeLun 19 Sep - 5:12

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Ses mains glissèrent lentement des joues de Julian, le bout de ses doigts l’effleurant à peine, donnant une légère caresse subtile. Avant que ses bras ne soient retombés complètement à ses côtés, Julian lui attrapa les mains. La peau chaude de ses mains qui enveloppait les siennes, sentant la chaleur se propager à travers son corps. Fascinée, Rumer ne trouvait la force en elle de détourner le regard. Elle fixait ses mains qui semblaient si petites et délicates dans les mains fortes et capables de Julian. Pourtant, elles étaient écorchées et cicatrisées de manière égale. Leurs paumes rugueuses, des mains qui avaient travaillé. « Je suis désolé... Je ne devrais pas... » Julian ne termina pas sa phrase et Rumer releva les yeux, posant son regard sur lui, ses sourcils froncés. Lisant dans les traits tordus de son visage, lisant la douleur qui y était imprégnée – une douleur qu’elle n’avait jamais réellement remarquée – Rumer ouvrit la bouche pour lui répliquer. Lui dire qu’il ne devrait pas s’excuser. Surtout pas. Que c’est inhumain de se refermer sur soi-même à ce point, que ça ne peut que causer d’avantage de dommages… Elle voudrait pouvoir exprimer à quel point de le voir souffrir lui brise le cœur. Elle s’en voulait. Rumer n’avait jamais remarqué ces signes pourtant présents, évidents, même, depuis qu’elle connaissait une fraction de sa douleur. Elle ne voyait que sa force, que le symbole dominant de la révolution qu’il était devenu. Elle était touchée par ses discours patriotiques à un point tel qu’elle ne pouvait qu’oublier que, à la base, il n’est pas bien différent des autres. Il a été blessé par le Capitole, par Snow et ses Jeux et il souffre encore de plaies qui ne pourraient jamais complètement guérir. Rumer ouvrit la bouche, à la recherche de paroles réconfortantes, ou peut-être une manière délicate de lui offrir des excuses. Mais il fut le premier à parler. « S'il existe réellement un monde meilleur, un endroit où nous cheminons une fois cette vie terminée... je suis certain que Billie s'y trouve et qu'elle te regarde. Et qu'elle est fière de toi. » La douceur, la tendresse même, de Julian surprit Rumer. Jamais il ne s’était adressé avec autant de gentillesse envers elle. Elle qui mettait sa vie en danger en l’hébergeant, mais elle ne lui en avait jamais tenu rigueur. Il était ainsi et Rumer l’acceptait. Elle ne l’hébergeait pas non plus pour qu’il lui lance des fleurs et fasse son éloge. Puis les mots la frappèrent de plein fouet. Que sa sœur soit morte dans l’arène n’était pas un secret pour personne, évidemment. Tout Panem avait vu Billie mourir, ce pieu enfoncé dans sa poitrine, cinq ans plus tôt. Et que le goût de venger la mort de sa sœur et d’offrir un meilleur avenir à la seule famille qui lui restait, Avalon, était sa motivation face à sa rébellion n’en était pas un non plus. … Pourtant, jamais Rumer ne s’était imaginé que Julian ait pu le retenir… Qu’il sache le prénom de sa sœur. Automatiquement, Rumer s’était raidie. Surprise, troublée. Son attention avait quitté Billie, avait quitté l’arène de la soixante-dixième édition des Jeux. Elle était complètement portée sur Julian. Rumer tira légèrement ses mains vers l’arrière, voulant les retirer de l’étreinte du rebelle. Avant de les avoir complètement retirées, elle s’autorisa à se détendre. Ses épaules retombèrent légèrement et Rumer expira lentement. Sa lèvre inférieure tremblait, sa vision s’embrouillait, mais elle ne le remarquait pas. Elle laissait les mots de Julian faire leur effet. Elle s’était imaginé ce scénario. Des milliers de fois, mais, de l’entendre dire par quelqu’un d’autre lui apportait une importance. Comme si cette pensée idéaliste et rêveuse pouvait être vraie, après tout. Son corps frêle se mit également à trembler, secouer par les quelques sanglots qu’elle retenait avec peine. Dans un moment de faiblesse, Rumer se jeta dans les bras de Julian.

Ses bras entourèrent son cou et sa main trouva refuge sur sa nuque, le bout de ses doigts près de ses cheveux. La notion du temps semblait avoir perdu toute signification pour Rumer. Les secondes auraient pu devenir des minutes, et des heures des secondes. Elle n’était consciente de rien… Sauf de la chaleur qui se propageait du corps de Julian à travers le sien, comme pour leurs mains auparavant. Il n’y avait que Julian, son rocher. Fort. Solide. Bien encré… Alors qu’elle partait à la dérive. Des images de sa sœur se bousculant dans sa tête. Heureuse, terrifiée, ou son dernier souffle lui glissant hors des lèvres. Ce visage qui hante ses nuits. Les yeux fermés, elle pouvait sentir quelques larmes perler au bout de ses cils avant d’aller s’écraser sur la peau de Julian. Après ce qui lui sembla une éternité, quand ses épaules cessèrent leurs mouvements saccadés, quand sa respiration redevint stable, Rumer brisa son emprise de sur Julian, déroulant ses bras qui s’étaient entortillés sur lui à la manière de deux serpents qui veulent étouffer leur victime. Elle releva légèrement sa tête du creux de l’épaule et du cou de Julian, hésitante. Devrait-elle s’excuser pour sa faiblesse? La nuit avait déjà prit une drôle de tournure. D’ordinaire, ils ne s’échangeaient que des banalités une fois le seuil de la porte de la demeure des Sweenage franchit. Ils ne parlaient jamais d’autre chose que de la rébellion. Que des développements au sein des autres districts, des événements importants à venir pour les rebelles. Comme Rumer refusait catégoriquement qu’Avalon s’approche de cet univers illégal, une fois sous le toit de la petite maison délabrée près de la forêt, il n’était plus question de continuer les discussions précédentes. Elle pouvait de toute façon ressentir que ce n’était pas quelque chose qui démangeait Julian. Elle ne devait être qu’une rebelle parmi tant d’autres – ce qu’elle est réellement, au fond – qui croyait suffisamment en lui pour lui ouvrir les portes de son foyer alors que, pour elle, il était ce qui la rendait forte. Ce qui lui redonnait courage. « Merci, Julian. » Avait-elle chuchoté tout en lui offrant un faible sourire. Sa voix était faible, un simple chuchotement à peine audible. Sa gorge retenait beaucoup trop d’émotions et de sanglots pour projeter sa voix comme à son habitude. Mais qu’y avait-il pour enterrer ses paroles? Il n’y avait qu’eux. Comme seuls au monde avec le vent qui faisait chanter les feuilles dans les arbres et quelques lucioles. Il l’avait entendue. Un seul mot semblait trop court pour exprimer la gratitude qu’elle avait à son égard, mais c’était le mot le plus sincère qu’elle eut prononcé depuis longtemps. « Pour tout… » Pour avoir réussi à appliquer un pansement sur cette blessure qui ne faisait que s’aggraver depuis cinq ans. Pour lui avoir donné une pensée à laquelle s’accrocher, autant idéaliste soit-elle… Pour lui donner le courage de risquer sa vie pour ses croyances, pour l’aider à offrir un futur plus beau à sa sœur et à tous les habitants des Districts qui vivent péniblement sous la dictature de Snow. À la pensée du Président, la phrase interrompue du rebelle lui revint en tête. ‘Je ne devrais pas…’. « Ton cœur… Ton cœur a souffert. Il souffre encore. » Leurs visages encore près, Rumer ne faisait que parler d’une voix basse alors qu’elle posait délicatement sa paume sur le torse de Julian, vis-à-vis son cœur. « C’est loin d’être une faiblesse. Tu ne devrais jamais t’en excuser… C’est ce qui fait que tu es si différent de Snow, qu’on est tous si différents de lui. Notre cœur, mutilé par son régime de dictature, il a soif de vengeance, soif de justice… » Les mots semblaient ironiques, surtout sortis de sa bouche à elle. Elle n’était pas bien différente de lui sur ce point. Ses yeux brillants, son admiration pour Julian n’avait pas été affectée par ce qu’elle avait vu. Au contraire, Rumer ne voyait qu’un homme encore plus fort devant elle.
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MessageSujet: Re: Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN.   Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN. Icon_minitimeVen 23 Sep - 4:48

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Comment était-il parvenu à enfouir autant de remords et de détresse au fond de lui pendant si longtemps ? Comment parvenait-il à vivre avec tous ses démons sans perdre littéralement la raison ? Dans la vie de tous les jours, alors que rien ni personne n'ébranlait ses sentiments, Julian y arrivait. Et c'était si facile de tout simplement écarter ses faiblesses au lieu de faire face à la réalité et d'afficher son talon d’Achille. Cependant, dans ses moments, alors qu'il perpétuait cette habitude néfaste de l'évitement, il ne se rendait pas compte de tout ce qui pouvait s'accumuler à l'intérieur après tout ce temps. Ce n'était seulement après que sa carapace fut percée qu'il réalisait combien il pouvait être fragile, malheureux et humain. Et lors de ces instants de vulnérabilité, il apercevait les gens qui l'entouraient d'un oeil tout à fait différent. En tant que chef, il ne pouvait accorder le moindre privilège à quiconque, le favoritisme n'était pas de mise. Il faisait confiance à certaines personnes, certes, mais de là à leur octroyer des faveurs particulières, jamais. Un attachement affectif n'était pas approprié dans de telles circonstances. Et pourtant... Son esprit commençait à voir plus clair, à décortiquer un peu plus la rebelle qui se tenait à ses avants et qui s'ouvrait librement à lui. Rumer. Une alliée banale du District Neuf qui chassait pour nourrir sa jeune soeur restante et qui tombait en pâmoison à la moindre vu du grand chef rebelle qu'était Julian. Non, elle était beaucoup plus que ça. Rumer était une femme forte, une rebelle dévouée à sa cause et à sa famille. Elle donnait corps et âme pour ses semblables et offrait davantage pour ceux qui occupaient une place de choix dans son coeur. Elle pouvait démontrer parfois un caractère dur et hautain, mais ce n'était qu'une façade. Au plus profond d'elle se cachait un coeur d'or, un désir prédominant de liberté et de générosité. Et Julian admirait son dévouement. Jamais elle ne semblait douter de ses gestes, de ses paroles ou de ses pensées. Elle assumait ce qu'elle était et cette qualité était tout en son honneur. Julian était à présent celui qui l'admirait et non le contraire. Ce qu'il avait accompli depuis le début de la révolution pouvait peut-être le faire voir comme un héros, un homme invincible et inatteignable, et pourtant ils étaient semblables au fond... Deux âmes blessés qui tentaient de survivre tant bien que mal et d'accomplir ce que leur coeur leur dictait. Julian ne se voyait pas très différent de Rumer. À dire vrai, plus il perpétuait cet entretien, plus il se voyait en elle. Il ne s'était jamais senti aussi près d'une personne - physiquement et psychologiquement - autre que son frère jumeau depuis qu'il gagna les soixante-troisième Jeux de la Faim. Et de sentir ses mains quitter sa peau aussi prématurément le poussa à recréer ce sentiment de proximité qui réchauffait si tendrement son être brisé. Mais alors que des mots qui se voulaient réconfortants franchirent ses lèvres, il aperçut un doute s'installer parmi la clarté de ses prunelles. Avait-il été trop déplacé ? S'avançait-il sur un terrain interdit ? Il n'avait voulu que rattraper le tir, lui procurer un sentiment de chaleur alors qu'il n'avait pas été à la hauteur lorsque l'occasion se présenta à lui la première fois. Julian sentit les douces mains de Rumer glisser entre ses paumes, déclenchant un signal d'alerte. Il s'en voulait. De quel droit pouvait-il se permettre d'affirmer de telles choses, d'aborder un sujet qui semblait toujours très délicat aux yeux de la blonde ? Il ne connaissait pas Billie, il l'avait seulement croisé brièvement au Capitole lorsqu'il était encore mentor pour le District Sept, mais jamais il ne lui était venu à l'esprit qu'il s'agissait de la soeur d'une des futures rebelles de Panem...

Julian entrouvrit les lèvres, sa tête cogitant à toute allure alors qu'il croyait avoir effectuer la pire gaffe qu'il pouvait accomplir en cet instant de vulnérabilité mutuel. Il désirait s'excuser. Démontrer que ses intentions étaient bonnes, que jamais il n'avait souhaité rouvrir de vieilles blessures toujours fraîches... Mais aucun son ne franchit ses lèvres. La corps svelte de Rumer s'élança soudainement vers l'avant, ses bras encerclant son cou et son visage s'enfouissant dans le creux de son épaule. Abasourdi, Julian demeura inerte, sentant des soubresauts lui être transmis par les membres tremblotants de la rebelle. Une étreinte qui fit bientôt valser ses pensées bien au-delà du sol terrestre. Il sentit le voile cristallin devant ses iris pairs brouiller sa vision alors que ses mains se posaient instinctivement contre le dos de Rumer. La sentir blottie dans ses bras, si vulnérable, si fragile, lui brisait littéralement le coeur. Il fut contraint de fermer les paupières le temps de ce moment de tendresse afin de contenir cette larme qui perlait doucement au coin de son oeil. Il répondit avec plus d'insistance à l'étreinte, tentant de calmer les tremblements de la jeune femme qui s'accrochait à lui comme s'il s'agissait de son dernier espoir. Bientôt, alors qu'il souhaitait que jamais elle ne se détache de lui, Rumer relâcha son emprise et lui fit lentement face. Son visage angélique était ravagé par un méli-mélo d'émotions qui toucha profondément Julian. Ce dernier se contenta d'observer les prunelles azurées de la rebelle, cherchant à comprendre ce que ses pleures signifiaient. De la détresse ? De la tristesse ? Et comme seule réponse, il eut des remerciements. Remerciements qui le laissèrent perplexe. Confus, il s'interrogea, mais ne chercha pas à comprendre, comme s'il connaissait la réponse au fond de lui-même sans toutefois vouloir le reconnaître. Le méritait-il vraiment ? Rumer le mettait sur un piédestal, voyant quelque chose en lui qu'il n'apercevait pas lui-même. Et il ne voulait pas connaître tous les détails de cet honneur qu'elle lui offrait... Il en deviendrait probablement inconfortable, se rétractant à nouveau. Julian abaissa brièvement le regard, mais la douce voix de son interlocutrice le fit aussitôt relever la tête. Il déglutit difficilement. Elle disait juste. Son coeur souffrait. Et depuis bien longtemps. Alors que son regard légèrement froncé ne quittait plus les yeux tendres de Rumer, un touché délicat se manifesta sur sa poitrine dénudée. Aussitôt, son coeur se mit à battre la chamade alors qu'un titillement étonnement agréable naquit au creux de son estomac. Un frisson monta le long de son échine, les battements de son coeur l'assourdissant partiellement. La faiblesse était humaine et c'était justement cette humanité qui le poussait à la rébellion. Ses paroles le réconfortèrent, le touchèrent et, par dessus tout, l'attendrirent. D'un mouvement spontané, sa main s'éleva vers la joue de la rebelle où des larmes étaient venues faire leur chemin. Du revers de la main, Julian balaya doucement sa joue. Et c'est alors qu'il se sentit loin. Si loin. Un simple touché ne semblait plus le rassurer, une simple caresse ne le réchauffait plus. Son regard solitaire s'encra à celui de Rumer, la paume de sa main venant se poser contre sa joue, ses doigts légèrement entremêlés entre ses mèches blondes. Son sentiment d'éloignement se fit encore plus présent malgré la proximité flagrante de leurs visages. Inconsciemment, ses yeux bifurquèrent brièvement vers le bas, vers ses lèvres rosées, parfaites. Et son coeur s'emballait que davantage. Sans qu'il ne puisse se contenir, Julian fut aimanté. D'un mouvement lent, quelque peu hésitant, son visage plongea vers celui de Rumer. Ses prunelles si expressives alternaient entre les yeux de cette dernière ainsi que ses lèvres avant qu'il ne sente son nez frôler le sien... Abaissant finalement ses paupières, Julian inclina légèrement la tête sur le côté, perdant toute notion de réalisme... Il pouvait à présent percevoir sa respiration contre sa peau... Ne faisant qu'accroître son désir, son impatience soudaine. Et, après une attente qui lui sembla interminable, ses lèvres s'unirent aux siennes. Il lui offrit un simple et unique baiser.


Dernière édition par Julian K. Kennedy-Fawkes le Sam 24 Sep - 15:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN.   Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN. Icon_minitimeSam 24 Sep - 4:19

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Un choc électrique. Comme une décharge qui se serait propagée dans tout son corps, allant déclencher des frissons dans chacune de ses terminaisons nerveuses. C’était l’impression qu’avait ressenti Rumer quand la main de Julian vint trouver sa joue, essuyant avec tendresse les larmes qui s’y trouvaient encore. Comme si ses sens reprenaient vie après un long coma. État-ce ce qu’elle avait vécu? Une sorte de coma suite à la mort de Billie? Un choc post-traumatique… La mort de Billie n’avait pas été une surprise, Rumer était bien trop désillusionnée par la vie pour croire que sa sœur ressortirait de l’arène autrement que morte. Le mieux qu’elle ait pu espérer s’était concrétisé : elle n’était pas morte torturée par des Carrière, ni dans d’atroces souffrances par des mutations. Dans un sens, sa mort avait été la plus paisible possible selon ses circonstances. Mais y avait-il réellement une façon de se préparer mentalement à ça? Non, probablement pas. Une partie d’elle-même était morte cette nuit-là dans l’arène. Quand le canon avait retentit, quand le corps de sa sœur avait été sorti, c’était plus qu’une sœur qu’elle avait perdu : c’était sa joie de vivre. Les paroles de son père lui revinrent en tête. Une fois, ils étaient allés chasser tous les deux et, comme à leur habitude, ils n’avaient pas beaucoup parlé. Pour ne pas effrayer du potentiel gibier, mais aussi parce qu’ils étaient à l’aise dans ce silence qui les entourait. Comme s’ils avaient l’impression de respecter la nature. Il avait dit qu’il était fasciné par la façon dont Rumer avait prit ses sœurs sous son aile, à quel point elle avait dû vieillir trop rapidement, mais qu’il y avait quelque chose d’extraordinaire chez elle, si jeune. Comme si son être était divisé en trois. Lorsqu’elle était seule, elle était silencieuse, concentrée, dure. Pour Avalon c’était le côté protecteur et maternelle de Rumer qui prenait le dessus. La seule qui n’aurait jamais eu de mère même pendant un seul jour de sa vie. Si elle était avec Billie c’était des attentions tendres. Lui peigner et coiffer les cheveux avant qu’elles se rendent à l’école. Des jeux aussi simples qu’attraper des papillons et des grenouilles. Rire…Elle ne parvenait même pas à se souvenir de la dernière fois où elle avait été prise par un fou rire. Quelques sourires, rares. C’était le mieux qu’elle avait à offrir depuis cinq ans. C’était ce qui était mort en elle. Le baiser de Julian ne l’avait pas ressuscitée, mais c’était comme si pour la première fois depuis si longtemps, Rumer pouvait sentir qu’il lui manquait quelque chose. Qu’il y avait quelque chose, quelque part qui voulait revenir. Qui se battait pour le faire. Ses pensées filaient à vive allure, comme trop rapidement pour qu’elle ne puisse toutes les comprendre, alors que Julian récidivait. Sa paume se posa sur sa joue. La courbe de celle-ci entra parfaitement dans le creux de la main de Julian. Comme deux pièces correspondantes d’un même casse-tête. Son souffle fut coupé lorsque ses doigts trouvèrent quelques mèches de ses cheveux, s’y enfouissant gentiment. Elle déglutit péniblement, dérangée par le serrement dans sa gorge et le nœud dans son estomac. Rumer essayait de se concentrer sur n’importe quoi d’autre que sur Julian. Elle ne pouvait pas supporter cette proximité entre eux, ou plutôt elle n’était pas à l’aise avec les palpitations de son cœur qui venaient avec. Elle craignait de plonger son regard dans le sien. De peur de s’y perdre… Il n’y avait plus que les battements de son cœur. Rapides, bruyants. Elle pouvait sentir sa pulsation battre dans son cou, résonner dans sa tête. Il devait l’entendre aussi. Rumer n’aurait pas pu être surprise qu’il réveille Avalon. L’hypothèse que son cœur allait lui sortir de la poitrine ne semblait pas si exagérée. Puis, il supprima le peu d’espace qu’il restait entre leurs lèvres. Il l’embrassa.

Quelques secondes s’écoulèrent avant que Rumer ne fasse le moindre mouvement. Ses yeux mi-clos, ses mains posées sur ses cuisses, ses doigts crispés. Son corps raide. Puis cette boule au creux de sa gorge disparut. Emportée par un croisement à mi-chemin entre un gémissement et un soupire qui vint s’écraser contre les lèvres de Julian. Son cœur ne battait aussi rapidement que lors des moissons, lorsque la peur viscérale nous ronge de l’intérieur alors que l’hôtesse du District plonge sa main dans le bol de verre, brassant les centaines de billets. Ses paupières se fermèrent enfin et elle sentit son corps répondre à Julian, se courbant vers lui, afin d’avoir un meilleur accès. Ses mains non plus n’obéissaient plus à son trac. L’une d’elle moqua le geste de Julian et vint se poser sur la joue de celui-ci. L’autre, plus aventureuse, trouva son chemin jusqu’à sa nuque et ses ongles s’enfoncèrent gentiment dans la peau alors que ses doigts se frayaient un chemin pour aller se perdre dans sa chevelure. Ses lèvres, brûlantes, capturèrent celles de Julian avec plus de force et de désespoir que les siennes avaient fait preuve. Elle avait besoin qu’il la tienne dans ses bras, qu’il la protège, qu’il réanime encore cette flemme éteinte depuis trop longtemps en elle. « Julian… » Sa propre voix, rauque, le souffle court, la ramena parmi le monde des vivants. Ses yeux, ronds comme des billes, elle fixa Julian en réalisant ce qu’elle venait de faire. En réalisant à quel point elle avait perdu le contrôle, qu’elle avait cédé à ses impulsions. Elle recula violemment. « Je … je suis désolée. » Elle bondit sur ses pieds fit quelques pas dans l’herbe, sa main plaquée sur ses lèvres. Qu’est-ce qu’elle faisait? Elle ne pouvait pas s’attacher à Julian. Pas de cette façon… Elle ne pouvait pas le forcer à être tendre, le forcer à prendre soin d’elle. Lui avait-elle paru désespérée au point où, par pitié, il se sentit obligé de lui offrir un peu d’attention? Il ne lui avait donné qu’un simple baiser, doux… La blonde pouvait sentir ses joues brûlantes, par la gêne, et ses lèvres aussi, encore éveillées par le baiser fougueux qu’elle avait donné à Julian. La petite voix dans sa tête lui criait de courir, d’aller dans le seul endroit où elle se sentirait seule et en contrôle : dans le bois. Mais elle restait paralysée sur place. Comme si sa propre honte n’était pas suffisante, Rumer ne pouvait repousser les voix qui lui venaient en tête. Celles des rebelles et de ceux avec qui elle faisait affaires au marché noir, qui ne s’étaient jamais gênés pour la taquiner depuis qu’elle s’était portée volontaire, sans aucune hésitation, pour héberger le hautement recherché chef rebelle. Chaque fois qu’elle venait vendre ses plus belles prises dans l’espoir de pouvoir concocter un repas digne de ce nom à Julian… Et elle réalisa. Pour la première fois consciente qu’elle était prête à mettre sa propre sécurité et celle de sa sœur en danger pour héberger Julian, qu’elle chassait des dizaines d’heures supplémentaires pour gagner suffisamment pour acheter des biscuits trop secs et du thé trop fort auxquels ils n’avaient jamais fait honneur, pour lui. La façon dont elle avait perdu le contrôle de ses propres actions parce que, pour la première fois, il démontrait autre chose que de la dureté et de la froideur à son égard. Rumer avait envie de rire, et de pleurer. Elle avait honte. Malgré ses airs durs, malgré sa dévotion pour la cause, elle ne restait, au fond, qu’une simple jeune femme.

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MessageSujet: Re: Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN.   Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN. Icon_minitimeSam 24 Sep - 16:48

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Une pulsion incongrue et inattendue avait prit possession de tous ses moyens. Jamais Julian ne faisait preuve d'autant de douceur et d'affection envers quiconque, même pas ses proches, sa famille, ceux qu'il tentait de protéger à tout prix en perpétuant ses activités illégales. Qui aurait cru ? Si Julian avait su un jour qu'il serait victime d'un ramassis d'émotions contradictoires qui le pousserait vers une marque d'affection qu'il n'offrait à personne... Vraiment personne. Certes, la chaleur humaine, la caresse féminine ne lui était pas inconnue, mais pas familière pour autant. Son travail prenait beaucoup trop de place dans sa vie et dans son esprit pour se laisser enjôler par le désir invitant du plaisir charnel. Cependant, être si près de Rumer dans un moment de pure vulnérabilité ne lui avait pas permis de garder la tête sur les épaules. Et il semblait y avoir plus. Il ne saurait dire quoi, mais quelque chose différaient des autres fois qu'il se laissa porter par ses pulsions spontanées. Peut-être était-ce dû à cette proximité sentimentale, psychologique ? Leur coeur était lourd, égratigné par la tragédie, par la dureté de ce monde, inévitablement cette similarité les rapprochait que davantage. Au plus profond de son être, il recherchait de la chaleur, un réconfort, et il ignorait comment le trouver, comment le réclamer. Et le seul moyen qu'il trouva fut pousser par un instinct purement humain. Il écarta tout doute de son esprit et se laissa tout simplement submerger par le désir. Il écouta son coeur qui frappait douloureusement contre sa cage thoracique, ces frissons à la surface de sa peau au moindre regard, ce brouillard qui écartait toute autre pensée de son esprit. Ses lèvres caressèrent d'un mouvement lent, délicat celles de Rumer qui semblaient demeurées inertes. Une inertie qui parut aussi longue qu'une vie humaine. Et pourtant, seulement quelques secondes s'écoulèrent avant qu'une réponse ne lui soit accordé, une réponse qui ne fit qu'accroître les battements de son coeur ainsi que ce titillement dans son estomac. Un souffle vint caresser ses lèvres gourmandes avant qu'une poigne délicate, mais ferme, ne vienne emprisonner sa nuque. Porté vers l'avant, son visage s'approcha davantage de celui de la rebelle - si c'était possible - alors que leurs lèvres s'unissaient avec plus d'insistance. La main de Julian, qui était toujours posée contre la joue de la blonde, glissa lentement au travers de sa chevelure claire, hypnotisé par ce baiser fougueux, passionné. Et alors qu'il s'abandonnait littéralement à cette étreinte, le moment prit subitement fin. Leurs lèvres se séparèrent, son prénom fut murmuré, l'obligeant à relever les paupières qui dévoilèrent un regard épris, mais confus. Lorsqu'il aperçut les yeux ronds de Rumer, un doute désagréable s'immisça en lui. Elle regrettait. Elle s'excusait et regrettait s'être laisser emporter par la tendresse du moment. Trop facile. C'était beaucoup trop facile, bien entendu. Rien ne pouvait être aussi simple, évidemment.

Il lui fallut une longue minute avant de pouvoir enfin retrouver une parcelle de lucidité afin d'analyser la situation. Rumer s'était relevée de contre le balcon, maintenant immobile sur l'herbe, dos à lui. Julian était confus, dépassé par les évènements. Il avait embrassé Rumer, la jeune rebelle qui lui portait une admiration sans borne depuis leur toute première rencontre, celle qui l'hébergeait dans sa demeure malgré les risques et la froideur qu'il lui offrait. Il avait volontairement posé un baiser sur ses douces lèvres, dans l'espoir de trouver un baume à ses blessures. Non, c'était beaucoup plus profond qu'un simple désir de réconfort... Déconcerté, Julian fronça les sourcils, le regard fixant un point invisible devant lui. Elle avait répondu à l'embrassade. Avec beaucoup plus d'avidité. Elle avait succombé à ses pulsions à son tour et avait démontré un désir prépondérant à son égard, un désir qui la... troubla ? Elle s'était éloignée presque aussitôt, l'air confuse et honteuse même. Julian releva le regard et croisa cette fine silhouette debout dans les ténèbres de la nuit, seule et immobile. Il serra durement la mâchoire, commençant peu à peu à regretter son impulsivité et sentant sa vilaine carapace refaire surface... Son masque se relevait tranquillement devant son visage crispé, retrouvant peu à peu sa dureté, refermant son esprit et son coeur. D'un mouvement brusque, il se redressa sur ses pieds, au bord de la folie elle-même. « C'était une erreur... » souffla-t-il imperceptiblement d'un ton froid et cassant. Était-il vexé par la réaction de Rumer ? Probablement. Il tourna les talons et rejoignit la porte d'entrée de la demeure des Sweenage. Mais il ne la franchit pas... Il s'immobilisa devant elle, les yeux clos, submergé par des sentiments totalement contradictoires. Elle avait des remords, souhaitait ne jamais s'être ouvert à lui peut-être. Et lui désirait lui prouver le contraire. Il voulait lui montrer qu'au fond, il ne s'agissait pas d'une erreur... Julian serra les poings de chaque côté de son corps, déchiré entre deux possibilités: retrouver sa chambre, prendre son sac et quitter le district le plus rapidement possible ou de rejoindre Rumer et lui prouver qu'elle avait tord d'avoir des regrets... À moins qu'il désirait se convaincre lui-même...

Marre de se mettre des barrières, marre d'afficher constamment cet air d'indifférence et d'autorité comme si rien ne pouvait toucher son coeur. Ce qui était faux. Totalement faux. Aussi impulsivement qu'il s'était retourné, Julian dévala les quelques marches du perron et retrouva Rumer sur l'herbe qui se présenta fraîche sous ses pieds nus. Plongeant un regard déterminé parmi la clarté de ses prunelles, il lui prit doucement la main posée contre son visage et l'écarta. De sa main libre, il glissa ses doigts parmi ses cheveux blonds, derrière sa tête, et l'attira vers lui. Il l'embrassa fougueusement, ardemment, ne lui laissant pas la chance de briser l'union ou de s'écarter. Ses lèvres mouvèrent contre les siennes, effectuant une danse passionnelle qui exprimait tout le désir qu'elle lui avait inconsciemment transmis en répondant à son premier baiser. Finalement, le coeur battant, la respiration fébrile, Julian brisa soudainement l'étreinte et observa le visage angélique de Rumer. Il relâcha sa main et abaissa la sienne de contre sa chevelure entremêlée, la tête haute, le regard insistant. « Je ne t'oblige à rien... Je voulais seulement... » lui montrer combien il en avait envie, combien il en a toujours envie. Lui prouver qu'il n'y avait rien de mal à désirer quelqu'un... À se laisser entraîner par une pulsion sans songer aux conséquences, sans se soucier de l'opinion d'autrui... « ... être près de toi. » Et maintenant, elle pouvait partir si elle le souhaitait. Elle pouvait le frapper si elle était insultée, le mettre à la porte si la tension était trop insupportable pour elle. Il ferait tout ce qu'elle voudrait à présent qu'il lui avait démontré ce que lui voulait vraiment.
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MessageSujet: Re: Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN.   Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN. Icon_minitimeLun 26 Sep - 4:14

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Rumer avait toujours été celle qui prenait soin des autres. De ses sœurs, évidemment. Mais aussi de leur père. Après la mort de Billie, il sombra. Comme perdu dans les endroits les plus sombres et endommagés de son cerveau, coincé dans ses souvenirs douloureux. Pris d’une perpétuelle souffrance. Peu importe ce qu’Avalon et elle pouvaient essayer de faire pour lui remonter le moral, rien ne fonctionnait. Rien n’était suffisant pour faire apparaître à nouveau un sourire sur ses lèvres. Rumer ne se souvenait pas de l’avoir vu dans un pareil état après la mort de sa mère. Peut-être qu’il avait trop de responsabilités. Trois enfants à sa charge, dont un bébé naissant et un autre qui ne commençait qu’à marcher debout sur ses deux pattes. Ce n’était pas le temps d’abandonner le combat incessant de la vie. Il ne pouvait pas arrêter de lutter pour sa survie, pour leur survie. Si Rumer faisait de son mieux pour s’occuper de ses sœurs, il restait le ciment qui tenait toutes les briques en place. Il était celui qui les protégerait au milieu de la nuit, contre les ombres effrayantes. Celui qui leur apporterait de la nourriture. Rumer n’avait que sept ans lorsque sa mère est partie, mais, selon ses souvenirs, elle pouvait dire que celle qui lui ressemblait le plus était Billie. Le cœur sur la main. Douce, chaleureuse… Peut-être que son père aussi voyait cette ressemblance et c’est de perdre Billie qui l’envoya une fois pour toute dans les ténèbres. Elle avait donc prit la relève avant même qu’il ne les quitte pour de bon lui aussi. Elle avait toujours fait passer ses sœurs devant elle. Quittant les bancs de l’école aussi tôt qu’elle le put pour devenir chasseuse à temps plein. Rapporter des choses qui auraient une réelle signifiance à leur survie. De la nourriture, de l’argent. Elle s’était bâtit une carapace, une protection contre les émotions et les souffrances. Elle ne pouvait pas se permettre de sombrer comme leur père. Qui prendrait soin d’Avalon? Elle l’avait toujours faite passer devant elle. Si elles avaient faim, Rumer s’arrangerait pour que la portion de sa sœur soit plus grande, ait les meilleures protéines. Si elle avait froid, Rumer se priverait d’une couverture pour elle. D’avoir succombé à ses besoins, ses désirs ne lui ressemblait pas. C’était peut-être ce qui la dérangeait ou la déstabilisait tant. De ne pas avoir eu le dessus de sur elle-même. Que quelque chose ait passé par-dessus ses protections avant même qu’elle ne réalise ce que son corps avait prit l’initiative de faire. Elle entendit quelques paroles être chuchotées par Julian, mais ne parvint qu’à en déduire un mot : erreur. Il devait s’être parlé à lui-même, si bas que même son ouïe développée de chasseuse n’avait pas pu discerner tous les mots. Quoi qu’il en soit, c’était parfait. Ils étaient deux à le penser, qu’ils avaient fait une erreur, alors. Son ton semblait froid, autant sinon plus qu’à son habitude. Tant mieux, elle n’aurait pas de mal à redresser les épais murs de sa forteresse, de sa carapace, s’il agissait ainsi.

Le grincement d’une marche la fit sursauter. Elle tourna légèrement la tête pour voir ce qu’il faisait. Il se dirigeait vers la porte de la maison. Parfait. Vraiment… Elle retournait la tête, faisant face à la route qui menait au bois. Peut-être que d’aller chasser lui remettrait les esprits au bon endroit. Elle réalisait depuis peu qu’Avalon devenait une femme. Elle quittait l’adolescence et attirait de plus en plus d’attention sur elle. Contrairement à sa grande sœur, elle ne faisait pas fuir les hommes. Elle finirait par se trouver quelqu’un de bien, quelqu’un qui la mériterait – et ça elle s’assurerait que ce soit bien le cas. Et Rumer, elle? Elle serait toujours là. Seule… Ayant orienté sa vie dans le seul but qu’elles survivent, elle n’avait réussi qu’à se forger une sale réputation. Froide et distante. Elle leur faisait peur, aux garçons, et les rares qui avaient le courage de l’aborder faisaient demi-tour dès qu’elle posait son regard glacial sur eux. Et elle s’était jetée sur Julian. Pourquoi lui? Pourquoi le seul homme, mis à part Aiden, qu’elle laissait entrer dans leur maison. Pourquoi celui qui était hiérarchiquement son supérieur, celui qui pouvait lui donner des ordres qu’elle n’hésiterait jamais à exécuter… Elle avait toujours voulu le connaître, elle l’admirait tellement… Mais, maintenant, elle regrettait d’être allée le rejoindre sur le perron. Elle aurait dû retourner dans son lit après avoir rassuré ses peurs. La vérité c’est qu’elle ne s’était pas sentie aussi … bien depuis si longtemps. Un bien physique, parce que, mentalement, elle était brisée. Elle le savait. Il l’avait tenue, avait posé ses mains contre son dos alors qu’elle pleurait dans ses bras. Il l’avait supportée alors que son corps tremblait et menaçait de s’effondrer sous tout ce poids posé sur ses épaules. Ses bras refermés en une étreinte contre son torse lui servaient de forteresse. Elle n’avait plus besoin de celle qu’elle s’était fabriquée… Elle s’était ouverte à quelqu’un, avait laissé une personne prendre soin d’elle et de retourner à ses airs de fille froide et hautaine lui semblait impossible. Un autre grincement d’une planche pourrie du balcon la fit sursauter et Rumer réalisa que quelques larmes avaient coulé sur ses joues. Elle les essuya rapidement et laissa sa main posée sur sa joue, chassant du bout des doigts les quelques larmes suivantes qui perlaient au coin de son œil. Il devait partir, Julian. Il était probablement rentré à l’intérieur pour prendre son sac et il sortait pour partir. Elle avait réussi à le faire fuir…

Rumer n’eut à peine le temps de se retourner que Julian se retrouvait devant elle. Elle s’attendait à des adieux. A un final remerciement pour toutes les fois où elle lui avait ouvert la porte de sa maison. Il plongea son regard droit dans le sien, envoyant un frisson dans le corps de Rumer, rappelant à ses sens ce qu’ils venaient à peine de vivre. Elle resta figée sur place. Incapable de penser, incapable de bouger. Il prit sa main qui était toujours sur sa joue malgré que ses larmes aient cessé et la rabaissa à ses côtés. Son autre main se mêla à ses cheveux sur sa nuque et l’attira franchement vers lui, joignant leurs lèvres ensemble une nouvelle fois. Aussitôt, la frigidité de Rumer tomba. Elle était aussi malléable qu’une poupée de chiffon. Ses genoux, son cerveau… Comme ramollis. Elle ne pouvait pas même seulement penser à ce qui arrivait. Mais ses lèvres, elles, n’avaient pas besoin d’être guidées par son commandement. Elles agissaient en réponse à celles de Julian, jouant avec elles, aussi gourmandes. S’il ne lui offrait pas de soutient en la tenant, elle serait probablement tombée. Elle s’abandonnait totalement dans ses bras, désespérément à la recherche d’être plus près de lui. Le baiser prit fin aussi brusquement qu’il avait débuté. Ses mains la lâchèrent aussi. « Je ne t'oblige à rien... Je voulais seulement... » Sa respiration saccadée, ses sens revenant peu à peu. Elle avala péniblement sa salive en se répétant les paroles de Julian dans sa tête, son cerveau encore comme engourdi. « ... être près de toi. » Les battements de son cœur s’accélérèrent – s’il était physiquement possible de battre plus vite encore. Elle releva timidement les yeux vers lui… Elle ne l’avait pas fait fuir. Rumer ne pouvait faire taire ses craintes qui se bousculaient dans son esprit à présent. Elle ne voulait pas qu’il regrette… Que les choses changent entre eux par la suite, incapables d’oublier ces moments. Et même s’ils avaient toujours eu une relation à sens unique, elle avait appris à s’en suffire. Elle ne pourrait plus jamais y arriver à présent. Son corps serait toujours en manque de cette proximité entre eux, de ses contacts… Elle rebaissa les yeux lentement, fixant un point invisible sur le torse de Julian. Ses yeux trouvèrent rapidement une cicatrice éclairée par la lumière de la lune. Elle leva sa main et, d’un frôlement à peine existant du bout des doigts, elle traça la ligne. C’était son tour de parler, elle le savait bien. Elle dû prendre tout son courage seulement pour ouvrir la bouche. « Je … Le désire aussi. » Quatre simples mots. Elle sentit la gêne lui monter au visage et ses doigts cessèrent leur mouvement. Elle posa sa paume à plat sur son torse. Se levant sur le bout des doigts, elle planta quelques baisers timides dans le cou de Julian, fermant les yeux alors que son effluve parvenait à ses narines. Ses baisers remontèrent jusqu’à sa mâchoire et se frayèrent un chemin, lentement, jusqu’à ses lèvres devant lesquelles elle s’immobilisa. Elle ne pouvait s’empêcher d’avoir peur de faire une erreur.
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MessageSujet: Re: Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN.   Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN. Icon_minitimeLun 26 Sep - 15:38

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Comment parvenait-il à demeurer aussi passif, aussi immobile ? Comment pouvait-il être aussi certain de lui-même ? En réalité, Julian ne l'était pas. Il demeurait craintif, indécis face à ses désirs soudains qui ne s'étaient jamais manifestés avant ce soir. Jamais il n'avait ressenti une telle attirance envers Rumer, une telle proximité. Certes, sa beauté ne le laissait pas indifférent, il fallait être aveugle pour ne pas remarquer cet atout chez l'aînée des soeurs Sweenage. Même Avalon, sa jeune soeur, commençait à afficher des traits charmants, séduisants. Et dans ses souvenirs, Billie était tout aussi ravissante. Elle serait devenue une superbe femme si... Malgré cette évidence, cette beauté inégalable, Julian n'avait jamais désiré porter leur relation à un niveau supérieur, celui de l'intimité. Il remarquait beaucoup plus à présent, il voyait chaque petit détail de son visage ce qui ne le rendait plus indifférent. Ses douces prunelles qui le toisaient toujours avec tendresse derrière ce voile de confusion, son petit nez fin, ses pommettes qui rougissaient généralement en sa présence, sa chevelure de blé qui ondulait en cascade sur ses épaules et ses lèvres. Ses lèvres qu'il n'avait jamais observé auparavant. Et maintenant, c'était tout ce dont il désirait. Se perdre dans la profondeur océan de ses yeux et caresser indéfiniment ses lèvres. Maintenant qu'il y avait goûté, il ne voulait plus s'en passer. Julian avait franchi une barrière qui demeurait généralement bien haute devant la gente féminine, il ne se permettait pas de s'abandonner à quiconque se présentait à lui. Il n'y parvenait pas. Mais Rumer... Elle avait créé une faille dans le mur qui s'édifiait tout autour de son coeur, de sa tête, et c'était grâce à cette égratignure qu'il réalisa l'impensable. Il la désirait. Il en perdait littéralement la raison. Cette pensée effrayait, troublait, mais il ne pouvait plus faire marche arrière. Un nouvel horizon s'était offert à lui et il avait peine à imaginer rebrousser chemin, s'éloigner de cette chaleur. Il prenait un risque, il laissait la rebelle choisir, car il ne souhaitait aucunement la forcer à accomplir des actes qu'elle pourrait amèrement regretter par la suite. Malgré tout, malgré ce respect qu'il tenait à lui porte, il se languissait. L'attente lui semblait interminable, une véritable torture physique et morale. Serrant les poings une nouvelle fois, le chef rebelle contenait du mieux qu'il le pouvait cette envie indéniable de la prendre dans ses bras, de la sentir contre sa peau, de la submerger de baiser... Que désirait-elle ? Partageait-elle ses envies ? Ou n'était-ce qu'un moment de faiblesse qu'elle souhaitait tout simplement oublier ? Peut-être aurait-il dû partir après tout... Peut-être n'était-il plus la bienvenue... Cette barrière qu'il avait franchi, peut-être était-ce la mauvaise...

Ses yeux étaient devenus soudainement solitaires. Rumer doutait, délibérait longuement, le regard posé droit devant elle. Julian pouvait apercevoir l'incertitude sur son visage, cette même crainte qu'il ressentait au fond de son être. Cependant, de son côté, sa crainte était devenue tout autre... Il avait peur qu'elle lui tourne le dos. Il craignait qu'elle refuse cette proximité et qu'elle lui demande tout simplement de quitter. Et il le ferait. Si c'était ce qu'elle désirait, que ce soit par choix personnel ou pour sa soeur, Avalon, qui dormait toujours dans la maisonnée, il obéirait. La déception serait présente, il ne pouvait se le cacher, mais il ne la forcerait certainement pas à faire quoi que ce soit. L'attente devenait pesante sur ses épaules alors que son regard recherchait désespérément un contact, un réconfort. Mais bientôt, alors que Julian s'imaginait d'interminables scénarios dans sa tête, tous plus incongrus les uns des autres, la main de Rumer vint rencontrer la peau de son torse. Une décharge électrique se propagea le long de son derme, remontant jusqu'à sa nuque où il sentit ses cheveux se redresser légèrement. Les doigts de la rebelle glissaient doucement le long de son torse, suivant un trajet inconnu à ses yeux. Son coeur frappait si fort contre sa poitrine qu'il avait la certitude qu'elle pouvait le sentir du bout de ses doigts. « Je … Le désire aussi. » Un doux murmure qui eut l'effet d'un feu d'artifice. Julian avait peine à croire ce qu'il venait d'entendre, mais il était d'autant plus confus de sa propre réaction émotionnelle. Il était soulagé. Heureux. Il sentait un bien-être incongru naître aussitôt dans tous les fibres de son anatomie alors que tout le poids qu'il s'était mis sur ses épaules avait disparu. Il se sentait léger, flotter au-dessous des plus hauts nuages. Julian ferma momentanément les yeux, contenant cette joie soudaine tout en savourant ce rare moment de sa vie. La main de Rumer se déposa contre sa poitrine avant qu'une caresse ne s'unisse à la peau nue de son cou. Des frissons de désir électrisa son corps, laissant échapper un subtil soupir d'entre ses lèvres. Sa tête s'inclina légèrement vers l'avant, plongeant son visage parmi les mèches blondes de la rebelle. Le doux parfum de sa chevelure l'enivra aussitôt, sentant les baisers lui être porter remonter peu à peu le long de sa mâchoire. Finalement, Julian rehaussa les paupières au moment où leurs visages se retrouvaient face à face, leurs lèvres se frôlant cruellement. Instinctivement, sa main maintenant détendue se fraya un chemin sur la hanche de la rebelle jusqu'à atteindre le bas de son dos. Son autre main, quant à elle, glissa sur ses omoplates. D'un mouvement délicat, il l'attira de nouveau vers lui, désirant la sentir le plus près possible de son corps. Ses lèvres demeuraient toujours immobiles alors qu'il percevait le souffle saccadé de Rumer contre celles-ci, ne faisant qu'accroître son impatience. Une fois que leur corps fut compressé l'un contre l'autre, Julian ne put se contenir. Il unit ses lèvres aux siennes, cette fois d'un baiser lent, mais pas pour le moins insistant. Alors qu'une nouvelle danse était engagée, sa main dans le bas de son dos s'immisça tranquillement sous son pyjama... Cherchant un contact physique, sentir sa douce peau contre ses paumes brûlantes. Celle-ci releva le vêtement et se fraya en dessous, maintenant une pression constante afin qu'elle ne s'éloigne pas.

Le baiser devint éternel. Il ne pouvait plus se détacher de cette étreinte à présent. Et il sentait cette flamme d'envie au fond de lui-même s'embraser, grandir en un feu ardent. L'embrassade devenait de plus en plus passionné, leur respiration de plus en plus fébrile et inexistante... Sa main de plus en plus aventurière... Dans un mouvement lent, mais tout de même impatient, Julian fit marche arrière, entraînant Rumer avec lui, vers le porche menant à la demeure de cette dernière. Cette proximité devenait insuffisante... Il désirait plus... Et il ne pouvait s'arrêter. Il ne pouvait se contenir plus longtemps. Lorsqu'ils atteignirent finalement les marches du perron, Julian serra son étreinte contre le corps de la rebelle et la souleva de contre terre. Il gravit les quelques marches les menant vers la porte d'entrée avant de la re-déposer au sol et poursuivre son ascension vers l'intérieur de la maisonnée. Sans jamais briser l'embrassade, Julian poussa la porte entrouverte dans son dos, entrant dans la cuisine plonger dans l'ombre de la nuit. Et une fois à l'intérieur, il chercha à tâtons la porte avant de la refermer derrière Rumer. Il obligea celle-ci à reculer de quelques pas afin de l'accoster contre le mur, leurs corps toujours compressé l'un contre l'autre. Pour la première fois depuis plusieurs minutes, le chef quitta les désirables lèvres de la rebelle et fraya un chemin de mille-et-un baisers le long de sa mâchoire, son cou jusqu'à atteindre sa clavicule. Toute raison l'avait déserté. Il n'existait plus rien. Julian et Rumer. C'était tout ce qui importait à présent.
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MessageSujet: Re: Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN.   Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN. Icon_minitimeMer 28 Sep - 4:39

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Sa réponse avait été automatique. Plus de doute, plus de retenue. Julian l’avait embrassée à nouveau et, au contact de ses lèvres sur les siennes, la blonde ne pouvait plus penser à un seul argument pour le stopper. Ses lèvres répondaient aux mouvements de celles de Julian, bougeant au même rythme. Mais, lorsqu’elle sentit le bout de ses doigts glisser gentiment sous son pyjama, Rumer eut le souffle coupé. Ses lèvres ne bougeaient plus, elle ne savait pas si son cœur battait toujours, s’il avait tenu le coup. Comme une vague de chaleur qui s’abattait directement sur elle. Chacun de ses sens en fut bouleversé, comme à fleur de peau. Son corps s’était raidit, pris par la surprise. Si son réflexe aurait été de s’éloigner, il lui était impossible de le faire. Il la gardait près de lui. Rumer laissa son corps relaxé et, prise d’un désir décuplé, elle s’accrocha à son cou, collant son corps contre le sien. Après un moment, Rumer ressentit une vague impression de mouvement. Elle n’avait pas volontairement bougé… Elle ne pensait pas l’avoir fait, en tout cas. Mais plus les lèvres de Julian jouaient avec les siennes, moins elle était consciente de quoi que ce soit d’autre. Incluant son propre corps. Chaque mouvement, chaque baiser, chaque soupire ou gémissement à peine audible qui parvenait à se frayer un chemin entre ses lèvres – bien malgré elle – tout ça était machinal. Ou plutôt intuitif. Son corps répondait à celui de Julian, obéissant aux règles qu’il imposait. Suivant son rythme. Elle réalisa finalement que ses bras qui entouraient le cou du rebelle s’étiraient, comme si une distance se creusait entre eux. Sur le bas de son dos, elle prenait conscience de la légère pression exercée à nouveau par la main de Julian. C’était lui qui bougeait. Il la guidait vers les quelques marches du perron, vers l’intérieur de la maison. Au même moment qu’elle ouvrit les yeux, prête à briser leur baiser pour l’accompagner à l’intérieur, Rumer sentit des bras forts de Julian s’enrouler autour de sa taille. Une fraction de seconde plus tard, elle quittait le sol d’une dizaine de centimètres. Ses bras toujours autour du cou du chef rebelle, elle profita de leur position pour resserrer son étreinte, comme si elle tentait de l’enlacer. Sur ses lèvres, toujours en mouvement contre les siennes, se traça un sourire. Il la levait comme si elle ne pesait pas plus qu’une gamine… C’est d’ailleurs toute l’insouciante d’une enfant qu’elle avait l’impression d’avoir. Elle s’efforçait pour retenir un petit rire sot qui ne demandait qu’à sortir. Elle qui avait dû mal à offrir un sourire sincère d’ordinaire. Elle voulait rire… Commettre l’impensable. Elle n’avait pas rit depuis si longtemps. Elle se demandait quel son il avait ce rire qui lui faisait trembler légèrement les commissures des lèvres à force d’être retenu, qui lui provoquait une allégresse qu’elle ne pensait jamais retrouver. Si elle s’entendait rire, saurait-elle qu’il s’agissait de son rire à elle? Rumer était comme submergée par les attentions singulières de Julian. Elle se sentait, séduisante, désirable … et désirée. Ses lèvres se posaient contre les siennes comme s’il ne pouvait supporter l’idée de s’en défaire pour une simple fraction de secondes. Il la reposa doucement au sol et continua de la guider jusqu’à la porte. Les bras de Rumer relâchèrent leur solide étreinte du cou de Julian et ses mains partirent à l’exploration, à la découverte de la grande mappe qu’était le torse nu du rebelle. Sa main droite partit vers le haut, caressant au passage la peau de son cou de l’intérieur de sa main alors qu’elle glissait lentement jusqu’à sa nuque, ses doigts se frayant un chemin à travers ses cheveux. Sa main gauche, quant à elle, partit dans la direction opposée. Du bout des doigts, elle passa par son épaule, descendant le long d’un sentier imaginaire jusqu’à son pectoraux. Ses doigts suivirent la courbe du muscle et passèrent par les côtes de Julian avant d’aller se poser dans son dos, au même moment que Julian la guidait contre le mur.

Son corps pressé contre le sien, Rumer ne pensait qu’à une chose : être plus près encore. Il n’y avait plus que la camisole de soie de son pyjama qui empêchait leurs troncs de partager leur chaleur. Julian brisa le baiser et la chasseuse poussa un subtil gémissement d’insatisfaction. Elle voulait encore l’embrasser. Comme si elle ne pourrait jamais être rassasiée des lèvres de Julian, mais elles trouvèrent aussitôt la ligne de sa mâchoire. Rumer sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine, comme s’il se serrait… Comme s’il avait sauté un battement. Les baisers suivaient son ossature jusqu'à ce qu’il déroge du chemin et que les baisers atterrirent sur la peau sensible de son cou. La blonde poussa une exclamation alors qu’elle pouvait sentir que les battements de son cœur se mettaient soudainement à accélérer. Encore plus vite chaque fois que Julian descendait ses lèvres. Ses ongles s’enfoncèrent légèrement dans le dos de Julian. Si elle n’était pas occupée à être complètement submergée de sensations qu’elle n’avait connue que trop peu de fois, elle aurait pu s’intéresser aux fascinantes réactions de son corps face à Julian. Rejetant machinalement la tête vers l’arrière, comme pour offrir un meilleur accès aux lèvres du rebelle, Rumer posa son regard sur la porte close de la chambre où dormait Avalon. C’était comme refaire surface sur Terre. Ils n’y avaient qu’eux, dans leur bulle de passion et de désir ardent… Et elle était projetée dans la réalité. Elle plaqua sa main devant sa bouche, comme si elle avait peur que d’autres soupires ou exclamations ne franchissent le cap de ses lèvres sans son consentement et réveillent sa sœur. Rumer posa sa main sur la joue de Julian et approcha son visage du sien. Elle planta un baiser doux, presque trop chaste pour ce qu’ils venaient d’expérimenter depuis les dernières minutes, à la commissure de ses lèvres et contourna son corps en prenant soin d’attraper une de ses mains. Elle le guida à la chambre qu’il occupait. Impatiente, Rumer prit le contrôle durant un court instant. Elle qui avait laissé Julian prendre les choses en charge. Peut-être parce que c’est ainsi que ça avait toujours été avec lui, elle le voyait comme son supérieur. Comme un commandant. Le leader qu’elle suivait, mais maintenant qu’il avait embrasé des désirs refoulés chez la rebelle, il devait payer le prix. Aussitôt qu’il franchit le pas de la porte, il se retrouva dans la même position qu’elle, à peine quelques instants plus tôt : adossé derrière la porte, Rumer plaqua son corps contre le sien et l’entraînant dans un nouveau baiser passionné. Elle guida les deux mains de Julian sur ses hanches. Désirant revivre cette sensation de vague de chaleur alors qu’il avait aventuré ses doigts sous le tissu de son vêtement. Elle était impatiente qu’il n’y ait plus aucun tissu entre eux. Impatiente de savoir quels autres baisers de Julian contre sa peau nue pourrait faire sauter un battement de son cœur. Impatiente de savoir si, au contraire, alors qu’il passerait les mains dans le creux de son dos, le long de sa colonne vertébrale, les battements s’accéléreraient.

♦ ♦ ♦
Les yeux encore clos, à peine réveillée, Rumer étira le bras et trouva un contact doux et chaleureux sous le bout de ses doigts. Inhabituel. Son lit, assez grand pour contenir plus d’un personne, était toujours glacial à son réveil et de sentir le tissu rugueux de ses draps de mauvaise qualité, froid, n’avait décidément rien à avoir avec ce qu’elle touchait… Ni ce qu’elle sentait autour d’elle. Rumer ouvrit les yeux brusquement. Il fallut de nombreuses secondes avant que les événements de la nuit ne lui reviennent en tête et, aussitôt, une chaleur dans ses joues lui indiqua qu’elle rougissait. Les bras de Julian étaient autour elle, lui offrant cette même sensation de sécurité dont elle était tant désespérément à la recherche au clair de la lune et elle avait son bras posé sur son torse, à côté d’où se trouvait sa tête avant qu’elle ne la relève. Elle s’immobilisa complètement et remarqua la respiration lente et régulière du rebelle. Il dormait toujours. Parfait. Elle avait encore du temps devant elle pour trouver une façon de s’éclipser. Le drôle de pincement qu’elle ressentait au cœur lui donnait l’impression que les choses seraient inconfortables entre eux. Ce matin… Probablement dorénavant, tout simplement. La pièce était imprégnée du parfum de Julian, mais comme estompé - Rumer supposa que c’était sa propre odeur qui s’était mélangée à la sienne – par une odeur si familière qu’elle ne pouvait la percevoir distinctement. Son visage encore près de celui de Julian, elle devait se tortiller hors du lit dans le réveiller, mais, elle était comme hypnotisée par ce qu’elle voyait. Par lui. Son visage détendu, un air paisible évident sur les traits de son visage d’ordinaire froids. Elle était presque certaine que les coins de ses lèvres étaient courbés en un quasi imperceptible sourire. Avant qu’elle ne puisse se convaincre que c’était trop risqué, Rumer se pencha vers l’avant et déposa un baiser du bout des lèvres, délicatement, à moitié sur la joue de Julian et à moitié aux commissures de ses lèvres. Elle ne semblait pas l’avoir réveillé. Elle devait sortir de là. Absolument. Aller dans les bois semblait être l’option la plus intéressante, mais Rumer sentit son estomac se nouer à l’idée d’aller se changer dans sa chambre… À l’idée de risquer de réveiller Avalon. Et si elle avait eu connaissance de la nuit … mouvementée de sa sœur? Même sans se rendre jusqu’à la forêt, un peu d’air frais lui ferait le plus grand bien. Rumer commença à se tortiller hors de l’étreinte de Julian et, après un moment qui lui parut interminable, était enfin libre. Elle se mit debout, et trouva le bas de son pyjama qu’elle enfila en vitesse en cherchant du regard le deuxième morceau. Quatre ou cinq pas plus loin. En ce penchant pour le ramasser, le plancher craqua sous son poids. Si elle connaissait chaque planche qui grinçait dans la maison, cette pièce faisait exception à la règle. Rumer n’y entrait pratiquement jamais… Elle serra la camisole contre sa poitrine et, de dos au lit, elle pouvait sentir le regard de Julian posé sur elle. Elle figea.
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MessageSujet: Re: Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN.   Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN. Icon_minitimeSam 1 Oct - 4:24

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Une déflagration sèche et brève éveilla soudainement tous ses sens. Son esprit retrouva aussitôt son enveloppe corporelle qui semblait toujours ensommeillée et pesante contre le matelas dur sur lequel il reposait inconsciemment. Les yeux toujours clos, ses paupières lourdes, il eut une étrange sensation de solitude, de froideur nouvelle alors que son cerveau commençait peu à peu à se sortir du monde des rêves. Sourcils légèrement froncés, Julian inspira une longue bouffée d'air avant de finalement trouver la force d'ouvrir les paupières et dévoiler ainsi un regard brumeux, confus. Tout d'abord, il perçut un vide incongru à ses côtés, comme si ses côtes se sentaient isolées. Certes, il était seul. Relevant légèrement la tête de contre son oreiller de plumes, ses prunelles croisèrent une mince silhouette se découpant parmi la clarté matinale. Aussitôt, son sentiment d'abandon fut justifié. Rumer avait quitté la quiétude de ses bras, le laissant penaud dans ce grand lit où ils partagèrent tant... Quelques heures plus tôt, alors que les astres prédominaient toujours les cieux, l'impensable s'était produit. Deux âmes à la dérive s'étaient laissées porter par un désir prépondérant de réconfort et avait succombé à la tentation. De manière passionnel, Julian avait pris les reines de la situation alors qu'il eut confirmation que ses envies étaient bel et bien partagées. Il avait l'habitude de dominer, de prendre les choses en main, car personne ne le ferait à sa place s'il s'abstenait. Il fit preuve d'impatience, certes, mais également de respect et de tendresse. Car là était toute la raison de leur faiblesse. Ils souhaitaient une caresse chaude et tendre plutôt qu'un rapport dur et détaché. Leur relation présentait suffisamment de froideur au départ et ce n'était pas ce qui les avait comblé. Le chef s'était laissé dominer par ses pulsions primaires, ayant peine à se détacher des douces lèvres de Rumer. Cependant, elle l'avait arrêté dans sa lancée, se faufilant hors de son étreinte. Pendant une brève seconde, Julian crut que le moment prenait déjà fin alors que sa gourmandise ne faisait qu'accroître, impossible à éteindre ou ralentir. Mais contrairement à ses craintes, la rebelle ne fit que l'entraîner vers la chambre où le chef séjournait généralement lors de ses passages au district neuf. Et la suite le désarçonna. Elle prenait le contrôle, inter-changeant les rôles. Le baiser qu'elle lui offrit alors le fit tout simplement fondre de désir... Pour la première fois depuis toujours, le grand chef Kennedy-Fawkes se laissait dominer par autrui, se laissait conduire par celle qui provoquait des affolements cardiaques au niveau de sa poitrine ainsi que des décharges électrisantes le long de son échine. Ses mains s'étaient immiscées de nouveau sous la camisole de Rumer, comme elle lui avait fait pressentir en déposant ses paumes contre ses hanches. Et il n'avait pu la faire languir plus longtemps. Il ne parvenait plus à se contenir un moment de plus. Chaque bout de vêtement qui formait une barrière entre leur derme, qui les empêchait de sentir leur chaleur respective, tomba l'un après l'autre. La nuit, qui débuta avec une image horrible de son adolescence, de la pire période de son existence, se transforma en véritable rêve. Tous ses soucis, toutes ses craintes et ses doutes s'évaporèrent. Le temps n'existait plus. Panem ne signifiait plus rien pour Julian. S'il avait pu, il aurait passé son existence dans les bras de Rumer, dans cette douce et paisible étreinte, à échanger de langoureux baisers, à tout simplement caresser sa peau délicate. Tout était si simple. Si parfait.

Ses souvenirs encore frais défilèrent doucement dans sa tête alors qu'il toisait le dos nu de la rebelle. Elle ne bougeait toujours pas, comme si elle était paralysée sur place. Julian avait un vilain pressentiment... Un pressentiment de froideur, de dureté. Comme si la nuit passée n'avait pas suffit à briser totalement cette façade qu'il s'efforçait de garder devant son visage, cette image d'autorité et d'insensibilité. Et cette pensée l'effrayait. Il craignait de retrouver cette partie de lui-même, tout en sachant que cette éventualité était inévitable. Car c'était ce qu'il était dans un sens. Ses peines et ses douleurs démontraient une autre partie de sa personnalité, mais il n'était pas que d'innombrables cicatrices. Malgré cette évidence, Julian s'accrochait à la sensation de liberté et de réconfort qu'il ressentit la nuit passée. Il ne s'était jamais senti aussi bien depuis... toujours. Craignant que Rumer ne reprenne le contrôle de ses muscles et effectue les quelques pas vers la sortie de la chambre, Julian se redressa sur le lit, laissant les draps glisser sur son torse. Silencieusement - ne souhaitant pas alarmer la rebelle -, il se faufila jusqu'au bord du matelas, se libéra des draps qui le recouvraient et posa les pieds au sol. Ne prenant même pas la peine d'enfiler le moindre vêtement, il se laissa aimanter par le corps séduisant de la blonde. Il pouvait déjà sentir sa peau contre la sienne... Sa chaleur être transférée en lui... Son coeur s'affoler au moindre contact visuel... Hypnotisé par ces pensées, Julian s'approcha de Rumer qui lui faisait toujours dos. À sa hauteur, il dégagea doucement la nuque de celle-ci, balayant ses longs cheveux blonds sur le côté à l'aide de sa main droite. L'effluve enivrante de son parfum voltigea vers ses nerfs olfactifs qui s'éveillèrent aussitôt. De sa main gauche, il effleura délicatement, imperceptiblement, le derme de son épaule à découverte du bout des doigts. Ils descendirent tranquillement vers son bras et le longea jusqu'au coude. Sa tête s'inclina alors vers l'avant, ses paupières se rabaissant instinctivement devant son regard épris, avant de poser un subtil baiser sur son épaule. Et aussi étrange que la situation puisse paraître, c'est alors que la réalité le frappa de plein fouet. Autant désirait-il perpétuer le moment de rêve qu'ils vécurent ensemble, autant il savait que la vie reprenait son cours et qu'ils devaient revenir à eux-mêmes... Julian devait redevenir ce leader, ce chef sur qui tous se reposaient. Il ignorait ce que cette nuit signifiait pour Rumer ou même pour lui-même - venaient-ils de créer un lien plus fort ? leur relation se limitait-elle toujours au 'travail' ? une fois la porte de la chambre franchie, redeviendra-t-il aussi indifférent face à elle ? - alors qu'il sentait sa carapace se solidifier autour de lui. Son coeur se refermait. « Le retour à la réalité » murmura-t-il dans un souffle, rehaussant les paupières. Cette fois ses prunelles claires exprimaient un mélange de déception et d'acceptation. Toute bonne chose avait un fin. Et comme celles-ci étaient des plus rares, Julian chérirait longtemps ce doux souvenir avec Rumer. Car il ne pouvait rien prédire de l'avenir, il ne pouvait savoir si un jour ils auraient la chance ou l'ouverture d'esprit de s'abandonner l'un à l'autre une seconde fois... Seul le temps et le destin sauront apporter des réponses à ses interrogations. Contraint, le chef se redressa lentement sur lui-même, ses mains quittant malgré elles le corps de la rebelle. Il hésita un bref instant, ressentant une réticence incongrue faire irruption au fond de lui, avant de se retourner, à la recherche de ses propres vêtements. Une fois qu'il trouva son short et l'enfila, il sembla retrouver la parole, son ton habituel qui n'avait rien à voir avec celui de la veille. « Je vais devoir partir aujourd'hui, j'ai des affaires à régler au Sept. » Froid. Direct. Julian.
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MessageSujet: Re: Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN.   Ces visages qui hantent nos nuits Ϟ RUMER&JULIAN. Icon_minitimeSam 1 Oct - 21:08

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C’était au son apaisant des battements du cœur de Julian que Rumer s’était endormie. Sa tête posée contre son torse, montait et descendait tranquillement au rythme des ses respirations lentes et profondes. C’était comme s’endormir lors des nuits d’averses ou d’orages durant lesquelles elle se permettait de dormir plus longtemps. Comme s’il s’agissait d’une zone grise entre la nuit et le jour – on y perd la notion du temps. Comme durant la nuit avec Julian. Rumer s’y sentait en sécurité, comme dans un cocon douillet, mais ça avait été encore plus le cas alors qu’elle était serrée par les bras de Julian. Si cette nuit c’était les pas de Julian dans la maisonnette qui l’avait d’abord réveillée, il n’était pas rare pour elle de se faire tirer de son sommeil léger par des cauchemars. Billie. Avalon. Son père et même sa mère, un doux visage réconfortant qu’elle n’avait pas vu depuis dix-neuf ans. Pourtant, durant les quelques heures qu’ils avaient passées endormis ensembles, Rumer n’avait eu aucun tourments. Est-ce que l’impression de sécurité qu’il exerçait sur elle s’était répandue jusque dans son inconscient et ainsi, protégée par son étreinte, elle n’avait été à la merci d’aucune de ses craintes profondément refoulées qui venaient hanter ses rêves ? Elle l’ignorait, mais elle savait qu’elle avait peur de la nuit qui s’en venait. Aurait-elle deux fois plus de visions pénibles à regarder, impuissante. Une façon inconsciente de se punir elle-même pour la nuit qu’elle venait de vivre. Elle tenait toujours son haut de pyjamas serré contre sa poitrine alors qu’elle entendait Julian se tirer hors du lit. Figée, ignorant complètement comment agir, elle n’osa même pas le regarder et fixait obstinément le mur devant elle. Plus il se rapprochait, plus petite elle se sentait. Nerveuse, prise au piège. Son corps se raidit alors que Julian, tout juste derrière elle, frôlait la peau sensible de sa nuque du bout des doigts alors qu’il dégageait son épaule de ses cheveux. Son cœur se resserra dans sa poitrine. Une caresse si légère lui été donnée sur l’épaule que Rumer vint à se demander si elle était seulement réelle ou si tout était le fruit de son imagination. Puis les doigts de Julian continuèrent leur caresse le long de son bras et, alors qu’ils descendaient jusqu’à son coude, elle pouvait sentir son angoisse disparaitre au même rythme. C’était bien réel. Lorsqu’il vint déposer un baiser sur son épaule, un léger soupire de soulagement s’extirpa des lèvres de Rumer. Elle s’était angoissée pour rien. Son intuition qui l’avait tirée du lit avait été mauvaise. C’était bien réel. « Le retour à la réalité. »

Les battements de son cœur s’accéléraient. Contrairement à ce qu’elle avait vécu durant la nuit, cette fois, c’était loin d’être agréable. Si elle s’était sentie à l’aise avec lui durant la nuit, ce sentiment était bel et bien disparu. Il s’en était assuré. Elle devenait incroyablement mal à l’aise, trop consciente de sa maigreur. Ses côtes trop visibles et ses omoplates trop saillantes. Elle n’avait peut-être rien de désirable, après tout. Elle se dépêcha d’enfiler le haut de son pyjama, cherchant désespérément à se couvrir. Il était plus loin, probablement en train d’enfiler ses vêtements lui aussi, mais elle n’osait pas le regarder. Toujours figée. Paralysée par sa peur, ou sa honte. Elle se doutait que ça arriverait. C’était son mauvais pressentiment qui l’avait poussée à s’enfuir d’un réveil avec Julian et, pourtant, elle se retrouvait là, à fleur de peau. Incroyablement déçue et blessée. « Je vais devoir partir aujourd'hui, j'ai des affaires à régler au Sept. » Elle déglutit péniblement et acquiesça de la tête, reprenant graduellement le contrôle de son corps et de son esprit. Elle se retourna, sans pour autant poser son regard sur lui. « J’ai un horaire chargé aujourd’hui, c’est parfait. » Elle avait voulu parler d’une voix neutre. Pas faussement joyeuse, ni trop froide. Elle n’avait pas le droit d’attendre quoi que ce soit de la part de Julian. Rumer le savait, ça. Il était attendu ailleurs et, franchement, elle ne pouvait pas ignorer la partie d’elle qui était soulagée qu’il parte tôt. Pourtant, elle n’avait pu empêcher sa voix de se casser vers le bout de sa phrase. Elle n’était pas neutre face à ça. Elle ne savait pas ce qu’elle était – un mélange entre déçue, en colère et soulagée – mais elle savait qu’elle était loin de rester neutre. Elle ne pouvait qu’espérer que l’eau ait suffisamment coulé sous les ponts pour qu’à sa prochaine visite, si seulement il y en aurait une prochaine, elle soit en mesure de le regarder dans les yeux. Sans même lever les yeux vers lui, fixant obstinément le sol, Rumer quitta la pièce et traversa le couloir jusqu’à la salle de bain, refermant et barrant la porte derrière elle. Elle devait s’en débarrasser. Julian, il était partout sur elle. Elle pouvait encore sentir ses lèvres posées sur son épaule, sentir son parfum imprégné dans sa chevelure. Si ce même parfum l’avait enivrée durant la nuit, à l’instant, il l’angoissait. S’en débarrasser était la première étape du ‘retour à la réalité’ comme l’avait dit Julian. La réalité, là où il ne l’aurait jamais touchée, là où son odeur ne se serait jamais retrouvée sur son corps à elle. Elle retira ses vêtements aussi rapidement qu’elle les avait remis ce matin et sauta dans la petite douche. Si elle était habituée de prendre des douches plus froides que chaudes pour offrir à sa sœur l’eau la plus chaude possible, ce matin, une douche froide ne ferait pas l’affaire. Elle avait besoin de ce qu’il y avait de plus chaud, pour engourdir ses muscles, pour effacer les souvenirs des doigts et des lèvres de Julian sur sa peau. D’abord douloureuse, l’eau chaude finit par faire l’effet désiré sur son corps. Ses muscles avaient fini par se décontracter et, tranquillement, elle ne les sentait plus. Elle lava son corps brusquement. Son savon, son shampoing. Son odeur. Rumer ferma les yeux un instant. Elle ne savait pas ce qui la mettait tant en colère. La froideur de Julian ou bien ses propres remords? Les remords d’avoir d’abord cédé à la tentation, puis les remords de savoir qu’elle était incroyablement déçue. Elle savait qu’elle pourrait s’habituer si rapidement à cette vie. Une routine incluant quotidiennement la présence du rebelle qu’elle avait connu durant la nuit. Un Julian réconfortant, attentionné et même doux. Elle pourrait s’habituer à passer la nuit dans ses bras, protégée de ses démons et de ses peurs. Elle pourrait s’habituer à se sentir à nouveau comme elle s’était sentie : belle, féminine, attirante. Elle pourrait imiter sans problème toutes les attentions qu’elle se souvenait d’avoir vu sa mère porter à l’intention de son père. Elle réalisait d’ailleurs qu’elle le faisait déjà. Quand elle recevait Julian avec le meilleur repas possible. C’était sans doute le souvenir le plus présent de ses parents ensemble dans son esprit. Son père revenant de la chasse, accueilli par un baiser doux et sincère, puis guidé jusqu’à la table où – malgré leur pauvreté – se trouvait un repas confectionné avec les moyens du bord et beaucoup d’amour. Ça et les voir danser ensemble. Elle avait déjà dansé avec son père, lorsqu’elle était gamine. Ses pieds par-dessus ceux de son père, riant aux éclats. Elle n’avait pas dansé depuis la mort de sa mère. C’était elle qui amenait la joie dans cette maison. Un lieu devenu austère et froid depuis son départ. La pensée douloureuse de sa mère la tira de ses pensées et lui rappela qu’elle devait ménager l’eau. Elle sortit de la douche et entourait son corps nu d’une serviette. Elle ressortit de la salle de bain à peine cinq minutes plus tard. Tenant la serviette au niveau de sa poitrine, elle resta appuyée contre le mur. Déboussolée. En fait, elle ne savait pas quoi faire. Elle pensait être en mesure de se protéger contre la froideur de Julian, mais devant sa sœur elle devrait rester impassible. C’était, après tout, effectivement le retour à la réalité.
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