Quel bel effet casse-gueule que la vie. Jouer au domino, se lourder pour que toute la chaine file et défile sous des yeux impuissants, on se complait dans le malheur des autres, le transformant en bonheur pour s'en faire un idéal, pour se donner une bonne conscience. En vingt-six ans de vie, j'ai bien eu le temps de voir les murailles de l'homme se casser royalement la figure. Et qu'est-ce que je peux dans tout ça ? Pas grand chose. Regarder les massacres avec les yeux ouverts d'une manière obnubilée, puis un jour on se met à sourire, bêtement, comme un gamin devant son cadeau. Luz Wilder, pour servir ou bien faire totalement l'inverse. Un condensé de faux et de vrai, de mensonge et de vérité, un peu homme et animal je suppose. Se regarder dans le miroir, passer sa main sur son visage et arriver en fin du compte à continuer de sourire. Après tout, un bon personnage du capitole ne peut se résoudre à sortir de chez lui sans un large sourire au visage, à quoi bon exister en ayant une dégaine à faire pleurer ? S'habiller au mieux, attirer les regards dans la rue, et quand il faut avaler quelque chose, autant dégobiller pour mieux remanger. Ah douce existence morbide qui m'entoure. Pierres précieuses entre les doigts, sur les joues et sur le front, tout est bon pour briller de mille feux et redonner un peu de beauté. Qui suis-je aujourd'hui ? Peut-être le lunatique, nonchalant, capricieux et ironique ? Ou bien, la carte du turbulent, imaginatif, expressif, philosophe et minutieux ? Choisir entre le blanc et le noir, entre le chemin de droite ou de gauche. Pourquoi ne pas tenter une approche vers l'inconnu ? Ce mélange, ce soleil qui ne cesse de pointer le bout de son nez. Soyons fous ! Choisissons aujourd'hui les yeux verts à enfiler, les cheveux foncés pour ne pas changer des bonnes habitudes, vêtements blancs et noirs, le damier. On joue aux échecs ? Si tu gagnes je perds, si je gagne tu perds. Jouons au jeu de l'allumette, je la craque et on se brûle le bout des doigts en se plaignant. Mais, moi je suis l'homme qui rit mesdames et messieurs ! Celui qui même s'il souffre continuera de laisser son sourire prendre le dessus, quelle belle existence que de donner du bonheur à son conjoint, de lui offrir des jeux plus sanglants les uns que les autres. C'est bien ça le boulot d'un hôte, non ? Surtout du district 4, quitte à sourire une fois, autant le faire deux. Je suis le distributeur d'oubli, le donneur de pleurs, le tireur des jeux du sort. Voyons les enfants, que puis-je à votre nomination ? Le destin ne coule pas entre mes doigts, je ne suis ni le marchand de sable ni un quelconque dieu. Je suis les yeux rivés sur l'horizon, le passage à vide, la chute dans le fossé. On parle de ceci, on parle de politique jusqu'à vous en faire exploser le crâne contre un mur. Les enfants, de toute manière, on finira tous par y passer, autant prendre la chose à la rigolade. Croyez pas ? Oh, traitez-moi de tout les noms, de monstre même - oh oui, je suis le croque-mitaine, je me cache sous vos lits, oui oui. Moi je laisse couler, je laisse passer, de toute manière à prendre un côté ou un autre, l'un des deux perdra. Autant ne pas parier si c'est pour tomber sur le mauvaise canasson. Oh oui, quelle indifférence que voilà ! On joue aux cartes, le jeu du hasard, on lance le joker et on s'illusionne. Mais voyons, un homme comme moi ne peut perdre, essaie de te lever, de pousser une gueulante, ta tête giclera contre le parquet. Tu pourras mourir dans d'atroces souffrances, la terre continuera de tourner, sereine.
Moi je suis l'homme qui rit mesdames et messieurs,
Celui qui se moque du monde à gorge dévoilée.

« Faire rire, c’est faire oublier. Quel bienfaiteur sur la terre, qu’un distributeur d’oubli ! » - HUGO