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Tic, tac. Plus que quelques heures avant la cérémonie officielle. Je n’arrivais pas à croire où j’étais, et ce que j’étais devenu. Moi, Voltaire Cheester, l’habitant immensément pauvre du district 7, j’étais devenu quelqu’un. J’avais réussi à gagner la confiance des Capitoliens, j’avais un nom qu’on retrouvait sur toutes les lèvres, j’avais réussi à survivre dans ce monde de fou, et j’avais en prime gagné la main de la plus belle femme qui soit. Roseann, dans quelques heures, serait mienne pour toujours. Je ne la laisserai jamais, je ne l’abandonnerai jamais, j’étais fou d’elle ; Et si l’envie lui prenait de me quitter par la suite, je n’aurais plus qu’à sauter d’un pont pour ne plus jamais avoir à vivre sans elle. Elle avait perturbé tous mes plans. Elle s’était immiscée dans ma vie comme un petit parasite me dévorant de l’intérieur. Sa beauté me faisait souffrir, son absence me torturait quand elle était loin, et s’il arrivait par malheur qu’elle me quitte plus de deux jours, je déprimais. Depuis notre rencontre, quatre ans plus tôt, j’hésitais à prendre la moindre décision. J’avais tout de suite su qu’elle serait tout pour moi. Ma femme, mon fantasme, ma meilleure amie. J’aurai pu tout sacrifier pour la voir sourire. Et puis... cette foutu mission qu’on m’avait confié, j’avais bien envie de la mettre de côté quelque fois, et de faire l’égoïste quelque nouveaux instants. Selonna, Roseann. Elles incarnaient les deux plus belles raisons du monde, qui me poussaient à rester coincé entre ces deux mondes. Le Capitole, et le district 13. Ma vie…était bien trop compliquée.

Je ne m’attendais pas à ce mariage, évidement. En arrivant au Capitole, l’année de mes dix-huit ans, je ne m’étais rien imaginer de tout cela. Si j’étais juge, à présent, c’était pour venger la mort de ma petite sœur, Selonna, qui s’était pris une balle dans le cœur sans aucune raison. Juste parce qu’un pacificateur avait envie d’essayer son nouveau jouet. Ils me répugnaient, ils m’avaient pris mon unique alliée, ma meilleure famille, et même si j’avais encore Aciden, notre relation était bien différente. Inutile de faire un tableau ensuite… mes parents étaient morts, j’avais rejoint le 13 et quitté la misère de mon septième district, j’étais devenu soldat, et j’avais été formé pour rejoindre l’élite de Panem. Changer de nom avait été difficile… j’étais toujours Volt, au fond, et je devais m’habituer à Drake. « Monsieur Polinster-Rosebury, votre café est servi » Combien de fois ne m’étais-je pas retourné en entendant ce nom ? Maintenant, j’étais habitué mais je me sentais toujours étranger. Peu importe. Les autorités du treize s’étaient tout de suite imaginé qu’avec mon joli sourire et mes petits mensonges, j’attendrai facilement le cœur de la dictature. Chose faite, le président et moi-même étions devenus…heu… enfin on se parlait quoi, j’avais les juges dans la poche, les ministres, et compagnie, tout le monde m’appréciait, et il m’aurait suffi d’une bombe pour tuer tout le monde le jour de mon mariage. Ils étaient tous invités. Ils seraient tous là, pour me regarder en ce jour magnifique, je n’étais pas un inconnu après tout, j’avais une véritable identité ici, on me respectait, et beaucoup de filles seraient jalouses de Rose dans quelques heures. J’avais du pouvoir, et si cette situation s’était présentée à moi deux ou trois ans plutôt, je n’aurai jamais hésité à obtenir ma vengeance. Je métrisais l’art de la manipulation à la perfection, mais je n’avais jamais imaginé qu’une simple personne, une simple fille comme on en voit des dizaines, viendrait changer le cours de ma vie.

Respire Drake. N’oublie pas de respirer. Autour de moi, des dizaines de préparateurs s’activaient en courant presque. Ça faisait deux heures, bordel, deux heures ! que j’étais assis sur cette chaise, les bras croisés, pendant que douze-mille personnes essayaient de me donner un look assez symbolique pour un mariage. Je voulais juste être moi-même, enfiler un costume et des jolies chaussures, puis retrouver ma rose. Il fallait qu’on me lave les cheveux douze fois, qu’on me mette des paillettes çà et là. Un vrai paquet cadeau, j’étais. On essayait, on effaçait, rien n’allait. Les douze stylistes engagés pour notre merveilleux mariages étaient tous contradictoires et n’arrivaient pas à se mettre d’accord pour un style particulier. J’avais envie de crier, de partir en pleurant, de reprendre une bonne douche pour effacer toutes les marques de crèmes et de potions étranges, et marcher tout nu devant l’hôtel, s’il le fallait. J’avais juste hâte d’en finir avec tous ces gens qui m’étouffaient. Je songeai soudain, qu’une dizaine de salle plus loin, d’autres stylistes préparaient rose. Je doutais qu’elle subisse le même calvaire que moi, elle était tellement jolie, et tout lui allait tellement bien, que même avec une couche-culotte sur la tête elle serait parfaite. J’ai fermé les yeux pendant qu’on m’appliquait encore et encore des produits de partout.

Lorsque qu’on m’a enfin autorisé à quitter mon fauteuil, je me suis précipité vers un miroir. La surprise m’a cloué sur place, j’étais trop furieux pour parler d’abord, et puis finalement, j’ai hurlé. En criant sur tout le monde. En levant les yeux au ciel comme s’ils étaient des pauvres incapables payés à rien faire. Absolument rien n’avait changé sur mon corps. J’étais le même, à la seule exception près que mes cheveux naturellement ébouriffés en mode harpie était maintenant sagement coiffé sur le côté. Trois heures à patienter pour rien. Bon. Au moins, ils ne m’avaient pas transformé en monstre hideux de la mythologie grecque. C’était déjà ça. Je n’avais plus qu’à enfiler mon costume maintenant.

Organiser un mariage au capitole était vraiment une catastrophe. J’étais enroulé dans mon peignoir, mais je crevais de chaud tellement la chaleur dans cette salle était insupportable. En plus, je devais m’habiller classe, et la veste de costard entre nous c’est pas franchement le vêtement le plus léger du monde. Agacé, j’ai secoué la tête et m’adressant à la première personne qui passait. « S’il vous plait.. hé ! » la jeune fille se retourna ! Oh ! sous le coup de l’énervement je ne l’avais même pas reconnue. C’était Jaeger, la meilleure amie de ma sœur qui à mon gout était de bien trop mauvaise fréquentation. Je n’avais rien contre elle, mais à les voir toutes les deux, lors des réceptions privées… huff, j’espérais juste qu’elles n’allaient pas complètement gâcher mon mariage. En pensant que dans quelques minutes je serai marié à Roseann, j’ai oublié à quel point la préparation était chiante. J’ai entortillé mes doigts dans un bout de mon peignoir. « Salut Jaeger, je ne savais pas que tu faisais partie de l’équipe » Je ne savais pas vraiment quoi lui dire. Jaeger avait un prénom magnifique, que j’avais toujours adoré. A chaque fois que je lui adressais la parole, j’employai son prénom pour le simple plaisir de l’entendre ou de le prononcer. Erf, visiblement mes stylistes n’avaient pas de gouts. Mes cheveux formaient une plaque lisse tellement il y avait de la laque dessus. « Hum, dis moi… tu voudrais pas m’aider ? Genre enlever cette tonne de gel qu’on s’acharne à me mettre depuis tout à l’heure ? et me trouver mon costume aussi s’il te plait ? » Jaeg était une gosse de riche, je ne savais même pas pourquoi elle avait un métier. Il suffisait qu’elle claque des doigts pour que l’argent lui vienne, alors, elle devait vraiment être passionnée par le stylisme pour travailler. J’avais plutôt l’habitude de la croiser ivre, allongée dans mon canapé avec Aciden.