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 I5 | "Va, je ne te hais point." Kathleen

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I5 | "Va, je ne te hais point." Kathleen Vide
MessageSujet: I5 | "Va, je ne te hais point." Kathleen   I5 | "Va, je ne te hais point." Kathleen Icon_minitimeJeu 5 Avr - 21:08

Le noir absolu. Une lourde et douce sensation de tranquillité. Pour la première fois depuis plusieurs jours, j’avais le sommeil pesant, réparateur, et dénué de toute pique de panique. J’avais cette impression de flotter. Dans un recoin de mon crâne, toute réflexion n’était pas totalement stoppé, ce qui me permettait d’inclure dans mes rêves cette vive conscience d’un sommeil salvateur, que je désespérais quelques heures auparavant de ne plus jamais sentir. Ma tête pesait moins lourd. Beaucoup moins lourd. Le sang avait cessé de pulser à mes tempes, mon angoisse du vide immense qui s’étendait dans le passé m’avait abandonné au repos. Je n’étais pas loin de rêver de choses parfaitement abstraites qui auraient pu faire de magnifiques tableaux dignes de Dalì.
Mais au lieu de ça un bruit de pas précipité, non loin, me tira de ma torpeur. En vérité, ce n’était pas une personne mais plusieurs et ce léger frémissement d’affolement me parvenait. Une porte claqua plus loin. Je sursautai brusquement, définitivement réveillé, ouvrant grand les yeux malgré l’obscurité ambiante. Je passai la main dans mes cheveux en baillant, reportant mon attention sur les bruits lointains qui me provenaient, comme de distants échos. Un vent d’agitation qui remuait les tréfonds des sous terrains du treize. Un long frisson parcourut mon échine, signe avant-coureur d’une nervosité naissante. Depuis le début il m’arrivait occasionnellement de me sentir comme un animal pris au piège dans je ne sais quel cirque : les gens me regardaient, me souriaient, m’inondaient de compassion mais à la première occasion me laissaient à l’écart de toute information si bien toute situation était loin d’être limpide et, à ce moment précis, j’avais de nouveau ce goût amer d’abandon. Un laissé pour compte. Un homme ne peut-il pas être normal sans la présence de son pensée ? Un rire cynique sorti de ma gorge. Soit, un homme à mon âge c’était un décalage cuisant, bien que mon air passablement fatigué et un corps sans doute développé au profit des Jeux permettait d’installer un juste milieu entre enfant et adulte.

« Jeremiah ? Tu vas bien ? » Je me levai brusquement, me cognai dans ma précipitation et m’emparait d’un t-shirt que j’enfilai en hâte un t-shirt avant de sortir. La lumière m’agressa, m’arrachant un glapissement. Je me trouvais nez à nez avec l’une des rares filles que je côtoyais régulièrement bien que j’avais cette sensation d’être son fléau à part entière. Oh joie, Karyle. « On a un problèm...Tu t’es fait quoi là ? » Elle m’attrapa le menton et me fit tourner la tête sans la moindre délicatesse. Je n’eus pas le temps de réfléchir qu’elle attaquait à nouveau « T’as déjà plus grand-chose à la tête, tu ne pourras faire un peu plus attention ? Va à l’infirmerie chercher de quoi solutionner cette atteinte à l’arcade. Ca pisse toujours le sang à cette endroit, et c’est une vraie plaie ce genre de cochonnerie. » Son amabilité me lança silencieux au saut du lit. Elle rigola de son mauvais jeu de mot puis retourna au tumulte en me criant d’être de retour le plus rapidement possible. J’avais envie de lui hurler des injures en retour, de lui présenter mon majeur de la façon la moins élégante qu’il soit, de lui cracher au visage ma mauvaise humeur quand elle prenait ce ton suffisant. J’avais envie que tout le monde le sache, envie de m’émanciper d’une tête brûlée blonde qui avec son année de différence me considérait comme un enfant handicapé. Au lieu de ça j’opinai en haussant faiblement les épaules. Tyran ! C’était celle que je voyais le plus, que je supportais le moins. J’étais officiellement sa loque. Je portai deux doigts incertains à ma tempe et y trouvai un filet de sang, qui serpentinait jusqu’au coin de mon œil puis reprenait sa course lente sur ma joue. Je détestais aussi les angles, les coins, et toutes les aspérités contre lesquelles je pouvais me heurter dans le noir.

Les gens se bousculaient, faisant preuve d’une agitation qui m’échappait. Electron libre, je ne faisais ni preuve d’inquiétude, ni de nervosité. Mon choix était fait. J’irai à l’infirmerie pour la forme, car j’étais un garçon discipliné et trop respectueux pour m’affubler de l’étiquette de grand rebelle ; puis je partirai en vagabondage, en quête de réponses vis-à-vis de cette pagaille, ou bien peut-être que j’irai traquer ma sœur-fantôme. Pouvais-je seulement y croire ? Il paraissait improbable que personne n’eut pensé à me le dire plus tôt, nous rassembler. C’était l’élément improbable dans ma vie d’amnésique, le petit grain de sable dans les rouages de l’horloge bien huilée. Je jouais distraitement avec cette bague avec laquelle je m’étais réveillé le premier jour. Depuis, Karyle m’avait trouvé un lacet dans laquelle la passer pour la mettre autour de mon cou, évitant ainsi de la perdre par inadvertance. Perdu dans mes pensées, je manquai de me prendre de plein fouet la porte même de l’infirmerie. Je fis un brusque écart, affichant une expression mêlant surprise et frayeur. Soudain je sus que je n’allais pas rentrer dans l’infirmerie mais talonnons cette fille qui avait manqué de me casser le nez. J’essuyai grossièrement mon visage avec le bas de mon t-shirt pour faire disparaître une part du sang et l’interpellai aussitôt. « Attendez ! » Elle paraissait deux fois plus pressée que moi, mais je m’étais résolu depuis peu à l’idée que, quoi qu’il en soit, les gens auraient toujours autre chose à faire que répondre à mes questions. Je fis un effort pour marcher à son allure, et ne pas l’entraver plus par ma présence. « Que se passe-t-il au juste ? » Sans pouvoir me retenir, je lui souris lorsque je croisai son regard, rassuré malgré son empressement. « Si je peux être utile à quoi que ce soit, j’aimerai enfin me rendre utile. »
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Kathleen S. Harper
DISTRICT 9
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△ âge du personnage : ◭ vingt-quatre ans.


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MessageSujet: Re: I5 | "Va, je ne te hais point." Kathleen   I5 | "Va, je ne te hais point." Kathleen Icon_minitimeLun 9 Avr - 1:25

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
Tu cours, tu cours, tu cours. Qu'essaies-tu de fuir de la sorte Harper ? Tu vas dans la mauvaise direction là, tu pars directement te jeter dans la gueule du loup. Tu sais, c'est comme cette technique de chasse que ton vieux t'as montré jadis. Cette fameuse technique qui consiste à enfumer les terriers de lapins, de les faire paniquer pour les obliger à sortir. Et là... Là, le piège se referme sur eux. C'est la même chose ici. Une fois que tu auras mis le nez dehors, tu comptes faire quoi ? Ils t'attendront, ils attendront que tu vienne te jeter dans leurs filets. Oh, mais tu peux bien chercher un moyen de t'échapper de ce souterrain sordide, tu sais pourtant qu'il est inutile d'essayer. Il y a ce traqueur implanté dans ton bras. Il faut l'enlever. Sans cette chose, ils ne pourront pas te suivre. Tu pourras sortir d'ici, et te cacher quelque part. Jamais plus ils ne pourront te retrouver. Enfin, pour peu que tu trouve le moyen de passer les pacificateurs qui ne devraient plus tarder à investir les lieux. Une truc tranchant, il te faut un truc tranchant pour pouvoir enlever cette chose de ton bras. A force d'appuyer sur l'endroit où se trouve la petite machine du treize, ta peau est devenue jaunâtre, et, d'ici quelque temps, elle virera au violet. C'est douloureux, mais tu fais à peine attention à cette sensation désagréable, trop focalisée sur ton objectif d'évasion. Tu avances dans les couloirs de l'infirmerie, croisant parfois une ou deux personnes, trop pressées pour te prêter la moindre attention.

Tu bouscules un chariot médical sans le faire exprès, et le son produit lors de sa chute t'interpelle. Plusieurs objets métalliques ont glissés. Bon dieu, tu es dans une infirmerie non ? Ils doivent bien avoir des instruments chirurgicaux, des trucs qui pourraient t'aider à te débarrasser du mouchard. Tu regardes autour de toi. Personne. Rien, mis à part la lampe qui grésille. Tu te mets à genoux pour chercher après ce qui pourrait t'être utile. Là, le saint Graal. Un scalpel tout ce qu'il y a de plus banal. Tu te cales contre un mur, et tu tends ton bras devant toi. Tu es vraiment résignée à le faire. Tu tâtes ton avant bras afin de repérer le mouchard. L'objet est petit, et assez loin ancré dans ta chair. Le retirer ne sera pas chose facile. Tu inspires longuement. De grandes bouffées. L'outil tranchant vient toucher ta peau. Tu n'as même pas besoin d'appuyer fort pour que le métal n'entaille ta chair. Une simple pression et déjà, tu peux voir le sang apparaître. Tu fais glisser l'outil. Tu glisse la lame le long de ton bras, sur quelques centimètres à peine. Une légère grimace s'affiche sur ton visage, tandis que le sang commence à dégouliner sur le côté, jusqu'à venir goûter sur ton coude. Tu entaille une autre partie, proche de celle que tu viens de faire. Retirer la chair au dessus du traqueur. C'est le seul moyen de le retirer sans difficulté. Ton bras commence à trembler. Ca fait un mal de chien, mais tu t'en fous. Fébrilement, tu poses l'objet métallique au sol, puis tu commence à essayer d'attraper le traqueur à mains nues. Le sang poisseux fait glisser tes doigts, et tu ne trouves nullement ce que tu cherches. Tu forces, tu y est presque. Le liquide rouge dégouline et vient tâcher ton t-shirt. Autrefois blanc immaculé, ton vêtement se retrouve bientôt maculé d'éclaboussures foncées.

Soudain, tu relèves la tête. Quelqu'un vient. Qui ? Qui ose venir te déranger pendant ton... Opération ? Tu te relèves précipitamment, laissant en plan ton activité du moment. Un bref regard t'apprends que la place que tu viens de quitter porte désormais ta marque. De nombreuses traces de sang sont venues former une flaque que tu as étalée avec tes pieds. Ton bras tremble. La plaie te lance. Tu entends à peine les gouttes s'écraser au sol, tandis que tu écoutes autour de toi. Toujours des pas précipités dans les couloirs environnants. Il est temps de bouger, tu finiras ça plus tard. Tu te remets à courir. Tu sors ouvre la porte d'un coup d'épaule. On dirait qu'il y avait quelqu'un derrière. Tu as bien failli le broyer ce gamin. Tu n'y prêtes pas attention. Sortir, dégager d'ici, c'est tout ce qui te préoccupe pour le moment. Tu tiens ton bras, le sang continue de couler. On pourrait te suivre depuis l'endroit où tu as commencé ton opération. Tu en as vraiment mis partout. Sur les murs, au sol. Un enfant te retrouverait les yeux fermés. Tu as même du sang qui a coulé sur ton œil. Du sang qui vient de la plaie à ton front, celle causée par cette Eglenver. Le garçon te parle. Tu l'ignore. Tu es un peu trop désorientée pour comprendre. Ce coup à la tête t'as définitivement arrangée ma parole. Déjà que t'étais pas super nette à la base, mais là c'est pire que tout. Alors que tout le monde cours vers le centre de soin, toi tu vas de l'autre côté. Ca doit grouiller de ces enfoirés qui ont attaqué le district. Que cherches-tu exactement ? Que cherches-tu à faire ? Tu te stoppe net. La tête te tourne. Avec tout ce sang perdu, tu ne pensais pas aller bien loin tout de même ? « Je crois que... Une attaque. Oui c'est ça... C'est... » tu porte une main à ta tête, avant de trébucher. Tu ne sais même pas ce que tu dis. Tu te rattrapes de justesse au gamin, tu aimerais lui demander de l'aide, mais tu ne penses même pas à le faire. Pauvre chose.
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