LA TOURNÉE DU VAINQUEUR
district quatre

(c) mj staff & tumblr

Ce jour était redouté depuis le départ des deux tributs du district quatre pour les Jeux. Et ce jour était désormais venu. Les jeux s’étaient terminés il y a environ quatre mois ; les corps des tributs morts avaient été précieusement gardés par le Capitole jusqu’à ce que le grand gagnant soit désigné, avant que les dépouilles ne soient renvoyées dans leurs districts respectifs afin de permettre aux familles d'enterrer leur enfant loin de l'ébullition qui gagnerait le district d'ici quelques mois, quand le grand gagnant viendrait honorer le district quatre de sa présence. Le district n'avait à ce moment-là aucune envie de féliciter le tribut du sept. Il leur fallait d'abord enterrer leurs morts, leurs enfants. Deux jeunes gens qui n'allaient pas nécessairement marquer le district, mais qui méritaient un dernier adieu, comme tant d'autres avant eux.
Les semaines avaient défilé et en décembre, il fut temps pour @Andro P. Graham de quitter la capitale dans laquelle il s'était installé dès la fin des Jeux (afin de s'assurer du bon état physique et psychologique du dernier gagnant en date). La Tournée du Vainqueur commençait.
Au matin du 11 décembre 2315, une voiture munie du logo du Capitole avait pénétré le district. À l'intérieur de celle-ci se trouvait Andro Graham, le gagnant de la 79ème édition des Hunger Games, prêt à se confronter à un district qui ne l'avait pas soutenu et au regard des familles dont il avait peut-être tué les enfants. À onze heures, l'alarme avait résonné dans la totalité du district. L'heure était venue pour les citoyens de se rassembler sur la Grand-Place. Une fois celle-ci noire de monde, l'alarme angoissante avait fait place à l'hymne du Capitole et le maire était apparu sur l'estrade. Après un bref film récapitulant les Jeux dans leur généralité et plus précisément le parcours des deux tributs, Siwan Joráh et Quinn Liddell, le maire avait finalement commencé son discours.

« Aujourd'hui, nous ne célébrons pas la mort, car la mort est un échec. Nous célébrons la vie de ces deux tributs qui auraient pu être là aujourd'hui s'ils s'en étaient donné les moyens. Malgré tout, nous sommes heureux qu'ils aient pu tenter de remplir cette mission que fut la leur. Vous pouvez être fiers d'eux pour ceci. » avait prononcé le maire en regardant les familles des deux malheureux.

« (…). Nous nous souviendrons de ces deux jeunes tributs. Nous gardons en mémoire la force et la rage de la jeune Siwan, malgré son air angélique. Ce fut une des concurrentes emblématiques de ces Hunger Games, et même si elle n'a pas été jusqu'au bout, elle a fait couler le sang et c'est exactement ce qu'on attendait d'elle. Elle nous a offert plus de spectacle que ce que nous espérions et pour cela, nous allons nous souvenir d'elle.

Quinn était un adversaire redoutable, trop redoutable au point que ses adversaires ont tenté et malheureusement réussi à le renverser avant qu'il ne puisse s'emparer de la couronne du vainqueur. Il était dangereux et tout le monde le savait, c'est pour cela qu'ils l'ont abattu. Il aurait pu être ici aujourd'hui, il aurait dû et Quinn nous laisse un goût d'inachevé qui n'enlève rien à son mérite et à la ferveur que nous avons eu à le soutenir. »

Il avait terminé son hommage aux tributs et il était désormais temps de faire place au discours mettant en valeur Andro.

« Mais sur une note plus joyeuse, IL est enfin parmi nous ! Le merveilleux et incroyable vainqueur sur lequel nous ne misions pas, mais qui est parvenu à bout de ses adversaires ! Andro Graham, le vainqueur de la 79ème édition des Hunger Games est parmi nous ! » Le jeune homme fait son apparition sur la scène sous des applaudissements nourris et réellement sincères de la part de ce district qui adule les Jeux. « Andro, merci d'être parmi nous et encore félicitations pour votre victoire amplement méritée ! »

L'engouement est présent. Il est désormais temps pour Andro de réciter son discours, qui évoque son plaisir d'être ici ainsi que sa joie d'être en vie, mais il n'oublie pas pour autant de dire quelques mots sur les deux tributs qu'il a brièvement côtoyés.
Une fois le discours terminé, le maire annonce la fin de cette cérémonie. La musique du Capitole reprend, et les citoyens sont invités, s’ils le souhaitent, à se recueillir et déposer une fleur devant les photos de Siwan et Quinn devant la scène. Puis, c'en est terminé de Siwan Joráh et Quinn Liddell, quand tout ceci n'est que le commencement pour Andro Graham.

plus de détails.

Cette cérémonie a lieu le 11 décembre 2315, soit environ quatre mois après la victoire d'Andro.
Le silence règne sur la Grand-Place, bien qu'il soit en majeure partie dû au respect. En effet, la plupart juge les tributs déméritants pour ne pas avoir ramené la victoire, d'autres s'avèrent soulagés que ce ne soit pas leur enfant et enfin quelques-uns oublieront cette cérémonie aussitôt libérés.
L'enterrement des tributs a eu lieu il y a quelques mois pour respecter l'intimité des familles. Ils sont aujourd'hui représentés par deux grands portraits situés devant la scène devant lesquels les citoyens peuvent se recueillir s'ils le souhaitent.
L'hommage est puissant. Mais sera probablement très vite oublié. La foule, elle, se disperse et les citoyens n'ont déjà plus que leur ressenti personnel comme souvenir de cette journée.
À l'issue de cette cérémonie, Andro retourne dans l'hôtel de ville durant le reste de la journée pour assurer les rendez-vous pris avec des figures importantes du district, avant de séjourner chez le maire, puis de prendre le chemin de la gare pour se rendre au district suivant.

elle avait décidé que désormais, le 11 décembre serait un jour de deuil, un jour maudit qu'il faudrait effacer quand il arriverait. elle avait décidé que désormais, elle ferait son possible pour ne pas y penser. elle essaiera de ne pas voir le grand sourire d'andro, sa dégaine et son beau costume, les petites perles sur le coin des yeux d'hazel, ni le sourire du maire qui parlait de son fils avec un peu d'amertume dans la voix. car oui, il était cruel de voir cet homme, si bien habillé et costumé, tenter d'écarter son fils - et son échec, des mémoires pour faire place à ce grand noir. abigail avait vu, avait regardé, parce qu'elle ne pouvait pas tellement faire autrement. elle avait essayé de voir ce qui se serait passé si c'était quinn, ou même siwan, quelqu'un du district, qui serait grand gagnant, qui aurait marqué l'histoire au lieu d'être sobrement enfoui sous terre. et puis, ensuite, elle s'était ressaisie, elle avait compris qu'en fait, ça ne servait à rien de se faire des chimères, ils étaient tous bien morts, les grands portraits en témoignaient, et quelques fleurs jonchaient le sol, dans des positions bigarrées ressemblant à des corps torturés. abigail avait senti à cet instant que le vent avait tourné, même s'il y en avait peu. elle n'avait pas fait attention au temps, elle n'en avait pas, d'ailleurs, pour prêter quelques intentions au dehors. ce matin, tous ses gestes étaient machinaux, sans poésie ni de plaisir, car ce matin était un jour de deuil, désormais. elle cessa de remuer ses idées noires quand andro récita son discours, avec une certaine émotion, il fallait le reconnaître. du moins, c'est ce qu'elle, elle ressenti. une espèce de tornade sentimentale qui l'emporta. elle imagina ce jeune homme vainqueur, debout à côté des deux tributs de son district. elle les imagina comme on ne peut jamais l'imaginer. elle les imagina, à se rencontrer dans l'arène. puis le goût du sang. et elle ne pensa plus à rien.
le discours terminé, elle choisit d'aller devant les portraits, avec un sourire aux lèvres, tant qu'à faire. et elle arriva devant. les visages de quinn et de siwan puaient la mort. si elle avait pu, elle leur aurait craché dessus, parce que ce n'était pas ça, siwan et quinn. c'était des êtres de chairs, qui savaient sourire ou rire, pleurer ou crier, gronder ou tonner. alors, abigail jeta un regard dédaigneux et s'enfuit, enterrant ceux qui auraient du revenir ses tristes pensées.