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| Il faut apprendre à jouer son rôle - Julian et Aileen | |
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Auteur | Message |
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| Sujet: Il faut apprendre à jouer son rôle - Julian et Aileen Mer 13 Juil - 20:03 | |
| Aileen essayait de ne pas trop bouger. Cela n'était pas facile, car il faisait chaud, ses vêtements de pauvre grattaient affreusement et elle voulait sans cesse toucher ses cheveux pour s'assurer que sa perruque tenait bien en place. Elle rêvait d'un verre de ce merveilleux cocktail qu'elle buvait toujours au Capitole. Comme elle aimerait plonger dans une piscine avant de s'allonger sur un transat et de siroter son cocktail en feuilletant un magazine. Ces rebelles étaient tellement sales et rustauds ! Elle ne savait pas depuis combien de temps elle attendait, car la fille de rebelle qu'elle jouait ne pouvait même pas rêver de s'acheter une montre. Monsieur Thompson ne paraissait pas prêt à poursuivre son chemin. Il parlait avec une certaine “Jen”, une amie perdue de vue d'après ce qu'Aileen entendait. Au début, Aileen était très nerveuse, mais ils discutaient depuis si longtemps... “Elissa !” Elle mit quelques secondes à réagir, toujours pas habituée à être appelée par un nom qui n'était pas le sien. A présent, elle était Elissa Thompson, fille d'un rebelle plutôt important du district 5. Elle devait jouer son rôle à la perfection. Avec son “père”, c'était simple: elle devait sourire de temps en temps et débiter des phrases toutes faites à propos de la rebellion. Il était déjà content quand elle disait “A mort le Capitole!” tous les jours. Avec sa “mère”, c'était plus difficile. Moins distraite, plus observatrice, elle semblait avoir remarqué un léger changement chez sa fille depuis qu'elle était revenue de prison. Aileen serra les dents en pensant aux coups de fouet qu'elle avait dû supporter afin de rendre sa sortie de prison crédible. Si seulement ils l'avaient placée dans une famille d'espions, elle n'aurait pas dû jouer son rôle tout le temps. Son grand-père était têtu et il avait insisté pour qu'elle soit intégrée dans une famille de vrais rebelles, quitte à tuer la vraie Elissa Thompson pour qu'Aileen prenne sa place. Seuls les experts du Capitole étaient capables de rendre Aileen exactement semblable à cette Elissa. Pendant des mois, Aileen avait étudié son rôle. Elle devait tout maîtriser: la façon de parler et l'accent d'Elissa, sa façon de rire, de marcher ou de chanter. Elle devait mémoriser les secrets d'Elissa, ce qu'elle aimait et ce qu'elle n'aimait pas, sa façon de penser...Tant de travail ! A présent, elle se rendait au campement des rebelles du district 10 avec son “père”. Elle pourrait y rencontrer des rebelles importants et son “père” espérait la faire entrer dans leur armée. Le campement (en fait quelques vieilles baraques entre les champs et le fleuve) n'était utilisé que comme lieu de réunion. Aileen regardait bien autour d'elle, tout en affichant un sourire timide, essayant de rassembler un maximum d'information à propos du campement et des gens qui s'y trouvaient. Un mouvement sur sa droite attira son attention. Elle vit un homme dont le visage lui était familier. Elle fouilla dans ses souvenirs et eut l'impression de sentir son coeur s'arrêter lorsqu'elle se remémora son nom: Julian Kane Kennedy-Fawkes. C'était un rebelle important en fuite et Aileen était sensée récolter des informations qui pourraient mener à sa capture. C'était l'homme qui avait enlevé Jules Winstead. Aileen avait été payée par Mr. Winstead pour retrouver sa fille, mais ce n'était pas pour l'argent qu'elle la cherchait. Jules était son amie. Imaginer la façon dont ce Julian devait traîter la délicate Jules rendait Aileen malade. Pourtant, ce n'était pour aucune de ces raisons qu'Aileen eut peur en le voyant. Julian la connaissait. Elle l'avait déjà rencontrée au Capitole. Ils avaient discuté alors qu'il n'était encore qu'un tribut. Lorsqu'il était revenu vainqueur, elle avait été chargée de vérifier s'il était pro- ou anti-Capitole. Ils avaient beaucoup parlé, et Aileen avait réussi à gagner sa confiance. Et s'il la reconnaissait maintenant ? Non, c'était impossible. La Aileen qu'il connaissait était blonde, sûre d'elle et elle parlait avec l'accent du Capitole. Aujourd'hui, elle était rousse, timide et elle parlait comme les gens du district 5. Et si elle faisait un faux pas ? Son estomac fit un bond, elle se sentait sur le point de s'évanouir. Soudain, Julian la regarda, les sourcils froncés. Elle rougit et se détourna en constatant qu'elle le dévisageait de façon peu courtoise. Il faudrait qu'elle aille lui parler, qu'elle lui soutire des renseignements...Mais elle n'osait tout simplement pas. Soudain, son "père" s'écria: “C'est vous, monsieur Kennedy-Fawkes ? Viens Elissa, on va lui dire bonjour !”. |
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| Sujet: Re: Il faut apprendre à jouer son rôle - Julian et Aileen Jeu 14 Juil - 17:14 | |
| Son périple au dixième district n'aura pas été vain. Mais une chose était certaine toutefois; il fallait se faire le plus discret possible. Sa tête était mise à prix depuis cet enlèvement au Capitole et Julian savait que les recherches pour retrouver cette fille du nom de Jules allaient faire des remous un peu partout à Panem. Il ne regrettait aucunement son geste, tout faisait partie du plan, mais maintenant une grande discrétion était de mise. Il en eut la preuve quelques jours plus tôt lors de son arrivé dans le district... Il s'était fait presque aussitôt intercepté par des Pacificateurs qui liquida gratuitement deux rebelles qui l'accompagnaient. Heureusement, Julian n'eut qu'une blessure à l'épaule suite à cet affront, mais son emplacement avait été dévoilé... Toutefois, loyal envers ses hommes et sa cause, il ne pouvait quitter maintenant, il avait une réunion d'organiser afin de recruter davantage de rebelles. L'avantage était que le tout se déroulait dans un coin reculer du district, les chances qu'un garde du Capitole se pointe étaient plutôt minces. Mais Julian se sentait tout de même quelque peu nerveux... Au moins Jules était cachée, surveillée par son frère jumeau, Jared. Il lui faisait confiance et il savait que personne ne pourrait les trouver là où ils étaient. Une chose de rassurante. Peut-être qu'il était exposé en cet instant et peut-être qu'il se fera pincé au bout du compte, mais il était au moins certain que leur plan ne sera pas compromis. Il avait quelques fidèles près de lui à qui il confiait beaucoup de tâches, il savait que s'il disparaissait de la carte, la rébellion aurait des chances d'avoir lieu. Enfin, pour le moment, il devait se concentrer sur cette visite au campement des rebelles.
Julian avait tout d'abord fait un arrêt à la cabane principale du campement, là où le dirigeant assigné pour ce district résidait et s'entretenait avec d'autres rebelles. Il faisait confiance à Elias et il savait qu'il était un bon leader et qu'il dirigeait les troupes comme un vrai pro. L'entretien fut tout de même bref, prenant des nouvelles des divers recrutements, de l'emprise du Capitole sur le district, tout le nécessaire quoi. Mais il avait beaucoup à faire, il devait lui-même rencontrer les rebelles pour s'assurer que tout se passait comme désirer. Sa méfiance était légendaire et surtout infaillible. Il savait reconnaître ceux qui doutaient, ceux qui souhaitaient se joindre à eux, mais qui pourraient les trahir si jamais leur vie était menacée. Ce genre de personne n'était pas à considéré. Le danger les guettait et il ne fallait pas avoir peur de la mort pour faire partie de cette révolution. Alors qu'il déambulait de personne en personne, son regard croisa celui d'une jeune rouquine accompagnée d'un grand homme. Ses sourcils se froncèrent subtilement à cette vision, comme si ces prunelles lui rappelaient quelqu'un... Pourtant, cette impression ne l'alerta guère, puisqu'il rencontrait nombres de gens et qu'il était probable qu'il oublie quelques visages. Mais alors qu'il s'apprêtait à poursuivre son chemin, l'homme qui accompagnait la rouquine l'interpella et s'approcha. S'immobilisant, Julian considéra l'homme un instant avant d'acquiescer. « Lui-même » L'étranger lui tendit la main afin de serrer la sienne, comme s'il s'agissait d'une rencontre inespérée. Julian saisit sa main dans la sienne, sentant un élancement désagréable à son épaule droite. Sa blessure était encore fraîche et il ressentait toujours une douleur lorsqu'il bougeait son bras. Mais il fit son possible pour ne pas montrer son malaise. « Vous êtes ? » s'intéressa-t-il alors qu'il posait les yeux sur Elissa qui semblait inconfortable. L'avait-il déjà rencontrer auparavant ? Une impression de déjà-vu persistait, mais il tentait de l'écarter du mieux qu'il le pouvait afin de ne pas faire preuve d'impolitesse. |
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| Sujet: Re: Il faut apprendre à jouer son rôle - Julian et Aileen Jeu 14 Juil - 19:45 | |
| Rester calme n'était pas facile. Aileen n'avait qu'une envie: tordre le cou à cet imbécile de “père” avant de partir en courant. Voilà que cet idiot donnait la main à Julian. L'adoration qui se lisait dans son regard lorsqu'il regardait le chef rebelle dégoûtait Aileen. Il lui lança un regard appuyé qui signifiait sans doute qu'elle devait aussi donner la main à Julian, mais elle n'en fit rien. Les deux hommes se mirent alors à parler des projets des rebelles dans le district 5 que le “père” d'Aileen allait mener. Aileen essayait d'avoir l'air d'une fille innocente du district 5. Les informations échangées pendant la conversation intéresseraient sans doute le Capitole, mais elle n'arrivait pas à se concentrer pleinement. De temps en temps, Julian la regardait d'un air pensif. Qu'est-ce que cela voulait dire ? La reconnaissait-il ? Elle fut soudain heureuse qu'elle joue le rôle d'une fille timide. Soudain, ce maudit “père” eut la mauvaise idée d'attirer l'attention sur Aileen en s'exclamant: “Mais vous n'avez encore jamais rencontré ma fille ? Elissa est une vraie rebelle ! Elle a même été mise en prison pour avoir aidé des rebelles. Ils l'ont fouettée mais elle n'a même pas pleuré ! Elle sera bien contente d'entrer dans votre armée, n'est-ce pas Elissa ?” Ils s'attendaient tous les deux à ce qu'Aileen réponde, alors elle dit d'une voix douce: “Bien sûr, je serai très heureuse d'intégrer l'armée pour renverser le Capitole...Si Ju...monsieur Kennedy-Fawkes le veut bien.” Aileen serra les dents. Elle avait fait deux erreurs dans une même phrase: la première avait été de vouloir appeler Julian par son prénom et la deuxième de le regarder dans les yeux avec défi en prononçant sa dernière phrase. Cela ne collait pas avec son personnage mais son “père” rit et ne parut pas s'en appercevoir. Le coeur d'Aileen battait à toute vitesse. Pourquoi faisait-elle tant de fautes maintenant, elle qui avait déjà réussi tant d'autres missions ? “Peut-être que monsieur voudra bien t'expliquer en quoi consistera ton travail ?” Suggéra le “père” d'Aileen. “C'est un grand chef et je suis sûr qu'il a beaucoup de choses à t'apprendre... Je vous laisse, il faut que je voie encore quelques autres personnes...” Aileen soupira. Apparament, elle allait devoir jouer son rôle à la perfection longtemps encore. Elle connaissait Julian, il n'était pas du genre à se laisser berner par des phrases toutes faites et il était très méfiant. Allez, courage! se dit-elle. Après tout, elle avait bien réussi à manipuler Julian lorsqu'ils s'étaient rencontrés, alors pourquoi pas maintenant ? Elle prit un air hésitant et s'adressa au chef des rebelles d'une voix qu'elle fit trembler sans mal: “Le Capitole a fait beaucoup de mal à mes amis et à ma famille. Quand j'étais petite, je vivais dans la crainte d'être moissonnée, et maintenant j'ai peur pour mon petit frère. J'ai vu -et senti- moi-même de quoi les pacificateurs sont capables. Je vous en prie, dites-moi comment je peux vous aider ! Je sais me battre...” |
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| Sujet: Re: Il faut apprendre à jouer son rôle - Julian et Aileen Mar 26 Juil - 16:37 | |
| Nombres de visages pouvaient défiler devant ses yeux en l'espace d'une journée, surtout lors de ces fameuses visites dans chacun des districts. Julian ne parvenait pas toujours à assimiler tous les noms et tous les traits faciales, mais généralement il était en mesure de déterminer s'il avait déjà croisé telle personne ou telle autre personne. Cette fois, le rebelle doutait... Cette petite rouquine aux airs timides accompagnée de son père avide de faire partie de la révolution, elle lui inspirait une impression de déjà-vu lointain, très lointain, sans toutefois parvenir à mettre le doigt sur la réponse. Ce n'était que son regard qui l'interpellait. Ses cheveux, son nez, ses lèvres, tout d'elle lui était pourtant inconnue. Afin de ne pas apporter le moindre soupçon sur ses propres... soupçons, Julian tenta de converser avec l'homme qui provenait du District Cinq. Il avait pris le risque de quitter son habitat pour participer à ce rassemblement ? C'était faire preuve de fidélité. Et le chef fut ravi d'apprendre qu'il comptait bien diriger les troupes de son district et lui fit même part de quelques projets qui lui titillaient l'esprit. Intéressé, Julian commenta chacun de ses dires, sans toutefois s'empêcher de jeter de temps à autre un coup d'oeil à sa fille qui était toujours muette à ses côtés. C'est alors que toute l'attention se porta sur cette dernière. Une vraie rebelle, dit-il ? Un regard analytique se posa sur elle, décortiquant chacune de ses paroles, comme s'il cherchait une faille. Et lorsque la dénommée Elissa éleva la voix, Julian perçut une légère confusion et peut-être de la déception s'immiscer en lui. Il aurait souhaité pouvoir reconnaître son timbre de voix, une expression ou une intonation quelconque qui lui reviendrait en mémoire, mais rien ne vint. Il était laissé dans le noir alors que sa présence le troublait toujours.
Julian resta de glace face à la requête de la jeune femme et de ses yeux étonnamment méfiants. Ça lui rappelait son propre regard... Le père n'en fit aucune remarque et les laissa plutôt en tête-à-tête, espérant probablement que sa fille ait une grande tâche à accomplir parmi les rebelles. Mais ce n'était pas si simple. Il ne suffisait pas de crier haut et fort notre haine contre le Capitole ou tous les malheurs qu'il a pu nous infliger pour obtenir une place d'honneur dans son "armée". Il fallait faire ses preuves dans les rangs, démontrer une discrétion et une loyauté à toutes épreuves. Ce n'était pas simple et surtout pas facile d'être un rebelle. Le savait-elle ? Connaissait-elle les risques de s'opposer au gouvernement ? « As-tu peur de mourir, Elissa ? As-tu déjà côtoyer la mort ? Tuer pour ta survie ? » Et BAM, ni une, ni deux, Julian allait droit au but. Il parla d'une voix calme et respectueuse, comprenant qu'elle pouvait avoir subi des traumatismes dans le passé et que son désir de vengeance était grand. Mais avait-elle déjà enlever la vie ? Avait-elle déjà vu la mort de près ? Julian laissa un petit silence flotter dans l'air alors que les gens circulaient tout autour d'eux, que le brouhaha des conversations et des pas pressés les enveloppaient. Son regard demeura bien ancré dans le sien, cherchant la moindre faille. « Car c'est ce qui t'attend si tu rejoins ce mouvement. Tu t'engages à risquer ta vie, non pour le comportement passé des Pacificateurs, mais pour la vie future de tous les habitants de Panem. Tous ici ont une rage sans borne contre les agissements du Capitole, mais la haine ne suffit pas. Il faut du courage, de la détermination, de l'espoir aussi pour mener cette révolution à terme. » Et tu devras faire tes preuves pour gagner ma confiance, notre confiance. Mais cette phrase ne franchit pas ses lèvres. Il se méfiait, certes, et il savait que Panem en entier connaissait ce trait de sa personnalité. Cependant, un vrai leader ne laissait rien transparaître. |
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| Sujet: Re: Il faut apprendre à jouer son rôle - Julian et Aileen Jeu 4 Aoû - 19:49 | |
| Le grand-père d'Aileen, juge dans les Hunger Games, lui avait toujours dit qu'elle pensait trop au passé. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de comparer Julian au jeune homme -presque encore un garçon- qu'elle avait rencontré lorsqu'il avait gagné les Jeux. Il était toujours aussi méfiant, mais il était aussi sûr de lui et convaincu qu'il était du bon côté dans cette “guerre”. Aileen songea qu'il était fait pour ce rôle de chef rebelle. Lorsqu'il était sorti vainqueur des Jeux, le président en personne avait demandé à Aileen de l'amadouer pour qu'il serve le Capitole. Snow s'était bien rendu compte que cet homme pourrait être dangereux pour l'équilibre de Panem. Aileen avait réussi à gagner la confiance de Julian, mais pas à le faire changer d'idées. Il s'était déjà trop avancé sur le chemin de la rebellion. Cela l'avait un peu attristée; ils auraient bien pu s'entendre s'ils n'avaient pas été ennemis. A présent, il fallait qu'elle joue son rôle à la perfection. Pour pénétrer jusqu'au coeur de la rebellion, quoi de mieux que d'avoir la confiance et l'amitié de son chef ? Peu à peu, elle abandonnerait le rôle de la timide Elissa pour jouer celui d'une Elissa prête à tout pour la cause de Julian. Elle ne pouvait pas se permettre le moindre faux pas. Julian lui demanda : « As-tu peur de mourir, Elissa ? As-tu déjà côtoyer la mort ? Tuer pour ta survie ? » Aileen sourit; Julian était toujours aussi direct qu'avant. Milles réponses lui passèrent par la tête, de “Si tu savais combien de gens sont déjà morts à cause de moi.” à “Je parie que j'ai plus tué que toi.” en passant par “Je suis ici pour causer ta mort, Julian.”. Elle répondit finalement : Et vous, monsieur, avez-vous déjà tué ? Question inutile; il avait gagné les Hunger Games, il avait donc déjà tué. Aileen ne s'attendait pas à recevoir une réponse. En un éclair, elle sortit son poignard de son fourreau. Quelques secondes plus tard, elle avait immobilisé Julian comme son professeur au Capitole le lui avait appris. Son couteau était posé sur la gorge du rebelle. Il n'y avait pas eu de lutte; Julian était pris au dépourvu. Avant qu'il ait le temps de penser à se débattre ou que quelqu'un s'apperçoive de ce qu'Aileen venait de faire, elle le relâcha. Je me demande...est-il plus difficile de tuer pour la première fois ou de tuer encore lorsqu'on sait déjà quel effet cela fait ? Ou le pire est-il de s'appercevoir qu'on y prend plaisir et qu'on ne peut plus s'arrêter ? Aileen était tendue; elle avait provoqué Julian, elle espérait à présent qu'il n'allait pas mal le prendre. Il fallait qu'elle montre qu'elle était capable d'autre chose que de sourire timidement et que de parler de rebellion sans rien faire, sinon il ne l'accepterait jamais. Pour répondre à votre question: non, monsieur, je n'ai pas encore tué. Est-ce que cela me fait peur ? Sans doute, mais je crois que c'est pareil pour tout le monde. Est-ce que je me crois capable de trancher froidement la gorge de quelqu'un ? Il me semble que l'acte lui-même est facile, quand on met ses scrupules de côté. J'ai vu plus qu'une personne mourir, et je ne parle pas que des malheureux que je vois à la télévision chaque année. Quant à savoir si je serai capable de me battre et de tuer une fois le moment venu...Comment vous répondre ? Je connais la mort, je l'ai vue de près. Ce n'est pas mon amie, mais je sais qu'elle fera partie de mon métier si vous m'acceptez dans votre armée. Aileen le regarda droit dans les yeux. Je n'ai pas peur de toi, disait son regard, et je te prouverai que je suis capable de beaucoup plus que tu ne soupçonnes. Julian poursuivit: « Car c'est ce qui t'attend si tu rejoins ce mouvement. Tu t'engages à risquer ta vie, non pour le comportement passé des Pacificateurs, mais pour la vie future de tous les habitants de Panem. Tous ici ont une rage sans borne contre les agissements du Capitole, mais la haine ne suffit pas. Il faut du courage, de la détermination, de l'espoir aussi pour mener cette révolution à terme. » Aileen répondit sans hésiter: La vengeance est un feu violent, mais qui meurt vite. Pour nourrir le feu d'une révolte, il faut plus que ça. J'avoue que le désir de me venger ne me quitte pas, mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle je veux rejoindre votre armée. Je suis loyale à votre cause, monsieur. Je ne me bats pas pour moi; je sais que je ne vivrai sans doute pas assez longtemps pour voir les jours meilleurs. Pourtant, je garde espoir parce que je veux que les choses bougent. Je veux qu'un jour, une fille comme moi soit libre d'aller où elle veut et de penser ce qu'elle veut, et qu'elle n'ait plus à craindre la famine ou les représailles des Pacificateurs. La profondeur de ma motivation, c'est vous qui la jugerez suffisante ou pas. Aileen sourit et reprit d'une voix plus ironique, qui était plus proche du ton qu'elle employait d'habitude: Vous êtes méfiant, c'est bien connu. Je vois qu'il vous est difficile de me croire. J'avoue que je n'accorderais pas non plus ma confiance à une gamine toute frêle comme moi, si j'étais vous. J'apprécie les gens qui parlent de façon directe; alors dites-moi donc la vérité, monsieur Kennedy-Fawkes, et dites-moi qu'est-ce que je dois faire pour rejoindre votre armée et mériter votre confiance. Pas de mensonges entre nous. Aileen se raidit. “Pas de mensonges entre nous” était une expression que ce cher président Snow utilisait souvent, et Aileen l'avait peu à peu reprise. Elle réfléchit à toute vitesse. Avait-elle déjà utilisé cette expression devant Julian, et si oui, s'en souvenait-il ? Peut-être se faisait-elle des soucis pour rien. Il devait penser à des choses bien plus importantes que cette fille du Capitole qui lui avait un jour dit cette phrase. Elle se détendit un peu en attendant la réponse de Julian.
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| Sujet: Re: Il faut apprendre à jouer son rôle - Julian et Aileen Mer 10 Aoû - 17:33 | |
| Il était facile de désirer une chose, de souhaiter profondément que notre monde soit meilleur et de vouloir faire partie de ce changement, d'être en quelque sorte la cause de ce mouvement. Mais il en était une autre de mettre la main à la pâte. Depuis le début de son affectation en tant que chef des rebelles, Julian avait vu nombres de gens proposer leur soutien, leur aide, et tous réagissent d'une manière différente. On ne peut juger par un simple coup d'oeil, se baser sur une simple première impression, certes, mais généralement la première approche ne mentait pas. Des habitants de Panem désertaient leur propre district avec l'espoir de voir des jours meilleurs, d'enfin vivre en paix avec eux-mêmes. Cependant, était-ce suffisant ? Beaucoup ont baissé les bras au moindre obstacle. Trop dangereux, trop de pression. Et Julian devait gérer non seulement le déroulement général des troupes, mais également la clandestinité de ses plans. Et il était si facile de céder aux tortures d'un Pacificateur et de tout dévoiler sur les activités illégales dont ils ont été témoin. Il ne doutait pas que les intentions de cette jeune femme, Elissa, soient remplies d'idéaux propres à leur cause et qui leur seront certainement bénéfique. Toutefois, pouvait-il lui offrir tous les détails de sa révolution aussi librement ? Certainement pas. Il se méfiait et cette impression de déjà-vu le hantait. Il se devait de traiter tous et chacun de la même manière, car ils étaient tous des égaux dans cette guerre, mais il avait une légère difficulté à agir "normalement" avec celle-ci. Julian ne pouvait s'empêcher de s'interroger sur les expériences d'Elissa alors que peut-être ces informations l'aideraient à se faire une idée claire et précise de sa personne. La question qu'elle lui renvoya le laissa un bref instant perplexe, fronçant discrètement les sourcils. S'il avait déjà tué ? Beaucoup trop de fois. Peut-être pas autant de fois qu'un Pacificateur, mais ses mains étaient déjà profondément souillées par le sang humain, par la mort elle-même. Par commencer par les Hunger Games, ses premiers meurtres. Il s'était découvert un côté froid et légèrement sadique lors de ces Jeux, un côté qui le rebutait au plus haut point, qui le hantait toutes les nuits. Chaque vie qu'il faucha brisa une partie de son âme, lui infligeait une douleur sans borne, même si sa propre vie en dépendait ainsi que celle de tous les habitants de ce monde corrompu. On n'apprend pas à tuer et on ne s'y habitue jamais. C'est alors que la jeune femme prit le rebelle complètement au dépourvu. Avant qu'il ne se rende même compte de ce qui se tramait, il se retrouva totalement immobilisé sur place, une lame tranchante menaçant sa gorge à découverte. Le coeur battant, il n'eut nullement l'occasion de contrer l'attaque que déjà l'emprise s'estompait. Il devait avoué qu'il n'avait nullement vu ce retournement de situation arriver. D'instinct, Julian demeura crispé alors qu'il toisait son interlocutrice d'un oeil incertain et méfiant. Il était sur ses gardes. Elle était rapide. Menue, mais étonnement rapide. Son regard exprimait, malgré sa surprise, un intérêt nouveau. Elle n'effectua aucun autre geste offensif et commenta plutôt ses dires, le rendant davantage perplexe. Prendre plaisir à tuer ? Il ne pouvait concevoir une telle chose, comment s'amuser de la barbarie ? À moins d'être fou. Elle n'avait certes jamais enlever la vie pour s'interroger de la sorte, mais elle avait tout de même côtoyé nombres de fois la mort. Ce qui atténuait sans doute ses craintes face au meurtre et Julian pouvait comprendre. Il se détendit finalement, ses muscles se décrispant alors qu'il se remettait de sa surprise, intrigué par les paroles de la jeune femme. Un imperceptible sourire s'immisça sur ses lèvres alors qu'il se trouvait satisfait du discours qui lui était offert. Elle n'était pas aussi sotte que l'on pourrait croire, ni aussi ignorante. Ses principes étaient justes et honnêtes, et se rapprochaient étrangement des siens. Les raisons pour lesquelles elle souhaitait joindre le mouvement étaient exactement celles qui l'avait pousser lui-même à se rebeller.
Il se surpris à avoir baisser légèrement sa garde face à Elissa, par ses simples paroles, par cette conviction d'avoir sa place au sein de la révolution. Cependant, sa carapace se solidifia presque aussitôt alors qu'une phrase lui dressa les cheveux sur la tête et lui fit grincer des dents. "Pas de mensonges entre nous." Avait-il bien entendu ? Venait-elle de prononcer la phrase fétiche du plus haut dirigeant de cette dictature, celui qu'il tentait depuis des années de faire tomber ? Ou était-ce une simple coïncidence ? Avait-elle déjà visiter le Capitole ? Il ne pouvait se souvenir si le Président Snow avait déjà utilisé cette expression lors de ses annonces télévisées... Peut-être l'avait-elle déjà rencontré et qu'il s'agissait d'une tournure de phrase sarcastique ? Son esprit s'embrouillait. Tout d'abord cette impression de connaître son regard et ensuite l'expression adorée de son plus grand rival. Ses traits faciales étaient devenus soudainement durs, plus méfiant que jamais, alors qu'il toisait la rouquine d'un oeil douteux. « Suis-moi » ordonna-t-il de sa voix incassable. Il engagea le pas parmi la foule, parmi tous ces rebelles qui s'étaient joins à ce rassemblement. « Ce que tu vois ici n'est que la pointe de l'iceberg. Tous ces gens ne sont qu'une petite poignée de militants. Tout est beaucoup plus gros, beaucoup plus organisé que ce que tu peux croire, Elissa. Nous travaillons en équipe, en unisson. Chacun à une tâche bien à eux: approvisionnement, armement, élaboration de tactiques, espionnage, combattant et plus encore. Et tout est étroitement surveillé, chaque transaction, chaque déplacement. Car la moindre faute pourrait être fatale à notre cause. » Julian cessa sa marche et se tourna vers son interlocutrice, planta son regard de leader dans le sien, prenant son air de chef. « Tu as du cran, tu es fonceuse, habile même, un peu trop téméraire et insouciante à ce que j'ai compris, mais tu sauras convertir cette énergie de la bonne manière. Le travail sur le terrain t'intéresse ? Tu devras tout d'abord apprendre de nos meilleurs. Tu penses peut-être que tu en sais suffisamment pour être affecter à ta propre mission à l'instant, mais ce n'est pas ainsi que je fonctionne. J'ai besoin de voir où tu en es sur tous les plans et ensuite je pourrai mieux cerner le genre de tâche qui te convient. Insatisfaite ? Tu peux toujours tourner les talons. Mais une fois que tu t'engages, il n'y aura aucun moyen de faire marche arrière. » Comme il aurait voulu accomplir lui-même son entraînement... Il avait de la difficulté à concevoir de la laisser entre les mains de d'autres, même si sa confiance est plutôt grande envers certains de ses "soldats". Il pourra tout du moins demander des nouvelles fréquemment, affecter quelqu'un afin de surveiller tous ses faits et gestes... |
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| Sujet: Re: Il faut apprendre à jouer son rôle - Julian et Aileen Sam 13 Aoû - 19:11 | |
| Aileen était tendue; et si Julian se fâchait parce qu'elle avait osé le menacer avec son couteau ? Elle allait enfin voir si elle le connaissait bien... Finalement, Julian prit plutôt bien la chose; il semblait même se détendre un peu. A présent, il était plus souriant et ouvert; il avait baissé sa garde. Si tu savais, Julian... songea Aileen. Je suis ici pour détruire tout ce que tu as construit et pour anéantir l'espoir des rebelles. Leur espoir c'est toi, Julian, et c'est toi que je devrai briser avant de pouvoir m'attaquer au reste. . Il lui avait accordé une toute petite parcelle de confiance, et elle savait parfaitement pourquoi. Aileen le connaissait, elle savait exactement pourquoi il s'était joint à la rebellion. Les dossiers avec le nom “J. Kennedy-Fawkes” étaient nombreux, au Capitole; elle les avait tous lus et en avait même rédigé quelques-uns. Aileen se sentit plus confiante; Julian n'avait pas l'air de la reconnaître. La tension qui flottait dans l'air se dissipa quelque peu. Après tout, nous avons déjà joué à ce jeu, toi et moi...Et c'est moi qui a gagné. C'est alors qu'Aileen commit une erreur...Si elle avait fait une faute pareille pendant sa formation au Capitole, son maître l'aurait fait rosser sans pitié. "Pas de mensonges entre nous.", cette phrase voulait bien dire quelque chose pour le leader des rebelles. Julian se raidit et elle vit la méfiance et le doute l'envahir. Stupide, stupide, stupide ! Prononcer la phrase fétiche du dictateur de Panem devant le chef rebelle n'était pas la chose la plus intelligente à faire. Il fallait qu'elle se justifie, qu'elle explique comment une simple fille comme elle connaissait cette phrase. Le président ne l'avait jamais prononcée à la télévision; Elissa ne pouvait pas connaître cette phrase. A moins que... Je suis désolée. Murmura-t-elle d'un air apeuré. C'est...un Pacificateur...qui m'a appris cette phrase quand j'étais emprisonnée... Aileen espérait de tout coeur que ses hésitations passeraient pour de la réticence à évoquer cet épisode de sa vie. Il parraît que notre cher président aime dire ça. Je ne voulais pas vous choquer... Elle se creusa la tête, mais ne trouva aucune raison pour laquelle Elissa aurait voulu prononcer cette phrase, qui lui rappellait des mauvais souvenirs. L'ironie n'était pas le genre de la jeune fille du district 5, et utiliser ce genre de phrase comme blague était certainement mal vu...Aileen préféra se taire, espérant que Julian n'avait pas remarqué la lacune dans son explication. Suis-moi Lui dit-il d'une voix ferme et dénuée de sympathie. C'était un ordre, pas de doute là-dessus. Que va-t-il se passer maintenant ? Se demanda Aileen alors que l'affolement la gagnait. Il sait qui je suis et il va m'emmener dans un coin tranquille pour me tuer. Se dit-elle. Cette pensée lui glaçait le sang; elle savait très bien se battre...mais lui aussi, et elle n'avait qu'un couteau. Ils se promenèrent simplement parmi la foule de rebelles; rien dans l'attitude de Julian ne laissait soupçonner qu'il allait lui faire du mal. Aileen se traita d'imbécile; elle savait bien que le leader n'était pas du genre à assassiner des gens en catimini sans être sûr de leurs crimes. Elle avait paniqué comme une débutante; restait à espérer qu'il n'avait rien remarqué. Il lui parlait: « Ce que tu vois ici n'est que la pointe de l'iceberg. Tous ces gens ne sont qu'une petite poignée de militants. Tout est beaucoup plus gros, beaucoup plus organisé que ce que tu peux croire, Elissa. Nous travaillons en équipe, en unisson. Chacun à une tâche bien à eux: approvisionnement, armement, élaboration de tactiques, espionnage, combattant et plus encore. Et tout est étroitement surveillé, chaque transaction, chaque déplacement. Car la moindre faute pourrait être fatale à notre cause. » Aileen se força à parraître intéressée et répondit d'une voix assurée: L'erreur est humaine, je suis sûre que vous le comprenez...monsieur. Travailler en équipe ne me fait pas peur; on fait ça dans mon district aussi. Quant à la tâche que je crois pouvoir mener à bien...J'avoue ne pas encore savoir de quoi je suis capable. Combattre, je sais le faire; mais je ne suis pas assez bête pour croire que je saurais battre un Pacificateur ou même vous. Elle lui fit un clin d'oeil. J'ai besoin d'entraînement, je crois. Soupira-t-elle. Julian s'arrêta soudain et planta son regard dans celui d'Aileen. Elle remarqua qu'il prenait un air important, qu'il essayait de parraître plus imposant...C'était sans doute son air de chef. Cela ne marchera pas avec moi. Songea-t-elle en le regardant d'un air amusé, un léger sourire aux lèvres. Puis elle se rendit compte que son attitude ressemblait plus à celle d'une habitante du Capitole qu'à celle d'une pauvre fille des districts, et elle prit un air impressionné. « Tu as du cran, tu es fonceuse, habile même, un peu trop téméraire et insouciante à ce que j'ai compris, mais tu sauras convertir cette énergie de la bonne manière. Le travail sur le terrain t'intéresse ? Tu devras tout d'abord apprendre de nos meilleurs. Tu penses peut-être que tu en sais suffisamment pour être affecter à ta propre mission à l'instant, mais ce n'est pas ainsi que je fonctionne. J'ai besoin de voir où tu en es sur tous les plans et ensuite je pourrai mieux cerner le genre de tâche qui te convient. Insatisfaite ? Tu peux toujours tourner les talons. Mais une fois que tu t'engages, il n'y aura aucun moyen de faire marche arrière. » Aileen hocha la tête avant de répondre: Je ferais de mon mieux pour servir la cause rebelle, mais je sais très bien que je ne suis pas votre seule soldate, et certainement pas la meilleure -pour l'instant. Si vous ressentez le besoin de tester mes capacités, c'est à votre guise. Ils passaient justement devant l'endroit où plusieurs hommes et femmes s'exercaient. Alors, ça vous dit de m'apprendre quelques petits trucs ? Demanda-t-elle d'un air léger. Elle n'aurait pas dû faire ça, mais elle avait trop envie de se battre avec Julian. Elle lui avait donné quelques petits cours, au Capitole. Oh, rien de bien formel; c'était surtout pour s'amuser. Aileen aimait les défis et croiser le fer avec le chef rebelle l'enchantait. Elle prit un air à la fois déterminé et admiratif -elle ne pouvait pas oublier qu'Elissa adulait Julian. S'il vous plaît...j'en rêve depuis tellement longtemps. Dit-elle pour adoucir sa requête. Il devait croire qu'elle brûlait de prouver sa valeur comme rebelle. L'épée, ça vous dit comme arme ? Demanda-t-elle tout en prenant deux armes. Elle maîtrisait en effet parfaitement le combat avec deux épées. Le plus difficile dans ce combat serait de ne pas se laisser aller et d'avoir l'air d'une débutante. Aileen sourit et se mit en position. Elle était prête.
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| Sujet: Re: Il faut apprendre à jouer son rôle - Julian et Aileen Mar 16 Aoû - 20:05 | |
| Il ne saurait dire pourquoi, mais Julian souhaitait garder cette jeune femme à l'oeil. Il hésitait de la laisser entre les mains de quiconque, même de son plus grand acolyte, quelqu'un en qui il pourrait mettre toute sa confiance. Quelque chose en elle lui en empêchait. Mais sa situation ne lui permettait pas de prendre autant de temps à former un rebel. Il avait tant de choses à accomplir, sans compter cette jeune prisonnière, Jules, qui se trouvait en ce moment même avec son frère jumeau. Elle était entre bonnes mains, certes, mais Jared était trop doux avec elle. Il devait s'assurer qu'il ne se laisserait pas attendrir par ses beaux yeux et par un élan de bonté la laisse partir rejoindre le Capitole. Si une telle éventualité arriverait, ils étaient tous cuits. Et même s'il ne portait pas cette petite blonde dans son coeur, il se résignait à passer beaucoup de temps en sa compagnie... Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour la cause. Enfin, bref. Julian avait peut-être ses raisons de douter d'Elissa. Alors qu'ils discutaient, une phrase vint s'immiscer dans les dires de la jeune femme ce qui attira instantanément les doutes du rebel. Il n'en tira pas de grandes conclusions, mais sa méfiance n'en fut qu'amplifier pendant un bref instant. « Je suis désolée. C'est...un Pacificateur...qui m'a appris cette phrase quand j'étais emprisonnée... Il parraît que notre cher président aime dire ça. Je ne voulais pas vous choquer... » Julian la toisa d'un regard incertain avant de tout simplement ne pas tenir compte de cette bourde. Enfin, peut-être qu'elle disait vraie après tout. Peut-être que l'expression lui avait échappé et il savait combien ces Pacificateurs pouvaient marqués une vie. Afin de ne pas s'attarder davantage sur ce point, Julian proposa plutôt à Elissa de marcher. Ils déambulèrent au travers de la foule, reprenant son air des plus sérieux. Le voilà à se lancer dans de grands discours afin de faire bien comprendre à Elissa que ce rassemblement n'était pas qu'un jeu, un passe-temps que l'on s'approprie pour se désennuyer de notre vie médiocre. Cependant, Julian se doutait qu'elle n'était pas sotte, qu'elle avait déjà fait paraître son point auprès des Pacificateurs et qu'elle avait subit divers misères pour en arriver où elle en était maintenant. D'après son père, elle avait même fait de la prison pour ses actes passés, ce qui démontrait déjà un grand dédain envers le Capitole. Mais elle n'allait pas manqué à son discours. Chaque fois qu'il doutait d'un nouvel arrivant, il sortait ses grands airs, son ton autoritaire et déballait tout ce qui pourrait décourager les plus faibles. Il ne voulait pas effrayer les habitants de Panem souhaitant une vie meilleure, mais il fallait avoir du cran pour faire partie de son groupe de militants. S'ils n'étaient pas prêts à se battre, ils n'avaient qu'à aller se réfugier au district treize et se terrer. Lui, il faisait avancer les choses. Et au fur et à mesure que Julian relatait tous les faits importants à savoir de cette révolution - enfin la surface tout du moins - Elissa sembla lui répondre avec conviction et honnêteté. Il était certain qu'elle ne manquait pas de tact et Julian prit cette témérité pour de la... passion ? Elle semblait véritablement prête à tout pour servir la cause, pour se joindre aux rangs et mettre la main à la pâte. Elle était consciente que ce n'était pas de tout repos de faire partie des rebels, qu'il fallait s'attendre à se battre et à faire face à des situations malencontreuses. Et comme si elle lisait dans ses pensées, elle désira montrer son talent de combattante afin qu'il le voit par lui-même. Déconcerté, le leader prit un bref instant afin de réaliser qu'elle était sérieuse et qu'elle désirait croiser le fer avec lui. Son visage demeura impassible et même sceptique. Remarquant enfin qu'ils avaient atteints le terrain d'entraînement de la base rebelle, Julian entendit la jeune femme le supplier d'accepter son offre alors qu'elle s'emparait déjà de deux armes. Il hésita encore une petite seconde avant de saisir lentement l'une des épées. Après tout, n'avait-il pas envie de connaître le véritable potentiel de cette jeune femme depuis le tout début de leur rencontre ? Ne souhaitait-il pas percer cette carapace et enfin constater ce qu'elle avait dans le ventre ? « Très bien. » accepta finalement le rebel, les traits toujours aussi durs. « Mais je n'irai pas de main morte avec toi, je suis impitoyable en entraînement » Un sourire en coin s'immisça malgré lui au coin de ses lèvres. L'épée était l'arme qu'il maniait le mieux parmi toutes celles qu'il avait appris à manier avec le temps. Il n'allait certainement pas lui laisser la moindre chance, Tout ceux qui subit un jour l'entraînement de Julian serait unanime en affirmant qu'il était dur, à la limite du cruel, peu importe le niveau de son élève. Julian empoigna fermement le manche de son épée et, sans arborer la moindre position de combat, il projeta son arme vers l'avant de son bras musclé. Étonnement, la jeune femme parvint à bloquer aisément le tir. Cependant, Julian avait plus d'un tour dans son sac. Ne s'attardant pas sur cette esquive - et ne se laissant certainement pas surprendre par ses réflexes aiguisés -, il attaqua de nouveau, et puis encore, faisant reculer son élève de quelques pas. Ils effectuèrent ensemble une danse propre au maniement de l'épée, lui tentait de trouver une brèche, elle bloquant ses tirs à chaque coup. Elle était beaucoup plus douée qu'elle ne laissait prétendre. N'affichant aucun air d'amusement ou de découragement, Julian augmenta peu à peu la vitesse de la danse, testant au maximum la jeune femme. Le bruit du fer qui s'entrechoquait emplissait l'air alors que leur respiration accélérait peu à peu par le coup de l'effort. Son style, sa façon de bouger, de parer chaque offensive... Tout lui était étrangement familier... Comme s'il avait déjà expérimenté son talent auparavant. Après un moment de ce manège, Julian décida de mettre tous ses atouts à contribution afin de la surprendre. Alors que leurs épées s'unissaient dans un duel d'étincelle acharné, le chef rebel éleva la jambe sur le côté afin de l'atteindre à la taille. Mais jamais il n'atteint sa cible. Elle tournoya aussitôt sur elle-même, comme si elle avait lu dans ses pensées, repoussant par le fait même l'arme de Julian qui fut propulsé vers l'arrière. Et avant qu'il ne comprenne ce qui se tramait, elle était déjà à ses avants, sa lame maintenant déposée contre sa carotide. La respiration fébrile, Julian la toisa d'un oeil incrédule. Tout lui revint en mémoire. La vérité le frappa de plein fouet, le tétanisant sur place le temps que son cerveau se remette de sa surprise. Imposteur. Soudainement, d'un élan étonnement rapide, il empoigna les poignets joints de son adversaire, tenant toujours l'épée fermement dans ses paumes, avant de lui faire brutalement perdre pieds. Il l'attira sur le sol terreux sans jamais lâcher son emprise contre ses membres. Elle s'affala de tout son long, Julian s'assoyant sans retenu à califourchon sur le jeune femme afin de la maintenir au sol. Il tourna de ses deux mains l'arme de la rouquine contre elle-même, la portant sur sa gorge, ses poignets toujours emprisonnés dans sa forte poigne. « Aileen ? » interrogea-t-il d'une voix aussi incrédule que sceptique. |
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| Sujet: Re: Il faut apprendre à jouer son rôle - Julian et Aileen Mer 17 Aoû - 20:07 | |
| Aileen était soulagée et détendue à présent; Julian semblait croire sa petite histoire sur sa volonté d'intégrer l'armée rebelle. Au royaume des menteuses, elle était bien souvent la reine et ce fut presque trop facile de répondre aux questions de Julian avec conviction et passion. Depuis son enfance, Aileen connaissait des rebelles, même si elle avait grandi au district 2, où il n'y en avait pas beaucoup. Son meilleur ami était devenu un rebelle; il était donc facile pour elle de comprendre la façon de penser de ces gens. Dans son rôle de pauvre fille qui avait déjà payé pour son désir de liberté, elle aurait été parfaite...s'il n'y avait pas eu Julian. Sa présence rendait Aileen nerveuse et sa peur lui faisait commettre des erreurs. Julian semblait convaincu par son petit manège; elle sourit en songeant que c'était la deuxième fois qu'elle bernait le chef rebelle à la méfiance légendaire. Le petit discours de Julian à propos des devoirs d'un rebelle ennuya Aileen, mais elle prit un air intéressé et lui répondit avec passion, comme si se battre pour lui était son plus grand rêve. Enfin, elle lui proposa de croiser le fer afin qu'il teste lui-même ses compétences. C'était une demande risquée, car elle devait montrer son talent sans parraître trop douée...Julian ne répondit pas tout de suite, il avait l'air plutôt déconcerté par sa proposition. Enfin, le visage impassible, presque sceptique, il posa une main sur l'épée qu'Aileen lui donnait. Il hésita encore, elle le voyait presque réfléchir et essaya de deviner ce qui se passait dans sa tête. Si elle le connaissait bien, il allait accepter pour voir lui-même ce que cette rebelle mystérieuse avait dans le ventre. « Très bien. Mais je n'irai pas de main morte avec toi, je suis impitoyable en entraînement » Lui dit-il enfin d'un air dur. Avait-il souri une seule fois depuis l'arrivée d'Aileen ? La guerre et la vie de rebelle l'avaient encore endurci; y avait-il encore de la place pour des sentiments dans ce coeur de chef ? Je sais. Lui répondit Aileen avec un petit sourire, puis elle se mordit la langue et ajouta: On me l'a dit. . Bien sûr qu'elle savait à quel point il était fort en escrime; ils avaient déjà feraillé ensemble, et plus qu'une fois ! Julian était le meilleur partenaire d'escrime qu'elle connaisse et elle s'ennuyait un peu après son départ du Capitole. Souvent, le soir, ils s'étaient battus jusqu'à l'épuisement, car aucun des deux ne voulait céder et aucun des deux n'arrivait à avoir l'avantage sur l'autre. Ils finissaient souvent par s'écrouler par terre en riant, dégoulinants de transpiration. Julian se battait d'une façon plutôt brutale et dure; ses coups étaient ceux de quelqu'un qui a appris le maniement de l'épée malgré lui, en étant obligé de se battre. Aileen se battait d'une façon presque élégante; elle avait suivi les cours d'un véritable maître en escrime. Il avait la force, elle la légèreté, et tous les deux étaient impitoyables lorsqu'ils avaient une épée à la main. Elle se mit en position et ne fut pas surprise lorsque Julian l'attaqua sans préambule. Bloquer le tir fut plutôt facile; Aileen avait déjà prévu qu'il allait commencer de cette façon. Elle esquiva encore sa lame, prenant bien soin de se battre comme lui, de façon instinctive plutôt que maîtrisée. Elle rendait volontairement ses gestes plus lourds, ce qui était plutôt difficile; elle dut reculer de quelques pas. Cela l'énerva, ce style de combat “des districts” ne lui plaisait pas du tout...et si elle perdait ? Jamais elle n'accepterait cela. Son esprit de compétition prit le dessus en même temps que son corps, désireux de retrouver les mouvements familiers, se mettait à bouger d'une façon plus élégante. Elle ne réfléchit plus; il n'y avait plus de Capitole et de rebelles, même plus de Julian et d'Aileen, juste leurs épées qui se touchaient et se séparaient et les mouvements de son bras. Le chef rebelle augmenta progressivement la vitesse de ses coups et elle suivit sans difficulté. C'était comme un retour dans le temps, dans cette salle du Capitole où ils s'étaient battus de la même façon. Bien qu'il n'en avait pas conscience, Julian aussi réagissait à ce souvenir et il adaptait ses coups à ceux d'Aileen. A chaque fois, il lançait son épée vers la jeune femme, mais à chaque fois leurs épées se rencontraient et elle s'écartait de lui d'un pas presque dansant. Attaquer, parer...Elle vit que quelques personnes s'étaient arrêtées pour observer le combat. Finalement, Aileen remarqua que Julian se concentrait intensément et que son corps se tendait...et elle devina qu'il allait essayer de mettre fin au combat. De plus en plus vite, leurs épées s'unissaient et se séparaient dans une pluie d'étincelles. Aileen le vit froncer les sourcils, et puis il leva une jambe pour l'atteindre à la taille tout en attaquant avec son épée. La manoeuvre aurait pu la surprendre s'il ne l'avait pas déjà utilisée devant elle, à l'entraînement. Elle tournoya sur elle-même tout en parant la lame de Julian de toutes ses forces. Quelques secondes plus tard, sa lame était posée sur la gorge du chef rebelle. Ils restèrent pendant quelques instants face à face, la respiration accélérée par l'effort, l'épée à la main. Julian la toisait d'un air incrédule, comme s'il...essayait de se souvenir de quelque chose. Enfin, elle vit le choc et l'horreur dans son regard, et d'autres émotions qu'elle n'eut pas le temps de déchiffrer. Il prit les poignets d'Aileen dans une main et la poussa brutalement pour la faire tomber. Elle ne s'attendait pas du tout à cette réaction et heurta violemment le sol. Pendant quelques instants, elle ne vit que du noir et des lumières qui clignotaient. Julian était assis à califourchon sur elle pour la maintenir au sol; elle ne pouvait plus bouger. Ses poignets étaient toujours emprisonnés dans la poigne de fer du chef rebelle et l'épée de celui-ci était posée sur sa gorge. Il sait. Cette pensée la transperça, la tétanisa. C'est fini. Je vais mourir. Songea-t-elle encore, l'esprit embrouillé par la douleur. Elle avait failli à sa mission et méritait à présent son sort -la douleur, la mort, peu importe ce qu'il allait lui faire. A cet instant, Aileen aurait aimé rentrer sous terre; ses fautes lors de cette mission étaient impardonnables. Aileen ? Demanda-t-il, l'air toujours aussi incrédule. Elle essaya péniblement de retrouver son souffle; l'impact avec le sol avait chassé l'air de ses poumons. C'est une question, Julian ? Réussit-elle à répondre sur le même ton. Elle avait repris son accent du Capitole et le regardait dans les yeux comme jamais Elissa n'aurait osé le faire. Tu es...toujours aussi fort en escrime. J'ai presque cru que tu aurais ma peau ! Mais cette dernière manoeuvre était un coup bas, avoue-le. J'avais gagné. Elle parlait d'un ton nonchalant, comme s'ils n'étaient pas ennemis et qu'il ne venait pas de découvrir qu'elle l'avait berné. Tu me fais mal là, Julian. Lâche-moi s'il te plaît. Lui demanda-t-elle avec douceur. Il lui broyait les mains et l'écrasait en même temps, et elle avait du mal à réfléchir. Elle soupira en voyant le regard de Julian et lui dit Allons, si j'avais voulu te tuer, j'aurais déjà pu le faire cent fois pendant ces dernières minutes. . Aileen s'autorisa un petit sourire. Elle essayait de trouver un moyen de se dégager, mais cela lui semblait impossible -il était trop fort, elle était bloquée et à sa merci. Bon, on ne va pas rester ainsi jusqu'à la Saint-Glinglin! S'impatienta-t-elle. Si seulement elle pouvait dégager ses mains...elle pourrait saisir son épingle de cheveux qui cachait un poignard. Elle observa Julian; c'était de lui que dépendait sa vie ou sa mort à présent.
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| Sujet: Re: Il faut apprendre à jouer son rôle - Julian et Aileen Jeu 25 Aoû - 15:36 | |
| Cette façon bien familière de manier l'épée... De positionner ses pieds... D'esquiver les attaques... Cette technique de combat lui avait été étrangement familière. Julian tentait de se concentrer sur la jeune femme afin d'analyser son talent en tant que combattante, mais son sentiment de méfiance ne faisait que s'amplifier de secondes en secondes. Il avait senti les regards des rebels s'entraînant sur le terrain se poser sur eux alors que leur affrontement faisait quelques étincelles. C'était comme une danse. Une danse qu'il avait déjà effectué auparavant. Julian tentait de porter des mouvements plus complexes, plus rapides, mais jamais il ne parvint à déstabiliser la rouquine, comme si elle devinait ses moindres gestes. Et pourtant, personne n'avait eu autant de réflexe lors d'un premier affrontement avec lui... C'était déjà très curieux. Et alors qu'il portait une nouvelle attaque avec l'intention de la surprendre, il fut celui qui se retrouva désarmé. Cette riposte... Il fut porté des années en arrière, dans ses plus profonds souvenirs. Il se trouvait dans une grande salle de gym, beaucoup trop grande pour que ce soit dans l'un des nombreux districts de Panem. Il était au Capitole. Beaucoup plus jeune. Sa technique à l'épée était presque parfaite, bien manipulé, mais pas aussi précise que maintenant. Il croisait le fer avec une jeune femme, quelques années plus jeune que lui, à peine. Son visage lui était certainement familier et son nom lui vint instinctivement en mémoire. Dans ses souvenirs, ils dansaient en unisson alors que nombres de spectateurs s'émerveillaient de leur combat. Sans aucune prétention, Julian savait bien que leur manière de s'entraîner, Aileen et lui, pouvait être impressionnante. Elle avait été sa plus grande "rivale" sur le terrain d'entraînement et il avait longtemps apprécié sa compagnie. Elle était en quelque sorte responsable de son talent aujourd'hui, puisqu'ils s'étaient aidés mutuellement en étant de grands combattants à la hauteur de l'un et l'autre. Il projeta son souvenir dans le présent et il eut la certitude. Peut-être que ses cheveux étaient d'une couleur différente, peut-être que son visage fut grossièrement modifié et que son ton de voix peaufiné, mais ses yeux ne mentaient pas. La surprise l'arrêta un bref instant, mais ses réflexes lui vinrent naturellement. Il désarma la rouquine à son tour, démasquant la véritablement identité de son opposante. Julian pouvait percevoir les questionnements des rebels aux alentours, se doutant que le comportement de leur chef n'était pas habituel. Mais ils savaient également que tant et aussi longtemps qu'il ne leur faisait pas signe d'agir, ils ne bougeraient pas. Et Julian tenait à s'occuper lui-même de cette ancienne amie. Ou devrait-il l'appeler une traître... Aileen sembla tout d'abord alarmé par le retournement de situation, mais comme toujours, comme elle avait toujours fait, elle camoufla ses craintes et riposta sans hésitation. Et il reconnut sans aucune difficulté ce petit sifflement typique du Capitole. Ce simple constat fit naître une haine sans borne à l'intérieur de lui. Les paroles de la femme le laissèrent de glace et même légèrement perplexe. Il se fichait un peu qui avait gagnait l'affrontement, il avait plus important à éclaircir à cet instant. Et sa manière de nier la tension qui existait entre eux... Julian n'avait pas du tout envie de lâcher prise sur son épée, craignant qu'elle ne l'attaque par derrière. Car il ne doutait pas qu'elle en était capable. Il la toisa d'un regard mauvais, la mâchoire fortement contractée alors qu'elle le suppliait presque de lâcher prise. Il lui faisait mal ? Elle ne croyait pas que ce mal était justifiée ? Sa méfiance était au plus haut et il craignait de lâcher prise... Peut-être faisait-il preuve de naïveté, mais après un bref temps de réflexion, il écarta doucement la lame de la gorge d'Aileen. Son emprise sur l'arme était toujours aussi persistante, ne désirant pas la moindre mauvaise surprise, du genre qu'elle retourne l'épée contre lui. Il ne lui faisait nullement confiance, mais elle n'était pas sotte. Elle n'allait certainement pas l'attaquer devant tous ces gens qui lui portaient un grand respect. Ce serait du suicide. Tranquillement, il libéra Aileen et se remit sur pieds, l'épée pointée vers elle. « Plutôt audacieux de te montrer ici. Je te croyais plus futée que ça, je t'avouerais » s'exclama-t-il, les sourcils fortement froncés. Elle était sans aucun doute suicidaire. Ou tout simplement insouciante. La toisant des pieds à la tête, il dut avoué que sa transformation était bien réussi. Mais il parvint tout de même à la démasquer... « Pas mal le déguisement. Pourquoi cacher ton identité si ce n'est pas pour t'approcher des rebels ? Tu ne m'as peut-être pas encore tuer, mais je te connais mieux que tu ne le penses, Aileen. » Oh que si ! Elle n'était certainement pas une idiote. L'attaquer gratuitement et lui planter une dague dans le coeur lui vaudrait la mort assurée. Elle était mesquine et elle avait un plan derrière la tête, il pouvait le pressentir. |
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| Sujet: Re: Il faut apprendre à jouer son rôle - Julian et Aileen Ven 26 Aoû - 19:29 | |
| Depuis le début de sa mission, Aileen savait qu'elle jouait avec le sort. Infiltrer le camp rebelle sans se faire démasquer n'était pas facile, même en étant déguisée et experte en mensonges comme elle. Pourtant, elle s'attendait à réussir sa mission, tout simplement parce qu'elle avait toujours réussi jusque là. A présent, elle était allongée sur le sol terreux du district dix et Julian, le chef des rebelles, tenait son épée contre la gorge de la jeune femme. Elle avait une forte impression de déjà-vu, comme si elle avait déjà mené ce combat dans le passé. Cela n'arrivait pas souvent, mais Julian parvenait parfois à la vaincre, dans cette salle du Capitole. Au début, seules quelques personnes assistaient à leur entraînement, mais la salle s'était bien vite remplie. Lorsqu'ils se battaient, ils donnaient le meilleur d'eux-mêmes et croisaient le fer comme si leur vie en dépendait; cela rendait leurs combats aussi impressionants et pleins de suspense pour le public. Ils s'apprenaient de nouvelles façons d'attaquer et d'esquiver, chacun étant à la fois le professeur et l'élève de l'autre. Aileen prenait vraiment plaisir à ces moments d'entraînement, car elle ne connaissait personne qui soit aussi doué en escrime que Julian. Pas étonnant qu'il ait gagné les Hunger Games. Au fil du temps, une certaine amitié s'était développée entre eux, malgré la méfiance de Julian. Il avait fini par lui parler des Jeux qu'il avait gagnés, de ce qu'il avait ressenti dans l'arène et des cauchemars qui le poursuivaient encore toujours. Elle l'avait écouté, pleine de compréhension. A l'époque, elle était déjà chargée de voir si les vainqueurs des Hunger Games étaient favorables ou non au Capitole. Julian était fait pour être un rebelle, tout le monde le voyait, même s'il ne disait pas ouvertement ce qu'il pensait. Aileen avait essayé, avec douceur et persuasion, de le faire changer d'avis; non pas parce qu'elle voulait qu'il soit pro-Capitole, mais parce qu'elle savait qu'il aurait des ennuis s'il se comportait en rebelle. Elle éprouvait une amitié sincère pour lui, ce n'était pas de la comédie, et elle ne voulait pas qu'il ait des problèmes. Malheureusement, Julian avait choisi sa voie et il quitta le Capitole pour rejoindre les rebelles. Aileen se souvenait parfaitement de leur dernière rencontre. A l'époque, il avait 16 ans, et elle 14.
A présent, il l'avait démasquée comme si elle n'était qu'une espionne de rien du tout, et pas une arme vivante entraînée par les meilleurs maîtres du Capitole. C'était sa propre faute, Aileen le savait, et elle se traitait de tous les noms pour avoir commis l'erreur de se battre avec Julian. Lorsqu'il lui dit Aileen ? d'une voix incrédule, elle laissa tomber son masque. Pas question de continuer à prétendre qu'elle était une brave petite rebelle; Aileen savait reconnaître une cause perdue. Elle lui répondit avec son plus bel accent du Capitole, en cachant sa peur et ses doutes. A ce jeu-là, elle était la plus forte; elle parlait à Julian comme s'il ne venait pas tout juste de découvrir qu'elle était un imposteur. Son ton était léger et elle risqua même un petit sourire. Elle vit la haine dans les yeux de Julian et se mordit les lèvres. Il lui faisait presque peur lorsqu'il se comportait comme ça; allait-elle revoir le Capitole un jour...ou allait-elle être morte avant la fin de la journée ? Il la toisait d'un regard mauvais; elle vit qu'il était tendu, la mâchoire contractée, prêt à se battre. Aileen lui demanda doucement de la relâcher; il l'écrasait et lui broyait les mains en même temps. La question était assez ironique et étrange, car elle-même avait tué, torturé et blessé des rebelles. Après un temps de réflexion, Julian la relâcha cependant. Sa main était toujours crispée sur son épée et l'arme était toujours pointée en direction de l'espionne, mais il se leva. Aileen n'osait pas espérer qu'il se laisserait facilement manipuler. Il ne lui faisait toujours pas confiance, et il avait bien raison. « Plutôt audacieux de te montrer ici. Je te croyais plus futée que ça, je t'avouerais » Dit-il en la regardant de la tête aux pieds, les sourcils froncés. Elle ne répondit pas tout de suite, mais prit le temps de se redresser d'abord, puis de se relever précautioneusement, sans faire de gestes qui pourraient être interprétés comme une attaque. Une fois debout face à lui, elle ignora l'arme de Julian qui était toujours pointée dans sa direction et elle épousseta ses vêtements avec soin. Aileen réfléchissait à toute vitesse; elle devait à tout prix gagner la confiance de Julian. Finalement, elle répondit d'une voix sucrée: Tu me connais, je n'hésite pas à prendre des risques quand je veux vraiment obtenir quelque chose. . Aileen serra les poings; elle savait qu'il était aussi têtu qu'elle et qu'il ne la lâcherait pas tant qu'elle ne lui aurait pas expliqué ce qu'elle faisait là. Après, il la tuerait. « Pas mal le déguisement. Pourquoi cacher ton identité si ce n'est pas pour t'approcher des rebels ? Tu ne m'as peut-être pas encore tuer, mais je te connais mieux que tu ne le penses, Aileen. » Lui dit Julian, l'air plus méfiant que jamais. Elle lui répondit en haussant les épaules: J'avoue que ce déguisement est assez rudimentaire. J'ai fait ce que je pouvais, avec les moyens du bord. A vrai dire, j'espérais révéler ma vraie identité plus tard...Mais tu m'as reconnue plus vite que prévu. Elle attrapa une mèche de cheveux roux qui s'était détachée de son gentil petit chignon, la regarda d'un air désolé, et poursuivit d'un ton plus dur et ironique: Bien sûr, je n'allais pas arriver ici en robe de soirée, avec des rubans roses dans mes cheveux et des talons de dix centimètres ! Et puis quoi encore ? Tu veux aussi que je mette du rouge à lèvres ? Autant porter une pancarte avec l'inscription “Je viens du Capitole, tuez-moi !”. Je n'aurais jamais réussi à rentrer dans le campement sans ce déguisement. Aileen remarquait que plusieurs personnes l'observaient et écoutaient sa conversation avec Julian. Elle se retourna et s'éloigna de Julian en disant: Viens. Ne restons pas ici pour parler. Je n'ai aucune envie de supporter les regards assassins de tes copains rebelles. Elle l'entraîna un peu plus loin, au bord d'un champ de maïs, où ils pourraient parler en toute tranquilité. Elle planta son regard dans les yeux du chef rebelle et garda le silence pendant quelques instants avant de demander calmement: Je suppose que tu veux savoir qu'est-ce que je fais ici ? Elle soupira et poursuivit: Dis-moi, Julian...Qu'est-ce que tu veux que je te raconte ? La vérité ? Ou l'histoire que tu veux entendre, à savoir que je suis venue ici pour tout détruire et rapporter ta jolie petite tête à notre cher et vénéré Président ? Sans cesser d'observer le chef rebelle d'un air de défi, elle détacha ses cheveux et mit la longue épingle qui retenait son chignon dans sa poche. Si elle appuyait sur la pointe de l'épingle, celle-ci s'ouvrirait pour laisser sortir un poignard, petit mais très tranchant. Aileen jeta un regard derrière elle. Elle pourrait s'enfuir en courant à travers du champ, mais elle était alors assurée d'avoir la moitié du camp rebelle à ses trousses en moins de cinq minutes. Sans compter que le chef rebelle la tuerait sans doute tout de suite si elle essayait ça. Elle observa Julian et vit la colère dans ses yeux; il semblait plutôt prêt à commettre un meurtre. Elle reprit d'un air de reproche: Tu as tellement changé depuis la dernière fois que je t'ai vu...Avant, tu étais habile au combat, mais tu étais gentil et...humain. Maintenant, je ne vois plus qu'un homme dur. Y a-t-il encore un coeur sous cette façade de pierre ? Tu méprises les Pacificateurs et les habitants du Capitole, mais tu leur ressembles tellement, Julian... . Elle prit un air peiné et secoua la tête. Que s'est-il donc passé, depuis notre dernière rencontre, pour que tu sois devenu ainsi ? Je nous vois encore, la petite fille et le garçon qui s'entraînaient ensemble...Nous étions amis, autrefois. A présent, Aileen chuchotait presque, forçant Julian à se rapprocher pour entendre la suite de ses paroles: La vie ici est-elle réduite à ce seul choix: être pour ou contre le Capitole ? Est-ce vraiment l'essentiel ? Tous les habitants du Capitole sont-ils vos ennemis ? Elle posa une main sur l'épée toujours pointée dans sa direction et exerça une légère pression pour écarter l'arme. Convaincre Julian qu'elle était innocente serait très difficile, et peut-être même impossible. Il la connaissait, il savait qu'elle était rusée et mesquine... Heureusement, le chef rebelle ne savait pas tout ce qu'Aileen avait fait -meurtres, intimidation, torture, chantage et autres activités charmantes de ce genre. Il ne se laisserait pas attendrir par des larmes ou par les beaux yeux d'Aileen. Ce qu'elle voulait faire, c'était le toucher au coeur, utiliser les doutes de Julian, les retourner contre lui pour obtenir qu'il la laisse assez longtemps sans surveillance pour qu'elle s'échappe. Elle croisa les doigts en attendant la réponse de son ancien ami.
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| Sujet: Re: Il faut apprendre à jouer son rôle - Julian et Aileen Jeu 1 Sep - 15:56 | |
| Autrefois, ils avaient été si complice, si proche et tous ces souvenirs semblaient le frapper de plein fouet maintenant. Julian n'avait que seize ans lorsque leur amitié avait atteint l'apogée pour ensuite être détruit en un seul claquement de doigts. En avait-il été responsable ? Aurait-il dû voir au-delà des idéaux opposés qui les séparaient ? Non, il n'y pouvait rien. Le jour où il réalisa que les intentions d'Aileen à son égard n'avaient rien de nobles et sympathisants, il avait vu rouge. Être trahi par un inconnu, c'était tout à fait compréhensible dans ce monde; mais par une amie... Julian n'avait toujours pas digéré. En fait, à l'époque où il gagna les Jeux, il percevait les habitants de Panem avec un oeil beaucoup plus naïf et conciliant, surtout ceux du Capitole. Il parvenait à voir qu'ils n'étaient pas tous enchantés de voir de pauvres innocents s'entre tuer dans une arène pour le simple plaisir du Président. Mais avec le temps, avec les années, il apprit que même s'ils ne partageaient pas les pensées barbares de Snow, ils ne manifestaient pas leur désaccord. Et de constater qu'une fille avec qui il avait bâti une complicité le poignarde dans le dos aussi gratuitement déclencha une envie de rébellion prépondérante en lui. Enfin, il avait toujours trouvé Aileen plutôt... mystérieuse en ce qui concernant ses opinions sur le Capitole et la dictature, et il avait cru pouvoir se confier à elle en toute liberté. Cependant, il se trompait. Tout ce dont elle voulait était de connaître ses véritables intentions pour pouvoir protéger sa nation contre les rebelles indésirables. Comment aurait-il pu être un pro-Capitole après tout ce qu'il avait vécu ? La famine, les durs journées de labeur, la maltraitance par les Pacificateurs, les morts accidentelles à la scierie et les meurtres gratuits lors des Hunger Games. Il avait même été insulté par l'ignorance d'Aileen par rapport à sa position sur le monde... Il l'a voyait comme une traître et il lui faudra un miracle pour changer d'avis. Toutefois, malgré toute la rancune qu'il pouvait lui porter, Julian la laissa se relever sur ses jambes. Il n'était pas sadique au point d'exécuter cruellement une femme à qui il avait porter toute sa confiance. Il ne tuait pas froidement, il ne tuait pas pour le simple plaisir de tuer... L'arme pointer vers la rouquine, le chef surveillait les moindres faits et gestes d'Aileen, craignant une attaque impulsive. Il sentait le regard de ses alliés rebelles et il espérait qu'elle ne serait pas assez stupide pour tenter quoi que ce soit devant eux. Bien entendu, elle n'était aussi insouciante. Maintenant qu'il avait démasqué son petit manège, il attendait avoir des réponses à ses questions. Il s'attendait à ce qu'elle soit assez futée pour lui dire exactement ce qui la poussait à infiltrer un camp de rebelles avec une fausse identité. Même si elle lui révélait la vérité, Julian devait avouer qu'il aura de la difficulté à croire le moindre mot qui sortira de sa bouche... Une fois que sa confiance est donné et qu'on le trahi par la suite, cette confiance est perdue à jamais. Et elle devait certainement le savoir. Oh, il savait également qu'elle ferait tout en son pouvoir pour obtenir ce qu'elle désirait, quitte à éliminer tous obstacles sur son chemin. Elle avait sans aucun doute changé avec le temps, tout le monde mûrissait, mais il craignait la voie vers laquelle elle s'était enlignée. Septique, Julian se contentait de froncer durement les sourcils alors que son épée demeurait élever devant lui, créant une barrière entre eux. Tout ce qu'elle déballa au leader laissa un goût amer chez ce dernier. Il doutait fortement qu'elle ait eu la moindre intention de dévoiler son identité une fois le moment opportun. Il croyait qu'au contraire elle ne lui aurait jamais dit quoi que ce soit tant et aussi longtemps que lui ne verrait pas clair dans sa petite mascarade. Et son sarcasme agaça grandement Julian qui aurait bien voulu qu'elle en vienne au fait plutôt que de s'attarder sur des détails inutiles et déjà survolés. Il sentit une tension s'élever autour de lui alors qu'Aileen affirmait provenir directement du Capitole, des murmures inquiets en provenance du cercle de rebelles qui les entourait. Rares étaient les alliés du Capitole et chaque fois que l'un se montrait, les habitants des districts démontraient une certaine réticence aux premiers abords. Mais leur aide était généralement très apprécié. Cependant, il était difficile pour tous de confirmer si cette femme était une menace ou une alliée. Elle n'avait pourtant pas tord... Jamais elle n'aurait pu franchir les limites du camp déguiser comme un vétéran de Snow. « Certes, nous ne sommes pas fanatiques du style excentrique du Capitole. Mais tu aurais pu laisser les paillettes de côté sans toutefois cacher ton identité... » reprocha-t-il d'un ton cassant. D'accord, il ne l'aurait pas accueilli les bras grands ouverts, mais ce petit détail créa des doutes dans son esprit. Personne ne l'aurait reconnu de toute manière à part lui. N'était-ce pas ce qu'elle désirait ? Même si Julian utilisait un débit de voix plus bas qu'à l'habitude, il savait que les rebelles épiait leur conversation. Il hésitait à suivre Aileen hors de portée de sa garde rapprochée, mais il savait également que de poursuivre cet entretien au grand jour ne ferait qu'accroître l'anxiété et les doutes du camp. Et puis, il saura s'occuper d'elle si jamais la situation s'envenimait... Il suivit la rouquine s'écarter du terrain d'entraînement, gardant une certaine distance entre eux, l'épée toujours en main. Une fois immobilisé, il toisa son ancienne amie d'un regard dur et septique. Et la voilà qui sortait ses cartes de la sensibilité, qui tentait de lui faire voir combien il était le méchant dans toute l'histoire, que sa méfiance n'était nullement justifiée. Si la situation avait été différente, Julian aurait bien éclater de rire ! « Il faut parfois faire preuve d'insensibilité lorsque la cause l'exige. Une telle guerre ne nous permet pas d'avoir de la compassion pour des gens tels que toi. N'oublie pas qui à trahi qui, Aileen... » dit-il entre ses dents serrées. Lui, avait un coeur de pierre ? Vraiment très amusant. Avait-elle déjà assisté à une séance de punition public par un Pacificateur parce qu'un simple paysan avait osé volé un petit bout de pain ? Peut-être pas. Ou si oui, elle y avait certainement pris plaisir. « Et ne me compare surtout pas aux toutous de Snow » Ses yeux étaient devenus ternes, insulter par cette comparaison. Non, il n'était pas comme eux. « Nous avons tous les deux changé, Aileen. Tu as choisi ton camp, j'ai choisi le mien. À présent, tout n'est que noir et blanc, les nuances de gris ne peuvent plus perdurer. Si nous voulons que les choses changent à Panem, des mesures radicales doivent être mises en place. Parce que le Capitole n'a jamais eu aucune pitié pour nous. À moins que tu n'ais oublié ce petit détail ? Tu trouves normal que tous meurent de faim alors que vous vous goinfrer comme des porcs !? » Julian s'était approché de la jeune femme, se trouvant à présent qu'à un simple mètre d'elle alors que son épée s'était abaissée le long de son corps. Son regard était froid et sa voix rauque. Il n'arrivait pas à croire ce qu'elle lui déballait en ce moment. « Tous ceux qui entraveront notre route, tous ceux qui nous empêcheront d'obtenir ce que nous recherchons sont nos ennemis, oui. » |
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| Sujet: Re: Il faut apprendre à jouer son rôle - Julian et Aileen Mar 6 Sep - 19:30 | |
| Beaucoup de gens tremblaient rien qu'en entendant le nom d'Aileen Carter, même au Capitole, la jeune femme en était bien consciente. Elle était l'arme parfaite du Président et le symbole de la puissance et de la cruauté du Capitole. Même les Pacificateurs les plus durs qui travaillaient avec elle chuchotaient qu'elle ne reculait devant rien pour atteindre ses objectifs, qu'elle était impitoyable, toujours professionelle et qu'elle ne tolérait aucune erreur de la part de ses associés. Ils parlaient avec autant de crainte que de respect de ses talents de manipulatrice et de ses plans toujours parfaits. Cette mademoiselle Carter, disait-on, était une femme de glace que rien ne pourrait arrêter. Bien entendu, Aileen avait connaissance de ces rumeurs; elle en était satisfaite et continuait à cultiver son image avec soin. Ses faiblesses, elle les enterrait sous une épaisse couche de sable, et elle tuait quiconque en avait connaissance. Irréprochable, c'était ainsi qu'elle voulait parraître. Pourtant, elle ne l'était pas, loin de là. Lorsqu'elle avait reçu l'ordre de tester la loyauté de Julian, Aileen avait accepté la mission avec joie. Elle avait joué son rôle à merveille. Elle l'avait même joué tellement bien qu'elle avait fini par y croire, par découvrir qu'elle avait vraiment envie d'être l'amie de Julian. C'était interdit, elle le savait. Pourtant, elle avait voulu espérer que cela pourrait continuer ainsi...Qu'il ne découvrirait jamais sa vraie identité. Aux yeux du chef rebelle, elle n'était alors qu'une jeune fille parmi les autres habitantes du Capitole. Une Aileen gentille et douce, toujours prête à écouter, qui ne parlait pas beaucoup d'elle-même et encore moins de ses opinions politiques. Par pur égoïsme, Aileen avait protégé Julian, elle avait tout fait pour préserver leur amitié. Un beau jour, elle s'était rendue dans la salle d'entraînement sans rien soupçonner. Il lui avait demandé de le suivre d'un ton dur qui ne lui ressemblait pas; ses yeux lançaient des éclairs. Une fois arrivés dans un couloir désert, sa colère avait éclaté. Pendant un bon quart d'heure, ils restèrent ainsi face à face; Julian lui lançait des reproches d'un ton haineux et elle essayait de se défendre. A ce jeu-là, Aileen se savait très habile, mais elle était trop déstabilisée pour pouvoir répondre correctement. Cela finit en dispute; chacun hurlait sur l'autre et aucun des deux ne voulait admettre ses erreurs. La jeune femme essaya tout pour convaincre Julian de lui faire confiance de nouveau; elle lui parla doucement, lui cria dessus, tenta de le raisonner gentiment, le menaça même. Rien ne put sauver leur amitié; il finit par s'en aller d'un pas digne mais plein de colère. Cela attrista sincèrement Aileen, mais elle était trop fière pour le suivre ou pour tenter de se réconcilier un autre jour. Non, elle n'avait pas un coeur de pierre, comme certains semblaient le penser. Ses motivations n'étaient pas essentiellement professionelles; il y avait aussi des choses qu'elle faisait pour se faire plaisir. Son amitié avec Julian lui avait laissé un sentiment de déception amère et de frustration. Dès lors, elle cessa de penser au garçon qu'elle avait connu; il était devenu Julian Kennedy-Fawkes, le chef des rebelles et l'homme à éliminer. Alors qu'elle se préparait à infiltrer le camp rebelle, Aileen avait refusé de penser à lui en tant qu'être humain. C'était une cible qu'elle devait éliminer, voilà tout. A présent, elle se trouvait confrontée avec un être de chair et de sang, quelqu'un capable de souffrir, et ce quelqu'un n'avait pas oublié la douleur et la colère de la trahison. Dans son regard, Aileen voyait toute la rancune et la méfiance du monde, et elle devait admettre qu'il avait raison de la détester. Elle l'avait mérité.
Essayer de convaincre Julian, c'était comme fouetter un cheval de bois pour qu'il avance. Lorsqu'Aileen expliqua pourquoi elle s'était déguisée, il répondit d'un ton cassant: « Certes, nous ne sommes pas fanatiques du style excentrique du Capitole. Mais tu aurais pu laisser les paillettes de côté sans toutefois cacher ton identité... » Elle leva les yeux au ciel et répondit d'un ton agacé: Tu m'aurais tout de suite reconnue. Et après ? Tu m'aurais accueilli gentiment ? Tu m'aurais fait confiance ? Je ne pense pas. Non, Julian, il me fallait ce déguisement pour réussir à prouver que je peux être utile aux rebelles...avant de révéler ma véritable identité. . Aileen était tendue; elle savait bien qu'elle jouait avec le sort et avec les nerfs de Julian en prétendant ainsi vouloir aider les rebelles. C'était un mensonge, bien sûr. Enfin, pas tout à fait...elle allait se rendre utile, mais pour mieux gagner leur confiance afin de pouvoir voler des informations. Aileen voulait semer le doute dans l'esprit du chef rebelle, elle voulait qu'il ne sache plus quoi penser d'elle...et alors, lorsqu'il serait suffisament distrait, elle essayerait de fuir. Elle remarqua que quelques rebelles suivaient la conversation avec intérêt et elle entraîna Julian à l'écart, tout près d'un champ de maïs. D'abord, elle essaya de démontrer au chef rebelle qu'il n'était pas parfait non plus; elle pensait sincèrement ce qu'elle disait: il avait changé. Le petit discours d'Aileen ne fit qu'accroître la colère de Julian; il répondit entre ses dents serrées: « Il faut parfois faire preuve d'insensibilité lorsque la cause l'exige. Une telle guerre ne nous permet pas d'avoir de la compassion pour des gens tels que toi. N'oublie pas qui a trahi qui, Aileen... Et ne me compare surtout pas aux toutous de Snow » . Aïe, aïe. Il n'avait donc pas oublié leur dispute. Aileen lui lança un regard noir; elle était toujours convaincue d'avoir raison dans cette affaire. D'un ton tout aussi désagréable et froid que celui de Julian, elle répondit: Ecoute-toi donc parler ! “Il faut parfois faire preuve d'insensibilité”, “une telle guerre ne nous permet pas d'avoir de la compassion”...Si tu me disais que ces mots te viennent de Snow, je te croirais ! Tu ne veux pas que je te compare à lui ? Très bien, alors cesse de me prendre pour une personne que je ne suis pas! Des gens tels que moi pourraient parfois t'être bien utiles, si tu ne les insultais pas ! . Elle reprit sa respiration et toisa Julain avec fureur. Aileen savait bien qu'elle ferait mieux de l'amadouer au lieu de se disputer avec lui, mais elle n'était pas du genre à supplier et à pleurnicher pour qu'on l'épargne. A vrai dire, la jeune femme était en rogne, non seulement parce que sa mission était fichue, mais aussi parce que Julian l'énervait. Lui qui croyait tout savoir d'elle...il se trompait cruellement. « Nous avons tous les deux changé, Aileen. Tu as choisi ton camp, j'ai choisi le mien. À présent, tout n'est que noir et blanc, les nuances de gris ne peuvent plus perdurer. Si nous voulons que les choses changent à Panem, des mesures radicales doivent être mises en place. Parce que le Capitole n'a jamais eu aucune pitié pour nous. À moins que tu n'ais oublié ce petit détail ? Tu trouves normal que tous meurent de faim alors que vous vous goinfrer comme des porcs !? ». Dit le chef rebelle d'un ton haineux. Il baissa son épée et la tint le long de son corps pour pouvoir se rapprocher d'Aileen. La jeune femme avait l'impression de voir les ondes de fureur qui émanaient de lui; elle avait presque peur de lui lorsqu'il se comportait ainsi. Les paroles de Julian éveillèrent une ancienne souffrance en elle, quelque chose qu'elle avait essayé d'oublier. Aileen fit un pas en avant et planta son regard dans celui du chef rebelle. Elle avait un goût de sang dans la bouche et se réalisa qu'elle s'était mordu les lèvres avec violence. D'une voix basse mais pleine de rage froide, elle demanda: Tu parles de choix ? Tu crois que j'ai choisi mon camp ? Est-ce vraiment ce que tu penses de moi ? Que j'ai une belle vie parce que j'ai tout ce que je veux, de la nourriture en abondance, des serviteurs qui réalisent mes moindres désirs, parce que je fais la fête tous les jours et que je ne dois jamais craindre les Pacificateurs ? . Elle secoua la tête, à la fois incrédule et dégoûtée qu'il puisse croire que tout était tellement facile. Je n'ai jamais eu le choix, Julian ! Lança-t-elle avec véhémence. Avant même ma naissance, tout était déjà réglé, ma vie entière était mise sur papier.J'ai été éduquée pour servir d'arme vivante au Capitole. Avais-je mon mot à dire ? Certainement pas. Pourtant, j'étais satisfaite, car je ne connaissais rien d'autre ! On m'avait appris que le Capitole était bon et les districts mauvais, pourquoi aurais-je pensé autre chose ? J'appelle ça du conditionnement, Julian. De la manipulation. Du lavage de cerveau. Aileen fit encore un pas en avant, emportée par sa colère. A présent, elle ne jouait plus la comédie, elle était entièrement sincère et déversait ses frustrations d'un ton mordant sans lâcher Julian du regard. J'ai fait beaucoup de mal, je le sais. J'ai torturé des enfants sous les yeux de leurs parents, j'ai mis le feu à des maisons et entendu les habitants pris au piège crier, j'ai interrogé des prisonniers jusqu'à ce qu'ils deviennent fous, j'ai dépouillé des gens de tout ce qu'ils possédaient, j'ai menacé, blessé, tué, intimidé ! Tu crois que ça ne me fait rien ? Que je ne me réveille pas la nuit en sanglotant parce que je revois leurs visages dans mes cauchemars ? Que leur peur, leur haine, leur douleur glisse sur moi sans m'atteindre ? Tu penses que je suis de glace ? Aileen cligna des yeux pour chasser une unique larme traîtresse. Dans son regard, elle laissa filter un peu de ses véritables émotions, la peine et la douleur qu'elle éprouvait toujours en pensant à ce qu'elle avait fait. Elle montrait une facette d'elle-même que presque personne ne connaissait, pas même Julian avant ce jour. Elle avait abaissé sa carapace dure pour montrer la personne vulnérable qui se cachait en-dessous, cette Aileen que si peux de gens connaissaient. Là encore, le Capitole me fournit la solution idéale. Poursuivit-elle en chuchotant presque. Des cachets, à prendre tous les jours. Etonnant, à quel point je peux être impitoyable et insensible quand je les prends...et à quel point je suis dépressive et effondrée quand j'oublie de les prendre. Le Capitole n'a jamais eu pitié de vous, c'est vrai, mais il n'a jamais eu pitié de ses propres habitants non plus. J'ai une famille, moi aussi, des gens que j'aime et à qui je tiens. Tu crois que je sers le Capitole par loyauté ? Tu crois que les méthodes que les Pacificateurs utilisent pour vous menacer et vous intimider ne sont pas utilisées contre moi, lorsque l'idée me prend de refuser une mission ? Oui, comment pouvait-il penser ça ? Comment ? Cela la rendait folle de rage. Tu as participé aux Jeux, Julian, tu sais ce que c'est d'être un pion. Ce n'est pas moi qui tire les ficelles de ma vie. C'est le Président. Tu... as décidé... de rejoindre les rebelles. C'était ton propre choix...et comme je t'envie pour ça ! S'exclama-t-elle. Oui, elle lui en voulait terriblement pour sa liberté, elle en voulait au Capitole, elle en voulait à elle-même...A tout le monde ! « Tous ceux qui entraveront notre route, tous ceux qui nous empêcheront d'obtenir ce que nous recherchons sont nos ennemis, oui. ». Dit encore Julian. Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Un pas de plus, et Aileen se retrouva pratiquement dans les bras du chef rebelle. Je ne suis pas ton ennemie. Chuchota-t-elle avec rage, puis elle sortit son épingle à cheveux de sa poche et la ficha dans l'épaule de Julian. Elle avait remarqué qu'il la bougeait précautioneusement, comme s'il avait déjà une blessure là, et qu'il avait encore mal. A ce moment-là, Aileen aurait facilement pu le tuer, mais elle ne le fit pas. Pourquoi ? Elle ne le savait pas. Elle ne voulait qu'une chose: partir, fuir ce camp rebelle, fuir le regard accusateur de Julian et la mort qui l'attendait certainement, fuir les paroles qu'elles venaient de prononcer...Courir sans s'arrêter. Sans jeter un regard à Julian, dont l'épaule se teintait de rouge à une vitesse alarmante, elle partit en courant dans le champ de maïs. |
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| Sujet: Re: Il faut apprendre à jouer son rôle - Julian et Aileen Ven 9 Sep - 17:19 | |
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Si longtemps. Il y a si longtemps qu'il ne s'était pas attardé sur cette trahison du passé, sans toutefois oublié de grandir de cette expérience. Certes, il n'avait que seize ans à l'époque et les Jeux l'avaient rendu quelque peu vulnérable. Trouver une amie à qui on pouvait se confier, se défouler, avec qui on pouvait tout simplement être soi-même sans se soucier d'être victime d'un jugement, c'était ce dont il avait eu besoin. Aileen s'était présentée à lui, jeune fille forte pleine de fougue et de talent, et Julian ne s'était pas posé davantage de questions. Ils se sont tout d'abord rencontrés dans la salle d'entraînement, elle avait probablement envie d'un partenaire puisqu'elle attaqua le jeune vainqueur impulsivement. Au départ, abasourdi, Julian ne comprit pas qu'il s'agissait d'un jeu, rien de plus. Mais peu à peu, alors qu'Aileen s'acharnait à vouloir s'entraîner à ses côtés, il flancha et riposta comme il le pouvait. Et plus le temps passait, plus les coups se multipliaient, plus il commençait à apprécier ce manège. Il sentait sa frustration être complètement transmis dans ses moindres gestes, lui procurant un soulagement insoupçonné. Il y avait même un léger sourire de défit qui s'était immiscé sur ses lèvres lors de leur premier affront. Et comme s'ils s'étaient silencieusement consultés, ils se rejoignirent tous les jours, à la même heure, au même endroit, pour perpétuer ce défouloir enrichissant. Julian avait été reconnaissant de sa présence. Elle était apparue dans sa vie à un moment crucial, un moment où il ne voyait que ténèbres, enseveli sous ses cauchemars et ses traumatismes dus à son passage dans l'arène des Hunger Games. Elle lui apprit - involontairement - comment transférer cette énergie négative en arme et ainsi pouvoir accroître ses habilités physiques. Sa masse corporelle avait presque doublé lors de ses entraînement avec Aileen ! Et elle était toujours là pour l'écouter en dehors de leurs séances de conditionnement, elle l'écoutait attentivement, le regard intéressé. Mais c'était avant qu'il n'apprenne que tout n'était qu'un jeu pour elle. Qu'elle le manipulait depuis le tout début. La raison pour laquelle elle l'intercepta au premier abord n'avait rien à voir avec son envie d'entraînement ou une solitude quelconque; elle travaillait. Elle avait été envoyé par le Capitole lui-même recueillir des informations cruciales sur les états d'âme de leur nouveau champion des Jeux. Tout au long de la préparation aux HG et même dans l'arène, Julian démontra clairement un dégoût prononcé pour le Capitole et ses activités barbares. Et le Président Snow n'avait certainement pas apprécié. On lui avait envoyé un petit espion afin de s'assurer que le gagnant des 63ième Jeux de la Faim ne fasse pas de vague une fois remis en "liberté". Le convertir à leur cause peut-être ? Peut-être avait-elle tenté, mais Julian n'a jamais mordu à l'hameçon. Et lorsqu'il apprit que l'une des seuls personnes en qui il faisait réellement confiance dans cette dictature grotesque l'avait trahi depuis le tout début de leur amitié, il vit rouge. Et il ne se pria pas de lui déballer tout ce qui lui pesait sur les épaules. Oh, elle tenta de le convaincre à nouveau de lui porter toute sa confiance, mais celle-ci avait été brisé à jamais. Une fois que l'on trahi sa confiance, elle ne peut être retrouvée. Julian savait qu'Aileen pourrait éventuellement nuire à la cause des rebels, mais il préféra rayer cette fille de son esprit pour le reste de ses jours.
Et il savait qu'Aileen essayerait de le convaincre à nouveau, comme à leur toute dernière rencontre. Il ne saurait se laisser amadouer par ses belles phrases et ses promesses creuses. Malgré toutes ces années, Julian avait toujours une rancune sans borne à son égard, il ne pouvait se voiler les yeux sur les erreurs du passé. Sans compter qu'il ignorait ce qu'elle avait pu accomplir entre temps... Travaillait-elle toujours pour le Capitole ? Était-elle toujours une pauvre espionne esclave du fouet du grand Snow ? Il ne pouvait se faire une idée claire. Il savait qu'il ne pouvait plus lui faire confiance, c'était aussi clair que de l'eau de roche dans sa tête, mais sa venue dans le camp des rebels créait une confusion qu'il ne saurait expliquer. Avait-elle réellement eu l'intention de dévoiler son identité après s'être clandestinement infiltré ? Ou avait-elle souhaité ne jamais se faire démasquer et rapporter tout ce qu'elle avait vu à son "papa" chéri ? Malgré sa méfiance, Julian s'éloigna de ses rebels et accepta d'écouter ce qu'Aileen avait à lui dire, une carapace bien épaisse élevée devant lui qui ne laissait filtrer que sa colère. Et il fut profondément insulté par les dires de son ancienne amie alors qu'elle comparait ses paroles à celui qu'il désirait faire couler depuis le tout début de cette rébellion. Comment pouvait-elle affirmer qu'il parlait comme Snow ? Comment osait-elle ?! « Et comment puis-je vous faire confiance après ce que tu as fait ? Expliques-moi comment est-ce possible alors qu'à mon souvenir tu n'es qu'un pauvre pantin du Capitole ?! Je vous met tous dans le même panier parce que j'ai eu la preuve que vous êtes tous pareil et que de vous faire confiance serait tout simplement du suicide. » De la fumée lui sortait pratiquement des oreilles, il n'y avait rien qui l'enragait plus que de se faire dire que ses intentions étaient mal placées' qu'il avait tord de penser comme il le faisait. Il n'était pas stupide, ni inconscient, s'il possédait une opinion arrêtée sur un sujet bien précis, c'était justement parce qu'il avait eu la preuve qu'il avait raison de penser ainsi. Elle avait sans aucun doute oublié... La rage le possédait à présent, le poussant à s'approcher de cette traîtresse et d'abaisser sa garde, son arme. Aileen lui répondait alors avec autant d'animosité, visiblement blessé des jugements qu'il lui portait. Mais, Julian n'était pas attendri, encore moins convaincu de ses intentions. « C'est exactement ce que le Capitole veut te faire croire, qu'il veut vous faire croire à tous ! Tout le monde à la choix, Aileen, toi y compris ! Tu aurais pu t'enfuir de cette vie de misère, de briser les chaînes qui te retiennent là-bas et agir enfin comme bon te semble ! Tu le peux toujours ! J'ai eu le choix, certes, mais c'était simplement parce que j'ai pris la chance de faire et d'aller où mon coeur me dictait. Tu te laisses manipuler par Snow et tu es la seule fautive, ne me balance pas des excuses creuses comme quoi ton avenir était tout tracé ! Tu crois que j'étais destiné à diriger une bande de rebelles ? Tu crois que mes parents ont voulu que je risque ma vie à tous les jours pour la liberté de Panem ? Non, ils voudraient que je sois sain et sauf, près d'eux, à soigner mes blessures du passé, mais j'ai choisi de me battre, de garder la tête haute et d'agir ! » Maintenant à quelques centimètres l'un de l'autre, Julian fulminait, mais il pouvait voir dans les yeux de la rouquine qu'elle était véritablement blessée par ses dires. Et elle lui avoua des gestes du passé qui lui donnèrent froid dans le dos. Il avait à présent sa réponse. Pendant toutes ces années, pendant cette longue période d'éloignement, elle avait manipulé, malmené, torturé, tué des habitants de Panem pour le simple intérêt du Capitole. Sa rage se transforma en surprise et en dégoût, n'en croyant tout simplement pas ses oreilles. Qui était cette fille ? Où était la Aileen qu'il avait connu autrefois ? Elle affirmait en être profondément marquée, être hantée par des images barbares nuit après nuit, déchirée par ses propres agissements face à d'autres êtres humains. Alors pourquoi l'avait-elle fait ? Pourquoi s'acharnait-elle à effectuer des ordres aussi cruelles ? Julian crut apercevoir une larme cristalline s'échapper du coin de son oeil, mais sa colère l'aveuglait à un point qu'il s'en fichait. Il était profondément scandalisé par les révélations de son interlocutrice, n'ayant jamais cru qu'elle pouvait faire preuve d'autant d'insensibilité et de cruauté. Elle-même se posait la question... Ce qui le déboussolait que davantage. Elle le faisait pour l'argent ? Il n'arrivait pas à comprendre ses motivations. Ils avaient définitivement une vision différente de la vie. Julian croyait pertinemment que tout le monde avait le choix de son propre destin, alors qu'Aileen affirmait que certains étaient tout simplement enchaînés à leur sort. La respiration toujours aussi fébrile, mais l'esprit embrouillé par la confusion, Julian fronçait durement les sourcils, apercevant un peu plus que la pointe de l'iceberg. Depuis le début de cette rencontre, il s'acharnait à ne pas vouloir la croire, mais quelque chose dans son regard lui disait que peut-être elle était sincère... Elle l'enviait. Elle espérait avoir eu le choix, d'être libre comme il avait choisi de l'être. Mais justement, il s'agissait encore là d'une question de choix... « Si tu es si malheureuse, si dépressive, pourquoi ne faisais-tu rien pour t'en sortir ? Tu fais pitié, Aileen. Et tu ne le mérites même pas. » siffla-t-il froidement entre ses dents serrées. Ouch. Peut-être avait-il poussé sa chance trop loin. Et alors qu'il affirmait que rien ni personne ne pourrait le faire reculer devant sa cause, la rouquine effectua un ultime pas, réduisant toute distance entre eux. Son murmura glaça le sang du chef rebelle, tout comme ce regard meurtrier, vengeur. Et sans crier garde, sans qu'il ne voit le coup venir, une douleur aiguë éclata au niveau de son épaule à peine rétabli de sa blessure de la veille. Un grognement rauque vibra dans son gosier alors que sa main vint s'appuyer contre son membre endoloris. Julian recula de quelques pas, le coeur battant, lâchant définitivement l'épée qu'il s'obstinait à garder dans sa paume. Son regard se posa vivement vers son épaule où un flot de sang colorait rapidement son vêtement avant de relever les yeux vers l'horizon. Il vit une fine silhouette s'éloigner, disparaître peu à peu au loin. Porté par une fureur inégalable, la douleur maintenant assourdie par l'adrénaline, Julian retira l'épingle de sa chair et hurla d'une voix aussi forte qu'il le put : « Attrapez-la ! » Et il engageait lui-même une course effrénée, entendant vaguement des bruits de pas s'activer à ses arrières. Il ne pouvait la laisser s'échapper... Elle en avait vu beaucoup trop... Et alors que ses jambes s'activaient, qu'il poussait ses muscles à leur plein potentiel, il sentait le liquide tiède de son plasma se répandre de son épaule jusqu'à son torse... Il sentait l'étirement de la blessure l'élancer de plus en plus alors qu'il ne semblait pas rattraper du terrain. Il l'a voyait devant lui s'éloigner facilement de sa poursuite alors que ses propres alliés rebelles qui avaient répondu à sa requête le rattrapaient. Aileen s'enfuyait... Elle disparaissait peu à peu de son champ de vision, ne faisant qu'accroître son agacement, son animosité, son appréhension.
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| Sujet: Re: Il faut apprendre à jouer son rôle - Julian et Aileen Mar 13 Sep - 19:40 | |
| Depuis le début, Aileen connaissait les risques de son métier. Elle savait qu'elle risquait d'être blessée ou même de mourir, mais elle ne préférait pas y penser. La jeune femme aimait se considérer comme un être invulnérable; elle exécutait ses missions avec la calme assurance de toujours réussir et d'obtenir ce qu'elle voulait. Bien entendu, elle avait déjà saigné pour le Capitole, mais il s'agissait souvent de blessures superficielles. Deux fois seulement, elle s'était retrouvée à l'hôpital, la première fois avec des côtes cassées et la deuxième fois avec une méchante entaille à la jambe. Pourtant, elle n'avait jamais pris peur, et elle s'investissait toujours corps et âme dans ses missions, se jetait la tête la première au coeur du danger sans réfléchir aux conséquences. Aileen se fiait à sa chance autant qu'à ses compétences de combattante; elle refusait de penser aux choses déplaisantes qui pourraient lui arriver. Ses plans d'attaques préparés méticuleusement aidaient aussi à garantir son succès; elle s'assurait toujours d'avoir un plan B et un plan C.
A présent, elle se trouvait face à Julian...son ancien ami...son pire ennemi. Elle voyait la mort dans les yeux du chef rebelle, la fureur et la haine le rendaient presque incontrôlable. Lorsqu'elle l'accusa de ressembler au président Snow, il répondit avec colère: « Et comment puis-je vous faire confiance après ce que tu as fait ? Expliques-moi comment est-ce possible alors qu'à mon souvenir tu n'es qu'un pauvre pantin du Capitole ?! Je vous met tous dans le même panier parce que j'ai eu la preuve que vous êtes tous pareil et que de vous faire confiance serait tout simplement du suicide. ». Aileen recula d'un pas; il lui faisait peur lorsqu'il parlait avec une telle violence. Elle pouvait presque voir la fumée lui sortir des oreilles; elle l'avait vraiment poussé à bout. Une partie de sa colère était justifiée, elle devait bien l'avouer, mais elle ne comprenait pas qu'il s'obstinait à vouloir mettre les habitants du Capitole dans le même panier. S'il était blessé et vexé, Aileen aussi, et elle répondit avec animosité: Oui, tu as raison: je suis le pantin du Capitole ! Pour être plus précise, je suis la marionette du Président ! C'est lui, lui seul, qui décide ce que je fais. Tu as choisi de ne pas me faire confiance parce que tu me juges en te basant uniquement sur ce que tu crois savoir de moi ! Et si ce n'était pas vrai ? Si ce que tu crois être la vérité n'est que la partie de moi-même que j'ai le droit de dévoiler, que Snow m'oblige à dévoiler ? Je suis l'espionne du Capitole, oui, c'est vrai. Et alors ? C'est tout ce que tu sais de moi ? Tu crois que c'est suffisant pour comprendre mes motivations ? . La jeune femme avança d'un pas; elle était vraiment en rogne. Il ne comprenait rien, rien du tout ! Cette ignorance, non, ce refus de croire ce qu'il voyait de ses propres yeux la révoltait. Elle inspira profondément et jeta un autre pavé dans la mare: Tous les habitants du Capitole sont cruels ? Tous, vraiment tous ? Et Jules Winstead alors ? Cette fille est la créature la plus douce, la plus gentille, la plus innocente que je connais ! C'est mon amie. Elle ne ferait pas de mal à une mouche, et pourtant toi, le Grand Messieur aux Grandes Idées, tu n'as pas hésiter à lui faire du mal, à l'arracher à sa famille et à la tenir prisonnière dans Dieu sait quelles circonstances ! Elle le fixa avec haine, les poings serrés; elle lui en voulait terriblement d'avoir kidnappé son amie. A présent, Aileen se fichait de le rendre en colère ou pas; inutile de se battre pour une cause perdue, il ne lui ferait quand même jamais plus confiance. Julian fulmina: « C'est exactement ce que le Capitole veut te faire croire, qu'il veut vous faire croire à tous ! Tout le monde à la choix, Aileen, toi y compris ! Tu aurais pu t'enfuir de cette vie de misère, de briser les chaînes qui te retiennent là-bas et agir enfin comme bon te semble ! Tu le peux toujours ! J'ai eu le choix, certes, mais c'était simplement parce que j'ai pris la chance de faire et d'aller où mon coeur me dictait. Tu te laisses manipuler par Snow et tu es la seule fautive, ne me balance pas des excuses creuses comme quoi ton avenir était tout tracé ! Tu crois que j'étais destiné à diriger une bande de rebelles ? Tu crois que mes parents ont voulu que je risque ma vie à tous les jours pour la liberté de Panem ? Non, ils voudraient que je sois sain et sauf, près d'eux, à soigner mes blessures du passé, mais j'ai choisi de me battre, de garder la tête haute et d'agir ! » . Aileen rit sans joie et secoua la tête. Non, il ne savait pas, il ne comprenait pas. Oui, j'avais un choix, un choix énorme et terrible. Répondit-elle amèrement. J'avais le choix de vivre ma vie, de partir, de tout laisser derrière moi. Mais il y avait un prix. Tout a un prix dans la vie, Julian, je suis sûre que tu le sais. Elle se tut pendant quelques secondes, trop attristée pour parler. Le prix de ma liberté, c'est la vie de ma famille. Oh, ils ne se doutent de rien, ils croient qu'ils seront épargnés parce qu'ils ont une position importante au Capitole. Ils ne connaissent pas Snow comme je le connais. Ses menaces sont aussi douces que le sussurement d'un serpent, formulées avec politesse, mais dangereusement réelles. Aileen se mordit les lèvres; ce qu'elle révélait maintenant à Julian, personne d'autre le savait. Oui, le Président l'avait menacée, avec subtilité, mais il l'avait fait. Elle le savait capable d'exécuter ces menaces, elle ne doutait pas qu'il n'hésiterait pas à tuer même ses plus proches associés pour parvenir à ses fins. La jeune femme reprit avec colère, indignée qu'il puisse croire qu'elle restait au Capitole par lâcheté: Je n'ai pas envie qu'il torture ma mère, qu'il change ma petite soeur en muette, elle qui chante comme un rossignol, qu'il rend mon père fou, qu'il tue mon autre soeur et qu'il enferme mon grand-père ! Je ne peux pas imaginer tout le mal qu'il pourrait leur faire, cela me rend malade ! Alors, oui, je suis égoïste. Je fais souffrir des autres familles pour préserver la mienne. Voilà, je viens encore de trouver une raison pour que tu me haïsses ! Vas-y, ne te gène pas ! Insulte-moi donc, ce n'est pas grave, vu que le Grand Julian a jugé que je le mérite ! Qu'on me jette des pierres ! . Aileen se trouvait à présent à quelques centimètres du chef rebelle; on aurait pu la croire prête à cracher du feu. Elle était furieuse contre Julian, parce qu'il s'obstinait à la croire mauvaise jusqu'à la moelle. Elle était furieuse contre le Président, parce que c'était à cause de lui qu'elle se trouvait là. Elle était horrifiée, aussi...horrifiée et étonnée des paroles qu'elle venait de prononcer, de cette quasi-trahison du Capitole dans ses aveux. La peur de ce qu'elle venait de découvrir...non, de ce qu'elle savait depuis longtemps mais qu'elle refusait de s'avouer, était accompagnée de colère, d'une haine noire envers tout et tout le monde, elle-même y compris. Jamais elle n'avait pensé, et encore moins dit, à ce qu'elle venait de dire. La jeune femme s'était toujours appliquée à ne pas réfléchir, à suivre les ordres sans broncher et à considérer le comportement menaçant du Président comme normal. A présent, elle se rendait compte que cela l'avait plus blessée qu'elle ne croyait. Oui, continuer de travailler pour Snow était une solution facile, le chemin le plus aisé à suivre. Tous ses crimes, elle les justifiait en disant qu'elle n'avait pas eu le choix. Une seule fois, Aileen avait osé dire non à une mission, et elle se souvenait parfaitement des conséquences. Elle ne voulait plus revivre ça. Lorsque la jeune femme avoua ses crimes à Julian -et il ne s'agissait même pas d'un centième de ce qu'elle avait fait !-, elle vit d'abord la surprise, puis le dégoût sur son visage. L'incompréhension dans son regard lui faisait mal. Aileen répondit aux questions qu'il n'osait ou ne voulait pas formuler: Ca te répugne, n'est-ce pas ? Maintenant, tu sais pourquoi je le fais, je viens de te l'expliquer. Ce n'est ni pour l'argent, ni par sadisme, ni par plaisir, ou pour m'amuser, ou parce que je suis patriotiste, ou parce que j'ai des idées stupides d'idéaliste, ou parce que je crois que le Capitole est meilleur que les districts et mérite de les contrôler. Simplement, pour ma famille. Est-ce une motivation suffisante ? Pour moi, oui. Son ton était froid et mesuré, mais son regard flamboyant de rage et de tristesse. Pourquoi j'arrive à le faire...C'est une autre histoire. Bien sûr, j'ai acquis une certaine dureté, une certaine...insensibilité avec le temps. Pourtant, je ne tiendrais pas le coup s'il n'y avait pas mon docteur. Je ne saurais pas t'expliquer ce qui se passe quand je prends ses cachets, Julian, et tu ne croirais pas ma description avant d'en avoir pris toi-même. On devient quelqu'un d'aute, quelqu'un d'inhumain...d'imperméable à la souffrance des autres. On ne se pose pas de questions, on agit. C'est une solution de facilité, ces maudits cachets...Une solution qui me convenait parfaitement. . Avoua-t-elle à contrecoeur. Aileen ferma les yeux pendant quelques instants, pour ne plus voir le regard accusateur de Julian, pour ne plus voir la vérité en face. « Si tu es si malheureuse, si dépressive, pourquoi ne faisais-tu rien pour t'en sortir ? Tu fais pitié, Aileen. Et tu ne le mérites même pas. » Siffla-t-il entre ses dents serrées. Ce fut le coup final qu'il lui porta, le coup fatal qui acheva d'effacer toute logique de l'esprit de la jeune femme pour ne laisser place qu'à une haine aveugle. Si tu connais le moyen pour que je m'en sorte, dis-le-moi alors ! Dis-le ! Toi qui croit tout savoir de tout le monde...Qu'est-ce que je vais devoir faire pour faire rentrer dans ta stupide tête de bois que j'étais prête à intégrer le camp rebelle ?! A prendre mes propres choix ? Tu as tout gâché, Julian, pour toi autant que pour moi, et pourquoi ? Parce que tu t'obstines à croire que je suis le Grand Méchant Loup ! . Oui, Aileen pensait ce qu'elle disait. S'il s'était montré plus compréhensif, s'il l'avait écouté calmement, s'il ne l'avait pas traîtée comme une criminelle...elle aurait pu se laisser convaincre. A présent, tout était perdu. Elle fit un pas de plus et planta son épingle dans l'épaule de Julian en lui lançant d'un ton meurtrier: Je ne suis pas ton ennemie !. Elle ne l'était pas, oui, mais à présent, elle allait le devenir.
La jeune femme s'élança dans le champ de maïs à toute vitesse. Elle courait aussi vite qu'elle le pouvait, portée par la peur et la haine. Où aller ? Retourner au Capitole les mains vides et supporter la punission créative que Snow allait lui imposer ? Ou se laisser liquider par les rebelles ? Ou partir, tout simplement, s'exiler, se cacher au plus profond de la forêt et ne jamais en ressortir ? Non, elle savait ce qu'elle allait faire, même si cela lui faisait honte: retourner auprès du Président. Il était son maître, elle son toutou, la laisse qui la retenait était sa famille. Elle retournerait toujours auprès de lui. « Attrapez-la ! » Entendit-elle. Le hurlement quasi-dément d'un homme furieux, d'un homme qui souffre. Julian. Aileen entendit les pas de ses poursuivants, il y en avait tant...Elle accéléra encore. Plus vite, toujours plus vite...Ses pieds touchaient à peine le sol, elle volait à un train d'enfer à travers du champ. Elle allait leur échapper...Puis, soudain, un éclair de douleur aveuglant...Le sol qui sembla monter à sa rencontre...Elle s'écrasa face contre terre; tout l'air fut chassé de ses poumons, elle suffocait. Une vague de douleur monta le long de sa colonne vertébrale. Elle n'essaya même pas de se redresser. Des tâches noires dansaient devant ses yeux. Une pierre, songea-t-elle confusément, elle avait reçu une pierre dans le dos. Oui, tout était perdu. Aileen resta allongée pendant que ses poursuivants la rattrapaient. Ils l'encerclèrent rapidement. Cerains se demandaient si elle s'était évanouie, d'autres suggéraient de la ligoter, ou encore de la tuer tout de suite. Leur colère était palpable; elle avait osé toucher à leur chef, elle le payerait. Une dizaine d'hommes...Pour attraper une seule femme désarmée. Cela flatte mon égo. Dit-elle sans ouvrir les yeux; elle savait qu'ils l'entendaient parfaitement. Je suppose que rien de ce que je pourrais dire vous convaincra d'être gentils avec moi ? Ajouta-t-elle en soupirant. La douleur brouillait toutes ses idées, tous ses plans d'attaque et de fuite. Une chose était sûre: elle avait beau se retrouver en position de faiblesse, blessée et désarmée, elle ne s'avouait pas encore vaincue. Jamais. |
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