no title needed ~ dahlia & gwendal

Capitole, soirée en l'honneur de... Je ne savais même plus – et je m'en fichais totalement. Ca devait être... Ah oui, c'était pour fêter la « nouvelle ère avec Capitol TV ». Passionnant. Mais bon, ça avait au moins le mérite de me faire quitter le district quatre. Même si nous savions tous – enfin, moi – que ce n'était qu'une façon de nous faire oublier l'annulation des Hunger Games... Une petite soirée par-ci, une autre par-là, et les alcolos de service ne se souvenaient même plus que les jeux existaient ! Pas de bol, ce n'était pas mon cas. Il m'aurait fallu bien plus pour oublier cette trahison de Deverell... Vouloir marquer le coup après son élection, ok, mais merde, on touche pas aux Hunger Games ! Ils auraient pu les organiser en août. Ça aurait changé, mais au moins on aurait eu de quoi s'amuser...

Heureusement, on malheureusement pour certains, cette soirée serait l'occasion de croiser quelques personnes intéressantes. Et par là, je ne parlais pas des pseudo-vainqueurs à la Prudence Thornfield ou Constance Ashes, nouvelle potiche du perdant des élections. Et j'allais me retenir d'en dire plus pour ne pas blesser les egos de ces messieurs dames. Je m'étais minutieusement préparée avec l'aide de cette chère Gold Flickerman, nouvelle styliste du district quatre. Dieu merci, avec elle, je pouvais choisir mes tenues. C'était pourquoi, ce soir-là, je faisais totalement tâche dans le paysage. Autant j'adorais le Capitole et ses habitants, autant je trouvais qu'ils avaient vraiment mauvais goût en matière de vêtements. Certes, je n'étais pas une adepte de mode et m'habillais toujours simplement, mais pour rien au monde je n'allais porter leurs horreurs.

Je savourai les quelques instants de mon arrivée à la soirée, où une horde de fans scandaient mon nom. « DAH-LIA, DAH-LIA... ! » Je revivais, enfin. Voilà des gens qui avaient bon goût, même s'ils avaient des tenues atroces. Je serais bien restée en leur compagnie plus longtemps, mais, statut oblige, je devais rejoindre mes amis vainqueurs dans la salle. Encore pire, j'allais devoir faire l'éloge d'Ulysses Deverell. Ugh. De nombreuses personnes vinrent à ma rencontre lorsque je passai les portes. Des salutations banales – à mourir – des photographies, des accolades... Toujours avec plaisir, surtout quand c'était pour la bonne cause – je n'étais jamais avare de quelques compliments dans les magazines en vogue, c'était bon pour la réputation. J'offris même quelques compliments des plus intéressés à mes admirateurs – et admiratrices – qui finiraient par sa battre pour moi. Ça aussi, c'était bon pour la réputation. Ce ne fut que quelques instants plus tard que je vis ce cher Gwendal Jamshed non loin. Ce n'était peut-être pas mon meilleur pote mais bon, il était mieux que les autres. En réalité, c'était peut-être le seul qui se rapprochait du terme ami parmi les autres vainqueurs pas trop vieux. Et au moins, il n'était pas anti-capitole, ou il le cachait bien, bien mieux que la plupart des vainqueurs. Les capitoliens étaient dupes, mais pas moi. Je m'amusais avec eux pour leur faire croire que leurs petits jeux fonctionnaient, mais ce n'était pas vraiment le cas. Il suffisait de voir ceux qui étaient déprimés à longueur de temps... Ils faisaient honte aux vainqueurs. En parlant de ça, je voyais l'un d'entre eux s'approcher dangereusement de moi. Il fallait agir, et vite. « Gwen ! » J'aurais couru à travers la salle si je n'avais pas eu à mes pieds ces chaussures – ces échasses – affreuses, « cadeau » que Gold m'avait malheureusement obligée à porter. « Quel plaisir de voir un de mes vainqueurs préférés à cette soirée ! » J'espérais qu'il n'était pas en pleine conversation avec quelqu'un d'autre. Quoique, je m'en fichais un peu. Et un grand sourire pour la photo de... de Vogue Capitol j'espère !

DAHLIA & GWENDAL
NO TITLE NEEDED ~ VOLUME VI, CHAPITRE 1

De mémoire de vainqueur, Gwendal n'avait jamais connu une ambiance similaire au Capitole depuis qu'il avait l'occasion de s'y rendre et d'y séjourner de temps à autres. Dire que la capitale était marquée par le deuil eut été un peu trop exagéré, néanmoins la disparition de manière si rapprochée des deux représentants de la nation qu'étaient Snow et Deverell semblait donner aux habitants d'ici un arrière goût d'insécurité auquel on ne les avait jamais habitués. Si les figures d'autorité supposées les diriger tombaient comme des mouches et ne parvenaient pas à se montrer aussi invincibles qu'on le leur avait attribué, qui sait quoi d'autre pourrait s'abattre sur leur cage dorée. Les états-d'âme des habitants de cette citée aux allures de forteresse n'intéressaient pourtant que très peu Gwendal, qui se contentait depuis son arrivée au Capitole deux jours auparavant d'agir par automatisme, de présenter ce sourire immaculé auquel il avait toujours habitué les capitoliens, et de jouer docilement le jeu du deuil national dont la seule utilité publique consistait à abreuver la population de programmes télévisés encore plus démagogiques qu'à l'accoutumée. Ceux qui quelques mois plus tôt crachaient sur Deverell pour mieux soutenir l'un de ses concurrents en faisaient aujourd'hui un père de la nation victime de la barbarie rebelle, et ceux qui comme Gwendal avaient ouvertement soutenu l'homme avant qu'il ne soit élu se contentaient de donner le change en priant silencieusement pour que leur engagement politique passé ne leur apporte pas d'ennuis dans les semaines à venir.

Un court instant tenté de passer la soirée dans ses appartements, en se contentant de profiter du piano toujours mis à sa disposition et du minibar de sa chambre semblant se remplir à mesure qu'il tentait de le vider, le vainqueur avait pourtant fini par céder aux sirènes des excès en tous genres qui accompagnaient généralement la soirée à laquelle on l'avait convié. Et comptant sur son styliste habituel pour lui trouver un costume à la hauteur de l'événement, il avait admiré un court instant son reflet dans le grand miroir qui lui faisait face : le costume trois pièces sobrement gris clair était mis en valeur par la couleur bleue ciel de sa chemise, et les pierreries qui ornaient ses boutons de manchettes suffisaient à donner à l'ensemble une allure luxueuse et raffinée. S'octroyant un "dernier pour la route" en terme de whisky il avait quitté sa suite à l'heure où normalement il aurait du arriver sur place, mais au Capitole plus que partout ailleurs on savait qu'arriver à l'heure était une faute de goût que seul un débutant pouvait commettre. Et Gwendal n'était plus un débutant depuis longtemps. C'était presque toujours le même scénario, il arrivait seul - simplement dans l'optique de pouvoir à loisir repartir accompagné - se laisser embarquer dans une groupe ou un autre, une conversation ou une autre, voguant entre les gens comme l'abeille qui butinait d'une fleur à l'autre, avec toujours un sourire immaculé à adresser ou un compliment à susurrer à une oreille charmée. Et puis, parfois un peu étourdi par tant d'hypocrisie - tant la sienne que celle des autres - il cherchait une échappatoire de quelques minutes, une excuse pour laisser à son cerveau de brefs instants de pause désespérément nécessaires.

C'est précisément ce qui l'avait poussé à fausser compagnie au trio de médecins qui s'était mis à discuter avancées technologiques en terme de prothèses faciales, sans se soucier le moins du monde que le sujet puisse laisser le vainqueur de marbre. Au contraire, Gwendal sentait venir à toute vitesse le moment où l'un d'eux lui proposerait une nouvelle fois ses services pour le débarrasser de la "vilaine" cicatrice qui barrait sa joue gauche, et il préférait y échapper. Au Capitole on ne comprenait pas ce désir de conserver volontairement un défaut physique qui pouvait si aisément être corrigé, et Gwendal lui s'était lassé de fournir perpétuellement la même explication qui ne trouverait ni compassion ni compréhension de la part de ces personnes. « Gwen ! » Attrapant sans ménagement un verre sur le plateau du muet qui passait à proximité, le vainqueur avait tourné la tête tout en réajustant le sourire plaqué sur son visage « Quel plaisir de voir un de mes vainqueurs préférés à cette soirée ! » Dahlia faisait partie de cette catégorie de vainqueurs dont il ne savait jamais si elle était sincèrement enjouée par l'ambiance capitolienne, ou si elle était simplement excellente comédienne. Mais il ne s'en inquiétait pas, ni ne s'en offusquait, parce que secrètement c'était le sentiment ambivalent qu'il espérait provoquer lui aussi. « Dahlia. » Attrapant un second verre pour le tendre à la jeune femme, en tirant la conclusion habituelle selon laquelle tout le monde avait forcément autant envie - besoin - d'alcool que lui, il avait repris en adoptant ce ton ronronnant qu'il réservait aux vainqueurs et au capitoliens qu'il souhaitait garder dans ses bonnes grâces « Juste quand je désespérais de passer cette soirée en charmante compagnie. » Gratifiant la blonde d'un baise-main, il avait porté son verre à ses lèvres sans se préoccuper ou s'inquiéter le moins du monde de ce que pouvait contenir son verre - pourvu que cela l'enivre - avant de passer une main autour de la jeune femme, tandis qu'un journaliste dirigeait l'objectif de son appareil photo dans leur direction « Maintenant je suis certain que je vais faire des jaloux. » Parmi les capitoliens avides de célébrité éphémère, surtout.