La neige s'était emparée de la plupart des district de Panem. Hulk aimait ce genre de saison. Des paysages blanchis et brumeux sous des températures frigorifiques. À son plus grand regret, aujourd'hui, la température était supportable malgré son extrême fraicheur. Il fixait l'horizon, assis sur un tas de neige qu'il avait rassemblé après avoir soigneusement retiré ses gants en cuir bleu. Il ne savait pas vraiment ce qu'il fichait dans le district quatre. Il s'était levé ce matin, avec l'envie de faire un tour par ici, au marais. Il laissait les flocons de neiges glisser le long de son visage juvénile et meurtri par les Hunger Games, par la vie en générale.

Il soupirait, grandement, les deux mains à terre, enfoncées dans la neige, pour se maintenir dans la position assise en prenant du temps pour fixer le ciel gris. Il sourit. Pourquoi ? Il ne le savait pas non plus. Il se contenta de sourire à ce temps maussade. Hulk vint même jusqu'à prendre pitié pour les pauvres créatures qui émergeaient sous l'eau glacée, frigorifiée. Il se demanda quel était leur secret pour survivre. Il compara alors la vie des poissons du district 4 à celle des habitants des districts. Vivre dans d'atroces situations, chercher de la nourriture pour survivre pour finalement être pêché et crever. Le destin. On appelait ça le destin. Il rit du nez en prenant conscience qu'il ne croyait absolument pas à ces histoires de destin, de ligne tracée. Vivre au jour le jour. Telle était sa devise.

Hulk se leva pour débuter une marche dans l'épaisse neige autour des lacs. Il se sentait bien ici. La raison était idiote mais c'était qu'il arrivait à sentir la présence de cette inconnue avec qui il avait échangé quelques simples regards. Il ne connaissait rien d'elle, ni même son prénom. Un soir d'été, il était venu ici, pour décompresser et elle était apparue, devant ses yeux. Le pauvre malheureux avait réussi à prendre la fuite à une vitesse phénoménale, vitesse d'un vainqueur des Hunger Games en quelques sortes.

Cette fille était si belle. Ses cheveux étaient noirs, un noir profond et intense, tout comme le regard du jeune homme. Ses lèvres hurlaient à la détresse, elle suppliait un baiser. Son regard renforçait sa fragilité juvénile ainsi que son teint blanc qui renvoyait irrévocablement à la couleur de la neige. Il n'était persuadé que d'une seule chose à propos de cette fille ; elle n'était pas riche, au contraire. Ses vêtements en disaient longs sur son statut social. Il n'eut pas le temps de finir de penser à elle qu'il fut frapper par son poing directement dans le nez alors qu'il avait tenté de se retourner pour observer le district 4 disparaître sous la neige. Il était habitué des coups, après tout, chaque os de ses jambes avaient été brisés lors des jeux de la faim, son œil avait été crevé, il avait été recouvert de blessures quelconques. Il connaissait la douleur comme il connaissait sa poche mais il ne put s'empêcher de serrer son nez dans sa main en grimaçant fortement et en lançant à l'innocente jeune fille -qui se révélait pas si innocente que ça- une injure directement provenue du Capitole. Il tourna sur lui-même à reculon. Sa fierté en avait pris un coup et bien qu'il avait massacré des jeunes filles, il ne comptait pas se défendre, par sur elle. Il attendit un instant que la douleur passe mais en vain, rien ne se passait. Son nez était enflé et il soupçonnait même le fait qu'il fut cassé. Il clama d'un fort accent du Capitole quelques mots.

- Tu es complétement névrosée sale garce ! Amène-moi dans ta demeure et établis un soin à mon nez, paysanne.

Hulk la méprisait alors fortement. Il la considérait comme une véritable paysanne. Elle était pauvre, il était riche. Ce point les opposait si fortement qu'un quelconque rapprochement était impossible. Enfin, ça, c'était ce que les deux adolescents pensaient.

Il vint alors s'approcher presque brutalement d'elle et la saisit par les épaules avant de la secouer brusquement. Il plongea son regard qui avait le dont d'effrayer chacune des personnes qui le croisait dans celui de la pêcheuse. Il voulait son nom, son prénom. Il voulait la serrer dans ses bras, l'embrasser, lui faire l'amour, il la voulait tout simplement.

- Qui es-tu jeune insouciante ?

Hulk maintenait la jeune fille qui le faisait rêver depuis plusieurs mois, plusieurs années. Il la serrait si fort entre ses mains colossales et glaciale qu'il aurait pu briser ses épaules. Son regard se faisait horriblement portant et lourd, La rébellion de cette dernière l'agaçait tout au plus. Elle n'avait rien pour elle. Sa maison ne devait pas être spécialement grande, peut-être n'en avait-elle même pas. Sûrement n'avait-elle aucune famille, tous morts de faim et elle osait riposter. Hulk se mentit à lui-même en pensant ceci, et il en était totalement conscient. La femme au teint blanc comme la neige avait bien quelque chose que peu de gens avaient à Panem ; La bravoure, l'audace, la malice. Lorsque leurs yeux se rencontrèrent, elle ne baissa pas les siens. Elle résistait à la peur, à l'angoisse. Surpris, Hulk la lâcha immédiatement alors qu'elle se présentait sur un ton singulièrement ironique et qui poussait à la limite de l'instigation. Elle prétendait être plus en vie, plus courageuse, plus fière que Hulk. Sagitta Chase. Il sut enfin son prénom, son nom. Une chose était irrévocable. Il n'était pas prêt d'oublier ses douze lettres, ses quatre syllabes. Elle ajouta par la suite que le jeune habitant du Capitole ne méritait pas d'être présent dans l'un des douze districts, elle l'accusait de trahison. Hulk ne voulut se plaindre, manque de temps, manque d'envie mais pour sa part, c'était dans son district que la peur, l'humiliation et la solitude l'avait pris au ventre un bon nombre d'année et non pas à cause du capitole. Les coupables étaient simplement ces incapables de paysans qui le jugeaient trop immature, trop naïf, trop niais. Hulk avait passé son enfance à se faire insulter de tous les noms dès qu'il mettait un pieds dehors. Un cauchemar. Le pauvre gamin des Kerbinghton vivait un cauchemar ambulant où seul les Hunger Games et le Capitole avaient réussi à le réveiller. Là bas, dans le pays du luxe et de la mode, on l'acclamait, on l'adulait. Il ne s'était plus jamais senti inférieure, bien au contraire et ça, jamais il ne l'avait regretté. Il considéra cette sensation comme sa propre vengeance sur son district et les autres. Hulk Kerbinghton était et devait être un roi.

La vie est bien meilleure là bas. Ils sont peut-être plus idiots et moins braves que toi mais ils m'aiment, moi, mon talent. Considères toi heureuse que je ne te fais pas abattre Sagitta. enchaîna Hulk en se forçant d'éviter son accent, acquis au fil des années. Il vint poser sa main sur la joue de Sagitta et la caresser de son pouce. Son épiderme brûlait sous le contact de la sienne. Il ne put s'empêcher de replacer une mèche qui couvrait son visage derrière son oreille. Jamais il n'avait croisé une créature aussi belle, aussi naturelle. Il lui susurra alors quelques mots d'une voix étonnamment basse et douce. Viens avec moi, au Capitol. Tu n'auras plus à te soucier de ce que demain sera constitué. Tu seras tout bonnement heureuse. Il vint s'éloigner d'elle et secouer sa tête. Il ne la connaissait pas. Et quelle honte. Elle sentait le bois, le marais. Ses cheveux n'étaient pas coiffés, ses habits étaient comparables à un filet de pêche. Jamais il n'allait oser présenter ce bout d'humain au Capitole. Sa gloire en prendrait un coup et il serait plongé dans l'oubli à jamais. Il se donna à lui-même une légère frappe sur le front en s'insultant de connard assez fort pour que Sagitta l'entende. Dégage. ordonna-t-il sans lever les yeux par peur de croiser son regard et de se jeter sur elle afin de l'embrasser.