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 It's a long lonely fight down inside me ▬ CLOVER&LANDON

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MessageSujet: It's a long lonely fight down inside me ▬ CLOVER&LANDON   It's a long lonely fight down inside me ▬ CLOVER&LANDON Icon_minitimeJeu 19 Jan - 5:14

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Sa demeure semblait bien moins ennuyante depuis quelques semaines. La dernière fois qu'il avait partagé sa maison remontait il y a quatre ans, lorsqu'il séjournait au Capitole. Il vivait avec nombres d'autres futurs Pacificateurs qui recevaient la même formation que lui. À l'époque, il aurait bien aimé avoir sa solitude, apprenant à peine le fonctionnement de la capitale et de tout Panem. Il aurait bien voulu pouvoir réfléchir longuement à la situation en raison de son état d'amnésie, mais le Président avait insisté pour qu'il se mêle directement aux autres. Finalement, cette colocation l'avait en quelque sorte aidé à mieux comprendre le monde dans lequel il s'était un beau matin réveillé. Enfin, au départ il croyait que Snow avait eu raison, que de côtoyer des gens jour après jour avait été bénéfique, mais, en y repensant aujourd’hui, peut-être s’en aurait-il sorti différemment s’il avait été laissé à lui-même… Il ne le saura pourtant jamais. Et d'un autre côté, il ne pouvait pas vraiment comparer cette époque à sa situation actuelle, puisque l'espace dans lequel il avait vécu était beaucoup plus grand que maintenant. Il avait bel et bien un toit à lui, chauffage, eau chaude, nourriture et tout autre besoin fondamental lui était fourni, mais il n’obtint pas le grand luxe, comme un vainqueur des Jeux de la Faim bénéficierait. Et ça lui convenait. Landon avait simplement besoin d'un espace pour vivre lorsqu'il n'était pas dehors à surveiller les habitants du district, un endroit à lui pour décompresser, se retrouver seul avec lui-même. Ce n'était que maintenant qu'il partageait sa demeure qu'il réalisait combien elle pouvait être petite. Il s'était malgré tout rapidement habitué à une deuxième présence, même si parfois leur relation pouvait sembler incongrue. Il s'adaptait. La solitude avait été sa seule compagne depuis son affectation au district – surtout que ses collègues de travail ne l’appréciaient guère en raison de sa manière de faire qui divergeait de la leur – et il ne pouvait nier la gratitude qu’il ressentait de pouvoir enfin combler cette espace vide. Maintenant que son esprit était hanté par des pensées divergentes de son habitude, il était reconnaissant d’avoir une présence à ses côtés. Enfin, peut-être que sa confusion ne faisait que s’amplifier, mais au moins, de ne pas être seul lui permettait d’éloigner une situation de folie.

Le temps avait passé atrocement rapidement alors que l'hiver se frayait un chemin jusqu'au district cinq. Réveillé depuis maintenant une bonne heure, Landon s’était enfin décidé à quitter le lit de fortune, installé dans la salle de séjour, sur lequel il dormait depuis quelques temps. Il ne parvenait plus à fermer l’œil malgré l’heure matinale, ne cessant de tourner sur lui-même entre les draps. Il s’était directement dirigé vers la petite cuisine de la maisonnée et remplit la bouilloire d’eau chaude qu’il mit instinctivement sur le feu. Il se passa une main sur le visage, laissant échapper un long bâillement dû au manque de sommeil qui s’accumulait de jour en jour. La charge de travail en tant que Pacificateur devenait de plus en plus atterrante… Apparemment, la cause des rebelles devenait de plus en plus imminente, ce qui obligeait le Capitole à renforcer sa garde dans les districts. Et comme le nombre de Pacificateurs se faisaient restreint, ils devaient tous doubler leurs heures pour arriver à combler les exigences de Snow. Bien entendu, Landon effectuait le travail qu’on lui demandait de faire, sans riposter, sans se poser de questions. Enfin, presque. Parfois, il se demandait si ses collègues ne lui donnaient pas en douce quelques heures de leur propre quart de travail simplement parce qu’il n’avait pas le profil habituel d’un gardien du Capitole. Peu lui importait, il n’allait pas se laisser intimider par des brutes. Il tentait de demeurer discret depuis quelques temps et de contredire ses collègues ne ferait qu’attirer l’attention de ceux-ci. Chose à éviter. Dehors, l’air était plus froid qu’à son habitude et le sol était légèrement gelé par la nuit fraîche. Les températures au cinq n’était pas aussi excessive que dans les districts se situant plus au nord, mais le temps devenait plus mauvais à cette période de l’année. Un léger soupire se glissa entre les lèvres du Pacificateur, reconnaissant d’avoir une journée de congé et de ne pas avoir à quitter la chaleur de son foyer. Détournant le regard de sa fenêtre, oubliant le temps déprimant de l’extérieur, Landon s’adossa à un comptoir attendant que l’eau sur le feu devienne bouillante. Ses yeux se posèrent alors sur la porte de sa propre chambre qui était fermée. Elle était probablement encore endormie à cette heure. Le soleil n’avait même pas pointé le bout de son nez hors de la terre. De la savoir si près éveillait de récents souvenirs… Il n’y avait pas si longtemps, il prônait la dictature de Snow, les règles et la barbarie qui sévissaient dans les districts. Maintenant ? Il ne savait plus. Son opinion demeurait légèrement confuse depuis qu’il avait fait la rencontre de Clover Yzernay, ancienne gagnante des Hunger Games. Il l’avait maintenu prisonnière dans une vieille grange pendant près de trois jours avant qu’il ne réalise que ce qu’il faisait était tout simplement inhumain… Il avait accepté de la libérer, mais il ne pouvait la laisser quitter le district. Pas encore. Elle lui avait implanté un doute dans son esprit et même s’il commençait à s’ouvrir à l’idée qu’on lui avait menti au Capitole, il redoutait toujours de voir la vérité. Il avait toutefois accepté que Clover lui disait juste sur son passé, que des manigances clandestines s’y passaient. Cependant, restait à savoir jusqu’à quel point elle avait raison… Non, il ne la contredisait plus, il ne la questionnait plus aussi intensément qu’à leur première rencontre, il demeurait l’esprit ouvert – car un trop grand niveau de stress ferait réapparaître d’affreuses migraines, ce qu’il tentait d’éviter. Toutefois, il cherchait une faille. Il cherchait encore une explication logique à toute cette histoire, car l’idée que ses quatre dernières années n’avaient été qu’un mensonge lui faisait beaucoup trop peur pour tout accepter sans approfondir le sujet. Bref, finalement, Landon avait décidé d’héberger Clover chez lui, dans sa demeure, malgré le haut risque de se faire prendre. En effet, il n’habitait pas parmi les habitants des districts, mais bien dans un quartier réservé aux Pacificateurs… Heureusement, il recevait que très rarement de visites – voir jamais –, rendant la situation légèrement plus facile. De plus, il avait la certitude que Clover ne mettrait pas le nez dehors lorsqu’il était parti, car dès qu’elle sortirait, elle se ferait certainement prendre. Landon lui avait offert sa chambre, son lit, se contentant d’un lit improvisé dans le salon. Elle méritait du confort, surtout après ce qu’il lui avait fait subir…

Un son strident l’éveilla de ses songes. La bouilloire. S’approchant de la cuisinière, Landon retira l’eau du feu et prit par le fait même une tasse dans une armoire. Dans un récipient sur le comptoir, il ajouta quelques cuillères de café en poudre dans sa tasse avant de remplir le tout d’eau bouillante. Passer une journée complète sans avoir droit à son café noir le matin était pratiquement impensable. Il brassa distraitement le mélange afin qu’il soit bien homogène et laissa la vapeur s’échapper afin de ne pas se brûler la langue. C’est alors qu’il entendit du mouvement derrière la porte de sa chambre… Était-elle réveillée ? En fait, il ne saurait dire si Clover était une personne matinale ou non, car ses quarts de travail changeaient pratiquement tous les jours. Et il craignait que sa présence ne l’ait réveillé à quelques reprises… Il sortit une seconde tasse de l’armoire et la déposa sur le comptoir, juste à côté de la bouilloire contenant suffisamment d’eau pour un second café. Peut-être désira-t-elle une boisson chaude lorsqu’elle quittera son lit.
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MessageSujet: Re: It's a long lonely fight down inside me ▬ CLOVER&LANDON   It's a long lonely fight down inside me ▬ CLOVER&LANDON Icon_minitimeSam 21 Jan - 6:23

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L’homme resserrait son étreinte sur elle. Plus elle se débattait, plus elle forçait, plus coincée et prise entre ses griffes elle se trouvait. Clover aurait voulu crier, hurler. Jusqu’à s’en briser les cordes vocales. Mais elle n’y parvenait pas, tout était retenu dans sa gorge et rien d’autres que sa respiration saccadée de n’échappait de ses lèvres. L’homme à la tenue excentrique lui sourit narquoisement avant de la pousser afin de l’obliger à reculer. Un pas, puis un autre jusqu’à ce que ses mollets n’entrent en collision avec le matelas du lit, la faisant tomber dessus. Sa raison criait à ses membres de bouger, de prendre la fuite, mais elle restait immobile. Complètement paralysée. De peur, peut-être. Ou bien consciente de sa fatalité : aucun moyen de s’échapper. L’homme s’approcha du bout du lit d’une démarche presque féline. Lentement, précis, effectuant presque une danse. La démarche exacte d’un animal se préparant à bondir sur sa proie. Elle était la proie. En genou sur le bout du matelas, puis un autre. Il riait d’un rire gras, les traits de son visage se déformant. Il se ressemblait de moins en moins. Il continuait d’avancer vers le corps immobile de Clover et tendit sa main vers son visage. Son pouce traçant le contour de sa lèvre inférieure. Elle releva les yeux vers lui et se mis à hurler. Ce n’était pas un cri qui sortait de sa bouche, mais une espèce de bruit strident, fort. Comme un sifflement. Ce n’était plus l’homme du Capitole qui la tenait au piège. C’était Snow. Clover ouvrit les yeux en sursautant, s’assoyant dans le lit. Le sifflement toujours présent. Il lui fallut de longues secondes pour reprendre ses esprits. Pour réaliser qu’il s’agissait de la bouilloire, pour réaliser qu’elle était bien réveillée et non pas prise au piège dans ce même rêve. Elle balaya du revers de la main quelques gouttelettes de sueur qui perlaient à son front et tenta de régulariser sa respiration saccadée. Encore ce cauchemar. Le même qui la hantait depuis si longtemps, déjà. Depuis qu’elle était devenue une catin de Snow. Il revenait. Une fois par semaine, puis une fois par mois. Depuis qu’elle s’était échappée de sa prison de verre et de diamants au Capitole, c’était chaque fois qu’elle dormait qu’il venait hanter son esprit. « Ça va. Ce n’était qu’un rêve… » Murmura-t-elle afin de se rassurer. Elle ne pourrait pas se rendormir, malgré la fatigue qu’elle ressentait encore dans chacun de ses muscles, dans ses paupières lourdes. Elle n’avait plus qu’à se lever, mais elle n’en avait pas le courage. Encore perturbée, elle balayait les murs du regard. Comme si elle s’attendait à y trouver une trace du passage de Snow, une caméra rivée sur elle, peut-être. Elle n’osait pas bouger, ni même poser un pied sur le plancher. Comme une enfant qui s’inventerait des jeux, elle était sur un radeau au beau milieu d’une mer infestée de requin qui lui arracherait le membre qui oserait dépasser du lit.

Ne serait-elle pas supposée se sentir en sécurité dans la maison d’un pacificateur? Leur mandat n’était-il pas de protéger les citoyens? Tout le monde savait qu’ils représentaient plus un danger auprès des citoyens des districts que des alliés. Clover était tiraillée entre son envie de lui accorder sa confiance à ce pacificateur, Landon, et sa peur. Comment être absolument certaine à chaque fois qu’il quittait sa demeure que ce n’était pas pour aller chercher d’autres pacificateurs qui la ramèneraient au Capitole, à Snow? Il l’avait épargnée alors qu’il aurait pu la faire condamner pour tous ses propres haineux envers le Capitole et leur ô bon Président. Il aurait pu la laisser crever, affamée et épuisée, dans la vieille grange abandonnée. Il aurait pu la dénoncer, elle qui est recherchée par les autorités du Capitole, lorsqu’il l’avait reconnue. Clover Yzernay, ancienne tribut gagnante des Hunger Games et figure populaire et aimée des résidents du Capitole. Mais – et il y avait toujours ce ‘mais’ qui l’empêchait catégoriquement de simplement le voir comme un précieux allié – il ne l’avait pas laissée libre non plus. Il ne l’avait pas aidée dans sa quête de liberté. Il l’avait enchainée, avait refusé de croire en ses propos, l’avait punie pour le grand crime qu’elle avait commis lorsqu’elle avait volé quelques légumes dans un champ. Sa cruauté n’était qu’une preuve qu’il était bien un pacificateur. Clover ne pouvait pas dire si Landon l’avait logée, vêtue et nourrie parce qu’il était une personne généreuse, une personne bien, ou si c’était parce qu’il réalisait à quel point il était mêlé à cette affaire jusqu’au cou désormais.

La fugitive inspira profondément en levant les couvertures d’un mouvement rapidement. Elle devait se lever maintenant, sinon elle risquait de passer la journée réfugiée là. Le plancher froid sous ses pieds nus envoya un frisson parcourir son corps, chassant la fatigue de son corps momentanément. Elle replaça grossièrement les couvertures en place, peu soucieuse de ce genre de détails, et marcha sur la pointe des pieds, presque comme une voleuse, vers la commode où le pacificateur lui laissait prendre des vêtements. Peut-être qu’elle n’était pas confiante d’avoir en elle la force de quitter la chambre, elle ne voulait pas qu’il la sache éveillée. Après avoir enfilé un t-shirt, des bas chauds et une chemise à carreaux, Clover se dirigea vers la porte fermée. Tendit la main vers la poignée … et se rétracta. Et si, derrière la porte, se trouvait des collègues de Landon, prêts à la mettre sous arrestation l’instant où elle franchirait la porte? Non. Il n’y avait aucun bruit indiquant d’autres personnes que lui. Elle marchait vers le lit, résolue à attendre un peu, quand elle mit son poids sur une planche de bois grinçante. Il la saurait réveillée, maintenant. Clover soupira, profondément, et sortit de la chambre. Elle suivit l’odeur réconfortante du café, lui rappelant la maison familiale où elle avait grandit, au Trois, et trouva Landon. Évitant son regard, elle trouva la tasse à café qui l’attendait à côté de la bouilloire. Si ce n’était pas un goût qu’elle trouvait particulièrement bon, elle se laisserait tenter dans la recherche désespérée de se sentir près de ses parents. Dormant peu, trop pris par ses recherches, son père ne restait jamais longtemps sans une tasse pleine près de lui. Elle se faufila à côté de Landon et entreprit de se concocter son breuvage sans dire un mot. Sachant qu’il avait les yeux rivés sur elle, elle se trouvait particulièrement consciente de chacun de ses mouvements alors qu’elle mélangeait la poudre dans l’eau fumante. Elle se retourna, le touchant presque vu leur proximité, et s’aventura à le regarder. Il regardait sa tenue. Clover se demanda alors si elle n’était pas inappropriée? Elle avait porté des robes plus courtes au Capitole, plus révélatrices que ces vêtements trop longs et amples pour elle. Peut-être avait-elle perdu tout sens de pudeur. Après tout, on l’avait envoyée se dénuder devant le premier venu qui lui offrirait de l’argent. On avait retiré tout sens d’intimidé de son esprit. Elle se racla la gorge, timidement. « Merci. » Pour le café. Pour le lit chaud, … pour tout. Clover s’éloigna, se dirigeant vers la table sur laquelle elle posa sa tasse avant de prendre place sur une chaise de bois. Une chaise modeste, à l’image du reste de la demeure. Clover s’était toujours imaginé que les pacificateurs – ou les ‘chiens de poche de Snow, comme elle les appelait – vivaient dans des maisons plus luxueuses que celle-ci. Il devait bien y avoir des avantages à être aussi cruel et sans pitié envers nos semblables. Ils étaient peut-être tous fous. Fou… Clover eut un léger rictus, presque imperceptible à cette pensée. Elle remarquait de plus en plus la façon dont son hôte refusait catégoriquement et habilement de parler de lui. Comme s’il avait quelque chose à cacher. « Est-ce que tu travailles aujourd’hui? » Elle tâchait d’être plus polie avec lui, moins arrogante qu’elle avait pu l’être lorsqu’il venait la voir dans cette grange brûlée. Il était encore celui qui avait sa vie entre les mains.

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MessageSujet: Re: It's a long lonely fight down inside me ▬ CLOVER&LANDON   It's a long lonely fight down inside me ▬ CLOVER&LANDON Icon_minitimeMar 24 Jan - 5:49

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Le titre de Pacificateur comportait son lot d’avantages. Leur travail était difficile, autant physiquement que psychologiquement, et le Capitole semblait les récompenser pour leur dévouement. Peut-être que Landon n’avait pas la maison la plus luxueuse de Panem, mais il ne manquait de rien. S’il désirait des fruits, il n’avait qu’à demander et il obtenait. Une bonne viande de gibier ? La voilà. Ce genre d’aliments pouvait se faire rare, mais ils avaient ce privilège. Cependant, Landon n’abusait pas de ce pouvoir, il prenait ce dont il avait besoin, rien de plus, rien de moins. Il n’était pas l’un de ces habitués des banquets du Capitole qui avalaient plus que leur estomac pouvait le supporter, tout régurgiter pour ensuite recommencer… Cette pratique l’avait toujours laissé perplexe, dégoûté même. Même lorsqu’il ne connaissait pas les conditions de vie des habitants des districts, et malgré son amnésie également, il ne prenait rien pour acquis. Mais comme tout être humain, il avait ses vis, ses faiblesses. Et le café en était une. Il adorait cet arôme amer qui éveillait ses papilles encore endormies. Sentir le liquide chaud lui réchauffer le corps, surtout lors des journées aussi mauvaises que celle-ci. Il pouvait presque dire qu’il s’agissait de sa drogue. Il savait malgré tout modérer, car il savait qu’il ne fallait pas abuser des bonnes choses, sinon elles devenaient bien moins intéressantes. Après avoir bien mélangé le liquide opaque, Landon prit la tasse et laissa la chaleur lui réchauffer les mains. Il tendait distraitement l’oreille vers sa propre chambre à coucher qui n’était plus la sienne depuis plusieurs semaines déjà, alerte au moindre mouvement qui en proviendrait. Il avait rarement eu la chance de côtoyer son ‘invitée’ bien longtemps les matins, alors qu’il devait précipitamment se mettre en route vers le boulot au réveil de la jeune femme. Était-elle bougonne de si bonne heure ? Ou peut-être lui en voudra-t-elle de faire du bruit alors qu’elle devait probablement dormir quelques minutes plus tôt… Il allait sans aucun doute le découvrir par lui-même dans les instants qui suivraient.

La porte de la chambre se fit entendre discrètement, présageant la sortie de l’ancienne tribut. D’instinct, Landon tourna le regard vers elle, souhaitant lui dire un petit bonjour ou de simplement lui sourire. Mais il fut légèrement déconcerté par son habillement… N’ayant aucun sac de voyage avec elle lorsqu’il la rencontra dans un champ à voler des victuailles, le Pacificateur lui avait tout bonnement offert ses vêtements en plus de son toit. Il n’allait pas la laisser démunie à ce point… Cependant, peut-être était-ce par non-habitude, mais de la voir… aussi peu vêtu le laissait… sans mot. En effet, depuis son éveil au Capitole, Landon n’avait jamais eu de compagnie… féminine. Et même si cette colocation perdurait depuis un petit moment, il ne parvenait pas à s’habituer de la voir porter ses vêtements d’une manière aussi… légère. Elle avait enfilé l’une de ses chemises à carreau qui dépassait ses hanches et qui laissait voir ses longues jambes. Landon brisa aussitôt sa contemplation alors qu'il remarquait ces quelques détails. Clover s’approcha et s’installa à ses côtés, près du comptoir. Elle prit la tasse qu’il lui avait délibérément sorti et versa ce qui restait d’eau bouillante. Alors qu’elle se confectionnait elle-même sa boisson à la caféine, Landon ne put retenir son regard de se poser de nouveau sur elle. Loin de ses intentions de la rendre mal à l’aise ou de paraître indiscret, mais c’était comme s’il attendait une réaction de sa part. Comme s’il attendait qu’elle croise son regard et lui demande pourquoi il l’observait ainsi. Dans quel but ? Il ne saurait dire. Cette fille l’intriguait, tout simplement. Il ne pouvait jamais prévoir comment elle allait se comporter avec lui, comment elle allait le regarder ou lui parler. Après tout ce temps à l’observer, il ne parvenait toujours pas à la cerner…

« Merci. » Dit-elle avant de se détourner du comptoir, tasse en main, afin d’aller s’installer à la table ronde installée au centre de la cuisine. Quittant son champ de vision, Landon demeura immobile, dos à elle, affichant un bref sourire qu’elle n’avait pu certainement pas percevoir. « De rien » murmura-t-il presque imperceptiblement de sa voix toujours légèrement enrouée par le sommeil. Ce n’était rien, en effet. S’il pouvait au moins partager tous ces avantages avec quelqu’un qui n’avait pas la même chance, il en était heureux. Enfin, si on oubliait le fait qu’elle était comme sa prisonnière… Il détestait voir la situation de cette manière. Se secouant subtilement la tête de gauche à droite, le Pacificateur éleva sa tasse vers ses lèvres et dégusta enfin son café chaud. Finalement, il se détourna enfin du comptoir, laissant la bouilloire tout simplement sur la surface – il pouvait toujours la ramasser un peu plus tard -, et rejoignit nonchalamment la jeune femme à la table. « Est-ce que tu travailles aujourd’hui? » Les yeux posés sur son interlocutrice, Landon remarqua bien son ton posé et respectueux. Peut-être était-ce une bonne journée pour les deux, après un début de relation plutôt tumultueuse. En fait, il était reconnaissant de pouvoir enfin se poser, surtout avec les longues heures qu’il devait accomplir ces derniers temps. Il n’avait pas le cœur à se quereller. « Pour la première fois depuis des lunes, non. Ils m’ont laissé ma journée de congé. » Révéla-t-il avec un petit sourire de satisfaction sur les lèvres. Et malgré les rares fréquences auxquelles il pouvait avoir du temps libre, il savait déjà comment il allait user de son temps… « Et pour être honnête avec toi, j’ai prévu quelque chose aujourd’hui. Pour nous deux. » Son ton était sérieux, pas autoritaire, ni menaçant, ni froid, simplement neutre. Pour tout dire, il ne lui laissait pas le choix d’accepter ou de refuser. Il y avait déjà un moment que cette idée lui trottait dans la tête et maintenant qu'il avait l'opportunité de la réaliser, il n'allait pas passer à côté de l'occasion. Et puis, il savait qu'une fois qu'il lui aurait exposé ce qu'il avait préparé pour eux aujourd'hui, elle ne saurait refuser. Sans en ajouter davantage sur le sujet, Landon prit une gorgée réconfortante de son café avant de déposer la tasse contre la surface de bois. « T’as faim ? » Interrogea l’homme, alors qu'il songeait déjà à un petit plat à confectionner pour se remplir l'estomac.
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