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 (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming.

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Yorell T. Moon
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MessageSujet: (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming.   (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming. Icon_minitimeMer 11 Juin - 17:43

Nothing is better than silence

Le soleil venait de se coucher sur le Capitole, et il était temps de quitter la salle d'entraînement. Pour cette première journée, je ne m'étais pas du tout précipité sur les ateliers. J'avais passé la plupart de mon temps à observer les autres tributs. Il y avait de vrais phénomènes: les carrières étaient à la hauteur de leur réputation, surtout les filles. Certains enfants ne savaient pas trop où se mettre, incapables de faire quoi que ce soit. Le plus embêtant restait tout de même les regards insistants des juges. Ils nous scrutaient, sirotant leurs cocktails et ricanant à leurs propres petites blagues. En clair, c'était une excellente journée pour eux alors que nous, tributs désespérés, essayions de nous familiariser avec ce qui pourrait peut-être nous sauver la vie. J'empoignai mon gilet, quittant la salle sans prévenir qui que ce soit. J'avais ignoré Brooke toute la journée, incapable encore de pouvoir réellement lui adresser la parole. Je savais qu'il était impossible pour nous de ressortir de l'arène ensemble. Je ne la connaissais pas, et je n'avais pas envie de la connaître. Alors je l'évitais le plus possible, même en cette fin de journée. Je rejoignis sagement les appartements de mon district, ramenant soigneusement mon gilet autour des épaules. J'admirais depuis l'ascenseur la vue qui s'offrait à moi: la splendeur de la capitale me surprendrait donc toujours. En comparaison avec mon district d'origine, c'était littéralement le paradis ici. Ou plutôt, un paradis empoisonné. A profiter d'un luxe que nous n'avions jamais connu, juste avant de tomber plus bas que terre, désabusé par la réalité de la mort qui nous pendait au nez.

Je quittai l'ascenseur avant de m'enfoncer dans le long couloir. Au bout du chemin, deux grandes portes aux motifs minutieusement travaillés. J'avais hâte de retrouver ma chambre, mon nouveau repaire, loin des caméras et des gens que je côtoyais depuis quelques jours. Une équipe à laquelle j'avais du mal à m'attacher. Il n'y avait que ma mère que je supportais, mais elle n'était pas souvent là. Je ne pouvais plus voir Wyoming Bucherson en face par contre, suite à la grosse dispute que nous avions eu la veille. Elle n'avait pas aimé mon comportement. Madame prônait le sourire et les petits gestes mielleux, tout comme ma mère. Mais à l'inverse de ma génitrice, la blonde ne s'était pas gênée pour me recadrer, chose que je n'avais pas apprécié. Si j'avais agi ainsi, c'était que j'avais mes raisons. Je ne voulais pas jouer un jeu avec le Capitole. Avec les juges. Avec Snow. Ils devaient accepter mon caractère: j'étais aussi calme que l'eau. Mais tout aussi imprévisible. Pas de sourire qu'on s'amuserait à défigurer. Pas de gestes de la main qu'on jubilerait de briser. Ce qui avait été fait était fait. Et Wyoming allait devoir apprendre à vivre avec. Je poussai les grandes portes de l'appartement avant de jeter nonchalamment mon gilet sur la table basse présente devant le grand canapé faisant face à l'immense télévision. Je regardais autour de moi: silence absolu. Ce que je préférais le plus. Je m'approchai du buffet, attrapant calmement un petit financier au citron. Je croquai ensuite dedans, passant mon pouce sur le coin de mes lèvres pour chasser la petite miette qui s'était imposée sur la peau. Je me retournai brusquement en entendant des bruits de pas et une porte claquée. Que vis-je ? Wyoming Bucherson, ma mentor. Je fronçai les sourcils et m'éloignai rapidement du buffet, la pointant du doigt alors que je me dirigeai d'un pas décidé vers le canapé pour récupérer mon gilet. « N'essaie même pas de me parler. Fous-moi la paix. » S'il y avait bien une chose que je n'avais pas envie ce soir, c'était de gaspiller mon temps et mes mots avec elle. J'étais passablement fatigué par cette première journée d'entraînement, j'avais besoin de retrouver mon cocon de solitude, de calme et de silence. Le silence, mon meilleur ami. Car il n'y avait rien de plus précieux que le silence.

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MessageSujet: Re: (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming.   (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming. Icon_minitimeVen 13 Juin - 12:32




How do you want me to save you ?

Je ne me rappelais pas avoir déjà eu à faire avec un tribut aussi têtu que Yorell Moon. A croire que mon pétage de câble de la veille ne l'avais pas réveillé, ne l'avais pas persuadé que son attitude était la pire qu'il puisse adopter. J'étais passé à la salle d'entraînement après le déjeuner, et la seule que j'avais réussi à penser fut : "Quel idiot." Il n'avait rien fait, à part scruter les visages de ceux qui seraient susceptibles de le tuer. Que ce soit aux yeux du Capitole, aux yeux des Juges ou aux yeux des autres tributs, il développait une image terrible. Une image de "Je n'en ai rien à faire de ces Jeux" qui pourrait lui coûter la vie beaucoup plus vite que je ne l'aurais espéré. En subissant les entraînements plus qu'en y participant, il montrait délibérément qu'il ne comptait pas se battre. Je ne savais pas si là était réellement son attention, ou c'était une stratégie plus ou moins idiote qu'il avait élaborée par lui-même. La seule chose dont j'étais certaines, c'est que les carrières n'en feront qu'une bouchée s'il continuait sur cette lancée. Il valait tellement mieux que ça.

Tout ça m'avait rendue folle. Et, généralement, quand quelque chose me rendait folle, je prenais une douche. Ce que j'avais fait. Une longue douche bien chaude et bien apaisante. Un pantalon près du corps et un t-shirt vert aux manches trop larges plus tard, c'est pieds-nus que je suis sortie de la chambre que j'occupais depuis huit ans. Mes cheveux blonds enroulés dans ma serviette, la porte claqua à cause d'un courant d'air. Je lâchai un "Oups" à peine audible et m'aventurai jusqu’au salon, bien décidée à me prendre quelque chose à manger quand les yeux de mon tribut se posèrent sur moi. Je me figeai. La colère de tout à l'heure était en train de reprendre du terrain. Il fronça les sourcils, éloigna sa personne du buffet, assurant qu'il ne voulait pas que je lui parle. Ben voyons. Je m'approchai du buffet à mon tour, soupirant, attrapa un fruit et mordit dedans. Je finis ma bouche avant de parle quand même. Rien à faire de ce que ce môme égoïste voulait que je fasse.

« La paix, tu l'auras pas si tu continue d'agir comme ça. »
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Yorell T. Moon
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MessageSujet: Re: (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming.   (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming. Icon_minitimeVen 13 Juin - 13:44

Nothing is better than silence

Wyoming m'horripilait. Elle débarquait comme ça, insouciante, pieds nus et croquant dans un fruit bien juteux. Elle n'avait pas la vie dure, c'était certain. Je ne pus m'empêcher de pousser un soupir, dégoûté, puis je relevai mon menton suite à sa déclaration. Non, je n'allais jamais avoir la paix. Pas tant qu'elle rôderait ici, à me suivre comme une ombre. Je ramenai le gilet sur mon bras, m'adossant au mur qui séparait les chambres du salon, par le long couloir. Je la dévisageai, stoïque. Mais mes yeux la tuaient à petit feu. Pourquoi n'arrivait-elle pas à comprendre mon comportement ? Selon elle, il fallait que je porte un masque. Aimer le Capitole. Aimer Snow. Mais je ne pouvais pas faire ça. Je ne pouvais tout simplement pas. Pourquoi ? Parce que si Keira était sortie vivante de cette arène, je ne me serais pas enfermé comme ça. Et la blonde m'aurait toujours connu comme le petit garçon qui était curieux de tout, même d'elle.

Elle avait connu l'arène. Elle avait connu ce que Keira avait traversé et ce que j'allais vivre. Je n'arrivais pas à accepter le fait que ma vie, ma survie dépendait d'elle. Je n'avais aucun problème avec Silk, car nous étions sur la même longueur d'onde. Mais Wyoming... Je ne pouvais décidément pas lui faire confiance. Surtout quand elle ne prenait même pas la peine d'essayer de me comprendre. Moi égoïste ? Peut-être. Mais en attendant, c'était moi qui allais mourir. Pas elle. C'était fini pour elle. Pas de la manière la plus héroïque peut-être, mais elle l'avait fait. Un exploit quand on comptait les carrières et les rares têtes brûlées des districts les plus reculés. Se vengeait-elle peut-être ? De savourer ce fruit devant moi, insouciante ? Si elle voulait me snobber, c'était chose faite. Mais la paix, comme elle disait, n'était pas une affaire d'apparence. Agir comme je le faisais ne me garantissait pas forcément une mort imminente. Elle réduisait mes chances de survie, j'en avais conscience. Mais je me refusais de changer pour un Capitole superficiel. Là était la faiblesse de Wyoming: elle avait ruiné son authenticité au profit d'une nouvelle personnalité qui l'avait aliénée.

« Désolé de te dire ça, mais je ne veux pas être comme toi. Je ne veux pas mentir à moi-même. » Un léger rire s'échappa de mes lèvres. Un rire moqueur, jaune. Je croisai les bras, glissant mes doigts sur les plis de mon gilet discrètement. Je dérivai de nouveau mes yeux sur mon aînée blonde: j'avais envie de m'enfermer dans ma chambre. De la fuir. Parce que je n'avais pas de compte à lui rendre. Je me faisais violence pour faire le premier pas, pour éviter que ça dérive comme hier soir... Parce que hier soir, les décibels avaient vraiment grimpé. Au grand damne de Brooke, Silk et Iris. « Oh non, je ne veux pas être comme toi. A me cacher et bouffer des lemmings pendant deux semaines. A être une personne que je ne suis pas, juste pour les beaux yeux de Snow. Même si c'est pour sauver ma peau. J'estime avoir le droit de vivre ou de mourir tel que je suis. » Pourquoi était-ce si difficile de me faire comprendre de Wyoming ? Je devais l'avouer, mais mon cœur se serrait. Je savais précisément ce que je faisais, ce que je pensais. Mais il m'était impossible de mettre les mots justes à ce qui me bouleversait depuis plusieurs jours: la peur imminente de mourir. Mais mourir changé.

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MessageSujet: Re: (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming.   (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming. Icon_minitimeVen 13 Juin - 16:25




How do you want me to save you ?

J'ai avalé mon morceau de fruit et je l'ai regardé là, debout dans le salon, ses yeux bridés rivés sur mon visage. Je n'ai rien dit après qu'il ait parlé, réfléchissant à ce qu'il venait de me dire. Je mentais. Oui, c'était vrai. J'avais passé les huit dernières années à mentir à tout le monde. Je ne faisais plus confiance à personne depuis les Jeux. On m'avait dit qu'on me sauverait, on m'avait sauvée, certes. Mais dans l'arène, personne n'avait rien fait. J'avais essayé de me trouver des alliés puisqu'une fois dans la place, la seule que l'on veut, c'est vaincre. Et je ne me croyait pas capable de tuer. Personne n'avait voulu de moi. Je n'étais pas utile pour qui que ce soit, avec une arme dans les mains, puisque je n'avais pas eu le courage de m'en servir avant de tuer la fille du Quatre. Alors si personne n'avait voulu de moi, je m'étais dit que c'était parce qu'on avait pas confiance en moi. Alors je n'avais confiance à personne. Mes mentors, mes tributs, mes parents, eux savaient qui j'étais vraiment. Mais Iris, Snow, le Capitole en général me prenaient réellement pour une des leurs. J'étais si douée en mensonge que jamais aucun d'entre eux n'avait eu de doute sur mon compte. A eux, oui, je leur mentais. Mais s'il y avait bien une personne à qui je ne mentais pas, la seule à qui je rappelais ma haine envers ce pays, envers ce gouvernement, envers ces Jeux et ce qu'il m'avait fait, c'était moi.

Apparemment, me prouver qu'il n'avait rien compris ne lui avait pas suffit. Il avait fallu qu'il en rajoute. A l'entente de sa petite tirade, que son rire froid avait rendu un peu plus dramatique, des dizaines, des centaines d'images se ruèrent dans mon cerveau en même. Toute cette neige, toutes ces collines blanches... Tout ces lemmings que j'avais dépecés et mangé, tout ces gens qui étaient morts et grâce à qui j'étais de nouveau dans cette résidence, à attendre patiemment que la mort vienne chercher mes tributs, et à me casser la tête pour trouver un moyen de les sauver. On nous disait gagnants, mais on ne gagnait pas. On était condamnés à se souvenir de ce qu'on avait vécu, à être rendu inoubliables. On était inoubliables. Le Capitole prononçait le nom des Vainqueurs au moins une fois par jour, j'en étais certaine. Tous les jours mon noms était prononcés par des gens qui pensait que j'étais une des femmes les plus heureuses de Panem. Ça me donna envie de vomir. Et ce que Yorell Moon venait de me balancer à la figure me mettait hors de moi. Il me semble qu'une espèce de grimace de colère a déformé mes traits. J'ai violemment reposé mon fruit sur le buffet, me suis précipité vers lui, enjambant la minuscule table basse qui nous séparait, et j'ai fait volé ma main jusqu'à sa joue.

« Je sais qui je suis. C'est juste que je ne le suis pas aux yeux de tout le monde. Oui, je me préoccupe de la façon dont Snow et ses abrutis de pantins pensent de moi parce que c'est le seul moyen qu'on a de survivre, dans ce monde. Si j'étais morte dans cette foutue arène enneigée comme le Huit l'a jamais été, que ce soit de froid, de faim, où parce qu'un de ces enculés de carrières m'avait étouffée avec une boule de neige, je serais morte comme j'étais lors de la Moisson d'il y a huit ans, comme la jeune fille apeurée, qui ne savait rien du monde. Maintenant, je ne suis pas morte. Et si je veux rester en vie, le Capitole doit croire que je suis comme eux, parce que je n'ai pas d'autres qualités. Je n'ai pas gagné parce que j'ai tué la moitié des tributs. Je suis une moins que rien. Je le sais. Mais le Capitole l'a oublié parce que maintenant, je suis des leurs. Toi, Yorell, non seulement ils pensent que tu es un moins que rien, mais si tu continue ton numéro de je-m’en-foutiste, il vont te haïr. Il faut qu'ils t'aiment. Sinon tu meurs. Et je veux pas que tu meurs. Ok ? Plus jamais tu me parles comme ça. »
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Yorell T. Moon
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MessageSujet: Re: (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming.   (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming. Icon_minitimeVen 13 Juin - 17:04

Nothing is better than silence

La réalité était dure à accepter. Mais je n'avais aucune fierté. Tout ce que je réussissais à faire, c'était blesser les gens qui voulaient me protéger et me sauver. Pour me protéger, pour les protéger, cette froideur que j'avais installé autour de mon cœur avait été depuis le début une mauvaise stratégie. J'étais méchant. J'étais cynique. Mais je n'étais pas fier. Oh ça non, je n'étais pas fier de ce que j'étais devenu. Ma mère avait beau l'être, elle, moi je ne l'étais pas. Et quand la main de Wyoming percuta ma joue, je me pris la réalité en pleine figure. Et ça, ça faisait très mal. Je détournai mes yeux, fuyant au possible le regard fou furieux de ma mentor. Je ne l'avais jamais comprise. Je m'étais forgé une opinion bien différente de la vérité. Wyoming avait changé pour se protéger. Wyoming avait changé pour protéger les siens. Elle avait changé, acceptant de se faire engloutir par la vaste supercherie qu'était le Capitole pour se sauver et sauver ses proches. Et je ne fus même pas capable de l'apercevoir. Ma froideur m'avait muré dans des préjugés qui m'empoisonnaient dans ma relation aux autres. Je ne pouvais même pas m'excuser, le mal avait été fait. Et ce n'était pas dans mes principes d'essayer de me racheter. Le passé appartenait au passé, et les conséquences étaient à accepter.

Je laissai mon gilet tomber à nos pieds, glissant de mon bras. J'avais décroisé les bras, les poings serrés. La gifle en soit n'était pas douloureuse, mais les mots de la blonde avait été plus durs à encaisser. Elle avait raison. Et moi je m'entêtais à aller contre ce qui permettrait de survivre. Mais c'était moi. Mon caractère. Ma manière de vivre ! Je ne voulais pas changer. Même si c'était pour avoir une chance de gagner. Je replongeai mon regard dans celui de mon aînée. Si elle semblait déterminée, colérique, moi j'avais envie de m'enfuir. Je n'arrivais pas à soutenir mon regard comme j'avais l'habitude de faire. Et alors que ma joue virait au rouge tomate, je saisis rapidement le poignet de Wyoming. Je serrai mes doigts contre son bras, à la limite de lui faire mal. Je me mis à trembler violemment. Car la fierté que je n'avais jamais eue s'était envolée. Et j'étais comme nu devant Wyoming. Je n'avais plus de rempart pour cacher mes émotions. Là était le plus dur à accepter: j'avais peur de mourir. La lumière que je m'évertuais à suivre, cette lumière d'espoir, je l'avais perdue. Wyoming me faisait barrage. Je resserrai encore un peu ma prise entre mes doigts, avant que je la tire contre moi, pour ressentir son corps contre le mien. Je tremblais toujours, destabilisé par la tournure des événements. Je refusais qu'elle me voit ainsi. Je nichais mon visage dans son cou, relevant les yeux vers le canapé auquel la jeune femme faisait dos. « Je ne veux pas mourir... » déclarai-je au creux de son oreille. « Je ne veux pas y aller... Je t'en prie, sauve-moi. Ne me laisse pas y aller. » Je fermai fortement mes yeux pour fuir la réalité des choses. Une réalité dont je n'étais pas préparé. J'étais faible. Je ne supportais pas ça. Wyoming avait toutes les raisons du monde de ne pas me craindre, ni de me laisser tranquille désormais. Elle pouvait devenir mon ombre si elle le voulait, mais moi je ne voulais pas me décomposer sous la peur.

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MessageSujet: Re: (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming.   (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming. Icon_minitimeVen 13 Juin - 17:52




How do you want me to save you ?

Il a baissé les yeux. Ce qui ne lui ressemblait pas. J'avais méprisé son attitude de ces derniers jours mais, tout d'un coup, le fait qu'il ne l'arbore plus, le fait que Yorell Moon, le garçon qui attendait que vous baissiez le regard à sa place, le faisait avant vous, me troubla. Qu'avais-je fait ? L'avais-je blessé ? Lui avais-je fait mal ? Où était la douce Wyoming qui prenait soin de tout le monde, la Wyoming compatissante, la Wyoming serviable, la Wyoming compréhensive ? Celle que j'étais devenue en abattant mon pied dans le dos de cette carrière avait soudainement fait une apparition. Comme pour me dire "Coucou, je suis là moi aussi." Je n'aimais cette partie de moi. Elle me faisait faire des trucs horribles. Mais elle m'avait sauvée la vie et, si tout allait comme je voulais, elle sauverait peut-être Yorell.

Alors que j'allais détourner les talons pour aller reprendre une douche, il a attrapé mon poignet. Comme ça, d'un geste furtif. J'ai baissé le regard sur ses doigts alors qu'il serrait l'étreinte. J'ai eu du mal à retenir une grimace de douleur. Qu'est-ce qu'il me faisait, là ? Jamais notre relation n'avait ressemblé à ça. J'aimerais que tout redevienne comme avant. Mais il me tenait le poignet. Il me faisait mal. Comme moi je lui avait fait mal avec ma gifle.

« Lâche moi. »

Il ne me lâcha pas, alors j'ai relevé les yeux vers lui. Il s'est mis à trembler, et il m'a fait peur. Lui aussi avait changé, trop changé. Lui aussi avait trouvé une façon de s'immuniser. S'immuniser contre le chagrin que la mort de sa soeur lui avait apporté. Un chargin nocif, qui avait détruit le Yorell qu'il avait été. Le petit garçon qui tournait autour de moi et sa mère alors qu'elle rajustait quelque chose sur la robe qu'elle venait de finir. Je n'arrivais toujours pas à réaliser que ça allait être la fin. Même si mon Yorell était parti depuis longtemps, celui qu'il était devenu s'apprêtait à partir aussi. Et ça, je n'en avais pas l'envie. Il allait me manquer.

Voilà pourquoi je ne l'ai pas repoussé quand il m'a attiré contre lui. Il était aussi grand que moi, maintenant, et je me suis mise à regretter l'époque où il m'arrivait à la poitrine. J'ai senti son visage dans le creux de mon cou, et j'ai posé mon menton sur mon épaule, fermant légèrement les yeux. J'ai fait passé mes doigts à l'arrière de ses cheveux. J'ai tressailli quand j'ai senti son souffle dans mon oreille.

« J'vais te sortir de là, Yorell. T'es obligé d'y aller, t'es obligé... Mais tu peux sortir. Et je te ferais sortir. J'trouverais des gens pour m'aider, j'veux pas te laisser crever là-bas. »

On est resté comme ça un petite bout de temps. Des secondes, des minutes, des heures, je n'en savais rien. Mais j'avais l'impression d'être revenue en arrière et que nous étions de nouveaux tous les deux. Parfait.

« Ca va ta joue ? Tu veux qu'on trouve un truc à mettre dessus ? »
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Yorell T. Moon
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MessageSujet: Re: (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming.   (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming. Icon_minitimeVen 13 Juin - 18:41

Nothing is better than silence

Elle allait me sortir de là, oui. Enfin, elle allait essayer plutôt. Elle le devait de toute manière, parce que c'était ça être mentor: tenter de sauver la vie de ses tributs. Et même si nous nous connaissions d'avant ces jeux, je restais un tribut, un de ces gamins condamnés à l'arène. Une arène que je ne voulais pas affronter. Mais comme elle l'avait si bien dit: j'étais obligé d'y aller. Je rouvris mes yeux larmoyants et aussi rouges que ma joue en ce moment même. Je fixai la table basse que Wyoming avait enjambé il y avait quelques secondes, juste avant que tout explose entre nous, comme la veille. Peut-être même pire que la veille. C'était un mal pour un bien, parce que je venais de retrouver la Wyoming que j'avais toujours connu et aimé par le passé. Un passé que j'avais décidé d'enterrer suite à la mort de Keira. Une manière pour moi de pouvoir avancer, même si cela fut ma plus grosse erreur de toute ma vie.

Je n'arrivais plus à articuler la moindre phrase. Le moindre mot. Je me contentais de hocher la tête aux dires de ma mentor, puis je me décalai, jugeant notre étreinte suffisante. C'était déjà un exploit pour moi de m'être autant dévoilé faible devant quelqu'un. J'avais été pris de court. Quand la réalité vous frappait de face, comment s'en défendre ? Je me penchai pour reprendre mon gilet, l'époussetant calmement tandis que Wyoming s'inquiétait pour ma joue. Il fallait l'avouer, elle n'y était pas allée de main morte et ma joue était encore plus rouge qu'une tomate. Je secouai lentement la tête avant de balbutier: « Laisse, je vais me débrouiller. Un peu de glace et c'est bon. » Je finis par m'éloigner, lui tournant le dos pour m'enfoncer dans le couloir menant aux chambres. J'ouvris la mienne, pour quelques secondes seulement, juste le temps de ranger mon gilet. J'en avais marre de me le trimbaler partout surtout. Je revins d'un pas rapide vers ma mentor, revenant près du buffet pour déposer sur une serviette des glaçons initialement prévus pour rafraîchir les verres remplis. J'enroulais ensuite le tout avant de tapoter lentement ma joue qui perdait peu à peu de la couleur, soupirant de douleur au contact de la fraîcheur extrême du tissu. Je piquai de nouveau un financier au citron, mon pêché mignon inavoué, que j'engloutis en deux bouchées, passant ma langue sur le coin de mes lèvres pour retirer les miettes de ce met fabuleux. Ma main tenait toujours la serviette collée à ma joue boursouflée. Je refis face à la jeune blonde. Je ne m'étais pas trop intéressé à ce qu'elle faisait depuis que je m'étais éclipsé dans ma chambre. Mais maintenant que le dialogue s'était adouci, on allait peut-être pouvoir parler stratégie. Je n'avais jamais eu réellement l'occasion de recueillir les précieux conseils de Wyoming, car nous étions perpétuellement en froid. « Je ne veux pas montrer mes capacités aux autres tributs. Je ne veux pas être leur cible. » Je posai ma main à plat sur le buffet, mon regard concentré sur mes doigts. Je resserrai ensuite mon poing, sourcils froncés. Je devais tirer un maximum de connaissances et astuces pendant ces entraînements. Ils étaient la clé d'une survie assurée. Mais le plus dur était de côtoyer les autres tributs. Me dire que j'allais probablement devoir en tuer me rendait malade. J'étais capable de le faire. Mais je n'étais pas à l'abri de la démence. Car tuer était un crime. Mais en était-il réellement un dans les hunger games ?

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MessageSujet: Re: (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming.   (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming. Icon_minitimeVen 13 Juin - 19:58




How do you want me to save you ?

J'ai senti sa tête basculer d'avant en arrière, et j'ai su qu'il m'avait comprise. J'étais heureuse, heureuse que nos étreintes soient de retour, que je puisse de nouveau lui parle sans crier et qu'il m'écoute quand même. Ça faisait longtemps que ça ne nous été pas arrivé, et ça me comblait. Mon petit frère était revenu.

Et puis notre étreinte s'est desserrée, et j'ai vu ses yeux rouges et bouffis par les larmes. Ses pupilles étaient devenus le seul endroit de son corps qui sentait la peur. Une fois calmé, il redeviendrait le Yorell froid, le Yorell distant, le Yorell que personne n'avait réussi à cerner depuis la Moisson. J'espérais au plus profond de moi qu'il ferait une exception pour moi. Que les dernières minutes n'avaient pas été qu'une trêve dans la guerre de silence qu'on s'était livrée pendant ces quatre ans. Il a rejeté mon aide, plus doucement que d'habitude, avant de se diriger vers les chambres. J'ai hoché la tête, ai soupiré, et ait reculé de quelque pas pour me retrouver assise sur le canapé, ou plutôt affalée dans le canapé. J'ai passé ma main dans mes cheveux pour les enlever de devant mes yeux.

Et puis je me suis rendue compte de ce que j'avais fait.

J'avais fait une promesse que je ne pouvait pas tenir. Je ne pouvais assurer Yorell de sa victoire parce qu'il n'avait pas plus de chance de gagner que les autres. Pourquoi est-ce que les sponsors accepterait de le supporter, de donner assez d'argent à Silk et moi pour lui envoyer ce dont il avait besoin tout au long des Jeux ? Pourquoi est-ce que les tributs le laisseraient tranquille ? Ni les sponsors, ni les tributs, ni ce fichu Destin qui se payait nos têtes ne pouvait assurer que j'avais raison. Ce n'était pas parce que j'avais dit que je le sauverais, que j'avais laissé cette idée flotter au-dessus de nos tête que c'était devenu sur et certain. J'avais beau être riche, j'avais beau avoir un minimum d'influence sur les gens du Capitole, ce n'était pas moi, le Destin.

J'étais en train de réfléchir au Destin quand j'ai entendu Yorell revenir dans la pièce. Je me suis retournée, croisant mes jambes un peu et appuyant ma tête sur mes mains, elles-même allongées sur le dossier du canapé. Je l'ai regardé croquer dans un financier, et j'ai repensé à mon fruit que j'avais laissé sur le buffet.

« Si tu veux qu'ils te laissent tranquille, fais-leur peur. »

J'ai repensé à mon entraînement, celui que j'avais suivi alors qu'à dix-huit ans, je n'avais rien fait d'autre que coudre, recoudre, tricoter, détricoter, repriser. J'avais décidé de m'atarder sur une arme dont personne ne semblait se préoccuper : la lance. Elle était devenue ma meilleure amie. Au bout de trois jours, je la maniait à la perfection. Les carrières m'avaient vue avec. Ils savaient que maintenant, j'avais des chances de survivre s'il m’assaillaient (étant la tribut la plus âgée avec le garçon du Un, je représentait leur plus grand danger).

« Ils voudront t'éliminer, mais pas tout de suite. Si tu sais te battre, tu te défendras. Et ça fera un combat spectaculaire. » j'avais adopté un petit ton mondain pour ce dernier mot. « C'est du spectacle qu'ils veulent, les carrières le savent, et ils veulent en donner. Donc il te gardera pour la fin - ça fera un combat final du tonnerre. Et même si tu fuis la Corne d'Abondance, arrange toi pour avoir une arme. Elle te sera utile non seulement pour survire. Mais aussi pour leur faire peur. Il faut leur faire peur, leur montrer qu'il ne sont pas les seuls à être dangereux. Tu me suis ? »

J'ai tendu la main.

« Tu me redonnes mon fruit, s'il te plaît ? »
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Yorell T. Moon
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MessageSujet: Re: (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming.   (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming. Icon_minitimeVen 13 Juin - 20:34

Nothing is better than silence

« Si tu veux qu'ils te laissent tranquille, fais-leur peur. » Faire peur. Ce n'était pas forcément difficile à faire. Je faisais déjà peur par mon comportement trop calme et froid. Mais là, il s'agissait d'une question de force, de capacités. Et mon regard noir et mes dents serrées n'allaient probablement pas m'aider à survivre dans cette arène. Moi qui me refusais à approcher des ateliers de combat rapproché et armes blanches, Wyoming venait tout simplement de me dire de quand même tenter d'intimider les carrières. Je haussai les sourcils. Étonnant comme stratégie. Moi qui comptais sur la discrétion avant d'exploser de force à l'évaluation, me voilà confronté à un autre avis. Wyoming, décidément j'aurais du mal à accepter ses conseils. Je me contentais d'écouter son raisonnement. Ça avait du sens, quand j'y réfléchissais bien. Je ne comptais pas me rendre à la corne d'abondance, c'était beaucoup trop risqué. J'allais suivre le conseil de Silk: récupérer les vivres et les armes sur les corps des tributs morts. Précaution, mieux valait prévenir que guérir. Je hochai vivement la tête aux dires de Wyoming avant de lui obéir bien sagement. J'aggrippai le fruit croqué de mon aînée avant de m'approcher d'elle, me penchant ensuite pour lui rendre son bien. Je tamponnai de nouveau la serviette glaciale sur ma joue qui perdait ses couleurs. « Je vais essayer de m'impliquer sur tous les ateliers alors... » confessai-je par la suite. Oui. C'était une sage décision je dirais. Parce que non seulement les tributs pouvaient m'observer, mais c'était surtout les juges que je devais convaincre. Pour avoir des sponsors. Parce que je savais que mon caractère de cochon pouvait passer à la trappe si je montrais ce que je savais faire.

« Keira... Elle m'a appris à manier l'arc à poulies. Je n'arrête pas de m'exercer depuis qu'elle est partie. » Depuis qu'elle était morte surtout. Poussé du haut de cette putain de falaise. A cause de ce tribut qui l'avait trahie. Je sursautai, les images de sa mort me revenant en tête. Je revoyais son corps vaciller et défaillir. En bas de la falaise, rien pour amortir sa chute. Ma sœur avait reçu peut-être la pire mort imaginable: tout son corps éclaté dans une mare de sang. Je tremblais. Parce qu'elle avait accordé sa confiance trop facilement, elle avait perdu la vie. Si seulement elle avait eu un arc... Elle aurait pu se défendre ! Mais elle n'avait même pas cherché à s'équiper pour survivre convenablement dans l'arène. Elle avait fui la corne, tout comme elle avait fui ses maigres chances de victoire. « Je dois surprendre le Capitole. Si je n'arrive pas à les attirer avec mon caractère, peut-être qu'ils m'aimeront pour ce que je sais faire. » Je pris place aux côtés de la jeune blonde, posant la serviette fraîche sur la table basse. Ma joue était moins gonflée, j'étais limite anesthésié. Je frottai ma main humide sur mon pantalon. Ce n'était que de l'eau, pas de quoi en faire un drame. Je dérivai mes yeux sur la vue imprenable depuis le salon. Le soleil qui se couchait. Les lumières éclatantes des enseignes publicitaires et commerciales qui s'allumaient progressivement. Le Capitole ne dormait jamais. C'était une ville fascinante, mais pourrie de l'intérieur. Ses habitants se complaisaient dans les hunger games. Parce que voir des gamins s'entretuer dans une arène n'avait rien de cruel à leurs yeux. C'était même devenu normal pour eux.

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MessageSujet: Re: (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming.   (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming. Icon_minitimeSam 14 Juin - 20:38




How do you want me to save you ?

J'ai attrapé le fruit qu'il m'a tendu et j'ai croqué dedans une nouvelle fois, avant de hocher la tête à ses dires. J'étais contente qu'il prenne conscience que ne rien faire ne lui servirait à rien. J'étais contente qu'il accepte mes conseils. J'avais conscience qu'ils étaient à des lieues de la stratégie que Yorell avait élaboré tout seul, de son côté. J'avais conscience qu'il faisait des efforts, sans aucun doute surhumain, pour ne pas envoyer valser tout ce que je venais de lui dire. Sûrement ne disait-il rien parce que lui aussi, avait conscience des choses désormais. Il avait compris que Silk et moi étions les seules personnes à qui il pouvait faire confiance, et qu'on était celles qui avait le plus de pouvoir sur sa vie. Sans nous, les sponsors ne lui donneront rien. Sans nous, il n'avait aucune chance. Aucune. Et il semblait l'avoir enfin compris.

J'ai arqué un sourcil à la remarque de Yorell. Jamais je n'aurais imaginé que Keira apprenne une telle chose à son petit frère. Elle avait voulu autant que moi qu'il ait quelque chose à montrer aux Juges. Comme si elle avait anticipé qu'il ne ferait rien. Je la revoyais, elle dans son costume magnifique le jour de la parade, pendant l'entraînement, revoyait sa note tourner autour de son image, la robe somptueuse qu'elle portait lors de son interview par Caesar... Et puis, je la revoyais dans l'arène, luttant pour sa vie, pour finalement tomber, tomber, tomber à n'en plus finir. Perdre la vie aussi bêtement n'était pas juste. Surtout pour la personne qu'elle était. Je me suis assise en tailleur, les genoux contre le dossier du canapé.

« Et.. Tu es doué ? Enfin, je veux dire, tu penses être assez doué avec pour te défendre ? »

J'avais dit "te défendre" pour ne pas dire "tuer". Personne, en dehors des carrières, ne voulait tuer qui que ce soit. Ceux qui n'étaient pas des tueurs ne tuaient pas. Et quand on survivait aux Jeux, quand on sortait de l'arène avec du sang de tributs sur les mains, on ne s'en remettait jamais. J’acquiesçai de nouveau après qu'il ait parlé.

« S'ils voient que tu sais te battre, c'est très bon pour toi. »

Brooke est entrée à ce moment. Je lui ai adressé un petit sourire triste, lui ait demandé si ça allait, avant de reposer mes yeux bleus sur le visage de Yorell. Toi aussi, ça va ? T'as intérêt d'aller saleté. J'aime pas quand tu vas pas.
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MessageSujet: Re: (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming.   (IV,2) Nothing is better than silence || Wyoming. Icon_minitimeDim 15 Juin - 0:56

Nothing is better than silence

Je voulais y croire. Oui. Je voulais croire que j'avais mes chances dans cette foutue arène. En regardant les pupilles bleu ciel de ma mentor, j'osais apercevoir l'espoir. Une notion que j'essayais tant bien que mal d'assimiler, de faire mien. Une notion bien souvent effacée par la peur d'une mort imminente. Peut-être que je n'aurais jamais l'occasion de sauver ma peau. Une fois le coup de canon retenti, je ne pourrais même pas être capable de quitter ma place. Mais non. Je refusais de me laisser offrir à la mort comme ça, sans m'être un minimum battu. Les ateliers étaient là pour donner les outils nécessaires aux tributs pour leur survie. Je devais en profiter, tant qu'il en était encore temps. Tant que j'avais encore mes chances de prouver au Capitole qu'ils pouvaient tout miser sur moi. Les sponsors, c'était ce qui allait certainement le plus me sauver la vie.

Des images me revenaient. Celles de mon passé, avec Keira. Quand elle était encore là, à s'occuper fièrement de la petite famille alors que maman travaillait dur au Capitole. A l'époque, c'était elle qui menait tout le petit monde, notre père se morfondant dans ses bouteilles d'alcool. Elle faisait à manger pour nous, faisait toute notre éducation. Avec Kallista, nous étions tombés de haut à l'annonce de son nom dans tout le district huit. Les adieux furent déchirants, ma cadette n'avait jamais cessé de pleurer durant toute la nuit qui suivit le départ du train. Nous avions réellement dit adieu à Keira ce jour-là. Et ce fameux jour où je vis son corps au pied de cette falaise, je fis mes adieux à tous les êtres que j'avais aimé par le passé, hormis ma famille. Pourquoi ? Parce que j'avais pris conscience de l'imminence de ma mort. Et les visages de mes proches se déformant sous la possibilité de mon trépas furent trop difficiles à accepter pour moi. Voilà. Voilà pourquoi j'étais devenu aussi froid que possible. Alors pourquoi était-il si difficile de mettre les mots sur ça ? Wyoming faisait partie de ces personnes que je craignais de blesser par ma soudaine disparition. Aujourd'hui, c'était bien réelle. J'étais un tribut. Dans quelques jours, le destin allait s'abattre sur moi. Vivre, ou mourir ? Oui, mais comment ? Ce n'étaient pas des larmes que je voulais voir couler sur les joues de Wyoming, tout comme sur les joues de toutes les personnes qui osaient tenir à moi. Je retrouvai dans ce regard bleuté la flamme de mes souvenirs. Une flamme que j'avais éteint il y avait quatre longues années. Loin du froid du deuil.

« J'espère être suffisamment doué pour donner du spectacle au Capitole. » fis-je après quelques secondes de silence. Par la suite, Brooke revint de sa propre journée d'entraînement. Je tournai ma tête vers la rouquine, lui accordant un bref bonjour poli de ma part. Puis je me levai promptement, attrapai la serviette humide avec les glaçons qui avaient un peu fondu, et je m'éloignai du salon, direction ma précieuse chambre. « J'ai besoin d'être seul maintenant. Je serai là pour dîner. » annonçai-je autant à l'intention de ma partenaire qu'à ma mentor, m'introduisant ensuite dans mon nouveau repaire de tranquillité, mon havre de paix: ma chambre avec son lit et ses plafonds animés. Avoir ouvert une porte à Wyoming avait apaisé nos tensions de ces derniers jours. Ce n'en fut que salutaire. Encore fallait-il que maintenant, nous avancions dans le bon sens. Car la vérité était là: seule elle et Silk pourraient m'aider dans l'arène.

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