| Sujet: j6 (00h) ≈ heaven's gonna wait (BLOOM) Dim 24 Aoû - 19:07 | |
| ▽IT'S NOT THE RIGHT THING BABY BUT THE RIGHT THING SUITS SO FEW LET'S TAKE THE OTHER ROAD BABY CAUSE IT LOOKS SO GOOD ON YOU La pluie s'arrêta d'un coup sec, presque comme si elle avait été contrôlée. Un peu à la manière d'une douche, à vrai dire ; un torrent tiède et régulier, soudainement interrompu. Je me traitai de sotte intérieurement - bien sûr qu'elle était contrôlée. Néanmoins, j'avais gardé la feuille gigantesque qui me servait de cape, arrachée du même arbre qui nous avait permis de construire nos abris et qui nous protégeait désormais des intempéries. Nous avions retapé un peu nos couchettes afin d'éviter de nous retrouver dans la boue et les moustiques au courant de la nuit, et il ne nous restait plus qu'à attendre. Attendre que ça passe. Qu'on s'endorme.
Mais je n'arrivais pas. Ce n'était pas la température - il faisait relativement frais grâce à l'averse -, la moiteur, l'inconfort. Ce n'était pas mes blessures, devenues superficielles grâce au temps et à ma trousse. Non, ce n'était cette stupide, insidieuse, tenace nostalgie. Une tristesse silencieuse, sans larme, sans douleur. Une simple fausse note au fond de mon esprit, un soupir las. La maison me manquait. J'avais envie de revenir chez moi. Pour la première fois, je ressentais ce besoin de tout oublier et de pardonner à tout le monde, rien que pour retrouver mon confort et un peu d'affection, même si elle était factice. Mais je savais bien que ça ne fonctionnais pas ainsi. J'étais là où je me trouvais par un ordre du gouvernement et c'était mon devoir d'assumer ma responsabilité, que je le veuille ou non. Les vérités qui m'avaient été révélées, la désillusion crue que j'avais avalé, tout ça n'était apparu que par un long système de causes et conséquences. Et ça faisait mal. Ça faisait mal.
Je ne sus jamais combien de temps passa avant que je ne réalise que je ne dormirais jamais. Peut-être une heure, peut-être deux, peut-être à peine trente minutes. Suffisamment pour me pousser à me lever, même si j'étais fatiguée et que je n'avais envie de voir personne. Mais était-ce seulement vrai ? Je me redressai, resserrant mon emprise sur ma cape de fortune. Non. Je me mentais encore une fois parce que j'avais peur de la réalité. J'avais peur de m'avouer que j'étais une pleurnicharde, trouillarde, dépendante. Qu'au fond, j'avais besoin de quelqu'un, ce soir-là. N'importe qui. Pourvu que cette personne ait des oreilles et une épaule.
Alors je me levai. Il était facile de ne pas faire de bruit sur le sol moelleux, mais la succion que mes bottes produisaient me faisait grincer les dents. Je le retrouvai rapidement ; Bloom, campé un peu plus loin sur un rocher, en plein tour de garde. Je me sentais trop timide pour réveiller l'un de mes alliés et même si je sentais que j'allais me faire rire au nez si je m'ouvrais un peu trop, le simple fait de discuter me remonterais un peu le moral. Ainsi pris-je place à sa droite, sans dire grand-chose.
Mais le silence ne dura pas aussi longtemps que j'aurais voulu. J'en étais incapable.
"Mon tour de garde vient juste après de toute façon", m'excusai-je. "À nous deux on fait la nuit."
Comme j'étais idiote... J'avais l'air nerveuse, sûrement parce que je l'étais ; le comble serait pourtant d'élever les soupçons à cause de mes stupides problèmes de confiance en moi. Je m'éclaircis la gorge, parlant tout bas comme si j'avais peur que celle-ci ne soit brûlante.
"Je m'inquiète pour Ambre", avouai-je. "Ça fait un moment qu'elle est partie. C'est peut-être juste à cause de la pluie, mais on a entendu un coup de canon. Même si elle n'a pas apparu dans le ciel tout à l'heure."
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