Caesar Flickerman △ correspondances : 2122 △ points : 472 △ à Panem depuis le : 20/04/2011 △ humeur : joueuse △ âge du personnage : cinquante-quatre ans △ occupation : interviewer et personnalité préférée des capitoliens
| Sujet: IV,1. Les Adieux Sam 31 Mai - 14:10 | |
| La Moisson vient tout juste de prendre fin dans tous les districts. Après avoir acclamé ou pleuré le tirage au sort des jeunes tributs, ces derniers sont gardés dans l'hôtel de justice pour recevoir les dernières visites de leurs proches. Ceux-ci viendront pour quelques petites minutes, soutenir une soeur, un fils, un cousin, une amie... Prendre dans ses bras l'être aimé que l'on ne reverra peut-être jamais, le revoir une dernière fois avant qu'il parte pour l'arène subir une fatale destinée.
les adieux Le temps des adieux commencent sur le forum. Pour ceux qui ne sauraient pas comment cela se passe, voici une petite description pour vous mettre dans l'ambiance. Chaque tribut est enfermé dans une salle. Il y attend ses proches, qui viennent chacun leur tour (par exemple la famille - parents, frère/soeur -, puis les amis - qui peuvent venir séparément) et qui ne peuvent rester que cinq minutes. Quand tous les proches sont passés, il est temps de partir pour la gare et prendre le train pour le Capitole.
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| Sujet: Re: IV,1. Les Adieux Sam 31 Mai - 19:20 | |
| Entre le moment où j'étais sur la scène et celui où j'étais dans le petit salon de l'Hôtel de Ville, il n'y avait qu'un gros vide. J'étais devenue vide, vide mais rigide comme du ciment, incapable d'admettre que ce qui se passait était la réalité. C'était trop différent, trop brusque pour que je sois capable de l'intégrer à ma réalité. Et au fond, je savais aussi que cette réalité était devenue trop blessante pour que j'accepte de la laisser me gagner. J'étais incapable de dire si je pleurais ou si j'étais devenue glaciale, mais je ne pariais pas beaucoup sur la deuxième option. J'étais faible, et surtout, je plongeais dans un monde complètement différent à celui auquel je m'étais adaptée, et je le ressentais, le ressentais jusqu'au fond de mon âme. J'étais en colère, aussi, en colère contre tous ces gens qui s'étaient dits nos amis, à mon co-tribut et moi, seulement pour mieux nous laisser couler lorsque nous en avions le plus besoin. Du moins... Je ne le connaissais pas, lui. Peut-être était-ce un rêve de jeunesse, comme seuls certains gamins suicidaires s'accordaient, ou peut-être était-il réellement celui de ses amis avec le plus de chances de s'en sortir. Je ne me souvenais même plus de son nom. Mais moi... Moi, ce n'était un secret pour personne. À mesure que cette pensée se définissait dans un coin de mon cerveau, mon impression d'être dans les vapes s'amenuisait, et je ressentais de plus en plus fort la douleur. Parce que ce n'était un secret pour personne que j'allais directement vers une mort violente, moi, celle qui était incapable même d'envisager tuer une araignée. Moi, qui prônait que toute vie était sacrée. Moi, Claire, la pacifiste, la cheerleader la plus gentille, la seule qui acceptait aider les élèves qui n'avaient pas de biceps en maths juste parce qu'elle aimait tout le monde. Cette Claire là qui se faisait jeter dans une Arène mortelle. Les tributs n'en feraient qu'une bouchée... La forêt me faisait peur, en plus. J'enchaînais les mouchoirs - une boîte était à ma disposition, heureusement -, pleurant à chaudes larmes, bruyamment même si j'essayais d'être silencieuse. Je regardais mes mains, ces mains aux doigts longs mais si minces de pianiste. Mon ex petit copain s'amusait à dire qu'il pouvait mettre une bague autour de mes poignets tellement ils étaient fins. C'était des mains de future mère, des mains de soigneuse ; pas des mains de guerrière.
Quelqu'un entra. River.
Je sautai au coup de mon petit ami. À l'instant, rien d'autre ne comptait que lui, moi, cette absence de proximité. Je le serrai fort, si fort dans mes bras que j'eus peur de le briser en deux avant de me souvenir que ça n'allait certainement pas être moi qui allais l'endommager. Il passa une main dans mes cheveux, comme il avait l'habitude de le faire pendant les Jours Gris, juste avant que je sorte pour aller aider les pauvres victimes de la catastrophe. Il ne le fit pas longtemps, par contre, me détachant de lui pour prendre mon visage entre ses mains. Je ne voulais pas qu'il me voit dans cet état là, la morve au nez et les yeux rougis et humides. Mais il m'empêcha de bouger plus, planta son regard dans le mien.
- Claire...
Entendre mon nom me faisait un drôle d'effet, déjà, depuis qu'il eût été prononcé par l'Hôtesse. Mais que ce soit lui qui le prononce sembla dissiper le poison associé à cet événement, comme s'il pouvait vaincre n'importe quel dragon qui se trouvait entre lui et moi. Un léger - mais sincère - sourire illumina mon visage. Parce que je me rendais compte - j'aurais dû le voir plus tôt, pourquoi dans un moment comme celui-ci ? - que j'étais amoureuse.
- Claire, faut que je te dise quelque chose...
Ça semblait important.
- Oui ? demandai-je doucement.
Ses mains glissèrent de mes joues pour soutenir mes épaules, comme s'il avait peur que je ne brise en deux.
- Claire, ça peut plus continuer, dit-il sèchement.
Je lui répondis d'une expression perdue, incapable de comprendre ce qu'il voulait dire. Ou plutôt... Ou plutôt, incapable de concevoir ce qu'il voulait dire. Parce que je le sentais venir depuis longtemps. Depuis longtemps...
- Quoi ? m'étranglai-je.
- C'est que... continua-t-il, avec les Jeux, tout ça... Avoir une tribut comme copine, c'est un peu bof.
La portée de ce qu'il venait de dire me frappa de plein fouet. Comme une gifle. Non, comme si un train me passait sur le corps.
- Un peu... un peu bof ? grinçai-je.
Il hocha la tête. Je reconnaissais cette expression, sur son visage. Il était satisfait. Satisfait de lui, satisfait que ce soit aussi facile. Parce qu'on avait bien plaisir à profiter de la petite Claire, hein, encore aujourd'hui. C'était tellement aisé. Jamais elle n'allait riposter, jamais elle n'allait se défendre ; elle en était incapable. Ce n'était qu'une petite conne, bien innocente. On pouvait jouer avec autant qu'on le voulait, ce n'était pas grave. Et la petite Claire, elle en avait marre.
- Tu vas vraiment faire ça maintenant ? sanglotai-je. Alors que c'est le moment où j'ai le plus besoin de toi ?
Il haussa les épaules, l'air de dire qu'il n'avait rien fait de mal. Et c'en fut trop. Cette fois-ci... cette fois-ci, je n'en pouvais plus. Je sentis mon désespoir se transformer en rage, une rage intense, palpable. Une rage qui brûlait dans mes veines et qui dominait toute raison en mon cerveau. River remarqua un changement dans mes yeux, et moi, oh, je le sentais. Je ne me reconnaissais plus. Avant même que je ne puisse me retenir, je lui flanquai un coup sur l'épaule. Puis un autre. Puis un autre. Puis je le boxai sur le torse, les bras, le giflai au visage. J'étais une furie. Je lui criais des injures, auquel il essayait de s'expliquer.
- Tu vas m'abandonner comme tout le monde, c'est ça ? crachai-je.
J'arrêtais soudainement de l'attaquer, contemplant mes mains avec horreur. Mais qu'est-ce que j'étais devenue..? Les Jeux n'avaient même pas commencé qu'ils m'avaient déjà transformée. J'étais déjà devenue une bête. Mon regard glissa jusqu'à un vase de géraniums, posé sur une table basse. Les fleurs étaient jolies, contrairement à tout le reste dans cette pièce.
- Désolé... l'entendis-je essayer de se justifier. C'est juste que tu vas mourir... Et même si tu reviens, tu vas être...
Il fut interrompu par le vase de géraniums qui vola en sa direction, l'évitant juste assez de peu pour aller s'écraser contre le mur en un énorme bruit de verre fracassé. Je l'entendis glapir comme un chien, et aussitôt je revins à la charge en hurlant :
- C'est Bethany, c'est ça !? Ça fait combien de temps que ça dure, entre vous !? J'ai fait semblant de rien voir, encore ! Mais vous me prenez pour une conne ou quoi !? C'est ça, déguerpis, sale lâche ! Va rejoindre ta traînée !
La porte claqua, ne filtrant que quelques "elle est folle, elle est folle..." prononcés devant un Pacificateur amusé. Je me sentis faiblir, réalisant ce que je venais de faire, ce que je venais de dire. Comment je m'étais changée en démon. Et fondis à nouveau en larmes, seule, abandonnée par tous. Sauf peut-être mes parents... peut-être que mes parents trouveraient le temps de venir me voir...
Je me trompais.
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