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 They didn't just broke all my bones ∎ Katelia

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Gargaria-Khloé P. Miller
DISTRICT 7
Gargaria-Khloé P. Miller
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MessageSujet: They didn't just broke all my bones ∎ Katelia   They didn't just broke all my bones ∎ Katelia Icon_minitimeDim 2 Fév - 17:13



THEY DON'T JUST BROKE ALL MY BONES
one month after the 77th.

Spoiler:


« Ils m'ont demandé d'énumérer les morts dont je me sentais responsable, de manière directe ou pas. Ils ont dit que c'était le premier pas vers la guérison. Mais moi j'pense pas qu'on puisse guérir de ça . Y'a des blessures trop profondes pour être guéries ; celles-la elles sont mortelles. Alors je me suis aussi ajoutée à la liste, parce que j'étais morte à l'intérieur. Après j'ai posé le calepin, et j'ai attendu. J'ai attendu longtemps avant qu'ils reviennent. Je sais pas ce qu'ils foutaient, peut-être que c'était l'heure de leur pause, ou peut-être qu'ils m'avaient oubliée. A moins qu'ils aient attendu exprès au cas où des noms me reviendraient. Les noms, ouais, d'ailleurs. Ça les avaient un peu étonnés au départ de voir que je me souvenais parfaitement des prénoms des gens que j'ai tué aux Jeux. J'veux dire par 'aux Jeux', aux miens, aux 65th. La plupart des vainqueurs ne se rappellent pas de ça. C'est sûrement parce que la plupart des vainqueurs sont des carrières, de gens élevés avec l'idée que ce ne sont 'que des Jeux'. Ils ont aussi demandé de noté mon état au moment de ces morts. Puisque durant mes Jeux j'étais un peu... dans un état second on va dire, c'est histoire de voir si mes absences se reproduisaient. Mais non, j'étais consciente lors de la mort d'Eden, je l'étais aussi pour celle d'Atlas, et toujours à celle d'Ath.. os-Athos. T'sais quand on dit que gagner les Jeux c'est une chance incroyable, un honneur, tout ça. Moi j'pense qu'on peut pas gagner les Jeux. On y survit c'est tout. Et encore, on y survit physiquement. Y'a forcément un moment où le mental flanche, même pour un carrière -enfin je pense-. En fait j'aurai aimé être une carrière, c'est vrai quoi, ça a l'air tellement plus facile pour eux qui ont été élevés de sorte à se dire que tout ça c'est pas si grave. Je crois surtout que les choses sont graves seulement si on pense que c'est le cas. Imagine. Si tu grandis dans l'idée que tuer des gens à la télé c'est bien, t'auras pas de remords après. Alors que si comme moi c'est pas le cas, ça te détruit, ça te pourri. Tu vois ? »

Tu n'as pas débité ce monologue d'une traite. Tout comme tu n'as pas eu le besoin de devoir couper Katelia pour continuer à parler. Elle t'a simplement regardé tordre ta main contre ton matelas dans tous les sens, en t'écoutant attentivement. C'est ce que tu aimais peut-être le plus chez Kate. Sa façon de t'écouter sans chercher spontanément à te réconforter. Elle écoutait jusqu'au bout avant de donner son avis. Enfin, souvent.
Après les derniers Jeux, après les morts successives d'Eden et d'Athos, tu t'es de nouveau sentie perdre pieds. Toute la rage, la souffrance, toutes les choses horribles auxquelles tu as dû assister sans pouvoir les dénoncer, toute la colère que tu supportais s'est évacuée. D'un coup. Tu étais seule dans ta chambre quand c'est arrivé. Quand le dernier tribut du District Sept venait de rendre son dernier souffle. Tu étais à nouveau dans l'arène ; tu t'es déchaînée, tu t'es défoulée sur tout ce qui te tombait sous la main. Se sont tes cris qui ont attirés l'attention des Muets à l'extérieur.

Et de là, tu ne te souviens de rien.

Il y a de nouveau un trou noir, comme tes crises de folie dans l'arène. On-ne-sait-qui a décrété qu'il était nécessaire de te faire interner au Capitole, dans un hôpital d'un blanc éclatant, brillant. Il y avait du blanc partout, à croire que c'était fait de sorte à faire ressortir les looks extravagants des habitants. Une couleur neutre, mais d'une vivacité trop extrême pour être apaisante. Même les médicaments assommants qui t'étaient administrés contre ton gré arboraient ce blanc malveillant. Tu as de vagues souvenirs de ces quelques jours passés dans l'asile, mais ils sont toujours flous, vaporeux comme dans un rêve. Tu gardes l'espoir de réussir à t'en souvenir, comme s'il s'agissait d'un coup reçu sur la tête, et qu'il fallait simplement attendre que les neurones retrouvent leur chemin. Et quel chemin. C'est toujours autant le bordel dans ta tête, leurs soins étaient superficiels, juste ce qu'il faut pour que tu arrêtes de trembler, ma belle, ils savent pourtant que t'en es incapable sur le long terme. Ils t'ont internée seulement pour la forme, pour montrer aux gens que le Capitole sait prendre soin de ses enfants tueurs. Que d'hypocrisie. Tu racontes tout ça à ta chère, chère Katelia. Cette quasi-soeur qui te comprend et te protège sans que tu ne saches à quel point. Et tu es trop occupée à fixer les couvertures chatoyantes offertes avec la maison qui t'a été offerte pour remarquer les crispations naissantes sur le visage enragé de cette chère Alys-Katelia. C'est amusant, ma belle, cette tradition imposant un prénom composé pour les femmes de la famille, tu ne trouves pas ?  
Et au cours de ton récit, te reviennent les images d'Athos mourant, d'Eden suffoquante, d'Atlas agonisant. Alors, ma belle, tu craques. Tu te recroquevilles en position fœtale, la tête sur les jambes de ton ange gardien, la suppliant entre deux sanglots de te faire quitter ce monde trop cruel pour toi. Tu voudrais disparaître, tu voudrais qu'on te remplace. Tu t'imagines une fin alternative, où une autre fille du District aurait été pigée à ta place lors de cette fameuse moisson. « Je veux pas, Kate, je veux pas continuer à vivre comme ça. Ils m'ont détruite, et au lieu de vouloir me réparer ils m'ont bourrés le crâne de médicaments, juste pour me faire oublier ce qui les dérangeait. Ils sont pas humains Kate, je le suis plus non plus. »


Spoiler:


Dernière édition par Gargaria-Khloé P. Miller le Mer 18 Juin - 12:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: They didn't just broke all my bones ∎ Katelia   They didn't just broke all my bones ∎ Katelia Icon_minitimeMer 26 Mar - 20:46


I am the Maniac, I am the Ghoul, I am in the shadows



I'm not crazy hell no I'm not loony, I'm not insane, take a second, I heard it, I know it. Whispers say my name, calling for me. ⊹ Parfois les gens se disent que les rêves valent mieux que la vérité, car au moins à l'intérieur de ceux ci, nous sommes en contrôle, dans notre instabilité quotidienne, dans le repos de nos pensées, de notre âme endolorie. La souffrance même séparait de cette torture permanente de notre palpitant tiraillé. Alors ils se disent que ces illusions sont avides de cette réalité, ils se contredisent face à l'horreur de cette nature sauvage autour d'eux. Trouvant en la pitié et la compassion ,un autre moyen de s'évader. Mais leur véritable effort est d'arriver encore à sombrer dans les effluves de l'imaginaire, quand on voit à quel point ce monde est dur et froid. La vérité est telle que le mensonge est préférable à l’honnêteté. Alors, ils avançaient, aveuglés. Aveuglés de la tournure des événements. Ils se pliaient face au gouvernement. Leurs blasphèmes n'étaient qu’éphémères, le temps d’une crédibilité effrontée. Le Capitole et sa grande acropole. Où les barrières séjournaient dans les contrées égarées, repoussaient les ennemis de l'Etat. Les rebelles. La destruction était leur jeu, leur pouvoir, leur désir. Ils se soulevaient tel un oiseau s'envolant et trouvant sa liberté dans l'horizon, dans la pureté de ce ciel bleu. La brume, les nuages , les orages n'étaient que la fumée de cette terre en cendres. De ces esclandres violentes et assoiffées.  Et au milieu de cette guerre sans fin, des pauvres innocents scrutaient cette haine banalisée derrières leurs écrans, les yeux écarquillés. Les "Hunger Games" ,voilà comment on nommait l’oppression de l'adversaire. Le moyen de pression le plus pesant, le plus révoltant. Une télé-réalité basée sur l'innocence d'adolescents obligés à la confrontation. Le sang coulait, les larmes s'éventraient. Un seul survivant au sein d'un massacre clos et étroit. Un gagnant malchanceux et recouvert de la culpabilité du peuple. L'innocence s'était envolée en même temps que le souffle de sa première victime, la mort s'amusait ,elle s'extirpait, elle s'insinuait, elle n'avait pas de pitié. Elle fauchait sans réflexion ,sans préavis et préjugés. Le victorieux et la victorieuse était ensuite couvert(e) de la richesse de ce système, il ou elle croulait sous la luxure et la richesse, pour effacer le sang de ses mains, pour le faire taire, pour l'acheter. Le monde est pourrie, violent et glaciale. Alors parfois je me demande comment peut-on rêver encore face à cet affrontement, face à cette horreur? J'ai peur et ça me ronge pourtant je continue... pour elle.... pour elles.


« Ils m'ont demandé d'énumérer les morts dont je me sentais responsable, de manière directe ou pas. Ils ont dit que c'était le premier pas vers la guérison. Mais moi j'pense pas qu'on puisse guérir de ça . Y'a des blessures trop profondes pour être guéries ; celles-la elles sont mortelles. Alors je me suis aussi ajoutée à la liste, parce que j'étais morte à l'intérieur. Après j'ai posé le calepin, et j'ai attendu. J'ai attendu longtemps avant qu'ils reviennent. Je sais pas ce qu'ils foutaient, peut-être que c'était l'heure de leur pause, ou peut-être qu'ils m'avaient oubliée. A moins qu'ils aient attendu exprès au cas où des noms me reviendraient. Les noms, ouais, d'ailleurs. Ça les avaient un peu étonnés au départ de voir que je me souvenais parfaitement des prénoms des gens que j'ai tué aux Jeux. J'veux dire par 'aux Jeux', aux miens, aux 65th. La plupart des vainqueurs ne se rappellent pas de ça. C'est sûrement parce que la plupart des vainqueurs sont des carrières, de gens élevés avec l'idée que ce ne sont 'que des Jeux'. Ils ont aussi demandé de noté mon état au moment de ces morts. Puisque durant mes Jeux j'étais un peu... dans un état second on va dire, c'est histoire de voir si mes absences se reproduisaient. Mais non, j'étais consciente lors de la mort d'Eden, je l'étais aussi pour celle d'Atlas, et toujours à celle d'Ath.. os-Athos. T'sais quand on dit que gagner les Jeux c'est une chance incroyable, un honneur, tout ça. Moi j'pense qu'on peut pas gagner les Jeux. On y survit c'est tout. Et encore, on y survit physiquement. Y'a forcément un moment où le mental flanche, même pour un carrière -enfin je pense-. En fait j'aurai aimé être une carrière, c'est vrai quoi, ça a l'air tellement plus facile pour eux qui ont été élevés de sorte à se dire que tout ça c'est pas si grave. Je crois surtout que les choses sont graves seulement si on pense que c'est le cas. Imagine. Si tu grandis dans l'idée que tuer des gens à la télé c'est bien, t'auras pas de remords après. Alors que si comme moi c'est pas le cas, ça te détruit, ça te pourri. Tu vois ? »

Tu sens qu'elle s’essouffle, qu'elle s'étrange avec son souffle, son inspiration bloquait dans sa gorge serrée. Tu la scrutes, tu ne dis rien, tu restes silencieuse car tu veux écouter. Tu veux écouter à quel point le monde autour de toi n'est que pure m*rde. Enfant, tes pensées divergeaient ,tu croyais en la bonté. Aujourd'hui, tu n'es juste plus naïve, plus captive. Tu es dorée, dorée de vengeance. La haine n'est qu'une partie de toi, elle sommeille attendant le moment opportun pour s'élancer. Tu es prête à attaquer. Le flot de ces paroles t'affolent, te rende fauve. L'amertume de ces mots pesaient sur ta conscience, l'erreur passé et les anciennes réminiscences. Tu aurais pu. Pu quoi? Effacer sa participation par la tienne. Tu sais que tu ne fais que te mentir pour que ta culpabilité s'accumule, sous le cumul de ton poids. Tu ne cherches même pas à réfléchir, persuadée de ta faute, faute qui te consume, s’incinérant dans ta peau pour remonter dans l’afflux de tes vaisseaux sanguins. Tu sais ce qu'elle a fait. Celle que tu considères comme ta sœur, elle avait perdu une partie d'elle même pendant les jeux. La démence s'était incrustée en elle, cette partie sombre se terrant, se ternissant. Le sang qui coulait dans ces veines était noire, noire de ces mémoires. Ces corps, ces noms, elle se rappelait de chaque étape de sa longue descente en enfer. Sa mort précipitée, prématurée... La jeune blonde aux yeux émerveillés avait bel et bien disparue, disparue dans les cicatrises de son âme, dans les abîmes des profondeurs.

" Carrière ou pas, l’exécution d'une personne est toujours un cauchemar que tu sois conditionné ou non. Ils ont été élevés dans ce but, pour tuer, mais une fois qu'ils ont agis, plus rien n'est pareil. Gargaria, ce que tu as fais, tu étais obligée de le faire. Tu n'es pas une meurtrière, tu as été poussé à ton maximum. Et tu as craquée. Tous les vainqueurs souffrent de ce choc post traumatique et je sais que c'est dur à croire, mais avec le temps tu arriveras à oublier toute cette horreur. Tu y arriveras car tu es forte. Ne leur laisse pas la satisfaction de te voir à terre..."

Tu bouillonnes alors que tu tentes de la réconforter, tu crois en tes paroles, tu en es persuadée. Mais ta rage ne fait qu’accroître. Tes traits s'abaissent, se bousculent, se consument. Ton visage ne t'appartient plus dans la dualité de tes émotions. Mi colérique mi torturé, tu sombres , tu te positionnes à ses côtés, tu observes sa souffrance, impuissante spectatrice que tu es. Le mal est déjà fait, la blessure trop profonde, le sang encore présent sur sa peau blanche.  Les images se répètent inlassablement dans le vide de ces yeux. Tu sais ce qu'elle endure, mais tu ne peux rien y faire, car la guérison est longue, voir infinie. Elle n'était pas prête encore, pas prête à tourner la page, simplement car la page ne voulait pas se tourner. Elle était traumatisée et qui ne le serait pas à sa place. Et cette froideur qui revenait vers toi qui t'amputait d'idées dévorantes. Alys, tu n'es qu'une pathétique copie d'une vendetta, tu dérapes au creux de ta colère, tu cours, tu fuis, tu cherches à oublier, tu n'y arrives pas. Ce visage au creux de tes pensées. Celui du regard terne de ta mère et le sien. Ces yeux émeraudes qui te suppliaient, suppliaient de l'achever. Et tu ne pouvais lui accorder, car t'es trop égoïste pour t’exécuter. Lâche. Pitoyable. Lamentable. Les mots résonnent dans ta tête dans un râle, un dernier souffle, un dernier espoir, une échappatoire. Elle est là, prêt de toi, son regard t'accuse, t’englobe, te percute. Tu ne peux pas, et tes larmes ont envie de retrouver les siennes. Ton coeur lui aussi est transpercée de cette souffrance, de cette peine. Elle s'écarte, fuit, se met en position fœtal pour oublier le poids du monde sur ces épaules.« Je veux pas, Kate, je veux pas continuer à vivre comme ça. Ils m'ont détruite, et au lieu de vouloir me réparer ils m'ont bourrés le crâne de médicaments, juste pour me faire oublier ce qui les dérangeait. Ils sont pas humains Kate, je le suis plus non plus. » Ces mots s'ancrent dans ta tête, te donne envie de crier, de hurler. Non pas toi ,je t'en supplie, ne lâche pas , voilà ce que tu avais envie de lui dire sans l'ombre d'un doute. Mais cette même ombre planait au dessus de ta tête se jouant de ta patience. Les paroles étaient dures et cette haine n'était plus qu'une illusion, elle était sienne. Alors Alys, toi tu bouges comme une enfant, tu la recouvres de tes bras pantelants. Tu serres entre tes doigts la raison même de ton effroi, de ton combat.Tu la recouvres et tu la découvres. Tu la serre et la desserre de ces envies. Tu ne supportes pas de la voir dans cet état, mais les mots te manquent, te démangent. Tu es seule avec les dommages collatéraux de ton affront. Elle te réconforte dans ta lutte, dans ta survie. Ils payeront pour elle , pour ce qu'ils lui ont fait subir, ces hommes, ces femmes. La pitié c'était pour les faibles et Alys, tu n'es pas faible.



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Gargaria-Khloé P. Miller
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MessageSujet: Re: They didn't just broke all my bones ∎ Katelia   They didn't just broke all my bones ∎ Katelia Icon_minitimeSam 7 Juin - 16:34

imagine dragons - ready aim fire
« Carrière ou pas, l’exécution d'une personne est toujours un cauchemar que tu sois conditionné ou non. Ils ont été élevés dans ce but, pour tuer, mais une fois qu'ils ont agis, plus rien n'est pareil. Gargaria, ce que tu as fais, tu étais obligée de le faire. Tu n'es pas une meurtrière, tu as été poussé à ton maximum. Et tu as craquée. Tous les vainqueurs souffrent de ce choc post traumatique et je sais que c'est dur à croire, mais avec le temps tu arriveras à oublier toute cette horreur. Tu y arriveras car tu es forte. Ne leur laisse pas la satisfaction de te voir à terre... » dit-elle. Pures foutaises, tu penses, mais tu acquiesces docilement par un mouvement de tête. Intérieurement putride, tu ne sais plus faire que ça. Tu es devenue inutile et faible. Un poids mort, un boulet, un fardeau pour Katelia et les autres -si tant est qu'il y en aie, des autres. Ne retenant plus de ce monde que les seringues de morphine, les blouses d'infirmiers et les heures d'interrogatoires du Capitole. Ce cher, si cher Capitole, qui te connait maintenant mieux que quiconque. Qui a tenté de te modeler à son avantage. Et qui en voyant ce modelage impossible, a préféré éliminer toutes les fondations; te détruire. Le néant est désormais ce qui reste de toi. Perdue dans les limbes tu ne peux qu’acquiescer. Ce cher, si cher Capitole, qui te connait à présent comme un vieil ami. Un vieil ami orgueilleux et malsain à qui tu ne peux échapper. Tu ne sais même plus quand est-ce que tout ça a commencé. Mais la seule chose dont tu es certaine, ce que tout ça ne va jamais s'arrêter.

Et pourtant, tu ne peux t'empêcher de garder cette étincelle d'espoir. Une petite voix, survivante des attaques psychologiques du gouvernement sur tes pensées. Celle qui te répète avidement "Et si... ?". Et de ces deux mots, de cette petite voix, grandit en toi un espoir que tu sais pourtant être chimérique. Tu pourrais t'enfuir, essayer de te réfugier quelque part au-delà des limites de Panem, là où le Capitole ne pourrait venir te chercher, mais il n'y a probablement rien au-delà ce ces frontières et tu sais que tu ne pourrais pas survivre à la solitude.

Tu te relèves doucement, en silence, et ouvre les yeux. Ta vue est brouillée par les larmes, te montrant des images floues mais tu parviens à distinguer la grosse commode marron ornée d'argent de ta chambre. Tu t'y diriges, ouvre le premier tiroir, en sors un mouchoir en tissu brodé, et le referme aussitôt. Le tissu absorbe l'eau qui laisse sur lui des cercles humides, et tu retrouves la vue. Tu te tournes vers Katelia qui n'a pas bougée. Elle a l'air forte. Elle a toujours été une battante, et elle a toujours raison. Sauf ici. Elle n'a jamais eu aussi tort. Tu laisses s'écouler quelques secondes, le temps de trouver tes mots, puis tu serres le mouchoir dans ton point et ouvre la bouche avec un air de dégoût. « T'en sais rien Kate. T'es pas là pour les voir, moi si. Je peux t'en citer, moi, des carrières qui ne doivent pas regretter ce qu'ils ont fait. Dalhia, Clyde, Amarinda. Je les connais peu, mais ils m'ont pas l'air d'avoir beaucoup de regrets. Ca me suffit. Et tu sais quoi ?» Ta voix est sûre, rageuse et pleine de colère. « Je voudrai qu'ils crèvent tous, je voudrai que les rebelles aient réussis. J'aurai voulu qu'ils fassent s'écraser une bombe sur ce foutu Capitole. Tout le gouvernement serait mort, et au point où on en est, je suppose que les rebelles auraient pas pu donner pires dirigeants. » Tu lâches le mouchoir dans la corbeille de linge sale, sans relever les yeux vers Katelia, et tu retournes t'asseoir en indien sur le lit. « Je sais même pas si je devrais être contente rien que pour le fait qu'il existe une résistance, ou en colère contre elle pour avoir si pitoyablement raté sa meilleure chance.» Puis tu te rends compte de tes propos. Tu te dis que tu devrais les surveiller, car tu es typiquement le genre de personne que le Capitole doit garder à l’œil et surveiller constamment. Il pourrait y avoir des micros planqués partout dans la maison, mais ça impliquerait qu'ils soient là depuis que tu vis ici, et dans ce cas, il y a longtemps que tu ne sauras plus là pour penser à ça.

Tu t'efforces de chasser cette pensée, ignorant les images d'internement, de seringues et de médicaments qui te reviennent. « Cette nuit je vais imaginer le Capitole crouler sous les décombres. Des explosions dans toutes les rues, des gens perdant leur perruque en courant, essayant d'attraper la main de leur enfant qui se fait emporter par le foule. Je veux voir Snow dans une arène, fuyant des mutations génétiques aux visages des Juges. Je veux le voir paniqué, effrayé. »
Tu souris.
« Je vais bien dormir. »



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