« C'est quoi ça ? Un interrogatoire ? Vous êtes sérieux là ? Bon très bien. Je m'appelle
Kathleen Sinéad Harper, et j'ai
dix-huit ans. S'il y a bien une chose que je hais plus que tout dans ce monde, c'est le Capitole. La Capitole et ses foutus
Hunger Games. Oh je sais pertinemment ce que je risque en parlant de la sorte, mais je dois bien avouer que je m'en fiche pas mal. Les Jeux m'ont déjà tout prit. L'année dernière,
mon frère de quinze ans a été sélectionné. Et il n'est jamais rentré à la maison. J'aurai tant voulu prendre sa place là-bas dans l'arène...
Jeremiah Harper, tribut mâle du district 9 à la 74ème édition des Hunger Games. C'était à moi de m'occuper de lui, à défaut d'avoir des parents, et j'ai lamentablement échoué.
Mon père a été exécuté après avoir tenté de déclencher un soulèvement il y a de ça quatre ans, et
ma mère a succombé à une mauvaise grippe une année auparavant. Aujourd'hui, vous comprenez pourquoi je n'ai presque plus rien à perdre, sinon ma propre vie. De manière générale, les gens me voient comme une fille
acerbe, froide et sarcastique. Il y a du vrai là dedans. Mais ce n'est qu'une façade pour ne pas me montrer sous mon vrai jour. J'ai été
profondément meurtrie et blessée par la disparition de Jeremiah. On m'a souvent répété que
mon impulsivité, ma franchise et mon entêtement me perdront. La vérité, c'est que j'ai peur de m'attacher, pour ensuite voir une personne que j'apprécie disparaître dans ces fichus jeux. Je tiens beaucoup à mon
indépendance, et ne la troquerai pour rien au monde. Je
chasse pour gagner ma vie, et fais en sorte d'agir aussi normalement que possible, mais à côté de ça, je compte bien rejoindre un jour les
rebelles pour faire payer le Capitole. Voilà, ça, c'était avant. Avant que tout ne se dégrade de nouveau pour moi. Il y a quelques semaines, j'ai été sélectionnée pour l'édition soixante-quinze des Jeux. Pour mon plus grand malheur, j'y ai retrouvé quelques connaissances. Des personnes qui ne méritaient nullement de mourir. Mais qui le mérite vraiment ? L'ai-je mérité, ma mort ? »