Elle en avait trop vu à présent. Cette mascarade macabre prendrait-elle fin un jour ? A présent c'était Levi qu'on appelait, le petit Levi qui jouait avec son jumeau, et avec lequel elle avait tant aimé se disputer. Levi était condamné, et c'était un peu comme si Max mourrait un peu plus. Qu'aurait-il fait, lui ? Il était du genre à se porter volontaire. Mais Max n'était plus et personne ne prit la place de Levi.

Cela l'attrista, plus qu'elle l'aurait voulu. Elle aurait voulu encore s'en moquer, anesthésier son cœur. Ne plus jamais éprouver de peine à voir ces pantins sur l'estrade, à écouter Sage d'une oreille. Sage et son discours, elle ne l'écoutait même pas. Elle avait envie de vomir et envie de hurler, envie de se jeter sur l'hôtesse, malgré les pacificateurs, et de la frapper jusqu'à ce qu'elle meurt. Si elle avait pu étrangler tous ces crétins...

Dégoûtée, tant de ne pas être choisie que de voir ceux qui allaient devoir encore mourir cette année, elle détourna les yeux, fixant le sol avec obstination. C'était bientôt fini, bientôt elle retournerait à sa monotonie, à sa vie depuis longtemps brisée. Eux, ils allaient mourir. Peut-être. Et s'il ne devait y en avoir qu'un, elle aurait voulu, au plus profond d'elle, que ce soit Levi. Parce qu'il avait été un ami, et qu'il était un lien vers son passé. Comme si Max pouvait mourir un peu plus au travers lui... Esther soupira doucement, et ravala simplement ses larmes.