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fermeture du forum le forum ferme ses portes après six ans d'existence. merci pour tout, on vous aime. |
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| Once I had the world, but now I've got no one (Virani & Elyas) | |
| Auteur | Message |
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Reed Emerson △ correspondances : 1464 △ points : 11 △ multicomptes : Charlie la Pacificatrice, Juju le Rebelle & Gold la rêveuse (Ex Elyas) △ à Panem depuis le : 09/01/2013 △ humeur : Se sent vide et abandonné, désespéré par la chute de Coin et l'échec de la rébellion. △ âge du personnage : Vingt-six ans △ occupation : Sniper dans l'armée du Treize
| Sujet: Once I had the world, but now I've got no one (Virani & Elyas) Dim 15 Déc - 1:27 | |
| Darkness will forever be upon us, Ceasing to exist, we will look to the sun for forgiveness, Wait for a sign, for a second chance, To turn this requiem into a lullaby.
Close your eyes, my sleepless one, For tomorrow only brings empty hope, Your fate is here, broken one.
Il n’y a pas grand-chose à voir au-dehors ; malgré tout, cela fait des heures qu’assis sur le rebord de la fenêtre de ma chambre, le front collé au carreau, je contemple le paysage qui se dessine sous mes yeux. Cette vaste étendue immaculée, épurée, intacte, qui, mystérieusement, apaise mon cœur tourmenté et chasse au loin mes craintes les plus folles. L’hiver est là, qui frappe à notre porte. Et pour l’occasion, le Neuf a revêtu ses plus beaux atours. Les premiers flocons de neige ne sont tombés du ciel que quelques jours auparavant, mais déjà, le District me donne l’illusion de s’être drapé d’un épais manteau blanc, pour résister aux températures glaciales des jours à venir. Et ainsi paré, jamais encore le District ne m’avait semblé aussi… paisible. Calme. Comme la promesse muette que jamais rien ne pourra plus m’arriver. Que je suis en sécurité, dorénavant. Mais je sais par expérience que ce sentiment est loin d’être partagé par mes concitoyens. L’hiver est tant redouté, ici. Davantage craint que le président Snow lui-même. Son arrivée marque le début d’un jeu cruel, pire encore que les Jeux de la Faim, car de celui-ci, personne n’en réchappe jamais. C’est un jeu où tout le monde perd.
L’hiver n’apporte dans son sillon rien d’autre que la mort, tuant bien plus efficacement qu’une armée de Pacificateurs. La vague de froid qui s’abat sur le District sème sur son passage misère, famine, et dévastation. Les champs de céréales se meurent sous les assauts répétés de la neige, tandis que les animaux de la forêt se terrent, les rendant pratiquement impossible à débusquer, même pour les chasseurs les plus aguerris. C’est une période terrible durant laquelle nous n’avons plus rien à nous mettre sous la dent, et chaque jour, à l’aube, on entasse dans l’indifférence générale des dizaines de cadavres. Alors, on redouble d’ingéniosités pour survivre, pour tenir jusqu’au lendemain, pour voir le soleil se lever une nouvelle fois sur notre désespoir, nos peurs, nos pleurs et nos doutes. Chaque année, c’est invariablement la même chose. L’hiver, comme la Moisson, souligne ce qu’il y a de pire en l’être humain, fait remonter à la surface nos côté les plus sombres, profondément enfouis mais toujours là, caché quelque part, attendant le bon moment pour se dévoiler au grand jour. La solidarité des jours passés n’est plus qu’un vague souvenir ; désormais, c’est chacun pour soi. Et chacun regarde ses voisins en se demandant qui sera le prochain à périr, tout en se répétant « plutôt lui que moi. » Mais désormais, la faim et le froid, nos ennemis mortels, ne sont plus un problème pour moi. L’hiver, autrefois véritable enfer, est aujourd’hui devenu mon havre de paix.
Une caresse contre ma jambe me tire de cette léthargie quasi maladive qui s’est emparée de moi sans crier gare. Mais c’est un mal avec lequel je vis depuis six années maintenant et auquel j’ai fini par m’habituer. Je tourne la tête pour apercevoir Blackbeard, le vieux berger allemand de Kathleen qui, depuis son décès présumé, ne m’a plus jamais quitté. Kathleen n’a pas pu le garder avec elle car au District Treize, les animaux ne sont tolérés que dans leurs assiettes. C’est une pensée égoïste, sachant ce que Kathleen éprouve pour son chien, mais je suis soulagé de le savoir toujours à mes côtés. Cette bestiole est aussi hideuse qu’attachante, et je me suis véritablement pris d’affection pour cette boule de poils sur pattes. Blackbeard est mon seul véritable ami ici-bas. Le chien piétine sur place en me lançant des regards désespérés ; il est évident que la pauvre bête a un besoin imminent de se soulager. Alors que je saute de mon perchoir, mes muscles engourdis se rappellent à mon bon souvenir. Je descends les escaliers, talonné par le berger allemand qui jappe d’impatience, enfile une écharpe et un manteau et plonge dans le froid hivernal. Le Village des Vainqueurs est calme, silencieux, comme toujours. Toutes les autres maisons sont inoccupées, je suis le seul à y habiter. Parfois, il m’arrive de me sentir bien seul dans cette grande maison, trop grande pour moi, sans jamais croiser âme qui vive. Même les chats errants évitent le quartier, comme pour fuir la malédiction qui pèse sur ce lieu. Mais au moins, j’ai Blackbeard. Ce bon vieux Blackbeard. Et cette pensée m’arrache un sourire, alors que je jette un coup d’œil au chien qui s’ébroue gaiement dans la neige.
Etrangement, les rues sont désertes alors qu’à cette heure de la journée, elles devraient grouiller de monde, des gens rentrant de leur travail, épuisés mais heureux à l’idée de retrouver leur famille. Seul un enfant, âgé d’une dizaine d’année environ, me dévisage avec appréhension, mais aussi avec une certaine pitié. Je ne m’en formalise pas outre mesure ; ce n’est pas la première fois que je surprends ce genre de regards glisser sur moi. Peur et pitié. Voilà tout ce que je leur inspire, alors que grâce à moi, ils ont eu de quoi manger pendant une année entière. Combien d'entre eux ont survécu cette année-là grâce à ma Victoire aux Jeux ? J’ai ôté des vies pour épargner les leurs, et voilà comment ils me remercient. Bande d’ingrats.
« Qu’est-ce t’as ? Tu veux ma photo ? Tire-toi ! », je lance sèchement au gamin qui continue à me fixer comme une bête de foire. « La grande place, me souffle-t-il dans un murmure, comme effrayé par ses propres paroles. Tu es un Vainqueur, ils t'écouteront sûrement. » Et puis, comme je ne bouge toujours pas « Cours ! » me hurle-t-il. Sans réfléchir davantage au sens de ses paroles, interloqué par son attitude étrange, je cours comme un dératé jusqu’à la grande place, glissant à plusieurs reprises sur le sol verglacé, pressentant le pire. Arrivé là-bas, une foule s’y presse, et je dois jouer des coudes pour pouvoir avancer jusqu’à l’estrade centrale. Et ce que j’y aperçois me coupe le souffle. Mon père… Mon père est à genoux, un Pacificateur posté à ses côtés. Je remarque qu’il n’est pas attaché à la potence et soudain, je comprends l’indicible horreur qui se joue devant moi. Ce n’est pas une punition. C’est une exécution. C’est impossible, ce doit être une erreur ! Mon père… mon père est un modèle de vertu. Il n’a jamais mis le doigt dans l’engrenage du marché noir, pas plus qu’il ne chasse clandestinement au-delà des grillages, il en serait bien incapable d’ailleurs. Mon cœur et mes idées s’emballent, tandis que mon sang ne fait qu’un tour. J’ai la désagréable impression que la tête me tourne et que le sol s’effondre sous mes pieds. Une erreur, c’est forcément une erreur. Un souvenir m’assaille : je revois le père de Kathleen, des années auparavant, au même endroit, dans la même position. Je n’avais rien fait à l’époque pour empêcher ça, mais cette fois, je ne peux pas rester les bras ballants. Je dois tenter quelque chose, n’importe quoi. C’est ma famille qui est en danger à présent ; l’homme qui me prenait dans ses bras et qui me murmurait des mots doux à l’oreille quand un cauchemar me réveillait à grands cris, l’homme qui soignait mes blessures d’enfant avec des baisers, l’homme qui séchait mes larmes quand j’avais du chagrin, l’homme qui se tuait au travail pour nourrir sa famille, l’homme qui a courageusement enduré le départ de son enfant, la chair de sa chair, son sang, pour les Jeux d’où il n’avait aucune chance de revenir vivant. L'homme qui était mon modèle, celui que je voulais rendre fier à tout prix, celui à qui j'aurai tellement aimé ressembler un jour. Une erreur. Ca ne peut être qu’une terrible erreur. D’un bond, je grimpe sur l’estrade en leur hurlant d’arrêter, mais avant même que j’ai pu intervenir, avant même que j’ai pu plaider sa cause auprès de son bourreau, un Pacificateur me frappe violemment à l’arrière de la nuque, et je m’effondre au sol, secoué par une furieuse envie de vomir. Mû par un réflexe, je relève la tête et croise le regard de mon père, qui reste digne, malgré les circonstances. Digne, comme il l’a toujours été. Et de ce petit sourire las qui étire subrepticement ses lèvres sanglantes (je fulmine quand je comprends qu’il a été frappé), il semble me faire ses adieux, résigné quant au sort qui l’attend. Puis plusieurs coups de pieds au visage et dans les côtes me propulsent en contrebas, dans la neige, que mon sang s’empresse de rougir. Paniqué à l’idée de ne plus voir ce qu’il se passe au-dessus de ma tête, j’essaie de me relever, mais une botte sortie de nulle part me compresse la gorge, me coupant férocement toute arrivée d’air. Dans un dernier sursaut, je griffe les bottes de mon agresseur, essayant de me soustraire à son étreinte, tandis que mes poumons en feu réclament désespérément de l’oxygène. Je devine que le Pacificateur en chef est en train de réciter son discours des grandes occasions, mais c’est comme si les mots refusaient d’atteindre mes oreilles. Et soudain, un coup de feu. Un seul. Un son qui m'en rappelle un autre, celui du coup de canon dans l'Arène. Un unique coup de feu, et cette impression qu’on m’arrache le cœur à mains nues. La détonation résonne dans la place, dans un silence presque religieux, tandis que peu à peu, la foule se disperse. Et je voudrais crier, hurler ma peine et ma douleur, hurler que c’était une abominable erreur, que mon père n’a jamais rien fait, jamais ! mais la botte contre ma gorge me l’interdit. Seules témoins du chagrin qui me consume, quelques larmes roulent silencieusement le long de mes joues, où l’eau se mêle au sang. Et je regrette. Je regrette tellement ce qu’il s’est passé. Mais il est trop tard pour les remords. Trop tard pour les excuses. J’aurai voulu lui dire que je l’aimais plus que tout, que je l’aimais à tel point que j’ai tout sacrifié pour lui. Pour eux. Que j’ai pris mes distances par amour, et que cette séparation était un véritable fardeau. J’avais terriblement besoin d’eux à mes côtés, mais je les ai repoussés parce que je ne voulais pas les blesser davantage. Je ne voulais pas qu’ils assistent à ma déchéance ; moi, ce petit garçon autrefois si plein de vie. Je refusais qu’ils soient les témoins impuissants de ma dégringolade dans l’échelle de la folie. Et aujourd’hui, mon père est probablement mort en pensant que je le haïssais. En pensant que son fils était un monstre. Ce que je suis, au fond.
Je n’ai plus la force, ni l’envie, de résister à mon agresseur. Qu’il m’achève donc sur place, qu’il abrège mes souffrances. Car à quoi bon continuer ? Pour qui, pour quoi ? Ma vie n’est qu’une succession d’échecs ; j’ai tout perdu. Tout. J’ai tourné le dos aux personnes pour qui je comptais vraiment, aux yeux de qui j’avais de la valeur. Mes parents, Virani, Jeremiah, Kathleen. Oh Kathleen. Je sais maintenant ce que tu as ressenti quand ton père t’a été cruellement arraché, et je n’étais pas là pour sécher tes larmes, pour t’envelopper dans la chaleur de mes bras, pour te consoler et prendre soin de toi. Tu étais seule et tu portais ta croix. Tu avais Jeremiah pour t’épauler dans cette terrible épreuve mais c'est moi qui aurai du être là, à tes côtés. Pardonne-moi, Kath. Pardonne-moi.
Soudain, la pression contre ma gorge s’amenuise jusqu’à disparaitre complètement. Poussé par un instinct de survie dont je ne me sentais plus capable, je me redresse aussitôt sur mes genoux, massant ma gorge endolorie, en toussant tellement que je m’attendrais presque à voir mes poumons surgir hors de ma bouche. Et quand je relève la tête, elle est là. Devant mes yeux. Pauvre petite chose en pleurs, hurlant, se débattant dans les bras d’un Pacificateur qui peine à la retenir. De rage, je serre les poings jusqu’à ce que mes jointures en blêmissent. Ma sœur, mon sang. C’était mon devoir de la protéger, de lui épargner toutes les peines du monde, mais là encore, j’ai lamentablement échoué, j'ai failli à ma tâche. J’aurai dû être celui qui sèche ses larmes, pas celui qui les fait couler. Et pourtant… je lui ai causé tant de chagrin. Je le sais, je le sens. Elle reste ma sœur, et même après toutes ces années passées loin d’elle, je la connais toujours par cœur. Ma sœur. Mon sang.
Je me relève, et je titube maladroitement jusqu’à eux. En me voyant arriver, le Pacificateur me lance un regard désolé, que je devine être sincère, et s’éclipse discrètement. C’est une histoire de famille, à laquelle il ne tient pas à être mêlé. Aussitôt, j’entoure Virani de mes bras et je savoure cette sensation de la serrer tout contre moi ; elle est tout ce qu’il me reste, désormais. Je l’ai quitté lorsqu’elle n’était qu’une enfant, et c’est une femme que je retrouve. Elle continue de se débattre, alors je passe ma main dans ses longs cheveux d’or pour tenter de l’apaiser. « Shhh, c’est moi. C’est moi. C’est fini, tu es en sécurité, ça va aller maintenant. » Mais elle sait aussi bien que moi que rien n’ira plus jamais. Soudain, une pensée me traverse l’esprit. « Virani, où est maman ? » |
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| Sujet: Re: Once I had the world, but now I've got no one (Virani & Elyas) Dim 15 Déc - 18:16 | |
| Une matinée brumeuse, enneigée. Adossée contre mon lit, je regardais les changements de luminosité, qui s'alternaient, aujourd'hui. Depuis que j'étais réveillée, ce n'était que maintenant que le soleil pointait enfin un angle. Minuscule, tellement petit par rapport à nos champs enneigés, nos brouillards et nos nuages, qui déterminent l'arrivée de l'hiver. Je n'aime pas cette saison. C'est la plus terrible. On crève de faim. On meurt, par le froid et le travail. Les gens se battent pour de minuscules graines, qui à nos yeux, valent tellement. En cette période, c'est chacun pour soit. Heureusement que je n'ai pas à la vivre. Nous sommes une des famille les plus aisées et je douterais du fait que notre district est à se passer de mon père médecin. De plus, ma mère est à la mairie. Si je connais autant la situation de notre district en cette saison, c'est uniquement parce que Elyas a suffisamment traîné avec des habitants qui avaient moins de moyens que nous. Ou quand, quelques années auparavant, des inconnus arrivaient directement chez nous, pour se faire soigner par mon père, en pleine soirée. Avec des blessures plus ou moins graves, qui témoignaient de la violence utilisée par les Pacificateurs, pour éviter que les gens s'entretuent. Et tout ça, uniquement et toujours pour la même chose : les récoltes de chacun. Je décidais d'arrêter de penser à cela, ouvrit la porte, et descendit dans la cuisine. Un vide, un énorme vide était ressenti lorsque j'arrivais dans la salle à manger, depuis qu'Elyas n'était plus là. Toutes ces fois, où, petits, nous nous disputions pour une place de canapé, une assiette en trop sur la table. Ou quand il me prenait avec lui par la main, où il me guidait, à travers une foule, pour m'amener quelque part, ou juste me signalait qu'il était là, et qu'il serait toujours là pour moi, sa petite sœur. Et toujours dans cette même pièce. Sauf que le garçon dont je parle me mentais sur tout le long. M'a abandonné. A lâché ma main. J'arrive enfin dans la cuisine, où je retrouve ma mère. "Où est papa ?, je demande : cela est rare qu'il soit absent à cette heure là. -Il est parti chercher du bois tout à l'heure, il va vite revenir !" Sûrement, nous sommes juste à côté de la forêt. Mais pendant qu'elle prépare notre thé, je remarque qu'elle fait des mouvements lents, qu'elle est figée. Lorsqu'elle me sert, trente minutes doivent déjà bien être écroulées, elle tremble quand le thé coule dans ma tasse. "Maman ?, je demande. -Tout vas bien, ma chérie, ton père est parti chercher du bois..., elle semble hésitante, maintenant, presque dépassée. -Il a dû avoir un problème, il serait déjà revenu plus tôt, si rien ne lui était arrivé !" Elle ne me répond pas. Sans dire mot, je me rue dans ma chambre, où j'enfile le premier pantalon et pull qui me passe par la main, dévale les escaliers, et ouvre la porte d'entrée. "Je vais le chercher, je reviens !" Je crie ces mots en espérant qu'il ne lui soit rien arrivé, qu'il ne soit pas tombé dans un ravin, ou quelque chose dans ce genre. Je cours à perdre haleine dans la forêt. Je me dis qu'il doit être reparti, jusqu'à ce que je croise des personnes. Qui se dirigent en courant au même endroit. Elle doivent sûrement fuir quelque chose, me dis-je, et je les suit. Jusqu'à la Grande Place. Je repousse la foule, pour pouvoir voir ce qu'ils voient tous. Je vois Elyas allongé, qui gémit. Mais ce n'est pas lui, à qui l'attention est portée. C'est mon père, à qui un Pacificateur pointe son arme. Mon père, qui est à genoux, par terre. Je n'ai juste eu le temps de me dire que je ne voulais pas que ça se passe. Puis, le son du coup de feu a résonné dans ma tête.
Et j'ai hurlé. Mes bras, mes poings, partaient dans tous les sens. Des personnes, affolées me retenaient, mais je les poussaient, propulsait mes jambes en avant et fermait les yeux pour pouvoir avancer. Mes larmes me brûlaient les joues. Mon cœur tambourinait. Une odeur, une chaleur familière m'entoura. "Elyas...ils l'ont tué. Ils ont..." Il caressait mes cheveux, m'entourait de ses bras qui m'avaient tant manqués, me chuchotait des paroles de réconfort. Comme si je venais de faire un cauchemar. Mais ce n'était pas un cauchemar. C'était réel. Mon père était mort. "Virani, où est maman ?" Fut comme un coup de canon. Et je ressenti ce qu'elle avait dû ressentir à ce moment là : la peur.
Elle était au courant.
Tout ce qui venait de se passer se remémorait dans ma tête, les éléments s'associaient peu-à-peu, comme un puzzle. "Je...je l'ai laissée seule à la maison...",bredouillais-je. Et sans se dire mot, sans un regard, nous nous ruâmes vers la maison. Lui en avant, me tenant la main, comme si désormais, il ne me lâcherait plus jamais. |
| | | Reed Emerson △ correspondances : 1464 △ points : 11 △ multicomptes : Charlie la Pacificatrice, Juju le Rebelle & Gold la rêveuse (Ex Elyas) △ à Panem depuis le : 09/01/2013 △ humeur : Se sent vide et abandonné, désespéré par la chute de Coin et l'échec de la rébellion. △ âge du personnage : Vingt-six ans △ occupation : Sniper dans l'armée du Treize
| Sujet: Re: Once I had the world, but now I've got no one (Virani & Elyas) Dim 12 Jan - 3:38 | |
| Le vide. C’était à peu près tout ce que j’étais capable de ressentir depuis mon retour des Jeux. Rien d’autre que ce vide, cette langueur monotone à laquelle, contre toute attente, j’avais fini par m’habituer. Et aujourd’hui, alors que mon père vient d’être exécuté d’une balle en pleine tête, je ne me sens pas davantage le courage de lutter contre la cruelle injustice dont le Capitole a toujours fait preuve, ni contre son asservissement. Je n’ai toujours été qu’un pion dans leurs Jeux, un pantin sans fil qu’ils manipulent à leur guise. Je n’ai plus l’envie de me battre ; peut-être ne l’ai-je même jamais eu. Je voudrais détourner le regard et pourtant, je ne peux m’empêcher de fixer le corps sans vie de mon père que les Pacificateurs emportent derrière eux sans ménagement. La foule se disperse peu à peu, les curieux regagnent leur logis, il n’y a plus rien à voir. Rien d’autre qu’un frère et sa sœur, séparés depuis bien trop longtemps, et que seul un drame a pu réunir. Mais leur vie est déjà suffisamment triste comme cela, sans qu’ils n’aient en plus besoin d’assister au chagrin des autres.
Dévastée ou abasourdie, Virani se laisse aller jusqu’à se blottir un peu plus contre moi, et même après tout ce temps, cette étreinte me semble si naturelle. Bien plus que cela, même ; évidente. Et malgré toutes ces années passées loin de ses yeux et de son cœur, elle reste ma sœur, le même sang coule dans nos veines et à cela, rien ni personne ne pourra rien y changer. Toi et moi, à la vie à la mort, c’était ce qu’on avait l’habitude de se répéter à chaque Moisson avant d’être séparés, elle retournant auprès de mes parents pétris d’inquiétude, moi me glissant au milieu d’autres tributs de mon âge. C’était notre rituel, une litanie destinée à nous donner du courage pour affronter nos peurs. Mais nous avions tort. La Mort avait réussi à nous séparer, à nous transformer en de parfaits inconnus qui, lorsqu’ils se croisaient, s’échangeaient à peine un regard. A la sentir tout contre moi, je comprends que sa place était à mes côtés, que ça l’avait toujours été. Mais mon mal-être et ma fierté blessée en ont décidé autrement et m’ont poussé à tenir ma sœur à distance. Loin de moi et de mes démons, ceux qui m’ont aidé à survivre dans l’Arène et dont je ne me suis jamais vraiment débarrassé depuis. Je croyais pourtant bien faire, agir dans son intérêt, lui épargner mes tourments qui, avec le temps, seraient inévitablement devenus les siens. Elle était encore trop jeune pour que j’ose briser les illusions qu’elle nourrissait à l’égard du Capitole. Comment expliquer à une enfant de neuf ans que le monde parfait auquel elle rêvait tant d’appartenir n’existait pas ? Comment aurait-elle réagie en comprenant que les Vainqueurs qu’on portait aux nues étaient loin d’être des héros ? Que c’était encore ceux qui avaient trouvé la mort dans l’Arène qui étaient les plus chanceux ? Je ne pouvais pas, je n’avais pas le droit de lui voler cette innocence dont elle avait finalement pu profiter quelques années de plus, jusqu’à qu’elle soit à son tour éligible pour les Jeux. Pourtant, l’éloigner délibérément de ma vie a peut-être été la pire de mes erreurs – et la liste est longue – et je ne m’en rends compte que trop tard, une fois qu’il n’y a plus rien à faire pour réparer mes torts. J’avais besoin d’elle à mes côtés pour me soutenir dans cette terrible épreuve. Je sais en mon for intérieur qu’à travers le regard innocent qu’elle portait sur le monde, elle aurait su trouver les mots pour apaiser mes craintes, me rappeler que malgré les horreurs que j’avais vécues, la vie continuait, qu’il me restait tant de belles choses à vivre. Oui, j’avais besoin d’elle, comme elle aussi avait besoin de moi. Mais à la place, je lui ai tourné le dos. Quelle aurait été ma vie aujourd’hui si je ne n’avais pas claqué ma porte au nez des deux seules personnes qui auraient pu me venir en aide, Virani et Kathleen ? J’ai tout fait foirer et je sais pertinemment que la culpabilité qui me ronge finira par me tuer, mais honnêtement, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Et au fond, qu’importe, puisque mourir est ce que j’ai toujours souhaité. Oui, je rêve souvent de la mort et de son repos salutaire. Fermer les yeux et être en paix à tout jamais. Plus de chagrin, plus de souffrance.
Nichée au creux de mes bras, je sens ma sœur trembler, ravagée par cette peine, qui est la seule chose que nous partageons, désormais. Et chacun des sanglots qui secouent son corps pressé contre le mien me brise un peu plus le cœur. Elle me semble si fragile en cet instant que soudain, je me sens l’âme d’une lionne prête à tout pour défendre ses petits.
« Je… je l’ai laissée seule à la maison… », répond-elle à ma question. Sans nous concerter, nous nous levons et nous élançons dans un même élan vers la maison, sa main glissée au creux de la mienne. Et sans le voir, je sais bien que l’affreux Blackbeard nous talonne. Instinctivement, mes pas me guident jusqu’à mon ancienne maison comme si je n’en étais jamais parti, mais à quelques mètres du but, je comprends que quelque chose ne va pas quand j’aperçois la porte d’entrée entrouverte. « Reste derrière moi. », j’intime à ma sœur avant de pousser la porte du bout des doigts comme si le simple fait de la toucher allait me brûler. Sur mes gardes, prêt à bondir sur le moindre intrus, j’avance à pas de loup dans le vestibule quand soudain mon regard accroche mon reflet dans un miroir. Je ne m’en étais pas rendu compte jusqu’à présent, mais mon nez est en sang et ma pommette est entaillée. Et la première chose qui me traverse l’esprit est de savoir comment je vais pouvoir expliquer ce carnage à mes stylistes. Décidément, le Capitole m’a bien dressé. Cela fait des années que je n’ai pas mis les pieds ici, et je dois reconnaitre un certain malaise à l’idée de me trouver là. Même si je devine quelques petites retouches dans la décoration, rien ne semble vraiment avoir changé, et c’est peut-être ce qui me perturbe le plus. « Il n’y a personne, je chuchote à ma sœur. Reste ici. »
Je lâche sa main et me précipite dans le salon en appelant ma mère, je fouille brièvement les pièces du rez-de-chaussée avant de grimper les marches des escaliers quatre à quatre. Mais l’étage est aussi vide que le reste de la maison. Dépité, je descends rejoindre ma sœur dans la cuisine, où il règne un certain désordre. De la vaisselle brisée jonche le sol et une chaise est renversée en travers de la pièce, signe qu’on s’est récemment battu ici. Les Pacificateurs seraient-ils venus la chercher ? Mais pourquoi ? Qu’est-ce que mes parents ont-ils pu bien faire pour être traités comme des criminels ? Sur la table, une tasse de thé à peine entamée fume encore, ce qui me met hors de moi. Sans crier gare je laisse éclater ma colère en attrapant la table par-dessous pour la renverser brutalement, en envoyant valser ce qui se trouvait encore dessus. Puis je me tourne vers ma sœur qui sursaute, et fond sur elle comme un aigle sur sa proie. Elle, elle seule détient la clef de tout ce mystère. Je l’attrape par les épaules et la secoue comme un prunier, furieux et frustré de ne rien comprendre à toute cette histoire. « Qu’est-ce qu’ils ont fait, Virani, hm ? Qu’est-ce qu’ils ont fait pour être punis de la sorte ? Dis-moi, tu dois le savoir ! Dis-le moi ! », je lui hurle tandis que mes yeux lui lancent des éclairs où brille une rage incontrôlable.
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| Sujet: Re: Once I had the world, but now I've got no one (Virani & Elyas) Dim 19 Jan - 9:16 | |
| Je rentre silencieusement dans la cuisine. À l'étage, Elyas presse ses pas, ouvre et claque des portes. Signe qu'il n'y a personne. Il redescend, bouillonnant. Il a retourné la table, et cassé la tasse de thé que ma mère s'était sûrement préparé. Une chaise retournée et de la vaisselle fracassée reposent aussi sur le sol. Mes larmes ne cessent de couler, mais je reste silencieuse. Et pétrifiée, quand Elyas me secoue de toutes ses forces en me posant des questions auquelles je ne sais répondre. Parce que moi aussi j'ignorais. Je ne savais rien, je n'en ai aucune idée. Tu serres trop fort, maintenant, lâche-moi, Elyas. Je remonte mon regard à ses yeux. Ces derniers sont comme fous, la rage le rend complètement aveugle.
Je ne sais pas. Je n'en sais rien. Je n'en avais aucune idée. Jusqu'à ce matin et le comportement bizarre de maman. Jusqu'à la mort de papa. Je crois qu'elle le savait, mais c'est tout. Ma gorge se resserre, je suffoque et ne sens même plus les larmes qui coulent sur mes joues. Elyas a lâché prise. Il attend. On attent. Mais quoi ? Je cède et tombe sur les genoux, sur le carrelage abimé par la vaiselle, au milieu des fracas. Je voudrais arrêter de pleurer, de faire l'enfant. Je voudrais me relever et être forte, comme Elyas. Il arrive à être un minimum responsable et protecteur en fouillant la maison, alors que je suis perdue et je fond en larmes.
Je me replie sur moi-même. Je voudrais que ce ne soit qu'un simple cauchemar, je voudrais qu'ILS SOIENT LÀ. Qu'on ne nous ai pas arraché nos parents. Elyas reste de marbre, nous faisons une minute de silence.
Est-ce qu'ils vont la tuer, Elyas ? Ou nous la ramènerons-t'ils ?
Il est clair que non. Sinon il n'aurait pas réagit comme ça. Voilà la différence : Elyas est en colère, je suis sous le choc. Signe qu'il doit mieux connaître le Capitole que moi. Je me relève, mais reste dos à lui, en contemplant la cuisine. J'ai trop mal à la poitrine pour me dire qu'elle reviendra, que tout est faux, que mon père n'a pas été tué. Ils sont morts. Je pensais que je resterais muette, ma gorge était tellement serrée. Mais non. Et dans un souffle, j'arrive à articuler.
Elyas, est-ce qu'ils vont revenir ? |
| | | Reed Emerson △ correspondances : 1464 △ points : 11 △ multicomptes : Charlie la Pacificatrice, Juju le Rebelle & Gold la rêveuse (Ex Elyas) △ à Panem depuis le : 09/01/2013 △ humeur : Se sent vide et abandonné, désespéré par la chute de Coin et l'échec de la rébellion. △ âge du personnage : Vingt-six ans △ occupation : Sniper dans l'armée du Treize
| Sujet: Re: Once I had the world, but now I've got no one (Virani & Elyas) Sam 1 Fév - 22:23 | |
| L’insoutenable regard apeuré que me jette Virani me fait aussitôt lâcher prise, ses grands yeux clairs baignés de larmes me ramènent brutalement à la réalité, et je recule précipitamment, effaré par la violence de mon comportement. Elle a peur. Peur de moi. Et ce constat me fait l’effet d’une claque en pleine gueule. Attisé par la rage qui bouillonne dans mes veines, j’en viens à brutaliser ma propre sœur, à la terroriser plus qu’elle ne l’est déjà, et, comble de l’intolérable, à lever la main sur elle, alors qu’elle est ce que j’ai de plus précieux sur cette foutue Terre. Je prends ma tête entre mes mains, effrayé par la violence dont je peux faire preuve, parfois, quand je ne parviens plus à me contrôler. Plus jeune, j’étais prêt à tout pour la protéger de tous les dangers, mais voilà que c’était moi le danger, à présent. Submergée par le poids du chagrin, Virani s’effondre à genoux au milieu des débris qui parsèment le sol, seuls vestiges de ce qu’il reste de notre famille. Et à la seule vision de son corps secoué par les sanglots, je jurerais pouvoir entendre mon cœur se déchirer, anéanti par le spectacle désolant qui se joue devant mes yeux. Je voudrais la prendre dans mes bras, caresser ses longs cheveux et lui murmurer à l’oreille des mots apaisants comme je le faisais chaque fois qu’un cauchemar la tirait de son sommeil, mais je ne peux pas. C’est comme si mon corps refusait d’obéir aux injonctions que lui lançait désespérément mon cerveau malade, comme si un champ de force me clouait sur place. Quelle sensation terrible que d’être prisonnier de votre propre corps. Alors je me contente de l’observer, immobile, les bras ballants, le cœur gros, et l’air circonspect. Et je voudrais pleurer, me libérer de cette peine et cette douleur oppressantes qui m’assaillent la poitrine, mais de ça aussi, j’en suis incapable. J’ai tant versé de larmes par le passé que mes yeux semblent désormais s’être taris à tout jamais. Et sa voix, à peine un murmure, s’élève dans le silence des lieux. « Elyas, est-ce qu’ils vont revenir ? » semble-t-elle me supplier. Et je déteste ce rôle qu’elle m’attribue sans me demander mon avis, celui de briser ses espoirs une fois de plus. Celui de lui annoncer une vérité qui la détruira, qui la marquera au fer rouge jusqu’à son dernier souffle.
Je trouve enfin le courage d’amorcer un mouvement dans sa direction. Je me poste derrière elle, je la force à se retourner pour me faire face, j’ancre mes yeux dans les siens, si semblables, et je pose mes mains de chaque côté de son visage dans lequel je reconnais sans peine mes traits. « Virani, il n’y a plus que toi et moi, maintenant. » Je ne sais pas ce qu’ils ont fait de ma mère, ni où ils l’ont emmenée, mais je comprends que nous ne pouvons plus rien faire pour elle, désormais. Ils cherchent peut-être à lui extorquer des aveux, à moins qu’elle ne soit déjà morte à l’heure actuelle. Mon cœur se serre un peu plus à la seule pensée que ma sœur et moi sommes peut-être orphelins. Je déteste ne pas savoir ; l’imaginer se faire torturer, seule et sans défense, privée de ses enfants, m’est insoutenable et je devine que cette image va me hanter encore longtemps. « Ecoute-moi bien. Tu vas monter dans ta chambre et préparer tes affaires. Prends tout ce que tu veux emporter, on va aller chez moi. Allez vas-y, je t’attends ici. », je l’encourage en caressant du pouce sa joue rougie par le chagrin.
Je m’assois avec précaution sur le canapé du salon, comme si je m’attendais à voir un Pacificateur en surgir. Je prends ma tête entre mes mains pour réfléchir, tirer les choses au clair, mais mes pensées se bousculent tellement dans mon esprit qu’il m’est impossible d’en faire le tri. Je revois le corps de mon père trainé sans le moindre respect par un Pacificateur et le souvenir de son crâne explosé me donne la nausée. Et ma mère, si douce, si gentille, si attentionnée, pas seulement avec nous, ses enfants et son mari, mais aussi avec tout le voisinage… elle ne mérite pas le sort que le Capitole lui réserve. Qu’ont-ils bien pu faire ? Cette question qui reste sans réponse hante mes pensées. Qu’ont-ils bien pu faire ? Ont-ils vraiment embrassé la cause rebelle, comme l’a sous-entendu le chef Pacificateur qui a cruellement exécuté la sentence ? Virani était-elle au courant ? Cherche-t-elle à me cacher une information aussi capitale ? Ou se peut-il qu’elle ignorait tout de leurs projets ? Mes parents. Je n’ai même pas eu la chance de leur faire mes adieux, de leur rappeler à quel point je les aimais. Et soudain, je m’en veux. Je m’en veux terriblement d’avoir coupé les ponts, d’avoir dénoué ce lien si fort qui nous liait les uns aux autres. Des gouttes d’eau sur mes joues. Soudain, je réalise que je suis en train de pleurer, que les larmes, surgies de nulle part, jaillissent à nouveau hors des mes yeux. Et, la tête enfouie entre mes mains, je me laisse aller à mon chagrin. Combien de temps ? Je ne saurai le dire. Toujours est-il que Virani, un sac à la main, a fait sa réapparition. J’essuie rapidement mes larmes d’un revers du bras et me lève d’un bond. J’attrape son sac que je place nonchalamment en travers de mon épaule, et je glisse ma main dans la sienne, la forçant à me suivre. « Allez, on y va. Il n’y a plus rien pour nous ici. » Et je quitte cette maison avec la ferme intention de ne plus y remettre les pieds. Plus jamais.
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| Sujet: Re: Once I had the world, but now I've got no one (Virani & Elyas) Dim 2 Fév - 17:30 | |
| Elyas a raison. Nous devons partir d'ici le plus vite possible, avant d'avoir les idées claires et de se rendre compte qu'il est trop tard. Beaucoup trop tard. Nos parents sont morts, et nous n'avons même pas pu intervenir. Même pas une seule fois. Ils ne sont plus là, je ne sais pas si ils reviendront, mais nous sommes seuls à présent. Livrés à nous-même. Il n'y a plus que lui. Et moi. Il ne me reste plus que lui. Elyas prend mon visage entre ses mains. Je vais devoir faire mes affaires, on s'en va. Je remonte dans ma chambre. Je ne me souviens même plus d'avoir monté les escaliers. J'ai trop peur de fermer la porte, pour ne plus jamais qu'elle s'ouvre, alors je fais soigneusement attention à ne pas la toucher. Elyas l'a laissée grande ouverte, tout à l'heure. Ce n'est peu-être que psychologique, mais j'ai maintenant l'impression que si je ne garde pas un œil derrière moi, on me séparerai ou m'emporterai dans un endroit où je ne reverrai plus la seule chose qui me reste à présent, mon frère. Je prend peu d'affaires. Et je m'arrête devant la photo de mes parents. Je sais que, dans l'ordre des choses, c'est ce que j'aurais du faire. Mais cela me fait trop mal. Et je passe devant, sans la prendre, sans prendre la seule présence qui me restera d'eux. Nous sommes seuls. Il va falloir que tu te le tienne bien en tête, Virani. Et personne ne pourra nous aider, comme il n'y a personne dans la rue, lorsqu'on sort de chez moi, de chez nous, et que Elyas a la ferme intention de ne plus jamais y remettre un pas. En me tenant la main, il m'entraîne jusqu'au Village des Vainqueurs, où je ne suis jamais allé, lorsqu'Elyas est revenu et s'est renfermé chez lui. Nous approchons d'une maison, bien trop grande pour n'accueillir qu'une seule personne. Il fait froid. Le Village a l'air inhabité, mais la clé que met Elyas dans la serrure de la porte d'entrée de la maison, prouve le contraire. Il semble me dire quelque chose, qui m'échappe car je ne l'écoute pas, mon attention est rivée sur sa maison, sombre, vide, bien trop rangée. Comme si il n'y était jamais entré. De grands espaces d'air trônent, entre les meubles. Les rideaux sont tirés. Les couleurs principales sont les tons de gris et de bleus, dont la maison semble en être tout habillée. Seules quelques pièces dégagent une lumière pale, sûrement celles qu'il a l'habitude d'utiliser. On s'avance un peu, il m'emmène à l'étage où il pose mon sac dans une chambre, puis on redescend, sans dire mots. On va dans son luxurieux salon, ou d'ordinaire, j'aurais adoré découvrir son style Capitolien, ses tableaux et motifs délicats, le côté confortable de ses canapés lorsqu'on s'y assoit. Mais je n'ai plus goût à rien, ou plutôt, tout me dégoûte, maintenant. Les questions qui se bousculaient en masse dans ma tête, m'ont donné mal au crâne, et j'ai l'impression d'être au ralenti, de ne plus réfléchir correctement. Je sais quelles phrases me feront pleurer, ou lui feront de la peine, alors je les évites. Assis chacun d'un côté, sans trop oser se parler ne doit pas nous être bon. Il faut trouver quelque chose qui pourrait nous occuper, avant qu'Elyas ne me repose encore trop de questions auquelles je ne saurais répondre. Je me racle la gorge. J'aurais voulu que ça se passe autrement, que je dise cela lorsqu'ils étaient encore en vie, et qu'Elyas nous auraient invités à déjeuner, par exemple. Mais je sais bien qu'il ne faut pas que j'attende que ce soit lui qui sache tout, qui commence tout. Alors, au lieu de lui poser sûrement l'une des questions que nous ne nous avouerons pas, du style "Et maintenant ?". Je lui dit : "Oh, c'est euh...confortable chez toi !" Mais je m'arrête au supplice de me forcer à sourire, car cela n'en vaut vraiment pas la peine. Ma phrase est idiote, terriblement idiote. Et, avant de m'en vouloir, j'imagine déjà sa réponse. |
| | | Reed Emerson △ correspondances : 1464 △ points : 11 △ multicomptes : Charlie la Pacificatrice, Juju le Rebelle & Gold la rêveuse (Ex Elyas) △ à Panem depuis le : 09/01/2013 △ humeur : Se sent vide et abandonné, désespéré par la chute de Coin et l'échec de la rébellion. △ âge du personnage : Vingt-six ans △ occupation : Sniper dans l'armée du Treize
| Sujet: Re: Once I had the world, but now I've got no one (Virani & Elyas) Dim 23 Fév - 23:51 | |
| Je prends place sur le canapé aux côtés de ma sœur, et le silence s’immisce aussitôt entre nous deux. Je suis assis juste à côté d’elle et pourtant j’ai l’impression que des kilomètres nous séparent. La gêne qui s’est brutalement installée est perceptible des deux côtés, elle nous oppresse, même. Je me demande ce que Virani peut bien penser de son frère, maintenant qu’elle a découvert ma maison pour la première fois depuis que j’y habite. Je suis sûr que quand elle me regarde, elle ne voit plus qu’un étranger en moi. Un homme qui a les traits de son frère, mais qui n’a rien à voir avec celui qu’elle a connu. Même moi, j’ai bien du mal à me reconnaitre. Elyas est mort dans l’Arène, et son autre, cet imposteur, est revenu d’entre les morts pour usurper sa place et sa vie. J’aurai dû trouver la mort là-bas, tout aurait été tellement plus facile alors. Cette pensée ne me quitte jamais, elle hante mon esprit du soir au matin. C’est la première chose à laquelle je pense quand j’ouvre les yeux, découragé à l’idée d’affronter une nouvelle journée, et c’est avec elle que je m’endors en espérant ne pas me réveiller le lendemain. J’aurai dû mourir, cette année-là, ne jamais avoir eu ce foutu instinct de survie qui m’a poussé à me surpasser pour triompher de mes ennemis. On m’aurait pleuré en se rappelant du fils merveilleux que j’étais, du frère aimant, de l’amoureux timide, de l’ami dévoué. Et puis, mon souvenir se serait progressivement estompé au gré du temps, et on aurait cessé de penser à moi. Tous auraient repris le cours de leur vie ; mes parents auraient redoublé d’efforts pour aider les plus démunis, Kathleen aurait fini par se marier avec un homme bien qui l’aurait follement aimé, comme elle le mérite, ma sœur aussi. Oui, tout aurait été plus facile alors si je n’étais pas rentré pour gâcher leur vie. Mais aujourd’hui, pour la première fois depuis mon retour des Jeux, je suis heureux d’être toujours de ce monde. Parce que sinon, Virani se serait retrouvée toute seule, forcée d’affronter cette terrible épreuve sans personne pour la soutenir. Mais je suis là. Je suis là. Je ne suis peut-être pas la personne qu’elle aurait aimé avoir à ses côtés pour surmonter son chagrin, mais j’imagine que c’est mieux que rien.
Je n’ose pas lui poser davantage de questions au sujet des activités illégales qu’auraient entretenues nos parents, elle est suffisamment bouleversée sans que j’en rajoute une couche. Je la laisse tranquille… pour l’instant du moins, car je suis déterminé à tirer les choses au clair, tôt ou tard.
« Oh, c’est euh… confortable chez toi ! », me lance-t-elle, prête à tout pour briser ce silence qui semble la mettre mal à l’aise. Moi, il ne me fait plus rien, ça fait des années que je m’y suis habitué. Sa tentative d’entamer la conversation me brise le cœur, elle me rappelle cruellement à quel point j’ai failli à ma tâche. Mes parents et ma sœur auraient pu venir vivre ici, dans cette grande maison dont j’ai hérité après ma victoire aux Jeux. Mon père aurait pu y ouvrir son nouveau cabinet médical, tandis que ma mère aurait investi la magnifique cuisine et les effluves de ses petits plats auraient embaumé les lieux. Quant à ma sœur, je suis certain qu’elle aurait pris un immense plaisir à décorer la maison à son goût. Oui, nous aurions pu être heureux tous les quatre, mais au lieu de ça, je leur ai fermé ma porte. Et vous voyez le résultat. « C’est trop grand, trop vide. », je réponds la gorge nouée en passant une main dans mes cheveux, geste machinal qui trahit mon embarras. « J’aurai pu la décorer avec mes tableaux, mais ce que je peins… c’est encore pire. Mieux vaut la laisser comme ça. » Je ne sais pas du tout ce qui m’a poussé à lui dire ça. Je peins à mes heures perdues, talent que je me suis découvert à mon retour des Jeux, mais les images que je couche sur la toile sont aussi horribles que celles qui me torturent l’esprit, et Virani n’en avait pas la moindre idée, alors pourquoi lui apprendre que son frère est complètement fou ? Elle n’a pas besoin de savoir ça. Pas maintenant qu’elle a tout perdu, maintenant que je suis le seul qu’il lui reste.
Je voudrais la prendre dans mes bras, la serrer tout contre mon cœur, mais c’est à peine si j’ose la toucher. C’est alors que Blackbeard, l’affreux berger allemand de Jeremiah, et que j’ai recueilli après la prétendue mort de Kath, fait son apparition dans la pièce, heureux de recroiser une tête connue. Il fait la fête à Virani comme s’il ne l’avait pas vu depuis des années – au fond, c’est peut-être le cas – ce qui me donne l’occasion de me lever du canapé pour m’éclipser dans la cuisine. Pour m’occuper les mains et l’esprit, je décide de préparer un thé pour ma sœur. Après tout, elle doit être frigorifiée. Quand je l’ai trouvé dans la rue, elle ne portait rien d’autre qu’un pull, et en partant, elle n’a pas pris la peine d’enfiler un manteau. En revanche, moi, je n’ai même pas ôté le mien en arrivant ici. Nous sommes encore tous les deux sous le choc de ce que nous venons de vivre.
Je reviens quelques minutes plus tard dans le salon avec la boisson chaude que je lui tends, avec la peur au ventre qu’elle ne me jette furieusement la tasse au visage. Mais elle se contente de l’accepter sans dire un mot, tandis que je me réinstalle à ses côtés. Oui, nos parents sont morts, et oui, il va bien falloir en parler un jour ou l’autre. Autant commencer maintenant. Je souffle un bon coup avant de me jeter à l’eau.
« Virani… », je commence d’un ton hésitant car je ne sais vraiment pas quoi dire. Comment expliquer à une jeune femme que sa vie vient de prendre un véritable tournant, que rien ne sera plus jamais comme avant ? « Virani, tu vas rester vivre ici, d’accord ? Et tu vas voir, tout ira bien, tout va bien se passer. » Mais c’est davantage moi, plutôt qu’elle, que je tente de convaincre. Je suis tellement habitué à la solitude que j’ignore si je serais capable de vivre avec quelqu’un d’autre que moi-même. Et puis, à me côtoyer de près, Virani va rapidement s’apercevoir que je suis quelque peu… perturbé. Même six ans après mes Jeux, je subis toujours de violentes crises d’angoisse, et je ne veux pas l’effrayer, ni même la blesser par inadvertance. La cohabitation ne s’annonce pas de tout repos, mais je préfère la savoir près de moi plutôt que seule, livrée à elle-même, dans la maison de nos parents.
Trois coups contre la porte me font froncer les sourcils. Personne ne vient jamais me rendre visite. Jamais. Il faut dire que je ne jouis pas vraiment d’une excellente réputation dans le District. Je me lève précautionneusement et d’un geste de la main, ordonne à ma sœur de ne pas bouger. « Reste ici. » Ma méfiance est peut-être excessive, mais je ne peux m’empêcher de songer que quelque chose cloche. J’ouvre la porte… et reçoit un formidable coup de matraque en plein visage qui me fait chuter en arrière. « Virani, sauve-toi ! » sont les seuls mots que je réussis à hurler à ma sœur avant qu’un uniforme blanc ne s’approche de moi pour me cogner une seconde fois, espérant peut-être me mettre hors d’état de nuire. Manque de bol, je suis bien plus résistant que mon air juvénile ne le laisse penser. Par réflexe, j’exécute un balayage à mon agresseur, pour le faire tomber à son tour, avant de me relever et d’écraser mon pied sur son visage. Hé oui, les gars. Vous vous en prenez à un Vainqueur, autant dire un expert du combat au corps à corps. Deux Pacificateurs font aussitôt irruption chez moi mais je les accueille comme il se doit, à coups de poings et de coude et rapidement, ils constatent qu’ils ne sont pas de taille à lutter contre moi. Mais c’était sans compter sur leurs armes ; l’un d’eux pointe une sorte de pistolet dans ma direction et presse la détente. Je sens une intense décharge m’électriser de haut en bas, et je m’effondre au sol, privé de toutes mes forces. Je vois trois paires de bottes passer dans mon champ de vision, et je tends faiblement le bras pour les empêcher d’entrer dans le salon. Peine perdue. J’entends Virani crier à l’instant où un éclat bleu illumine brièvement la pièce. Ces salauds lui ont tiré dessus. Ce n’est qu’une enfant !
Je sens des bras me soulever et trainer mon poids mort derrière eux, puisque je peine à marcher. Ma sœur, elle, est dans les bras du troisième Pacificateur. Nos regards hébétés se croisent, pour la dernière fois, peut-être. Je suis désolé Virani, tellement désolé. J’aurai dû te mettre en sécurité, fuir ce District, mais je ne pensais pas qu’ils viendraient nous chercher. De toute évidence, c’était sous-estimer la cruauté du Capitole.
Hj : Voilà, comme ça tu peux poster une dernière fois et on conclut se rp pour en ouvrir un autre rapidement sur leur retour au 9 |
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| Sujet: Re: Once I had the world, but now I've got no one (Virani & Elyas) Jeu 27 Fév - 20:00 | |
| Elyas peint. Elyas peint, et je n'en savais rien. Décidément, il y a beaucoup de choses que l'on ne s'est pas dites. Et qu'il voudrait éviter. Je vois qu'il interromps la conversation d'un lourd silence. Et moi aussi. Je n'ai plus envie de continuer comme ça. Son regard fuit le mien, il finit par se lever pour aller dans une autre pièce. Et je me retrouve seule, assise confortablement sur son canapé, mais je ne me sent pas à l'aise. Je suis encore sous le choc. Pour éviter d'y penser, j'essaye d'imaginer ce salon avec les tableaux d'Elyas, que je n'ai jamais vus. Je croit comprendre ce qu'il ressent alors, et la violence de ses tableaux m'apparaît comme d'une évidence, même s'il a préféré éviter le sujet. Je revois les moments où Elyas est dans l'Arène, et moi ici, au neuf, les yeux rivés sur l'écran de télévision de notre salon. Je me rappelle qu'aux derniers instants de ces jeux, je n'ai même pas cligné des yeux une seule seconde. Je me suis mordu la lèvre inférieure en criant dans ma tête "Aller Elyas ! T'es encore vivant, tu peux y arriver !" Il a gagné. Voilà où cela nous amène aujourd'hui. Je le vois revenir, avec une tasse de thé qu'il m'apporte, pour sûrement briser cette clôture qui sépare, rompre ce silence plein de sous entendus et ce malaise qui s'est trop installé chez nous. Je sais ce qu'il va me dire. Mais je ne veux pas l'écouter. Il me ramène trop brutalement à la réalité, où il va falloir que je fasse face à tout cela. La tasse tremble entre mes mains, dès ses premiers mots. J'ai l'impression qu'elle va se briser entre mes doigts, que les morceaux qui tomberont frapperons à tout jamais son parquet. Son beau parquet de salon de bois fin, d'une couleur qui serait chaleureuse si seulement Elyas avait déjà habité cette maison et qu'elle lui ressemblait. Je ferme les yeux, "Je..."Mais je m'arrête. La vérité, c'est que je ne sais plus ce que je veux. Je suis perdue. Il y a quelques minutes, j'étais prête à le suivre dans toutes les circonstances, et affronter le futur avec lui, en espérant que ces moments passent rapidement. Maintenant, je voudrais tout ralentir, revenir en arrière et tout changer. Des regrets ? Si seulement, si seulement j'avais pu faire quelque chose avant que tout cela arrive. Nous n'en serions pas là. Et je le sais, mieux que quiconque. Oui je vais vivre ici. Je ne le sais que trop bien Elyas, je m'y attend. Je n'espère que ça pour la suite. C'est ce que j'aimerais croire, en tous cas. Tout ira bien. Ma gorge se resserre. "Oui..."On frappe à la porte. Je dois rester là, mais je n'arrive pas à m'empêcher de m'approcher d'Elyas lorsqu'il ouvre la porte. Qui-est-ce ? Qui pourrait venir voir Elyas, après ce qu'il vient de se passer, et le fait que tous les habitants nous ont évités en chemin ? Il y aurait donc des personnes assez bornées, pour ignorer les ordres des pacificateurs, et venir nous aider ? Ou des rebelles, qui viendraient recruter Elyas ? Je suis bien trop naïve. Je vois Elyas, s'écraser au sol, sous le poing d'un pacificateur. Il se relève. Les Hunger Games ne lui auront pas servis qu'à en revenir en vie. Il fait une barrière entre eux et moi. "Virani, sauve-toi !"Sans hésiter une minute de plus, je me rue vers la seule pièce que je connaisse au rez-de-chaussée : le salon. Il a dû aller dans la cuisine, tout à l'heure et il doit bien y avoir une porte qui ouvre sur l'extérieur par là. Je connais tellement bien les maisons type du Capitole. Elles ont toujours une porte qui donne sur l'extérieur, en dehors de la porte d'entrée. Mais je sais bien que je finirai tôt ou tard par le faire attraper. Ils m'ont vu, et savent qu'il y a une autre présence qu'Elyas, vu qu'il vient de crier mon nom. J'entends un coup de taser, un bruit d'écoulement et des pas précipités. Mon cœur se soulève. Elyas ! Je m'arrête net de courir, de tout façon, je sentais bien que je n'allais pas la trouver, cette porte. Pour m'affoler plutôt vers le cas de mon frère et essayer de lui venir en aide. Au moment où je fais un premier pas, je sens les pacificateurs derrière moi, puis le coup de taser, et un petit cri de surprise finit par sortir de ma bouche. Tout devient noir. Est-ce-que je me suis évanouie ? Je sens des bras me soulever du sol. Je suis encore consciente, mais mes yeux sont fermés, et je n'arrive plus à contrôler mon corps. Je ne peux ni bouger mes membres, ni ouvrir les yeux et la bouche. Dans ce noir qui m'entoure, ce vide auquel ma conscience et moi devons faire fasse, sans que personne ne puisse nous aider, je ne cesse de l'appeler. De crier son nom, où seule moi peut tout entendre. Elyas ! Elyas ! Une de mes paupière s'ouvre vaguement et à moité, mais j'ai le temps de voir un aperçu de l'extérieur. Elyas, encore conscient, se fais relever par les pacificateurs, puis il me regarde. Il n'a plus la force de continuer, les pacificateurs resserrent leurs mains autour de ses bras, Elyas baisse la tête. Je suis encore là. Je suis encore là. Mais peu à peu leurs paroles parviennent de plus en plus troublées à mes oreilles, et je sombre dans l'éternel silence, l'éternel sommeil. Tout ira bien. Hrp : Rp terminé ! |
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| Sujet: Re: Once I had the world, but now I've got no one (Virani & Elyas) | |
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| | | | Once I had the world, but now I've got no one (Virani & Elyas) | |
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