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| MOONBALT ➺ i don't need to be a hero tonight. | |
| Auteur | Message |
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Thybalt M. Homens △ correspondances : 8988 △ points : 29 △ multicomptes : raven, gwendal, eurydice (denahi) △ à Panem depuis le : 22/12/2011 △ humeur : désabusé △ âge du personnage : trente quatre ans △ occupation : médecin de campagne ~ bras droit du chef des rebelles
| Sujet: MOONBALT ➺ i don't need to be a hero tonight. Sam 26 Oct - 0:48 | |
| Moonshine & Thybalt I DON'T NEED TO BE THE HERO TONIGHT Ҩ fall on my knees, fall on my pride, I'm tripping over all the times I've lied. I'm asking please but I can see in your eyes, you don't need tears for alibis. it's true what they say, love must be blind, that's why you're still standing by the sinner's side. you're still by my side, when all the things I've done have left you bleedin'. come undone, surrender is stronger, I don't need to be the hero tonight. we all want love, we all want honor, but nobody wants to pay the asking price.
gifs © norangna & kingkinsella • codage © yumita • musique undone, by ffh DISTRICT 5 – FRONTIÈRES EXTÉRIEURES DU DISTRICT – NUIT DU 10 AU 11 JUIN 2312
Elle lui collait à la peau, comme la moiteur des nuits estivales du district cinq, comme la sueur d'une dure journée de labeur. La peur. Cette peur qui s'était attachée à lui comme une ombre à un corps, dans l'obscurité d'une cellule où il avait passé presque quatre mois. Quatre mois interminables, quatre mois à compter ses regrets, ses erreurs, ses peurs ; Quatre mois à espérer que chaque jour n'aurait pas de suivant et serait le dernier. Et pourtant il était là, ce soir-là, et jamais encore il ne s'était senti si ... vivant. Et jamais encore il ne s'était autant détesté pour ce simple fait. Aujourd'hui encore le sang des opposants au gouvernement avait coulé, imprégnant les terres fertiles du district et tâchant les pavés de la place de l'hôtel de ville, les cadavres entassés dans une fosse commune à l'arrière du cimetière, parce qu'aux traîtres on ne permettait même pas d'être enterrés dignement. Et aujourd'hui Thybalt se tenait lui sur ses deux jambes, le cœur battant et la peur habitant chaque particule de ce qu'il se sentait encore être. Une coquille vide, une parodie d'être humain ... un traître. Traître à cette cause à laquelle il avait promis d'adhérer, cause à laquelle il n'avait jamais vraiment cru ; Et voilà ainsi qu'il était vivant, quand les vrais héros eux, n'étaient plus que des tas de chair sans vie. « Je suis tellement désolé ... » Sa voix est à peine audible entre le vent dans les branches et le sifflement de ses bronches ; La pneumonie ne l'avait pas plus achevée que la violence gratuite de ses geôliers, finalement, mais elle avait laissé des séquelles, dont certaines ne disparaitraient peut-être jamais. Pour l'heure un frisson était remonté le long de son dos, tandis que a chaleur des flammes dansant devant ses yeux lui parvenait enfin, et refermant le carnet qu'il tenait à la main il l'avait jeté dans les flammes comme le précédent. « J'ai essayé. Je te jure que j'ai vraiment essayé. » Il s'adressait aux flammes comme s'il attendait une réponse, il interpelait les cendres qui s'envolaient comme si son père était caché quelque part au milieu. Et c'était un peu le cas, dans un certain sens, car ces mots qui brûlaient à petit feu c'était les siens, c'était tout ce qui restait désormais de l'ancien vainqueur à l'âme de leader rebelle, quelques mots couchés sur du papier, quelques espoirs semés dans l'attente de jours meilleurs qui ne viendraient jamais. Et cela lui brisait le cœur de devoir réduire tout cela en cendres, mais quel autre choix avait-il ... tôt ou tard dans leur cachette chez Byron, ils auraient été découverts par des pacificateurs. Les preuves de l'idéologie véritable de Magnus, suffisantes pour salir sa mémoire au travers du pays, et pour incriminer le peu de rebelles encore en vie après cette purge qui n'en finissait plus ... Thybalt préférait voir tout cela en cendres qu'entre de mauvaises mains, même si y mettre le feu lui arrachait littéralement le cœur, comme s'il enterrait sa seule et unique famille une seconde fois. Un carnet il n'en garderait qu'un seul, le dernier, celui qui lui était véritablement destiné ; Caché dans sa boite à souvenirs avec la montre d'Andy, la photo d'Heidi et Luna, les dessins de Moon. Cachée dans un endroit où jamais personne ne la retrouverait, peut-être même pas lui ... mais qu'importe, elle était à l'abri.
Il pleurait. Il ne savait pas trop pourquoi, et avant cet instant il aurait même douté avoir encore la moindre larme à verser pour quoi que ce soit, mais pourtant il pleurait, de longues trainées humides se dessinant sur son visage noircit par la terre et la poussière. Ce qui n'était d'abord que quelques larmes silencieuses se transforma en sanglots incontrôlables, à l'idée de quitter ces terres qu'il considérait comme son seul et unique repère, à l'idée que son sang n'ait pas coulé comme celui des autres rebelles exécutés dont il faisait initialement partie ... à l'idée de vivre, ou l'idée de mourir. C'est presque lâchement qu'il avait fermé les yeux, en espérant une nouvelle fois que son calvaire en temps qu'être humain prenne fin, et c'est tout aussi lâchement qu'il avait senti une boule au fond de sa gorge en se réveillant à l'aube, en se demandant pourquoi au juste ne lui accordait-on pas enfin une mort qu'il n'avait pas le courage de s'infliger lui-même. Moiteur d'une journée qui verrait un orage, odeur de papier brûlé, sentiment mêlé de honte et de tristesse à l'idée de quitter cet endroit ; Le seul qu'il ait jamais connu, le seul qui comptait. C'était tout ce qui marquerait les derniers instants de Thybalt en tant qu'habitant du cinquième district, ce qui séparait sa vie de rebelle de complaisance, et celle de fugitif. Un fugitif qui en dépit de tout ce qu'il savait raisonnable n'avait plus qu'une seule destination vers où se diriger. Une seule personne vers qui se tourner.
DISTRICT 1 – BÂTISSE ABANDONNÉE – 21 JUILLET 2312
Elle ne viendrait pas. Les risques étaient trop grands, la maison bien trop éloignée, la pluie bien trop abondante ... Thybalt espérait qu'elle ne viendrait pas. En allant chercher de l'eau au fleuve à l'aube ce matin-là, il avait fixé malgré lui son reflet en se reconnaissant à peine ; Les cheveux en bataille, la peau burinée par le soleil, les joues creusées. Il avait du voler quelques affaires qui séchaient sur un étendage au district six, ses propres vêtements en étant venu à flotter autour de son corps amaigri. Voler, un mal nécessaire auquel il ne parvenait pas à se faire ; Tuer aussi, une fois. Deux en comptant le pacificateur chargé par Morrigan Moriarty de le surveiller, deux visages qui le hanteraient probablement jusqu'à la fin de sa vie, peu importe qu'il leur ait ôté la vie pour protéger la sienne. Il se reconnaissait à peine dans ce reflet qu'il fixait et il se demandait si elle, elle le reconnaîtrait. L'orage était arrivé en fin d'après-midi, d'un seul coup, détrempant la terre et raisonnant autour des montagnes environnantes, mais au lieu de se mettre à l'abri le rebelle en avait profité pour sortir, s'estimant moins exposé au risque d'une battue et pouvant ainsi aller ramasser quelques mûres dans les bosquets à cent ou deux cent mètres de là. Des mûres, de l'eau du fleuve, et un peu de pain lorsqu'il en chapardait au centre-ville, c'était pratiquement l'essentiel de ses repas depuis qu'il se cachait ici. Ici c'était une vieille masure de pierre, vestige sans doute d'une lointaine époque où vivre dans les montagnes avait encore des avantages pour les habitants du district un ; Époque révolue, maintenant qu'ils trouvaient tous leur attrait à la vie en centre-ville, près de l'hôtel de ville et des pacificateurs qu'ils croyaient agir pour leur sécurité à tous. Le centre-ville on en était ici à plusieurs heures de marche, quatre ou cinq sans doute, et c'était une autre raison pour laquelle elle ne viendrait pas. Pour laquelle l'idée même de l'avoir souhaité paraissait à Thybalt d'une stupidité et d'un égoïsme à faire peur, parce que c'était bien trop risqué toute seule en pleine montagne, par un temps pareil et surtout par les temps qui courraient. Elle ne viendrait pas, Moonshine ne viendrait pas, et c'était sans doute mieux ainsi tentait-il de se persuader tandis que rentrant se mettre à l'abri les poches pleines de mûres, il remontait se barricader dans le grenier de cette bâtisse à la pièce unique, rappelant les demeures misérables des districts les plus pauvres plutôt que le luxe habituellement caractéristique du district un. Caché dans son repère, entre deux vieux sacs de foin restés là et le contenu d'un troisième qu'il avait vidé pour dormir autrement qu'à même le sol, son sac de couchage roulé en boule dans un coin à côté de son sac à dos, Thybalt attendait. De vivre ou de mourir, comme tous les jours depuis plus d'un mois maintenant, depuis qu'il avait quitté son district. Il n'avait pas pris la peine d'allumer le reste de bougie qu'il avait trouvé à l'étage en dessous, en fouillant avant de décider de s'installer ; Il n'avait pas besoin de lumière, et il essayait d'économiser la cire au maximum. Fermant les yeux il se laissant simplement bercer par le bruit de l'orage, en se rendant à l'évidence avec mélancolie : Moon ne viendrait pas. Peu importe que la rebelle à qui il avait confié sa lettre - Ridley ? Riley ? Il ne savait plus, il n'avait jamais eu beaucoup de contacts avec les rebelles des districts favorisés - l'ait remise à sa destinataire ou pas, elle ne viendrait pas, et elle aurait raison.
Un bruit l'avait sorti du demi-sommeil dans lequel il avait sombré ; Pas longtemps sans doute, il était encore trempé. Réveillé en sursaut, sa main s'était automatiquement refermée sur le manche du poignard qui ne quittait plus sa ceinture. Il avait bien moins de valeur à ses yeux que le couteau papillon de son père, mais il était bien plus efficace pour se défendre, inutile de nier. Retenant sa respiration, le rebelle avait rampé silencieusement jusqu'à la trappe qui permettait de monter au grenier où il se trouvait, et où une malfonction dans la construction permettait de voir entre deux lames de bois ce qui se tramait au dessous. La noirceur du ciel au dehors ne lui permettait pas de distinguer autant qu'il l'aurait voulu l'identité de la personne en dessous ; Il ne s'agissait pas d'un uniforme de pacificateur, c'était tout ce dont il était certain ... ce n'était pas assez pour ne plus rien risquer. Bien que toujours immobile Thybalt sentait son cœur tambouriner contre sa poitrine à l'idée que cela puisse être ... Non, sans doute que non. Mais peut-être que si. Et si c'était elle, si elle était là mais pensait que lui ne l'était plus, si elle avait fait tout ce chemin jusqu'ici pour trouver l'endroit vide ... Quelque part entre toutes ces questions le jeune homme avait arrêté de réfléchir et alors que les pas semblaient s'éloigner il avait ouvert la trappe et s'était laissé glissé jusqu'à la commode qui permettait de grimper. Rattachant son couteau à sa ceinture il avait atterri sur le sol et fait un pas en avant, avant de s'arrêter. Il avait peur. Peur que tout cela ne soit que le fruit de son imagination, peur que cela soit trop beau pour être vrai ... Il avait peur, et cette peur le paralysait assez pour qu'il ne parvienne pas à prononcer le moindre mot, sans que ses yeux eux ne parvienne pourtant à se détacher de la silhouette qui se tenait en face de lui.
Moon. Elle était venue.
Dernière édition par Thybalt M. Homens le Mer 4 Déc - 17:04, édité 1 fois |
| | | Moonshine I. Park △ correspondances : 2260 △ points : 0 △ à Panem depuis le : 30/05/2012 △ humeur : ۞ idéaliste △ âge du personnage : ۞ vingt-quatre ans △ occupation : ۞ vendeuse de bijoux
| Sujet: Re: MOONBALT ➺ i don't need to be a hero tonight. Lun 4 Nov - 5:00 | |
| DISTRICT 1 – 16 JUILLET 2313 Sur la pointe de ses fins doigts, elle traçait des lignes infinies qui disparaissaient dans l’air, sur sa cuisse à demi recouverte par le tissu soyeux d’une robe noire banale et sans grands artifices. Il n’y avait rien qui puisse la ramener à la réalité si ce n’était que la voix de son frère lorsqu’il prenait rarement la parole. Dans une pièce lourde de silences se trouvait la jeune femme, assise bien confortablement à une table où nourriture et alcool servaient de décorations agréables et chaleureuses dans cette étrange froideur. Il y avait toujours ces repas familiaux, il y avait toujours eu des règles et elles se devaient d’être respectées à la lettre. Peut-importe qu’elle n’habite plus dans la maison familiale, peut-importe que la relation entre ses parents et elle soit aussi froid qu’un hiver dévastateur, elle se devait d’être là. Faire bonne figure avait toujours été important et l’atteinte d’une perfection, encore plus. Juste un peu plus haut dans une hiérarchie imaginaire qui détruit tout sur son passage dans le but de dominer par la peur de ne plus jamais être soi, de finir par vivre la vie d’une autre entité imaginée de toute pièce. Le silence venait à nouveau s’installer, il était tombé comme les goûtes de pluies se fracassaient aux fenêtres de cette habitation sans chaleur. Une coquille vide, comme la famille qui l’habitait. Ils n’étaient que de pâles copies de copies. Comme un travail à la chaine inconscient qui s’installait dans l’esprit des gens pour leur dire de prendre l’enfance des petits et de leur imposer des normes, des tout. Ne sois plus toi, sois un autre. Sois quelqu’un que tu apprendras peut-être à aimer. Sois quelqu’un qui obéit et qui accepte le sort des autres en étant reconnaissant d’être parmi les chanceux qui ont encore un toit où dormir, de la nourriture à manger et une figure d’autorité à adulé de la pointe des pieds au dernier cheveu gris. En surface, ils étaient maintenant tous des automates. Les purges avaient incendiés les cœurs des rebelles, elles les avaient consumés comme un feu de forêt par un été de canicule. Il fallait creuser sous les débris et les cendres pour trouver les vestiges de fervent croyants. Il restait encore des battants, ils étaient ensevelis sous le pouvoir du Capitole. Ils avaient déjà la corde au cou, mis rien ne les arrêtaient. Ils travaillaient dans l’ombre de la dictature. Cette dictature qui envahissait les vies de tous, qui était là à chaque pas vers une destination inconnue, à chaque seconde, chaque décision. Et c’était ce qui effrayait la jeune femme. Partout où elle allait, Snow était là, au travers des pacificateurs, au travers de ses amis, de sa mère, de son père. Il était à chaque coin de rue, à chaque cachette, tapis dans l’ombre à condamner et châtier. Le visage dénué de sourire, elle fixait le vide devant elle, prenant un soin infini à ne pas croiser une seule fois le regard dur de sa mère qui, elle, prenait un soin fou à manger ce repas hautement gastronomique. Moonshine n’arrivait pas à manger. L’estomac était noué, comme s’il savait que si elle avalait quelque chose, elle ne pourrait que le vomir. Tout était trop lourd, même son petit frère. Que se passait-il, pourquoi tout ça ? Pourquoi le choix du silence, pourquoi les murs blancs et la pluie qui tambourinait au rythme de son cœur ?
« Moonshine. » La voix autoritaire de son père détruisit le silence pesant et elle en fut presque reconnaissante. Si elle avait su, pourtant, que ce qui allait suivre allait lui faire l’effet d’un coup de poing au visage, elle n’aurait pas offert ce sourire à ses parents. Sa mère prit la parole, elle qui avait toujours été la tête forte, l’Autorité avec un grand A. « Ton père et moi avons discuté des options qui se présentaient à nous quant à ton futur. » Des mots cousus ensemble pour former une phrase qui aurait mieux fait de n’avoir jamais été prononcée. La mâchoire de l’ainée se serra, elle observa son petit frère et il évita son regard, comme si lui aussi était au courant. Elle n’avait plus d’alliés dans cette pièce. Elle n’avait qu’elle, pauvre Moonshine. Sa mère ne la regardait même pas, trop occupée à s’observer elle=même, fière de ce qu’elle avait concoctée avec son mari pour le futur de leur fille. Celle-ci reprit donc la parole après avoir prit un soin chirurgical à couper ce morceau de viande qu’elle avait maintenant au bout de sa fourchette trop brillante, trop propre. « Nous pensons qu’il serait temps pour toi d’envisager la possibilité d’un mariage, c’est pourquoi nous avons commencé à discuter avec certaines familles dans le but de te trouver un époux digne de se nom. » Le silence s’installa après que les mots presque mécaniques et automatisés de sa mère eurent résonnés dans la salle à manger. Un époux ? Ils voulaient donc la marier ? Elle se sentait comme une poupée de chiffon, de celles avec lesquelles on s’amuse à créer un futur et qu’on finit par oublier quand on la donne à quelqu’un d’autre. Le problème, c’était qu’elle changeait doucement. Elle évoluait, détachée de ses origines, détachée des siens. Ses parents l’observaient, attendant une réaction de sa part, mais elle ne leur donnait rien. Elle ne ressentait qu’un vide si grand qu’elle en avait le vertige. Elle sentait sa lèvre inférieure trembler et elle avait peur. On pu entendre un « non » si faible et cassé entre deux silences et sans trop savoir pourquoi, la jeune femme se leva et quitta la table sans prononcer un mot de plus, muette comme les secondes qui passent. Dans son élan, elle avait prit la peine d’attraper de sa main droite le sac à main qu’elle avait laissé à l’entrée, sans le parapluie. Dehors, le temps ne s’était pas calmé. Le ciel pleurait, car Moonshine n’arrivait pas à le faire. Elle avait grandit. Ses cheveux déteints d’un blond étrange ondulaient sous toute cette eau, sa robe en soie s’imbibait de chaque goûte, sa peau chaude se refroidissait au fil des minutes qu’elle passait là, dehors. Elle ne bougeait pas. Elle observait le ciel sombre. Elle pensait à Thybalt. Comme toujours.
DISTRICT 1 – 21 JUILLET 2313 Il faisait froid dans le petit appartement où Moonshine habitait depuis quelques temps. Dehors, il faisait gris, peut-être allait-il pleuvoir, comme l’autre jour. Quel étrange hasard. Le ciel ressentait les émotions à sa place. Il faisait froid aussi dans son cœur. Pourtant, juillet touchait presqu’à sa fin. Elle était malade, sa dernière excursion sous la pluie avait duré plus longtemps qu’elle l’aurait souhaité. Dans la pièce, il faisait sombre. Cette nuit, elle avait utilisé des somnifères et maintenant qu’elle était éveillée, le temps semblait s’être arrêté. Quel jour étions-nous, se demanda-t-elle, se frottant les yeux par la même occasion. Grelotant, elle se redressa lentement et elle observa le flacon de pilules posé sur sa table de chevet. Dessous celui-ci, un morceau de papier plié, usé. Elle se souvenait. C’était aujourd’hui qu’elle allait le retrouver. Enfin. Un soudain regain d’énergie la submergea et elle se précipita trop rapidement hors du lit, se retrouvant plutôt contre le sol frais de la chambre, les couvertures l’ensevelissant. C’était le stress et la joie qui se mélangeaient et cela lui faisaient presque oublier qu’elle avait une légère fièvre. Au diable le repos, elle allait revoir Thybalt et peut-importe le nombre d’heures qu’elle allait devoir marcher, peut-importe que la pluie finisse par tomber sur tout le district, elle s’y rendrait le cœur plein de vitalité. Les paumes de mains au sol, elle se releva avec force et conviction et, bien que sa tête lui fasse quelque peu mal, elle faisait abstraction de ce détail qui se diluerait sous l’eau froide de cette peut-être averse. Sa fine main attrapa la lettre pour la déplier et y lire ce que Thybalt avait prit soin d’écrire. Il était loin d’où elle habitait. Il était loin de tout, livré seul à lui-même. Elle savait au moins qu’il était toujours vivant, mais allait-il bien ? Elle avait hâte de le revoir, de pouvoir sentir sa présente près d’elle, de pouvoir le serrer contre elle et de tout simplement écouter. L’écouter. Nouer ses doigts aux siens et se sentir libre de ses décisions, d’elle-même. Serrant la lettre contre elle à la manière des jeunes adolescentes bercées de rêves illusoires, elle la déposa près de ses somnifères et elle sortie de sa chambre, la détermination dans les yeux, la fièvre collée à la peau.
Elle était sortie une heure ou deux avant que le ciel ne se mette à grisonner trop pour que le beau temps puisse seulement s’installer. La pluie avait commencé à tomber doucement, douce et légère avant de finalement s’alourdir et inonder le petit chemin de terre qu’elle suivait. Peut-être était-ce la force de la nature qui testait la détermination de la jeune femme. Déjà, ses vêtements étaient trempés et ses cheveux collaient à son visage sans bouger, trop lourds eux aussi pour voler au vent. Contre sa taille, elle sentait la seule arme qu’elle eu jamais eu dans toute sa vie : son bon vieux couteau qui lui avait été offert par son frère, entrainé dans le but d’être un jour choisi aux Hunger Games ou tout simplement de se porter volontaire. Moonshine était le cerveau et ses parents n’avaient pas cru bon d’investir autant d’efforts dans l’apprentissage des arts du combat. Kendrick avait tout de même apprit quelques trucs pour manier cette jolie petite arme et elle s’était révélée être relativement douée, bien que maladroite, comme à son habitude. Chaque jours, elle le traînait sur elle, dans un sac, peut-importe, tant qu’elle l’avait. Se sentir en sécurité était maintenant une nécessité et, bien qu’elle habite au District Un, les temps étaient devenus moins sûrs, bien plus critiques. Elle avait toujours peur, pourtant. Petite Moon était devenue grande, elle était la pleine lune, haute dans le ciel, à son summum. Mais la pleine lune ne durait jamais longtemps, elle finissait par disparaitre et comme elle, la jeune femme s’effaçait. Après les purges, plus rien n’avait été comme avant. Elle avait enfin comprit que la vie des gens à qui elle tenait le plus ne tenait qu’à un fil. Même la sienne. Avançant dans le chemin boueux qui s’enfonçait un peu plus dans la forêt, elle remarqua la noirceur qui s’installait lentement sur la région. Elle devait avancer plus rapidement, ne pas perdre de temps. Ne plus être faible, laisser tout ça derrière et avancer. Déposant un pied devant l’autre, elle fit abstraction de l’eau qui trempait ses chaussures salies. Chaque pas comptait et, sous cette pluie froide, elle en oublia presque que tout son corps brûlait d’une fièvre qui la dévorait un peu plus rapidement. Et alors qu’elle pensait ne jamais arriver à destination, un petit bâtiment délabré se dressa devant elle dans une petite plaine, entre les arbres et les éclaircies de végétation. C’était presque trop beau pour être vrai. S’arrêtant près d’un arbre, elle prit appui sur ce dernier, prenant le temps de prendre de grandes inspirations après cet effort physique étonnement demandant. Frottant ses yeux fatigués avec ses petits poings froids, elle chassa des perles de pluie sur son front et, descendant un peu son pantalon à sa taille, elle en sortie le précieux couteau. Son insouciance maladive avait laissé place à des doutes toujours grandissants. Et si c’était un pièce ? Et si ce n’était pas Thybalt qui se trouvait là, mais quelqu’un d’autre ? L’idée la fit frissonner et elle serra le manche dans sa paume droite avant de reprendre la marche en direction de cette habitation de pierre.
C’est la peur au ventre et la fatigue dans le regard qu’elle poussa la porte en bois et trouva l’endroit dans la pénombre totale. Le silence régnait comme il avait régné lors de son dernier repas familial. Il était pourtant pour inquiétant. Ses doigts semblaient d’un blanc étonnant, phénomène dû à la force avec laquelle elle serrait la paume de son couteau, empêchant pratiquement la circulation de son sang. Où était Thybalt ? Elle voulait le voir, elle voulait savoir qu’il était là. Elle voulait se sentir en sécurité et non en danger. Le bois du plafond craqua en haut de sa tête et elle se retourna rapidement vers le fond de la pièce pour essayer de distinguer quelqu’un, une présence, un signe de vie. Rien, que le silence pesant et stressant qui lui indiquait que celui qu’elle voulait voir n’était pas là. Sa mâchoire se serra et elle décida de faire une ronde dans ce petit endroit, juste au cas. Parce qu’au fond d’elle vivait encore cet espoir que tout puisse bien se terminer, que plus rien ne leur fasse de mal. Ses chaussures pleines d’eau de pluie qui claquaient sur le sol et faisaient grincer les planches de bois, seul bruit ambiant, mis à part ces goûtes d’eau tombant sur le toit de cette maison. Il n’y avait personne dans les autres pièces. Il n’y avait qu’elle et le fantôme des anciens habitants de cet endroit. Elle et le silence. C’était bête, avoir fait tout ce chemin pour de douces illusions. Très, très bête. Maintenant qu’elle savait que plus rien ne la retenait ici, elle voulait partir sur le champ. Se dirigeant à nouveau vers l’entrée, elle s’apprêtait à saisir la poignée de la porte quand un fracas se fit entendre. Un léger cri de stupeur résonna dans la pièce et elle se retourna pour voir quoi ou qui avait pu faire cela. Et la peur qui lui tenaillait les entrailles à l’idée que ce soit là un piège faisait battre son cœur à une vitesse folle. Pourtant, en face d’elle, il y avait cette personne qu’elle avait tant attendue, cette personne pour qui elle avait marché des kilomètres sous la pluie simplement pour le revoir. Thybalt. C’était trop beau pour être vrai, trop stupéfiant. Elle ne pouvait trouver les mots justes pour décrire ce qu’elle ressentait, elle n’aurait pu écrire cet évènement sur un papier dans le futur parce qu’elle ne savait pas comment l’expliquer, comment définir cet instant à la perfection. Dans sa poitrine, son cœur fit un raté. Le voir en chair et en os devant elle la soulageait tellement qu’elle ne pu faire ce qu’elle faisait le mieux : pleurer. Moonshine était là, couteau à la main, droite comme un piquet et trempée, pleurant à chaudes larmes alors que l’homme ne bougeait toujours pas. Comme d’un commun accord, pourtant, elle cru qu’ils s’avancèrent en même temps pour s’étreindre si fortement qu’elle en eu le souffle coupé. Elle avait laissé tomber le couteau sur le sol et elle ne serrait de ses petites mains que les épaules du rebelle. « Tu est en vie. » En vie, mais mal en point. Il avait maigri, il avait les traits soulignés, durs, comme si la mort le suivait à chaque jour de sa vie, mais il était en vie.
S’éloignant un peu de lui, elle posa sa main sur son visage et caressa sa joue tendrement avant de se hisser à la pointe des pieds pour venir déposer ses lèvres sur les siennes. Il lui avait manqué comme la lune manquait au soleil, comme la neige manquait à l’hiver. Lorsqu’elle rompit le baiser, ce fut pour fouiller dans la poche intérieur du mince manteau qu’elle portait et y sortir une petite miche de pain encore dans son emballage de papier. Il devait avoir si faim qu’elle lui tendit rapidement. « C’est pour toi… » À ce moment précis, elle avait décidé que la nourriture était bien plus importante que les baisers et les caresses. Elle voulait le savoir en santé, véritablement vivant. Elle voulait retrouver ce Thybalt d’autrefois. Moonshine prit tout de même le soin de nouer ses doigts aux siens après qu’il eu accepté cette maigre collation. Elle avait peur qu’il parte.
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| | | Thybalt M. Homens △ correspondances : 8988 △ points : 29 △ multicomptes : raven, gwendal, eurydice (denahi) △ à Panem depuis le : 22/12/2011 △ humeur : désabusé △ âge du personnage : trente quatre ans △ occupation : médecin de campagne ~ bras droit du chef des rebelles
| Sujet: Re: MOONBALT ➺ i don't need to be a hero tonight. Lun 23 Déc - 22:28 | |
| Il y avait pensé. Il y avait tellement pensé, là-bas, dans sa prison, quand plus rien d’autre ne comptait que les douces illusions dont il se berçait pour oublier. Oublier qu’il avait peur, oublier qu’il avait froid, oublier qu’il avait mal. Oublier qu’il ne reverrait probablement jamais la lumière du jour et qu’il mourrait là, sans que personne ne le sache, et sans que personne ne tente quoi que ce soit pour l’en empêcher. Qui était-il au juste, de toute façon, pour que qui ce soit prenne le moindre risque pour tenter de le sauver, lui, le rebelle de carton pâte qui n’avait jamais rien accompli, le piètre héritier d’un homme dont les convictions dépassaient de loin les épaules bien trop frêles de celui sur qui elles reposaient désormais. Alors il avait pensé à Moon. Souvent, bien trop sans doute, comme on pensait à un bonheur perdu qui faisait autant de mal que de bien, mais dont on ne savait pas se passer. Il avait pensé au son de sa voix tandis qu’elle s’emballait sur le district un, la liberté ses parents et toutes ces choses dont elle n’avait pas le droit de parler lorsqu’elle était chez elle, à la légèreté de son rire quand il lui disait qu’elle était jolie mais qu’elle ne le croyait qu’à demi-mot, à la façon dont le soleil se reflétait sur sa peau lorsqu’il filtrait par la fenêtre de sa chambre au petit matin. Il y pensait pour s’évader, pour que son esprit à défaut de sa carcasse soit ailleurs que dans cette pièce sordide, et pour que quelque part au moins, même si c’était simplement dans un coin de sa tête, il puisse revoir Moon et faire ce qu’il n’avait pas eu le courage de faire lorsqu’il en avait encore l’occasion. Il y pensait aussi pour ne pas penser à Heidi, parce que cela faisait trop mal. Parce qu’Heidi était morte, et qu’à chaque fois qu’il laissait cette simple phrase envahir son esprit il avait envie de mourir pour de bon, et que ça son instinct de survie lui interdisait encore de le faire, malgré tout. Malgré que ce soit l’issue inévitable, malgré qu’il en ait envie, quelque part. Parce que mourir tout seul dans cette cellule c’était préférable à celle qu’ils lui réservaient, avec les autres sur la place de l’hôtel de ville ; Comme Andy. Thybalt ne s’était jamais promis beaucoup de choses mais il s’était promis de ne jamais mourir de cette façon, de ne jamais terminer comme son ancien ami. Et même à cela il avait échoué. Au moins Heidi ne serait pas là pour y assister, au moins elle ne revivrait pas cela une seconde fois. Puisqu’elle ne vivait plus, du tout.
Pourquoi, comment était-il là, comment était-il seulement vivant, il n'en savait rien, finalement. Il savait que ce n'était pas par courage en tout cas, il savait que quand on souhaitait mourir comme lui l'avait souhaité du courage on n'en avait pas beaucoup. Et ce n'était pas non plus courageux d'avoir accepté la perche tendue par ce pacificateur qui devait aujourd'hui le regretter, peut-être ; Parce que cela n'avait rien à voir avec du courage ou de la volonté. Ce n'était rien d'autre que de l'instinct de survie. Et c'était justement ça, il survivait, simplement. Il ne vivait plus, plus vraiment, parce que vivre c'était avoir un but dans la vie, même lointain, même impossible, et que Thybalt lui n'en avait plus aucun. Faire en sorte que ça compte, une promesse qu'il n'avait pas tenu. Prendre soin d'Heidi, et de Luna, une autre promesse jetée aux orties. Et que dire de celle faite à Moon, celle de faire attention, celle d'être prudent ... tellement que sans son intervention à elle son sang aurait coulé sur le parvis de l'hôtel de ville avec celui des autres rebelles du cinq qui n'avaient pas eu de chance, abattus comme des animaux, parce que c'était toute l'estime que le gouvernement avait de ceux qui refusaient de fermer les yeux. Il devait sa vie à Moon désormais, et il en serait toujours ainsi aussi longtemps qu'il vivrait ... et pourtant c'était elle qui ce jour-là, face à lui, se tenait tremblante et murmurant « Tu es en vie. » comme si elle ne savait pas. Comme si elle ignorait que cela le rebelle ne le devait qu'à elle et à elle seule, que sans ça il n'y aurait eu personne pour le sortir de la fin misérable à laquelle il était destiné. Celle à laquelle se destinait chaque rebelle qui décidait de ne plus se contenter de penser sa colère en la gardant pour lui, lui avait un jour dit Andy sans se douter alors que sa propre fin était proche.
Elle ressemblait à un mirage. Là, dans l'encablure de la porte, à peine plus réelle que les gouttes d'eau qui tombaient du ciel et qui les avaient trempés tous les deux jusqu'aux os, sans que jamais Thybalt n'y prête vraiment attention. Il ne prêtait plus vraiment attention à rien de toute façon, il laissait son instinct le guider, juste assez pour lui permettre de ne pas mourir bêtement maintenant qu'il était libre. Mais il lui prêtait attention à elle, à elle qui le regardait comme personne d'autre ne le regardait jamais, à elle qui le regardait depuis l'autre bout de la pièce et qui la seconde suivante se tenait contre lui, si près que la sensation coupait presque le souffle du jeune homme. « Grâce à qui. » C'était un murmure plus qu'une véritable réponse, peut-être parce qu'après tant de semaines à vagabonder seul il avait perdu l'habitude d'utiliser sa voix pour former de vraies phrases. Ou peut-être simplement que l'émotion le prenait trop à la gorge pour qu'il se sente capable de parler, parce que jamais encore il ne s'était senti à parts égales si désemparé et si soulagé. Il n'y croyait pas, ou plutôt il n'y croyait plus, s'étant finalement persuadé qu'elle ne viendrait pas et que c'était mieux ainsi, que c'était plus prudent, que c'était préférable. Préférable ; Un mot qui n'avait plus le moindre sens tandis qu'il enfouissait son visage dans le cou de la jeune femme, presque pour s'y cacher, et pour empêcher à ses yeux de lui faire l'affront de verser des larmes à nouveau. Pourtant Moon pleurait elle aussi, et pour cela aussi Thybalt avait envie de la serrer si fort qu'elle croirait un instant que tout irait bien et qu'il n'y avait plus de raison de verser la moindre larme. Si seulement. Il aurait pu rester là une éternité, contre elle, à se persuader que plus rien d'autre n'existait, mais pourtant elle avait fini par se reculer et bien malgré lui il avait été obligé de relâcher son étreinte, avec cette impression qu'on lui retirait ce qui l'empêchait de sombrer à nouveau. Le baiser qu'ils échangèrent alors avait l'effet d'une bouffée d'oxygène, un plaisir simple auquel on avait fini par penser comme on pensait à un vieux souvenir, jauni et patiné par le temps, et qu'on retrouvait alors plus réel et plus envoûtant.
Mais là aussi elle avait fini par se reculer, Thybalt devant se retenir au dernier moment de ne pas protester, de ne pas l'attirer à nouveau contre lui pour l'embrasser comme si plus rien d'autre ne comptait. Plus rien d'autre ne comptait de toute façon, à cet instant, ou du moins Thybalt aimait-il le penser. « C’est pour toi … » En l'entendant murmurer seulement avait-il baissé les yeux pour regarder ce qu'elle tenait entre ses doigts, et malgré lui c'est avec difficultés qu'il avait dégluti, tentant de ne pas penser au fait qu'il avait faim. A quand remontait la dernière fois qu'il avait mangé autre chose que des baies ou des fruits sauvages, voir même des racines quand il ne trouvait pas mieux ? Il n'était pas un chasseur, attraper ne serait-ce qu'un lapin ou un furet lui demandait plus de temps qu'il n'en avait à dépenser, sans compter les jours où il se sentait trop faible physiquement pour faire plus que chercher des fruits dans les buissons les plus bas. Ses doigts s'étaient resserrés autour du manche de son couteau ; S'il s'était écouté il aurait lâché l'arme pour se jeter sur la miche de pain, comme un animal affamé, mais il s'en voulait de renvoyer une telle image à la jeune femme. Il ne voulait pas qu'elle le prenne pour un sauvage, qu'elle le voit comme un désespéré ou un vagabond crasseux et affamé ... Pourtant c'était ce qu'il était devenu. « Merci … » parvint-il tout de même à murmurer en déglutissant doucement, tout en récupérant la nourriture des mains de Moon tout en essayant de ne pas être trop brusque, malgré l'envie qu'il avait de l'engloutir directement sans demander son reste. Il ne pouvait pas, c'était bien trop rare pour être avalé de cette façon, il fallait qu'il la garde pour plus tard. Pour quand il aurait plus faim que maintenant ; Après tout il avait mangé des mûres il y avait à peine deux ou trois heures. Lentement il avait donc rangé le pain dans sa poche, fermant un instant les yeux tandis qu'il saisissait les mains de Moon dans les siennes. Il avait tellement utilisé son imagination pour l'imaginer près de lui ces derniers mois, qu'il avait du mal à réaliser maintenant qu'elle était réellement là, et qu'il ne s'agissait pas simplement d'un mauvais tour que lui jouait son esprit.
Il ne savait même pas comment à nouveau son visage était venu s'enfouir contre l'épaule de la jeune femme, il ne s'en était même pas rendu compte. D'ordinaire cela avait toujours marché dans l'autre sens, c'était toujours elle qui s'inquiétait et lui qui la rassurait, pour des broutilles comme pour des choses plus importantes, et aujourd'hui pourtant c'était lui qui avait besoin d'être rassuré, lui qui à force de ne fonctionner qu'à la peur ne parvenait tout simplement plus à s'en défaire. Ses bras se resserrant autour d'elle comme ceux d'un enfant se resserreraient autour d'une peluche pour se rassurer en pleine nuit, ce n'est que là qu'il l'avait sentie frissonner, ses vêtements trempés, ses cheveux dégoulinant le long de sa peau et la chair de poule parcourant ses bras, et instinctivement il s'était mis à frotter la paume de ses mains contre la peau de la jeune femme pour tenter de la réchauffer tout en murmurant « Tu es complètement folle d'être venue par un temps pareil, tu vas attraper la mort. » La mort. C'était tellement ironique, quand on savait que la mort, la vraie, rodait partout dans Panem depuis ces derniers mois. Ramassant le couteau qu'elle avait laissé tomber au sol un peu plus tôt il le lui avait rendu - il était on ne peut plus soulagé de savoir qu'elle prenait ce genre de précautions, même si l'idée que sa douce Moon puisse se servir de ce genre d'objet pour autre chose que couper la viande qui était dans son assiette lui donnait la chair de poule - et regardant autour de lui comme s'il craignait soudainement qu'ils ne soient observés il avait fini par ajouter « Viens, on sera plus tranquilles là-haut. » Plus tranquilles, et surtout plus en sécurité. Depuis qu'il était ici c'était la hantise de Thybalt, que quelqu'un vienne fouiner dans cette vieille bâtisse et ne le découvre caché au grenier ; Quelqu'un de trop zélé ou d'assez mal intentionné pour le dénoncer aux autorités, ou pour faire justice lui-même en l'abattant comme un vulgaire gibier. Grimpant à nouveau sur la commode qui lui servait de marche-pied, il avait ouvert en grand la trappe par laquelle il était descendu, s'y hissant non sans mal et sans laisser échapper un grognement de douleur tandis que le bois venait frapper contre ses côtes encore douloureuses, puis une fois en haut il avait tendu les mains vers la jeune femme pour l'aider à monter à son tour. A l'étage la lumière était faible, plus encore qu'en bas, et cette fois-ci il s'était décidé à récupérer le reste de bougie qu'il gardait dans un coin et avait fait craquer une allumette. A peine de quoi distinguer les traits de Moon autrement qu'en les devinant ; Trop peu pour qu'elle ne devine véritablement à quel point ces derniers mots l'avaient usé et changé physiquement. Vieillis aussi, sans doute, mais la révolte les avait tous fait vieillir un peu, au fond.
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| | | Moonshine I. Park △ correspondances : 2260 △ points : 0 △ à Panem depuis le : 30/05/2012 △ humeur : ۞ idéaliste △ âge du personnage : ۞ vingt-quatre ans △ occupation : ۞ vendeuse de bijoux
| Sujet: Re: MOONBALT ➺ i don't need to be a hero tonight. Mar 4 Mar - 6:01 | |
| Sa peau trop brûlante de fièvre semblait faire perler les goûtes de pluie qui se heurtaient à son visage tordu par le sentiment de détermination qui s’était emparé de son esprit lorsqu’elle avait franchie les longs et pénibles kilomètres qui l’avait séparés de Thybalt. Elle y était arrivée avec pour seule pensée le moment où elle pourrait enfin le revoir, le serrer entre ses bras et le couvrir de baisers. C’était un moment qu’elle avait attendu depuis pratiquement un an. Elle l’avait souhaité si souvent, elle l’avait tellement rêvé qu’il lui semblait encore improbable qu’elle puisse le retrouver dans cette vieille maison usée par le temps, par les intempéries, par les rayons du soleil, la froideur de la neige et le fracas des gouttelettes d’eau qui peuplaient les quatre saisons. Elle avait souvent eu peur de ne plus jamais avoir des nouvelles du rebelle et son cœur s’était lui-même meurtrit. Par protection, par réflexe. Comme ça, elle serait préparée dans l’éventualité où seuls les souvenirs de l’homme puissent vivre dans son esprit et que jamais elle ne le revoit. L’espoir de Moonshine s’était fané comme les pétales d’une fleur privée d’eau et de soleil. Autrefois, cela faisait sourire les gens, l’idée qu’une jeune femme puisse encore être optimiste dans un monde où l’injustice faisait rage et divisait l’Homme. Maintenant, elle n’avait plus que le goût amer d’un faux sourire à ses lèvres lorsque venait le temps de jouer la comédie pour les yeux des gens près d’elle. Il lui manquait quelque chose, comme si, en quittant le district cinq, elle avait perdu son âme trop pure. Comme si elle avait laissé tout cela en suspend. Il était évident qu’elle ne pouvait pas rester la même personne qu’elle était un an plus tôt; son petit frère participait activement à la cause des rebelles, Thybalt risquait sa vie à chaque instant, ses parents s’amusaient encore à choisir sa vie future. Elle ne savait plus où donner de la tête, elle avait l’esprit embrumé par ces pensées qui ne semblaient jamais s’éteindre. La vérité, c’était qu’il restait une mince empreinte d’espoir dans son cœur. La jeune femme avait avancée sous la pluie froide de juillet pour revoir un l’homme qui peuplait ses rêves et ses cauchemars alors que la lettre n’aurait pu s’agir que d’un piège stupide pour capturer une supposée rebelle de pacotille. Mais dès qu’elle avait eu le papier entre les mains, elle avait su que rien n’allait pouvoir l’arrêter.
Et, ô, comme elle avait eu raison d’avoir fait ces quatre heures de marche pénibles pour se rendre dans les montagnes, loin des regards, loin de la civilisation. Il se tenait là, devant elle, mal en point, les traits trop définit, la fatigue dans le regard, les instincts le gardant en vie. Moon avait la gorge nouée, elle sentait un poing dans sa cage thoracique. Le voir dans un si mauvais état la chamboulait et il était inévitable que la vue de son corps faible marquait déjà sa mémoire. Elle n’oublierait jamais cette image, elle n’oublierait jamais toutes les épreuves que l’homme avait dû traverser pour se tenir devant elle, encore en un seul morceau, bien qu’affaiblie par la rareté de la nourriture, du sommeil et du calme. Elle avait d’abord cru à un mauvais tour de son imagination, lorsqu’elle l’avait vu devant elle, mais bien vite, la réalité l’avait happée et elle n’avait pu se retenir plus longtemps. Elle avait senti les larmes au coin de ses yeux, elle les avait senties couler le long de ses joues et sans attendre plus longtemps, elle s’était précipitée vers le trentenaire pour le serrer dans ses bras frêles de jeune femme. Elle ne lui avait murmuré que quelques mots, pourtant, c’était bien assez, c’était tout ce qu’elle avait pu dire. Il était en vie, elle pouvait sentir son souffle chaud contre sa peau, ses bras encore forts la serrant contre son corps amaigri. « Grâce à qui. », avait-il renchérit, en un murmure qui se mêla au son de la pluie se fracassant sur le toit de cette ancienne maison décrépit. Leur étreinte coupait le souffle de Moonshine alors que le temps semblait s’être arrêté après ces retrouvailles. Elle ressentait un soulagement énorme de le savoir vivant, elle ressentait de la tristesse pour tout ce qu’il avait dû endurer, elle ressentait une certaine honte de n’avoir pratiquement pu rien faire pour l’aider dans les moments difficiles. Les paroles de l’homme semblaient se répéter dans sa tête, comme pour lui rappeler qu’elle n’avait pas été inutile, qu’au fond, elle avait joué un rôle dans la survie de Thybalt. Qu’il était avec elle aujourd’hui grâce à des paroles échangées avec Envy, en novembre dernier, lorsqu’elle avait doucement évoqué l’identité de l’être qui lui était si cher à ses yeux. Elle n’avait voulu que bien faire en demandant à celui qui était comme un grand frère qu’il puisse jeter un coup d’œil au rebelle, si jamais il entendait des ouï-dire sur ce dernier. La jeune vendeuse n’était donc pas inutile et elle sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Relevant son visage appuyé contre le torse de l’homme, elle croisa son regard une fraction de seconde et elle ne pu se retenir plus longtemps, plaquant ses lèvres contre les siennes pour graver ce moment sur la ligne du temps, pour que plus rien ne les sépare.
Pourtant, alors qu’ils échangeaient ce baiser remplis de souvenirs, elle sentit la miche de pain dans la poche de sa veste noire et cela la ramena à la difficile réalité du ventre probablement vide de celui qu’elle aimait. Avec un immense regret, elle s’éloigna doucement de lui et, un air piteux au visage, elle sortie l’aliment pour lui tendre. Son geste était lent et son regard, teinté d’une fine tristesse pendant qu’elle articulait des mots pour former la phrase qui suivit ce geste. Thybalt observait cet encas avec tant d’envie, bien qu’elle voyait à quel point il luttait pour ne pas se précipiter sur la miche tiède. Le pauvre rebelle était affamé et Moonshine se sentait si mal qu’elle ne pu l’observer, préférant river son regard amande sur le sol, la main encore tendue. Elle se sentait mal d’avoir tout ce dont elle avait besoin chez elle. Elle se sentait mal de vivre dans le luxe, de vendre les belles choses alors que certaines personnes mourraient de faim, de faiblesse, de maladie, de folie. À ce moment précis, elle aurait voulu tout offrir à Thybalt, elle aurait préféré échanger de place. Elle aurait souhaité qu’il ai tout et qu’elle n’aie plus rien, pour qu’il se sente en sécurité. « Merci … » La voix faible de l’homme s’éleva dans ce silence et elle sentit sa main redevenir légère quand il prit la nourriture. Elle n’osa toujours pas croiser son regard, de peur de le voir lutter pour garder ce morceau de pain pour plus tard. Elle se sentait trop choyée par la vie. Naturellement, sentant le vide grandir en elle, elle alla nouer ses doigts aux siens et un léger frisson la parcourut: il y avait toujours ce petit quelque chose qui faisait comprendre à Moonshine que Thybalt était un encrage, qu’une simple caresse arrivait à la rendre toute chose. Elle se sentait plus vivante que jamais avec lui, elle se sentait complète et étrangement calme, bien que son cœur soit encore lourd des pensées qui lui traversaient l’esprit en ce moment. De nouveau ils finirent par se rapprocher, réduisant l’espace entre eux, Moon rassurant le rebelle par sa présence. La situation était étrange, puisqu’à l’habitude, c’était le contraire de ce qui se produisait. Elle pensait rester la jeune gamine effrayée à tout jamais, mais elle était là, debout, serrant tendrement l’homme dans ses bras, comme une présence apaisante, comme une pause dans toute cette détresse et ce malheur qui l’envahissait à chaque seconde de sa vie. Elle aurait souhaité que tout se règle pour lui, qu’il puisse retrouver ce sourire en coin qu’il affichait tous les jours lorsqu’elle était avec lui.
Pendant de longues minutes elle oublia à quel point elle était trempée, à quel point elle avait froid. Elle se souvenu de sa légère fièvre avant de partir de son cocon douillet, de ce mal qu’elle avait attrapé une semaine plus tôt, comme un mauvais présage lancé sur sa personne pour avoir osé quitter la table de ses parents après l’annonce d’un possible mariage arrangé. Fronçant les sourcils, elle sentit son corps se crisper, un nouveau frisson parcourant son dos la gagnant alors que ses mains étaient doucement enfouies dans les cheveux de Thybalt. « Tu es complètement folle d'être venue par un temps pareil, tu vas attraper la mort. » Elle avait souhaité de toutes ses forces qu’il ne remarque pas, qu’il ne fasse pas attention à son état, pour une fois. Elle aurait préférée qu’il pense avant tout à lui et qu’il taise les mots qu’il avait prononcés. Instinctivement, Moonshine secoua la tête en signe de négation alors qu’il s’éloignait d’elle pour ramasser le couteau qu’elle avait laissé tomber au sol quelques minutes plus tôt. Elle n’était pas folle. Elle avait sentit l’espoir revivre dans son cœur à l’idée de le revoir et elle avait fait abstraction de tous les facteurs pouvant lui être à son désavantage. Et elle était ici, avec lui, c’était bien l’important, c’était ce qui lui faisait oublier ses pieds pataugeant dans ses bottes remplies d’eau et son front légèrement brûlant. « Je préfère attraper la mort que de ne pas avoir prit la chance qui s’offrait à moi pour te revoir. » Saisissant son arme entre ses petits doigts, elle la replaça à sa taille frêle et elle jeta un regard presque dur au rebelle, pour qu’il réalise que ses paroles étaient vraies, que de son état elle se souciait peu, qu’elle le privilégiait avant tout. Observant elle aussi la pièce vide et sombre, elle partageait en silence la crainte tue de Thybalt. « Viens, on sera plus tranquilles là-haut. » Oui, tranquilles… Elle ne voulait pas risquer qu’on puisse découvrir l’endroit où ils étaient et, bien qu’elle avait prit toutes les précautions du monde, un sentiment d’inquiétude se fit sentir à nouveau quand elle pensa que, peut-être, on avait pu la suivre. Non, elle avait été prudente, elle en était sûre. Suivant du regard la silhouette amaigrie qui grimpa sur une commode en bois, elle fit quelques pas vers cette direction et elle l’observa disparaitre au grenier. Plus jeune, elle n’avait jamais été une grande aventurière, mais il y avait bien quelque chose qu’elle avait toujours aimé faire : monter aux arbres. Elle était agile et bien qu’étant de petite taille, elle arrivait toujours à escalader les plus imposants feuillus et conifères du district. Du haut du meuble, elle tendit les mains vers le trou au plafond et elle s’agrippa d’abord aux rebords, non sans grimacer au contact du bois rugueux qui sembla lui trouer la peau des mains. Le rebelle l’aida à monter et après un effort physique étrangement pénible, elle réussit à poser ses genoux sur les lattes de bois du grenier, quelque peu épuisée. Elle était en santé, mais dépourvue de masse musculaire quelconque, la jeune femme semblait faible et trop fragile pour effectuer quoi que ce soit qui lui demandait d’user de sa petite réserve de force. Pourtant, cette petite épreuve fut vite oubliée lorsqu’elle réalisa que l’endroit était plongé dans la pénombre totale.
Elle ne discernait pas où était Thybalt avant que ce dernier n’allume une bougie, ou, du moins, ce qu’il en restait. Piteuse, elle prit un instant pour se rappeler de son manque d’intelligence; elle aurait pu lui apporter différents biens qui lui auraient été utiles dans le futur. Des chandelles, par-exemple. Il aurait alors pu profiter plus souvent d’une légère source de lumière et de chaleur et il n’aurait pas eu à craindre de brûler trop rapidement la dernière qu’il lui restait et qu’il venait d’allumer simplement pour qu’ils puissent distinguer leurs traits. Lui qui semblait si changé, si vieillit, si ravagé par l’instinct de survie qui s’était lentement installé au fil des jours qui avaient passés. Elle qui avait mûrit, qui n’était plus aussi naïve, qui se déplaçait maintenant couteau à la taille pour ne jamais risquer sa vie. Ils avaient changés, mais le lien qu’ils avaient créés à deux et qui les reliait à jamais semblait être resté le même, intact, présent. Assise au sol, elle plongea son regard dans celui de l’homme blessé par les épreuves de la vie et elle chercha à nouveau ses mains, la lèvre inférieure tremblante, sans pour autant verser de larmes, car elle n’était plus cette gamine trop sensible qui débordait d’émotions qui chamboulaient son quotidien. Maintenant, elle se contrôlait, elle gardait tout enfoui pour ne jamais paraître faible, idiote, enfant. Elle replaça quelques mèches de ses longs cheveux qui lui cachaient la vue derrière son oreille et elle porta les mains meurtries de Thybalt près de son visage, déposant de légers baisers sur les blessures qui semblaient cicatriser rapidement. Elle aurait voulu couvrir son corps de baisers, elle aurait voulu lui redonner toute la vitalité qu’il avait quand ils s’étaient connus. « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Une façon de demander de lui raconter tout depuis le début, une question laissée en suspend, de peur qu’il n’ose pas répondre, qu’il ne veuille tout simplement pas partager les brides de ses malheurs avec elle. Et bien qu’elle puisse comprendre qu’il n’ai aucune envie de parler de tout cela, elle ressentirait une certaine tristesse s’il ne prononçait pas au moins quelques mots sur cette vie de fugitif qu’il vivait. « Je suis tellement désolée… » Désolée pour tout ce qu’il avait enduré, bien qu’elle ne sache pas les épreuves qu’il avait dû vivre, bien qu’elle ne sache rien de ce qu’il avait pu lui arriver. Elle s’excusait de mener une vie trop sûre, de se sentir heureuse quelques fois alors que lui devait ne ressentir que la peur. Elle s’excusait pour les fautes et les erreurs de tous, parce qu’il fallait bien que quelqu’un le fasse et elle prenait donc cette responsabilité-là. Il semblait qu'elle portait le poids du monde sur ses petites épaules et qu'elle ressentait l'obligation de demander pardon pour l'erreur humaine. Ainsi était faite Moonshine.
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| | | Thybalt M. Homens △ correspondances : 8988 △ points : 29 △ multicomptes : raven, gwendal, eurydice (denahi) △ à Panem depuis le : 22/12/2011 △ humeur : désabusé △ âge du personnage : trente quatre ans △ occupation : médecin de campagne ~ bras droit du chef des rebelles
| Sujet: Re: MOONBALT ➺ i don't need to be a hero tonight. Jeu 29 Mai - 0:35 | |
| Il n'y avait qu'elle. Qui comptait, qui existait, il n'y avait plus que Moon qui occupait les pensées du rebelle, et il ne savait plus vraiment si c'était un mal ou un bien. Il avait arrêté de se poser ce genre de questions de toute façon. Ce qu'il savait en tout cas c'était que sans qu'elle n'en ai à un seul moment conscience Moonshine avait été la bouée de sauvetage qui l'avait empêché de sombrer, et de se noyer dans les méandres de la folie et de l'abandon, ces deux venins sournois lui ayant collé à la peau durant sa captivité. Et même après, une fois dehors et livré à lui-même ; Il n'y avait pas meilleur ennemi que cette association, surtout pour lui que la solitude avait toujours terrorisé. Aujourd'hui elle était sa grande alliée, il était seul la plupart du temps, il préférait. Il ne savait pas vraiment où il allait, il ne courrait après rien, pas plus qu'il n'espérait quoi que ce soit … Il fuyait, tout simplement, et pour cela il n'y avait nul besoin d'être deux. Revoir Moon était un objectif certes, un objectif qu'il s'était fixé à peine dehors et même pas encore remis de sa captivité, la perspective de revoir la jeune femme comme seule motivation à sa guérison, mais tout cela ne durerait pas. Thybalt n'était pas naïf, il savait bien qu'il ne pourrait pas rester au district un éternellement, pas même trop longtemps car l'endroit était bien trop surveillé. Il était là pour la jeune femme, pour la revoir, parce qu'il en avait besoin pour se rassurer, besoin de voir de ses propres yeux qu'elle allait bien, besoin d'entendre sa voix, de sentir son odeur, sa peau contre la sienne comme pour soigner ses plaies intérieures ... Mais rien de tout cela ne durerait. Et les adieux cette fois-ci seraient encore plus douloureux pour lui que la fois passée puisqu'il n'était plus en mesure désormais d'espérer avoir une occasion future de la revoir. Il n'y avait plus de futur, la période et les récents événements empêchaient ne serait-ce que d'évoquer cette idée. Alors ce n'est pas qu'une expression, quand Thybalt se perd à la regarder comme s'il s'agissait de la dernière fois ; Peut-être que c'est vraiment la dernière fois. La dernière fois qu'il la regarde, la dernière fois qu'il tient sa main dans la sienne, la dernière fois qu'il l'embrasse ou qu'il la sert contre lui. C'était bien le pire dans cette révolte, ceux qu'elle n'avait pas tué elle les avait rendus défaitistes, et des rebelles qui se battaient encore en croyant vraiment que les choses changeraient et que les lendemains seraient meilleurs étaient devenus rares. Thybalt ne faisait pas partie de cette minorité.
Mais il n'avait pas envie de gâcher ce moment avec ses sombres pensées, même s'il ne s'agissait que de se voiler la face il avait envie d'oublier au moins un instant ce qui se passait au dehors, et de profiter simplement de la présence de Moon. Il s'était répété tellement amèrement qu'elle ne viendrait finalement pas qu'il avait du mal à réaliser qu'elle était vraiment devant lui. Il s'était même méfié au début, des hallucinations il en avait déjà eu après tout, on n'imaginait pas ce qui pouvait se passer dans la tête de quelqu'un qui avait à ce point perdu pied avec la réalité. Mais la jeune femme était bel et bien là, c'était trop réel pour être dans sa tête … Pas vrai ? Aussi réel que la miche de pain qu'elle avait sortie d'une de ses poches et qui avait, d'un seul coup, rappeler à Thybalt qu'il y avait une éternité qu'il n'avait pas mangé quelque chose qui ne pousse pas dans la terre ou sur un arbre. Il avait faim, mais c'était maintenant une sensation à laquelle il était habitué et il en connaissait les différents niveaux ; Pour l'instant il n'avait pas assez faim pour manger ce pain, il pouvait encore attendre. Et surtout il n'avait aucune envie de gâcher ses retrouvailles avec Moon par quelque chose d'aussi trivial que de la nourriture, même si la partie de lui la plus raisonnable aurait préféré qu'elle ne vienne pas, quitte à provoquer la douleur et l'amertume de l'autre partie de lui. Celle qui n'était pas raisonnable et rêvait de retrouver Moon pratiquement depuis cette soirée d'août où il l'avait vue pour la dernière fois. « Je préfère attraper la mort que de ne pas avoir pris la chance qui s'offrait à moi de pouvoir te revoir. » Il avait esquissé un sourire, presque malgré lui, parce qu'il reconnaissait bien là la Moon entêtée de ses souvenirs. Machinalement il avait attrapé sa main et l'avait portée à ses lèvres pour y déposer un baiser. Elle était folle d'être venue, c'était dangereux et s'il lui était arrivé quelque chose sur le chemin il ne se le serait probablement jamais pardonné … Parce qu'il ne lui restait plus qu'elle, au fond. Moonshine était tout ce qui restait au rebelle désormais. Et pour cette raison et paradoxalement il était aussi heureux qu'elle soit venue. Elle ne s'imaginait sans doute pas ce que cela signifiait à ses yeux, c'était la première fois depuis des mois qu'il revoyait un visage rassurant.
Le plus rassurant de tous à vrai dire, et pour cette raison il n'avait pas envie que ce moment soit écourté par un imprévu où l'arrivée de quelqu'un ou de quelques chose, aussi lui avait-il proposer de monter au grenier, à l'abri. C'était un peu naïf que de penser que grimper là-haut les protégerait, parce qu'après tout s'ils y montaient sans aucun mal n'importe qui pourrait en faire de même pour les débusquer, mais la bâtisse semblait abandonnée depuis tellement de temps que Thybalt pensait presque inexistantes les chances que quelqu'un passe par là et décide justement de venir explorer l'intérieur, particulièrement ce grenier vide et poussiéreux. « Attention à toi. » avait-il murmuré en l'aidant à monter, bloquant sa respiration pour tenter de minimiser la douleur dans sa cage thoracique tant que Moon s'accrochait toujours à lui. Il avait refermé derrière elle, vérifiant que la trappe était bien calée avant de craquer une de ses dernières allumettes pour éclairer la bougie qu'il lui restait encore et distinguer à nouveau un minimum les traits de la jeune femme. La lumière tamisée de la flamme donnait à Moonshine un air grave … A moins que ce ne soit véritablement l'air qu'elle avait en le regardant, et à cette pensée Thybalt avait détourné les yeux, presque honteux de l'état pitoyable dans lequel il était. Ils avaient fini par s'asseoir sur la paille, Thybalt tendant le bras vers le sac de couchage roulé dans un coin pour le déplier et le tendre à la jeune femme ; A défaut de pouvoir se sécher elle aurait un peu plus chaud. Frottant ses mains l'une contre l'autre, machinalement, le rebelle avait sursauté légèrement en sentant les mains de Moon glisser contre ses joues et enfin il s'était décidé à relever les yeux vers elle, la faible lueur de la flamme dansant devant ses iris et la chair de poule lui parcourant les bras. « Qu'est-ce qui s'est passé ? » Il avait détourné les yeux à nouveau, sa joue appuyant contre la main de la jeune femme tandis que ses paupières se fermaient. Elle n'avait pas vraiment envie d'entendre la réponse à cette question, pas plus qu'il n'avait envie de la lui donner. « Je suis tellement désolée … » Il avait rouvert les yeux, plantant furtivement ses prunelles dans celle de la demoiselle avant qu'elle ne baisse les yeux vers le sol à son tour, penaude. Les sourcils froncés, il avait posé une de ses mains contre celle que Moon tenait toujours contre sa joue « Moon … » Sa gorge était nouée en permanence, la faute sans doute au peu d'occasions qu'il avait encore de parler à quelqu'un, se contentant généralement du silence inhérent à sa solitude. Mais ce n'était pas la seule raison à cet instant, si sa gorge était nouée c'était parce que les paroles de la jeune femme le bouleversaient. Elle ne se rendait pas compte de ce qu'elle avait fait pour lui, elle n'avait pas conscience que lorsque sa vie n'avait plus tenu qu'à un fil elle avait été la seule chose se tenant entre lui et une morte certaine. « Tu m'as sauvé la vie. Et je pourrais vivre cent vies supplémentaires ça ne suffirait pas à te remercier pour ça. » Il avait marqué une pause, ses mains attrapant les poignets de la jeune femme ses doigts s'entrelaçant avec les siens. « Je sais pas ce que tu as dit à ce … ce pacificateur, je sais pas comment tu t'es débrouillée … Mais sans ça, je serais pas là. » Et cela lui coûtait de l'admettre, dans un sens. D'admettre que sans l'intervention d'une tierce personne il n'aurait eu aucun moyen d'échapper au destin funeste qui l'attendait, en tête de peloton au moment de l'exécution, comme le chef rebelle qu'il était supposé être mais dont il n'avait jamais eu que le titre.
Thybalt n'avait jamais aimé compter sur les autres, dans la mesure du possible il préférait savoir qu'il n'avait besoin de personne d'autre que de lui-même, par fierté mais aussi pour s'éviter d'avoir la moindre dette envers qui que ce soit. Et aujourd'hui il en avait une double, envers Moon et envers un pacificateur. Une dette qu'il ne serait probablement jamais en mesure de rembourser ni à l'un ni à l'autre, et ça aussi quelque part cela lui faisait un peu mal … Thybalt avait la fierté d'un Homens, prenant un peu trop de place et se froissant plus facilement qu'on le pensait. « J'ai jamais eu les épaules pour être un leader comme mon père, j'ai pas … j'ai voulu me prouver que j'étais capable d'agir comme lui, mais j'avais tort. » Cela semblait sortir de nul part, et il est vrai que Thybalt passait un peu du coq à l'âne, mais à vrai dire il ne faisait rien de plus que répondre à la question qu'il avait ignoré précédemment. C'était ce qui s'était passé, le rebelle avait simplement décidé de ne pas le raconter du point de vue des faits mais de celui de son ressenti, et à cet instant c'était un sentiment d'amertume et de déception qui le submergeait. « J'ai toujours fait ce que j'estimais juste, tout ce que je voulais c'était protéger mon district, je voulais juste … » Sa voix déraillait à nouveau. Il ne savait même pas pourquoi il se mettait à lui dire ça, pourquoi il gâchait ces retrouvailles qu'il avait pourtant tellement espéré par des états d'âmes et des regrets qu'il essayait d'ordinaire de garder dans un coin de sa tête tant la culpabilité lui donnait l'impression de peser des tonnes. « J'ai rien fait … » Ce n'était plus qu'un murmure désormais, et tandis qu'il baissait à nouveau les yeux vers le sol, ses mains tremblantes agrippant toujours celles de Moon comme on s'agrippait à une bouée en pleine mer, ses yeux se remplissaient silencieusement de larmes. « J'ai rien pu faire, c'était … ils ont exécuté tout le monde, et moi j'ai rien fait … » Il tremblait, ses mains lâchant celles de Moon pour y enfouir son visage, tentant vainement de reprendre le contrôle de ses émotions mais sans parvenir à étouffer totalement un sanglot. Il ne réalisait même pas que pour la première fois justement, il se comportait véritablement comme un leader l'aurait fait ; En prenant la responsabilité du malheur qui avait frappé un groupe dont il se sentait responsable. Thybalt s'était toujours senti responsable des habitants du cinq dans une certaine mesure, à la fois par son statut de chef rebelle mais aussi et surtout de par son métier. Son père lui avait appris à être bien plus qu'un médecin qui soignait les bobos, il lui avait appris à se soucier des autres, à soulager les bleus à l'âme autant que les bleus au corps, mais aujourd'hui c'était à double tranchant. La culpabilité quant au fait d'avoir échappé à la purge quand tant d'habitants en avaient été victimes n'en était que plus grande. Et ce soir, face à Moon, c'était comme s'il était arrivé au bout de ce que ses épaules pouvaient supporter. Comme si face au regard de cette femme qu'il avait si peu envie de décevoir, il ne parvenait plus à contenir le mal qui le rongeait depuis des mois.
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| | | Moonshine I. Park △ correspondances : 2260 △ points : 0 △ à Panem depuis le : 30/05/2012 △ humeur : ۞ idéaliste △ âge du personnage : ۞ vingt-quatre ans △ occupation : ۞ vendeuse de bijoux
| Sujet: Re: MOONBALT ➺ i don't need to be a hero tonight. Jeu 17 Juil - 18:04 | |
| Bien sûr qu’elle préférait attraper la mort plutôt que de ne pas avoir prit la chance qui s’offrait à elle de revoir Thybalt. Bien sûr. Elle qui avait rêvé ce moment des dizaines de fois depuis qu’elle l’avait quitté en août, il y avait de cela pratiquement un an. Elle avait trop longtemps espéré le revoir en face d’elle. Alors, oui, se mettre en péril pour revoir ce rebelle qui avait capturé son coeur à jamais, c’était tout ce qu’elle désirait, tout ce qu’elle souhaitait vraiment. Au fil des mois, elle s’était endurcie, aussi surprenant cela pouvait-il paraître. Elle n’était encore qu’une gamine aux yeux de tous - et même à ses yeux, il semblait qu’elle le resterait pour toujours - mais au fond, les légers changements s’étaient opérés doucement, dans le plus grand des secrets, jours après jours, mois après mois. Elle qui n’avait toujours été qu’un croquis, ses traits se peaufinaient, sa personnalité se définissait. La Moonshine que ses parents auraient souhaité qu’elle soit semblait s’effacer doucement pour laisser place à celle qu’elle décidait d’être. La jeune femme avait encore peur, certes, c’était dans sa nature de s’inquiéter pour ceux qu’elle aimait, pourtant, elle s’endurcissait, elle jouait avec ses pensées pour se changer. Parfois, elle essayait de ne plus penser au rebelle, à celui qui lui avait montré tant de sentiments divers, tant de joie et de peine, tant d’amour et de haine. Il l’avait changé pour le mieux, alors elle s’accrochait à ces souvenirs pour se métamorphoser en celle qu’elle avait toujours souhaité être - et qu’elle devenait lentement quand elle était avec lui. Autant ces souvenirs d’un temps plus calme la rendaient heureuse, autant ils semblaient meurtrir son coeur un peu plus à chaque seconde; Elle voulait à tout prix éviter de se faire de fausses illusions. Elle ne voulait pas espérer le revoir quand elle savait que les chances étaient minces. Lorsqu’elle s’était confiée à Envy pour savoir si le rebelle était toujours en vie, elle n’espérait rien, elle ne s’attendait à rien, vraiment. Elle ne croyait pas qu’il le sauverait, ça, jamais. Mais il l’avait fait, elle ne savait trop pourquoi. Du plus profond de son être, Moonshine était infiniment reconnaissante. Elle ne savait pas comment elle pourrait se racheter, comment elle pourrait effacer cette dette. Elle trouverait bien assez tôt, puisque c’était grâce au pacificateur que Thybalt se trouvait enfin devant elle, en vie. Cela semblait, d’ailleurs, trop beau pour être vrai.
Elle le suivi du regard quand il lui proposa d’aller au grenier. Ils seraient plus en sécurité, avait-il ajouté, comme pour essayer de se convaincre qu’ils n’étaient pas déjà à risque en se retrouvant ici. Si, par malheur, quelqu’un osait s’aventurer dans les montagnes, près de cette maison, c’en était finit d’eux, c’en était finit de ces retrouvailles. Alors elle ne broncha pas, elle hocha la tête et l’observa grimper en haut. Elle fit de même sans trop de difficultés, ayant toujours été naturellement agile grâce à sa petite taille et son frêle corps de poupée. S’agrippant aux mains de Thybalt, elle serra des dents en se donnant un dernier élan pour finalement se hisser complètement en haut. Le front encore décoré de perles de pluie, elle passa lentement sa main pour s’essuyer, pour faire disparaitre les larmes des nuages collées à sa peau brûlante. Ses yeux amande semblaient rapidement s’habituer à la noirceur de la pièce et lorsque l’homme gratta une allumette pour faire doucement flamber la dernière chandelle qu’il lui restait, les traits de Moonshine se durcirent étonnamment. Elle affichait un air grave, elle avait le coeur trop lourd en observant le rebelle. Ce muscle rouge qui battait si fort dans sa poitrine se serrait amèrement en pensant à quel point cet être aimé qui se tenait tristement devant elle avait dû souffrir. Et cela la rendait si malheureuse, si impuissante. Elle aurait préféré échanger sa vie avec la sienne, pour qu’il puisse avoir du repos, pour qu’il n’ai jamais plus à se cacher, à survivre. Pour qu’il n’ai qu’à vivre. Avec le plus grand soin, elle prit le sac de couchage qu’il lui tendit et elle le passa autour de ses fines épaules. Pourtant, son état de santé ne l’inquiétait pas. Elle restait de marbre face à ses légers grelottements et elle posa plutôt ses mains contre les joues de Thybalt, caressant doucement sa peau et cette barbe négligée de quelques jours. Ses yeux d’un brun terne croisèrent le bleu des yeux de l’homme et elle soupira tristement. Elle lui demanda ce qu’il s’était passé, elle voulait tout savoir. Elle s’excusa, aussi, puisqu’elle ne pouvait pas ne pas le faire. Elle s’excusait de tout ce mal qu’il devait affronter, de tout ce poids qu’il devait porter sur ses épaules. Alors quand il prononça ce surnom qui la désignait, elle ne pu que verser une petite larme, parce qu’entendre cette voix prononcer de «Moon» lui avait tant manquée que cela lui semblait encore irréel. De plus, on ne pouvait pas la changer, elle était encore cette fragile jeune femme, trop sensible, trop émotive. « Tu m'as sauvé la vie. Et je pourrais vivre cent vies supplémentaires ça ne suffirait pas à te remercier pour ça. » La main de l’homme contre la sienne, elle releva la tête pour croiser à nouveau le regard du rebelle, les yeux brillants de larmes. Elle ne pouvait pas croire qu’elle lui avait sauvé la vie, elle ne pouvait pas accepter de se dire qu’elle, une bonne à rien, avait pu sauver la vie de l’homme qu’elle aimait. Ne trouvant pas les mots pour lui répondre, elle le laissa continuer, elle le laissa parler, enchaîner les phrases une après l’autre. « Je sais pas ce que tu as dit à ce … ce pacificateur, je sais pas comment tu t'es débrouillée … Mais sans ça, je serais pas là. » Il était inconcevable pour elle d’admettre qu’elle lui avait sauvé la vie. Elle n’avait fait que timidement se confier à celui qu’elle considérait comme son grand frère quant à ses inquiétudes envers l’homme qu’elle aimait. Envy avait tout fait. Moon, elle n’avait que maladroitement parlé. « Je… J’aurais pu faire plus… Je n’ai pratiquement rien fait… » La voix tremblante comme sa lèvre inférieure, ses mains cherchant les doigts de Thybalt pour les serrer fortement entre les siens. Et sans rien ajouter, elle laissa en suspend ces mots qu’elle avait prononcé. Elle n’avait que trop peu à dire sur cela sinon qu’elle ne comprenait pas pourquoi il lui en était autant reconnaissant quand elle n’avait fait que supplier quelqu’un de garder un oeil ouvert pour qu’il n’arrive rien au rebelle. Elle avait continué à vivre une vie tranquille alors que des centaines de personnes se battaient, perdaient la vie, se blessaient. Elle n’était rien, ils étaient tout.
Le silence retomba, lourd, massif, dans la pièce où ils se trouvaient. La flamme dansante de la bougie colorait difficilement la peau blême de Thybalt et la peau asiatique de Moonshine, si bien qu’il fallait plutôt compter sur les yeux pour parfaitement de distinguer et réaliser à quel point la vie avait pu les changer d’une quelconque façon. Les traits de l’un avaient vieillit trop rapidement et souffert beaucoup trop alors que les traits de l’autre avaient mûrit sans pour autant garder cet air enfantin qui semblait destiné à toujours rester. Le temps s’était écoulé comme les secondes du silence qui planait toujours sur leur tête à ce moment précis. Elle n’avait pas la force de prononcer quelques mots pour combler ce silence de mort, alors elle ne disait rien, elle ne faisait que trembloter comme une feuille soufflée par le vent, tentant de s’accrocher à la branche d’un arbre. Quand l’homme reprit la parole, ses phrases semblaient teintées de tristesse, de déception. Il semblait abattu, désemparé par les évènements qui s’étaient produits pendant les mois qui avaient suivit leur dernière rencontre. « J'ai jamais eu les épaules pour être un leader comme mon père, j'ai pas … j'ai voulu me prouver que j'étais capable d'agir comme lui, mais j'avais tort. » Mais ceux qui ne sont pas comme les autres, ceux qui agissent à leur façon, ne sont-ils pas admirables aussi ? Thybalt, il est admirable. Il était dans l’inconnu total, il n’avait rien que son intuition et des suppositions. Il ne pouvait pas prévoir ce qui se passerait, personne ne pouvait le prévoir. Alors était-il tout de même un mauvais leader ? Elle ne croyait pas. Pourtant, comment le lui dire correctement ? Comment le lui faire comprendre ? Comment essayer de calmer sa conscience alors qu’un flot de paroles s’échappait encore d’entre ses lèvres ? « J'ai toujours fait ce que j'estimais juste, tout ce que je voulais c'était protéger mon district, je voulais juste … » Elle fit ce qu’elle faisait le mieux: écouter. Elle garda ses mains dans les siennes, elle l’observa, le regard triste, elle resta silencieuse, écoutant sa voix brisée, ses mots pesants. Les mains du rebelle tremblaient tout comme sa voix alors que, dans un dernier murmure, il laissa s’échapper ces mots: « J'ai rien pu faire, c'était … ils ont exécuté tout le monde, et moi j'ai rien fait … » Moonshine sentit les mains de l’homme se séparer d’elle et elle fut spectatrice d’une chose qu’elle n’avait jamais vu.
Thybalt avait l’âme déchirée par les regrets, par la tristesse et la douleur. Il tremblait, le visage enfouit dans ses mains écorchées, les larmes maculant ses joues. Et comme cela pouvait tordre le coeur de la jeune femme. Moon avait toujours su qu’ils avaient des points communs. Elle comme lui prenaient soin de porter le fardeau du monde entier sur leurs épaules. C’était lourd. Bien trop lourd pour une personne. Elle aurait souhaité le soulager de ses maux, lui enlever de poids horrible, panser ses blessures, panser sa mémoire, ses pensées. Pourtant. comment pouvait-elle faire quand lui avait tout vu, tout vécu alors qu’elle avait une vie trop parfaite ? La gorge serrée, elle s’approcha avec douceur de lui et elle passa son bras gauche autour de son corps tremblant pendant que sa main droite flattait doucement sa chevelure blonde, dans un geste maternel, protecteur. Elle déposa de légers baisers sur sa tête, sur son cou, sur ses épaules. De doux baisers affectueux, de tendres baisers amoureux. Elle se brisait quand il versait trop de larmes. Elle avait le souffle coupé quand il souffrait. « Tu es tellement fort, Thybalt. Tellement fort et courageux… » La croirait-il ? Elle n’en savait rien, mais les mots semblaient s’enchaîner naturellement, parce qu’elle y croyait. « Tu as été brave et je sais que c’est une douleur insupportable… Mais tu as fais ce que tu croyais juste et bon de faire. Et tu ne pouvais pas savoir… » Il ne pouvait pas savoir qu’il y aurait autant de morts, qu’il y aurait autant de conséquences, que lui survivrait alors que ses amis et alliés mourraient. Elle n’osa pas continuer, elle ne savait pas trouver les mots justes pour le supporter. Moonshine ignorait tout de ce qu’il pouvait avoir vécu, elle se sentait inutile, elle se sentait presque étrangère dans son monde. Ils avaient des vies si différentes l’une de l’autre. La fragile jeune femme qu’elle était avait la gorge nouée et les larmes aux joues. « Je t’aime. » Elle l’avait murmuré si bas qu’elle même se demandait si elle avait réellement dit cela. C’était tellement maladroit, tellement timide. C’était une vérité pour compenser les mots qu’elle ne trouvait pas pour le consoler. Autour de lui, ses bras se resserrèrent si fortement. Elle avait peur qu’il disparaisse, elle avait peur de le perdre. Elle avait peut-être peur de trop l’aimer, elle avait peur de lui faire peur. Elle avait peur, car elle ne savait faire que cela.
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| | | Thybalt M. Homens △ correspondances : 8988 △ points : 29 △ multicomptes : raven, gwendal, eurydice (denahi) △ à Panem depuis le : 22/12/2011 △ humeur : désabusé △ âge du personnage : trente quatre ans △ occupation : médecin de campagne ~ bras droit du chef des rebelles
| Sujet: Re: MOONBALT ➺ i don't need to be a hero tonight. Ven 9 Jan - 2:29 | |
| C'était on ne peut plus difficile à admettre pour lui, le rôle central que Moonshine avait joué dans le fait qu'il soit encore en vie aujourd'hui. C'était difficile parce qu'après s'être raccroché inconsciemment à son père pendant des années il avait mis un point d'honneur à ne plus dépendre de personne, et à s'armer d'indépendant à la fois pour son propre bien et pour celui des autres, parce qu'il était toujours mauvais par les temps qui courraient d'avoir des proches, parce qu'avoir quelqu'un dont se soucier c'était avoir une faiblesse que les pacificateurs n'avaient aucun scrupule à exploiter. Il le savait bien Thybalt, il le savait et si Heidi n'était plus là pour en parler désormais c'était entièrement de sa faute. C'était son fardeau, celui qui se plaçait au-dessus de tous les autres, celui qui sur ses épaules semblerait le plus lourd et ce jusqu'à la fin de sa vie … Parce qu'il avait promis. Il avait promis à Andy de veiller sur elle s'il lui arrivait malheur, et lorsqu'il avait été exécuté Thybalt avait respecté sa promesse à la lettre, se faisant l'ange gardien de la rouquine et de sa fille qu'il aimait presque aussi fort que si elle avait été sa chair. Tellement fort que lorsque le cri de son agonie avait résonné dans l'arène des soixante-quinzièmes jeux une petite partie de lui était morte elle aussi. Et une autre lorsque Moriarty, cette vipère, avait déversé le venin de ses paroles sur les plaies béantes de son âme : ton Heidi est morte, Thybalt. Ton Heidi est morte et c'est de t'avoir connu qui l'a tuée. Et lui, que faisait-il encore là alors, à respirer le même air que les vivants quand il doutait parfois de l'être toujours, lui ? C'était Moonshine, c'était la candeur et l'innocence d'un geste dont elle n'avait peut-être même pas saisi la portée sur le moment, un geste guidé uniquement par les sentiments, là où la raison aurait voulu qu'elle se taise. Et elle était toujours là, nichée dans un coin de sa tête, cette petite partie de Thybalt qui désapprouvait et se retenait presque de lui faire la leçon tant la simple évocation d'un rebelle pouvait entraîner des conséquences aussi funestes que désastreuses.
Il était égoïste Thybalt, égoïste de penser au poids de culpabilité trop lourd à porter si Moon avait du payer cette tentative pour l'aider de sa propre vie. Que lui aurait-il resté à lui, sans elle ? Rien, que qu'une plaie béante en lieu et place de son palpitant, et un destin résolument funeste sans rien ni personne à qui ou à quoi se raccrocher. Le rebelle blâmait la jeune femme autant qu'il lui devait reconnaissance éternelle pour ce qu'elle avait fait, ou dit, ou peu importe la façon dont elle s'y était prise, et seulement en l'écoutant murmurer « Je … J'aurai pu faire plus … Je n'ai pratiquement rien fait. » il avait réalisé qu'elle n'avait aucune idée. Pas la moindre conscience du rôle qu'elle avait joué dans sa survie, à la fois par ce qu'elle avait dit à ce pacificateur, mais aussi parce qu'Heidi morte elle restait la dernière chose à laquelle il pouvait se raccrocher, la dernière chose qui lui donnait envie de survivre, parce qu'il avait besoin de la revoir. Pas simplement envie, mais besoin, comme de ces choses vitales dont on ne pouvait pas se passer. Dormir. Respirer. Revoir Moon. C'était tellement loin de lui, c'était tellement loin du mec qui refusait de grandir et de se responsabiliser qu'il s'était toujours évertué à être. Mais c'était lui, maintenant. « T'es capable de tellement plus que tu penses, Moon. » avait-il pourtant simplement murmuré, incertain non pas quant à la véracité de ce qu'il venait de dire, mais concernant sa capacité à persuader la jeune femme qu'il s'agissait de la vérité. Lui le savait, lui savait qu'il ne serait jamais sorti de cette cellule sans elle. Il n'aurait eu ni l'occasion ni la force de s'évader, et il aurait exécuté, comme tous les autres.
Parce que de quel droit y avait-il échappé, lui. Pourquoi lui quand tant d'autres personnes avaient rempli les geôles du district cinq, tant de personnes avec bien plus de courage et bien plus à perdre que Thybalt dont l'estime pour sa propre vie était des plus relatives … Il pensait connaître sa propre valeur, Thybalt, et il ne l'estimait pas à grand chose en comparaison de ces hommes et de ces femmes morts pour des idéaux que le chef rebelle avait lui-même renié pendant longtemps. Et il ne comprenait pas, vraiment pas à quoi pensait son père le jour où il avait décidé que Thybalt prendrait sa suite, à la tête d'une révolte en laquelle il n'avait jamais cru pour autre choses que les victimes qu'elle ferait sur son passage ; Pourquoi lui quand d'autres personnes au district cinq avaient cru avec plus de foi et plus de vigueur que lui en ce soulèvement supposé tout changer. Parce que Magnus était un homme bon, un homme persuadé que derrière son masque d'emmerdeur au cœur tendre son fils avait la fibre nécessaire, que sans avoir le même sang ils étaient pourtant bel et bien faits dans le même moule … Mais il s'était trompé. Il avait vu trop grand et cru trop fort, et désormais c'était sur les épaules de Thybalt que reposaient les cadavres de ces dizaines de personnes qui avaient eu la bêtise de croire qu'il pourrait les guider. Qu'il pourrait les sauver, quand il n'avait déjà pas été capable de se sauver lui-même tout seul. Et c'était trop, c'était un fardeau bien trop énorme pour les épaules amaigries du rebelle, qui après des semaines, des mois à laisser la culpabilité attaquer chaque centimètre, chaque parcelle de son for intérieur, ne se sentait à cet instant plus la force d'essayer de garder la face et d'ignorer la douleur qui compressait son palpitant sans qu'il n'y ait le moindre rapport avec les blessures physiques récoltées depuis son arrestation. Ce n'était plus simplement un soupir, un moment de faiblesse de quelques secondes à peine, c'était les sanglots d'un désespoir d'un seul coup tellement immense qu'ils noyaient toute tentative de Thybalt de rester maître de ses émotions. Comme si après des semaines à garder cela enfoui le rebelle était arrivé au bout de ses forces et de sa volonté, déversant sur l'épaule de Moon tout ce qu'il retenait bec et ongles depuis qu'il avait quitté le district cinq et dit adieu à ce qu'il avait toujours connu.
La douceur avec laquelle la jeune femme avait posé la main sur son dos n'avait pas empêché Thybalt de sursauter légèrement, donnant raison à son inconscient quand celui-ci ne supportait plus qu'on envahisse son espace vital sans prévenir, et alors même qu'il savait au plus profond de lui-même que si quelqu'un ne devait pas être une menace pour lui c'était bien Moon. Il le savait et ce fait établi c'est tout aussi instinctivement qu'il avait passé ses bras autour de son cou non sans réaliser à quel point il apparaissait faible, démuni face à la seule personne dans ce foutu pays pour qui il aurait voulu ce rester ce clown que rien n'atteignait jamais. Il aurait voulu rester ce type-là toute sa vie, n'avoir à se soucier que de ces futilités qui faisaient son existence, celles pour lesquelles on le prenait pour le guignol de service, le mec sur qui il ne fallait pas compter pour autre chose que boire des coups à la taverne et raconter des blagues à la qualité douteuse … C'était ça, c'était sa nature profonde, bien plus que la rébellion et la vie de fugitif. Bien plus que ce que s'imaginait Moon en murmurant « Tu es tellement fort, Thybalt. Tellement fort et courageux … » Oh comme il aimerait que ce soit vrai. Comme il voudrait avoir été assez fort pour ne pas avoir eu besoin qu'elle intervienne auprès d'un pacificateur pour s'en sortir, et assez courageux pour que sa propre peur d'y laisser sa peau ne le dissuade pas de tenter quoi que ce soit pour empêcher la dernière vague d'exécution de son district, la seule pour laquelle il avait récupéré assez d'énergie pour pouvoir se lever. Il avait resserré son éteinte, et secoué doucement la tête en murmurant un « Non. » à peine audible tant son visage restait enfoui contre la nuque de la brunette. Non il n'était pas fort, et il n'était pas courageux, et il y avait certaines preuves à cela qu'il n'était pas certain de pouvoir avouer à haute voix un jour, pas même à elle. Surtout pas à elle. « Tu as été brave et je sais que c'est une douleur insupportable … Mais tu as fais ce que tu croyais juste de faire. Et tu ne pouvais pas savoir … » Ça lui brisait le cœur, ça lui faisait presque plus mal que tout le reste de l'entendre dire ça, parce qu'elle ne savait pas. Parce qu'elle croyait bien faire mais en réalité elle lui jetait à la figure tout ce qu'il n'était pas, elle versait du sel sur ses plaies encore fraîches et le confrontait à tout ce qu'il ne serait jamais. « Je t'aime. » Il était resté interdit, laissant dans sa tête raisonner des mots qu'il n'avait jamais osé prononcer, pas plus qu'il ne se sentait prêt à les entendre.
Elle l'aimait, le rebelle fort et courageux, celui qu'elle s'imaginait qu'il était quand la réalité était bien moins reluisante. Elle l'aimait et Thybalt cela lui faisait autant de mal que de bien, parce qu'il lui avait fallu attendre de se voir mourir au fond d'une cellule du district cinq pour se rendre compte que lui aussi, et parce qu'au fond elle l'aimait sur une fausse image qu'elle se faisait de lui … Est-ce qu'elle l'aimerait toujours, le Thybalt prisonnier ? Celui qui avait hurlé, celui qui avait pleuré, celui qui avait supplié qu'on l'achève et qui finalement n'avait pas eu d'autre choix que de lâcher des noms pour espérer avoir la paix, une mort plus douce, plus rapide. Oh ce n'était pas des enfants de chœur, ces types dont il avait donné le nom, ce genre de types n'avaient de rebelles que le désir de sauver leur tête au détriment des autres, ce genre de types auraient sans vergogne dénoncé Thybalt eux aussi … Mais quelle importance. Thybalt avait plié, il avait perdu, et si le sang versé pendant la purge n'avait pas été un fardeau suffisant, il avait aussi sur les mains le sang de ceux dont il avait craché le nom pour sauver une vie qu'il n'était pas certain de mériter encore. « Tu dirais pas ça … si tu savais. Tu dirais pas ça. » Il s'était calmé peu à peu, les sanglots terminant de secouer ses épaules et les larmes terminant de mouiller ses joues, sa voix déraillant au même rythme que ses pensées. A l'euphorie de retrouvailles qu'il rêvait sans oser les espérer succédait maintenant la peine en réalisant que le temps avait fait son œuvre, et que Moon n'était pas plus cette petite vendeuse de bijoux candide que lui ce gentil crétin du district cinq. Ils avait changé, grandi, vieilli, peu importait le terme exact au fond le résultat lui restait évident : ils n'étaient plus ceux qu'ils étaient la dernière fois qu'ils s'étaient vus. « Je suis désolé. » Se détachant finalement d'elle Thybalt avait passé ses mains sur ses joues creusées, pour en essuyer les restes de larmes, et détourné les yeux un instant comme pour chercher vainement à se donner une contenant, et à retrouver un semblant de maîtrise de ses émotions. C'était de cela qu'il était désolé, désolé de lui offrir le spectacle d'un homme aussi défait et si peu capable de maîtriser ce qu'il ressentait ; Désolé de ne plus être celui qu'elle avait connu, parce que le Thybalt qu'elle avait côtoyé en aurait été capable, lui. Consumée autant qu'elle pouvait l'être la bougie qu'il avait allumé avait fini par s'éteindre, laissant une odeur de cire parfumer la pièce tandis que les doigts du rebelle cherchaient à nouveau instinctivement ceux de Moon dans l'obscurité. Il aurait pu lui dire que lui aussi, il aurait pu lui dire qu'il aimait et cela n'aurait été rien de plus que la vérité … Mais en avait-il seulement le droit, alors qu'il ne se supportait plus assez pour avoir envie de croiser son reflet ? Lui estimait que non. Et l'obscurité et la fatigue aidant c'est finalement sans un mot de plus que les deux jeunes gens s'étaient endormis dans la paille, encore à moitié trempés et le bruit de la pluie dehors les berçant tandis qu'ils se serraient sous le sac de couchage.
* Il n'avait pas bien dormi. Ce n'était plus dans ses cordes, plus maintenant qu'il devait rester sur ses gardes même lorsqu'il s'accordait une heure ou deux de repos, et la nuit qui venait de s'écouler ne faisait pas exception aux autres. Pourtant pour la première fois depuis des semaines il ne s'était pas réveillé plus fatigué qu'avant de fermer les yeux, et pendant un quart de secondes il avait même cru à un sentiment factice de quiétude en sentant une présence familière à côté de lui. Un quart de seconde, après quoi la réalité lui était revenue en pleine figure, le faisant se redresser d'un seul coup et mordre l'intérieur de ses joues quand la douleur dans sa cage thoracique l'avait rappelé à l'ordre. Ça ne guérirait jamais, à ce rythme là. Tant qu'il continuerait à vivre comme un vagabond ça ne guérirait pas, et puisque c'était vivre comme ça où attendre la mort alors ça ne guérirait pas. Étouffant une quinte de toux dans la manche de sa veste il avait fini par se relever, se tenant le côté gauche en grimaçant légèrement, et s'était avancé jusqu'à la meurtrière pour regarder au dehors : il faisait jour. Il ne pleuvait plus mais une épaisse couche de brouillard enveloppait les alentours et empêchait de voir arriver quoi que ce soit. Suffisamment pour raviver la méfiance du rebelle, qui n'aimait pas l'idée de ne rien pouvoir voir venir, au sens propre comme au sens figuré. Se retournant il avait rejoint son sac, dont il s'était servi d'oreiller, et en avait sorti le pistolet dont il ne se séparait plus ; Thybalt n'avait jamais aimé les armes à feu, il s'agaçait régulièrement des rebelles et soldats du district treize qui prenaient sa remise pour une armurerie de passage ... mais à la guerre comme à la guerre, disait-on. Faisant glisser le chargeur pour en compter les munitions il l'avait remis en place et vérifié que la sécurité était bien enclenchée, avant de le ranger dans son holster ; Seulement quand il avait relevé les yeux avait-il remarqué le regard de Moon, posé sur lui. « Hey. » Un mince sourire s'était dessiné avec difficulté sur le visage du jeune homme. Il avait le cœur lourd en repensant à la veille, et en pensant à ce qui les attendait tous les deux ... Ils n'étaient plus dans une époque où l'on pouvait s'autoriser à parler du futur. « Y'a du brouillard, je vais te raccompagner jusqu'en bas ça sera plus sûr. On passera par la forêt. » Le ton était neutre, malgré lui, parce qu'il n'y avait que comme ça qu'il parvenait à réfléchir de façon posée, et parce qu'il avait peur de se laisser à nouveau submerger par ses émotions s'il n'y prenait pas garde. Le silence s'était installé quelques instants, les mots restant coincés au fond de la gorge du rebelle sans qu'il n'ose les prononcer, et puis finalement « Je veux pas que tu m'attendes. » Il se détestait de gâcher le peu de temps qu'il avait à passer avec Moon de cette façon, ce n'était pas ce qu'il voulait, ce n'était pas les derniers souvenirs qu'il voulait avoir d'elle ... Mais pour ça comme pour un tas d'autres chose il n'avait plus vraiment le choix. « Je suis recherché partout, j'ai même vu ma tête placardée sur des murs au district cinq ... je sais pas quand je reviendrai ici. Je sais pas si je reviendrai. Et je veux pas que tu espères inutilement, encore moins maintenant parce que y'a plus d'issue pour moi ... c'est ça ma vie maintenant, jusqu'au jour où je me ferai attraper. » Ou pire. Et le district treize n'était clairement pas une option envisageable pour lui. « Tu mérites autre chose. Mieux. » Il ne savait pas ce qu'était le mieux, au fond il ne savait rien de ce qu'était sa vie et de comment le temps passait au district un. Peut-être même que ce serait ce pacificateur, son mieux à elle ... Même si cela lui crevait le coeur d'y penser. Oh il en avait entendu parler oui, parce que les informations circulaient vite lorsqu'on savait où les prendre, et il ne savait pas vraiment quoi en penser ... Il ne parvenait pas à s'imaginer sa douce Moon au bras d'un de ces hommes qui avaient répandu le sang lors de la purge. Mais peut-être qu'ils n'étaient pas tous ainsi, peut-être que cette femme qui l'avait hébergé au district quatre avait raison ... peut-être que tout n'était pas tout blanc ou tout noir. « Je suis désolé, Moon. » Désolé d'être une nouvelle fois source de déception, désolé ne de plus être le Thybalt qu'elle avait gardé dans un coin de sa mémoire. Attrapant son sac à dos il avait fait mine d'attendre qu'elle se lève, comme pour faire croire que sa décision et ses sentiments étaient irrévocables quand en réalité il mourrait un petit peu plus intérieurement à chaque fois qu'il se résignait au fait que Moon ne serait jamais sienne. Au fait qu'elle lui avait sauvé la vie et qu'il la remerciait en la repoussant ... Pour leur bien à tous les deux, se disait-il.
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| | | Moonshine I. Park △ correspondances : 2260 △ points : 0 △ à Panem depuis le : 30/05/2012 △ humeur : ۞ idéaliste △ âge du personnage : ۞ vingt-quatre ans △ occupation : ۞ vendeuse de bijoux
| Sujet: Re: MOONBALT ➺ i don't need to be a hero tonight. Jeu 30 Avr - 18:20 | |
| Elle caressait ses doigts du bout des siens. On aurait dit des plumes qui venaient lentement effacer toutes les souffrances visibles du corps meurtrit de Thybalt. Elle aurait voulu les promener sur tout son être, jusqu’à son âme. Malheureusement, elle n’était pas magique. Malheureusement, il fallait laisser le temps opérer, même s’il était lent et qu’il ne pansait jamais complètement toutes les blessures. Et des blessures, le rebelle, il devait en avoir des dizaines. Moonshine se sentait impuissante face à tout ce qui arrivait non seulement à l’homme qu’elle aimait, mais aussi au district qui l’abritait. Elle n’était plus l’innocente jeune fille. Elle avait réalisé bien des choses pendant cette période de grand silence. Sa voix s’était levée entre les murmures du silence de l’endroit pour s’enfarger dans quelques mots, pour exprimer son impuissance face à la situation dans laquelle se trouvait l’homme qu’elle aimait. Elle croyait sincèrement qu’elle aurait pu en faire plus et rien qu’à y penser, cela alourdissait son cœur. « T'es capable de tellement plus que tu penses, Moon. » Elle avait levé les yeux vers lui, l’âme gonflée de regrets et de tristesse. Il semblait si convaincu de ce qu’il venait de lui dire que, pendant quelques secondes, elle voulut y croire. Croire qu’elle était capable de libérer un homme simplement grâce à de simples mots échangés avec un pacificateur un soir d’insomnie profonde. Croire qu’elle avait assez de courage pour avoir simplement osé demander à quelqu’un qui aurait bien pu être dans le camp inverse, qui aurait pu ne pas l’aider. Croire, oui, croire en elle, pour quelques secondes. Tout aurait été un peu plus facile. « Je ne pense pas... » Mais Moon, elle n’était pas du genre à croire à ce qu’on racontait sur elle. Elle avait été façonnée par tant de mains qu’il lui semblait n’avoir plus aucune valeur. Il n’y avait que lorsqu’elle était avec Thybalt qu’elle se sentait complète, réelle. Pourtant, ce soir, elle n’arrivait pas à croire les paroles qui s’envolaient de la bouche sèche du rebelle. Et entre ses doutes et les blessures du rebelle, elle entendit des sanglots. Il pleurait comme les nuages pleuraient et c’était beau mais si triste à la fois. Il laissait tout sortir, il évacuait chaque parcelle de douleur imprégnée en lui par des larmes salines qui finiraient balayées sur ses joues par les secondes et par les mains de la jeune femme. Elle déposa sa main sur le dos de l’homme et il sursauta, probablement malgré lui. Combien de temps avait-il passé sans avoir ne serait-ce qu’un seul contact physique avec les autres ? Combien de temps avait-il passé seul, livré à lui-même avec comme seul compagnon son esprit déraillé par les remords et cette haine envers lui-même qui grandissait au fil des jours qui passaient ? De sa petite voix, elle essaya de le rassurer, de lui dire ce qu’elle avait toujours pensé de lui (et ce qu’elle penserait encore pour le restant de son existence). Elle pensait qu’il avait été brave et courageux, elle le pensait réellement (et fort, fort, fort, aussi fort que les rayons du soleil tapant sur la tête des Hommes par un mois d’été en pleine canicule). Il avait répondu « Non. », mais elle n’avait pas voulu entendre. Alors elle avait continué. Elle avait parlé, elle avait essayé d’être rassurante. Peut-être qu’en entendant sa voix, il se calmerait. Peut-être que ses mots le calmeraient. Et pourtant… Si seulement elle avait su qu’elle ne faisait que verser du sel sur les plaies béantes de Thybalt. Si seulement… Moonshine lui avait offert un « je t’aime » emplie de sincérité sembla laisser l’homme de marbre. Peut-être pensait-il qu’elle n’aimait que le rebelle qu’elle avait connu avant tout ça. Peut-être pensait-il qu’elle n’aimait que ce bout en train aux blagues douteuses et au rire chaleureux. Peut-être pensait-il qu’elle n’aimait que le fort et charismatique homme qu’il était. Comme elle avait envie de lui dire, Mais non Thybalt. Tu comprends pas que j’aime tout de toi ? Tu comprends pas que j’aime chacune de tes facettes et que le reste, on s’en fou ? Qu’il y a des choses dans la vie qu’on peut pas prévoir et qui viennent jouer sur nous, sur ce qu’on est ? Mais tu peux pas te maudire pour ce qui est arrivé. C’est pas ta faute, tu comprends ? Tu comprends ? C’est pas ta faute. Tu ne les as pas condamnés, c’est la vie qui s’en est chargée. C’est la vie qui a décidé de qui allait vivre, de qui allait mourir. C’est pas toi. Et puis moi je t’aime encore, je t’aimerais jusqu’à ce que la vie, elle décide de mon sort et du tien. Je t’aimerais même si toi, tu m’le dis pas. Je t’aimerais à en crever. Elle aurait eu envie de lui dire tout ça. Pourtant, elle laissa le pauvre rebelle parler, lui dire que « Tu dirais pas ça … si tu savais. Tu dirais pas ça. » Et pour une fois, elle ne trouva plus rien à dire. Il croyait tellement à ce rôle de bourreau qu’il ne croyait même pas aux mots sincères de Moonshine. Le palpitant de la demoiselle fit un raté dans sa poitrine et elle mordit sa lèvre tremblante jusqu’à discerner le goût si distinct du fer dans sa délicate bouche. Elle ne voulait pas pleurer, elle ne voulait pas. Elle se l’interdisait. Elle préférait s’emmurer dans cette carapace qu’elle se créait, petit à petit. C’est à ce moment qu’elle réalisa qu’ils avaient bien trop changés durant ces mois qui avaient passés. « Je suis désolé. », disait-il, se séparant d’elle pour essuyer les larmes sur ses joues creuses. Elle avait le cœur lourd et le regard lointain. Elle n’avait même pas la force d’ajouter quoi que ce soit, comme si la voix de Thybalt avait conclu la conversation. Il n’y avait plus rien à dire, plus rien à faire. La flamme de la bougie mourut quelques secondes après les voix des anciens amants. Dans la noirceur, ils finirent par se glisser sous le petit sac de couchage pour se laisser bercer par le son de la pluie tambourinant sur le toit de taule de la vieille maison. Moon ne s’endormie par tout de suite. Elle écoutait la respiration du jeune homme. Elle ne se sentait pas bien. Il y avait un truc en elle qui la dérangeait. Elle réalisa après une heure ce qui n’allait pas : Elle se sentait horriblement seule. Horriblement vide.
*
Ils avaient partagés un sommeil mouvementé. Ils n’avaient pu trouver que quelques petites heures de calme dans leurs songes. Leur lit de fortune n’avait pas aidé et Moonshine s’était réveillée bien trop souvent en sursaut, cherchant près d’elle pour voir si le rebelle était toujours là. Ce matin, il faisait froid. Elle ne dormait pas quand Thybalt s’était difficilement levé. Elle l’avait écouté ouvrir la meurtrière pour observer à l’extérieur. Elle l’avait écouté ramasser quelques petites choses au sol. Elle l’avait écouté vivre. C’est quand elle entendit un chargeur de pistolet glisser qu’elle ouvrit les yeux. Elle n’avait jamais vu le rebelle avec une arme et la première chose qui avait refait surface dans sa mémoire brumeuse était qu’il avait toujours prit un malin plaisir à se moquer de ceux qui s’en servaient. Maintenant, lui aussi en possédait une. « Hey. » Pincement au cœur. La voix de l’homme lui rappelait la veille. Doucement, elle se redressa et frotta ses yeux fatigués. Son regard se posa ensuite sur le rebelle. Il essaya de lui offrir un mince sourire et elle baissa automatiquement la tête. Elle savait déjà que rien de bon ne s’offrait à elle ce matin. Elle le sentait. « Y'a du brouillard, je vais te raccompagner jusqu'en bas ça sera plus sûr. On passera par la forêt. » Il avait déjà tout planifié, il avait déjà pensé à tout ce qu’ils feraient. Il l’accompagnerait tout en bas de la montagne et ils se sépareraient. « D’accord », dit-elle, distraite. Les adieux n’auraient rien de jolis, rien de romantique. Elle n’aurait probablement même pas la force de lui offrir un dernier baiser, un dernier refuge dans ses bras. Il lui semblait que tout était finit, à présent. Même ce qu’il lui dit ensuite ne la surprit pas. « Je veux pas que tu m'attendes. » Son regard finit tout de même par retrouver celui de Thybalt. Il était remplit d’une douleur profonde, d’une tristesse sans limites. « Je suis recherché partout, j'ai même vu ma tête placardée sur des murs au district cinq ... je sais pas quand je reviendrai ici. Je sais pas si je reviendrai. Et je veux pas que tu espères inutilement, encore moins maintenant parce que y'a plus d'issue pour moi ... c'est ça ma vie maintenant, jusqu'au jour où je me ferai attraper. » Elle n’aimait pas l’entendre dire que c’était ça, sa vie, maintenant. Ce n’était pas une vie. Il n’avait plus de vie. Rien qu’à cette idée, son cœur se brisait. Elle ne voulait pas l’imaginer livré à lui-même pendant des mois, sans savoir s’il survivrait ou non. Et c’était pour cela qu’il lui disait qu’elle ne pouvait pas l’attendre. Il voulait lui éviter l’inquiétude, la tristesse, l’espoir. Elle comprenait, oui, bien sûr. Mais on ne pouvait pas lui dire de ne plus avoir d’espoir. Parce que l’espoir, c’était ce qui lui collait à la peau depuis la nuit des temps. « Tu mérites autre chose. Mieux. » Elle comprit dans sa voix ce qu’il voulait dire par-là. Alors, il savait ? Il avait entendu les rumeurs d’un mariage arrangé ? Ce mariage où elle finirait au bras d’un pacificateur ? Elle secoua la tête. « Je mérite une vie où je ferais mes propres choix. Pas de… ça. » Elle l’observa, les sourcils froncés. Elle méritait une vraie vie, une vie qu’elle aurait choisie. Et pour le moment, tout le monde se permettait de choisir à sa place, sans jamais lui demander son avis, sans jamais la consulter. Même Thybalt, à ce moment, décidait de ce qui était le mieux pour elle. Alors, quand il éleva à nouveau la voix pour lui dire « Je suis désolé, Moon. », elle resta impassible. Elle n’ajouta rien. La conversation était terminée. Il n’y avait plus rien à faire, plus rien à dire. Elle se leva rapidement, gardant toujours le silence. Elle roula le sac de couchage et le tendit à l’homme, évitant ses yeux eau de glaciers qui auraient réussi à faire déborder des perles amande de larmes. Il fallait partir, maintenant. Partir et oublier tout ça. Partir et oublier cette nuit, oublier un peu tous ce qu’ils avaient vécus ensemble. Oublier, oui. Oublier.
(fin)
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