| Sujet: cry until it's all gone. (prudence) Mar 8 Oct - 20:21 | |
| And we'll just cry, cry Cry until it's all gone Been holding on for too long Time for us to move on. Prudence, Prudence, Prudence. Un seul nom bordait ses lèvres depuis quelques jours. Celui de son ancienne tribut qui aujourd'hui, était élevée au rang de vainqueur de la soixante-seizième édition des jeux de la faim. Était-il content ? Non. Était-il fier ? Peut-être un peu. Il n'arrivait pas à se réjouir, pas autant qu'il ne l'aurait espéré du moins. Car elle était peut-être revenue, mais elle n'était pas plus vivante que les autres, il le savait parfaitement. Parce qu'elle avait perdu plus que son humanité dans cette aventure ; elle l'avait perdu lui. Son frère. Adrian. Comment aurait-il réagit, lui, Lincoln, s'il avait perdu Salem lors de jeux ? Aucune idée. Il ne s'était jamais posé la question, même si à ce jour et plus que jamais, cela le préoccupait. Il ne pouvait certainement pas imaginer la douleur, et de toute façon, il ne prétendait pas en être capable. Alors que dirait-elle, lorsqu'il la reverrait ? Il n'en avait aucune idée, encore une fois. Peut-être se contenterait-il de la regarder et de ne rien dire. C'était la solution la plus sûre, le plan sécurité. Pour être l'un d'eux, il savait parfaitement que les vainqueurs n'étaient plus stables à leur sortie de l'arène – à part les carrières, mais ça, c'était autre chose – alors il n'allait certainement pas la bousculer, ou la flatter de mille mots hypocrites. Non, il allait la fermer un peu, et se contenter d'observer. Puis comme toujours, il aviserait. C'était ce qu'il faisait de mieux, de toute façon.
Il guettait l'extérieur par la fenêtre du salon, distrait. Son regard était vide, plongé dans le vague, dans le néant. Il regardait l'herbe mourir dehors, le soleil crever derrière un ciel trop terne. Et il attendait. Qui, quoi. Qu'elle se décide à venir, peut-être. Que Salem passe. Qu'on l'appelle. Qu'on le fasse réagir, c'était tout ce qu'il demandait. Et puis, il la vit. La chevelure de feu. Elle dansait au milieu de la verdure sèche, dehors. Elle avançait progressivement sur un petit chemin, et couvrait un visage trop pâle et détruit par la fatigue de nuits inexistantes. Elle. Il sortit presque immédiatement de sa léthargie, observant ce petit bout de femme approcher de chez lui. Il ne bougea pas tout de suite, non. Il attendait qu'elle atteigne la porte, car secrètement, il espérait qu'elle fasse demi-tour.
Car non. Lincoln ne voulait pas la voir, finalement. Paradoxal ? Ouais, peut-être. Mais il ne voulait pas croiser son regard, se dire qu'il avait contribué à sa destruction. ah. Pour la première fois depuis bien longtemps, il ressentait cette petite chose vicieuse qu'on appelait la compassion, la culpabilité, la honte aussi, un peu. Après tout, c'était lui qui avait donné les conseils. Lui qui avait balancé des directives. Lui qui l'avait guidée, et poussée à abandonner lâchement son frère à l'agonie. C'était de sa faute, si elle était encore en vie. Et il le regrettait, amèrement, à la voir, malheureuse. Ah. À vouloir faire le bien, il avait tout bousillé, encore. Mais ce n'était pas nouveau, non. Alors comme toujours, il allait faire comme si de rien n'était. Il était si bon à ce petit jeu.
Il écrasa une clope à demi-consommée dans un cendrier qui débordait presque, et se releva rapidement pour aller ouvrir la porte. Il prit une grande inspiration, tourna la poignée sur un quart, et tira vers lui. Prundence. Elle était là, juste devant lui. Et pour la première fois depuis ce qui lui semblait des milliers d'années, il s'autorisa ce petit geste de compassion ; celui qui le poussa à attraper sa cadette dans ses bras, maladroitement. « Je suis désolé. » Il n'avait rien d'autre à dire, et de toute façon, ça ne lui ressemblait pas, de faire dans les sentiments. Il avait la fâcheuse sensation d'en faire déjà trop, de se montrer plus empathique qu'il en pouvait l'être de part sa profession. « Je suis vraiment désolé, Prue. » Il resta un instant comme ça, incapable de réagir autrement. Et puis il la relâcha finalement, l'invitant plutôt à rentrer. Il ne savait pas ce qu'il faisait, et elle non plus, certainement. Mais ils s'en fichaient.
Car, presque curieusement, la voleuse avait obtenu le respect et les résidus d'humanité du pacificateur. Entre jouets cassés, ils devaient bien s'aider. |
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