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 ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM.

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ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM. Vide
MessageSujet: ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM.   ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM. Icon_minitimeMar 19 Mar - 11:17


You better call the police.



Les doigts de Salem se resserrèrent lentement autour du manche de l’arme qu’il tenait en main. Il renifla lentement, clignant des paupières. Toute son attitude trahissait son détachement évident pour la scène qui se jouait sous ses yeux. À savoir cet homme, qui agonisait presque. Presque, là était tout l’intérêt. Il ne mourrait que si Salem en avait décidé ainsi. Et pour le moment, le Pacificateur n’avait nullement l’intention de le laisser partir avec la Faucheuse. Il prenait bien trop de satisfaction à voir cet homme souffrir. Cruel ? Peut-être bien. Mais au fond, cela n’avait pas la moindre importance. Cela n’avait jamais eu d’importance. On ne se souciait pas de ce que Salem pouvait faire. Tout collait avec sa personnalité, et chacun de ses actes ne tirait que des acquiescements. De banaux hochements de tête, des « oui, ça lui ressemble ». Pourquoi cela ? Avait-il une tendance si nette que cela à ne faire que ce qui lui paraissait nécessaire ? Son flegme légendaire faisait-il autant de tri dans ses actions qu’il ne le laissait paraître ? Ou bien avait-il tout simplement le caractère de l’homme qui était capable d’absolument tout ? Il n’en savait rien, personne ne lui avait jamais fait la moindre confession à ce sujet. Et à la date d’aujourd’hui, il se fichait d’ailleurs bien de ce qu’on pouvait en penser. Il se contentait de faire ce qu’il avait envie, ou très éventuellement ce qui lui paraissait juste. Le reste n’était que banalités. Des banalités affligeantes, qu’il exécutait par habitude, ou par nécessité.

Lentement, son poignet vint essuyer son menton, ramassant une petite goutte de sang au passage. Le reste de sa main en était couvert, et cela n’avait pas à ses yeux la moindre espèce d’importance. Un rebelle. Voilà ce qu’il avait sous la main. Un rebelle fraîchement capturé, et amené dans les geôles du District Trois par quelques Pacificateurs avisés. Pile ce qu’il fallait pour éclairer la journée de Salem. Il traînait dans son bureau depuis le matin-même, quand on lui avait annoncé l’arrivée d’une nouvelle recrue. Hildegarde en avait été informée. Et elle avait d’autres sources sous la main, qui en sauraient sûrement plus que ce gars-là. Alors il pouvait le cuisiner un peu s’il en avait envie. Dans tous les cas, elle s’en fichait presque. Presque. La seule raison pour laquelle Salem veillait à ce que cet homme puisse encore servir quand il en aurait fini avec. Qu’il puisse encore parler. Il n’avait pas touché à sa bouche. Ses lèvres étaient intactes, il avait toutes ses dents. Il était juste en train de souffrir le martyr sous le regard tout aussi doux et paternel que dur et assassin de Salem. Un fou. C’était comme ça qu’on le définissait parfois. Moins que ce que ses frères n’avaient pu l’être, et dans un tout autre sens du terme. Notre Pacificateur était aveuglé par sa vengeance, tout en gardant les idées claires. Il respirait un air sanglant, depuis qu’il était sorti de l’hôpital. La cicatrice qui se dessinait sous son menton, barrant sa gorge horizontalement, renforçait son air profondément agressif et mauvais, il en avait conscience. On le regardait différemment, on le craignait différemment. Il n’était pas ce genre de personne avec qui taper la conversation vous serait venu à l’idée, et encore moins désormais. Pourtant, il n’était pas méchant. Pas dans les apparences, du moins. Une chose que, malheureusement, l’homme en face de lui ne pourrait jamais prouver.

Un marteau. Arme cruelle, la première chose qu’il avait aperçue lorsqu’il était rentré dans la geôle de son nouveau prisonnier. Ce petit marteau, posé sur la table d’instruments de torture, et qui attendait sagement qu’on vienne le saisir. Ce petit marteau, avec son côté rond, et son côté pointu. L’arme de prédilection du jour de notre Salem. Ça dans une main, sa lame de rasoir désormais repliée dans sa poche, bien qu’encore sale de sang. Il l’avait un peu cuisiné. Il le regardait maintenant, gargouillant sur son fauteuil, les poignets attachés aux accoudoirs, les chevilles liées aux pieds de la chaise. Notre Pacificateur ferma les yeux, prenant une profonde inspiration. Pourquoi ? À quoi tout cela rimait-il, finalement ? Le sang pour le sang, cette odeur âpre et métallique qu’il s’élevait dans les airs, autour de lui… Par plaisir, mais même pas par satisfaction. Ou bien était-ce l’inverse. Il ne savait plus. Il s’en fichait. Il avait dégoté quelques petites informations, tout au plus discerné un nom, au milieu des gargouillis de sa victime. Les rebelles étaient coriaces, et très peu parlaient sous la torture. Mais celui-ci, en échange d’un répit, avait accepté de dévoiler un nom. C’était toujours ça. Ce patronyme ne disait rien à notre bourreau, encore allait-il falloir qu’il mette la main sur cet homme. Mais pour le moment, il ne pouvait que tenir sa parole. Laisser le martyr respirer. Le poing toujours serré autour de son marteau, il frotta les doigts de son autre main les uns contre les autres, tentant d’ignorer le sang qui produisait cette sensation de glissement. « Je te remercie pour ta coopération. » Une petite phrase, simple, au ton si doux et si déplacé qu’elle avait tout pour effrayer. L’autre poussa un gémissement, priant pour que ses tortures s’arrêtent. Que tout se termine. Qu’on le laisse enfin pleurer toutes les larmes de son corps, et qu’un médecin vienne s’occuper de lui. Pour le préparer à la cuisine du lendemain. Délicieusement raffiné, comme idée, de panser les prisonniers pour leur donner le fol espoir que leur supplice était terminé. Mais Salem n’avait pas envie de partir. Il avait envie de balafrer ce visage qu’il voyait encore si intact, d’y apporter sa marque personnelle. Il se fichait bien de ce qu’Hildegarde pourrait en penser. Il aurait voulu y imprimer une cicatrice dont cet homme ne pourrait dans l’immédiat se défaire. Quelque chose d’indélébile. Exactement comme ce que les rebelles lui avaient infligé, à lui.

Quelques coups toqués à la porte de la cellule le tirèrent de ses pensées, alors que sa main couverte de sang se glissait par réflexe dans sa poche pour aller chercher sa lame de rasoir. Aussitôt, il fit volte-face, ressortant ses doigts de l’enclave en tissu de son pantalon taché de rouge, s’approchant de la porte. Il l’ouvrit, lentement. Qui cela pouvait-il être ? Hildegarde ? Lincoln ? Un autre Pacificateur, lambda, qui viendrait l’informer du mécontentement de mademoiselle Falk-Lawson ? Lorsque Salem découvrit le visage de Braeden, ses yeux s’écarquillèrent très légèrement, alors que ses muscles se détendaient. Hm. Ça ne voulait pas dire qu’il n’était pas là de la part d’Hilda. Mais ça ne voulait pas dire non plus qu’il venait forcément pour lui faire une remarque. Les yeux de notre Pacificateur le scrutèrent quelques instants. Il ne l’avait pas vu depuis qu’il était sorti de l’hôpital. Entre la rébellion, son ami et petit protégé sur le terrain, et lui enfermé dans les bureaux car déclaré comme infirme par leur supérieure… Leurs chemins ne s’étaient pas croisés. Et Salem n’était pas mécontent qu’aujourd’hui, ils se retrouvent. Sauf si c’était pour l’engueuler. Là, il risquait de grogner. Mais son collègue devait bien s’en douter. Pourquoi était-il là ? Que cherchait-il ? Il le saurait bientôt. Pour le moment, une seule réaction frappa notre homme, d’ordinaire si froid et distant.

Un fin sourire barra ses lèvres, pâle, inquiétant pour celui qui aurait ignoré à quel point il affectionnait Braeden. Son marteau toujours en main, et retombant lentement contre sa jambe, sa main restant appuyée sur la porte, Salem laissa échapper quelques mots, simple. « Que puis-je pour toi ? » Son sourire ne le quitta pas. Ouais. Il était content de voir le jeune Pacificateur, de se retrouver face à lui. S’il avait été capable de promptes démonstrations d’affection, il se serait sûrement risqué à des embrassades. Mais Salem restait Salem. Un modèle de distance et de froideur. Bien qu’en cette seconde, son sourire ne casse cette carapace d’ordinaire si intimidante.

Il était content de le voir, c’était une chose. Mais l’autre, derrière, devait l’être encore plus. Enfin un peu de répit. Salem l’oubliait. Presque. Pour le moment, rien ne comptait plus que son vis-à-vis. Parce que bordel, ça faisait une éternité. Ou du moins, l’impression était là.


Dernière édition par Salem F. Hyde-Earnshaw le Sam 4 Mai - 11:03, édité 1 fois
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ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM. Vide
MessageSujet: Re: ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM.   ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM. Icon_minitimeSam 30 Mar - 22:38

Salem & Braeden
KEEP YOUR HEART CLOSE TO THE GROUND Ҩ Who wants to know all that is gold is rusting, no one will know when seasons cease to change and, how far we've gone, how far we're going ? It's the here and the now, and the love for the sound of the moments that keep us moving. Waves crash along the battered, lonely lighthouse, tomorrow she's gone and if not, someday somehow. Are these hands a waste ? Well this side of mortality is scaring me to death, to death ... Don't think about it at all, just keep your head low and don't think about it all. Soldier on, soldier on, keep your heart close to the ground, soldier on, soldier on, keep your heart close to the ground

gifs © melisandre & castielers • codage © yumita • musique soldier on, by the temper trap


Tic, tac, tic, tac. A force de me concentrer sur le bruit doux et régulier de l’horloge murale j’en étais presque arrivé à oublier ce qui m’avait réveillé. Cela ne durait jamais plus de quelques secondes, fugaces, mais durant de courts instants j’arrivais à faire le vide, à ne plus fixer dans mon esprit autre chose qu’un écran noir, vierge de ce que mon inconscient balançait à ma vue dès que mes paupières se fermaient. Et puis doucement m'étaient parvenus à nouveau les bruits du dehors, brouhaha incertain d'un district où le calme était en apparence revenu aussi rapidement qu'il avait tenté de fuir, bourdonnement léger d'une vie hasardeuse reprenant son cours. J'avais ouvert les yeux, battu plusieurs fois des paupières face aux rayons d'un soleil timide de début de printemps, et levé les yeux vers cette fenêtre que jamais je ne fermais, pas même lorsque l'hiver était rude et le vent glacial. C'était un de ces mystères pour lesquels j'avais fini de me poser des questions, ce besoin de fixer le ciel pour parvenir à grappiller quelques heures de sommeil, de sentir la brise glisser le long de ma peau pour ne plus me sentir oppressé, comme si le toit au-dessus de ma tête était un ennemi, comme si je craignais d'être avalé par cette maison dans laquelle je vivais … Ce n'était même pas chez moi. J'avais eu plus d'un an pour m'acclimater à ce district, à ce métier, à ce semblant de vie qu'on avait voulu m'offrir pour me redonner quelques repères, mais je me sentais toujours chien au milieu des chats. J'étais l'intrus, l'étranger, et quand ma paranoïa ne me donnait pas la sensation de le lire dans les yeux de chacune des personnes qui croisait mon chemin, je me le répétais comme pour être certain de ne pas l'oublier, comme pour me rappeler que je n'étais qu'une pièce rapportée, dans un univers où je n'aurais peut-être jamais ma place. Il m'arrivait encore de me perdre dans le district, de prendre un croisement pour un autre, de faire des détours inutiles sans jamais pouvoir me souvenir des raccourcis qu'on me présentait çà et là, provoquant quelques sourires mi moqueurs mi désespérés chez d'autres pacificateurs qui contrairement à moi savaient ce qu'ils faisaient là, pourquoi ils portaient l'uniforme, et comment ils y étaient venus. Le fait de n'avoir jamais mis les pieds au district deux et de n'avoir pas suivi la même formation que les autres – une décision d'Hildegarde, que je n'avais jamais compris mais jamais questionné non plus – ne faisait que renforcer cette impression de ne pas être à ma place. Mais j'avais quelque chose que nous étions peu de pacificateurs à posséder, et qui nous donnait une force et une motivation que certains n'auraient jamais : une haine des rebelles qui allait bien plus loin qu'une simple question d'idéaux. C'était une vendetta personnelle, c'était une haine tellement nourrie que rien n'aurait pu l'arrêter, un désir de vengeance tellement exacerbé qu'il en devenait une raison de vivre. Une haine qui faisait se lever chaque matin, une vengeance qui faisait agir chaque jour, un besoin de se faire justice qui comme tous les jours m'avait tiré du lit et poussé à ne pas me soucier du reste, seulement du sang et des larmes nécessaires à la compensation que me devait la rébellion pour la vie d'imposteur que je menais par leur faute.

Là où en surface le calme était revenu au district trois, les sous-sols eux témoignaient bien de l'opposition qui s'était jouée au dehors durant ces dernières semaines, derniers mois. Rarement les prisonniers avaient autant défilé dans les cellules, rarement encore leurs cris avaient dû leur sembler si vains … Parce qu'ils n'étaient pas stupides, du moins pas à ce point, pas au point de s'imaginer qu'une fois entrés ici ils en ressortiraient autrement que dans un sac en plastique, fin misérable pour une existence à servir une cause qui l'était tout autant. J'avais passé tellement de temps dehors, ces dernières semaines, à patrouiller de nuit – ce qui me permettait de dormir le jour, chose qui là aussi mystérieusement m'angoissant moins – ou simplement vaquer aux occupations « normales » des pacificateurs, c'est à dire celles pour lesquels les habitants du trois avaient l'habitude de nous voir œuvrer, qu'en redescendant ici l'odeur âcre de sang et de mort qui flottait dans l'air m'avait pris à la gorge. Cet endroit me mettait mal à l'aise, sans que je sache pourquoi ; Ce n'était pas la compassion pour les rebelles qui y étaient enfermés, soyons clairs, mais il y avait quelque chose dans ces murs qui me rendait nerveux, et faisaient se dresser les cheveux sur le bas de ma nuque, là où commençait la cicatrice qui barrait une partie de mon crâne.
Un couloir qui semblait s'étirer sans fin, et de chaque côté une rangé de portes fermées, derrière laquelle on ne savait jamais si l'on trouverait la résistance, la douleur lancinante, la lente agonie ou même la mort, pure et simple. En frappant à la porte j’avais la sensation de ne pas savoir ce que j’allais trouver derrière, et en même temps la sensation d’en avoir une idée bien précise. N’était-ce pas toujours la même chose au fond, nos mêmes méthodes, leurs mêmes réponses, la même faiblesse qui faisait qu’à la fin ils finissaient toujours par abdiquer. Et inlassablement ils finissaient tous par y passer, parce qu’une fois qu’il avait parlé plus aucun rebelle n’avait d’utilité, et ne faisait que prendre dans ces murs la place d’un autre qui comme lui avait seulement besoin qu’on le pousse, qu’on le persuade, qu’on le presse comme un agrume pour en récupérer ce qui était utile avant de jeter ce qui ne l’était pas. « Va t’assurer qu’il a encore assez de dents pour s’exprimer. » m’avait simplement demandé Hilda, et d’un léger signe de tête j’avais acquiescé sans me poser de questions, et descendu ces souterrains poisseux sans savoir si l’idée d’arriver « trop tard » me chagrinait ou non ; Au final un rebelle mort était toujours un problème de moi, non ? Réponse silencieuse à ma question intérieure, j’avais haussé les épaules, et regardé le battant s’ouvrir pour découvrir une silhouette que je ne m’attendais pas à croiser ici.

Etait-ce à nouveau ma mémoire qui me jouais des tours, ou bien cela faisait-il réellement si longtemps que je n’avais pas vu Salem, pour ne plus me rappeler précisément quand était la dernière fois ? La misérable tentative des rebelles pour prendre le contrôle du trois nous avait tous occupé ces derniers temps, assez pour que le temps file sans crier gare et que d’un seul coup trois semaines, un mois se soient finalement écoulés. J’imaginais comme le temps avait dû lui paraitre long, à lui, lui qu’on avait privé de terrain et qui avait dû passer un temps presque déraisonnable dans ces couloirs qui moi m’oppressaient déjà de nouveau. Il avait le teint de quelqu’un qui ne mettait pas assez le nez dehors, le teint papier mâché, mais malgré cela il avait meilleure mine que la dernière fois que je l’avais vu, et bien que ce ne soit pas la raison de ma venue cette simple constatation m’arracha le début d’un sourire.

    « Que puis-je pour toi ? » avait-il simplement lancé avec le plus grand calme, moins agacé que je ne l'aurais pensé par le fait d'avoir été interrompu. Trivialement ou presque j'avais jeté un coup d'œil à la loque humaine affalée derrière, voyant sans doute ici un répit inespéré qui m'agaçait au plus haut point, parce que j'en étais la cause. « Apparemment Big Boy n’est pas venu tout seul. » avais-je répondu en désignant le prisonnier du menton, un sourire méprisant s’étirant sur mon visage tandis que je le voyais souffler comme un bœuf pour respirer. « Son neveu est trois étages plus haut, alors si tu pouvais lui laisser sa langue jusqu’à ce qu’on organise un repas de famille. » Puis, baissant les yeux vers le marteau qu’il tenait à la main, j’avais ajouté d’un air presque amusé « Qui sait, un face à face savamment orchestré, et tu n’auras peut-être même pas besoin de ça pour le faire parler. » Et dans un haussement d’épaule j’avais ajouté, en posant à nouveau mes yeux sur le concerné « Sauf pour ton plaisir personnel, éventuellement. »

C’était paradoxal au fond, que je me sente si mal à l’aise dans ces couloirs quand pourtant ce qui se passait derrière chaque porte ne m’émouvait pas le moins du monde. Sans doute parce que j’en étais arrivé à un stade où les rebelles ne m’apparaissaient plus autant comme des êtres humains que comme des animaux, des bêtes sauvages qui se cachaient derrière la fausse excuse d’un idéal différent pour faire preuve de barbarie et répandre la violence et l’anarchie là où ils en avaient l’occasion.
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ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM. Vide
MessageSujet: Re: ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM.   ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM. Icon_minitimeVen 5 Avr - 13:32


Who did that to you ?


C’était effrayant, cette tendance qu’avait le temps à ne pas vous laisser respirer. Jamais, ni sous aucun prétexte. Vous êtes en apnée, vous supportez de moins en moins bien d’être maintenus la tête sous l’eau pendant que votre vie vous écrase, broie vos tympans, et vous fait perdre connaissance. Brusquement, vous voyez la surface. On remonte, on reprend son souffle. Et immédiatement vient une autre vague. Pas le temps de calmer son cœur, frénétique et endiablé. Le temps de rien. Pourtant, Salem le prenait toujours, son temps. Il ne le voyait pas passer, mais il s’appliquait à en user chaque minute, chaque seconde. Il y avait le temps pour tout, ou presque. Le temps pour aimer, il ne se l’accordait que très peu. Celui pour regarder derrière lui était pratiquement entièrement prohibé ; il ne l’usait que dans des cas extrêmes. Le temps pour se battre, le temps pour se venger. Et celui pour torturer. Ces derniers jours, c’était celui qu’il privilégiait. Véritable machine à faire du mal, psychologiquement, ou physiquement. Il blessait. Le sang coulait, les cris glissaient sur les murs des innombrables pièces réservées à cet usage. Il était répugnant. Un animal, un monstre, qui prenait cette étrange satisfaction à sentir le sang des autres maculer ses mains. Il se délectait de ce liquide rouge et poisseux. Le supplice était une chose qui ne l’attendrissait plus depuis longtemps. Et il se complaisait dans l’idée de l’infliger, depuis que lui-même avait été laissé pour mort. Au fond de cette ruelle, au fond ce gouffre. Dans le noir, dans la douleur, dans le désespoir. La gorge tranchée, le dos lacéré. On avait espéré le voir crever pour un chien. Et maintenant, on osait attendre la moindre once de pitié de sa part ? On pensait que lui, qui n’était déjà pas réputé pour sa tendresse, allait compatir pour ces bêtes, qui avaient pris tant de plaisir à lui faire tout ce mal, et à tenter de lui arracher la vie ? Grossière erreur, et faute absurde. Il ne leur laisserait plus une seule seconde de répit. Du moment où il était sorti de l’hôpital, jusqu’à ce qu’il ait eu suffisamment de leur sang pour repeindre toutes les maisons et tous les taudis du district trois. Il cultiverait la mort, cultiverait leur souffrance, leurs cris et leurs supplications. Oh oui. Il les entendrait. Le supplier, s’excuser, implorer le pardon. Implorer pour leur vie. Il les écouterait. Lui demander de les laisser vivants. Et dans un murmure sourd, un simple souffle à l’haleine chaude et sanglante, avide de mort, il leur répondrait. Non.

Les paupières de Salem clignèrent doucement, alors qu’il regardait son interlocuteur, l’ombre d’un fin sourire sur les lèvres. Le démon au fond de son cœur se taisait, respectueux de cet instant. On l’apercevait toujours, derrière son regard froid mais ardent, tremblant de fureur et de rancœur. On devinait la présence de cet être profondément mauvais, mais on tentait de l’ignorer. Parce que Salem était dangereux. Que Salem pouvait faire peur, parfois. Souvent, même. Certaines personnes se complaisaient à l’avoir dans leur poche, et narguaient intérieurement les autres. Pourtant, nombre de détail leur échappait. Tout d’abord parce que Salem n’avait personne dans sa poche. Personne dans ses petits papiers. S’il devait tuer un ami pour garantir sa survie, et par nécessité, il l’aurait fait sans hésiter. La confiance était une faiblesse, le meilleur moyen de se faire poignarder dans le dos. Alors notre Pacificateur avait trouvé ce remède ; il ne faisait confiance à personne. Personne ne serait épargné. Dans les troubles méandres de sa fureur, sous le regard malveillant du monstre qui vivait dans son cœur. Il arracherait les leurs. Sans l’ombre d’un regret. Et il les brûlerait. Avec ce côté heureux et satisfait qui lui était si caractéristique. Mais pour le moment… Pour le moment, il n’en était pas question. Notre homme avait beau n’avoir confiance en personne, il appréciait le protagoniste qui se tenait sous ses yeux. Braeden. Un nom, pour un étrange personnage. On ne savait ni d’où il venait, ni ce qu’il faisait là. Raison de plus pour ne pas lui confier sa vie. Totalement amnésique, semblait-il. Peut-être. Mais si un jour ses souvenirs revenaient, et qu’il se révélait sous un jour noir et traître, s’être attaché à lui pourrait coûter la vie. Avoir placé sa confiance en un homme dont on ne savait rien était encore plus stupide que d’en faire son ami. Et pourtant, Salem l’aimait bien. Bon petit soldat, facile à manipuler, du fait de son manque de mémoire et de souvenirs. Au début, c’était une question de quête d’efficacité. Maintenant, c’était autre chose. De l’affection, réellement. Sinon, Salem ne serait pas resté là. Il n’aurait pas eu cette réflexion sur le temps qui s’était écoulé depuis leur dernière entrevue. Il serait resté là, aurait écouté ce que son collègue avait à lui dire, le pressant de faire vite par un regard sombre et mauvais. Et il aurait claqué la porte. Simplement, et efficacement. Ce n’était pas le cas. Salem écoutait Braeden. Et ses paroles parvinrent même à lui arracher un réel sourire. Un sourire ombrageux, un sourire sombre et sadique. Mais un sourire. C’est fou ce que le hasard fait bien les choses. Les doigts du Pacificateur se desserrèrent autour du manche du marteau, avant de le reprendre bien en main. Un petit son, bref, et si caractéristique de notre tortionnaire. « Hm… » Un coup d’œil derrière son épaule, vers sa victime. Le bourreau réfléchit. Il a déjà tiré un plaisir incommensurable à faire du mal à cet homme. Arrêter ? Continuer ? Le repas de famille était alléchant. Plus que tentant. Et de toute manière, loin d’être facultatif. Salem s’en doutait, Braeden n’était pas là de son plein gré. Son manque d’assurance et son malaise en ces lieux étaient légèrement palpables. Il le dissimulait habilement. Mais face à quelqu’un comme Salem, c’était insuffisant.

Lentement, notre Pacificateur inclina la tête vers le rebelle. Il allait le laisser respirer. Il finirait de le cuisiner plus tard. Il combinerait le psychologique au physique, et lui ferait plus de mal que ce qu’il n’avait à cette seconde précise. Doucement, il avança vers Braeden, commençant à refermer la porte derrière lui. « Si le boss considère qu’il a suffisamment morflé… » Hilda. Le boss. Il ne lui désobéissait pas, sans pour autant lui obéir. Il faisait selon son gré, et ses petites séances de torture n’étaient pas toujours au goût de la belle. Mais pour le moment, il n’en avait cure. « Les retrouvailles en famille seront d’autant plus émouvantes. » Murmure sombre est léger. Il était un monstre, un monstre de cruauté, un monstre de sadisme. Mais il voulait leur faire payer, à tous. Ce qu’ils lui avaient fait. N’en avait-il pas le droit ? Il referma la porte derrière lui, avant de remarquer qu’il avait embarqué le marteau. Naturellement. Tant pis. Ses doigts passèrent doucement dans son cou, caressant sa cicatrice, essayant de ne pas faire de marques de sang sur sa peau. « Je crois que ce gars va te bénir durant le peu d’heures qui lui reste à vivre. » Il est sauvé, sauvé de son bourreau, pour le moment tout du moins. Il a dû vouer un culte à cet homme, qui lui a pris son tortionnaire. Il ne devait pas avoir entendu leur conversation, et heureusement. La surprise n’en serait que plus grande. Salem laissa son sourire retomber, alors qu’il attrapait un chiffon qui traînait, s’essuyant les mains, posant son arme du jour contre le mur. « Et toi… » Ton presque doux, contrastant avec ses paroles habituelles. Une éternité que Salem n’avait pas vu Braeden. Et cela l’intriguait. « Qu’est-ce que tu deviens ? » Il essuyait toujours ses mains, presque paisible. Son démon intérieur se calmait, progressivement. Aux aguets, mais conciliant.

Salem ne souriait plus, mais son visage était toujours aussi détendu. Sa cicatrice lui donnait l’air à peine plus effrayant qu’autre fois. Il restait identique à lui-même. Mais la présence de quelqu’un comme Braeden ne le mettait pas sur les nerfs. Cela aurait pu en étonner plus d’un. Mais c’était ainsi. Il aimait bien ce petit. Il avait du potentiel. Et ça valait bien le coup de demander des nouvelles, non ?


Dernière édition par Salem F. Hyde-Earnshaw le Sam 4 Mai - 11:04, édité 1 fois
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ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM. Vide
MessageSujet: Re: ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM.   ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM. Icon_minitimeVen 19 Avr - 18:19

Aussi étonnant que cela puisse paraître quand on savait le mépris et même le dégoût que j'éprouvais pour les rebelles, je n'en étais pas pour autant un adorateur de la torture, du moins pas comme on pouvait s'y attendre. Y assister ne me faisais pas ne serait-ce qu'arquer un sourcil, tout au plus affichais-je parfois une expression de légère impatience si la plaisanterie s'étirait un peu trop en longueur … Mais y participer n'était pas réellement ma tasse de thé. Parce qu'à mon sens rien ne valait le propre et l'efficace d'une balle logée dans la nuque pour faire taire le flot de venin qui sortait de la bouche de tout membre de la rébellion qui se respectait. Un rebelle que l'on torturait était un rebelle qui n'était pas encore assez mort à mon goût, c'était aussi simple que cela, et les faire parler n'était pas ce que jugeais de plus utile … Parce qu'au fond, les pacificateurs ne partaient pas en expéditions chercher les rebelles, non, ils attendaient qu'ils fassent une erreur et se faisaient un plaisir de les cueillir et de leur faire regretter d'avoir manqué de vigilance. C'était très politique, au fond, car ainsi nous gardions le beau rôle et n'étions là que pour faire régner l'ordre lorsqu'il était malmené, officiellement … Nous ne provoquions pas les ennuis, nous attendions qu'ils viennent à nous pour les éradiquer, et de chasseur nous passions à gardien de la paix. Une paix que seuls les opposants au gouvernement avaient à cœur de troubler.
Je comprenais aisément cela dit que d'autres que moi trouvent leur satisfaction dans les cris de douleur et de supplication des prisonniers, chacun réagissait sans doute à sa manière à la haine qu'il éprouvait pou le camp adverse. C'était de toute évidence dans cette pratique que Salem trouvait la sienne, de satisfaction, et si comme moi il n'avait à priori aucune idée de l'identité de ces agresseurs, ni même de s'ils étaient encore de ce monde ou si un autre de nos rangs avait eu l'occasion de l'écorcher vif, le fait de pouvoir passer ses nerfs sur d'autres de la même espèce avait un effet thérapeutique certain. Il suffisait cependant de voir la lueur qui brillait désormais au fond de son regard, et la façon dont il tenait serrait les doigts autour de ses armes, pour comprendre ce que sa mésaventure avait changé … Et moi ? Avais-je été changé par ce que ces sauvages avaient fait, étais-je si différent de l'homme que j'avais pu être par le passé et dont je n'avais toujours pas le moindre souvenir … Qui avais-je été, pour que jamais personne ne se soit inquiété de ma disparition, qu'avais-je fait pour que cette dernière soit en fin en soit et que jamais on ne cherche à en savoir plus ? Je ne savais pas d'où je venais, peut-être ne le saurais-je jamais, mais j'étais à peu près certain aux vues de ces éléments qu'Hilda m'avait offert une chance que je ne devais pas gâcher, la chance d'avoir une vie plus utile que celle que j'avais laissé derrière moi. Et en parlant d'Hilda …

    « Si le boss considère qu'il a suffisamment morflé … » Je n'étais pas certain que ce soit réellement la façon dont il fallait envisager les choses, après tout Falk-Lawson n'était connue si pour sa pitié ni pour sa tendance à changer d'avis … Non, elle avait autre chose derrière la tête, et si elle ne m'avait pas précisé quoi j'étais certain que cela vaudrait de toute manière la chandelle. « Les retrouvailles en famille seront d'autant plus émouvantes. » Mon visage s'était étiré en un rictus moqueur tandis que mes yeux se posaient une dernière fois sur le corps tremblant du bourreau devenu victime. Croisant les bras j'avais murmuré à mon tour « J'ai toujours su que t'étais un grand sentimental. » tandis que la porte se refermant le rebelle disparaissait définitivement de ma vue. Le fait de laisser ce type s'en tirer provisoirement à si bon compte m'agaçait et ma grimace lorsque Salem l'avait lancé « Je crois que ce gars va te bénir durant le peu d'heures qu'il lui reste à vivre. » semblait en témoigner. Toutefois l'issue de cette histoire elle ne changeait pas, et de savoir que d'une manière ou d'une autre lorsque le soleil ce coucherait ce soir ce type serait bien trop mort pour le voir suffisait à me satisfaire. « Tu sais ce qu'on dit, y'a rien de pire qu'un peu d'espoir, avant de regarder la faucheuse dans les yeux. » Et je croyais tout à fait à cet adage, à vrai dire.

Machinalement j'avais passé une main sur mon visage, sentant la transpiration perler sur mon front. Il ne faisait pas spécialement chaud, das ces couloirs, et pourtant j'avais toujours cette sensation d'étouffer, de manquer d'air … Je n'étais pourtant pas le genre à discuter un ordre mais bon dieu, si un jour m'assignait à cet endroit je n'étais pas certain d'accepter sans broncher, il n'y avait pas pire perspective de mon point de vue. Fort heureusement cela ne semblait pas prêt d'arriver dans un avenir proche, et ce pour diverses raisons. D'autant plus que tant que l'on interdirait à Salem de mettre le nez dehors ou presque cela semblait être l'endroit où il serait le plus probable de le trouver … Pas qu'il n'en soit non plus ravi à mon humble avis, parce qu'on devait vite tourner en rond, dans ce trou à rats. Mon attention quelques instants happée par la hache qu'il venait de poser contre le mur, et par le sang séché incrusté sur sa lame, j'étais sorti de mes pensées lorsque son propriétaire s'était à nouveau adressé à moi, refermant la parenthèse torture comme on le ferait avec la météo ou les dernières nouvelles du district.

    « Et toi … Qu'est-ce que tu deviens ? » Moi ? La routine des patrouilles et des arrestations, avais-je eu envie de répondre, tout en sachant bien que c'était précisément ce dont lui était actuellement privé. « Moi ? Bof, la routine … » Je faisais toujours mon travail sans me poser de questions, des questions j'en avais toujours des tas d'autres mais sans aucune réponse, pas plus que n'en avait Hilda, m'avait-elle assuré … et je n'avais pas de raison d'en doute, pas vrai ? « Enfin, si. » penchant légèrement la tête sur le côté, tic récurent dont je n'avais la plupart du temps même plus conscience, j'avais continué « J'vais partir au district cinq, quelques temps, je sais pas trop. » Ouais, c'était sans doute la seule nouveauté intéressante, et si l'idée d'aller provisoirement m'installer chez les bouseux du cinq ne m'enchantait pas plus que ça, le fait d'avoir quelque chose d'à priori utile à y faire suffisait à m'y faire témoigner un minimum d'intérêt. « Ils ont besoin de renforts un peu partout, je sais pas ce qu'ils préparent là-haut, mais ça risque de pas être triste. » Par là-haut j'entendais bien sûr le Capitole, ceux qui décidaient de tout mais ne mettaient jamais les pieds en dehors de chez eux pour se rendre compte de ce qu'impliquaient leurs décisions. Mais enfin, ce n'était pas le sujet.

Reste que le fait que l'on ait accepté de m'envoyer en dehors de mon district était pour moi presque une source de soulagement. J'avais mis tellement de temps à me faire une place ici, et cesser d'être regardé par les autres pacificateurs avec le dédain que l'on réservait à ceux qui semblaient comme moi sortir de nul part, que le simple fait de ne pas être laissé sur le banc de touche me semblait de bon augure. J'étais plus que confiant dans mes capacités, malgré la formation du district deux que je n'avais pas reçu comme les autres, et j'en avais simplement assez que d'autres en doutent … Mais enfin, j'allais pouvoir me montrer ailleurs à ma juste valeur. Et m'occuper de quelques rebelles aussi, je l'espérais.
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MessageSujet: Re: ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM.   ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM. Icon_minitimeSam 4 Mai - 12:02


we feel like monsters.




L’amitié. Un concept bien étrange, d’autant plus étrange lorsqu’on l’appliquait à un être comme Salem Hyde-Earnshaw. Un individu. Un humain ? Beaucoup en doutaient encore aujourd’hui. Et pourtant, personne ne pouvait nier qu’il avait tout de l’être humain lambda, en physique et en manière de penser. Certains comparaient sa psychologie à celle d’une machine ; capable du pire comme du meilleur, sans penser à la moindre conséquence que pourraient avoir ses actes. Faux. C’était totalement faux. Quiconque aurait pensé que Salem ne réfléchissait pas se serait fourré le doigt dans l’œil jusqu’à l’épaule, sans prendre garde au sang qui aurait abondamment coulé sur ses manches. Il ne restait pas calme par pur plaisir, ne restait pas insensible et stoïque simplement parce que tout cela l’amusait. Il était de la sorte pour maîtriser ses émotions, et maîtriser celles des autres. Qui écouterait un psychopathe ? Peu de gens. Sauf si ledit psychopathe est calme, et a tout l’air de savoir ce qu’il fait. Là était la clé. Là était ce petit secret. Salem n’était pas à proprement parler fou. Il avait toujours laissé ce trait de caractère instable et dangereux à ses deux frères, chacun d’eux l’exerçant à un degré totalement différent. Todd avait été violent, d’une violence inouïe et difficile à interpréter et à simplement comprendre. Lincoln, lui ? Il était fou. Il avait ses raisons. Les Jeux de la Faim. Ces horreurs que l’on infligeait à une bande de pauvres gosses. Les forcer à se massacrer, pour la bonne distraction de ces messieurs et ces dames du Capitole. D’accord. C’était censé apprendre la vie au vainqueur ? Regardez-les, bon dieu. Toute cette bande de bras cassés, tous ces êtres déformés et abîmés par la cruauté qu’ils avaient subie, bien trop jeune pour l’encaisser entièrement. Peu nombreux étaient ceux qui revenaient des Jeux épanouis et pleinement heureux et satisfaits de ce qu’ils avaient fait. Et s’ils l’étaient, ce n’étaient que des apparences. Salem avait vu son jumeau partir. Et ne jamais en revenir. Physiquement, il l’avait retrouvé. Psychologiquement, jamais. Et rien que pour cela, sa haine envers le Capitole était intacte, et impossible à fissurer. Ils lui avaient pris son frère. Toutes leurs jérémiades pour reporter la faute sur les habitants des districts et leur rébellion passée n’y changeraient rien. Lincoln ne reviendrait pas. Lincoln pétait les plombs. Et c’était entièrement leur faute. À eux, et à ces foutus Jeux. Mais dans ce cas, quelle était la conduite à adopter ? S’engager corps et âme dans la rébellion ? Cela ne lui avait jamais traversé l’esprit. Et c’était encore moins le cas désormais, alors que son frère aîné avait été massacré par les rebelles, et qu’il avait failli en être de même pour lui. Ce ne serait jamais le cas. Il ne trouverait pas son équilibre. Capitole ou rebelles ? Pacificateur. Il appliquait sa justice. Sa loi. Contre ce que le Capitole lui dictait, au départ, et tout simplement contre les débordements de la population. Sa traque était désormais entièrement consacrée aux rebelles. Ils lui avaient pris son frère aîné. Ils avaient failli le prendre lui. Et il le leur ferait payer.

L’amitié. Braeden, en face de lui. Un ami. Vraiment ? Il avait confiance en le jeune Pacificateur, confiance en ses capacités comme en son caractère stable et sûr de lui. Il ne savait pas d’où il venait, et personne ne le savait, pas même le principal concerné. Seule Hilda en avait connaissance, et ne l’avait jamais dit à qui que ce soit. Elle l’avait aiguillé vers Salem, pour que celui-ci le guide dans ses premiers pas en tant que Pacificateur dans le District. Ce que notre homme avait fait, bien naturellement et bien simplement. Brave clébard docile, obéissant aux ordres de cette supérieure qu’il parvenait à regarder droit dans les yeux sans ciller. Mais le sujet est tout autre. Ne nous égarons pas. Il avait aidé Braeden. S’était attaché à lui. Et maintenant … Maintenant que tout avait changé, maintenant que Salem avait fait un petit stage à l’hôpital, à moitié égorgé… Maintenant, c’était encore pire. Il imaginait simplement si quelqu’un s’en était pris au jeune Pacificateur. Il imaginait le meurtre qu’il aurait commis, le plus simplement du monde. Les meurtres, qu’il aurait commis pour le venger. Le nombre d’amis réels de Salem pouvait probablement se compter aisément sur les doigts d’une main. Et pourtant, pour eux, il aurait été prêt à tout. Laisser paraître des traces de son affection était peu commun, mais ne l’empêchait certes pas d’en éprouver. C’était tout l’un, ou tout l’autre. Il restait froid, mais aurait massacré pour eux. Sans cœur, sans pitié. Comme la machine avec laquelle on prenait plaisir à le comparer. Remplir les apparences était le meilleur moyen de satisfaire tout le monde. Rester lui-même, au fond. Se jouer de ce qu’on pouvait imaginer sur lui. Surprendre. Et frapper. Il n’avait rien à envier aux serpents. Mais lui frappait en face à face. Comme lors de ses séances de torture. Direct. Franc. Un prédateur. Et son vis-à-vis avait parfaitement raison. Pas sur la petite blague du sentimental. Mais oui ; rien de mieux qu’un peu d’espoir pour précéder l’arrivée de la mort.

Partir. Braeden allait partir. Pour le district cinq, quelques temps. Les sourcils de Salem s’arquèrent légèrement, alors qu’il terminait d’essuyer ses mains, croisant les bras sur son torse par la suite, pour regarder son vis-à-vis. Il n’y avait rien de méchant dans son regard, rien de dur. Il était simplement curieux, et la petite trace en résultait, légère mais imprimée dans la petite lueur qui dansait au fond de ses prunelles. Il écouta son ami, jusqu’au bout, reniflant légèrement, l’ombre d’un sourire passant sur son visage. « La guerre est rarement triste. » C’était vrai, mais dit d’une manière plutôt plate. Il constatait. « Les rebelles ont un peu trop secoué l’arbre. Ils ne vont pas tarder à se rendre compte que l’essaim est tombé, davantage que leur liberté. » Une métaphore. Bah voyons. En forme le Salem. « Quoiqu’ils mijotent, je préfère être du côté où nous sommes. » C’était un simple fait. Ils avaient la bonne place, dans le retournement de situation. Ils étaient les serviteurs du Capitole, et appliqueraient la vengeance et la sentence que les Grands jugeraient bon de donner. Ils ne seraient pas les innocents qui mourraient. Ils ne seraient pas les rebelles massacrés. On les détesterait, peut-être encore plus qu’avant. Mais qu’en avait-il réellement à faire ? Salem avait mué. Il avait changé, quitté sa peau de serpent pour une autre. Il ne vivait que pour sa vengeance, ne respirait que par elle et pour elle. Cela ne l’empêchait nullement de remplir le reste de ses devoirs. Mais en parallèle, il s’appliquait à l’exercer. À traquer les chiens qui lui avaient fait du mal. Tout ceci l’aveuglait. Il n’en disait rien, mais ça le bouffait. Tout le monde devait le savoir, le sentir. La seule chose qu’il n’arrivait pas à dissimuler.

Doucement, Salem décroisa les bras, et releva vers Braeden ces yeux qu’il avait baissés durant quelques secondes. Ses pensées s’étaient égarées. La souffrance et le désir de vengeance avaient remplacé la curiosité. Et de cette lueur sombre qui nimbait ses prunelles, il regardait face à lui cet homme, qui aurait été capable de tout reconnaître. Capable de tout déceler. Un ami. Voilà ce que le Pacificateur face à lui était. Mais pourtant, ce flottement sombre et lourd de démence s’installait, entre eux. Le monstre endormi recommençait à se mouvoir dans les entrailles du jumeau Hyde-Earnshaw.

Tant de colère, tant de rage. Et face à lui, tant de souffrance, tant de questions. Tout était retenu, parfait contrôle sur leurs consciences. Mais leurs yeux ne pouvaient pas se taire, eux. Leurs yeux parlaient. Et quoi qu’il arrive, ils étaient bien incapable de l’en empêcher.
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MessageSujet: Re: ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM.   ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM. Icon_minitimeMer 15 Mai - 20:29

A quoi bon, m’avait si souvent répété Hilda sur un ton relevant bien plus de l’affirmation que de la question, comme si d’une manière ou d’une autre elle en connaissait déjà la réponse … Mais c’était stupide, bien sûr, parce que la réponse personne ne la connaissais, le croyais-je. A quoi bon courir après un passé qui ne pourrait être qu’une cuisante déception, après une famille qui ne semblait pas assez vouloir me retrouver pour me chercher, pour s’inquiéter un minimum … Je n’étais pas le genre à m’apitoyer sur mon sort mais merde, n’y avait-il pas au moins une personne se souciant assez de ce que j’avais été pour se demander où j’avais bien pu passer ? A cela j’avais une explication pourtant. Si personne ne me cherchait c’était peut-être que personne n’était plus en vie pour le faire, que si ces nuisibles avaient presque réussi leur coup en cherchant à me tuer ils ne s’étaient pas loupés concernant ce qui avait pu être ma famille. C’était la seule hypothèse plausible et c’était celle à laquelle je me raccrochais, parce qu’elle me permettait de haïr encore un peu plus les rebelles, et de n’avoir aucun scrupule à faire des orphelins ou des veuves dans leurs rangs. Etait-ce pourtant suffisant ? Faudrait-il me contenter de cette explication hasardeuse jusqu’à la fin de mes jours, n’y aurait-il jamais d’autres réponses que le sang de rebelles dont je ne savais pas s’ils avaient ou non été mes bourreaux ? La rébellion et ses nouvelles conséquences me laissaient encore le loisir de ne pas y penser, mais qu’en serait-il lorsque le calme serait revenu et que je n’aurais plus rien d’autre alors pour occuper mon esprit ? Je détestais l’idée de m’opposer à Hilda, je savais même que je n’en avais pas le droit au risque de faire preuve d’ingratitude à son égard … Mais un jour viendrait où il faudrait que je sache, ou bien plus qu’une simple envie il s’agirait d’un besoin presque physique, un besoin qu’il me faudrait contenter à tout prix, et si ce prix devait être cette ingratitude sans doute serais-je prêt à le payer malgré tout. Malgré ce qu’il pourrait m’en coûter ensuite.

Pour l’heure en tout cas j’avais encore bien trop à faire. Nous avions bien trop à faire, le fait d’avoir laissé cette révolte dériver assez pour toucher tout Panem ou presque étant déjà en soit quelque chose dont nous n’avions pas à nous vanter et qui méritait qu’on le rende au centuple aux responsables. Il devait trembler dans son cachot, l’insecte de l’autre côté de cette porte, dont le répit que je venais de lui accorder malgré moi ne rendrait sa chute que plus rude. Ils devaient trembler terrer chez eux ou chez ceux assez fous pour les héberger, ces rebelles que bientôt l’on viendrait déloger chez eux, pour leur faire payer le prix d’un soulèvement auquel ils auraient mieux fait de tourner le dos pour espérer épargner leur propre carcasse.

    « La guerre est rarement triste. » avait murmuré Salem comme s’il n’avait pas compris le second degré, quand je savais qu’en réalité il n’en était rien. Mais il avait raison, la guerre était nécessaire, dans un sens. Nécessaire, parce qu’il fallait toujours un gagnant et un perdant. « Les rebelles ont un peu trop secoué l’arbre. Ils ne vont pas tarder à se rendre compte que l’essaim est tombé, davantage que leur liberté. » Rictus amusé sur le visage, j’avais fini par croiser les bras et m’appuyer contre le mur « La liberté c’est qu’une question de point de vue. » avais-je finalement asséné d’un ton neutre, mais relativement ferme. « Les seuls à être enfermés ici on tout fait pour que ce soit le cas, ils en ont rien à foutre de leur liberté, c'est qu'une excuse. » Une excuse pour foutre la merde et espérer que d'autres les suivraient dans leur volonté d'anarchie et de chaos. Mais c'étaient sans doute ce qu'ils attendaient, une anarchie dans laquelle ils pourraient prendre eux-même le pouvoir.

Nous ne savions pas grand chose des dégâts de la révolte dans les autres districts, les plus gradés d'entre nous en avaient certainement entendu parler mais pour les autres nous devions nous contenter de suppositions, de ce que nous arrivions à arracher de la bouche des nuisibles que nous gardions en captivité, et de ce que nous grappillions ici et là ... Il fallait se contenter des restes, en définitive, et pour beaucoup nous étions frustrés. Mais sans doute pas autant que devait l'être Salem, encore une fois, et quand bien même il ne semblait pas se déplaire à arpenter ces couloirs je me demandais très sincèrement comment il pouvait ne pas avoir encore pété un plomb. Comme pour confirmer mon sentiment, un de nos pensionnaires s'était soudain mis à hurler derrière une autre porte non loin de nous, sans qu'il ne me soit possible de savoir si l'un de nos gars s'occupait de lui ou bien s'il était simplement assez stupide pour se faire remarquer quand on lui laissait un peu de répit. Reste que tout cela m'avait arraché un grognement étouffé, l'air sur mon visage témoignant seul d'à quel point entendre ces plaintes m'agaçait, et même me crispait. Levant les yeux au ciel je n'avais pas pu m'empêcher de faire une réflexion.

    « Franchement je sais pas comment tu fais pour passer des journées entières ici. » Était-ce pour ma part d'apprécier si peu la moiteur de cet endroit qui me rendait si peu conciliant ? J'avais l'impression de n'avoir plus aucune patience, et la voix de ce type me tapait sur le système. Sans compter le plafond qui me donnait l'impression de descendre au fur et à mesure que les minutes passaient. « Sans rire, tu devrais parler à Falk-Lawson. Sans vouloir être vexant, t'aurais besoin de prendre l'air un peu plus, tu sais, voir la lumière du jour de temps en temps. » Je plaisantais, bien sûr. Partiellement du moins. Mais impossible de nier qu'il avait le teint d'un vieux chewing-gum trop mâché, et que passer ses journées ici n'était peut-être pas la meilleure des thérapies. Je l'imaginais mal déambuler dans le district comme si rien ne lui était arrivé mais enfin, il y avait tout de même un juste milieu entre reprendre un poste sur le terrain et rester enfermé sous terre. « Dire qu'au treize ils vivent ainsi, y'a de quoi devenir barjo. »

C'était tellement ironique, cette phrase. Si seulement tu pouvais en avoir conscience, imbécile. Je ne savais peut-être pas d'où je venais, mais il y avait bien une chose dont j'étais certain en tout cas, c'était que le district treize était celui que l'on pouvait directement rayer de la liste. Ma claustrophobie était telle que jamais je n'aurais pu ne serait-ce qu'imaginer ma vie de cette façon, sous terre, me cachant dans des galeries tel le plus lâche des animaux. impensable.
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MessageSujet: Re: ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM.   ain't no grave can hold my body down. ▲ BRAELEM. Icon_minitime

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